107 le cas jekyll
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107 le cas jekyll
CHÂTEAUVALLON THEÂTRE LE CAS JEKYLL VERSION 2 Texte de Christine Montalbetti d’après Robert-Louis Stevenson Mise en scène Denis Podalydès de la Comédie Française Co-mise en scène : Emmanuel Bourdieu, Eric Ruf Chorégraphie : Kaori Ito avec la collaboration de Artemis Stavridi Avec : Denis Podalydès et Kaori Ito - danseuse Scénographie : Eric Ruf de la Comédie Française Assistante à la scénographie : Delphine Sainte Marie Costumes : Christian Lacroix, avec la collaboration de Renato Bianchi Lumières : Stéphanie Daniel Son : Bernard Valléry Vendredi 17 février à 20h30 Samedi 18 février à 20h30 Précédé à 18h d’une Lecture de La peur Matamore écrit et interprété par Denis Podalydès Théâtre couvert Durée : 1h20 Production : Maison de la Culture d’Amiens – centre de création et de production En coproduction avec le Théâtre National de Chaillot, le Théâtre du Jeu de Paume d’Aix en Provence et Le Volcan, scène nationale du Havre Le texte « Le Cas jekyll » de Christine Montalbetti est publié aux éditions P.O.L www.chateauvallon.com LE CAS JEKYLL Marchant dans les brumes de Londres, le docteur Jekyll, homme ambitieux, important, respecté, et la silhouette dissociée, chétive, maléfique de Hyde, hantent depuis plus d’un siècle la littérature, le cinéma, l’inconscient. C’est une mine explosive de métaphores, d’associations d’idées, de cauchemars, de visions horribles, poétiques et philosophiques mêlées. Un mythe. Ce mythe est d’abord un roman de Stevenson, dont le dernier chapitre est une splendeur. C’est la confession de Jekyll. À l’instant de mourir, ne parvenant plus à rester lui-même, envahi définitivement par Hyde, devenu presque absolument Hyde, il raconte les étapes de sa folie démiurgique, dont l’ambition sociale, jointe aux désirs de débauche, fut le premier moteur. Christine Montalbetti le reprend et le fait sien. Fait sienne l’angoisse de Jekyll, mais aussi l’humour de Hyde, la jeunesse et l’éducation de Jekyll, les pas légers de Hyde, la souterraine et souveraine séduction de Hyde, sa poussée dans la voix de Jekyll, son envahissement inexorable du corps de Jekyll. La métamorphose n’est pas établie dans le texte. Elle est le texte. Deux voix travaillent jusqu’au bout ce texte à une voix. Borgès se désolait qu’au cinéma on ait toujours confié les deux rôles au même acteur, tandis que le roman les sépare absolument. Là même en est le principe. Hyde n’a ni la silhouette, ni la taille, ni le visage, ni rien de commun avec Jekyll. Le spectateur, découvrant Hyde, ne peut ni ne doit imaginer Jekyll en lui. Telle est précisément la réussite et la malédiction du savant. Or la tentation l’a toujours emporté de les confondre dans le même interprète. On le comprend aisément. L’acteur se réjouit de cette composition qui s’offre à lui, ne peut que succomber à ce désir de dédoublement ; qui ne rêve pareil rôle ? Cette pulsion de jeu ne m’est pas étrangère (…) LA PEUR MATAMORE « J'ai trouvé dans le spectacle tauromachique un étrange miroir dans lequel, me voyant à l'envers, pour ainsi dire, j'ai retrouvé, reproduit certaines peurs élémentaires. Matamore : nous gardons le souvenir, la mémoire de ses gestes, de ses peines, de ses catastrophes. Plus rien n'en est visible, plus rien n'en résonne, tout est fumée comique, dispersion inconséquente. Il n'y a rien à en dire. Rien qui puisse donner l'équivalent de l'intensité, de la vie, de l'excès, de la folie où nous convièrent ses boursouflures, ses pannes et ses déroutes, ses palinodies et ses mensonges. Plus rien. Et pourtant nous avons vécu, comme rarement. J'approche à tâtons de l'autre figure. Dans tout Matamore, il y a un matador. J'appelle Matamore ce désir de peur, de fuite, cet élan comique, violent, furieux, instable, incertain, affabulateur, qui me tient, me pousse, me fait travailler, avancer, reculer, m'encombre et me remplit, m'entrave et me libère. » Denis Podalydès DENIS PODALYDES, acteur -metteur en scène Après sa formation au Conservatoire national supérieur d’art dramatique, il joue au théâtre sous la direction de Brigitte Jaques, Jean-Pierre Miquel, Christian Rist, Jacques Bonnaffé, Louis-Do de Lencquesaing… Il intègre la Comédie Française en 1997 où il interprète de très nombreux rôles avec un succès grandissant notamment dans le Révizor de Gogol (qui lui vaut un Molière en 1999) les Fourberies de Scapin de Molière et Le menteur de Corneille mises en scène par Jean-Louis Benoit mais aussi dans La Forêt d’Ostrovski mis en scène par Piotr Fomenko et Léonce et Léna de Büchner mis en scène par Matthias Langhoff. Au cinéma, on peut le voir, entre autres, devant la caméra de son frère Bruno Podalydès (Versailles RiveGauche, Dieu seul me voit, Liberté-Oléron, Le mystère de la chambre jaune et Le Parfum de la Dame en noir) mais aussi d’Arnaud Desplechin (Comment je me suis disputé…), Michel Blanc, Diane Kurys, Robert Guédiguian, Bertrand Tavernier et dernièrement avec Valérie Lemercier dans Palais Royal. Enfin ce