Fiche d`œuvre n°8 - Musée de Normandie

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Fiche d`œuvre n°8 - Musée de Normandie
Fiche d’œuvre n°8
Théodore Géricault (Rouen, 1791 - Paris, 1824)
Course de chevaux à Epsom
XIXe siècle, vers 1821
Huile sur toile
Musée des Beaux-Arts de Caen
Dépôt du musée du Louvre, Paris
Géricault,
peintre des chevaux
Cavalier passionné par les chevaux,
Géricault a réalisé de très nombreux
tableaux les représentant. Travaillant
un temps aux écuries impériales, il a
eu l’occasion de les étudier en détail
et nous a laissé de très nombreux
«portraits» de chevaux. Le dialogue
entre art et science est présent
dans l’œuvre de Géricault. Il réalise
de nombreuses études de têtes, de
membres, une série d’écorchés, dont un
en plâtre (Louvre), qui renvoient à son
sens aigu de l’observation et son intérêt
pour l’anatomie équine.
Géricault meurt à 32 ans des suites
d’une chute de cheval, après une carrière
d’une douzaine d’années – au cours
de laquelle seules trois de ses œuvres
auront été exposées. Il n’en exerça pas
moins une influence déterminante sur
Eugène Delacroix et sur la plupart des
autres grands peintres du XIXe siècle.
Équitations L’art et la manière de monter à cheval. xvie-xxe siècle / dossier pédagogique / fiches d’œuvres
Influence anglaise
À la suite du tumulte suscité par le Radeau de la
Méduse au Salon de 1819, Géricault part voyager
en Angleterre en 1820-1821. Il va y découvrir les
œuvres des grands paysagistes anglais, dont
Constable, et s’intéresser à la peinture de courses
de chevaux, spécialité d’Outre-Manche.
Géricault va alors intégrer les influences anglaises
à son œuvre : goût pour le pittoresque dans la
représentation de scènes de la vie quotidienne ;
mode des « sporting paintings » dans une société
de loisirs naissante.
Dès lors, les chevaux qu’il représente ne sont plus
les masses musculaires sculpturales de ses débuts
héritées de l’antique ou de Rubens (cf. Course de
chevaux libres à Rome en 1817). Son style passe de
la véhémence baroque à un naturalisme descriptif
et épuré.
Dans Course de chevaux à Epsom, Géricault
reprend les codes de la peinture hippique anglaise,
cherchant à rendre la sensation de mouvement
et de vitesse plus que la précision de l’anatomie.
Ce tableau, conservé au musée des Beaux-Arts de
Caen, est l’esquisse du Derby d’Epsom (épreuve
définitive conservée au musée du Louvre) : l’allure
des chevaux, leur mouvement, y sont semblables,
avec cependant moins d’intensité dramatique et
de combativité, moins de réalisme dans la robe
des chevaux et la casaque des jockeys pour l’étude
préparatoire de Caen. Cette esquisse se concentre
avant tout dans la représentation conventionnelle
de l’allure du galop, dans un paysage désincarné
éloigné des représentations de la campagne
anglaise à la manière de Constable ou Turner. Le
sujet est ailleurs, il évoque la passion naissante
pour les courses de chevaux de sang.
Pour représenter cette épreuve sportive, Géricault
utilise la convention picturale du « galop volant »
ou «cheval ventre à terre», où aucun des membres
ne touche le sol.
Ce tableau, emblématique de la représentation
du « galop volant », illustre donc parfaitement les
recherches de Géricault, et plus généralement du
XIXe siècle, sur le mouvement et sa représentation.
La découverte « scientifique » et vériste de la
décomposition du mouvement - du cheval
notamment- n’interviendra qu’environ 50 ans
plus tard, à la fin des années 1870, avec les travaux
initiés par le scientifique français Etienne-Jules
Marrey, qui découvre l’allure du trot, complétés par
la chronophotographie de l’américain Eadweard
Muybridge en 1878. On savait dorénavant que les
chevaux n’ont jamais les quatre jambes tendues
simultanément.
Le Derby d’Epsom
Le Derby Stakes, aussi appelé Le Derby, et
Le Derby d’Epsom est la deuxième étape de la Triple
mondialement connu sous le nom de Derby d’Epsom,
Couronne anglaise des courses de pur-sang. Remporter
est une course hippique de plat.
ces trois courses est le sommet du classicisme,
Créé en 1779, il est au moment de la création de ce
et un exploit d’autant plus rare qu’aujourd’hui la
tableau, la course de chevaux la plus populaire et la
spécialisation des chevaux sur leur distance le rend
plus huppée des événements sportifs anglais.
de moins en moins probable en Europe. Quinze
chevaux seulement sont parvenus à remporter la Triple
Il s’agit d’une course de groupe 1, l’une des plus
Couronne britannique, dont un français, Gladiateur, en
prestigieuses du monde, réservée aux poulains de 3 ans
1865 !
et courue sur 2 423 mètres. C’est le pendant anglais du
Prix du Jockey Club français.
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