EVOLUTION CONSTANTE DE LA SECURITE A LA FRONTIERE
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EVOLUTION CONSTANTE DE LA SECURITE A LA FRONTIERE
PC 201 PC 14 F rév. 1 fin. Original : anglais Assemblée parlementaire de l’OTAN COMMISSION POLITIQUE EVOLUTION CONSTANTE DE LA SECURITE A LA FRONTIERE SUD-EST DE L’OTAN : CONSEQUENCES SUR LA COOPERATION TRANSATLANTIQUE RAPPORT Ojars Eriks KALNINS (Lettonie) Rapporteur général www.nato-pa.int 22 novembre 2014 201 PC 14 F rév. 1 fin. TABLE DES MATIERES I. INTRODUCTION : L’IMPORTANCE DES REGIONS DU LEVANT ET DU GOLFE ............... 1 II. LA SYRIE : UN DILEMME SANS FIN POUR LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE ......... 2 III. L’IRAQ : UN ETAT FRAGILE SOUS PRESSION................................................................... 5 IV. LE ROLE DE L’IRAN DANS LA SECURITE REGIONALE ..................................................... 8 V. L’EVOLUTION DU PAYSAGE SECURITAIRE A LA FRONTIERE SUD-EST DE L’OTAN : LES IMPLICATIONS POUR LA SECURITE EURO-ATLANTIQUE....................... 11 VI. CONCLUSIONS .................................................................................................................. 13 BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................................. 14 i 201 PC 14 F rév. 1 fin. I. INTRODUCTION : L’IMPORTANCE DES REGIONS DU LEVANT ET DU GOLFE 1. La sécurité et la stabilité dans les régions du Golfe et du Proche-Orient présentent une utilité stratégique pour les membres de l’OTAN. L’abondance des réserves de gaz et de pétrole du Golfe en fait une région capitale pour l’économie mondiale. De surcroît, les voies navigables autour du golfe Persique – en particulier le détroit d’Ormuz – sont parmi les plus fréquentées du monde, et jouent donc un rôle central dans le transport maritime international. La sécurité et la stabilité dans le Golfe présentent par conséquent un intérêt vital, à la fois pour la communauté internationale et pour les pays membres de l’OTAN. L’émergence d’une crise sécuritaire grave ou d’un conflit militaire aurait donc des effets non seulement sur la région, mais aussi à l’échelle mondiale. De la même manière, la situation dans la région du Levant – en particulier le conflit israélo-palestinien – figure depuis plusieurs décennies parmi les principales préoccupations sécuritaires mondiales. Par ailleurs, du fait de la proximité géographique des pays de cette région avec l’Europe, les problèmes d’instabilité et de gouvernance qu’ils rencontrent peuvent générer d’importants défis sécuritaires pour l’Alliance. 2. Les régions du Proche-Orient et du Golfe subissent les effets des profondes transformations provoquées par le Printemps arabe. Les bouleversements suscités par la nouvelle vague de révolutions arabes ont profondément modifié la situation sociopolitique de l’ensemble de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MOAN). Les problèmes de gouvernance et d’intégration sociale qui règnent dans les pays en proie à un autoritarisme politique, à des difficultés économiques et à des tensions sectaires resteront des défis importants pour les années à venir. La flambée des violences et de conflits internes de grande ampleur dans l’ensemble du Proche-Orient entraînera une urgence humanitaire prolongée et des menaces d’instabilité à long terme. Enfin, la menace persistante du terrorisme se trouve accentuée par la multiplication, la diversification idéologique et la dissémination géographique des groupes extrémistes et des mouvements djihadistes dans toute la région MOAN. Tous ces éléments, qui s’entretiennent mutuellement, représentent d’importants défis que la communauté internationale se doit de relever. 3. Les crises syrienne et iraquienne se caractérisent par un engrenage sans fin de la violence, des violations massives des droits humains et une montée de l’extrémisme armé. Bien que leurs causes profondes soient différentes, ces deux crises sont étroitement liées. L’évolution des conflits et la façon dont ils prendront fin détermineront non seulement l’avenir de la Syrie et de l’Iraq en tant qu’Etats-nations, mais aussi l’équilibre géopolitique au Proche-Orient ainsi que la situation générale en matière de sécurité et de stabilité dans l’ensemble du Moyen-Orient et de l’Europe. La dégradation de la situation sécuritaire pose problème pour la réussite des initiatives mondiales de lutte antiterroriste. L’Iran joue un rôle clé dans le déroulement des événements actuels et au regard de la situation générale en matière de sécurité dans les régions du Golfe et du Proche-Orient. Les choix politiques du pays – notamment son soutien au régime d’al-Assad, son influence en Iraq, son programme nucléaire, le renforcement de sa puissance militaire et son soutien à des groupes considérés par de nombreux pays comme des organisations terroristes – sont perçus comme des menaces par ses voisins et par les membres de l’Alliance. D’un autre côté, l’Iran possède des intérêts communs avec ses voisins arabes et les Etats membres de l’OTAN, et doit faire face aux mêmes menaces. L’Iran est donc considéré à la fois comme le responsable de certains des défis sécuritaires de la région, et comme une partie de la solution pour créer une stabilité et une sécurité durables dans les régions du Golfe et du Levant. Le présent rapport passe en revue les principaux points de la crise sécuritaire dans la région ainsi que l’ensemble des questions qu’elle suscite, avant d’émettre des avis sur le rôle que pourrait jouer l’OTAN dans le règlement de ces problèmes. 1 201 PC 14 F rév. 1 fin. II. LA SYRIE : UN DILEMME SANS FIN POUR LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE 4. La recherche d’une solution à la crise syrienne représente depuis trois ans un défi redoutable pour la communauté internationale. Début 2014, le conflit semblait s’enliser dans une impasse sans fin, avec peu d’espoir de trouver une solution – que ce soit politique ou militaire – entre les parties syriennes. La diplomatie régionale et internationale s’est heurtée à d’énormes obstacles. Le soutien diplomatique fourni par la Russie et l’Iran a essentiellement protégé le régime syrien contre toute pression diplomatique coercitive. En début d’année, les regards du monde entier se sont tournés vers l’Ukraine, où la crise a suscité un climat de tension extrême entre les Etats membres de l’OTAN et la Russie ; et a ainsi concentré l’attention du monde sur l’Europe de l’Est. A l’automne, cependant, les événements ont de nouveau placé la Syrie et la guerre civile qui y fait rage sous les feux de l’actualité internationale. 5. Les négociations engagées sur la scène internationale risquaient fort de produire des effets contraires à ceux attendus, du fait du décalage croissant entre l’opposition politique syrienne – la plupart du temps exilée et reconnue par l’Occident - et les combattants sur le terrain. L’opposition politique a en effet perdu une part importante de crédibilité en acceptant des pourparlers après que le compromis américano-russe conclu en septembre 2013 ait permis au régime d’al-Assad d’échapper à la menace de frappes aériennes (suite à son utilisation d’armes chimiques à l’encontre de la population civile). Les espoirs d’un règlement politique du conflit ont de nouveau été réduits à néant début 2014, après qu’une nouvelle série de négociations diplomatiques infructueuses à Genève ait été éclipsée par la détermination du régime syrien à organiser des élections présidentielles. Le médiateur des Nations unies et de la Ligue arabe, Lakhdar Brahimi, a indiqué clairement que de telles élections étaient une insulte aux efforts déployés pour résoudre la crise. Cela n’a pas empêché au provocateur al-Assad d’organiser des élections dans les régions contrôlées par le parti au pouvoir, en prenant soin d’évincer toute opposition digne de ce nom dans un pays ravagé par la guerre, divisé et connaissant la pire crise humanitaire au monde. 6. Le régime syrien ne s’est pas départi de sa stratégie, qui consiste à présenter l’opposition comme une bande de « terroristes » assoiffés de sang, niant ainsi toute légitimité à ce qui était au départ un mouvement populaire et pacifique, et refusant toute prise en considération de ses exigences. Le président al-Assad continue de rejeter en bloc toute solution politique impliquant un compromis avec l’opposition. Le régime est d’ailleurs passé de la théorie à la réalité en ciblant son action militaire sur les rebelles modérés et en laissant au contraire les éléments les plus radicaux (l’Etat islamique d’Iraq et de Syrie, ou EIIS) gagner du terrain dans le pays. La violence du régime (notamment l’utilisation de barils d’explosifs, les attaques répétées aux armes chimiques [y compris avec du chlore gazeux après que la plus grosse partie des stocks syriens de substances chimiques interdites ait quitté le pays] et la technique de l’assiègement) a infligé un tribut particulièrement lourd aux populations civiles des zones contrôlées par les rebelles. Il en résulte que pour les groupes d’opposition armés, qui considèrent le régime comme l’instigateur du conflit et le principal responsable de la plongée du pays dans la violence et le chaos, le départ d’al-Assad est une condition non négociable. En fait, la virulence de l’opposition à al-Assad est le seul facteur commun entre les rebelles (à l’exclusion d’EIIS), dont le champ des idéologies et des objectifs est large et mouvant. La guerre en Syrie est menée avant tout sur la base de considérations locales. Par conséquent, toute explication du conflit par des motifs purement religieux (l’opposition entre les sunnites et les non sunnites) serait extrêmement réductrice. 