Le Nashi n° 18 - Ecole Nationale Supérieure de Paysage

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Le Nashi n° 18 - Ecole Nationale Supérieure de Paysage
Le Nashi n° 18
Bulletin d’échanges d’informations autour du Potager du roi.
Novembre 2007.
SOMMAIRE
Billet d’avancement et de bilan :
- Les succès et les
interrogations de l’automne
2007
Cultures et plantations :
- L’ « Argenteuil », le retour
Histoires du Potager :
- Les déplacements de la
Rocaille
Notre réseau :
- Les vergers retrouvés du
Comminges (2)
L’Ecole et le Potager :
- Une journée de cueillette
réussie !
Saveurs 2007, photo : Jacques Postel
Les succès et les interrogations de l’automne 2007
par Antoine Jacobsohn, Potager du roi
L’exposition « Fruits du savoir » (14 septembre au 14 octobre), présentation sur quatre
semaines de la collection de fruits à pépins du Potager et de l’histoire de la première
pomologie scientifique française, a permis à la plupart des groupes et à un grand nombre de
visiteurs individuels de découvrir autrement la diversité des fruits et le savoir des jardiniers.
Cette collection n’était généralement visible que sur deux jours lors des « Saveurs ». Trois
demandes de réservation des panneaux autour du Traité des arbres fruitiers (1768) de
Duhamel du Monceau ont déjà été reçues pour l’année 2008. Toutefois la création sur notre
site web d’une rubrique « Pomologie au Potager » avec la mise en ligne de la totalité des
images des trois principales éditions du Traité des arbres fruitiers ainsi que le texte numérisé
de la 2e n’a pas encore pu être réalisée faute de temps et de moyens. Elle devrait l’être dans le
courant du premier trimestre 2008.
La promenade nocturne « Lueurs du Potager » (14 au 16 septembre), événement conçu
par Simon Balteaux, désormais ancien élève de l’ENSP et paysagiste dplg, et réalisé par la
ville de Versailles en partenariat avec l’ENSP, a fait pénétrer dans le Potager du roi environ
8 000 visiteurs. C’est un franc succès. La ville peut estimer avoir répondu à une demande
d’ouverture du Potager sur son quartier. L’Ecole peut estimer avoir incité ses étudiants à
Le Nashi n° 18
l’action. Le succès de cet événement est l’occasion de se poser la question de comment, à
l’intérieur de la multiplicité des utilisateurs de cet espace, faire (re)connaître le travail des
jardiniers qui produisent, maintiennent et font vivre le Potager du roi au quotidien.
La fête « Versailles et les saveurs du Potager » (6 et 7 octobre) a eu lieu par un temps
splendide. Malgré le fait que nous avons enregistré une baisse du nombre de visiteurs, peutêtre le résultat de l’ouverture gratuite pour les « Lueurs » en septembre, la bonne ambiance
était de mise. Surtout, une nouvelle collaboration a été initiée avec succès : le Potager a été le
cadre de performances et installations artistiques organisées par l’Association Plastique Danse
Flore. Pour l’année prochaine, nous espérons pouvoir faire de cette fête-événement locale, une
manifestation à l’échelle nationale à travers un grand salon « Goût du paysage » actuellement
en cours de montage avec l’association nationale des Sites Remarquables du Goût.
Ces succès et ces interrogations ne doivent pas faire oublier le travail quotidien des
jardiniers du Potager et de leurs collègues (jardiniers-artistes, jardiniers-étudiants, enseignants
des départements arts plastique et écologie, personnel de l’ENSP, bénévoles, …) ainsi que
celui de l’accueil et de la boutique. Malgré les difficultés récurrentes de financement des
activités du potager, nous continuons à être fidèles au projet initial de ce jardin (et alors d’être
productifs et innovants) tout en essayant de préparer son futur durable.
L’ ‘Argenteuil’, le retour
par Christine Dufour, responsable des cultures légumières, Potager du roi
L’asperge sauvage originaire du pourtour
méditerranéen était l’objet de ceuillette en
Egypte et en Grèce anciennes. Dès le 1er siècle,
selon Pline l’Ancien, les Romains la
cultivaient. Et La Quintinie, créateur et premier
jardinier de Potager du roi à Versailles, mit au
point des techniques de culture permettant de
servir toute l’année des asperges à Louis XIV.
