la renaissance du levant et du monde arabe

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la renaissance du levant et du monde arabe
 LA RENAISSANCE DU LEVANT ET DU MONDE ARABE
Abraham Mounzer
La Renaissance
du Levant et
du Monde Arabe
Essai
Editions Persée
Ce livre est une œuvre de fiction. Les noms, les personnages et les événements
sont le fruit de l’imagination de l’auteur et toute ressemblance avec des personnes vivantes ou ayant existé serait pure coïncidence.
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HOMMAGE À KAMAL JOUMBLAT
D
evant la situation dramatique au Moyen-Orient, où l’ignorance, la haine, la destruction, et l’extrémisme de tout
genre sévissent avec une horreur incomparable dans notre histoire
moderne ; Et en tant qu’Homme Libre, prônant la tolérance, la
paix, la fraternité et l’ouverture vers les Autres ; nous ne pouvons que nous se tourner vers ces grands Hommes de l’Histoire
récente du Moyen-Orient, qui ont tant donné, pour que le Liban
et le Levant soient des pays dignes de Liberté, de Progrès, de
Démocratie et d’Humanité.
Un Homme connu par son humilité et son grand Savoir, par sa
vision du Monde, et de son Pays le Liban ; non seulement sur le
plan politique, mais aussi sur le plan philosophique et spirituel. Il
se dresse comme une Montagne de la Connaissance, car il a placé
l’Homme au centre de ses préoccupations, sa liberté, sa dignité et
son droit au progrès.
C’est un grand HUMANISTE.
Monsieur KAMAL JOUMBLAT, votre présence et vos sages
paroles nous manquent dans cette adversité malsaine et ce vacarme
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chaotique dans tout le MACHREQ ; mais votre Esprit est parmi
nous, avec tous les Grands Hommes de notre Pays.
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À
mon Père, qui n’a pas eu la chance d’aller à l’École pour
apprendre, il l’a quitté à huit ans faute d’argent ; mais il a
planté en moi le désir du Savoir.
À ma Mère qui nous a tout appris, et surtout à s’aimer les uns
les autres.
À mon épouse, qui était à mes côtés pour réaliser mes projets.
À mes enfants, qui m’ont inspiré les plus belles images de la
Nature Humaine.
À mon Pays le Liban, où je suis né entre la voix du Prieur de la
Mosquée, et le son du Clocher de l’Église.
À cette France qui m’a adopté, et à tous mes « Amis » français
qui m’ont soutenu et encouragé dans cette voie.
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INTRODUCTION
I
l est difficile pour un chercheur en matière d’Histoire ou de
Sociologie, de parvenir à une « vérité historique », d’autant
plus lorsqu’il s’agit d’un sujet jugé sensible, par sa nature, son
identité, et sa place dans l’histoire, aussi bien dans l’antiquité
qu’après l’avènement des trois religions monothéistes, ou pendant
ces derniers siècles.
En effet, l’histoire du Moyen-Orient, avec ses définitions tant
géographiques, historiques, culturelles, civilisationnelles ou religieuses etc…, a été toujours l’objet de controverses, non sans
arrière-idées, ou sans finalités en relation avec les ambitions, tantôt des puissances autochtones, tantôt des visions expansionnistes,
voire colonialistes de l’Europe et de l’Occident, visant à dominer
cette région riche et stratégique tout au long de l’histoire.
L’objet de cette étude n’est pas de modifier les certitudes (difficiles pour l’instant), ou de réécrire l’histoire du Moyen-Orient,
ni d’orienter vers telle ou telle vision moderne (ou modernisante)
du Moyen-Orient ; Mais de relater et retracer toutes les références,
études ou recherches, qui tendent à penser qu’il y avait, qu’il y a
et qu’il y aura toujours, dans cette partie du monde, une espérance
de reconstruire ce qui a été détruit par la nature, le climat, et sur9
tout par l’homme dans des guerres interminables depuis l’aube
de l’humanité ; et de permettre à ces peuples du Moyen-Orient
d’édifier un mode de vie digne des anciennes civilisations de cette
région et qui ont rayonné pendant des siècles sur l’humanité.
Il s’agit aussi de replacer tous les conflits depuis l’antiquité,
dans leur contexte, et non pas continuer à perpétrer et perpétuer
une guerre qui n’existe que dans l’esprit maléfique de certains,
afin d’imposer leur propre vision déformatrice et entièrement artificielle de l’histoire.
La contestation de l’interprétation de l’histoire n’est pas un
processus d’élimination, d’anéantissement, de non-reconnaissance, d’oubli ou d’indifférence.
