Dossier pédagogique

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Dossier pédagogique
Théâtre / Création
L’ombre
Texte d’après le conte d’Andersen / Mise en scène Jacques Vincey
L’Ombre (de moi-même), 2007 / Photo Marc Domage © Philippe Ramette - ADAGP / Courtesy galerie Xippas
Dans le cadre du Festival Conte et compagnies
à partir de 8 ans
Catégorie B
Contact secteur éducatif : Maud Cavalca / 03 84 58 67 56 / [email protected]
Réservations : Caroline Diet / 03 84 58 67 67 / [email protected]
mercredi 9 octobre à 19h
vendredi 11 octobre à 20h
Représentations scolaires :
jeudi 10 à 9h30 et 14h et vendredi 11 à 9h30
au granit
Sommaire
Distribution
p. 1
L’ombre, l’histoire
p. 2
Repères biographiques
Hans Christian Andersen
p. 3
Parcours de Jacques Vincey, metteur en scène
p. 5
Biographie de Frédéric Vossier, adaptation
p. 6
La compagnie Sirènes
p. 7
Entretien avec Jacques Vincey
p. 8
Distribution
D’après le conte d’Andersen
Adaptation libre de
Frédéric Vossier
Mise en scène
Jacques Vincey
Avec
Genneviève de Kermabon, Antoine Fraval, Kristel Largis-Diaz
Scénographie
Mathieu Lorry-Dupuy
Lumières
Marie-Christine Soma
Musiques et sons
Alexandre Meyer, Frédéric Minière
Costumes
Laurence Forbin assistée de Anna-Maria Di Manbro
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L’ombre, l’histoire
L’histoire : un savant et son ombre. L’ombre finit par se délier, gagner sa liberté en quittant
irrémédiablement le corps du savant. En quittant le corps du savant, l’ombre va voyager et découvrir
le monde, la réalité, les choses de la vie. Quand elle revient vers le savant, celui-ci est vieux et
fatigué, sa raison est devenue vulnérable et peut-être minoritaire, dans le sens où la science qu’il
essaie de développer pour éclairer n’intéresse personne. Le savant apparaît alors comme une figure
passablement solitaire et vaincue. L’ombre, au contraire, est riche et sociable et elle invite le savant à
voyager avec elle. Mais cette invitation se double d’un marché qui coûte cher au savant puisque
celui-ci doit accepter de devenir l’ombre de l’ombre. La rencontre d’une fille de Roi dans une station
balnéaire déclenchera une issue fatale. C’est l’amour soudain qui prend son envol. Mais qui
aimera-t-elle ?
En Suède, nous ne disons pas Hans Christen, mais seulement Andersen, car nous ne connaissons qu’un
seul Andersen. Il est l’Andersen de nos parents, de notre enfance, de notre âge adulte, de nos vieux
ans… Dans les contes d’Andersen, j’ai découvert l’existence d’un autre monde, d’un âge d’or de justice
et de compassion, dans lequel les parents n’avaient que pour leurs enfants que des gestes de
tendresse… une chose que je n’avais jamais connue jusque-là projetait une douce lumière sur la
pauvreté même et la résignation : lumière qui est connue sous le nom désuet aujourd’hui d’amour.
Strindberg
Cet amour dont parle Strindberg est porté dans le conte par le savant. Il est lumière, bonté,
compréhension, savoir. Mais il choisit de laisser son ombre s’échapper. Sans connaître, ni prévoir les
retombées. Cet amour qu’il incarne va se heurter à la violence d’abord insidieuse, ensuite évidente
de l’ombre. Andersen est le conteur de cet amour vaincu.
La grande et belle singularité de L’Ombre, c’est de montrer le caractère double et ambigu de l’être
humain. C’est l’hypothèse que nous tentons de faire à la lecture du texte, car c’est bien sûr un conte
mystérieux et fantastique : comment une ombre peut-elle devenir chair et os, voix et intention ?
Pourquoi l’ombre devient-elle mauvaise ? L’ombre dans le texte n’exprime-t-elle pas notre part
inquiétante et destructrice ?
