L`Armure Elle jeta une brassée de bois flottant dans le feu ardent, bien

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L`Armure Elle jeta une brassée de bois flottant dans le feu ardent, bien
L’Armure Elle jeta une brassée de bois flottant dans le feu ardent, bien qu’elle n’ait pas froid. Son extension, sa peau de métal lui prodiguait toujours de la chaleur en fonction des besoins de son corps. Nue sous son Armure, même en plein hiver, l’impression d’être dans le Donjo auprès de ses camarades au coin de la cheminée. Cela faisait une semaine qu’elle était partie en mission, en toute discrétion pour essayer d’éliminer le plus grand nombre de fangs. Mais ce soir, avec son infusion de doussamère, elle ne pouvait s’empêcher d’avoir une certaine mélancolie. Devenir Armure avait été la meilleure décision qu’elle avait prise dans sa vie. Elle avait gagné une nouvelle famille, et une certaine liberté. La nostalgie venait surtout des souvenirs remontant à son esprit. En me plaçant ici, je pourrais sûrement entendre sans être vue. Un peu comme lorsque l’on joue à cache-­‐cache. D’après ce que mes parents ont dits, ils font des réunions tous les mois, toujours le 8 du mois… Une gorgée de doussamère lui rappela la première fois où sa compréhension avait failli chuter, ou son entendement s’était rapproché de la folie. À l’âge de 13 ans, cachée, elle avait tout entendu. Les Robes gouvernaient, y compris les désirs des Aspirants, comme une éducation parfaite pour les mener à un choix établi depuis longtemps par les plus influents. Elle-­‐même ne venait pas d’une famille importante, ses parents faisaient partis des Géographes. Depuis toute petite, elle désirait cette Robe, mais après cet épisode, tout changea en elle. De toute manière, tout cela n’était que de l’illusion, alors autant qu’elle vive comme elle l’entendait même si elle était née à AnkNor du bon côté de la barrière. _ Non ! Impossible ! C’est un mensonge ! Vous mentez tous et tout le temps ! Vous voulez juste me punir d’avoir découvert le secret des Robes ! Peu de temps après sa découverte sur le fonctionnement du gouvernement, de sa hiérarchie et de l’absence de liberté pour chacun que l’on soit finalement Perles ou Cendres, ses parents étaient décédés étrangement. Des Cendres de sa maison, accompagnés des autorités étaient venus interrompre un cours dans lequel elle somnolait d’ennui. Elle s’en souvenait comme si c’était hier : un cours d’Histoire. Elle s’était débattue, avait hurlé et pleuré ce qui lui avait valu par la suite de l’ignorance de la part de ses camarades. Ce n’était pas digne de la réaction d’une Aspirante, le rejet était donc des plus naturel. Cette exclusion avait été brutale, du jour au lendemain. Elle avait passée deux semaines chez l’ancienne demeure de ses parents avant de reprendre son courage à deux mains pour retourner à l’école. Mais personne, personne n’était venu, et une fois en cours, plus aucune parole prononcée à son égard. Une indifférence totale. Indifférence qui dura jusqu’à la cérémonie des Vœux. Le choix des Robes était enfin à l’ordre du jour, chacun gardant jalousement son désir de devenir Mage, ou Gouvernant. Et pourtant… les dés sont pipés. Les uns après les autres, passant sur scène, tous prononçant un choix longtemps établis pour eux, et tous ayant accès comme par magie à leur vœu. Les Gouvernants l’avaient punie, lui avaient montré leur puissance, afin qu’elle se plie à leur volonté, et choisisse la Robe qui lui était destinée : celle des Géographes. Robe mineure, et d’une importance toute relative. Pour autant, depuis quelques semaines son choix était arrêté, elle savait… _ Je me nomme Sylveria Path… Je sollicite le droit et l’honneur de revêtir l’Armure. _ Pourquoi ce vœu ? _ Je considère que la vie est faite de choix et de destin. N’ayant plus de famille, je décide de faire de vous mes parents, c’est un choix qu’il soit bon ou mauvais, cela reste une décision. De plus, c’est une volonté libre, contrairement à chaque Aspirant ici présent… Sans attendre que la cérémonie atteigne sa fin, l’Armure après avoir accepté le vœu de Sylveria, l’entraîna directement à sa suite. Sortant par une porte dérobée, les cinq Armures présents lors de la cérémonie, ramenèrent la nouvelle venue vers le Donjo. Anthor Pher lui avait dit : « Audacieux, mais quelque peu stupide. À l’avenir, tu devras savoir garder ta langue parmi les Robes influentes ». Cependant, le sourire du maître d’arme avait indiqué à Sylveria la fierté d’avoir une recrue ayant vu les coulisses des hautes sphères. Par la suite, six mois d’entraînement intensif avait révélé son potentiel, et une Armure lui avait été confiée : Elna. De mission en mission, les liens s’étaient renforcés. Les Armures sont une grande et unique famille, où les conventions importent peu. Chacun prend soin des autres. Même aujourd’hui seule dans la nuit, l’étroite relation qui les lie, la protège, et l’accueille où qu’elle soit. Le lendemain matin, Sylveria reprit la route vers AnkNor, et arriva au palais. En laissant son cheval dans la cour aux mains des Cendres, elle se dirigea à grands pas vers le bâtiment en détachant son heaume. Une présence sur son épaule la força à regarder au-­‐dessus d’elle, elle y croisa les yeux d’une petite fille. Elle pensa : ce sera une future Armure, peut-­‐être même ma remplaçante… Elle en était persuadée et convaincue…