Séances majeures

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Séances majeures
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CHAPITRE V
Nous avions rendez-vous le mardi de la semaine suivante. Le lundi soir, mon mari est tombé en panne avec sa
vieille voiture, il m’a demandé de l’accompagner le lendemain dans différents garages pour en choisir une autre.
J’ai envoyé un message à Félix pour annuler. Il m’a
répondu que j’avais de la chance, il était libre le mercredi
aussi. Mais le lendemain j’ai encore eu un empêchement ; la
mort dans l’âme, j’ai envoyé un nouveau message. Il n’a pas
répondu. Le jeudi matin, j’ai reçu un message ; il me disait
qu’en plus d’être un garage à bites, j’étais une vulgaire
poseuse de lapins. Si je ne me débrouillais pas pour le
rejoindre à quatorze heures, je n’aurais plus à attendre de
nouvelles de lui. J’étais folle de joie.
Je lui ai demandé à quel hôtel je devais le rejoindre. « Pas
d’hôtel, j’ai un rendez-vous professionnel à seize heures. Mardi et
mercredi étaient les seuls jours où je disposais de mes après-midi...
Tant pis pour toi. »
La nouvelle m’a consternée. J’étais déjà en manque ; il
m’annonçait que je n’aurais ni cravache ni pinces ni queue
« avant longtemps » !
A l’heure dite, il m’attendait sur le parking des Platanes,
pas très loin de chez moi. Je me suis garée à côté de lui, j’ai
grimpé dans sa voiture. Il n’a pas souri, je n’ai pas osé
l’embrasser.
— Eh bien, tu vois, quand tu veux, tu peux.
J’avais annulé un rendez-vous chez le dentiste, un travail
à finir, les courses pour remplir le frigo. J’ai bouclé ma ceinture. Il est sorti de la ville.
— Je suis déçu que tu sois venue en pantalon. La prochaine fois, tu pourras repartir chez toi.
— Oui.
— Oui, qui ?
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— Oui, Maître.
Il a levé les yeux au ciel.
— Tu aggraves ton cas de minute en minute !
— Pardon !
— Pardon, qui ?
— Pardon, Maître !
J’avais crié ma réponse avec agacement. C’était ridicule.
J’étais en colère contre lui. Ce n’était qu’un gamin capricieux.
Je ne méritais pas ses reproches, j’avais envie qu’on profite
du peu de temps qu’on avait au lieu de s’engueuler ! Son
visage s’est fermé, il a poursuivi en silence. Regrettant mon
emportement, je me suis excusée, je lui ai avoué combien il
me manquait. Je lui ai expliqué que j’étais la première punie
par ces rendez-vous manqués, il ne s’est pas déridé.
Il s’est arrêté sur un parking isolé, en pleine forêt. Il a éteint
le moteur, m’a regardée de bas en haut d’un air dubitatif.
— Tu peux désirer être esclave ménagère, proposer tes services pour le repassage, mais dans ce cas, tu t’es trompée
d’adresse. J’ai déjà une femme de ménage.
J’ai serré les dents pour retenir mes larmes. Salaud ! Il se
vengeait en m’humiliant gratuitement.
— Si c’est la femelle que tu veux que je dresse, tu ne dois
plus oublier qu’une chienne doit être accessible à chaque
instant, à la main et à la queue.
J’ai baissé les yeux d’un air contrit, en essayant de dissimuler ma joie. Tout ce que je retenais c’est qu’il ne me renvoyait pas.
— Oui, Maître.
— Déshabille-toi.
A son regard glacé, j’ai compris qu’il ne plaisantait pas. J’ai
pensé qu’il voulait me baiser à l’arrière de la voiture, j’ai docilement retiré mes baskets, mon pantalon, ma culotte, mon
pull, mon soutien-gorge en coton qu’il a considéré d’un air
navré.
— Maintenant, tu remets tes chaussures, tu laisses tes
affaires et ton sac sous le siège, et tu descends de la voiture.
Paniquée, je l’ai regardé.
— Et s’il y a des gens ? Il y a plein de chasseurs en cette saison ! Et ceux qui ramassent les champignons !
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