MOTTE-SERVOLEX dans l`Histoire des communes savoyardes
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MOTTE-SERVOLEX dans l`Histoire des communes savoyardes
Histoire des communes savoyardes Tome I : Chambéry et ses environs, le Petit Bugey LA MOTIE - SERVOLEX Appellation ancienne: la commune actuelle est née en 1802, lors de la fu sion des deux paroisses de La Mot/eMontfort et de Servolex. La dénomination de La Motte vient naturellement de la butte originelle de la seigneurie, celle de Servolex (Charvolay au XIIIe s.J dérive de « Silvula» (petite forêt) . Habitants: les Motterains. Population: en 1399, 260 feux à La Motte et 20 à Servolex, en 1497, 200 feux à La Motte et 26 à Servolex 1729, 1 800 hab. à La Motte et 234 à Servolex - en 1800, 2605 hab. dans la nouvelle commune - 1848, 3848 hab. - 1911, 2680 hab. - 1936, 2601 hab. - 1965, 3200 hab. - 1976, 5798 hab. - 1979, 7269 hab. Altitude : 260 m au chef-lieu (étagement de 235 à 1 470 m ). Superficie de 2 978 ha . A 5 km de Chambéry. Pendant la Révolution can ton du Bourget - après 1800, ca nton de Chambély-nord - après 18 16 chef-lieu de mandement - depuis 1860 chef-lieu de canton. La paroisse dépendait de l'archiprêtré de Notre-Dame de Chambéry, maintenant archiprêtré elle-même. Hameaux et lieux-dits: Barbizet, Barbi, Beauvoir, le Bourg, la Ca tonnière, la Champagne t, Chamoux t, Chantabordt, la Chapelle de Chavan t, Château-Richard t, le Cheminet, les Ciseaux t, Corrieu t, la Curtine t, Fontanil t, les Granges, Laimé t (Clos), Leliaz, Montarlet, Montaugier dessus et dessous t, Montessui dessus et dessous t, les Moulins', Janon', le Noirayt. Panloup'. les Perrousses, Pingon t, Ronjoux t, la Salle, Servolex. la Taissonnière, le Tremblay dessus et dessous . le Villard. VillardMarin. Villardperon, Villardphilippon t. la Villet/e. Communes voisines: Chambéry. Saint-Sulpice. Nances. Marcieux, Verthemex. Le Bourget, Voglans. Un bon pays Les commentaires so nt unanimes sur la beauté et la bonté du terroir motterain ; en 1832 le docteur Gouvert, après avoir dénoncé les marais malsains, les terres lourdes, les propriétaires exigeants, n'en conclut pas moins que c'est « une des plus vastes, des plus belles et des plus peuplées communes de la Basse-Savoie. Elle fut répu tée toujours comme l'est encore aujourd'hui une des plus riches en produits rurau x et fixa dans tou s les temps l'ambition des capitalistes et des propriétaires » ; en 1861 George Sand enthousiaste, trouve ici « un jardin de rois, un des plus beaux sites de la terre .. . », certes, le baron Raverat est plus réservé: « une des plus opulentes communes du département.. . on ne sa urait voir avec indifférence cette localité et l'o n s'y arrête avec plaisir ». Enfin en 1912, le curé Jacquier écrit encore: « les sites se succèdent, ondulés et variés, les terres arrosées par de nombreux ruissea ux ... présentent une opulente végétation. Les céréa les, les prairies, la vigne se mêlent et s'étagent jusque sur les flancs de la montagne ... de nombreux villages (23) fournissent le gros de la population ... la population tient au so l par des racines profondes... d'un caractère pacifique, âpres au ga in, économes, ambitieux d'un meilleur être, les Motterains ne se la issent point agiter par les politiciens et les commis voyageurs d'idées creuses ... ils jouissent d'une certa in e aisance que leu r fournissent 15 2 Sous la direction de Philippe PAILLARD, avec la collaboration de Michèle BROCARD, Lucien LAGIER-BRUNO, André PALLUEL-GUILLARD Editions Horvath, Roanne, 1982 1 sur 9 Histoire des communes savoyardes Tome I : Chambéry et ses environs, le Petit Bugey les champs fertiles et les prames