Riffs Hifi 27.10.2012
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SAMEDI 27 OCTOBRE 2012 LE JOURNAL DU JURA RIFFS HIFI 31 MARILLION Brin de causette avec le chanteur-parolier Steve Hogarth Le prix de l’indépendance LITTLE BOB Après le rock and roll, les Blues Bastards Selon la légende, le petit Robert Piazza, qui réclamait avec impatience la première croûte des Stones à son disquaire préféré en 1966, s’était fait aiguiller par la vendeuse vers un certain Howling Wolf. Devenu Little Bob, l’une des plus belles voix du rock français, il n’a pourtant pas oublié la leçon. A tel point que le little big man du Havre a fondé en 2010 un gang parallèle, Little Bob Blues Bastards. Sur un premier CD tout frais («Break down the walls», distribution Disques Office), le rocker au long cours honore ainsi les pionniers que sont Willie Dixon, Howling Wolf – forcément –, Don van Vliet (plus connu sous le nom de Captain Beefheart) et autres créateurs très roots. Décidément fort inspiré, il propose même quelques compos personnelles dans le plus pur style american blues. Forcément, faut aimer le genre. Mais la voix reste sublime. Presque surnaturelle. W PABR THE PINEAPPLE THIEF A la recherche du grand public «Sounds that can’t be made» a provoqué «des réactions incroyables chez les fans», dixit Steve Hogarth (2e depuis la droite). LDD PROPOS RECUEILLIS PAR LAURENT KLEISL Sur le marché de la musique, l’indépendance a un prix. Depuis une quinzaine d’années, Marillion l’a achetée en s’appuyant sur ses fans et son site internet. En quittant l’avant-scène – la «mainstream» – et le joug des maisons de disques, le quintette anglais est entré en clandestinité. Se gaussant des modes, Marillion évolue dans un monde à part, celui de la liberté créative, à des années-lumière du groupe qui a écoulé 15 millions de disques en carrière. Livré début octobre, «Sounds that can’t be made», son 17e album, en est la dernière et magnifique preuve. Pour le raconter, Le JdJ a pris langue avec Steve Hogarth, chanteur et parolier qui a succédé à Fish, le barde écossais, en 1989. Steve Hogarth, entre tournées et projets parallèles, l’enregistrement de «Sounds» s’est fait sur la durée... Nous avons passé beaucoup de temps sur cet album, peut-être une année et demie. On bossait un mois par-ci, deux mois par-là. C’est un long processus qui, une fois terminé, obstrue la vision d’ensemble. Pour savoir si le disque estbon,onaattendulesréactionsdupublic,et elles sont incroyables. C’est la meilleure réponse depuis que j’ai rejoint le groupe! Alors que Marillion possède son propre studio, le Racket Club, pourquoi avoir transité par les fameux Real World Studios de Peter Gabriel? Nous y sommes allés deux fois une semaine. On avait besoin de changer de décor, de se retrouver juste le groupe, loin du quotidien. Nous sommes de vieux types (réd: il a 53 ans), nous avons nos familles. Je dois partir pour aller chercher mon gosse à l’école ou parce que le chat est chez le dentiste, il y a toujours quelque chose... Le Racket Club, parfois, c’est comme le bureau. On a cassé cette routine pour se concentrer sur la musique. En une semaine à Real World, on en faisait davantage qu’en un mois au Racket Club! C’était très intense, comme si on avait découvert une nouvelle source d’énergie. Le processus d’écriture de l’album que vous avez sorti en début d’année avec Richard Barbieri, clavier de Porcupine Tree, est très différent... Richard m’a «mailé» des pièces finies en format MP3. J’ai absorbé son voyage musical et j’y ai posé mes mots et ma voix avant de lui renvoyer le tout. En fait, on s’est surtout échangé des fichiers! Un processus envisageable avec Marillion? Non, car nous écrivons en nous basant sur nos jams. Nous sommes les cinq dans une pièce et nous nous laissons guider. Cela peut prendre plusieurs mois avant d’aboutir sur quelque chose de concret. «Sounds» contient deux longues fresques, dont «Gaza» et ses 17 minutes. Un sujet plutôt sensible qui a nécessité une explication de texte intégrée à la pochette du disque... Je voulais être sûr que tout le monde me comprend, clarifier ma pensée afin de ne fâcher personne. Mes paroles ne sont pas une prise de position politique, je ne défends pas une religion contre une autre. Je parle de