ANJOU : UN CLIMAT PRIVILEGIE… QUI S`OFFRE QUELQUES

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ANJOU : UN CLIMAT PRIVILEGIE… QUI S`OFFRE QUELQUES
ANJOU : UN CLIMAT PRIVILEGIE…
QUI S’OFFRE QUELQUES EXCES REMARQUABLES !
Une première série de quatre articles concernant le climat à ANJOU
L’ensemble des statistiques proviennent des estimations ou relevées de Météo France, hormis les évènements de 1993 et
2003 relevés par nos soins.
Les trois grandes sècheresses : 1921, 1949 et 1976
Les sècheresses sur le village sont assez fréquentes, surtout en période estivale. L’été est une saison
qui souffre généralement, à un moment ou à un autre, d’une sècheresse qui peut sévir sur un mois
entier ou davantage. Les autres saisons ne sont pas épargnées non plus, même si le cas est moins
fréquent. Ces dernières décennies, on peut citer les hivers 1993 et 2000, l’automne 1985, les
printemps 1997 et 2011, les étés 2003, 2005 ou 2009.
Mais trois années au cours du dernier siècle ont connu des épisodes dépassant une saison entière,
entrainant ruine pour l’agriculture et dégâts sur la végétation : il s’agit de l’année 1921, de l’été
1949 et du printemps 1976.
Les précipitations en 1921
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La sècheresse de 1921 (1) a été la sècheresse du siècle, avec un total de 310mm pour l’année entière
de novembre à novembre… c’est 35% de ce qui tombe sur une année normale ! Contrairement aux
sècheresses suivantes, elle concerne l’année de bout en bout, seulement entrecoupée par trois mois à
peu près correctement arrosés. D’après les climatologues, cette sécheresse a été l’élément
météorologique le plus sévère qu’ait connu la région depuis au moins un siècle et demi. Le retour
d’une telle sècheresse est estimé à 500 ans…
Les trois derniers mois de 1920 avait été très déficitaires. Les quatre premiers mois de l’année 1921
sont catastrophiques : moins 110mm au total sur sept mois, entre le 1er octobre et le 30 avril. Le
printemps démarre donc dans les pires conditions, et de nombreux arbres et arbustes sont déjà
condamnés… Les pluies et orages de mai et de début juin arrivent bien tard, et permettent à peine
de sauver quelques maigres récoltes. Juillet est brûlant… et rien ne tombe ; rien ! Août est chaud, et
bénéficie d’une pluviométrie habituelle c'est-à-dire plutôt faible ; les orages ne sont pas suffisants,
très loin s’en faut, pour abreuver, même partiellement, une terre qui à soif.
D’ailleurs le ruissellement est maximal car les sols sont littéralement bétonnés… Le pire est
pourtant à venir : septembre reçoit le tiers des quantités normales, tandis qu’octobre et novembre
sont privés de toute pluie. Anjou se transforme alors en véritable steppe africaine (6mm entre le 14
septembre et le 27 novembre) alors que les températures automnales enregistrent cette année là des
records de chaleur, avec 30°C atteints plusieurs fois en première partie d’octobre. Fin septembre, il
n’y a plus de feuilles sur les arbres, et fait unique dans les annales du village, les agriculteurs ne
pourront pas ensemencer le blé ! Ceux qui tenteront de le faire sur une ou deux parcelles perdront la
semence. La pluie qui arrivera enfin le 28 novembre sera en fait…de la neige !
(1) Les chiffres pour 1921 sont des estimations fournies par MF ; non des relevés.
Les précipitations en 1949
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La sècheresse de 1949 s’inscrit dans cette suite d’étés caniculaires des années qui suivirent la
deuxième guerre. C’est une sècheresse d’été qui a marqué longtemps les esprits. La première partie
de l’année avait été correctement arrosée, avec des quantités plutôt médiocres tout de même au
cours de l’hiver. Tout débute en juin, alors que le thermomètre commence à s’affoler : 22mm pour
le mois… Juillet lui devient très chaud, avec une période caniculaire à la clé ; une seule pluie de
7mm sera enregistrée. Le pire qui n’est jamais sûr arrive pourtant : août ne verra aucune pluie, et
même aucun nuage ! L’évapotranspiration est donc à son comble pour la nature, et beaucoup
d’arbres perdent leurs feuilles... Tout le village a soif ; les bêtes ne trouvent rien à manger et l’on
emmène les troupeaux dans les bois, à la recherche d’un peu de verdure. Pour septembre, qui fût un
mois qui enregistra des records de chaleur, à peu près rien ne tomba non plus, et il fallu attendre
octobre pour voir un peu de pluie… Dans le contexte de l’après guerre, marqué par les restrictions
encore en vigueur au cours de l’année 1949, cette sècheresse a pesé, dans le retard pris dans la
modernisation de notre agriculture…
Les précipitations en 1976
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normales
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1976
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La sècheresse de 1976 a été tout aussi catastrophique. Certes, l’agriculture est moins prégnante à
Anjou, mais l’impôt qui lui a été associé a laissé de mauvais souvenirs, y compris chez les non
agriculteurs. Dès décembre 1975, un anticyclone vissé sur la Scandinavie va bloquer tout passage
de perturbation. Il ne sera bousculé qu’au cours de l’été suivant. L’hiver est donc déficitaire, bien
que dans des proportions encore raisonnables. Mais le printemps qui va suivre va recevoir des
précipitations rencontrées dans… le désert Algérois ! Rien en mars, très peu de choses en avril, à
peu près rien en mai, strictement rien en juin, d’autant que le mois enregistre des températures quasi
caniculaires. Les rendements céréaliers sont dérisoires, le bétail n’a rien à brouter, les restrictions
d’eau s’imposent. Juillet continue sur la même veine, transformant la sècheresse en véritable
catastrophe,…jusqu’à l’orage du 18, salvateur avec 80mm. Les mois suivants largement arrosés
stopperont net cette sècheresse qui reste aujourd’hui encore dans toutes les mémoires…
Thierry MERLE

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