manger l`aurore - Comédie de Reims

Transcription

manger l`aurore - Comédie de Reims
MANGER L’AURORE
Autobiographie sauvage de l’orque Tilikum
IDÉE ORIGINALE LOUISE DUPUIS
CONCEPTION LOUISE DUPUIS ET MAXIME LÉVÊQUE
INSPIRÉ DU DOCUMENTAIRE BLACKFISH DE GABRIELA COWPERTHWAITE
ET D’ODE MARITIME DE FERNANDO PESSOA
MISE EN SCÈNE FERDINAND BARBET
CRÉATION DU 9 AU 17 MARS 2017 À LA COMÉDIE DE REIMS
DISPONIBILITÉS SAISON 2017-2018
PRODUCTION LA COMÉDIE DE REIMS–CDN
LA COMÉDIE DE REIMS
Jean-Michel Hossenlopp directeur adjoint
+ 33 (0)6 16 74 57 80 [email protected]
Solenn Réto responsable des productions et de la diffusion
+ 33 (0)7 81 14 08 41 [email protected]
MANGER L’AURORE
DISTRIBUTION
idée originale Louise Dupuis
conception Louise Dupuis et Maxime Lévêque
inspiré du documentaire Blackfish de Gabriela Cowperthwaite
et du poème Ode maritime de Fernando Pessoa
mise en scène Ferdinand Barbet
avec Louise Dupuis et Adrien Kanter, musicien
musique Adrien Kanter
lumières Gautier Devoucoux
durée estimée 1h
production La Comédie de Reims-CDN
© Ferdinand Barbet
MANGER L’AURORE
« Et qui devient seigneur d’une cité accoutumée à vivre
libre et ne la détruit point, qu’il s’attende d’être détruit par
elle, parce qu’elle a toujours pour refuge en ses rébellions
le nom de la liberté et ses vieilles coutumes, lesquelles
ni par la longueur du temps ni pour aucun bienfait
ne s’oublieront jamais. »
Machiavel, Le Prince
« Peut être dite disneylandisée une société où les maîtres
sont maîtres des attractions et les esclaves spectateurs
ou acteurs de celles-ci. »
Philippe Murray
« Le spectacle n’est qu’une image d’unification heureuse
environnée de désolation et d’épouvante,
au centre tranquille du malheur. »
Guy Debord, La Société du spectacle
© Ferdinand Barbet
MANGER L’AURORE
Le sous-titre du spectacle Manger l’Aurore est « Autobiographie sauvage de
l’orque Tilikum »
Sauvage oui, c’est le mot, car les deux points d’ancrage du projet, l’histoire vraie
de Tilikum dans le documentaire Blackfish et le poème Ode maritime de Pessoa
ont été et continuent à être sauvagement détournés, réécrits, amplifiés, coupés,
extrapolés, morcelés, interprétés, entremêlés, saccagés avec joie…
Manger l’Aurore, c’est l’histoire de Tilikum, racontée derrière la vitre de son
aquarium par une actrice qui parle pour l’orque mais aussi pour elle-même, prend
sa place, reprend la sienne, vacille entre femme captive et animal captif. Elle parle
de « sa » nageoire dorsale mollassonne et de ses cheveux blonds, de son regard
bleu et de « son » oeil noir...
Dans le documentaire un homme plonge nu, meurt dans le bassin de Tilikum
et devient pour la femme derrière la vitre le héros d’une histoire d’amour folle
et érotique qui l’emmène dans le poème. Pessoa rêve de pirates sanguinaires
et immoraux, de tempêtes et de crimes et Tilikum a faim, de plus en plus faim,
jusqu’à manger sa dresseuse Aurore Brancheau, dont la mort est rapportée à la
fin du documentaire. L’actrice veut être une orque, Tilikum veut être un pirate, ça
chante en chœur, tous les deux se fondent en un animal mythologique, un sphinx
loufoque et grinçant qui ouvre la porte à tous les possibles, à toutes les libertés et
surtout aux plus joyeusement terribles.
Manger l’Aurore est un essai. Nous cherchons sur le plateau, par une prise de
parole simple, intime, directement adressée au public, par le poème, par le chant,
par la danse, par le son, la musique, l’improvisation, la transformation, par le
silence aussi, à « manger l’aurore ». Nous essayons tant bien que mal de l’attraper
par la queue de cheval, comme l’a fait Tilikum lui-même, en vérité vraie.
Louise Dupuis
© Ferdinand Barbet
MANGER L’AURORE
INTERVIEW FICTIVE
Le directeur de Marineland : Ah non mais je comprends pas pourquoi vous
faîtes un spectacle sur les orques en captivité... vous militez pour les droits des
animaux c’est ça ?