n’est pas sans un certain succès qu’il se lance également dans la mise en scène avec André le Magnifique en 1996 et trois pièces d’Emmanuel Bourdieu Tout mon possible en 1998, Je crois ? en 1999 et Le mental de l’équipe en 2007. En 2010, il interprète le rôle titre de La tragédie du roi Richard II mise en scène par Jean-Baptiste Sastre pour la cour d’honneur du Palais des Papes, présentée en avant-première dans l’amphithéâtre de Châteauvallon. CHRISTINE MONTALBETTI, auteur Christine Montalbetti est née au Havre et vit à Paris. Elle est de conférence en littérature française à l’Université Paris VIII. Elle a publié chez POL : Sa fable achevée, Simon sort dans la brume (2001), L’Origine de l’homme (2002), Western (2005), roman qui emprunte les motifs du western à l’italienne, Expérience de la campagne (2005) récit dont elle a écrit une version pour le théâtre qui a reçu l’aide d’encouragement de la DMDTS, et ses Nouvelles sur le sentiment amoureux (2007) qui ont fait l’objet d’une mise en voix au Festival d’Avignon en 2007. Le cas Jekyll a fait l’objet d’une lecture publique le 20 octobre dernier au Théâtre Ouvert. EXTRAIT DE PRESSE C’est le spectacle qui va faire fureur à Paris, en cette rentrée de janvier (…) parce qu’il est fin, drôle et enveloppe délicatement son intelligence dans les replis d’un pur plaisir théâtral. Et que Denis Podalydès y est plus que jamais époustouflant, dans cette partition qu’il s’est taillée à sa mesure. Il faut dire qu’elle semble faite pour lui, l’histoire du respectable docteur Jekyll et de son double noir, Hyde, hantant de ses forfaits les bas-fonds de Londres, tant elle se loge au cœur même du mystère de l’acteur, cet explorateur par essence des zones les plus obscures de l’homme (…) Ce qui est totalement jouissif, dans ce Cas Jekyll, c’est que la transformation progressive de Jekyll en Hyde offre à la fois la matière d’un formidable suspense théâtral et une extraordinaire matière de jeu pour Denis Podalydès. C’est peu dire que les métamorphoses de l’acteur sont fascinantes (…) Alors on la poursuit encore longtemps, cette trop courte balade dans l’envers de Londres et dans l’envers de l’homme, menée avec allégresse par un guide hors pair, en la personne de Denis Podalydès dont, décidément, l’étendue du talent et des curiosités ne cessent d’étonner. Fabienne Darge – LE MONDE Sans doute, au long de ce très beau texte, superbement réinventé par Christiane Montalbetti, retrouvet-on la plupart des thèmes abordés par Stevenson : la marche aveugle de la science, la foi absolue dans le progrès, cette obsession de l’ordre et la norme, d’une hygiène ripolinée pour le corps ou l’esprit… ce monologue est une confession : celle d’un être confronté à cette part secrète, soupçonnée ou non, acceptée ou pas, que chacun porte en soi et que l’on appelle pulsion. Terrifiant et magnifique, Denis Podalydès s’en fait l’interprète bouleversant. Sans que soit montrés ni fiole, ni effet de masque, ou de grand-guignol, il se défait, au fur et à mesure de lui-même, pour se laisser enfermer, happé comme une proie, dans sa seconde peau, sans savoir laquelle est la vraie. Bonhomme banal ou gnome infernal à la démarche simiesque ? Jekyll ou Mr Hyde ? Il est au-delà du bien et du mal, au point exact où les frontières s’annihilent, hors de toute morale, dans cet espace où « l’hétérogénéité » triomphe. Où toutes les lignes se confondent. Où l’homme n’est plus « un ». Rejoignant avec une justesse rarement atteinte les interrogations profondes de la nouvelle de Stevenson, Denis Podalydès entraine le spectateur sur les chemins tortueux qui conduisent au plus obscur de ses vérités. Didier Meuze – LA CROIX On est une fois de plus estomaqué par le talent de notre comédien-français, qui réussit à captiver le spectateur, en incarnant avec naturel un monstre de la littérature, romantique et schizophrène. Son savant fou passe par toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. Tour à tour benêt, badin, lyrique, enflammé, odieux, sournois, inquiétant, séduisant (…) Podalydès se saisit avec avidité de ce moment de tragédie amère, campant un tendre diable, atrocement bouleversant, qui invoque à la fin les genêts et le vent. Le comédien s’est mis en scène lui-même, assisté d’Emmanuel Bourdieu et d’Eric Ruff, créateur, comme à l’accoutumée, d’un beau décor, faussement réaliste. Economie de gestes, spirale infernale dans la maison du docteur, jeux d’ombre, astuces géniales (comme ce magnétophone à l’ancienne qui témoignent des exactions de Hyde)… le résultat est imparable. Le spectacle culmine dans ces deux moments de danse sauvage, où Jekyll se bat désespérément contre sa main velue et où Hyde se livre à un ballet dionysiaque avec ses cannes. Deux morceaux de bravoure qui résument toute la détresse de l’homme écartelé, face à sa part sombre. Podalydès est alors homme et bête, dieu et diable, témoignant d’une rage de jouer infernale, qui transforme les planches en lit de braise. Dr Jekyll et Mr Hyde ont trouvé leur maître. Philippe Chevilley – LES ECHOS