7. Pendant ce temps, malgré les efforts soutenus déployés par les divers mouvements rebelles syriens pour lutter contre une force d’agression – perçue comme un obstacle à la lutte plus globale contre le régime –, les dissidents d’al-Qaida (successivement nommés puis renommés EII, EIIS et EI) ont réussi à étendre leur contrôle sur une large bande du nord et de l’est du pays, peu densément peuplée. En juin 2014, la progression rapide en Iraq du plus radical – et peut-être aussi du plus efficace – des groupes armés opérant en Syrie a mis au jour les dangers que représente le conflit syrien pour la stabilité régionale et internationale. La puissance opérationnelle d’EIIS a mis 2 201 PC 14 F rév. 1 fin. en évidence le risque que la Syrie ne devienne progressivement un refuge sans précédent pour les partisans d’un islam radical, allant des salafistes aux djihadistes. EIIS est devenu un pôle d’attraction pour les combattants étrangers désireux de participer au « djihad », et une base nationale pour un « califat » autoproclamé qui possède ses propres sources de financement et est avide de territoires. 8. L’ascension rapide d’EIIS est due principalement au fait que l’armée syrienne n’a pas fait grand-chose pour contrôler son expansion. Le régime d’al-Assad n’était que trop disposé à négliger les lignes de front éloignées des zones côtières et de la capitale qu’il considère au contraire comme étant vitales. De son côté, l’opposition modérée, en proie à des divisions, luttait tout simplement pour sa survie car manquant de ressources pour lutter efficacement contre plusieurs types d’ennemis répartis sur diverses lignes de front. Cette situation a entraîné le renforcement des forces d’opposition djihadistes – aux dépens de l’opposition modérée – et a permis au régime syrien d’ajouter foi à sa rhétorique selon laquelle l’opposition ne serait constituée que de terroristes et de gangsters (discours qui est usité depuis le tout début des soulèvements). Pour comble de cynisme, les autorités syriennes ont libéré des centaines de djihadistes radicaux (dont un grand nombre avaient combattu en Iraq aux côtés d’al-Qaida il y a quelques années) de la tristement célèbre prison de Sednaya, près de Damas, puis ont laissé ces extrémistes aguerris se regrouper progressivement et former de nouveaux réseaux, qui allaient plus tard s’unir au sein d’un groupe affilié à al-Qaida, puis rompre avec ce mouvement en créant EIIS. 9. L’ascension d’EIIS atteste également du dilemme dans lequel se trouvent les puissances occidentales et la majorité de la communauté internationale depuis le début de la crise. Bien que les membres de l’OTAN aient vivement critiqué le régime d’al-Assad pour la répression brutale de son peuple, leur crainte était que le renforcement de leur aide militaire aux rebelles ne bénéfice aux islamistes radicaux et aux groupes affiliés à al-Qaida. Le soutien occidental à l’opposition armée est donc resté extrêmement limité, ce qui a eu pour conséquence de priver de ressources le courant majoritaire de l’opposition (qui n’a pas de parti pris idéologique ou est d’obédience religieuse modérée) ainsi que de nombreux autres groupes. Parmi ces groupes, certains affichent explicitement un programme politique islamisant, mais leur but commun est de renverser le régime, et leurs aspirations pour l’avenir se limitent au territoire syrien. Cela veut donc dire que l’opposition modérée syrienne se bat contre deux ennemis : d’une part, le groupe EIIS, formé sur la base d’une idéologie et à l’expansionnisme offensif ; et d’autre part, le régime syrien et les diverses milices locales et étrangères qui lui font allégeance. 10. La division et l’inertie dont fait preuve la communauté internationale dans le traitement de la crise syrienne favorisent l’enlisement, tandis que les politiques de substitution menées par les acteurs étrangers plongent le pays encore plus profondément dans le chaos. Pour les Alliés, l’engagement dans un conflit complexe aux imbrications nationales et régionales est particulièrement risqué. Le status quo dans lequel se trouvent les acteurs syriens est exacerbé par la rude concurrence que se livrent les acteurs extérieurs. Le régime syrien bénéficie d’un soutien décisif (sur le plan diplomatique, financier et militaire) de la part de l’Iran, de la Russie et du Hezbollah libanais. L’Iran semble jusqu’ici avoir considéré que la survie du régime d’al-Assad présentait un intérêt stratégique., Le fait que la Syrie soit un Etat-client de Téhéran représente un lien vital pour le Hezbollah libanais, et donc une pièce maîtresse dans « l’axe de résistance » ; le Hezbollah est lui-même devenu un combattant de premier plan dans le camp Assad. 11. L’affrontement principalement régional qui se déroule sur le territoire syrien est peut-être encore plus complexe qu’il n’y paraît, opposant l’Iran et ses divers alliés en Syrie (dont le Hezbollah et un certain nombre de milices chiites iraquiennes) aux Etats sunnites de la région qui soutiennent toute une série de groupes d’opposition. On notera que les Etats du Golfe ont pour ambition d’empêcher l’Iran d’étendre plus avant son influence dans la région (influence perceptible à des degrés divers au Liban et en Iraq également) tout en promouvant leurs propres intérêts, souvent divergents. L’Arabie saoudite et le Qatar sont par exemple en désaccord : tandis que la 3 201 PC 14 F rév. 1 fin. première a pour objectif de saper l’influence des groupes placés sous la coupe des Frères musulmans, le second s’est détourné du soutien qu’il apportait aux forces djihadistes, cédant vraisemblablement à la pression des Américains et des Saoudiens. De son côté, la Turquie – qui a pourtant indiqué qu’elle était formellement opposée à la création d’une entité kurde autonome au nord de la Syrie – a dès le début soutenu l’opposition syrienne et accueilli ses représentants sur son territoire. Ces pressions externes contradictoires ont finalement créé un jeu à somme nulle qui entretient le statu quo en Syrie. 12. Tandis que la crise se prolongeait et que les événements en Ukraine faisaient se tourner les regards du monde entier vers l’Europe de l’Est, la progression rapide d’EIIS en Iraq – et en particulier la chute de Mossoul, l’une des plus grandes villes iraquiennes – a recentré l’attention de la communauté internationale sur la Syrie, aucune stratégie de mise en échec d’EIIS ne pouvant réussir sans un règlement de la crise syrienne. Bénéficiant de la négligence – voire du soutien indirect – du régime d’al-Assad, le groupe EIIS a, contrairement à ce qui s’est passé en Iraq, consolidé son emprise sur le territoire syrien. Son avancée rapide a eu un effet galvanisant sur les puissances étrangères (notamment régionales), qui y voient une menace grandissante pour la sécurité, non seulement régionale mais aussi internationale. Les pays membres de l’OTAN ont donc été de nouveau conduits, sous l’impulsion des Etats-Unis, à engager une opération militaire dans la région, d’abord en ciblant les positions d’EIIS en Iraq puis en effectuant des frappes sur ce groupe ainsi que sur Jabhat al-Nosra – un groupe affilié à al-Qaida – en Syrie. A la date de rédaction du présent rapport, les Etats-Unis préparaient également une initiative d’un montant de 500 millions de dollars pour accroître le soutien et la formation des rebelles syriens modérés, signe implicite de la reconnaissance de l’imbrication complexe entre EIIS et le conflit syrien, et de la difficulté à dissocier les deux aspects. Avec ce projet, l’objectif des Américains est de former et d’armer 5 000 combattants sur une base en Arabie saoudite. Le chef de l’état-major des armées des Etats-Unis, le général Martin E. Dempsey, a toutefois averti que la mise en échec d’EIIS nécessiterait une force de 12 000 à 15 000 soldats du côté des rebelles syriens modérés, soit trois fois plus que la force que les Etats-Unis prévoient actuellement de former. Dans la mesure où il faudra plusieurs mois avant que le moindre de ces