luxuriantes; mais les ressources industrielles font quelque peu défaut... ». Souvenirs religieux Dès le X Il e siècle, La Motte s'enorgueillit d'un prieuré consacré à saint Jean Baptiste et desservi par six chanoines réguliers de Saint-Augustin dépendant du chapitre cathédrale de Belley (1274), mais assurant le service paroissial sous le contrôle de l'évêque de Grenoble. Au XVIIe siècle, l'évêque déplore au cours d' une visite pastorale que « le chapitre de Belley s' acquitte mal des ornements car il n'y envoie que les restes des églises de Belley qui sont tout fripés ... ». La crise s'accentuant, a u XVIIIe siècle, Rome réduit le prieuré en paroisse et attribue ses biens (dispersés sur une vingtaine de com- munes) au collège de Chambéry. Quant à Servolex, ce n'était qu'une petite paroisse enclavée dans les terres du prieuré, dont l'église consacrée à Saint-Etienne était rattachée au prieuré de Saint-Théodore de l'Epine, dépendant lui-même de l' abbaye de Saint-Chef en Viennois. L' unité paroissiale réalisée aux lendemains du Concordat dure peu, en effet on comptait aussi au Tremblay une chapelle consacrée à saint Christophe, pour laquelle les habitants demandai ent déjà en 1673 une messe dominicale régulière et sur laquelle ils obtinrent en 1836 la création d'une paroisse indépendante, se jugeant trop éloign és de l'église du chef- li eu et ne pouvant se résoudre à aller à la messe au Bourget. Une pépinière de notables La Motte éta it trop proche de Le côteau de la Cantonnière 153 Sous la direction de Philippe PAILLARD, avec la collaboration de Michèle BROCARD, Lucien LAGIER-BRUNO, André PALLUEL-GUILLARD Editions Horvath, Roanne, 1982 2 sur 9 Histoire des communes savoyardes C hambéry et d' un site trop agréable pour ne pas obtenir très tôt la fave ur des bourgeois et des nobles de la capitale vo isin e. Au XVe siècle, on signa le au Tremblay les Favre ve nus de Maurienne à la Cha mbre des Co mptes; à Montfort, la seigneuri e appartie nt aux Odd in et de C hambéry, mais le château est encore aux mai ns de la fami ll e de La Motte déjà bien abaissée; deux siècles plus tard , c'est la famille du sénateur Chev illard qui s'e n est emparé. Le pro cureur généra l Vissod habite à Servolex, les Pingon qui furent autrefois les hommes d'affaires du prieuré et qui ont donné au duc un hi storiograp he devenu réformateur de l'univers ité de Turin, ont mainten a nt un châtea u près du bourg tout comme les Co udrée d'Allinges à Villard-Marin ; les Sarde de la Forest, autrefo is marchands à C hieri en Piémont et maintenant magistrats à C hambéry, déjà propriétaires à Ca ndi e à C hambéry-l e-Vieux , trônent à la Vill ette tout près des G uillermin autrefois hôteli ers chamb ériens, maintenant rob in s grasse ment in stall és à la Catonni ère. En fait , très vite, troi s fami ll es s' imp ose nt, étroitement li ées entre ell es par de so lides relations d'a ffaires ad roitement sa nctionnées pa r des mari ages : les Morand, les Costa, les Vignet vo nt donn er à La Motte éclat et gra nd eur. Les Morand , seigne urs de Saint-Sulpice, se retrouvent dès le XVIIe siècle à VillardMarin et par mariage avec un e C hevill ard, seigneurs de la Motte-Montfort en 1746, pui s baro ns en 178 1. Un de leurs cousins, Jose ph-Marie Morand de Co nfignon, beau-frère de Joseph de Maistre, s'i nstalle au Tremblay dans l'ancien domaine des Favre où ses descendants résident enco re. Joseph Morand avait épousé Tome I : Chambéry et ses environs, le Petit Bugey C lémentine Costa, d' une illustre famill e de patriciens génois établ ie en Savoie depuis le XVIIe siècle. Pendant trois générations il s ava ient dominé la Chambre des Co