Les Clés de la musique classique
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Les Clés de la musique classique
Les Clés de la musique classique Résumé de la 10 ème séance (12 juin 2013) Š les musiques modernes et contemporaines Face à l’incertitude tonale que les hardiesses harmoniques des romantiques provoquent, les jeunes compositeurs du début du XXème siècle tentent d’échapper au système tonal, désormais vieux de 150 ans. Cette quête esthétique nouvelle deviendra, et demeurera jusqu’à nos jours, l’aspiration majeure des compositeurs. Dans le cadre de cette démarche, Satie, puis Ravel et Debussy, ont opté pour une forme de « néo modalité » soit en empruntant des modes « exotiques », soit en ré exploitant d’anciens modes médiévaux, soit en créant de nouveaux modes. Š Quelques pistes d’exploration pour un abandon du système tonal (après la néo modalité) Igor Stravinski (1882-1971) : polytonalité, polyrythmie, déplacement d’accents, développement par collage Compositeur et chef d'orchestre russe, naturalisé français en 1934, puis américain en 1945, Igor Stravinski est à juste titre considéré comme le plus influent des compositeurs modernes de la première moitié du vingtième siècle. Le compositeur accède à la célébrité durant sa première période créatrice avec trois ballets qu'il compose pour les Ballets russes de Diaghilev : L'Oiseau de feu (1910), d’inspiration postromantique, directement hérité du style de son Maître Rimski-Korsakov (1844-1908), Petrouchka (1911) où il abandonne le chromatisme romantique pour la polytonalité et la juxtaposition de séquences rythmiques, et enfin, Le Sacre du printemps (1913) sur une chorégraphie du danseur Vaslav Nijinski (1889-1950), où polytonalité à base d’agrégats sonores inouïs et polyrythmie au dynamisme sans précédents sont associés à un développement novateur par collage. • Audition extraits du sacre du printemps (1913) d’Igor Stravinski (1882-1971) Polytonalité, déplacements d’accents, polyrythmie, développement par collage, caractérisent l’hymne à la danse que constitue le sacre du printemps La seconde Ecole de Vienne : Le Dodécaphonisme sériel Les premiers compositeurs à franchir radicalement le « Rubicon » sont trois Viennois, le Maître Arnold Schönberg (1874-1951), et ses deux élèves Alban Berg (1885-1935), Anton Page 1 Médiathèque Jean-Louis-Curtis, Orthez Texte : Emmanuel Lemouton Webern (1883-1945), formant un groupe appelé la seconde école de Vienne (La première étant celle des deux compositeurs classiques viennois Mozart et Haydn). Ils créent une musique dite « dodécaphonique sérielle » où l'organisation de l'harmonie et de la mélodie est remplacée, d'abord de manière empirique puis de façon théorique et systématique, par une série de douze demi-tons chromatiques organisée mélodiquement et (ou) verticalement de telle sorte qu’aucun de ces sons ne soient réentendus avant que toute la série ne soit elle-même entendue. Chaque son revêt donc la même importance, ce qui exclut la notion de polarité et par extension de tonalité. Cette nouvelle musique met davantage en relief les rapports entre les sons que les sons eux-mêmes. De la série de 12 sons ainsi constituée, ou plus exactement de la série de 12 intervalles, le compositeur va déduire 3 autres séries, sur la base des techniques baroques et classiques du contrepoint: la série contraire (miroir), la série rétrograde (inverse), et la série contrairerétrograde. Ces 4 séries pourront également être transposées onze fois chacune. Enfin, chaque note d’une série peut être transposée à l'octave indépendamment des autres. L’œuvre constitue une continuelle suite de variations sur une série initiale. La série n'influence pas le rythme. Par la définition même de l'atonalité, l'harmonie n'a plus de pertinence dans l'analyse. Par conséquent, dans