On peut donc deviner de la part d’Andersen l’exercice narratif d’un esprit critique hanté par la
domination et la défaite de la raison. On sait qu’Andersen était admiratif devant le progrès
scientifique. On découvre une humanité placée sous le signe d’une étrange dualité, où la part
inquiétante et la part raisonnable sont en tension. Qui aura raison de ce conflit ? Et de quelle raison
s’agit-il ? Et si le savant n’avait pas laissé son ombre partir découvrir le monde à sa place ? Si ce
monde-là avait été exploré par le savant lui-même ? Andersen n’essaie-t-il pas aussi, dans cette fable
à mystère, d’envisager notre part de responsabilité dans les malheurs qui nous tombent dessus ?
Enfin, on peut lire L’Ombre comme un autoportrait halluciné. On sait que l’homme a eu une enfance
terrible ; c’est contre cette profonde tristesse qu’il a bâti joyeusement l’édifice de son œuvre pleine
de fantaisie. Il a vécu seul toute sa vie : mélancolique, hypocondriaque et phobique, mais appréciant
le succès, la notoriété, la fréquentation des grands de ce monde. La vie d’un artiste est toujours
mêlée de joie et de tristesse.
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Repères biographiques
Hans Christian Andersen
Andersen est plutôt atypique dans l’histoire littéraire du conte. Il s’est dissocié de la tradition du
conte populaire (Charles Perrault, les frères Grimm), d’une part en intégrant une dimension
autobiographique dans l’écriture, et d’autre part en osant une part de pessimisme dans ses
dénouements narratifs. Double audace littéraire. Double coup de force.
Né au Danemark en 1805, il était le fils d'un jeune cordonnier malade et de son épouse plus âgée. La
famille vivait dans une petite pièce. Hans Christian montra une imagination précoce, laquelle fut
encouragée par l'indulgence de ses parents. Son père mourut en 1816 et il fut entièrement livré à
lui-même. Il cessa d'aller à l'école. Il construisit lui-même un petit théâtre jouet et resta chez lui à
fabriquer des vêtements pour ses marionnettes, et lisant toutes les œuvres qu'il pouvait emprunter,
parmi lesquelles celles de Ludvig Holberg et William Shakespeare. Il écrit La petite fille aux allumettes
en se souvenant de l'enfance malheureuse de sa mère dans une famille pauvre. Souhaitant devenir
chanteur d'opéra, il alla à Copenhague en septembre 1819. Là il fut rejeté des théâtres et presque
réduit à la disette, mais il fut pris en amitié par les musiciens Christoph Weyse et Siboni. Sa voix
défaillit, mais il fut admis comme apprenti danseur au Théâtre Royal.
Le roi Frédéric VI, intéressé par ce garçon étrange, le prit en charge et l'envoya durant quelques
années à l'école de grammaire de Slagelse. Il publia son premier volume, Le Fantôme à la tombe de
Palnatoke (1822), avant d'y avoir commencé ses études. Étudiant très médiocre et peu discipliné, il
resta à Slagelse dans une autre école à Elseneur jusqu'en 1827 ; ces années, disait-il, furent les plus
sombres et amères de sa vie.
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En 1829 il obtint un succès considérable avec un roman fantastique intitulé Un voyage à pied depuis
le canal Holmen jusqu'au point d'Amager.
En 1835 son premier roman L'Improvisateur, sortit et obtint un véritable succès. La même année, les
premiers épisodes de l'immortel "Contes" (en danois : Eventyr) furent publiés. D'autres parties,
complétant le premier volume, apparurent en 1836 et 1837. La valeur de ces histoires ne fut pas
immédiatement perçue, et celles-ci ne se vendirent guère. Un roman O.T. (1836), et un volume de
sketches, En Suède connurent davantage de succès. En 1837 il produisit la meilleure de ses nouvelles,
Seulement un bonimenteur.
Il se tourna vers le théâtre où il n'obtint qu'un succès éphémère, mais fit preuve de son vrai génie
dans le charmant divertissement de 1840, l'Album sans image.
