Nonoxynol-9 - Canadian AIDS Society
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Nonoxynol-9 - Canadian AIDS Society
Nonoxynol-9 Adopted by the Canadian AIDS Society’s Board of Directors, January, 2003. In light of recent statements by the World Health Organization and the US Centres for Disease Control, the Canadian AIDS Society endorses the call to cease the rectal use of products containing Nonoxynol-9 (N-9). These products are commonly sold as contraceptives in the form of diaphragm gel, contraceptive foams and creams, as well as in some sexual lubricants, and in the lubricant found on the outside of some lubricated condoms. We are concerned that many people mistakenly believe that N-9 provides extra protection against HIV and STIs when used rectally, when in fact there is reason to think that rectal use of N-9 may increase the risk of infection. N-9 is significantly more toxic when used in the rectum than in the vagina. By causing irritation and the shedding of the lining, it increases the opportunity for infection of HIV and other STIs. Given the overwhelming evidence, CAS asks manufacturers of condoms and sexual lubricants to discontinue adding N-9 to future lots of their product. CAS calls on the support of the Canadian arm of condom manufacturing companies, as well as major retailers and Health Canada, in an effort to remove these products from Canadian stores. The call does not recommend the removal of N-9 contraceptive products designed exclusively for vaginal use because they remain an important contraceptive option for many women, and the infrequent use of products with low doses of N-9 does not pose additional health risks. In light of the harmful side effects of rectal use associated with products containing N-9, it is essential to identify a lubricant safe for rectal use. Therefore, CAS recommends that the public health community and lubricant manufacturers undertake safety studies in humans for all products marketed explicitly or implicitly for rectal use to ensure that they do not cause irritation to the lining of the rectum, as does N-9. Finally CAS emphasizes the importance of on-going research to develop vaginal and rectal microbicides that are both safe and effective. It is imperative that truly effective microbicides be developed as soon as possible. A safe and effective microbicide can be developed, but N9 is not this product. Énoncé de position sur le Nonoxynol-9: Information élémentaire Dans le cadre d’efforts pour diversifier les méthodes viables de prévention du VIH, des chercheurs s’intéressent à l’usage de produits dont l’application vaginale ou rectale pourrait empêcher la transmission du VIH et d’autres infections transmissibles sexuellement (ITS). Ces produits, appelés « microbicides », pourraient prendre plusieurs formes : gel, crème, suppositoire, pellicule, éponge ou anneau qui libère un ingrédient actif. Les microbicides ont notamment les avantages d’être contrôlés par l’utilisateur et d’être accessibles aux femmes et hommes qui ne sont pas en mesure d’assurer la monogamie mutuelle ou l’usage du condom masculin dans une relation.1 Le nonoxynol-9 (N-9) est un produit contraceptif utilisé depuis plus de 50 ans. En dépit de ses apparences de microbicide prometteur, nous savons maintenant que le N-9 est non seulement inefficace contre la transmission du VIH, mais qu’il peut aussi en accroître le risque dans certains cas. Le N-9 est un ingrédient que l’on trouve dans trois types de produits présentement en vente libre. La première catégorie regroupe des produits conçus uniquement à des fins de contraception et pour un usage vaginal – ce sont des spermicides sous formes de gelée pour diaphragme, de mousse et de crème contraceptives. À l’application vaginale (et de préférence en combinaison avec une deuxième méthode contraceptive, telle un diaphragme ou une éponge), l’action spermicide du N-9 peut empêcher la grossesse. Il s’agit d’un important outil pour les femmes, qui leur permet de contrôler leur propre contraception et qui n’accroît pas le risque de contracter le VIH. Les deuxième et troisième types de produits contenant du N-9 sont des lubrifiants et des condoms lubrifiés au N-9. 2 Bien que le N-9 demeure un contraceptif utile, les essais sur son potentiel de protection contre le VIH et les ITS ont démontré que son usage rectal pourrait accroître le risque d’infection. Le constat d’inefficacité du N-9 est une étape décevante dans le développement des microbicides, mais on constate une menace plus grande et plus immédiate à la santé : de récentes études révèlent une croissance de l’usage du N-9 comme moyen de prévention des ITS et du VIH par des individus qui croient à tort en son potentiel de protection.3 Preuves d’efficacité Le rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), dont la Global Campaign for Microbicides fait la promotion, décrit des facteurs cruciaux dans l’évaluation de l’utilité et de l’innocuité du N-9 : « Explanatory Background Memo for the Call to Discontinue nonxynol-9 for Rectal Use », www.globalcampaign.org, Global Campaign for Microbicides, 2002. 