mptes, Joseph-Alexis, le père de C lémen tin e, s'était fait une so lide réputation d'agro nome avec so n précis su r « l' Agriculture en pays montu eux» ; mai s l'implantation des Costa à La Motte ne date que du début du XIXsiècle avec le neve u de C lémentin e, Victor, marqui s de Beaurega rd qui reçut de son beau-père le marq ui s de Quinso n, le nouveau châtea u que Jose ph Morand de Saint-Sulpi ce ruiné ava it dû ve ndre sa ns po uvo ir le terminer. Les Costa ont dispa ru de La Motte qu ' il s ont pourtant marquée d' un e empreinte indélébile, grâce surtout à Pantaléon (I806- 1864). Le fil s de Victor, grand parlem enta ire fut un des auteurs de l'annex ion de 1860, mai s il s' illustra ici par le faste de so n château, par son zèle pour le chemin de fer reliant Chambéry au Bourget (par La Motte bien sûr), par ses fondations pour les frères des Eco les chréti ennes (in sta ll és ici en 1843), pour les pompi ers, pour la reco nst ru ction de l'ég li se, etc. Quant a ux Vi gnet, c'es t à Servolex que l'on trou ve leurs so uve nirs; c'est ici en effet que Xavier de Vignet , neve u de Jose ph de Mai stre (et d e Joseph Mora nd de Co nfignon), sé nate ur, comte puis mini stre , reçut Lam artine (qui étai t en fai t le condisciple de son frère Lo ui s a u collège · de Belley), d o nt il devi nt le bea u-frère en épo usa nt sa sœ ur Hélèn e-Césarine. Cette dernière mo urut cinq ans après so n mariage en 1824, co mm e le rappelle un e pl aq ue commémorative de la chapelle du château. Tradition et relation s jouant, leur fille épouse Eugène de Morand de MontfortSaint-Sulpice , mai s à la mo rt de ce 154 Sous la direction de Philippe PAILLARD, avec la collaboration de Michèle BROCARD, Lucien LAGIER-BRUNO, André PALLUEL-GUILLARD Editions Horvath, Roanne, 1982 3 sur 9 Histoire des communes savoyardes Tome I : Chambéry et ses environs, le Petit Bugey dernier, le château es t vend u. Le derni er des Morand disparaît avec le siècle, lo in de La Motte , a u moment même où les Costa eux a uss i s'éloignent définitivement. En effet, en 1898, Cha rles-A lbert Costa, fils de Pantaléon, tenté par les spéculat ions, échange avec Théodore Reinach son domaine de La Motte co ntre l'île de Port-Cros. Le nou veau propriétaire, fi ls et petit-fils de banqui ers , historien et hell éni ste, frère du savant Salo mon et de Joseph, l'ami de Dreyfus, rencontrera ici beaucoup d'animosité (vo us pensez, un juif D, mais il n'en réussit pas moins à se faire élire député radical de la circon scription de C ha mb éry- nord en 1906 - les temps avaie nt décidément bien chan gé ... Le développement de la commune Jusqu 'au X IX e siècle, La Motte so uffre des mara is de sa partie orientale, zo ne pestilentielle et déserte, où l'on se ri squait se ul ement une fois l'an , en été, pour e n faucher les « ve rn es ». Dès la fin du XVIIIe siècle, les agro nomes lo ca ux pensent à leur assèche ment e n relation avec la ca nali sat ion de la Leysse, qui devait mettre e n rela ti o n Ouvia le C hambéry et Lyon et par là, doublement assurer la prospérité de la région et de La Motte e n particulier. Mais le docte ur Gouvert éta it e ncore très peu optimiste en 1830, jugeant que la nature se co njuguait ici à l'accroissement démographique et à la structure sociale pour accumul er fièvre et mi sère dans les cha umi ères des Motterains. L'usine Cabaud Les temps changent néanmoins. En 1830, Jean Pacthod, « art iste mé- .. ~ , \ ~i -'•. ~ \ - L , .<\ ~ $., , ,.~ • '\.• M) .'Ik1! . 