Andersen fut un grand voyageur. Le plus long de ses voyages, en 1840-1841, l'emmena à travers
l'Allemagne, l'Italie, Malte, et la Grèce jusqu'à Constantinople. Le récit de cette expérience constitue
Bazar d'un poète (1842), en général considéré comme le meilleur de ses livres de voyage.
Cependant la renommée de ses "Contes" s'était accrue ; une seconde série commença en 1838, une
troisième en 1845. Il convient toutefois de préciser que ceux-ci n'étaient pas destinés à la jeunesse.
En effet, malgré son extrême sensibilité Hans Christian Andersen n'a jamais eu l'ambition d'écrire
pour les enfants.
Andersen était maintenant célèbre dans toute l'Europe, bien qu'il ne jouisse pas d'une égale
renommée dans son propre pays. En juin 1847 il se rendit pour la première fois en Angleterre, y
connaissant le triomphe. Charles Dickens lui-même l'accompagna pour son départ. Peu de temps
après, Dickens publia David Copperfield, dans lequel on voit dans son personnage Uriah Heep le
portrait d'Andersen.
Il continua de publier, désirant s'affirmer comme romancier et dramaturge, délaissant les "Contes",
dans la composition desquels s'épanouit réellement son génie, il continua donc à en écrire de
nouveaux. En 1847, puis en 1848, deux nouveaux volumes apparurent. Après un long silence, il
publia en 1857 une autre nouvelle Être ou ne pas être.
Ses contes continuèrent à paraître en épisodes jusqu'en 1872. Au printemps suivant, Andersen se
blessa grièvement en tombant de son lit. Il ne s'en remit pas et mourut tranquillement dans sa
maison Rolighed, près de Copenhague le 4 août 1875.
Source : http://www.savoirplus.net
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Parcours de Jacques Vincey
Né à Paris en 1960, Jacques Vincey entre en 1979 au Conservatoire de Grenoble après des études de
lettres. En tant que comédien, il travaille notamment avec Patrice Chéreau dans Les Paravents,
Bernard Sobel dans La Charrue et les Étoiles et Hécube, Robert Cantarella dans Baal, Le voyage, Le
siècle des Numance et Le Mariage, Luc Bondy, André Engel et Laurent Pelly.
Au cinéma et à la télévision, il tourne avec Arthur Joffe, Peter Kassowitz, Alain Tasma, Luc Beraud,
Nicole Garcia, Christine Citti, Alain Chabat, François Dupeyron.
À la fin des années 1980, il met en scène La place de l’Étoile et Jack’s Folies d’après Robert Desnos
qui réalise le court métrage C’est l’Printemps ? en 1992.
Il fonde la compagnie Sirènes en 1995 avec laquelle il met en scène en 1997 Opéra Cheval de JeanCharles Depaule au Festival Turbulences de Strasbourg et Érotologie classique d’après F. K. Forberg
au Festival Trafics à Nantes. Il co-met en scène avec Muriel Mayette Les Danseurs de la pluie de Karin
Mainwaring au Théâtre du Vieux Colombier – Comédie-Française en 2001. En 2000 et 2001, il monte
Saint Elvis de Serge Valletti à Rio de Janeiro. En 2001, Gloria de Jean-Marie Piemme, créé à la
Ménagerie de Verre en 2000, est présenté au Festival d’Avignon.
En 2006, il met en scène Mademoiselle Julie de Strindberg au Théâtre Vidy Lausanne. Créé en 2008
au Centre Dramatique de Thionville-Lorraine, Madame de Sade de Yukio Mishima est présenté au
Théâtre de la Ville à Paris et est nominée en 2009 aux Molières dans trois catégories, remportant le
Molière du créateur de costumes.
En 2009, il met en scène La Nuit des Rois de Shakespeare au Théâtre de Carouge-Atelier de Genève.
Au Printemps 2010, il présente le Banquet de Platon au Studio-Théâtre de la Comédie-Française dans
une adaptation de Frédéric Vossier. À l’automne, dans le cadre de l’année France-Russie 2010,
CulturesFrance l’invite à mettre en scène L’affaire de la rue Lourcine de Labiche au Théâtre Tioumen,
en Sibérie.
