„no made mai langue mein place
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„no made mai langue mein place
„no made mai langue mein place“ „no made mai langue mein place“ Les présentes contributions montrent diverses facettes de mes activités dans le domaine de l'écriture. Nouvelles, textes poétiques, écrire sur supports variés - vivre l'écriture comme champ d'action. Mʼont inspirée : la poésie concrète, visuelle et sonore, mais aussi Else Lasker Schüler, Marina Tsvetaïeva, Nathalie Sarraute. Écrire à l'instar de la poésie nouvelle (Neue Posie), mouvement inauguré en 1978, lors du premier colloque de Bielefeld (Allemagne), auquel ont participé, entre autres, Bernhard Heidsieck, Henri Chopin, Pierre et Ilse Garnier, pour mentionner quelques poètes francophones. Nombreux sont des auteurs et auteures qui ont traversé et traversent les frontières, chacun-e-s à sa manière, en voyageant, en traduction/translation, en changeant de pays, en écrivant plurilingue … Ainsi un jour, je suis partie dʼAllemagne, pour finalement rester en Suisse romande, où lʼon parlait une autre langue (le français) que celle qui m'avait accompagnée durant les 20 premières années de ma vie. L'immersion fut une expérience magnifique, pourtant parfois douloureuse : ne plus savoir dans quelle langue parler, écrire. La désorientation, l'errance. Adopter cette autre langue, écrire en français, premières publications dans le journal d'étudiant d'antan. Se montrer monolingue, comme faire du monoski ou du monoboard, n'importe. Souvent elle, la langue première, revendique sa place, demande de l'attention. Continuer. Écrire à la plume, au crayon gris ou à l'ordinateur, sur façades, rouleaux de papiers divers, dans les rues. Développer malgré soi, en moi, une pluridisciplinarité à la fois linguistique et artistique, une sorte de nomadisme, ici transposé. Comme être slf, une personne devenue sans langue fixe. Lors d'une lecture d'un de ses livres, un ami venu d'ailleurs disait que le français était dorénavant son port. - Que faire? Où trouver le point d'ancrag, le mien? Et pourtant, n'était-il pas déjà là, n'y étais-je pas déjà, dans ce lieu d'ancrage plutôt que de point ou de port. Lieu de mélange, de fouillis de matériaux, hors tiroirs, dans l'Entre Mille, rendre perméable les systèmes fermés, signifiant signifié sonorant sonoré écrire parler trouvé. Trouer les parois de séparation entre moi et le monde et voir. Voir, rester, voyager : pays proches, l'Amérique du Sud, la Sibérie, Moscou, Bamako, et puis aussi: retourner. Retourner en Allemagne, alors que le mur était déjà tombé. C'est une autre histoire. Je remercie Rodica Draghincescu pour l'invitation. sans titre le soleil était presque haut dans le ciel, les voitures diffusaient du gaz carbonique. un cygne attrapait des miettes de pain éparpillées dans la lumière du ciel. elle ne se retournait pas pour voir le mur qui donnait un appui à son dos pendant que les feux passaient au vert. elle aurait pu être plus précise pour désigner sa pensée, pour pointer le point de départ, pour donner des unités plus construites, au lieu de se perdre dans les endroits qui nʼexistaient pas. quand elle était arrivée, elle pensait que ce serait pour toujours. lʼendroit que lʼon se fixe nʼest quʼune chimère parmi dʼautres. de quelque part lui parvient une odeur de lʼurine en dépit de lʼeau qui coule devant ses yeux. il ne faudrait pas marcher très loin pour joindre un temps plus chaud. cʼétait peut-être près dʼici que sʼétait déroulée lʼhistoire de laquelle elle avait oublié le nom. ce qui fut certain, cʼest quʼelle nʼavait pas cherché la présence des observateurs qui fusillaient lʼair invisible pour faire rentrer les images dans lʼœil du cyclone. elle était consciente de lʼimportance de lʼinstant, annonçant la catastrophe qui contenait le germe des romans à venir. encore muette, encore aveugle, encore. encore ceci, encore cela. où fallait-il regarder. le train était parti le matin, emportant avec soi les quatre sandwiches au jambon oubliés. les banalités aussi avaient leur places, nʼincluant pas toujours le retour. lʼenfant à sa droite compte les ombres qui passent. elle attend les mains vides, elle attend que les mots lui viennent à la bouche, que les bulles dʼeau se colorient en vert foncé, telles les feuilles du saule penché par dessus ses pieds. les racines des sept arbres sur lʼîle en face se perdent dans une dalle en béton. lʼeau doit pourtant leur parvenir de quelque part. les pierres retiennent mieux la chaleur que les regards insignifiants. sur le pont sʼélève la cité du temps, derrière elle un édifice froid sans fenêtres, siège de banque coffre fort. au fur et à mesure que lʼheure avance, lʼespace se remplit de personnes travaillant dans les secteurs tertiaires, situés dans dʼautres bâtiments du même genre aux vitres teintes en noir. au bord de lʼeau, elle accueille le soleil urbain et reste à lʼabri du vent, alors que lʼappel au départ arrive de partout. plus tard, elle se lèvera pour aller à lʼencontre des oublis, ceux qui sont notés nulle part. elle partira au risque de se brûler la peau, au risque de tomber dans un trou. rester, elle le savait, allait contre le bon sens, même si on était ainsi plus protégée. partir donc et continuer. leurs conversations portaient en elles des bribes de sagesse venant du plus profond des temps, prononcées sans même y avoir songé. C'est alors qu'elle accepte le duel pour y être peut-être tuée. ses mains dessinent des formes dans le vide sans remarquer les veines qui tracent des chemins bleus sous la peau de ses bras. tournés à la lumière, cʼétait comme si une fontaine allait jaillir de là. elle lʼaccueillerait dans la paume de sa main. tout cela lui donne un air étrange, mais en marchant, les apparences perdent de lʼimportance. elle ne voudrait pas que ses pieds mènent vers des actes convenus. la pointe de lʼépée se baisse lentement. cela signifie ni la perte, ni la fin. sur le sol aucune tache rouge, la lutte achevée en silence. la femme à côté dʼelle applique son rouge à lèvres. dans son miroir dépliable se reflètent les mots que le monde porte dans son cœur. les doigts de ses pieds sont écartés pour effacer les empreintes du cuir des chaussures plus pointues que la pointe de lʼépée. je marche. rester assise pourrait me déformer à mon insu. jʼirai refroidir mon corps dans lʼeau du lac. le soir nʼest pas encore venu. le chant des oiseaux remplit lʼespace autour. 82 | 83 dis sens dis so nanz rue ber ue ber ber ge ber ges par monts et par strassen über ge ste ge ste rn vaux les rues les berge ufer von oscillations variations sur le poème source stern wort los an ge gestes d’antan damals und gesten tan dem ain si no étoile de mots losange aus sternen wortlos ma de en fu gue touchés ainsi tandem angetan wir n au fra ge tra nomades en fugue aus den fugen getreten ge die ge dan (n) naufrage dann die frage ken nen wir ne pas nos tragédies, pensées gedanken und tragödie con naî tre buch er et puis wir kennen das buch nicht st ges tern ue ber nous trébuchons comme erst seit gestern über we ge ge stol pert si sans connaître wege gestolpert en haut aus wor ten ce n’est que depuis hier weit oben wort dan ce les te ter que les montagnes haut tendenz r(h)ein und trotz der sät touchent aux paroles auf der erde im licht ze r br ec h célestes nous dansons fluss der tanz l i c h t en dépit de la tendance trotzdem die sätze