1 ~~ :. : 4! "• ' .'f~.!Jf1 • t ••~ • r .t ; . Le Leysse et ses marais canicien », entend profiter du lign ite de Servo lex « moin s terreux que celui de Sonnaz; la substance ligneuse et végétale s'y trouve dans un plus grand état de pureté, ce qu i rendrait la combustion plus faci le et l'ex ploitation plus avantageuse» (journal de la Savoie, 1823, no 29). On connaissa it le gisement depuis le XVlII e siècle, mais l'exploitation ne commence qu'après 1830 avec une demi -douzaine d'ouvriers produisant guère plus de 200 tonnes par an . Une bonne partie de cette production part pour les mines de cuivre et d'argent que le sieur Pacthod possède à Presle avec une usine de traitement, mais bientôt ce lui -ci acquiert le domaine de C hantabord où il in stalle une usi ne d'acier fondu « sans cémentation , par un procédé nouveau dont il est l' inventeur et dont il a fait une fructueuse app lication à la confection de lim es ... ell e n'occupe encore que six ou vriers .. mais el le 155 Sous la direction de Philippe PAILLARD, avec la collaboration de Michèle BROCARD, Lucien LAGIER-BRUNO, André PALLUEL-GUILLARD Editions Horvath, Roanne, 1982 4 sur 9 Histoire des communes savoyardes peut fournir de 200 à 300 kilos d'acier par jour » (rapport du comte Marin pour l'exposition de Turin en 1844). Hélas Pacthod a vu trop grand, le lignite de La Motte s'ép ui se vite et son exploitation s'éteint devant ce ll e concurrente de Sonnaz. La métallurgie laisse place au textile. En 1847, Louis Cabaud, ancien employé des papeteries de Leysse, et sa femme née Marie G irod, étab li ssent dans l'ancienne usine Pacthod une « fabrique de draps uni s ou imprimés à l'u sage de la classe ouvrière à partir de chiffons de laine triés, lavés et défi lochés ». En dépit de la concurrence étrangère, l'établissement rési ste bien au choc de l'annexion et l'érudit Barbier s'extasie en 1875, sur cette usine où 28 femmes et 12 hommes travaillent 10 heures par jour, les plus fidèles recevant de leur patron une maison et un petit jardin, d'ai ll eurs « Monsieur Cabaud, qui tout en étant un industriel des plus capables, est un agricu lteur inte lligent, se sert des déchets de sa fabrication pour amé liorer la culture de ses propriétés, il utilise éga lement dans le même but le résidu des eaux sales provenant du lavage ... » Les frères de Sainte-Anne Pantaléon Costa, non content d' avoir fait venir à La Motte les religieuses de Saint-Joseph pour tenir une école de filles, voulut créer ici un pensionnat. Il achète donc en 1841 le vieux manoir de Pingon près de l'église, qui appartenait d'aill eurs à son neveu Ferdinand, et y installe les frères des écoles chrétiennes dirigées par le célèbre et actif frère Libanos. Précurseurs en la matière, ils mettent en place un enseignement scientifique et moderne, qui leur attire vite le succès ; en 1850, on y crée une classe Tome I : Chambéry et ses environs, le Petit Bugey préparatoire à l'Académie militaire et à la Marine et en 1855, des cours d'arpentage et de levée de plans En 1875, il n'y avait pas moins de 232 élèves à Sainte-Anne et le progrès ne fit que croître, d'où la catastrophe de l'expulsion de 1904. Une nou velle fois les Costa intervinrent, Mgr Ernest Costa, petit-fils de Pantaléon, rachète Sainte-Anne en 1908 et y ramène les frères réfugiés à Rolle . Les mutations contemporaines La fin du XIX- siècle voit se co njugu er un e diminution certaine de la population (quoique de moind re enve rgure qu'ailleurs) et un e très nette amélioration économique avec l'assècheme nt des derniers marais. Le tramway relie efficacement, dès 1892, le bourg à C hambéry dont le marché commence à être le débouché hebdomadaire des paysans locaux. En outre, la production laitière et l'horti cu lture deviennent des spécialités locales comp létées par la céréaliculture trad itionnell