condition humaine, de la vie d’un enfant à Gaza. Et il y a le magnifique «Montréal», épopée de 14 minutes dans la ville des Glorieux... Chaque fois que nous avons joué à Montréal, les vibrations ont été exceptionnelles, un accueil unique. Je n’ai jamais ressenti ce genre d’émotions dans une autre ville ou un autre pays. C’est pourquoi nous avons organisé nos trois dernières conventions nordaméricaines à Montréal. A l’inverse, aux Etats-Unis, on fait tout pour vous dissuader de venir! Pendant nos tournées, je tiens un carnet de route. Je le fais depuis des années. J’ai retrouvé des notes sur nos visites à Montréal. C’est la base de cette chanson. sions et, surtout, que l’avenir était dans internet. Cela a ouvert une porte de nos esprits. Marillion fait même figure de pionnier en matière d’utilisation d’internet! Nous sommes devenus le premier groupe anglais à avoir un vrai site, puis à organiser des précommandes de nos disques alors qu’aucune note n’était écrite. Les fans paient (réd: pour des versions de luxe un peu plus onéreuses) pour un album qui n’existera qu’une année plus tard! Nous n’avons plus besoin de maison de disques, car nous avons trouvé le chemin pour financer nous-mêmes nos productions. Les labels arrivent en bout de course, uniquement pour la distribution. Vous avez utilisé le système des préventes pour «Anorkanophobia» (2001), «Marbles» (2004), «Happiness is the road» (2008) et «Sounds», mais pas pour Somewhere else» (2007). Pourquoi? Pour tous ces albums, nous avons atteint les 12 000 précommandes, et même 18 000 pour «Marbles» (réd: un album de Marillion s’écoule environ à 100 000 exemplaires). Pour «Somewhere Else», nous n’avions pas besoin d’argent pour financer l’enregistrement. Cela a provoqué un grand débat dans le groupe. Nos fans étaient impliqués dans les deux disques précédents, mais nous ne voulions pas passer pour des musiciens qui exploitent leur passion. A notre grande surprise, nous avons reçu des e-mails de fans fâchés qui se sentaient trahis de ne pas pouvoir participer au projet! Marillion s’appuie sur des fans particulièrement fervents, et pas seulement à Montréal. Pourtant, on est loin du groupe «mainstream» qui écoulait des millions de disques jusqu’au début des années 90. Entre «mainstream» et Comment imaginez-vous l’avenir du groupe culte, que choisissez-vous? (rires) Dans le groupe, nous n’avons jamais marché de la musique? Les gens achètent de moins en moins de vraiment senti de différence car chaque album représente une évolution naturelle et CD. Le business et la technologie changent graduelle de notre musique. Notre raison tellement vite... J’ai l’impression que l’on est d’être est d’expérimenter de nouvelles choses à la frontière du Far West et qu’on n’a aucune sans aucune contrainte et de voir où cela idée de ce qu’on trouvera plus loin. En partant nous mène. Nous avons toujours écrit pour de rien, chacun cherche à s’accaparer du ternous, sans impératifs commerciaux «mains- rain. Pour les personnes qui détiennent des tream». Ça, cela n’a pas changé. Ce qui a droits d’auteur et pour les artistes qui eschangé, c’est notre prise de conscience de la saient de vivre de leur musique, la question puissance d’internet. Grâce à la Toile, nous est de savoir comment être rémunérés... W nous sommes rapprochés de nos fans au point de former une grande famille liée par INFO Marillion, «Sounds that can’t be made» un lien presque spirituel. Le 17e album du groupe anglais est une perle, un + Cette prise de conscience date-t-elle de 1997, quand vos fans ont eux-mêmes financé votre tournée américaine? Au début, on avait juste entendu parler d’un gars qui avait ouvert un compte et qui, par le biais d’internet, invitait les fans à réunir suffisamment d’argent pour nous faire traverser l’Atlantique. En définitive, il a récolté 60 000 dollars! Cette campagne nous a marqués. Nous avons constaté que nos fans étaient beaucoup plus passionnés que nous le pen- gisement sans fin d’émotions, le best of d’une décennie d’évolution et de liberté musicale. Les péplums «Gaza» et «Montréal», deux suites sans couplet ni refrain, invitent au voyage. Le sombre «Power», le touchant «The sky above the rain» et le joyeux morceau titre sont survolés par l’angélique organe