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Le Cap Ferret face à l’érosion du
trait de côte
Dominique Richard .
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Dans l’enclave arborée se pose la question du coût de la protection face à la montée
des eaux.
PH. ARCHIVES LAURENT THEILLET
Devant le recul du trait de côte, le préfet de région lance la procédure de révision du
plan de prévention des risques littoraux (PPRL) de la presqu’île.
Le préfet de région Pierre Dartout a pris ses responsabilités. En dépit des
résistances locales, il a déclenché la procédure de révision du plan de prévention des
risques littoraux(PPRL) de Lège-Cap-Ferret. Adopté en 2001, ce dernier n’était plus
au diapason de la montée des menaces liées à l’avancée dunaire et au recul du trait
de côte. La presqu’île des "people" est un territoire sous pression. Aussi bien sur sa
façade océanique que sur sa face interne, côté bassin d’Arcachon.
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Depuis plus de vingt ans, les rapports financés par le contribuable s’empilent pour
dire peu ou prou la même chose : les eaux gagnent. À l’est, à l’ouest, au sud, le
cordon sableux s’effrite. De 2 à 5 mètres par an selon les endroits et les estimations.
Les conclusions de la dernière étude en date mise en ligne sur le site de la commune
de Lège-Cap-Ferret sonnent le tocsin : "La situation est telle qu’elle pourrait mettre
en danger certaines résidences et installations."
L’État hausse le ton
Espace sensible s’il en est, ce gigantesque banc de sable n’a pas toujours fait l’objet
d’une surveillance rigoureuse pendant les années 2000. L’épisode dramatique de
la tempête Xynthia (47 morts en zone inondable en Charente-Maritime et en Vendée)
a sensiblement modifié la donne. L’État a repris la main.
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
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En actualisant tout d’abord les limites du domaine public maritime dont l’emprise est
définie par les plus hautes eaux. Conséquence de l’érosion qui ne cesse de grignoter
l’extrémité du cap Ferret : au printemps dernier, la plage de la Pointe a été
définitivement fermée au public par arrêté préfectoral. Dans la foulée, la Direction
départementale des territoires et de la mer (DDTM) a régularisé les autorisations
d’occupation temporaire délivrées aux propriétaires des ouvrages de défense
réalisés côté Bassin.
Ces fameuses digues empiètent sur le domaine public maritime. Mais la partie située
sur la terre ferme a un caractère privé qui permet à leur propriétaire d’interdire tout
passage. Édifiées à hauteur du restaurant Hortense et plus au sud par le célèbre
Benoît Bartherotte, elles ont été longtemps décriées. Il est aujourd’hui acquis qu’elles
ont évité le pire.
La fosse triple de volume
La procédure de révision pourra éventuellement s’accompagner d’une étude d’impact
si le ministère de l’Environnement le demande. Un document reprenant l’ensemble
des données scientifiques connues devrait être aussi établi. Qu’il s’agisse du recul
dunaire que les plantations ne parviennent pas à enrayer sur la façade océanique ou
de l’érosion à l’intérieur, les phénomènes naturels à l’œuvre ont été appréhendés de
longue date.
Il entre et sort du Bassin entre 200 et 400 millions de mètres cubes d’eau deux fois
par jour. Ces masses liquides empruntent un réseau de chenaux. Celui du Ferret, qui
expulse les eaux vers l’Océan, est trop étroit pour absorber un tel flux. Il se creuse
sous la pression des courants et se déplace imperceptiblement vers l’ouest en
repoussant le trait de côte. L’une des fosses situées non loin du rivage, celle du
Mimbeau, a triplé de volume ces dernières années. De quoi réveiller la crainte d’un
effondrement.
En 2001, le plan de prévention des risques littoraux (PPRL) avait classé en zone
rouge – donc inconstructible – la portion de presqu’île située entre la Pointe et le
restaurant Chez Hortense alors qu’elle était défendue par des digues. En revanche,
quoique non protégé, le secteur du Mimbeau, situé plus au nord, avait été exclu au
dernier moment du périmètre, le préfet de l’époque ayant accédé à une demande de
la commune
Extension de la zone rouge
Dictée par la montée des menaces, la révision du PPRL signifie une très probable
extension de la zone rouge et donc l’impossibilité de construire ou d’agrandir pour les
propriétaires concernés. Elle annonce aussi un durcissement de la réglementation
applicable dans ce petit paradis où le respect du Code de l’urbanisme confine
souvent au vœu pieux. La densité de la végétation, l’opacité des haies et des
bardages et la culture bien ancrée de l’accommodement ont souvent permis aux
mètres carrés habitables de faire des petits. « Il y a eu des débordements
intolérables », reconnaissait d’ailleurs en 2013 Jean-Pierre Hamon, alors sous-préfet
d’Arcachon. Une réalité à laquelle l’État ne peut rester insensible. Ne serait-ce qu’au
regard de la valeur de ce patrimoine immobilier dont l’indemnisation serait à la
charge du contribuable en cas de submersion marine.
Mais une fois la nouvelle carte du risque établie, se posera à nouveau la question du
coût de la protection. Au début du XXe siècle, lorsque la puissance publique avait
adjugé aux quelques habitants du cap Ferret la pointe de la presqu’île, il avait été
bien spécifié qu’il leur appartenait de prendre à leur charge les travaux relatifs à « la
simple défense du trait de côte ». Une obligation qui incombe aujourd’hui aux
centaines de propriétaires de cet éden arboré…