e (il y a ici deux minoteries en 1914, ce ll e des Vuillermet et celle des Noiton). Dès le début du XX- siècle appara issent les carrières de sa bl e et de gravier cell e de Pouly au Tremblay servant à l'aménagement. de l'aéroport du Bourget- . La Première Guerre mondiale et la crise de 1932 avaient déjà ébranlé ces structures économiques, ell es ne survivront pas à la Deuxième Guerre. Les viei ll es entreprises disparaissent, même ce ll e de Cha ntabord , et seul e la minoterie Vuillermet se maintient. Cependant, la tendance démographique se renverse dès 1921 et l'essor s'amplifie dès 1962. La comm un e s' intègre dans l' agglom éra tion cham bérienne dont ell e devient un pôle de développement vers le nord. Le 156 Sous la direction de Philippe PAILLARD, avec la collaboration de Michèle BROCARD, Lucien LAGIER-BRUNO, André PALLUEL-GUILLARD Editions Horvath, Roanne, 1982 5 sur 9 Histoire des communes savoyardes bourg « avale» les hameau x les plus proches et depuis les années 1970 le not immobilier atteint la Villette, Barby et Servolex, tandi s que le Tremblay connaît un développement résidentiel autonome. La perspective des 12 000 habitants est reportée de 1985 à la fin du siècle, mais l'agriculture ne se réduit pas moins comme une peau de chagrin. En 25 ans, le nombre des exploitations a baissé de moitié (J 70 seulement en 1980), - la surface agrico le utile est passée de 1 750 hectares à 1 120 et la surface labourée de 484 à 260 hectares. Cependant, l'élevage progresse (2200 bovins en 1980, soit 30 % de plus qu'en 1955) - tout comme les cultures fruitières sur les coteaux ensoleillés et abrités du Villard au Tremblay (les cerises ont laissé la place aux pêches, aux pommes et aux poires), l'ensemble est encadré par les coopératives du Tremblay et du Noiray (la première remontant à 1946). Un pôle économique moderne Il est loin le temps où les marais de la Leysse servaient de cadre aux mou vements troubles de « l'Ame obscure» de Daniel Rops; La Motte-Servolex les a cédés depui s une génération au nouvel aéroport de C hambéry/ Aix-les-Bains. Des avantages fiscaux et une zone art isa nale, prévue au départ pour une vingtaine de petites entreprises, ont donn é à La Motte une vocation industrielle. Certes , en 1970-72, la commune a échangé avec Chamb éry la vénérable et centenaire usine des pâtes Richard contre l'entreprise des viandes Bellemin . Près d'une demidouzaine d'ateliers mécaniqu es dépasse 10 employés «( C lerc et Cardone» en utilisait même une cen- Tome I : Chambéry et ses environs, le Petit Bugey taine en 1973 et près de 90 encore en 1978). Dans une deuxième vague après 1975, les bureaux et services toujours en besoin d'espace ont atteint eux auss i La Motte ; le Crédit Agricole, en installant ici son siège départemental avec 275 èmployés en 1976, devient le pôle de cette nouve lle orientation . On n'en finit pas à La Motte de s'extas ier devant l'expansion des dernières années: un lycée agricole depuis 1965, chez les frères à SainteAnne un e école technique depuis 1951 et devenue en 1968 un lycée privé d'enseignement professionnel fort de 400 élèves; depuis 1978 on a un C.E.s. Au débouché de l'autoroute de Lyon , en liaison directe avec le Petit-Bugey, au-de là de l'Epine, La Motte ne manque pas d'atouts ni de motifs de fierté; faut-il encore déterminer si elle a les moyens d'un développement particulier et autonome dans l'agglomération et si elle peut espérer une cro issance aussi soutenue dans les dernières décennies du siècle. Monuments motterains L 'église L'église paroissiale est l'église primitive du prieuré Saint-lean-Baptiste, remaniée au début du XIX - siècle sous l'impulsion