combattants ne puisse être déployé, les frappes aériennes sont aujourd’hui le principal moyen dont dispose la coalition dirigée par les Américains – et à laquelle participent des puissances régionales (Arabie saoudite, Emirats arabes unis, Jordanie, Bahreïn et Qatar) – pour lutter contre EIIS. 13. Bien qu’il ait clairement annoncé l’intention des Etats-Unis de mettre en œuvre une stratégie globale pour « affaiblir et vaincre EIIS » (et pas simplement pour stopper sa progression), le président Obama a exclu tout déploiement de troupes américaines au sol pour lutter contre l’organisation terroriste. A la fin septembre 2014, l’administration américaine ne rejetait pas la possibilité d’établir une zone d’exclusion aérienne sur le nord-est de la Syrie, tandis que le gouvernement turc préconisait depuis quelque temps la mise en place d’une zone tampon. Les frappes aériennes conduites par les Etats-Unis ont également touché le groupe syrien Jabhat al-Nosra, affilié à al-Qaida, et les Américains ont annoncé qu’ils ciblaient également le groupe Khorasan, une cellule d’al-Qaida active en Syrie depuis l’an dernier. A la date de rédaction du présent rapport, on savait peu de choses sur cette cellule, qui semble être composée d’anciens combattants d’al-Qaida provenant de la région Afghanistan-Pakistan-Iran (Khorasan est le nom d’une province de l’empire sassanide), qui ont été envoyés en Syrie pour y soutenir les opérations d’al-Qaida. Selon l’agence du renseignement américain, le groupe Khorasan a également été envoyé en Syrie pour faire concurrence à EIIS, voire profiter du chaos qui règne dans le pays pour préparer des opérations contre des cibles occidentales, notamment en attirant des combattants étrangers possédant d’utiles passeports européens. La question de savoir si ce groupe représente une menace imminente ou non est controversée. Certains émettent l’hypothèse que les Etats-Unis auraient été influencés à organiser des frappes aériennes qui, en ciblant EIIS et Jabhat al-Nosra – devenus de sérieux concurrents sur le terrain –, risquent d’aider involontairement le régime syrien. Par ailleurs, dans la mesure où les combattants d’EIIS se cachent parmi la population civile, les frappes aériennes risquent de faire des victimes civiles – ce qui sera mis à profit par EIIS dans son 4 201 PC 14 F rév. 1 fin. discours sur la « guerre contre l’islam » menée par l’Occident. Les rebelles syriens ont, semble-t-il, un avis partagé sur le fait que les frappes aériennes prennent également pour cible Jabhat al-Nosra : ce groupe est perçu par un grand nombre d’entre eux comme ancré dans le paysage local, efficace à la fois dans la lutte contre al-Assad et EIIS, et donc comme un allié légitime. Si certains membres de l’opposition se sont montrés favorables aux frappes, nombre d’entre eux les ont critiquées, au motif que si elles ne visaient pas également le régime al-Assad, elles aggravaient leurs problèmes, a fortiori en l’absence de zone d’exclusion aérienne. 14. La progression d’EIIS en Syrie, à laquelle le régime d’al-Assad assiste sans rien faire – si ce n’est en la soutenant tacitement –, a permis à Damas de transformer le conflit syrien en « guerre contre le terrorisme ». On ne parle plus, hormis au sein de l’opposition syrienne, de « changement de régime ». Pour être fructueuse, la stratégie de lutte contre EIIS devra être mise en œuvre en partenariat avec les forces locales. Sachant que de nombreux groupes rebelles considèrent de façon catégorique que le régime syrien doit être combattu avec la même urgence qu’EIIS, si ce n’est plus, il risque d’être difficile d’entraîner l’opposition syrienne dans cette lutte. Par ailleurs, certains membres de la coalition dirigée par les Etats-Unis (notamment la Turquie et le Qatar) ont clairement fait part de leur malaise à l’idée qu’une stratégie pourrait cibler exclusivement EIIS, sans considération pour le conflit syrien dans son ensemble. L’avancée rapide d’EIIS a appelé à une intervention militaire d’urgence ; il manque désormais une stratégie politique globale, qui soit partagée par l’ensemble des acteurs régionaux. Malheureusement, les partenaires régionaux faisant partie de la coalition se sont associés à la lutte contre EIIS pour des raisons différentes ; ils ont tous des intérêts distincts et une perception particulière de la menace, et ne poursuivent pas les mêmes objectifs. III. L’IRAQ : UN ETAT FRAGILE SOUS PRESSION 15. En Iraq, la situation sécuritaire s’est considérablement dégradée en 2014, principalement à cause des avancées d’EIIS sur le territoire national, à la grande surprise du gouvernement iraquien et la communauté internationale. Avant cela, malgré une érosion progressive de la sécurité dans le pays et la persistance d’attentats de la part des rebelles, l’insurrection avait perdu de sa virulence et ne posait plus de véritable problème pour l’autorité du gouvernement central. Or, la crise syrienne a agi comme un catalyseur et replongé l’Iraq dans une situation explosive. Profitant du vide laissé par le régime d’al-Assad au nord et à l’est de la Syrie, EIIS a ensuite pénétré en Iraq, et représente aujourd’hui une menace encore plus importante pour l’Etat iraquien. Les sunnites d’Iraq se sentant de plus en plus proches de la rébellion du peuple syrien contre le régime d’al-Assad et davantage critiques à l’égard du gouvernement Maliki, les groupes djihadistes ont là aussi trouvé une audience de plus en plus large à mesure que les protestations sunnites et la répression des forces de sécurité iraquiennes se poursuivaient. La capacité d’EIIS à prendre possession de Falloujah et de certains quartiers de Ramadi, ainsi que sa progression à l’intérieur d’autres provinces, ont confirmé que ce groupe était passé du statut d’organisation terroriste à celui de force d’insurrection déclarée. 16. La prise de contrôle par EIIS de la ville de Mossoul, au nord de l’Iraq, en juin 2014 a marqué un véritable tournant. Elle a permis aux djihadistes de prendre possession d’une quantité importante de matériel militaire iraquien, notamment des centaines de véhicules, chars et pièces d’artillerie, systèmes portatifs de défense antiaérienne et autres armes. La chute de Mossoul – qui est survenue quelques heures seulement après le début de l’attaque, malgré la présence d’une force gouvernementale de défense de quelque 27 000 soldats – a en outre permis au groupe radical de se procurer 400 millions de dollars au moins, ainsi que de l’or, auprès de l’antenne locale de la Banque centrale iraquienne. Les forces de sécurité iraquiennes ont eu du mal à se ressaisir après leur mise en échec. L’une des principales raisons de leur incapacité à enrayer la progression des combattants d’EIIS est leur manque d’expertise et de discipline pour lutter contre un groupe terroriste. Dans la plupart des situations, les membres d’EIIS ont une plus grande 5 201 PC 14 F rév. 1 fin. expérience du combat que les forces gouvernementales, pourtant mieux équipées. Les experts militaires américains en sont arrivés à la conclusion suivante : un quart des forces militaires iraquiennes sont inefficaces au combat, leur puissance aérienne est dérisoire, le moral des troupes est au plus bas et le commandement militaire est globalement corrompu. 17. La montée en puissance d’EIIS a été facilitée par une série d’alliances secrètes avec des tribus locales et des éléments subsistant du régime de l’ex-président iraquien Saddam Hussein, ainsi que par le soutien logistique et financier d’autres acteurs. Les politiques sectaires menées par l’ancien Premier ministre Nouri al-Maliki sont en grande partie responsables de la grande marginalisation de la minorité sunnite d’Iraq, ainsi que de la mauvaise gouvernance qui a entraîné une corruption généralisée des milieux politiques et militaires. EIIS a exploité avec succès le vide de plus en plus grand laissé par les institutions iraquiennes devenues impuissantes, en particulier dans les zones à forte densité sunnite, où le groupe a opéré avec des degrés de visibilité variables avant de lancer cet été des attaques parfaitement coordonnées dans le nord, l’ouest et l’est du pays. Ayant remporté 92 des 328 sièges parlementaires lors de l’élection générale du 30 avril 2014 (soit deux fois plus que n’importe quel autre parti), M. Maliki a fait valoir son droit à former un nouveau gouvernement. Refusant d’y inclure des représentants de l’opposition, il a subi la pression de presque tous les partis politiques iraquiens, ainsi que des Etats-Unis, de nombreux pays européens et de l’Iran, et s’est finalement retiré en août 2014. Son successeur au poste de Premier ministre, Haider al-Abadi, est globalement considéré comme étant plus conciliant. Reste à voir, cependant, si le nouveau gouvernement aura la volonté et la capacité de défendre plus efficacement les intérêts du peuple iraquien. Même s’il est fédérateur et suscite l’adhésion, le gouvernement devra régler d’épineux problèmes de fond tels que la décentralisation, les revendications de territoire et le partage des revenus pétroliers, de même que la réforme – requise de toute urgence – des forces armées. 