C’est vers 1805 que la culture en grand de
l’asperge (blanche) commença à Argenteuil
(95), une grande commune viticole en bordure
de la Seine en aval de Paris. Son extension est
due à l’invention de la méthode de « culture à
plat » : les touffes sont buttées au lieu d’être
cultivées en fosses. La variété dite
d’ « Argenteuil » a été sélectionnée vers 1865
par Lhérault et Lérault-Salbeuf.
Les fosses et les tuteurs pour la plantation
(avril 2007). Christine Dufour
2007). Christine Dufour
Ses turions, le nom exact des jeunes pousses que l’on consomme, qui sont plus précoces,
gros ou très gros et à bout rose, en firent une asperge de choix très estimée. Cette variété
est rapidement devenue très populaire en France et à l’étranger.
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Le Nashi n° 18
Depuis avril 2007, les visiteurs du Potager du roi peuvent découvrir dans le carré 2 du Grand
Carré, une jeune aspergeraie côtoyant les artichauts (plantation avril 2006). Nous avons
sélectionné deux variétés :
- ‘Argenteuil’, pour son caractère historique et ses qualités de culture ;
- ‘Emma’, variété très récente obtenue par l’entreprise Marionnet, précoce, uniforme et
vigoureuse.
La plantation a été faite dans des fosses de 30 cm de profondeur. Une petite butte de terreau et un
tuteur sont disposés tous les 50 cm. Après habillage (raccourcissement) des racines pour
permettre une meilleure reprise, les griffes (masse de racines charnues qui émet les turions)
sont bien étalées sur les buttes. Un tuteur est mis en place pour maintenir la plante la première
année, le temps qu’elle se fortifie. Les griffes sont recouvertes de 8 à 10 cm de terre et arrosées.
Des
fréquents
permettent
de désherber,
d’aérer
le sol
et dePostel
remettre le sol à plat.
Le binages
carré d’asperges
et d’artichaux
lors des
Lueurs (septembre
2007).
Jacques
La première récolte se fera en mai 2008, mais pour ne pas fatiguer les plantes cette récolte ne se
fera que pendant 15 jours et seulement sur les pieds les plus vigoureux. La vraie récolte
commencera au printemps 2009. Elle s’étalera sur 2 mois jusqu’au solstice d’été et pourra se faire
ainsi pendant environ huit ans.
Le carré d’asperges et d’artichaux lors des Lueurs (septembre 2007). Jacques Postel
Une histoire de la rocaille du Potager du roi
Texte et photos par Pierre Lemattre, Professeur émérite ENSH
L’enseignement de l’horticulture ornementale se développa à l’ENSH après la
Deuxième guerre mondiale avec la création de la chaire de Floriculture. C’est de cette
période, au début des années cinquante, que date la réorganisation et le développement des
collections ornementales limitées alors à un arboretum, un « jardin japonais », quelques
rangées de rhododendrons et de lilas.
Les travaux commencent en 1951 avec la création d’une collection d’arbustes
ornementaux dans le Jardin Duhamel du Monceau, la replantation partielle de l’arboretum,
la mise en place d’une plate bande de plantes vivaces au quatrième des onze et la création
d’un jardin de rocaille.
Une première rocaille est aménagée à l’emplacement de l’ancienne serre chaude
(entre la rampe et les serres actuelles), que l’absence d’entretien pendant la guerre avait
rendu inutilisable et irréparable. Le manque de crédits oblige alors à la réutilisation de
quelques conifères du jardin japonais (préalablement démonté) et de pierres calcaires
provenant de démolition, donnant à ce jardin un aspect uniforme.
