Le bal des banques centrales incite à prendre plus de risques

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Le bal des banques centrales incite à prendre plus de risques
Le bal des banques centrales incite à prendre
plus de risques
Les intervenants qui se sont exprimés la semaine dernière dans le cadre du séminaire CLSA à
Hong Kong au Grand Hyatt Hotel, n’ont pas délivrés un message très optimiste sur le long terme.
L’ambiance était plutôt morose parmi les 1500 investisseurs qui étaient présents à la conférence,
car l’industrie de la gestion est sous pression et beaucoup de gérants ont raté le mouvement de
reprise de l’été…
Le pessimisme des intervenants de CLSA
Chris Wood stratégiste de CLSA, pense que la hausse des marchés provoquée par les banques
centrales va se terminer en feu d’artifice. L’Occident est confronté à la déflation et à la poursuite
de la réduction de son endettement. Pour lui, il est très inquiétant que les créances de la
Bundesbank sur les banques centrales de la zone Euro ne cessent de progresser à 727Md€ à la fin
du mois de juillet. Il reste donc très prudent sur les marchés émergents, qui ont sous-performés
le S&P 500 de 30% depuis octobre 2010. Dans l’allocation de son portefeuille Asie ex-Japon ses
trois premières positions sont la Chine (18,9%), la Corée (14%) et ensuite l’Inde (8%), l’Australie
(8%), la Malaisie (8%) , Taiwan (8%) et Thailande (8%). Dans son allocation pour les fonds de
pension en dollar US, il recommande toujours à ses clients d’avoir 35% d’or dans leur portefeuille.
Marc Faber, le très médiatique patron de « Gloom Boom and Doom » a expliqué comment la Fed
finira par détruire le monde. Il est fréquent de dire que c’est la faillite du libre marché qui a
provoqué la crise de 2008, alors qu’elle n’est selon lui que le résultat de 20 ans d’interventions
constantes des banquiers centraux et notamment de la FED. La politique monétaire a été menée
uniquement pour soutenir la consommation au lieu de créer des capacités de production, d’où la
hausse du déficit commercial américain. En revanche, elle a permis de créer des capacités de
production en Asie…. L’allocation d’actif qu’il recommande comprend 25% d’actions. Il a réduit un
peu sa position en action américaines et a racheté des actions européennes. Sur le moyen long
terme il préfère tout de même les actions asiatiques ; 25% de liquidités et d’obligations (
corporate bonds, marchés émergents, Kazakstan etc …) mais surtout pas d’obligations des pays
qui ne rembourseront pas leurs dettes ; 25% en or ; 25% en immobilier… La Thailande fait
partie des marchés asiatiques sur lesquels Marc Faber a un avis positif. Le pays a une croissance
régulière et va surtout bénéficier du décollage de la Birmanie ainsi que de l’accélération de la
croissance au Laos, Vietnam et Cambodge.
David Roche, Président de Independant Strategy a commenté devant les participants de la
conférence son dernier livre « Democrisis. La démocratie a créé la crise de la dette. Est ce qu’elle
y survivra ? ». Dans la série de graphiques qu’il a montré dans sa présentation « Crisis4 » il a
chiffré très précisément le coût d’une explosion partielle ou totale de l’Euro….
Russell Napier , stratégiste indépendant , qui venait d’Edimbourg, s’attend à un choc
déflationniste, car les balances des paiements courants des pays émergents sont en train de se
détériorer rapidement. Le meilleur investissement pour lui en ce moment, c’est d’avoir des
liquidités. Tout l’Ouest vit dans un monde de « monnaie de singe », ce qui n’est pas le cas des
pays émergents mais le grand changement vient du fait que maintenant leurs balances des
capitaux se détériorent, notamment en Chine. En ce qui concerne l’immobilier il a montré qu’au
prix d’un appartement à Shangai on pouvait en acheter trois en Floride…
Carmen Reinhart professeur à Harvard, nous a prévenus que nous étions partis pour dix ans de
croissance molle et qu’il fallait se préparer pour la répression financière. Elle pense que la classe
d’actif la plus surévaluée du monde est celle des fonds de pension qui ne pourront pas servir les
retraites qu’ils ont promises à leurs pensionnés.
Nigel Farage, le leader du Parti Indépendant en Grande Bretagne, a comme d’habitude rencontré
un grand succès à Hong Kong en défendant ses théories eurosceptiques. Il faut absolument
regarder sur You Tube ses interventions à Bruxelles.
Yuanping Han de CLSA fait part de ses inquiétudes sur le marché chinois car les signes que l’on
peut identifier sur le terrain sont contrastés : les sociétés chinoises sont confrontées à un
ralentissement, mais il ne s’accélère pas. En revanche, des sociétés occidentales, dont l’Occitane
qui a fait une présentation à Hong Kong devant une centaine gérants a donné des signes positifs
sur le développement de ses affaires.
L’or est la devise du chaos
Pour James Rickard auteur de « Currency wars. The making of the next global crisis ». Il est
convaincu que la politique des banques centrales sera particulièrement inefficace car la vélocité
de la circulation monétaire baisse. Pour lui le système monétaire international va connaître une
nouvelle réforme après celles de 1925, 1944, 1979. L’instabilité en Europe, le chaos fiscal aux
Etats Unis et la probabibilité d’un très fort ralentissement économique en Chine, tous les
ingrédients sont là pour y arriver.
Selon Warwick Simons de GaveKal à Hong Kong La Fed détient maintenant 50% de l’encours de la
dette du Trésor à plus de 5 ans et 15% des « Mortgage Backed Securities » (=crédit
hypothécaire). Les opérations envisagées par la Fed en quantité illimitée n’auront que peu d’effet
sur l’emploi et augmentent considérablement les risques d’explosion du système.
La fin du film risque d’être triste….mais il faut continuer de danser
On connaît donc la fin du film, mais entre temps, l’impression de monnaie sans limite, par les
banques centrales devrait continuer à faire monter les classes d’actifs et en particulier les actions.
Chuck Prince ex patron de Citi nous disait bien en 2007 « Tant que la musique joue, il faut se
lever et continuer de danser » C’est probablement pourquoi les commentaires des stratégistes
des grandes maisons de courtage anglo-saxonnes sont plus optimistes.
Savita Subramanian de BOA ML voit le S&P monter encore de 10% d’ici la fin de l’année pour
atteindre 1600.Tobias Levkovich de Citi, a de son côté 1615 pour objectif. Thomas Lee de JP
Morgan a un objectif plus modeste à 1475. Andrew Garthwaite de Credit Suisse est convaincu
que la synchronisation d’opérations QE par toutes les banques centrales ne peut que faire monter
les marchés.