18. Une observation plus complète du système iraquien montre que la stabilité du régime politique de l’après-Saddam Hussein repose sur un ensemble de fragiles accords de partage du pouvoir entre les différentes communautés. L’écrasante victoire des partis laïcs, nationalistes et antireligieux lors des élections provinciales et nationales de 2009-2010 – qui se sont déroulées normalement – a permis d’espérer qu’une majorité d’Iraquiens de tous bords souhaitaient sortir d’un régime politique fondé sur la religion. Cela n’a cependant pas empêché l’ancien Premier ministre Nuri-al Maliki, inquiet de la courte victoire de la coalition Iraqiyya (à dominante sunnite) conduite par Iyad Allawi sur son propre parti de l’Etat de droit (à dominante chiite), de tenter l’impossible pour conforter son pouvoir. Le processus post-électoral est resté au point mort jusqu’à ce que le ralliement du parti des sadristes, influencé par l’Iran, et des Kurdes permette à Maliki de regagner ses fonctions. 19. Les événements qui se sont produits par la suite dans les milieux politiques iraquiens ont finalement rompu le fugace équilibre qui régnait parmi les institutions au pouvoir, et permis à l’insécurité de regagner du terrain dans le pays. Les politiques intérieures et le népotisme ont ébranlé l’indépendance des instances judiciaires et militaires. Le Premier ministre al-Maliki s’est alors mis en tête de mettre des bâtons dans les roues de ses rivaux politiques et a, en 2011, inculpé le vice-président sunnite Tareq al-Hashemi pour actes terroristes. Une campagne d’arrestation de grande ampleur a ensuite été menée contre les responsables de la coalition Iraqiyya (y compris les gardes du corps du ministre des Finances Rafi al-Issawi) en décembre 2012, tandis que al-Hashemi était condamné à mort par contumace. Le retrait des forces américaines, en décembre 2011, a ravivé les inquiétudes concernant l’avenir de la politique et de la sécurité en Iraq. Les craintes renouvelées d’exclusion sectaire, associées à l’incapacité du gouvernement à tenir ses promesses (par exemple, celle d’intégrer les combattants tribaux dans les forces de sécurité iraquiennes), ont aggravé la marginalisation de la communauté sunnite. Des manifestations ont éclaté en décembre 2012 dans la province d’Anbar, à l’occasion desquelles plusieurs tribus sunnites influentes – comme celles de Doulaimy, Joumaily et Mahamda – ont appelé le Premier ministre à leur accorder l’autonomie. Ces manifestations ont duré quelque temps 6 201 PC 14 F rév. 1 fin. et ont fini par échapper au contrôle des forces de sécurité qui, en avril 2013, ont tué 50 civils à Falloujah. Pour finir, l’incapacité des chefs de tribus et des personnalités politiques sunnites à trouver un accord a conduit à la radicalisation des manifestants. L’intensification des rivalités sectaires ainsi que le développement et le renforcement des forces djihadistes – déjà importantes – ont commencé à ébranler le fragile environnement politique et la relative paix sociale en Iraq. 20. La tactique brutale employée par Maliki, décrite comme une « guerre contre le terrorisme », niait toute légitimité – même la plus infime – à l’opposition locale sunnite et ne pouvait donc qu’accroître l’antagonisme et la radicalisation de cette dernière. Cette population, qui se considère comme privée de ses droits et totalement négligée par des autorités nationales corrompues, a donc inévitablement fourni un terreau fertile aux insurgés de tous genres, en leur permettant de se faire entendre et de combler un vide politique. EIIS n’est en aucun cas le seul groupe d’insurgés opérant en Iraq, d’autres ayant été tentés de s’infiltrer dans la brèche ouverte par ses soins. Certains de ces groupes partagent – à des degrés divers – les mêmes origines djihadistes et la même vision radicale et régressive de l’islam qu’EIIS. Les autres, qui sont peut-être les plus visibles (comme par exemple l’Armée des hommes de l’ordre soufi Naqshbandi), tirent leurs origines du parti Baas iraquien de Saddam Hussein. Bien que certains de ces groupes nationalistes iraquiens d’obédience sunnite aient conclu des alliances tacites avec EIIS, leurs programmes sont sensiblement différents, hormis leur opposition commune au gouvernement iraquien – qu’ils considèrent comme sectaire et soutenu par l’Iran. Au vu de ces complexités, il serait trompeur et néfaste de réduire le panorama des groupes armés sunnites en Iraq à EIIS et son programme particulièrement radical. 21. Les tribus sunnites, qui ont contribué à la mise en échec des extrémistes islamistes en 2006, ont peu de chances de soutenir le gouvernement central contre EIIS, à moins qu’elles n’en retirent des avantages tangibles de la part de Bagdad. En vérité, de nombreux sunnites ont commencé à considérer qu’EIIS était moins dangereux que le gouvernement de Bagdad, et la grande difficulté pour ceux qui veulent éradiquer EIIS sera de convaincre cette communauté que le système politique iraquien va évoluer vers un mode de gouvernance plus rassembleur. Les forces de sécurité iraquiennes sont elles aussi concernées par cette nécessité de n’exclure aucune communauté, en particulier à une période où il existe un grand risque que les milices chiites ne prennent le pas sur l’armée régulière, ce qui marginaliserait davantage les sunnites. Pour résumer, le vide qu’EIIS est rapidement venu combler ne pourra être récupéré par l’Etat iraquien que s’il fait preuve d’une meilleure intégration politique et d’une gouvernance efficace aux niveaux local et national. 22. Les importantes avancées réalisées par EIIS au cours des derniers mois ont amené les pays alliés et de la région à mener une action concertée en Iraq. Début août 2014, le président des Etats-Unis, Barack Obama, a autorisé le lancement de frappes aériennes ciblées pour stopper la progression des forces d’EIIS sur Irbil, ainsi que l’envoi d’une aide humanitaire pour les Yazidis ayant fui sur le mont Sinjar. Le président américain a également donné son aval pour qu’une aide d’urgence soit fournie aux forces de sécurité iraquiennes et aux forces kurdes, en vue d’accroître leurs capacités. Les frappes aériennes ciblées et les missions de renseignement, surveillance et reconnaissance conduites par les Etats-Unis ont ralenti le rythme de progression d’EIIS et permis aux forces kurdes et iraquiennes de regagner du terrain et de reprendre la main. Ces frappes ont cependant peu de chances d’avoir un impact sur les capacités générales d’EIIS ou sur ses opérations dans d’autres régions d’Iraq et de Syrie. 23. La stabilité régionale est également menacée par le fait, comme le craignent les gouvernements d’Iraq, de Syrie, d’Iran et de Turquie, que les revendications d’autonomie des minorités kurdes pourraient conduire à la création de mouvements indépendants. Toutefois, bien que le renversement du régime de Saddam Hussein en Iraq ait accru les velléités d’autonomie de la part des Kurdes, les populations kurdes de toute la région et leurs représentations politiques 7 201 PC 14 F rév. 1 fin. présentent de grandes différences en termes d’intérêts et d’orientations politiques. Les combats qui ont lieu dans le nord de l’Iraq depuis les avancées d’EIIS à l’été 2014 ont modifié la dynamique des relations entre Erbil et Bagdad, et ont éveillé les espoirs d’une possible indépendance politique de la population kurde. A la mi-juin, les forces kurdes, ou peshmerga, ont réussi à prendre le contrôle de Kirkouk ainsi que d’autres zones présentant une importance stratégique dans les provinces de Nineveh et Diyala ; les territoires kurdes se sont ainsi accrus d’environ 40 %, et la situation sur le terrain a évolué de telle façon que le gouvernement iraquien aura du mal à l’inverser, compte tenu de l’intensité de la menace à laquelle il doit actuellement faire face de la part d’EIIS. 24. La conclusion est que, en Iraq comme en Syrie, la mise en œuvre d’une solution durable à la crise passera tout autant – voire plus – par des moyens politiques que militaires. La nécessité, et même l’urgence, d’une avancée sur le plan politique s’est reflétée dans la position des Etats-Unis, qui n’ont décidé de lancer une action militaire qu’après qu’un nouveau gouvernement ait été formé, avec un nouveau Premier ministre à sa tête. Il n’en reste pas moins que la stratégie actuelle présente des risques considérables ; l’un d’eux est que les frappes aériennes conduites par les Etats-Unis ne soient, comme en Syrie, perçues par la population locale des zones concernées comme une façon d’aider des régimes qui, soutenus