de l'actif curé Dunoyer. La base du clocher, les nefs du centre et de droite remontent au Moyen-Age. Ce n'est qu'en 1809 que l'on restaura le clocher et en 1829 que l'on refit le collatéral gauche (encombré autrefois de chapelles particulières), que l'on prolongea la nef centrale (l 'ancien chœur devenant l'avant-chœur actuel) en l'ouvrant par des arcades sur les bas côtés, le tout selon les plans de 157 Sous la direction de Philippe PAILLARD, avec la collaboration de Michèle BROCARD, Lucien LAGIER-BRUNO, André PALLUEL-GUILLARD Editions Horvath, Roanne, 1982 6 sur 9 Histoire des communes savoyardes l'architecte Trivelly (beau-frère du généra l de Boigne) et grâce à la générosité des Costa . Seu le une vierge à l'e nfant remonte au XVIIIe siècle, la plus grande partie de la décoration et du mobilier forme un ensemb le homogène du début du X IXe siècle agréme nté encore par deux bonnes œuvres locales : le baptême de Sai ntJean-Baptiste attribué à Peytavin et une remise du rosai re à Sa int- Dominiqu e par Jacques Gu ill e, deux peintres savoyards qui eurent leur he ure de gloire, le premier sous l'Empire et. le second sous Charles-Alb ert. Certes les fresques actuelles remontent à 1913, mais des sondages ont fait découvrir des fresques néogothiques exécutées vers 1840 et qui devraient être restaurées. La grange et le cim etière du prieuré ont disparu , mais le prieuré lui-même subsiste, modifié et modeste dans le clos voisin de l'église « il expose en plein midi sa façade, flanquée de deux tou- Tome I : Chambéry et ses environs, le Petit Bugey reli es basses, couvertes en pavillon, très simpl e et agréable résidence» (Ga briel Péro use). Reinach La gloire de La Motte résid e néanmo in s dans ses châteaux et gentilho mmières. Le plus prestigieux en est assuréme nt le château de Reinach. Sa co nstru ction remonte à la famille Morand au XVIIIe siècle, mais les Costa le terminèrent seu lement a u XIXe siècle et ce so nt les Rein ach, qui rem a ni ère nt la façade en style Louis X III, selon un genre inconnu en Savo ie. Ach eté par le dépa rtement en 1936, le château devint un temps préve ntorium et depuis 1965 lycée agricole (on reprenait ainsi la tradition de l'école d'a pplication agri co le fondée à La Motte un siècle a uparavant par le comte M a rin et la Société Centrale d'Agriculture); l'ensemble demeure majestueux, mais se uls quelques décors intérieurs pe uvent donner une id ée d'antan; où so nt les pièces d'eau , la chapelle néogothique du pa rc, l' immense musée qui regroupait les tableau x, les antiquités, les monnai es et les richesses min éralogiques et ornithologiqu es des comtes Costa ? La biblioth èq ue, qui était une des plu s importan tes et des plu s bell es non seulement de toute la Savoie mai s de toute la région, a été dispersée, vendue, détruite. Ronjoux L'église priorale el paroissiale Ronjou x est ce rtes d'une a rchitecture moins prestigieu se quoiqu e remontant a u XVIIIe siècle. Le châtea u a ppa rtint d'abord a ux Aubriot d a la Palme, dont un membre s'i llustre co mme chanoine, vicaire général de C hambéry so us la Révolution , 158 Sous la direction de Philippe PAILLARD, avec la collaboration de Michèle BROCARD, Lucien LAGIER-BRUNO, André PALLUEL-GUILLARD Editions Horvath, Roanne, 1982 7 sur 9 Histoire des communes savoyardes Tome I : Chambéry et ses environs, le Petit Bugey Le château Reinach écrivain religieux pro li xe et assez célèbre en so n temps, qui mourut évêque d'Aoste en 1826. Le domaine passa d'ailleurs bientôt à François Buloz, l'actif Savoyard fondateur et d irecte ur de la Revue d es Deux Mondes, et propri étaire un temps de la Revue de Paris, qui y