toutes ces œuvres, la conduite mélodique des voix et leurs superpositions constituent l'élément polyphonique primordial. • Audition de « sehr langsam » première pièce de l’opus 23 (1920-1923) de Arnold Schoenberg (1874-1951). La série met en exergue 2 intervalles : seconde mineure descendante et tierce mineure ascendante. Deux motifs sont exposés, l’un polyphonique occupant tout l’espace sonore, l’autre « harmonique » et pointilliste dans un espace sonore restreint. Ces deux motifs donneront lieu à variations. Les futuristes, les bruitistes, Edgar Varèse (1883-1965) Abordé sans audition Au début du XXe siècle, le 9 mars 1913, dans le cadre du mouvement futuriste italien , le peintre et compositeur Luigi Russolo (1885-1947) publie le manifeste « L'Arte dei Rumori » (L'Art des bruits) qui pose les bases conceptuelles du bruitisme . Page 2 Médiathèque Jean-Louis-Curtis, Orthez Texte : Emmanuel Lemouton Dépassant le cadre des tonalités ambiguës hérité du romantisme wagnérien, les futuristes italiens tentent de fonder une nouvelle construction du musical sur des éléments qui n’étaient pas encore qualifiés d’objets sonores, mais qui, comme “bruits” de la vie courante, possédaient par nature une fonction dédiée à notre environnement. La musique bruitiste se caractérise donc par l'assemblage de sons industriels, urbains… et prend à contre-pied les plus communes définitions de la musique, fondées sur sa dimension esthétique, pour s'intéresser à d'autres aspects de l'œuvre musicale : sa structure, son sens, les différentes caractéristiques du son, mais surtout ses effets sur l'auditeur. La musique cherche donc, en intégrant dans son matériau les données brutes du sonore, à construire des fonctions perceptives. Russolo conçut un grand nombre d'instruments bruitistes et mit en place un orchestre pour jouer son Gran Concerto Futuristico (1917). Cette composition reçut un accueil très hostile et violent, ainsi que son auteur l'avait prévu. A la même époque, dans le domaine de la peinture, le futuriste néerlandais (Piet Mondrian, 1872-1944) et ses confrères russes (Kazimir Malevitch, peintre, 1878-1935, Alexandre Mihailovic Rodtchenko, peintre, sculpteur, photographe et designer,1891-1956, Vassili Kandinsky, peintre,1866-1944) sont à l’origine d’un nouveau formalisme, constructiviste, première manifestation de la peinture abstraite. Edgar Varèse (1883-1965) Dès 1917, Edgar Varèse, compositeur français naturalisé américain, écrivait : « La musique, qui doit vivre et vibrer, a besoin de nouveaux moyens d'expression, et la science seule peut lui infuser une sève adolescente. Je rêve d’instruments obéissant à la pensée et qui, avec l’apport d’une floraison de timbres insoupçonnés, se prêtent aux combinaisons qu’il me plaira de leur imposer.» Reprenant les idées bruitistes dans les années1920, il introduit des instruments mécaniques dans sa musique instrumentale et y mêle des bruits industriels (Amériques, pour orchestre symphonique, 1921, exploite les ondes Martenot qui venaient d’être inventées ; Arcana,19261927, pour grand orchestre, est composée à partir de bruits reproduits instrumentalement ;Ionisation pour percussions, intégrant des sirènes ; Déserts, 1954, pour instruments à vent, percussions et bande magnétique ; Poème électronique, 1958, pour bande magnétique). L’italien Luigi Nono, 1924-1990 ; Le croate contemporain naturalisé français Ivo Malec, né en1925 ; le français François-Bernard Mâche né en 1935 ; lui emboiteront bientôt le pas en créant des œuvres mixtes pour bande magnétique et orchestre. John Cage, 1912-1992, compositeur américain, écrit en 1939 sa série des Imaginary Landscapes (Paysages Imaginaires), qui combinent des éléments tels que des bruits enregistrés, des percussions, des radios... Avec Varèse, l’espace sonore accède