par l’Iran, oppriment les communautés arabes sunnites. IV. LE ROLE DE L’IRAN DANS LA SECURITE REGIONALE 25. L’Iran est une puissance majeure dans la région du Golfe, et sa présence façonne l’architecture sécuritaire de la région. Avec des frontières maritimes de quelque 1 200 kilomètres de long dans le golfe Persique et le golfe d’Oman, ainsi qu’un accès direct au détroit d’Ormuz, l’Iran occupe une position géographique de premier plan. Malgré les difficultés économiques qu’il endure du fait des sanctions internationales, le pays présente un énorme potentiel du fait de ses réserves de pétrole et de gaz naturel, les quatrièmes plus importantes au monde. Sa population de presque 80 millions de personnes est très jeune, 43,6 % des Iraniens ayant moins de 25 ans. L’Iran dispose de forces militaires compétentes, en nombre important et formées pour un large éventail d’opérations. Ces forces sont dotées de capacités non négligeables en termes de moyens balistiques et de défense côtière. Le pays a également la capacité de bloquer le détroit d’Ormuz et de fermer les itinéraires d’acheminement du pétrole et du gaz, ce qui aurait de graves répercussions sur la sécurité énergétique mondiale. Téhéran peut en outre déployer des forces dans la région grâce au soutien matériel et financier qu’il apporte à des groupes terroristes tels que le Hezbollah, le Djihad islamique palestinien et, dans une moindre mesure, le Hamas. Le programme d’enrichissement nucléaire iranien suscite une vive controverse au sein de la communauté internationale car il est suspecté d’avoir des applications militaires. La perspective d’un Iran détenteur de l’arme nucléaire modifierait profondément l’équilibre du pouvoir dans la région du Golfe et encouragerait les pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) à adopter des positions diplomatiques et militaires plus agressives, voire à développer leurs propres programmes nucléaires. Les politiques mises en œuvre par Téhéran et la puissance militaire du pays ont déjà généré une course aux armements dans la région du Golfe. 26. L’Iran a des relations tendues avec les membres du CCG sur un certain nombre de questions ayant trait à la sécurité régionale. Son hostilité avec l’Arabie saoudite n’a cessé de croître depuis la guerre du Golfe des années 80, durant laquelle les émirs Khalid et Fahd ont apporté leur soutien à l’Iraq. La rivalité entre les deux pays s’explique par leur quête mutuelle d’hégémonie régionale et dure depuis des décennies, un travail de propagande et de diplomatie étant mené pour obtenir des soutiens auprès des autorités publiques comme des populations. Cette opposition provient non pas des divisions sunnites/chiites ou arabes/perses, mais des divergences quant aux visions du monde, aux systèmes gouvernementaux et aux agendas géostratégiques régionaux. Les différends territoriaux qui opposent l’Iran aux Emirats arabes unis 8 201 PC 14 F rév. 1 fin. concernant les îles de Tunb et Abu Musa, de même que les politiques subversives à l’égard des communautés chiites du Bahreïn et d’Arabie saoudite, sont d’autres facteurs contribuant à envenimer les relations entre Téhéran et les pays arabes voisins. Cette fracture entre l’Iran et les pays du Golfe a été considérablement amplifiée par la crise syrienne, les autorités iraniennes réaffirmant leur soutien au régime de Bachar al-Assad, alors que l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis et le Qatar fournissent de l’aide à l’opposition. Cette lutte d’influence entre l’Iran et les émirats de la péninsule Arabique est un facteur déterminant dans la géopolitique du Moyen-Orient. 27. L’Iran s’appuie sur ses partenariats avec la Syrie et le Hezbollah libanais pour renforcer sa position de leader d’un axe géopolitique dit de « résistance » à l’influence des Occidentaux au Moyen-Orient. L’intensification des relations entre l’Iran et l’Iraq relève précisément de cette stratégie. En remettant en question les gouvernements nationaux, le « réveil arabe » et les remous qu’il a provoqués mettent en péril les alliances de sécurité régionale, et donc l’équilibre stratégique de l’ensemble du Moyen-Orient. Face à un tel défi, l’Iran est déterminé à préserver ses acquis géostratégiques et à éviter l’isolement. 28. S’agissant de la crise syrienne, l’Iran est le principal soutien du régime d’al-Assad. La République islamique d’Iran fournit à ce régime jusqu’à 700 millions de dollars par mois sous forme d’aide financière, d’armes, de munitions et d’entraînement/de tutorat militaire par la force d’élite Quds de sa Garde républicaine. Ce sont, du reste, les intérêts vitaux de l’Iran qui sont en jeu dans ce conflit. Depuis la révolution de 1979, la Syrie a été le principal partenaire régional de l’Iran sur un certain nombre de questions sécuritaires. Elle occupe en outre une place stratégique importante pour le pays car elle permet à Téhéran de déployer ses forces à proximité de la frontière israélienne : la Syrie est la principale voie d’accès à la milice chiite libanaise qu’est le Hezbollah, l’intermédiaire via lequel l’Iran peut menacer Israël. L’établissement durable en Syrie de lieux de refuge pour les djihadistes et les Kurdes constituerait une menace pour la sécurité nationale iranienne. L’Iran souhaite maintenir son ascendant sur la Syrie et empêcher les Etats arabes sunnites de la région du Golfe, qui sont les principaux soutiens des forces d’opposition syriennes, d’accroître leur influence. La perte de la Syrie en tant que partenaire régional serait une catastrophe pour l’Iran, raison pour laquelle son soutien au régime syrien a peu de chances de faiblir. D’un autre côté, l’inefficacité du régime d’al-Assad dans la lutte contre EIIS – en qui l’Iran a toutes les raisons de voir une véritable menace à long terme (compte tenu de la haine toute particulière que voue ce groupe aux musulmans chiites) – pourrait discréditer le régime syrien aux yeux de l’Iran. 29. Sur le plan diplomatique, l’Iran insiste pour participer à toute initiative de règlement politique du conflit syrien. Il n’a pas assisté aux négociations de Genève II car le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a annulé l’invitation de dernière minute qu’il lui avait adressée après que l’opposition syrienne ait menacé de boycotter la conférence. Téhéran avait néanmoins réussi à obtenir le soutien de la Turquie pour assister à la conférence. Comme l’a indiqué le vice-ministre des Affaires étrangères iranien Abbas Araghchi : « Aucune solution globale ne saura être trouvée à la crise syrienne si toutes les parties importantes ne participent pas au processus. » 30. Pour ce qui est de l’Iraq, l’Iran y a acquis une influence croissante au cours des dernières étapes de la guerre civile iraquienne. Les fréquentes rencontres des hauts fonctionnaires gouvernementaux chargés des questions régionales, l’étroite coopération entre les deux pays en matière de formation des forces de sécurité, ainsi que l’organisation d’exercices militaires conjoints, sont la preuve de l’existence d’une relation solide entre Téhéran et Bagdad. Les entreprises iraniennes sont par ailleurs très engagées dans les projets iraquiens de construction d’infrastructures ; les deux pays ont signé un accord prévoyant à terme l’exportation vers l’Iraq de 25 millions de mètres cubes de gaz naturel par jour. L’influence exercée par l’Iran sur les partisans de l’ancien leader politique et religieux Moqtada al-Sadr, d’origine chiite, confère à Téhéran un moyen de pression sur la politique iraquienne. A vrai dire, Nouri al-Maliki n’aurait pas été élu Premier ministre en 2010 sans le soutien décisif de l’Iran au travers du mouvement sadriste. La 9 201 PC 14 F rév. 1 fin. coopération entre les services de sécurité et de renseignement des deux pays ne fera que s’intensifier car les deux régimes craignent EIIS. Les milices chiites soutenues par l’Iran et l’armée iraquienne luttent ensemble contre EIIS dans le nord et le centre de l’Iraq. L’ex-Premier ministre iraquien al-Maliki a même signé en novembre 2013 un contrat d’achat d’armes avec l’Iran, en dépit de l’embargo des Nations unies sur les fournitures militaires iraniennes. 