Parallèlement à son activité d’acteur et de metteur en scène, Jacques Vincey mène régulièrement un
travail pédagogique dans les lycées et les écoles professionnelles d’acteurs (École des Teintureries à
Lausanne, Conservatoire à Rayonnement Régional de Grenoble, École Supérieure du Théâtre national
de Bordeaux en Aquitaine, Atelier Volant Théâtre National de Toulouse…)
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Biographie de Frédéric Vossier
Frédéric Vossier est docteur en philosophie politique. Il enseigne la littérature dramatique
contemporaine au Conservatoire de Poitiers, anime des ateliers de lecture et d’écriture en université
(notamment à Poitiers, Tours et Paris III-Sorbonne nouvelle). Il a écrit des articles sur la philosophie,
la littérature dramatique, et l’art contemporain. Il est auteur dramatique depuis 2004. Ses textes
sont publiés chez Les Solitaires Intempestifs (Jours de France), Théâtre Ouvert, Espaces 34 (Bedroom
eyes) et Quartett Éditions (La Forêt où nous pleurons, Porneia, Bois sacré). Ils ont été lus, mis en
espace ou créés par Jacques Vincey, Robert Cantarella, Philippe Minyana, Françoise Lebrun, Jérôme
Kirscher, Mireille Perrier, Sébastien Eveno, Matthieu Roy, Pascale Siméon, Jacques David, Dominique
Jacquet, Claudy Landy, Fabienne Augié. Il travaille actuellement auprès de Madeleine Louarn
(Théâtre de l’Entresort) et Christophe Pellet sur un projet mettant en rapport la chambre à soi et les
technologies, et de Jean-Pierre Berthomier (Théâtre des Agités), en qualité de dramaturge, sur la
création de Lisbeths de Fabrice Melquiot. En 2010, il a écrit une adaptation pour le théâtre de
Banquet de Platon, mise en scène Jacques Vincey dont il a également assuré la dramaturgie.
Le spectacle a été créé au Théâtre de l’Ouest Parisien en mars 2010 puis présenté au Studio-Théâtre
de la Comédie-Française dans la foulée. Salué par la presse et le public, le spectacle est repris du
15 juin au 1er juillet 2011 au Studio-Théâtre de la Comédie-Française.
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La compagnie Sirènes
Ma quête de metteur en scène consiste à inventer, pour chaque spectacle, la forme théâtrale qui
restituera au mieux une écriture. Je cherche à faire entendre tout ce que la pièce recèle de possibles.
Et je parie sur l’intelligence et la sensibilité du spectateur pour se raconter « son » histoire et frayer
son propre chemin dans l’épiphanie du sens. De spectacle en spectacle, des thématiques
s’entrecroisent, se prolongent, s’approfondissent et ouvrent de nouvelles perspectives pour,
inlassablement, remettre en jeu la réalité. Jacques Vincey
Créée en 1995 par Jacques Vincey, la compagnie Sirènes s’attache à monter les grandes œuvres du
répertoire classique et contemporain (Shakespeare, Molière, Horvath, Strindberg, Genet, Mishima)
et à faire découvrir les auteurs d’aujourd’hui (Frédéric Vossier, Arne Lygre, Serge Valetti, Jean-Marie
Piemme). À travers cette diversité, elle interroge sans relâche.
En 2009, la DRAC Ile-de-France – Ministère de la culture et de la communication conventionne la
compagnie Sirènes / Jacques Vincey.
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Entretien avec Jacques Vincey
Propos recueillis par Jean Liermier pour le magazine « si », publication commune du Théâtre Forum
Meyrin et du Théâtre de Carouge-Atelier de Genève. Septembre 2009.
Jean Liermier : Comment es-tu venu à la mise en scène ?