Bien au contraire, nous visons à réintégrer tout ce qui est au service de la vérité historique, dans le cours de l’histoire du MoyenOrient, même si cela semble utopique, ou invraisemblable.
C’est pour dire aussi que chaque peuple du Levant a joué un
rôle qui est le sien, dans la longue marche historique complexe de
cette région charnière entre l’Orient et l’Occident.
S’il faut chercher les causes de la Décadence de cette région,
c’est dans les processus INTRINSEQUES avant tout, qu’il soit
logique et objectif pour tout chercheur de la vérité historique, de
conduire une réflexion avec l’œil d’observateur neutre, et une analyse scientifique prônant les confrontations d’idées, de recherches,
et surtout ce qui est le plus difficile, à accepter, par la raison de la
science historique, la vision des autres, sans l’approuver obligatoirement dans sa totalité.
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Si nous n’arrivons pas à comprendre notre propre histoire,
aucune vision ou perspective d’avenir constructible solidement,
ne peut être envisagée.
S’il y a une Philosophie de l’Histoire, c’est parce que l’histoire
n’est pas un simple récit, que certains esprits simples sont tentés
de l’asservir à des fins idéologiques, politiques, ou politico-religieuses. Et à partir du moment où une religion devient un concept
purement théologico-politique, alors les portes sont ouvertes à
toutes les interprétations, aussi fausses que non fondées, et nous
poussent par conséquent, vers les extrêmes de l’égocentrisme
et d’une vision monolithique, univoque, et anti-évolutive de la
société.
Cela ne peut aboutir qu’à la disparition de toute communication, de tout dialogue, de toute Raison Humaine.
Mais rétablir la vérité historique est un long chemin.
Il ne s’agit pas, dans notre analyse, d’apporter des « preuves »
historiques, des actes événementiels, des réalisations limitées
mais authentiques, des instaurations d’une certaine forme de
pouvoir antique plus ou moins étendu, d’expansions économicoculturelles et ethnolinguistiques ; mais d’essayer de démontrer,
que c’est l’ENSEMBLE de tous ces processus qui ont fait tout au
long de l’histoire, une prise de conscience de l’unicité non déclarée d’un étendu géographico-historique, présente toujours, dans le
comportement et l’âme des peuples de cette région.
Les tentatives historiques, politiques, culturelles ou civilisationnelles sont venues confirmer cette aspiration légitime.
Sur le plan historico archéologique, il n’y a pas l’ombre d’un
doute sur l’authenticité de cette unité (voir plus loin) avec des
contributions aussi bien occidentales, qu’étrangères, encore plus
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ou moins objectives que nos propres recherches orientales ou de
suppositions et hypothèses d’études.
Ces dernières étaient souvent tributaires d’arrière-idées politiques et qui ont confirmé leur échec à court terme, comme à
moyen terme, car portant le politique au-devant de la scène, tout
en ignorant obstinément certaines réalités ou spécificités locales
ou régionales.
Or, un processus aussi long, de construction, sur le plan historique, ne peut être conditionné par une vision simpliste et abrégée
d’une société à bâtir.
Il est tout à fait extraordinaire, et surprenant, que les autres
nations se sont construites « spontanément », par un phénomène
de pseudo-déterminisme sociologique et historique, au niveau de
l’Europe par exemple (mais surtout ailleurs), comme une sorte de
« marche de l’histoire », avec des nations qui se sont imposées
et entrées dans l’histoire moderne, alors que rien ne les prédestinait à cette évolution (déterministe mais absolument constructive
comme l’Inde) ; Et que notre Levant était uni par l’histoire, par les
déclarations et les résultats de chercheurs venus d’ailleurs, et rien
n’a permis la concrétisation de cette unité devenue théorique, dans
l’esprit des autochtones et certaines élites de la région.
Bien entendu, il y a des raisons historico-culturelles et ethnico-religieuses qui ont conduit, partiellement au moins, à cette
évolution désastreuse, ajoutées à tout cela les expansions d’autres
puissances régionales (dans l’antiquité), et occidentales (après les
1ère et 2ème guerres mondiales).
Malgré l’existence d’unicité fusionnelle, de la langue et de
civilisation après l’avènement de l’Islam, cette situation nouvelle
n’a pas permis un changement de statut constant et persistant, du
Levant.
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La confusion entre religion et pouvoir (perpétuelle et surtout moderne) était une des principales raisons de cet échec
d’unification.
La question des minorités ethnico religieuses a été ainsi exploitée à fond, aussi bien par les autochtones que par les puissances
étrangères.
Une analyse de ces comportements des minorités a été déjà
développée dans un premier livre que j’ai écrit (en arabe) sur
l’homme et la société dans le Moyen-Orient ou le MACHRECK.