31. L’influence exercée par la République islamique iranienne s’étend également vers le nord et vers l’est, soit en Asie centrale et dans le Caucase. L’Iran entretient des liens avec de puissants seigneurs de guerre en Afghanistan, dans le but à la fois de stabiliser sa frontière orientale et de surveiller les opérations de l’OTAN dans le pays. Malgré une profonde animosité à l’égard des taliban, l’Iran a en fait facilité certains de leurs déplacements à ses frontières. Selon certaines sources, les Gardiens de la révolution auraient laissé des trafiquants de drogues transiter par l’Iran en échange de leur aide pour armer les taliban combattant contre les soldats de l’OTAN en Afghanistan. Téhéran reste pourtant un partenaire officiel de premier plan du gouvernement afghan, en raison de son aide financière au pays et du fait qu’il accueille toujours près d’un million de réfugiés afghans. L’Iran est en outre très inquiet de la détérioration de la situation intérieure au Pakistan – qui détient l’arme nucléaire – et a donc cherché à y renforcer sa présence, l’exemple le plus probant étant le contrat du « gazoduc de la paix » signé en mars 2013. Des projets importants de construction de pipelines et de voies de chemins de fer transnationaux permettent en outre à Téhéran de se positionner au Kazakhstan, au Tadjikistan et au Turkménistan, dont les chefs d’Etat ont assisté à l’investiture du président Hassan Rohani le 3 août 2013. 32. En tant que puissance régionale de premier plan, l’Iran a un rôle important à jouer dans la configuration de la situation sécuritaire dans la région du Golfe et au Moyen-Orient. Les récentes ouvertures diplomatiques de Téhéran en direction de l’Occident pourraient supposer sa participation accrue aux efforts déployés par la communauté internationale pour instaurer la paix dans la région. Ayant occupé plusieurs postes de haut rang dans les précédents gouvernements iraniens, Hassan Rohani a introduit une plus grande décontraction dans les relations entre l’Iran et les pays étrangers. Il a, dès le début de sa campagne, appelé à la modération, et tendu directement la main aux Etats-Unis lors de son appel téléphonique au président Barack Obama. Dans son discours prononcé en septembre 2013 devant l’Assemblée générale des Nations unies, Hassan Rohani a insisté sur la volonté de son pays de contribuer à la sécurité internationale et sa disposition à participer à « des discussions liées à des échéances précises et axées sur les résultats ». La signature d’un accord provisoire sur le programme nucléaire iranien ainsi que la mise en œuvre effective – jusqu’ici – des dispositions de cet accord pourraient signifier que le président iranien est en fait prêt à faire des compromis. 33. Il est toutefois difficile d’anticiper les politiques futures de l’Iran, car le processus décisionnel du pays n’est pas clair et met en évidence une concurrence entre plusieurs pôles d’exercice du pouvoir. La décision finale revient au Guide suprême car il est l’ultime garant des intérêts supérieurs de l’Iran et de la révolution islamique. Une autre institution de haute importance est le corps des Gardiens de la révolution iranienne, qui se compose d’éléments issus des milieux paramilitaires, du renseignement et des affaires, et est chargé de veiller au respect de l’esprit de la révolution. Le président iranien doit donc s’accommoder d’un certain nombre de circuits décisionnels autonomes ainsi que de l’autorité supérieure du Guide suprême. Bien que M. Rohani ait marqué un point en transférant les responsabilités des négociations sur la question nucléaire du Conseil suprême de la sécurité nationale au ministère des Affaires étrangères, il a quand même dû transiger avec Ali Khamenei et les parlementaires conservateurs au sujet de ses candidats aux postes ministériels. Tout revers dans la politique de M. Rohani ou changement de position du Guide suprême pourrait entraîner un glissement de l’équilibre des pouvoirs en faveur des forces radicales. 34. Si M. Rohani a peut-être développé un nouveau style de communication, la vision du monde et les intérêts politiques fondamentaux de l’Iran n’ont pas vraiment changé. Les sentiments de 10 201 PC 14 F rév. 1 fin. méfiance et de défiance qui règnent entre l’Iran et les puissances occidentales sont trop profondément ancrés pour leur permettre d’engager une collaboration durable sur la question de la sécurité au Moyen-Orient. A titre d’exemple, une coopération étroite entre l’Iran et l’Occident dans le cadre de la lutte contre EIIS est peu probable à moins d’un règlement de la question nucléaire, comme l’a fait remarquer Walter Posch, de l’Institut allemand des affaires internationales et de sécurité, lors du 86e séminaire Rose-Roth de l’AP-OTAN, qui a eu lieu à Bakou en juin 2014. La date limite du 20 juillet 2014 ayant été dépassée sans qu’aucun accord global n’ait été conclu sur le programme nucléaire, l’Iran et les puissances du P5+1 ont prolongé les pourparlers jusqu’au 24 novembre. Bien que des avancées notables aient déjà été obtenues sur un certain nombre de questions clés, les négociateurs sont toujours, à la date de rédaction du présent rapport, très divisés concernant la définition de l’ampleur et de la portée de la capacité de traitement d’uranium par l’Iran, le calendrier des restrictions du programme d’enrichissement iranien et la levée immédiate des sanctions. 35. L’impact du maintien des sanctions internationales sur son économie, la montée en puissance des forces militaires dans le Golfe, ainsi que les appels répétés des responsables israéliens et de certains commentateurs américains en faveur d’une action coercitive concernant le programme nucléaire iranien, confortent l’Iran dans sa perception que son régime est en permanence menacé. La chute des exportations de pétrole et l’interdiction totale des plateformes d’échanges interbancaires ont mis l’économie iranienne en lambeaux. L’un des facteurs compliquant la conclusion d’un accord diplomatique avec l’Iran est l’existence de divisions au sein de l’élite iranienne concernant l’attitude à adopter à l’égard de l’Occident (et en particulier des Etats-Unis). La méthode mise en œuvre par M. Rohani dans le cadre des négociations sur le programme nucléaire iranien fait l’objet de vives critiques à l’intérieur du pays, et les rivaux du président s’insurgent contre la politique étrangère du gouvernement à l’égard de l’Occident, qu’ils considèrent comme une trahison des intérêts iraniens. V. L’EVOLUTION DU PAYSAGE SECURITAIRE A LA FRONTIERE SUD-EST DE L’OTAN : LES IMPLICATIONS POUR LA SECURITE EURO-ATLANTIQUE 36. La menace la plus immédiate que représentent pour l’Alliance les crises syrienne et iraquienne est le développement rapide d’un certain nombre de mouvements extrémistes au Proche-Orient. Certaines zones au nord du Liban, en Syrie et à l’ouest de l’Iraq sont contrôlées par des groupes extrémistes radicaux. Elles servent de terrains d’entraînement pour les groupes extrémistes, qui peuvent ainsi parfaire leurs compétences au combat. Les zones contrôlées par des organisations djihadistes sont en outre devenues des bases de recrutement et peuvent servir de lieux de refuge pour les organisations terroristes. A la fin septembre 2014, EIIS – qui s’est rebaptisé « Etat islamique » (EI) après la chute de Mossoul – contrôlait environ un tiers des territoires syrien et iraquien, soit quelque 8 millions de personnes. On sait par ailleurs que de nombreux jeunes musulmans (y compris occidentaux) quittent leurs pays pour aller combattre en Syrie et en Iraq. Pour ce qui est de la Syrie uniquement, le nombre d’étrangers venus combattre dans ce pays s’élèverait à plus de 15 000 en septembre 2014, dont plus de 2 000 provenant des pays occidentaux. De son côté, EIIS est capable de mobiliser entre 10 000 et 30 000 combattants. Hormis le nombre de combattants qu’EIIS parvient à déployer sur le terrain, le plus déconcertant est la relative faible résistance qui a été opposée à son avancée. Se sentant opprimées ou marginalisées par les gouvernements de Damas ou de Bagdad, une part importante des populations désormais contrôlées par EIIS ont convenu un accord avec ce groupe. Selon les estimations des services de renseignement, la plupart des combattants étrangers rejoignent des groupes extrémistes djihadistes qui s’emploient activement à recruter des Occidentaux, à les endoctriner et à leur confier des missions violentes à exécuter dans leurs pays d’origine. Cette tendance à la radicalisation peut déjà être observée en Syrie avec la montée en puissance de groupes extrémistes salafistes (comme Ahrar al-Sham et Jabhat al-Nosra) qui s’affichent comme les principales forces de l’opposition, ou avec le développement d’une branche du djihadisme 11 201 PC 14 F rév. 1 fin. extrêmement fanatique (représentée par EIIS). Dans l’éventualité où ces groupes s’installeraient durablement en Syrie et en Iraq et y trouveraient refuge à long terme, leur programme djihadiste pourrait évoluer vers un terrorisme international. 