Psycho somatique? - Editions Luigi Castelli
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Psycho somatique? - Editions Luigi Castelli
Psycho somatique ? « Comment différencier ce qui est vraiment du “médical pur” d’avec le reste qui comporte un aspect psy ? », demande un lecteur. Comme ce monsieur, beaucoup de personnes font une distinction entre les problèmes dits objectifs, ou médicaux, pour lesquels une explication rationnelle peut être trouvée, et les problèmes psychosomatiques ou « psy » qui semblent échapper à toute explication logique. Ainsi, une carie est-elle rangée dans la première catégorie, tandis que les douleurs diffuses à type névralgique ou encore les douleurs dites fantômes relèveraient exclusivement du psychisme. Établir une telle distinction, admettre que certaines affections soient typiquement « psy » et d’autres typiquement « médicales », c’est admettre l’existence d’un clivage profond entre le corps et l’esprit. Une séparation qui dans la réalité n’existe pas. Tout problème est d’origine plurifactorielle Parmi les nombreux facteurs qui concourent à la genèse d’une affection, certains sont physiques et explicables, d’autres sont psychiques et en apparence inexplicables. Causes objectives et subjectives sont étroitement imbriquées. Ce n’est pas parce qu’un problème peut être expliqué (en apparence) par des causes objectives ou médicales qu’il n’existe pas aussi des causes psychologiques. L’un n’exclut pas l’autre, bien au contraire. Ainsi, par exemple, on explique la carie par le mécanisme de la dégradation du sucre en acides par les bactéries présentes dans la bouche. Si sucres, acides et bactéries sont une cause objective, a-t-on fait pour autant le tour du problème ? Certainement pas. Pour preuve, il n’existe pas de lien mathématique entre la quantité de sucres et de bactéries présents en bouche et le taux de caries obtenu. On peut manger beaucoup de sucre et développer peu ou pas de caries. À l’inverse, on peut avoir une hygiène rigoureuse et développer des caries. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’à ces facteurs objectifs ou médicaux se superposent des facteurs psychologiques. Le stress et les chocs psychologiques affaiblissent la dent et favorisent l’action des acides. Lors d’un stress, la dent perd l’immunité qui la protège et les caries se développent (pour plus de détails, lire l’introduction du Dictionnaire du Langage de vos dents). Quoiqu’on en pense, facteurs objectifs (bactéries, sucres, etc.) coexistent toujours avec des facteurs subjectifs liés au psychisme. Les douleurs fantômes (douleurs persistantes après l’extraction d’une dent par exemple) ne font pas exception. L’irritation persistante des fibres nerveuses, au point de section du nerf trijumeau (le nerf responsable de l’innervation de la dent), continue d’envoyer des messages au cerveau. Il les interprète comme une douleur liée à une dent perçue, pour lui, comme toujours présente. Le phénomène inflammatoire persistant est donc la cause objective des douleurs fantômes. Mais derrière cette inflammation se cache une cause psychologique plus profonde : une forte colère que la personne n’a pu évacuer par la parole. Et les fractures, alors ? Peut-on les qualifier également de psychosomatiques ? Certes, la cause physique paraît évidente. Le choc (accident, impact, noyau ou morceau de pain dur) est directement responsable de la destruction de la dent. Pourtant, ici encore, une cause psychologique plus profonde sous-tend la cause physique. Comment ça ?! Personne, à l’évidence, n’a envie de se casser une dent ni ne fait exprès de se prendre les pieds dans le tapis ! Bien sûr… Mais le choc ou l’accident ne survient pas au hasard. La manière dont on tombe (en se cassant un bras, une jambe, une dent ou plusieurs, voire rien du tout) n’est pas fortuite. Le choc physique matérialise le choc émotionnel ressenti peu avant, qui a déstabilisé ou heurté la personne. Se fracturer une dent est le moyen pour l’inconscient de mettre en scène, autrement dit d’exprimer, la violence ressentie ou subie qui n’a pu être mise en mots. Par exemple : « je me suis senti anéanti par son refus de m’aimer, je n’ai pas pu le lui dire. » La dent de la relation qui se casse le fait à la place de la personne (lire également Langage des dents, l’essentiel). Ce n’est pas sombrer dans l’irrationnel que de rechercher le facteur psychologique derrière la cause médicale. Cela ne dispense pas d’agir en traitant comme il se doit le problème au niveau physique. Mais ça permet de donner du sens au soin. Et « soigner l’âme » évite que les problèmes, sitôt traités, ne se manifestent à nouveau à l’identique.