La difficulté d’une telle analyse repose sur l’interprétation de
l’histoire, et la volonté d’effacer, pour certains, une première fondation historico-culturelle d’une bonne partie de cette histoire.
Je veux dire par là, que c’est l’ignorance et la méconnaissance,
voulue et volontaire, des piliers constitutifs d’une unité humaine
du Levant, aussi diversifiée par ses expressions culturelles, que
proches, et plus ou moins homogènes par ses capacités à transgresser ses spécificités dans le cadre d’une symbiose, fertile et riche
culturellement, c’est cette ignorance qui a empêché ce « Milieu »
de devenir un espace d’échange économique, social, artistique et
spirituel. Et c’est ce processus d’Amnésie totale qui a conduit à la
disparition de nos origines.
Par conséquent, cette diversité a poussé certains à proclamer
une différence radicale, aussi bien dans l’antiquité que dans l’histoire moderne, surtout chez les Minorités.
Ces différences ne résistent pas un instant devant l’analyse historique, archéologique, ou devant la logique de l’histoire et de ses
sciences. (Histoire Comparative).
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Sachant, pour contre dire surtout les révisionnistes apprentis et
pervertis, que l’histoire est parfois l’histoire des gens qui l’écrivent ou qui la font. En effet, les recherches archéologiques ont
alors, battu en brèche toutes les extravagances, souvent d’origine
Biblique, conduisant à une vision « politicienne » avec connotation religieuse, de toute une région qui mérite d’être vue sous un
autre angle plus Humaniste.
Je tiens à signaler au passage, que tous les peuples de la région
sans exception, ont joué un rôle important, voire déterminant dans
l’histoire de l’humanité, y compris les Hébreux dans l’Antiquité.
Toute la Sagesse, l’honnêteté intellectuelle et la transparence,
résident dans l’objectivité et la neutralité des propos et des hypothèses qu’on évoque, loin de l’analyse partisane, qui prend quelquefois un versant hystérique et exclusif, et transforme l’une des
plus belles images d’échanges et de symbiose qui ont tant apporté
à l’humanité, en un tableau sombre des guerres interreligieuses, de
conflits interethniques, voire en des opérations d’extermination.
Pour construire une société, et reconstruire le Moyen-Orient,
il ne suffit pas de faire des propositions politiques anciennes ou
modernes, ou alors des plans économiques surtout de la part des
Occidentaux, si on ne s’intéresse pas à l’Histoire de cette région, à
la compréhension de sa composition et aux relations qui régissent
les groupes de population, où sont ancrées profondément des traditions, des croyances, des conflits, des rapports de force, et où
la modernité tant sur le plan socio-économique, technologique et
industriel, est loin d’être présente.
Il existe une disparité entre la modernité « technique » (et non
pas technologique) où les importations d’idées, de réalisation
purement technique sont omniprésentes d’une part, et d’autre part
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l’infrastructure nécessaire et suffisante pour franchir le pas vers
une industrialisation technologique proprement dite.
Mais pour en arriver là, il est nécessairement indispensable de
se tourner en arrière, et de retourner et revisiter notre histoire, pour
mieux voir les causes de notre décadence et leurs mécanismes.
Car, en méprisant l’histoire de cette région dès la plus haute
antiquité, par nos propres consciences, nous allons en même temps
vainement penser à construire un édifice solide, durable et résistant aux aléas des alliances et intérêts régionaux et internationaux.
Tout cela conduit au désintéressement du monde à notre histoire et à notre pays, comme au désintéressement de nos peuples à
l’espérance qu’un tel projet puisse aboutir.
S’il est hautement souhaitable, voire nécessaire, de revoir notre
histoire du Moyen-Orient, à toutes les échelles, et d’opérer un
renoncement surtout intellectuel aux idéologies dominantes d’inspirations différentes, et n’observer cette histoire qu’avec l’objectivité la plus absolue, sans pour autant se détourner des aspirations
politiques des uns et des autres, c’est parce qu’une telle histoire de
cette région est tellement contestée, voire contestable par certains,
dont les préjugés et les arrière-idées ne sont pas innocents, afin
de maintenir la main mise sur une région, riche de contradictions
certes, mais aussi riche en manifestations et traces archéologiques,
d’innovation et de création, d’inventivité et de progrès, pendant
les anciennes civilisations antiques pré chrétiennes.
Comme disait G.CORM (dans Histoire du Moyen Orient) :
« en présentant le Moyen-Orient sur le mode profane, et en mettant en perspective son histoire sur la longue durée à partir de
critères objectifs, nous espérons permettre au lecteur d’échapper au poids des représentations collectives que les médias, et
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