37. La propagation accrue de la violence et la déstabilisation du Proche-Orient menacent directement la sécurité des pays membres de l’OTAN, dans la mesure où les flux de réfugiés et les groupes extrémistes se dissémineraient au-delà de la région pour gagner la Turquie et l’Europe. L’augmentation du nombre de réfugiés représente une charge considérable pour les pays voisins, en particulier le Liban, la Jordanie et la Turquie. A titre d'exemple, au cours des deux premières semaines d'octobre 2014, la Turquie accueillait presque 200,000 réfugiés de Kobané. La Turquie accueille près de deux million syriens de tous les horizons ethniques, culturels et religieux. Les dépenses turques continuent à augmenter ayant franchi le seuil de 4 milliard de dollars. L’extension du territoire contrôlé par EIIS entraînerait une recrudescence du nombre de réfugiés et donc un alourdissement de la charge qui pèse sur des pays voisins qui connaissent déjà de sérieuses difficultés pour faire face à l’afflux massif de réfugiés. Le contexte économique et social difficile dans les pays d’accueil accroît les risques de tensions avec la population locale et crée de l’instabilité politique, les heurts au sujet de la répartition des maigres ressources allant en se multipliant. Etant déjà le théâtre de luttes confessionnelles, l’Iraq et le Liban – en particulier – courent un risque certain de déstabilisation. La poursuite de la progression d’EIIS constituerait une menace directe pour le gouvernement régional du Kurdistan ainsi que pour de vastes zones de la Syrie, du Liban et de la Jordanie voisine. Par ailleurs, en supposant qu’EIIS parvienne à consolider son emprise sur les territoires qu’il occupe, il finirait par créer le premier véritable Etat terroriste du monde. 38. Pour stopper et mettre en échec EIIS, une riposte militaire s’impose. En réponse à la demande d’aide internationale formulée par le nouveau gouvernement iraquien, une coalition de plusieurs pays – dirigée par les Etats-Unis – a lancé une campagne de frappes aériennes ciblées qui, ajoutée aux efforts au sol des peshmerga, des forces de sécurité iraquiennes et des milices chiites, semble avoir stoppé pour l’instant la progression d’EIIS. Bien qu’un soutien militaire continu soit peut-être nécessaire à court terme pour aider les forces iraquiennes, le rôle des Alliés ne peut qu’être limité. L’un des facteurs qui rend toute intervention militaire de l’OTAN compliquée est qu’elle renforce le régime syrien, qui peut ainsi concentrer tous ses efforts sur l’élimination de l’opposition modérée et a l’assurance de ne pas être sur le point de devenir la cible d’une campagne militaire internationale. Le soutien apporté par les Alliés ne doit pas non plus fournir un avantage à EIIS et d’autres organisations extrémistes qui, dans leur propagande, prétendent que les frappes aériennes et autres formes d’aide militaire sont dirigées non pas contre l’extrémisme mais contre les musulmans du monde entier. Sur le long terme, la lutte contre EIIS dépendra des pays de la région, qui ont eux-mêmes la responsabilité de s’attaquer aux origines du mécontentement. En fin de compte, la contribution la plus utile que peuvent apporter les Alliés – et en vérité la communauté internationale – est de soutenir la mise en place dans la région d’Etats opérationnels et efficaces. 39. L’instabilité politique résultant de ces crises accentue encore les difficultés de gouvernance au Proche-Orient. La guerre civile en Syrie et la dégradation rapide de la situation sécuritaire en Iraq proviennent dans une certaine mesure de la dynamique d’exclusion qui est à l’œuvre dans ces deux pays. Le manque de pluralisme politique, social et économique a amplifié les dissensions entre les communautés, d’où l’apparition de divisions internes et le rejet des élites au pouvoir. En Syrie, le régime autocratique d’al-Assad a finalement échoué à contenir les revendications sociales de la population ; en Iraq, les pratiques autoritaires des milieux politiques ont déclenché des tensions confessionnelles. Des lignes de fragmentation confessionnelles, socioéconomiques et politiques sont alors apparues au sein de ces sociétés, provoquant un véritable effondrement sociopolitique. Une politique d’intégration permettant à toutes les communautés de participer aux processus politiques, économiques et sociaux aurait en revanche renforcé l’Etat de droit et l’unité nationale. Il est donc capital, pour la stabilisation à long terme de ces deux pays, que soient 12 201 PC 14 F rév. 1 fin. encouragées au sein de l’opposition syrienne comme des autorités iraquiennes des pratiques de gouvernance démocratiques. L’amélioration de la gouvernance nationale suppose également la mise en application juste et efficace des lois et la responsabilisation des forces de sécurité. Les pratiques répressives, les abus de pouvoir et les violations des droits humains ont transformé le mécontentement de la population civile en activisme armé, lequel a donné naissance à une rébellion en Syrie et en Iraq. Le fait de mettre un terme à la violence et à l’impunité des forces de sécurité au sein de l’opposition syrienne et de l’armée iraquienne (mais aussi dans les pays voisins) permettrait de réduire considérablement le risque d’explosion sociale. L’incitation des pays du Moyen-Orient à débattre de la situation sécuritaire dans la région – à la manière de ce qui se fait au sein de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) – aurait pu empêcher une telle escalade de la violence. 40. Le rôle de l’Iran dans les crises en Syrie et en Iraq ne peut être ignoré si l’on veut remédier à leurs conséquences. D’une part, l’Iran est – ainsi que la Russie – un soutien essentiel du régime d’al-Assad ; l’aide considérable (notamment militaire) fournie à la Syrie par la République islamique a permis à Bashar al-Assad de se maintenir au pouvoir, et a donc empêché toute solution politique. D’autre part, Téhéran voit en EIIS une menace stratégique, raison pour laquelle il a fourni au gouvernement iraquien ainsi qu’au gouvernement régional du Kurdistan du matériel militaire et des conseils. Téhéran affiche un nouveau style de communication avec l’Occident, ainsi qu’une volonté de débattre des questions litigieuses, comme par exemple son programme nucléaire. Malgré son changement de ton, la République islamique d’Iran reste fermement attachée à ses objectifs politiques traditionnels que sont le maintien du régime et l’intégration géopolitique du pays. Le fait que l’Iran voie dans les régimes amis que sont la Syrie et l’Iraq des intérêts vitaux pour lui laisse peu de marge de manœuvre pour un règlement diplomatique de ces questions. Pour autant, le degré d’engagement de l’Iran dans ces deux crises fait de ce pays un acteur à part entière dans toute tentative de règlement. La mise à contribution de Téhéran dans l’examen des problèmes de sécurité régionale apparaît donc comme une nécessité dans le cadre de la politique de gestion de crise qui serait engagée à l’égard de la Syrie, de l’Iraq et de leurs voisins. VI. CONCLUSIONS 41. La Syrie et l’Iraq cristallisent l’ensemble des problèmes de sécurité auxquels est confrontée l’OTAN dans les régions du Golfe et du Proche-Orient, à savoir : conflit armé, terrorisme et Etats fragiles. Comme l’indique ce rapport, l’instabilité dans la région et le danger que représentent EIIS et d’autres forces djihadistes constituent, à de nombreux égards, une menace directe pour la sécurité des Alliés. Tout d’abord, la sécurité du membre de l’OTAN qu’est la Turquie est immédiatement menacée par la guerre civile en Syrie et par les événements en Iraq. Ensuite, l’éparpillement des réseaux terroristes, et notamment le retour des combattants étrangers dans leurs pays d’origine, représente un gros risque pour les Etats membres de l’OTAN. Enfin, la contagion des crises syrienne et iraquienne aurait un effet déstabilisateur sur l’ensemble de la région, y compris celle du Golfe, et aurait de graves conséquences pour la sécurité euro-atlantique et, de fait, mondiale. 42. L’OTAN ne peut jouer de rôle direct dans la crise en Syrie, hormis en prenant des mesures pour protéger son Etat membre situé à l’extrémité de sa frontière sud-est (la Turquie) contre toute attaque et en adoptant un plan de circonstance. D’autre part, l’OTAN peut et doit proposer son aide en matière de sécurité aux pays voisins exposés (en particulier l’Iraq, la Jordanie et le Liban). Cette aide pourrait prendre la forme d’une coopération ainsi que d’une formation dans le domaine du renseignement et de la lutte antiterroriste, ainsi que de la fourniture de moyens essentiels pour aider les forces de sécurité nationales à protéger leurs frontières. Lors du Sommet du Pays de Galles, les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Alliance ont déjà élargi l’initiative de renforcement des capacités de défense et des capacités de sécurité à la Jordanie. S’agissant de l’Iraq, les 13 201 PC 14 F rév. 1 fin. membres de l’OTAN apportent individuellement un soutien au gouvernement de Bagdad, qui a demandé l’aide de la communauté internationale pour lutter contre EIIS, que ce soit par des moyens militaires ou autres. Les Alliés ont déclaré, lors du Sommet du Pays de Galles, qu’ils aideront l’Iraq à renforcer ses capacités de défense si le gouvernement iraquien en fait la demande. L’OTAN pourrait également intervenir en coordonnant le soutien au transport aérien et en apportant de l’aide dans le domaine du renseignement, de la surveillance et de la reconnaissance. Bien que le défi militaire le plus urgent pour l’Iraq soit de stopper et de mettre en échec EIIS, une contribution importante de l’OTAN serait de faire participer l’Iraq au Programme pour le développement de l’intégrité de l’Alliance, qui a pour but d’améliorer l’intégrité, la transparence et la responsabilité, ainsi que de réduire les risques de corruption dans les secteurs de la défense et de la sécurité. 