au rang de paramètre de la composition. Dès Hyperprism ,1923, pour percussions et vents, il parvient à créer une musique qui intègre la composante spatiale pour une nouvelle dimension de la représentation. La musique concrète Page 3 Médiathèque Jean-Louis-Curtis, Orthez Texte : Emmanuel Lemouton Pierre Schaeffer, 1910-1995, était ingénieur du son à l’ORTF, chercheur, théoricien, compositeur et écrivain. Il est l’inventeur de la musique concrète ou acousmatique en 1948 et fondateur du Groupe de recherches musicales, le GRM, en 1958. Le terme d’acousmatique désigne un son que l'on entend (depuis un haut parleur en l’occurrence) sans voir la cause qui le produit. Il fait référence à l’enseignement que le philosophe Grec Pythagore dispensait caché de ses disciples par un rideau, afin que ceux-ci se concentrent uniquement sur ses phrases et non sur ses gestes. Le terme de musique concrète, au-delà même de l'origine des sons réels, naturels ou non, préenregistrés sur bande ou sur disque, repose sur l’idée que l’on part de la conception concrète du son pour aboutir à une réalisation abstraite : la musique. La musique concrète s’oppose donc notamment à la musique instrumentale qui part d'une idée abstraite pour la réaliser concrètement lors du concert. À Cologne, le groupe Elektronische Musik mis en place vers 1949-1951 par le compositeur Herbert Eimert (1897-1972) et le physicien Werner Meyer-Eppler (1913-1960) travaillaient uniquement sur des sons générés par des moyens électroniques, en particulier les ondes sinusoïdales. En studio, des opérations sérielles pouvaient être appliquées aux éléments sonores tels que le timbre et la dynamique. La musique émanant de Cologne était qualifiée d’électroacoustique. Il y a donc un lien commun entre les deux écoles. La musique est finalement enregistrée puis joué par des haut-parleurs, sans interprète. A la suite de Pierre Schaeffer (1910-1995), de nombreux compositeurs créent dès la fin des années 1950 les premières œuvres de la musique concrète ou électroacoustique. Ces techniques évoluent considérablement, en particulier avec l’apparition de l’informatique et des différentes méthodes de traitement et de synthèse sonore : Pierre Schaeffer (Bidule en ut, 1950 ; Symphonie pour un homme seul, 1951, en collaboration avec le compositeur français Pierre Henry ; Solfège de l'objet sonore, Prix de l'Académie Charles-Cros, 1967, en collaboration avec le compositeur français Guy Reibel né en 1936 ; Dialogue du son et de l'image, 1966 ; Pierre Henry, compositeur français né en 1927 (Microphones bien tempérés,1950-52 ; Haut Voltage, 1956 ; Le Voyage, d'après Le livre des morts tibétain,1962 ; Variations pour une porte et un soupir,1963 ; Voyage Initiatique, 2005; Un monde lacéré, 2008); l’ingénieur du son français Bernard Parmégiani, né en 1927 (De Natura Sonorum, 1975) ; le compositeur français Jean-Claude Risset, né en 1938, normalien, agrégé de physique, directeur de recherche au CNRS, (Mutations,1969 ; Dialogues pour 5 instruments et bande,1975 ; Inharmonique pour soprano et bande,1977 ; Elementa,1998) ; François Bayle, né à Madagascar en 1932, directeur du GRM puis de l’INA (Pluriel, pour 19 instruments et hautparleurs, 1963 ; Arc (pour Gérard Grisey) 1999 ; La forme du temps est un cercle, 2001) ; Iannis Xenakis, compositeur, architecte et ingénieur, 1922-2001, né en Roumanie d’une famille grecque, qui applique les principes mathématiques dans la musique (Metastasis,1953-1954, pour grand orchestre ; Pithoprakta, 1955-1956, pour grand orchestre ; Nuits,1967, pour 12 voix mixées et chœur ; Omega,1997, pour percussion solo et 13 musiciens) ; György Ligeti (19232006), compositeur roumain naturalisé autrichien (Six Bagatelles pour quintette à vent, 1953 ; Glissandi, 1957 ; Aventures,1962 ; Lux Æterna,1966 ; Continuum, pour clavecin,1968 ; Sippal, dobbal, nádihegedüvel, cycle de mélodies sur des poèmes de Sándor Weöres, pour mezzosoprano et quatuor de percussions,2000) ; le compositeur italien Luciano Berio,1925-2003, (Thema Omaggio a Joyce, 1958 ; Laborintus II, 1965 ; Sequenza III pour voix et Sequenza V pour trombone, 1966 ; plus toute la série des sequenza pour tous les instruments étalée jusqu’en 2002) ; le compositeur allemand père de la musique aléatoire avec John Cage, et de la forme Page 4 Médiathèque Jean-Louis-Curtis, Orthez Texte : Emmanuel Lemouton momentanée, Karlheinz Stockhausen , 1928-2007,(Gesang der Jünglinge, 1956 ; Gruppen, pour trois orchestres, 1955-1957 ; Kontakte, 1959 ; Momente 1962-1969). • Audition De Natura Sonorum (1975) de Bernard Parmégiani né en 1927 (extrait : incidents/harmonique). Le bruit organisé devient musique en abolissant la notion traditionnelle de « notes ». La musique aléatoire Abordé sans audition En 1935, faute de place pour pouvoir utiliser des instruments de percussions pour les besoins d'une œuvre destinée à accompagner une chorégraphie de Syvilla Fort, John Cage (1912-1992) crée sa première pièce pour piano préparé. L’idée consiste à loger entre les cordes de l'instrument, ou ailleurs, des corps étrangers destinés à en modifier les sonorités, les propriétés acoustiques, et de façon plus fondamentale à accroître l'imprévisibilité du résultat sonore. En 1951, sur le même principe, John Cage composait son œuvre la plus « indéterminée », le concerto pour piano. La musique aléatoire était née. Les formes ouvertes Abordé sans audition En 1957 le compositeur allemand Karlheinz Stockhausen (1928-2007) compose les Klavierstücke pour piano et en particulier le Klavierstücke XI. Cette œuvre constitue la mise en pratique de ce qu’il est convenu d’appeler la forme ouverte. Sur une seule feuille sont placées 19 cellules musicales de façon irrégulière. L’interprète en choisit une au hasard, par laquelle il commence. Il la joue sur un tempo, une nuance et un mode d’attaque de son choix. À la fin de la cellule sont indiqués un tempo, une nuance et une attaque. Le pianiste jouera un second groupe (pris au hasard) en fonction de ces trois indications et ainsi de suite. De cette façon, la pièce sera jouée d’une infinité de manières et tous les sons auront été exploités. La qualité de l’interprète n’est plus prépondérante, le hasard sous une certaine forme devient plus important. Dans sa troisième sonate pour piano de 1957, Pierre Boulez, compositeur et chef d’orchestre français né en 1925, influencé par « Livre » de Stéphane Mallarmé (1842-1898) ainsi que par la typographie particulière de son poème "Un coup de dés jamais n'abolira le hasard", introduit une part de hasard en laissant à l'interprète le choix d'interpréter ou non certains fragments, ou de changer leur ordonnance. Depuis 1972 jusqu’en 1993, Il retravaille explosante /fixe, œuvre ouverte pour flûte, orchestre et dispositif électronique à la mémoire d’Igor Stravinski. Entre 1967 et 1970, le compositeur bulgare André Boukourechliev, 1925-1997, compose Archipel, puis Anarchipel (1970), et enfin ombres (1970). Ces trois œuvres se caractérisent par une liberté laissée aux interprètes de disposer dans l’ordre de leur choix des séquences prédéfinies. Le sérialisme intégral Abordé sans audition Page 5 Médiathèque Jean-Louis-Curtis, Orthez Texte : Emmanuel Lemouton Au début des années 50, influencé par « Mode de valeurs et d’intensités » pour piano (1949) du compositeur français Olivier Messiaen (1908-1992), Pierre Boulez s’oriente, avec le 1er livre des Structures pour deux pianos ou Polyphonie X, vers un sérialisme orthodoxe généralisé aux timbres, aux durées et aux intensités. Moins stricte qu’à ses débuts, cette tendance pérennise la technique sérielle