2 Ibid. 3 Ibid. 1 Usage vaginal du N-9 L’usage du N-9 à titre de contraceptif comporte certains avantages : • Les produits contenant du N-9 et conçus pour la contraception (comme les gelées et les crèmes) sont considérés modérément efficaces dans la prévention de la grossesse; pour un effet optimal, on peut les utiliser avec un deuxième moyen de contraception (comme la cape cervicale ou le diaphragme). • Lorsque le N-9 est la seule option de contraception dont dispose une femme, il est préférable de l’utiliser que de n’avoir recours à aucune méthode. • L’usage peu fréquent (pas plus d’une fois par jour) de produits contenant de faibles doses de N-9 (crèmes, gelées et mousses) n’accroît pas le risque de contracter le VIH. 4 Toutefois, certains facteurs doivent être pris en considération dans l’évaluation des risques de santé associés au N-9 contenu dans les produits à usage vaginal : • • • • • Les condoms lubrifiés au N-9 ne sont pas plus efficaces que les autres, pour la prévention de la grossesse. Des études ont révélé que l’usage vaginal fréquent de produits contenant du N-9 (crèmes, gelées et mousses) peut entraîner une rupture de l’épithélium vaginal (couche cellulaire des parois vaginales) et causer de l’irritation, des lésions et des ulcères. Cette rupture pourrait accroître le risque d’infection à VIH (qu’une irritation soit ressentie ou non). Il s’agit d’un aspect particulièrement important pour les travailleuses du sexe qui se font plusieurs applications de spermicide au cours d’une journée. Les résultats préliminaires d’une étude présentée à la Conférence internationale sur le sida de Durban, Afrique du Sud, ont montré que les travailleuses du sexe qui utilisaient fréquemment du N-9 présentaient un taux d’infection à VIH plus élevé que celles qui s’étaient appliqué un gel placebo. Les dommages aux parois vaginales augmentent avec les doses et la fréquence d’usage du N-9. Des données tirées d’essais cliniques indiquent aussi que le N-9 n’est pas efficace contre la transmission d’autres ITS. « Le N-9 ne devrait pas être utilisé pour prévenir les MTS et le VIH. »[trad.]5 Usage rectal du N -9 Malheureusement, l’usage rectal du N-9 ne s’associe qu’à des risques pour la santé : Une étude démontre que l’usage rectal de produits qui contiennent même une faible dose de N-9 (y compris les lubrifiants et les condoms lubrifiés au N-9) entraîne un décollement de la couche cellulaire des parois du rectum. • Des données portent à croire que cette irritation pourrait accroître le risque de contracter le VIH.6 Recommandations de Santé Canada • Santé Canada présente aussi ces arguments dans son examen de l’innocuité du N-9, puis formule la recommandation suivante quant à son usage : 4 Consultation technique de l’OMS/CONRAD sur le nonoxynol-9, Genève, Organisation mondiale de la santé, 2002. 5 Ibid. 6 Ibid. « L’on ne devrait pas vanter les mérites du N-9 comme moyen efficace de prévention du VIH. L’on ne devrait surtout pas recommander l’usage du N-9 comme solution de rechange aux personnes qui ne peuvent utiliser les condoms. »7 Appel à la discontinuation de l’usage rectal du N-9 L’ajout de N-9 à des lubrifiants et à des condoms a commencé au début des années 90; on croyait alors qu’il procurait une protection supplémentaire contre les ITS bactériennes et possiblement contre le VIH. Les Centers for Disease Control (CDC) et l’OMS ont tous deux formulé des mises en garde relatives à l’usage du N-9.8 En septembre 2002, un « Appel à la discontinuation de l’usage rectal du N-9 » a été lancé par la Global Campaign for Microbicides et appuyé par plus de 85 scientifiques et organismes de santé, réclamant que les fabricants de condoms et de lubrifiants cessent volontairement l’ajout de N-9 à leurs produits. L’énoncé incite aussi les détaillants à retirer de leurs tablettes les produits qui contiennent du N-9. « À la lumière des récents énoncés de l’OMS et des US CDC, nous incitons les gens à cesser l’usage rectal des produits qui contiennent du nonoxynol-9 (N-9). Plusieurs ont la fausse impression que le N-9 procure une protection supplémentaire contre le VIH et les ITS, à l’application rectale, mais des données indiquent plutôt que son usage rectal pourrait accroître le risque