Louise Dupuis : Non, je ne milite pas et ce n’est pas un spectacle sur les orques
en captivité, c’est un spectacle sur une orque en particulier : Tilikum. C’est à dire
sur nous. Parce qu’il y a « une identité de fond entre l’homme et la bête, plus
profonde que toute identification sentimentale », pour reprendre les termes de
Gilles Deleuze. Parce que « l’homme qui souffre, écrit-il, est une bête, et la bête
qui souffre est un homme. »
Le point de départ de ce travail, c’est l’émotion forte et surprenante ressentie
devant le documentaire Blackfish. J’ai versé des larmes. Ces larmes n’étaient
pas des larmes de compassion, mais des larmes de conscience, comme si à cet
endroit l’émotion pouvait permettre de savoir mieux, plus intimement, ce qu’on
savait déjà sur nos vies. Parce que l’histoire de Tilikum devenait la métaphore
sans appel de notre situation dans le monde.
Et pour tout vous dire, je trouve très important qu’on se batte pour le droit des
animaux mais il m’arrive encore de manger des quenelles de brochet. (rires)
Le directeur de Marineland : Et pardon, mais vous ne trouvez pas ça un peu
farfelu de faire parler une orque ??
Louise Dupuis : Ah bon ? Peut-être.
Oui, j’ai imaginé comment pourrait parler Tilikum. Un peu comme un enfant qui
voudrait voir le chien parler, par malice et curiosité, pour le jeu. Mais surtout je me
suis demandée ce qu’il aurait à dire, en pensant que ça serait forcément fort et
beau et féroce, comme lui.
Alors comment parler pour lui, comment écrire sa parole ?
J’ai profité d’un stage de théâtre physique avec Yorgos Karamalégos à Londres,
pour entamer le processus d’écriture par le corps, en cherchant physiquement
cette parole. Lorsqu’il a fallu ouvrir la bouche, ce sont les mots de Pessoa qui sont
venus. Ode Maritime a été, entre Tilikum et sa prise de parole improbable, comme
un pont évident. Le poète, immobile face à la mer, vit dans l’Ode Maritime « ce
délire qu’il ne supporte pas de ne pas vivre jour après jour, écrit Claude Régy, c’est
donc la naissance et le développement des monstres qui jaillissent des secrets de
son être. » On assiste au déchirement d’un homme, un petit bureaucrate, qui n’a
pas vécu sa vie, mais celle d’un autre.
Tilikum, lui aussi immobile derrière sa vitre comme derrière un bureau, se rêve pirate
sanguinaire, fils de pirate sanguinaire, femme sanguinaire de pirate sanguinaire,
convoque la multitude des sensations dont il est séparé dans son bassin, s’affranchit
par la parole de sa condition de bête de foire et rejoint la mer par le poème.
Tilikum est mon moyen de transport vers la poésie. Comme s’il me fallait en tant
que comédienne chercher mon animalité, chercher « mon orque », tenter de faire 7
tonnes et évoluer en milieu aqueux, pour dire le poème. Car l’animal comme l’écrit
Rilke « voit l’ouvert », il est « libre de mort », « toujours au delà de sa fin », « et quand
il marche, c’est dans l’éternité, comme coule une source ». Certainement, « la bête
qui souffre est un homme », et celle qui chante sa souffrance, un poète.
MANGER L’AURORE
« Le spectacle étend à toute la vie sociale le principe que Hegel conçoit comme
celui de l’argent : c’est la vie de ce qui est mort, se mouvant en soi-même. »
Guy Debord, La Société du spectacle
LOUISE DUPUIS
Louise Dupuis a commencé sa formation au conservatoire du
20e à Paris en 2007. Parallèlement en 2009 elle suit un an de
formation à l’école de clown le Samovar. En 2010, elle entre à
l’ÉRAC (École Régionale d’Acteurs de Cannes) où elle travaille
notamment avec Ludovic Lagarde, Gérard Watkins, Guillaume
Lévêque, Hubert Colas, Catherine Germain. C’est à l’ÉRAC
qu’elle rencontre Maxime Lévêque et Ferdinand Barbet de
la même promotion ,et joue dans les spectacles de Ferdinand. À sa sortie de
l’école, elle intègre l’équipe artistique de la Comédie de Reims sous la direction
de Ludovic Lagarde et travaille avec Rémy Barché, l’artiste associé au théâtre.
Elle joue dans plusieurs mises en scène de Rémy Barché dont La Ville de Martin
Crimp, repris au Théâtre de la Colline en 2014. En 2015-16, elle joue dans L’Avare
mis en scène par Ludovic Lagarde. Elle suit aussi régulièrement les stages de
théâtre physique de Yorgos Karamalégos, professeur à la LAMDA, à Londres.
