Cosmorgasme» brise un tabou

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Cosmorgasme» brise un tabou
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Tribune de Genève | Mardi 12 novembre 2013
Rencontre avec Catherine Gaillard
«Cosmorgasme» brise un tabou
Encre
Bleue
Isabel Jan-Hess
N
e cherchez pas à définir
Catherine Gaillard, ce serait peine perdue! Autodidacte, engagée sur la
scène artistique et politique, cette Genevoise
d’adoption ne rentre
dans un aucune case de l’échiquier sociétal.
Son dernier spectacle, Le cosmorgasme et
autres conquêtes, qu’elle présente jeudi et
vendredi au festival Les Créatives, résume
à lui seul la polyvalence de celle qui est
avant tout conteuse. Une histoire déclamée
en trois volets, entre une princesse en
quête d’amour et des extraterrestres extravertis bousculant les certitudes et mêlant
les identités de genre. «Une manière de
faire passer des messages en utilisant l’humour pour transgresser les tabous», résume Catherine Gaillard, qui a coécrit Cosmorgasme avec sa compagne, Lamia Dorner. «Le conte coquin, au sens noble du
terme, a traversé les siècles. A l’image d’un
Candide de Voltaire ou d’un marquis de
Sade décomplexé dont les textes révèlent
bien les sociétés de leurs époques.»
Le récit et l’allégorie servent-ils à mettre
en lumière les rapports de domination et à
donner du sens au lien entre les gens? La
conteuse genevoise y croit. «Le conte est un
art méconnu et parfois même méprisé en
Suisse encore, explique la professionnelle.
On est pourtant dans un échange intensif, le
spectacle est entièrement basé sur la communion avec le public. Trop de clichés perdurent sur les conteurs, souvent visualisés
comme une vieille dame au coin du feu.»
La star de la cour d’école
Conteuse professionnelle depuis 1998, Catherine Gaillard n’imaginait pas faire son
métier de ses talents narratifs. «Petite, on
vivait dans la cité ouvrière La Verrière, près
de Paris, et on était la seule famille à avoir
la télé, se souvient-elle. Alors, tous les matins, dans la cour de récréation, on me
pressait pour que je raconte l’épisode de
Thierry La Fronde de la veille ou de la série
à la mode. J’adorais ça. J’entrais dans la
peau des personnages, je mimais et je refaisais les dialogues, devant des copains bouche bée.»
Bac en poche, Catherine Gaillard préfère les voyages aux longues études. «Mon
père était responsable de colonies de vacances et m’a transmis le virus des expéditions. On parcourait l’Europe chaque été.»
Après une succession de petits boulots, elle
s’envole pour l’Inde à l’âge de 19 ans. Un
premier séjour qui changera radicalement
sa vie. «J’étais partie, pleine de rêves idéa-
Le temps
du cochon
La conteuse Catherine Gaillard à Plan-les-Ouates. GEORGES CABRERA
Catherine Gaillard
Bio express
1962 Naissance dans une famille
communiste et engagée à Paris.
1981 Début d’une série de voyages en Inde,
où elle rencontre le père de son fils.
1982 Arrivée à Genève… par amour.
1991 Naissance de son fils.
1995 Débute le conte en amatrice.
1998 Gagne le prestigieux concours de
Chevilly-Larue et passe professionnelle.
2002 Reprend la présidence de Lestime,
communauté lesbienne de Genève.
2003 Elue au Municipal de la Ville sur la
liste de SolidaritéS.
2013 Sur scène jeudi pour le festival Les
Créatives avec Le cosmorgasme et autres
conquêtes.
Le dessin par Herrmann
listes, s’amuse la conteuse genevoise. Dans
l’idée de transformation de soi et des
autres.» Sur place, la déesse Kali ne lui
offrira pas les clés pour changer le monde,
mais elle rencontre le père de son fils. «Je
suis rapidement venue m’installer avec lui,
à Genève.»