héritée de la seconde école de Vienne. Avec Pierre Boulez (Le Marteau sans maître,1954 , Pli selon pli, pour soprano et orchestre, 1957-1962), les principaux acteurs du sérialisme intégral sont le compositeur, chef d’orchestre et théoricien français d’origine polonaise, René Leibowitz (1913-1972) ; les compositeurs italiens Luigi Nono, 1924-1990 ; Bruno Maderna, 1920-1973 ; Luciano Berio, 19252003 ; L’allemand Karlheinz Stockhausen (1928-2007); et le russe nationalisé français puis américain Igor Stravinski (1882-1971), qui s’est rapproché de cette technique dans sa dernière période de sa vie. Les conceptuels Abordé sans audition A partir de 1952, John Cage,(1912-1992), le compositeur argentin Mauricio Kagel (1931-2008), le compositeur américain La Monte Young né en 1935 et, à partir de 1960 Karlheinz Stockhausen (1928-2007), proposent des musiques à spectacle où le happening (performance) et l'exégèse sont inséparables de la musique, qui devient dans certains cas secondaire voire anecdotique et n'est plus là que pour illustrer une idée. Le représentant le plus emblématique de ce mouvement conceptuel est John Cage autour duquel se forme ce que l'on appelle parfois l'école de New-York. 4′33′′ (1952) de John Cage constitue l’œuvre conceptuelle emblématique. C’est une pièce où l’interprète joue en silence pendant quatre minutes et trente-trois secondes. Composée en trois mouvements devant cependant être indiqués en cours de jeu, l'œuvre a été créée par le compositeur et pianiste américain David Tudor (1926-1996). L'objectif de cette pièce est l'écoute des bruits environnants dans une situation de concert. Cette expérimentation découle de l'importance qu'accordait John Cage à la pensée du philosophe, poète et essayiste américain Henry David Thoreau (1817-1862). Ce dernier relate dans son « Journal » qu'il est plus intéressant d'écouter les sons de la nature, le son des animaux et le glissement furtif des objets animés par les éléments naturels, par le vent, que la musique préméditée par l'intention d'un compositeur. 4′33″ découle aussi de l'expérience que Cage réalise dans une chambre anéchoïque (chambre sourde) dans laquelle il s'aperçoit que le silence n'existe pas car deux sons persistent : les battements de son cœur et le son aigu de son système nerveux. À partir de cette période, toutes les compositions de Cage seront conçues comme des musiques destinés à accueillir n'importe quel son qui arrive de manière imprévue dans la composition. Cage prétendait que l'une des composantes les plus intéressantes en art était en fait ce facteur d'imprévisibilité où des éléments extérieurs s'intégraient à l'œuvre de manière accidentelle. Il compose désormais des musiques uniquement fondées sur le principe d'indétermination en utilisant les différentes méthodes de tirage aléatoire dont le Yi-king (manuel chinois de divination). Les minimalistes, la musique répétitive Abordé sans audition Page 6 Médiathèque Jean-Louis-Curtis, Orthez Texte : Emmanuel Lemouton La musique minimaliste désigne un courant apparu dans les années 1960 aux États-Unis. Ses représentants les plus connus sont Steve Reich, 1936, (music for 18 musicians, 1976) ; Philip Glass, 1937, (Violin Concerto, 1986-1987) ; l’estonien Arvo Pärt,1935, (Te Deum, pour chœur de chambre,1993) Le terme de minimaliste est généralement considéré comme étant peu adapté à cette musique, que l'on appelle également « répétitive», car en partie basée sur le double principe de répétitions/mutations. Elle comporte des influences diverses, le sérialisme, l'avant-garde musicale américaine autour de John Cage, ainsi que le jazz, et les musiques extraoccidentales. György Ligeti (1923-2006) a écrit certaines œuvres (second quatuor à cordes,1968 ; Kammerkonzert, 1969-1970 ) utilisant épisodiquement des techniques