vocal de Steve Hogarth. Seul un «Poor my love» un peu niais ne trouve pas sa place dans cette œuvre si riche, si dense. «Sounds», s’il n’amène rien musicalement de novateur, est noyé dans les pleurs superbes et mélancoliques de la guitare de Steve Rothery. Les fans de rock émotionnel mâtiné de progressif en apprécieront la sincérité. www.marillion.com Avec «All the wars», sa dernière livraison, The Pineapple Thief se lance dans l’accessibilité. Les qualités de mélodiste torturé du chanteurguitariste-compositeur Bruce Soord n’étant plus à prouver, le grand public est la cible évidente du 9e album studio du groupe londonien. Du rock mélancolique, des guitares qui grattent, des chansons au format plus ramassé au calibrage FM – au cas où –, The Pineapple Thief tente sa chance dans un créneau qu’il avait déjà exploré, mais jamais avec autant d’honnêteté. Malgré cette approche plus commerciale, «All the Wars» forme un ensemble cohérent. Et c’est peutêtre sa grande faiblesse. Profitant de la puissance du label Kscoop, Bruce Soord s’est offert l’appui d’un orchestre à cordes praguois de 22 musiciens. Le hic, c’est qu’il a un peu trop amorti l’investissement, le Bruce. Trop de cordes tuent la corde! Parfois noyées dans des mares de violons et autres accessoires, les excellentes compos de l’opus perdent en immédiateté ce qu’elles gagnent peut-être en harmonie. «All the wars», qui véhicule la tristesse enivrante inhérente au groupe, n’en reste pas moins un produit de qualité. Toutefois, «Someone here is missing» (2010) et surtout «Tighly Unwound» (2008), les deux premières livraisons des Anglais chez Kscoop, lui sont supérieurs. Il ne saurait d’ailleurs en être autrement. Difficile de surpasser l’excellence... W LK JON LORD R.I.P avec orchestre Le 16 juillet dernier, Jon Lord nous quittait à l’âge de 71 ans des suites d’un cancer du pancréas. Le légendaire clavier de Deep Purple laisse derrière lui un ultime album, sorti ce mois à titre postum. Escorté notamment de Bruce Dickinson (Iron Maiden), Joe Bonamassa (Black Country Communion) et Steve Morse (Deep Purple), Jon Lord a réenregistré peu avant sa mort le fameux «Concerto for group and orchestra», initialement sorti en 1969. Les adeptes du croisement entre rock seventies et musique classique peuvent saliver, cette interprétation dépoussiérée ressuscite la magie de l’original. LA PLAYLIST... du vestiaire du HC Bienne par DJ Marc Grieder PSY Gangnam Style (2012) Gangnam Style! Le titre du moment dans le vestiaire du HC Bienne, et celui aussi qui résonne invariablement en cas de victoire. La chanson du chanteur sud-coréen Psy fait le buzz sur le net avec plus de 530 millions (!) de vues sur youtube sans que l’on ne sache trop pourquoi. Ah si, peut-être pour son rythme et sa chorégraphie accrocheurs. Le «Gangnam Style» fait référence au style de vie du quartier le plus riche de Séoul en Corée du Sud... PAUL KALKBRENNER Aron (2008) Le titre parfait à écouter dans l’intimité du vestiaire avant un entraînement. Style «Lounge», un bon beat, bref, de quoi se relaxer quelques instants avant l’effort tout en se remémorant ses dernières vacances dans une station balnéaire branchée. Paul Kalkbrenner, un producteur et DJ allemand de musique électronique né à Leipzig il y a 35 ans, fait un carton notamment en Allemagne où son dernier album «Icke Wieder» sorti en juin 2011 est certifié disque d’or. AC/DC Hells Bells (1980) Le morceau culte que les hockeyeurs du HC Bienne écoutent quelques instants avant d’entrer dans l’arène. Treize coups de cloche avant de franchir la porte du vestiaire et de s’en aller défier l’équipe adverse. Grand classique du groupe, «Hells Bells» marquera le début de tous les concerts du groupe AC/DC entre 1981 et 1982. C’est aussi l’un des morceaux les plus populaires de tous les temps, dans tous les vestiaires de hockey, toutes nations confondues. Hells Bells! FEDERICO SCAVO Para nao dizer que nao (2012) Un titre house pour détendre l’athmosphère après l’effort. Federico Scavo est un DJ italien qui collectionne les hits sur tous les dancefloors de la planète en mariant astucieusement musique électronique et instruments tels que la trompette et les cuivres. A écouter sans modération, même dans un vestiaire de gladiateurs. W CYP