Jacques Vincey : Ça s'est fait presque sans que j'y pense, dans le prolongement de mon itinéraire
d'acteur et de rencontres importantes avec de grands metteurs en scène. Progressivement est né le
désir de rassembler à mon tour une équipe autour d'un projet et d'accompagner une aventure
théâtrale depuis sa genèse jusqu'à son terme. La mise en scène est un élargissement de mon métier
d'acteur. Je m'efforce toujours de rendre les acteurs co-metteurs en scène du spectacle sur lequel
nous travaillons chacun nourrit le projet de son intelligence et de sa sensibilité. Mon rôle est de
permettre à ces univers singuliers de se cristalliser autour d'un parti pris commun qui donnera force
et cohérence au spectacle. Mon enjeu est d'aller plus loin ensemble qu'aucun de nous n'aurait pu le
soupçonner. Mon plaisir est de voir mon rêve originel se transformer, s'approfondir, s'élargir, en se
frottant à l'inattendu, l'Imprévu et aux contingences d'une réalité avec laquelle il nous faut
composer.
J.L. : As-tu des maîtres dans la mise en scène ?
J.V. : Il y a des parcours d'artistes que j'admire énormément mais je me sens constitué d'influences
multiples, de chocs successifs que j'ai pu ressentir en tant qu'acteur mais aussi en tant que
spectateur. Certains spectacles ont bouleversé ma façon de voir le monde et modifié ma façon
d'envisager ce métier. Je me sens comme un kaléidoscope, chacun de mes spectacles étant un
assemblage différent des multiples éclats qui me constituent.
J.L. : Tu travailles sur un répertoire plutôt non francophone. Y a-t-il une explication à cela ?
J.V. : Je dis souvent que si je monte un texte, c'est parce que je ne le comprends pas ! Derrière cette
boutade, la vérité est qu'un texte m'intéresse parce qu'il me pose question, parce qu'il me touche
profondément sans que je puisse dire précisément pourquoi j'ai effectivement le goût de ce qui
m'est étranger, c'est-à-dire de ce qui va m'obliger à me déplacer et à découvrir de nouveaux
territoires. Ceci dit, j'ai aussi monté des pièces d'auteurs français ou francophones qui m'ont fait faire
de grands voyages !
J.L. : Comment travailles-tu avec les acteurs ?
J.V. : Je pars toujours du texte je cherche comment il résonne dans les corps et comment les
situations se révèlent progressivement quand on fait des lectures, je demande aux acteurs de
respecter la «géographie du texte », c'est-à-dire la manière dont il s'inscrit sur la page, si ce sont des
phrases courtes ou des phrases longues, de la prose ou des vers, ça ne se respire pas de la même
façon et le sens en est transformé. La ponctuation imprime un rythme sur lequel il faut s'appuyer.
Ma première préoccupation est de parvenir à une compréhension organique de la pièce : la pensée
de l'auteur est d'abord dans le corps de son texte. Elle doit trouver un écho dans le corps des
interprètes. C'est un travail très musical, en fait il s'agit de faire résonner toutes les harmoniques
d'une écriture pour pouvoir la restituer dans sa richesse et sa profondeur. Cela demande à l'acteur
un grand abandon et une grande confiance, pour accepter de se laisser traverser par le texte et
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prendre le risque de laisser affleurer l'insoupçonnable. Je pense souvent à cette phrase de Klaus
Michael Gruber qui disait que le metteur en scène est «quelqu'un qui élimine la peur des acteurs - ils
sont pleins de peur - mais qu'une fois la peur levée, ils deviennent tellement beaux... »
J.L. : Il y a beaucoup de chemins pour arriver à cela.
J.V. : À chacun son chemin. C'est ce qui est passionnant dans ce métier à chaque fois, on est obligé
de trouver une clef, différente pour chaque acteur.
J.L. : As-tu l'impression qu'un style se dégage de tes spectacles ?
J.V. : C'est parfois une question que je me pose, mais j'ai l'impression que ce n'est pas à moi d'y
répondre. De spectacle en spectacle, je prolonge et approfondis mon sillon, sans me préoccuper de
style, mais avec le souci de faire entendre tout ce que la pièce recèle de possibles. Je cherche la ou
les formes théâtrales qui me permettront de révéler l'œuvre dans son foisonnement et parfois ses
zones d'ombres Et je parie sur l'intelligence et la sensibilité du spectateur pour se raconter «son»
histoire et se frayer son chemin.
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