similaires. D'autres compositeurs les ont utilisées de façon moins systématique, Luciano Berio, 1925-2003, (Points on the curve to find, 1974)... L’école spectrale La découverte de la nature du timbre musical et l'exploration scientifique des composantes harmoniques du son sont à l’origine de la musique spectrale qui depuis 1979 doit son nom au compositeur, musicologue et professeur agrégé de philosophie Hugues Dufourt né en 1943. Certaines œuvres antérieures comme Atmosphères pour grand orchestre (1961) de György Ligeti, (1923-2006) ; Stimmung pour Six chanteurs et six microphones (1968) de Karlheinz Stockhausen, (1928-2007) ; Metastasis pour orchestre (1953-1954) de Iannis Xenakis (19222001) ; Mutations (1969) de Jean-Claude Risset, (1938) ; ont directement influencé ce mouvement. Les compositeurs français Tristan Murail, (1947) ; Gérard Grisey, (1946) ; Hugues Dufourt (1943) et Michaël Levinas (1949) ont développé cette recherche en utilisant des techniques dérivées de l'analyse-synthèse par ordinateur, qui ont permis de pénétrer le monde complexe du timbre. Ils appliquent ainsi à l'écriture pour instruments traditionnels des techniques dérivées de découvertes électroacoustiques. les premiers compositeurs que l'on peut qualifier de spectraux sont les roumains, Iancu Dumitrescu ,1944, (Medium II pour contrebasse ; Cogito/Trompe l'oeil pour piano préparé, 2 contrebasses, gong javanais, cristaux et objets métalliques) et Horaţiu Rădulescu, 1942-2008 (Iubiri" pour 16 instruments, 1981 ; Sonate n°6 pour piano, 2005). Il s'agit d'une école esthétique dans le sens où elle a influencé de nombreux compositeurs plus jeunes : Philippe Hurel (1955) ; Philippe Leroux (1957), Marc-André Dalbavie (1961), JeanLuc Hervé (1960) Thierry Alla (1955) Fabien Lévy (1968) Xu Yi (1967) ou Thierry Blondeau (1961) en France , Claude Ledoux (1960) en Belgique, Kaija Saariaho (1952) Magnus Lindberg (1958) en Finlande , George Benjamin (1960), Julian Anderson (1967) au Royaume-Uni, Joshua Fineberg (1969) aux États-Unis, Georg Friedrich Haas (1953) en Autriche, Ana-Maria Avram (1961) en Roumanie…. • Audition Partiels (1975) de Grisey (1946-1998) Les mi répétés des contrebasses font émerger des sons harmoniques dont les fréquences entrent en conflit générant des effets sonores inouis (battements rythmiques, jeux mélodiques…) que le compositeur choisit de nous faire découvrir en déplaçant son Page 7 Médiathèque Jean-Louis-Curtis, Orthez Texte : Emmanuel Lemouton « curseur » sur des zones de l’univers sonore que seules des machines permettent d’explorer. Retenons enfin pour conclure notre long périple au travers des mutations de l’esthétique musicale que l’art musical n’est pas une pratique humaine en évolution mais en mutations permanentes. Chaque projet esthétique et donc chaque période de l’histoire de l’art donne et donnera lieu à des sommets musicaux n’ayant rien à envier à ceux du passé ou du futur. Š extraits musicaux écoutés Extrait du Sacre du printemps (1913) d’Igor Stravinski (1882-1971) « sehr langsam » première pièce de l’opus 23 (1920-1923) de Arnold Schoenberg (1874-1951) De Natura Sonorum (1975) de Bernard Parmégiani né en 1927 (extrait : incidents/harmonique). Partiels (1975) de Grisey (1946-1998) J’aimerais ajouter que, même si par pudeur j’ai masqué mon émotion lors de la remise inattendue de votre cadeau, j’ai été extrêmement touché par la délicatesse de votre attention. J’ai été doublement gâté. Votre présence assidue et attentive constituait déjà à mes yeux un immense cadeau dont je ne vous remercierai jamais assez. J’ai hâte de vous retrouver dans le cadre pressenti d’un nouveau voyage musical…. Merci encore, Bien amicalement à chacun d’entre vous, Emmanuel Le Mouton Page 8 Médiathèque Jean-Louis-Curtis, Orthez Texte : Emmanuel Lemouton