Elle participe en décembre 2015 à un stage avec le collectif Das plateau sur la
création de solo où naît la première forme de Manger l’Aurore.
« J’ai rencontré Adrien lors d’un stage sur le solo avec le collectif Das
Plateau. Il a participé à la naissance du projet.
C’est avec lui que j’ai tenté mon premier chant d’orque… »
ADRIEN KANTER
Adrien Kanter est un musicien autodidacte et éclectique qui
débute la musique à 20 ans (guitare, trompette synthétiseurs).
Aussi à l’aise en musique électronique, qu’en rock – improvisé
ou non – il a monté divers projets tels Trésors (électro), Le Réveil
des Tropiques (psyché), Deux fois deux fois (folk), Testa Rossa
(rock) ou encore Eddie135 (ambiant). Il collabore régulièrement
avec des metteurs en scène de compagnies telles que Das
Plateau, Si vous pouviez lécher mon cœur ou le Service des Urgences Poétiques.
Il compose des bandes-son pour le spectacle vivant (danse, théâtre), pour des
fictions radiophoniques et pour le cinéma (il a notamment été primé en 2013 pour
la musique de Mitclan, court-métrage d’Augustin Gimmel).
MANGER L’AURORE
« Ferdinand et moi étions dans la même promo à l’ÉRAC.
J’ai joué dans deux de ses pièces. Nous savons comment nous parler de
metteur en scène à comédienne, et je sais chez lui une poésie, un grain,
qu’il faut pour accompagner ce projet. »
FERDINAND BARBET
Ferdinand Barbet est formé conservatoire de Lyon sous la
direction de Philippe Sire et Laurent Brethome. En 2010, Il entre
à l’ÉRAC (École Régionale d’Acteurs de Cannes) où il travaille
avec Hubert Colas No Signal (Help), Ludovic Lagarde Corps
étrangers de Aiat Fayez à la Comédie de Reims dans le cadre
du Festival Reims Scènes d’Europe puis avec Gérard Watkins,
Europia/ Fable Géo-poétique présenté au Théâtre des Bernardines
pour Marseille Provence 2013. En parallèle, il écrit et met en scène Poïsia en 2011
au Théâtre de l’Arentelle en Lozère ; puis À des temps meilleurs d’après Lorenzaccio
de Musset, création 2012 pour Les Estivales, produit par le Conseil général des
Alpes-Maritimes et l’ÉRAC. En 2013 il crée Bernard qui sera joué au Festival JT14
au CDN de Montreuil et Bruits d’eaux de Marco Martinelli pour le Festival ActOral à
Marseille. En 2014, il joue sous la direction de Laurent Brethome dans Plus forte la
vie de Françoise du Chaxel à Clamart au Théâtre Jean Arp ; puis Titanic Orchestre
de Hristo Boytchev mise en scène Laurent Crovella création à la Comédie de
l’Est–CDN d’Alsace.
« De la même promo que Ferdinand et moi, Maxime partage avec
nous un langage commun dans le travail. Nous nous sommes attelés
à deux à l’écriture et conception du projet. Maxime prend aussi ici
le rôle de dramaturge, c’est une tête créative précieuse, et son regard
donne de l’air. »
MAXIME LÉVÊQUE
Après des études en arts du spectacle et philosophie au
lycée Lakanal, Maxime Lévêque se forme à l’École du Studio
d’Asnières, puis à l’École Régionale d’acteurs de Cannes où
il travaille notamment sous la direction de Ludovic Lagarde,
Gérard Watkins, Hubert Colas, Catherine Germain, Ferdinand
Barbet et Rémy Barché. En 2014, il reprend le rôle d’Arlequin
dans la mise en scène de La Fausse Suivante ou le Fourbe
Puni, mis en scène par Nadia Vonderheyden. Il travaille ensuite avec François
Cervantes notamment pour le spectacle L’Épopée du Grand Nord et depuis 2014
avec la compagnie Akté pour la performance Polis/Opus1 ainsi qu’avec Gérard
Watkins sur sa dernière création autour des violences conjugales. Il travaillera
l’année prochaine au côté de Duncan Evennou pour sa création au festival Les
Inaccoutumés.
MANGER L’AURORE
« J’ai commis des crimes
Crimes qui n’ont même pas pour raison
la méchanceté et la fureur,
Commis à froid, sans même l’intention
de blesser, sans même l’intention de
faire mal,
Sans même l’intention de nous divertir,
mais juste pour passer le temps,
Comme qui fait des réussites sur une
table de salle à manger de province la
nappe rejetée à l’autre bout de la table
après avoir mangé,
Par pur délice de commettre des
crimes abominables sans y attacher
grande importance »
Fernando Pessoa, Ode Maritime