43. Peut-être plus important encore, l’OTAN peut contribuer de façon constructive à la stabilisation de la région en développant une approche commune entre ses Etats membres et avec les pays partenaires, approche qui a cruellement fait défaut par le passé. Pour citer un exemple, le soutien apporté par plusieurs puissances régionales aux groupes d’opposition islamistes pour lutter contre le régime d’al-Assad a nui à la cohérence d’ensemble de l’opposition syrienne, et a en fin de compte renforcé la position des forces djihadistes et antidémocratiques, en Syrie comme en Iraq. Les différences de prises de position entre les pays arabes du Golfe à l’égard de tel ou tel groupe ont encore aggravé ces effets délétères. L’OTAN doit redynamiser ses partenariats dans le cadre de l’Initiative de coopération d’Istanbul (ICI) et du Dialogue méditerranéen, mais aussi développer sa coopération avec l’Arabie saoudite et Oman, afin d’éviter que la concurrence et les actions contradictoires des acteurs extérieurs n’aggravent la situation. Avec le temps, cela pourrait aboutir à la mise au point d’une stratégie plus globale qui permettra de combattre les causes profondes de l’extrémisme dans la région. 44. L’OTAN et ses partenaires peuvent s’employer à contenir, atténuer et stopper les cycles de violence en Iraq et en Syrie. Le double objectif d’une telle stratégie doit être de favoriser une transition politique en Syrie tout en amenant les forces extrémistes à quitter ces deux pays. Il n’existe pas de solution militaire à la guerre civile en Syrie ; seule la diplomatie peut permettre un règlement politique durable du conflit. Pour être fructueuses, les négociations qui seront éventuellement engagées dans le cadre du conflit syrien devront n’exclure personne et permettre à l’ensemble des parties prenantes de participer. Une solution durable ne pouvait être trouvée que sur la base d'une vraie transition politique et d'une mise en œuvre complète du communiqué de Genève. Dans un premier temps, la communauté internationale, y compris les pays membres et partenaires de l’OTAN, devront accroître la pression sur les parties au conflit pour qu’elles acceptent un cessez-le-feu dans le cadre d'une solution politique globale. Si le gouvernement et l’opposition ne veulent pas trouver un compromis, une diplomatie coercitive (notamment par l’alourdissement des sanctions économiques, financières et autres) et des efforts globaux pour renforcer la présence des éléments modérés sur le terrain contre l'extrémisme et la tyrannie seront peut-être nécessaires. Il faut, pour cela, que les acteurs extérieurs surmontent leurs divergences et conviennent d’une approche commune. Cela veut dire tout d’abord qu’un accord général doit être conclu entre les voisins immédiats de la Syrie, en particulier les pays arabes du Golfe et l’Iran. Tous ces pays – de même que la communauté internationale dans son ensemble – ont intérêt à stabiliser la Syrie et à contrer l’expansion des forces djihadistes. D’autre part, malgré leur différend actuel au sujet de l’Ukraine, la Russie et les membres de l’OTAN doivent tirer parti de leur collaboration dans le domaine de l’élimination et de la destruction des armes chimiques syriennes ainsi que du programme nucléaire iranien pour définir une approche commune de règlement du conflit. 45. Il ne faut pas oublier que le régime d’al-Assad est la cause du déclenchement de la guerre civile ; c’est également lui qui est responsable de l’escalade de la violence, notamment parce qu’il a monté les groupes d’opposition les uns contre les autres, ce qui a entraîné l’ascension des forces djihadistes radicales. Par conséquent, il est indispensable d’aider les forces syriennes qui 14 201 PC 14 F rév. 1 fin. incarnent et soutiennent l’idée d’un règlement politique du conflit intégrant toutes les parties concernées. Une aide technique et matérielle doit être apportée en priorité aux groupes attachés à la gouvernance démocratique, en y incluant les mouvements islamistes mais non les forces extrémistes telles que les organisations salafistes et djihadistes. Les efforts de la communauté internationale doivent également se concentrer sur l’élargissement de la base de représentation et l’amélioration des capacités de gouvernance de l’opposition. La faculté de coordination dont ont fait preuve les conseils communautaires, ainsi que les orientations et attitudes responsables adoptées par la délégation de l’opposition lors de la conférence de Genève II sont des éléments positifs sur lesquels il convient, à cet égard, de s’appuyer. 46. La communauté internationale doit en outre fournir une aide humanitaire substantielle et durable. Il n’est pas normal que seuls 10 % des quelque 2,3 milliards de dollars jugés nécessaires pour faire face à la crise humanitaire de plus en plus grave en Syrie aient été reçus cette année, a indiqué Nigel Fisher, coordonnateur humanitaire régional des Nations unies pour la crise en Syrie. 47. Qu’il s’agisse de la crise en Syrie ou en Iraq, l’Iran est un acteur influent qui ne saurait être ignoré. On ne pourra mettre fin à la guerre civile en Syrie ni stabiliser l’Iraq sans le soutien – ou tout au moins la non-interférence – de l’Iran. Le fait de parvenir à une solution quant au programme nucléaire iranien et, en fait, à un accord diplomatique plus général, contribuerait pour une grande part à réduire l’escalade des tensions dans la région. De son côté, l’UE peut contribuer utilement au règlement du différend politique avec l’Iran. Depuis plus de dix ans, elle joue un rôle clé dans les négociations relatives au programme nucléaire iranien ; elle est donc bien placée pour transposer cette question dans un contexte plus large, en offrant à l’Iran des avantages – notamment économiques – pour faciliter un règlement diplomatique. 48. Pour finir, le règlement du conflit syrien ainsi que l’endiguement d’EIIS et d’autres forces djihadistes radicales nécessitent un tant soit peu de coopération entre les puissances régionales, en particulier l’Iran, l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis. Par ailleurs, un rapprochement entre l’Iran et ses voisins arabes du sud contribuerait largement à dissiper les tensions entre communautés religieuses et les conflits qui couvent depuis longtemps dans la région. Bien que la menace représentée par EIIS ait amené l’Iran et ses voisins arabes à se rapprocher, il subsiste entre eux une très grande méfiance. Il est difficile de dire si une certaine forme de coopération avec l’Iran est réalisable, mais un rôle possible pour l’OTAN est de promouvoir un dialogue régional sur les questions de sécurité, d’autant que les voisins de l’Iran restent très circonspects quant aux motivations de Téhéran. L’OTAN peut jouer un rôle important en rassurant ses partenaires de l’ICI, ainsi que l’Arabie saoudite et Oman, sur le fait qu’une éventuelle coopération internationale avec l’Iran – y compris un accord sur le programme nucléaire iranien – ne constituera pas une menace pour leur sécurité. Des dispositions pourraient être prises pour les rassurer, comme par exemple le renforcement de la coopération avec les partenaires de l’ICI via un dialogue politique accru sur la question de la sécurité régionale et la participation à des exercices conjoints. L’Arabie saoudite et Oman pourraient également envisager de participer à l’ICI. Quoi qu’il en soit, l’OTAN ne doit pas se couper de l’Iran ; les membres de l’Alliance, voire l’OTAN en tant qu’organisation, pourraient proposer d’inviter ce pays à prendre part à des consultations politiques sur la méthode à adopter pour stopper l’avancée d’EIIS qui, avec le temps, pourraient aboutir à un dialogue plus approfondi sur la sécurité régionale. La crise provoquée par EIIS offre donc aux puissances régionales comme aux acteurs extérieurs une possibilité d’engager une coopération plus étroite. L’OTAN n’étant pas aux commandes, elle ne peut conduire le processus, mais avec l’ICI et le Dialogue méditerranéen, elle dispose de précieux instruments qui peuvent aider à instaurer progressivement la confiance et la coopération entre les adversaires de la région. 15 201 PC 14 F rév. 1 fin. 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