Médicaments à l`AP-HP: Une progression
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Médicaments à l`AP-HP: Une progression
Médicaments à l’AP-HP ELISABETH AOUN, DIRECTRICE DES ACHATS DE L’AGEPS, N’EST PAS PHARMACIENNE DE FORMATION. UNE EXCEPTION… Une progression difficile à contenir Centrale d’achat des hôpitaux de l’AP-HP, l’AGEPS1 gère des volumes importants et fait jouer la concurrence dès que la possibilité se présente. L’arrivée de nouvelles molécules coûteuses limite ses capacités de négociation. L es achats des hôpitaux de l’AP-HP sont regroupés au sein de l’AGEPS, qui dispose pour cela de deux grandes procédures. L’appel d’offre (AO), en DCI, est utilisé chaque fois que la substitution – qui repose sur les avis médicaux de la Comédims2 – existe. Pour les autres molécules, l’AGEPS recourt à des marchés négociés sans concurrence. La fréquence des AO est variable : deux ans pour les produits stabilisés, moins (un an) sur les marchés négociés, surtout si de nouveaux produits sont susceptibles d’arriver. La veille est donc permanente. A l’AGEPS, comme le souligne Elisabeth Aoun, directrice des achats, « les conditionnements unitaires, même s’ils sont plus coûteux, sont systématiquement privilégiés », sécurité oblige. Les hôpitaux et les comités des médicaments sont associés à la définition des lots puis au classement qualitatif des offres. Le médicament le mieux classé en rapport qualité-prix sur un lot sera acheté par le service approvisionnement de Nanterre, qui assurera la distribution aux hôpitaux de l’AP-HP. L’AGEPS en bref • Ses missions : évaluation et achat des produits de santé ; approvisionnement et distribution des médicaments et de certains dispositifs médicaux (plus de 200 fournisseurs, 4 200 références, dont plus de 3 000 médicaments, stock moyen de 14 jours) ; participation à la mise en œuvre des essais cliniques de l’institution ; R&D, fabrication et contrôle de la mise sur le marché de médicaments orphelins. • Achats : en 2007, 10 procédures d’AO sur les médicaments, correspondant à 460 lots et 125 marchés. 166 marchés négociés. • Dépenses de médicaments : 673 millions d’euros en 2008 (dont 42 % en rétrocession), en hausse de 10,5 % : + 12,7 % en hospitalisation, + 7,7 % en rétrocession. Les médicaments hors GHS progressent de 20,2 %, ceux inclus dans les GHS de 1,1 %. • Principaux projets : 1) Informatique : déploiement démarré début 2009 du logiciel SAP, appelé à remplacer, en 2012, les 250 logiciels existants au sein de l’AP-HP. Allant de la passation des marchés au règlement des fournisseurs, il permettra de connaître en temps réel les commandes et consommations des hôpitaux. 2) Logistique : projet d’élargissement et de modernisation de la plate-forme de Nanterre. 56 PHARMACEUTIQUES - AVRIL 2009 Bientôt des biosimilaires ? Pour les produits hors groupement homogène de séjour (GHS), qui représentent environ 60 % de la dépense hospitalière (hors rétrocession), l’AGEPS ne dispose que d’une faible marge de négociation : un prix plafond est en effet fixé par le CEPS et les labos rechignent à renégocier, de crainte de se voir appliquer un nouvel ajustement de prix par le comité. D’où une baisse de prix moyenne de 5 % seulement. Une situation que regrette la directrice des achats, qui s’interroge sur la pertinence de faire des marchés, procédure lourde s’il en est, en présence d’un seul fournisseur et en l’absence de possibilité réelle de négociation… Les génériques, ou assimilés, sont largement utilisés à l’AP-HP, même si Elisabeth Aoun souligne une particularité du marché hospitalier, où un générique peut être plus cher qu’un princeps… Ainsi, avant l’arrivée des génériques en ville, les laboratoires fournissaient gratuitement le paracétamol aux hôpitaux. Une situation qui n’a pas perduré avec la baisse des ventes en ville… Au bout du compte, l’arrivée de génériques sur des produits coûteux permet cependant à l’hôpital de tirer son épingle du jeu. Les biosimilaires ne sont pas encore présents à l’AP-HP : une réflexion avec les prescripteurs est en cours, la question étant de trancher sur la substituabilité de ces produits, aux effets potentiellement différents du princeps. Si la décision est prise en leur faveur, des biosimilaires (d’EPO et de facteurs de croissance) pourraient apparaître sur les AO de septembre 2009. Elisabeth Aoun, en poste depuis dix ans, insiste sur l’aspect passionnant du métier d’acheteur et l’importance du travail en équipe, avec des professionnels dotés de profils complémentaires. Pour elle, fermeté et transparence sont indispensables, afin d’assurer des relations « bonnes mais cadrées » avec les industriels. ■ Valérie Moulle (1) Agence générale des équipements et produits de santé – AGEPS. (2) Commission des médicaments et des dispositifs médicaux stériles – Comédims. A noter que la loi HPST prévoit leur suppression. DR Dossier Hôpital