d’infection. »[trad.]9 Situation au Canada et aux États-Unis De récentes études révèlent que : 42% des condoms en vente libre aux États-Unis sont lubrifiés au N-9; • 41% des hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes recherchent délibérément des produits contenant du N-9.10 Compte tenu de ces données, les US CDC et l’OMS ont publié des mises en garde concernant les condoms lubrifiés au N-9 : • « Les spécialistes n’ont pas trouvé la preuve que les préservatifs [lubrifiés au N-9] offraient une protection meilleure contre la grossesse ou les infections sexuellement transmissibles que ceux qui sont lubrifiés [autrement]. Le nonoxynol-9 pouvant provoquer certains effets secondaires, les experts recommandent de ne plus faire la promotion de ces préservatifs. »11 (OMS) Actualités en épidémiologie sur le VIH/sida, Bureau du VIH/sida, des MTS et de la tuberculose, avril 2002. « Explanatory Background Memo for the Call to Discontinue nonxynol-9 for Rectal Use », www.globalcampaign.org, Global Campaign for Microbicides, 2002. 9 « Call to Discontinue Nonoxynol-9 for Rectal Use », www.global-campaign.org, Global Campaign for Microbicides, 2002. 10 « Explanatory Background Memo for the Call to Discontinue nonxynol-9 for Rectal Use », www.globalcampaign.org, Global Campaign for Microbicides, 2002. 11 Consultation technique de l’OMS/CONRAD sur le nonoxynol-9, Genève, Organisation mondiale de la santé, 2002. 7 8 « Il n’est désormais plus recommandé d’utiliser des condoms lubrifiés au N-9 en raison de leur coût accru, de leur courte durée de conservation, de leur association à l’infection urinaire chez certaines jeunes femmes et de leur manque d’avantages apparents comparativement à d’autres condoms lubrifiés. »12 [trad.] (CDC) Produits contenant du N -9 À la lumière des résultats révélant des risques de santé associés au N-9, la Global Campaign for Microbicides a demandé aux fabricants de condoms et de lubrifiants de ne plus ajouter de N-9 à leurs produits. Jusqu’ici, tous les fabricants de lubrifiants et certains fabricants de condoms aux États-Unis ont répondu à l’appel et discontinué ou éliminé graduellement les versions de leurs produits contenant du N-9. Ces fabricants sont notamment : Mayer Laboratories : Aqua Lube Plus, Kimono Condoms et Maxx Condoms • Planned Parenthood Federation : marque de condoms de l’organisme • Johnson & Johnson : marque de condoms fabriquée au Brésil et gelée KY Plus • Trimensa : For Play Plus • Bcummings Co. : Elbow Grease • Westridge Laboratories : ID-Glide Plus • SSL International PLC, la société mère de Durex 13 Malheureusement, deux des trois plus importants fabricants de condoms ont refusé de se conformer à l’appel et continuent d’ajouter du N-9 dans certains de leurs produits. Ces compagnies sont : Ansell, Ltd., fabricant des condoms Lifestyles; et Church & Dwight Company, fabricant des condoms Trojan.14 • Questions à examiner : le N-9 comme contraceptif L’un des défis auxquels nous sommes confrontés, dans l’examen du N-9, est celui de son efficacité contraceptive. Les spermicides sont un produit attrayant pour plusieurs jeunes femmes : ils font partie des quelques options de contraception s’offrant à celles qui ont difficilement accès à des méthodes régies par des fournisseurs de soins (p. ex., la contraception hormonale qui nécessite une ordonnance). En général, on peut s’en procurer facilement, en vente libre et sans consultation médicale.15 Pour ces raisons, il est impératif que le N-9 demeure une option de contraception accessible aux femmes. Conclusion Ces résultats décevants renforcent la nécessité de redoubler d’efforts dans le développement de microbicides sûrs et efficaces. Comme l’affirme Santé Canada : « Pour les personnes (les femmes surtout) qui n’ont pas accès au préservatif ou qui ne peuvent pas en négocier l’utilisation, il y a un urgent besoin de définir des solutions de rechange qui soient sécuritaires « Explanatory Background Memo for the Call to Discontinue nonxynol-9 for Rectal Use », www.globalcampaign.org, Global Campaign for Microbicides, 2002. 13 « Talking Points on Call to Discontinue N-9 for Rectal Use », www.global-campaign.org, Global Campaign for Microbicides, 2002. 14 « Scientists and health groups call for removal of nonoxynol-9 from condoms and lubricants, citing increased HIV risk », www.global-campaign.org, Global Campaign for Microbicides, 2002. 15 Consultation technique de l’OMS/CONRAD sur le nonoxynol-9, Genève, Organisation mondiale de la santé, 2002. 12 et efficaces dans la prévention du VIH. Ainsi, la mise au point et l’évaluation d’éventuels microbicides constituent une priorité en matière de santé publique. »