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Le Nashi n° 18
Grâce à la fourniture de végétaux par le
Muséum national d’histoire naturelle et
quelques pépiniéristes, ce jardin est
planté d’un grand nombre de végétaux
rares. Mais les difficultés d’entretien et la
plantation malencontreuse d’Ægopodium
podagraria, plante rhizomateuse très
envahissante, font rapidement perdre tout
intérêt pédagogique et ornemental à ce
Première rocaille, automne 1955, deux ans après sa création, à
l’arrière-plan, le mur de l’ancienne serre chaude
jardin et en 1962, la décision de transférer la rocaille à l’emplacement actuel est prise (coin
nord-ouest du jardin Duhamel du Monceau).
Légèrement plus grande, mieux orientée, cette nouvelle rocaille est conçue comme une
petite vallée aux versants asymétriques accentuant l’impression de relief et offrant une grande
variété de zones de végétation différentes : tourbière, petite pièce d’eau, muret, dallage,
situations ensoleillées ou ombragées, terre de
bruyère… Des minéraux variés : calcaire,
schistes, quartzite… et un choix de végétaux
plus riche en variétés horticoles, confère à ce
jardin le caractère ornemental et pédagogique
recherché.
Côté est, printemps 1970
Vue d’ensemble, côté ouest, été 1970
Aujourd’hui, et depuis maintenant plus de quinze ans, la rocaille est cultivée par une
association de bénévoles.
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Le Nashi n° 18
Les Vergers retrouvés du Comminges (2)
par Elisabeth Journolleau
Depuis sa création en 1999, l’association « Les Vergers retrouvés
du Comminges » s’attache à répertorier les variétés anciennes de fruits
cultivés autrefois localement et à sensibiliser le grand public à cette
biodiversité. Depuis 2006, nous collaborons au projet de restitution d'un
verger avec l’Association du château Thèbe de Martres Tolosane
(ACTMT) qui possède des plans datés de 1787 et 1789.
Détail d’un des plans. ACTMT
Notre premier travail a été de déchiffrer ces plans,
agrémentés de nombreuses ratures et commentaires,
puis de déterminer les fruits mentionnés. La
disposition des arbres (le long de murs ou en carrés)
et le choix des variétés (en majorité des poiriers et
pêchers, décrits par Duhamel du Monceau et
présents dans le catalogue de la pépinière des
Chartreux) n'ont rien à voir avec les vergers
traditionnels que nous connaissons. Il semble que le
seigneur de l'époque suivait la mode et entretenait
des rapports avec d'autres châtelains et des
pépiniéristes d'Île-de-France pour s'approvisionner.
Nous avons commencé notre quête d'arbres pour
reconstituer le verger. Les premiers poiriers ont été
greffés au printemps dernier, et si nous avons des
pistes pour un certain nombre d'autres poiriers et
pêchers, il reste encore quelques variétés à dépister...
reconstituer le verger.
Pour aider au financement et assurer
la pérénnité du verger, nous proposons un
parrainage des arbres. Chaque parrain
recevra l'année suivante un exemplaire
d'une variété replantée et deviendra
« réserve » de greffons.
Dans le cadre de ce projet, nous sommes à
la recherche de toute documentation,
collaboration, conseil.... et sommes très
heureux des liens qui se tissent avec le
Potager du roi.
Détail d’un des plans. ACTMT
Pour contacter « Les vergers retrouvés du Comminges » : [email protected]
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Le Nashi n° 18
Le 4 septembre 2007 – 5 tonnes de ‘Comice’ : une demie-journée de
cueillette réussie !
L’année à été précoce et fin août les poires ‘Doyenné du Comice’ menaçaient
d’achever leur maturité sur l’arbre et non pas au fruitier-frigo. Informé de cette situation, le
directeur Bernard Welcomme a invité le personnel de l’ENSP à une matinée de cueillette le 4
septembre. Les résultats ont été à la hauteur : 5 tonnes de poires récoltées en 3 heures et une
très bonne ambiance. Le Potager du roi est un jardin dans une école et l’ENSP bien une école
dans un jardin.
Photos : A. Jacobsohn
Bulletin assemblé et composé par Antoine Jacobsohn et Geneviève Gnana.
Merci de contacter [email protected] pour toute contribution.
Retrouvez les précédents numéros sur le site du Potager du roi : www.potager-du-roi.fr
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