L`échelle d`inférence
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L`échelle d`inférence
L'ÉCHELLE D'INFÉRENCE1 Nous vivons dans un monde de_croyances « auto-élaborées » qui, en majeure partie, ne sont jamais soumises à un examen. Nous adoptons ces croyances parce qu'elles sont basées sur des conçlusions_déduites de ce que l'on observe et de notre expérience passée. Or, notre habileté à obtenir les résultats que nous désirons vraiment est érodée par le sentiment que : ♦ ♦ ♦ ♦ Nos croyances sont la vérité. La vérité est évidente. Nos croyances sont basées sur des données réelles. Les données que nous sélectionnons sont les vraies données. Chris Argyris appelle « échelle d'inférence » le mécanisme mental universel par lequel l'abstraction va grandissant et qui peut mener à des croyances peu judicieuses. L'échelle d'inférence Je pose des actes basés sur mes croyances J'adopte des croyances au sujet du monde Je tire des conclusions Je fais des présuppositions basées sur les significations que j'ai ajoutées J'ajoute des significations (culturelles et personnelles) Je sélectionne des « données » à partir de ce que j'observe « Données » et expériences observables (comme pourrait l'enregistrer un magnétoscope) 1 La boucle réflexive Nos croyances affectent quelles données seront sélectionnées la prochaine fois Traduit et adapté de : Senge et al., (1994). The Fifth Discipline Fieldbook, New York : Doubleday/Currency, pp. 242-245. Par exemple : Je suis en train de faire une présentation devant un groupe de collègues. Tous semblent présents et alertes sauf Laurent qui est assis au bout de la table et qui a l'air ennuyé à mort. Il détourne ses yeux sombres et porte la main à sa bouche. Il ne pose aucun question mais, au moment où j'ai juste terminé, il dit : «Je pense qu'on devrait demander l’avis de X » (qui n’est pas là aujourd’hui). Or, dans notre milieu, cela veut typiquement dire : « Passons à autre chose. » Tout le monde commence à être impatient de terminer la réunion. Il est évident que Laurent pense que je suis un incompétent - ce qui est vraiment dommage parce que mes idées sont exactement ce dont il aurait besoin. Maintenant que j'y pense, il n'a jamais aimé mes idées. Il est clair que Laurent est un pauvre type jaloux et assoiffé de pouvoir. C’est décidé, je_ne vais plus chercher à l’aider en aucune façon, cela se retourne de toutes manières contre moi. C'est bien ennuyeux de ne pas pouvoir m’entendre avec lui, mais j’ai meilleur temps de m’en faire une raison. Dans les quelques secondes écoulées suite à mon exposé, j'ai gravi l'échelle d'inférence. ♦ J'ai commencé avec une donnée observable : ♦ ... J'ai sélectionné quelques détails au sujet du comportement de Laurent : ♦ ... J'ai ajouté des significations que j'ai moi-même concoctées et basées sur la culture qui m'entoure: ♦ ... Rapidement, je suis passé à des présuppositions en ce qui regarde la façon dont Laurent se sent : ♦ ... et j'ai conclu que : ♦ ... conséquemment : Tout cela semble tellement logique et se passe tellement vite que je ne suis même pas conscient de l'avoir fait. De plus, tous les barreaux de l'échelle existent dans ma tête. Les seules parties visibles aux yeux d'une autre personne sont les données directement observables au bas de l'échelle et, au sommet de l'échelle, ma propre décision de poser un acte. Le reste du voyage - l'échelle où j'ai passé la majeure partie de mon temps – n’est ni visible, ni remis en question, ni considéré digne de discussion donc, énormément abstrait (ces sauts d'un échelon à l'autre sont parfois appelés « sauts dans l'abstraction »). J'ai probablement gravi l'échelle d'inférence plusieurs fois auparavant. Plus je crois que Laurent est un type ignoble, plus je renforce ma tendance à remarquer son comportement malveillant à l'avenir. Ce phénomène est connu sous le nom de « boucle réflexive » : nos croyances influencent quelles données seront sélectionnées la prochaine fois. Et, dans la tête de Laurent, il y a un homologue de boucle réflexive : à mesure qu'il réagit à mon comportement bizarrement antagoniste, il est probablement en train de gravir les échelons de sa propre échelle. Avant longtemps, et sans raisons apparentes, nous pourrions devenir des ennemis acharnés. Se servir de l'échelle d'inférence On ne peut pas vivre sans ajouter des significations et sans tirer des conclusions. Ce serait sinon ennuyeux et très peu efficace. Je peux cependant améliorer la communication par la réflexion et en me servant de l'échelle d'inférence de trois façons : ♦ Devenir plus conscient de mon processus de pensée et de raisonnement (réflexion) ; ♦ Rendre mon processus de pensée et de raisonnement plus transparent (explicitation, argumentation) ; ♦ Interroger les autres au sujet de leur processus de pensée et de raisonnement (investigation) : • Quelles sont les données observables derrière cet énoncé ? • Est-ce que tous sont d'accord sur les faits ? • Peux-tu reprendre les étapes de ton raisonnement ? • Comment sommes-nous passés de ces données à ces présuppositions abstraites ? • Lorsque tu as dit … « (ton inférence) », est-ce que tu voulais dire … « (mon interprétation de celle-ci) » ?