La jeune femme ouvre un centre de
yoga et reprend ses études à l’Uni. «En
1991, j’ai donné naissance à mon fils.» Des
années que la jeune Française n’oubliera
jamais. «C’était magnifique, on vivait le
plein-emploi. On travaillait quelques mois,
on voyageait, on revenait, on avait du boulot, se souvient celle qui passait ses étés
dans les alpages fribourgeois.» En 1995, la
jeune maman inscrite à l’Ecole des parents
se met à raconter des histoires aux enfants.
«C’est à ce moment-là que j’ai réalisé que je
voulais suivre cette voie artistique, et j’ai
débuté ma formation avec Lorette Andersen.» Depuis 1998, Catherine Gaillard
sillonne la francophonie. Récemment encore au Canada, elle arpente autant les
planches des scènes populaires que celles
des grandes salles métropolitaines. La plupart de ses spectacles sont de sa plume,
toujours très engagée.
Sept ans de politique en Ville
Féministe, elle reprend la présidence de
Lestime, la communauté lesbienne de Genève. En 2003, sa carrière artistique se double d’un mandat politique au Municipal de
la Ville de Genève. «Née dans une famille
ouvrière communiste, j’avais baigné dans le
militantisme», se souvient celle qui siégera
près de sept ans avec l’extrême gauche genevoise, sous l’étiquette de SolidaritéS. Fin
2008, elle quitte l’arène municipale. «c’était
une belle expérience, enrichissante, mais je
me sens clairement plus à l’aise et plus utile
sur scène qu’en politique pour faire passer
des messages.»
«Le cosmorgasme et autres conquêtes»
14 et 15 novembre à 20 h à La Julienne de
Plan-les-Ouates
Les patates sont cuites!
Et je ne parle pas des élections
cantonales, mais de la fin de mes
vacances d’automne. Encore que…
M’est d’avis que nous n’allons pas
nous ennuyer avec cette nouvelle valse
gouvernementale.
Cela dit, j’ai trouvé dans mes piles de
courrier en attente des annonces de
gains faramineux que je ne toucherai
jamais, des histoires que je vous
rapporterai sous peu et une enveloppe.
La première de la saison à porter
l’adresse de «Julie et Jules». Eh oui, nous
allons repartir dans quelques jours pour
la Thune du Cœur, version 2013.
Rosemary m’a ainsi fait parvenir son
traditionnel petit billet de banque glissé
dans une carte (avec la photo de deux
cochons mignons dessus, elle soigne les
détails) avec un mot d’encouragement
sympa comme tout pour le démarrage
de notre action de solidarité envers les
plus démunis d’ici. C’est bon de la
commencer ainsi!
Quelques jours avant le courrier de
Rosemary, la Chancellerie d’Etat m’a
signalé que Christian a souhaité
remplacer le traditionnel cadeau offert
aux fonctionnaires partant à la retraite
par un don à la Thune du Cœur. C’est
extra! Merci à lui pour ce beau geste.
J’y pense soudain: si des personnes
sur le départ de la Tour Baudet ou
d’ailleurs pensent à faire de même,
c’est volontiers!
Mais je m’en voudrais de ne parler
aujourd’hui que de la Thune, à l’heure
où la Chaîne du Bonheur et d’autres
associations se mobilisent pour venir en
aide aux rescapés de l’effroyable
typhon Haiyan qui a dévasté le centre
des Philippines. Il y a tant à faire...
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Genève au fil du temps
Jeu de l’Arc (II/X) Sous l’Ancien Régime, les exercices militaires
de l’Arc, de l’Arbalète et de l’Arquebuse, puis de la Navigation, élisent
chaque année un roi lors d’un concours de tir, parfois un empereur
lorsque le même concurrent parvient à gagner l’épreuve trois fois de
suite. Le vainqueur de l’Arc porte le nom de commandeur depuis 1696.
Après l’annexion française de Genève (1798-1813), qui ne leur est pas
favorable, les exercices militaires renaissent. Depuis 1826, la société des
archers a repris le nom de «Noble exercice de l’Arc»; on tire alors
chaque semaine, les jeudis et dimanches, mais seulement durant la
belle saison. COLLECTION CENTRE D’ICONOGRAPHIE GENEVOISE (ESCUYER, 1824)
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