reçut George Sand en juin 1861 : « la maison est vaste et bien divisée ... la propriété est superbe pittoresquement parlant, des bois jetés à pic dans les précipices, des torrents, des cascades, des prairies , des châtaigneraies admirables, des arbres monstru eux ... ». Les descendants des Bu loz, les Bourget-Pailleron vécurent ici jusqu'à la derni ère guerre. Le parc a été loti, la mai so n a pe rdu de son charme, seule la vue « imm ense et belle toujours» (G . Sand) demeure. Servolex Le châtea u d e Servolex remonte po ur sa plus grande partie au début du XIXe siècle, so n aspect actuel et les to urs so nt l'œu vre essentiell e de Xavier de Vignet. Son intérêt est principalement littéraire avec les so uvenirs des Maistre et surtout de Lamartine, tel qu e le poète nou s l'a décrit dans les « Confidences» : « Je vivrais un siècle que je n'oublierai s jamais les journées dignes des entretiens de Boccace à la campagne pendant la peste de Florence, que nous passions pendant tout un été dans la maiso n de Bissy chez le colonel de Maistre ou dans le petit castel de Servolex chez mon am i Louis de Vignet. Le salon était en plein champ ... un e allée de hautes charmill es au fond du jardin de Servolex, allée élevée en terrasses sur un va llon noyé de feuill ages et de hautes vign es entrelacées aux noyers ... » Ce rtes, il y a beaucoup d'autres immeubl es remarquables à La Motte; le château Pingon près du chef-lieu est un e aimable co nstruction du XVIe siècle avec ses quatre tourelles que les Pingon se co nstrui sirent après avoir renoncé à leur maison près du prieuré (qui abrite aujourd' hui en partie le lycée SainteAnne). Devenu pour quelque temps propriété des de Boigne, le château 159 Sous la direction de Philippe PAILLARD, avec la collaboration de Michèle BROCARD, Lucien LAGIER-BRUNO, André PALLUEL-GUILLARD Editions Horvath, Roanne, 1982 8 sur 9 Histoire des communes savoyardes servit ensuite au grand séminaire chassé de Chambéry en 1905. Il faudrait aussi signaler la maison forte de la Catonnière (habitée par les GuiIlermin au XVIIIe siècle, puis par les Perrin de La Motte) ; au XIXe siècle on y vit l'avocat Burnier, qui so us le pseudonyme de Lebrun écrivit un petit roman célèbre en son temps, « Les sorciers de La Motte ». N'oublions pas non plus la maison de la C urtin e à Villard-Peron, des Montfort à Villardmarin et les belles maisons bourgeoises de la Villette ou de la Pérouse. Le Tremblay s'enorgueillit de so n côté de deux châteaux du XVII e siècle, celui du comte Verney (maintenant loti) et celui des Morand. Ce dernier ava it appartenu a uparavan t aux Favre et à Mgr Laurent de Sainte-Agnès, archevêque de Tome I : Chambéry et ses environs, le Petit Bugey Tarentaise, qui y mourut en 1783 en fait le souvenir le plus intéressant en est le puits d'où l'on ramenait l'eau par une gigantesque roue de bois mue par le seul mouvement humain. Le charme de La Motte hélas! aujourd'hui bien menacé par l'univers pavillonnaire est, dans ces hameaux un peu touffus et confus, cadre d'une vie plantureuse et simple en pleine intimité avec la campagne environnante. Tout est plein de souvenirs historiques, non pas d' une grande histoire mais d'une solide his. toire sociale et locale, agrémentée de souven irs littéraires, qui eux ne sont pas minces. Mais du fait du déclin de la société rurale et de la frénésie de la société industrielle et urbaine, qu 'e n restera-t-il bientôt? Le châTeau de Servole..r (Collec tion el cliché M usée Savoisien) 160 Sous la direction de Philippe PAILLARD, avec la collaboration de Michèle BROCARD, Lucien LAGIER-BRUNO, André PALLUEL-GUILLARD Editions Horvath, Roanne, 1982 9 sur 9