EVOLUTION CONSTANTE DE LA SECURITE A LA FRONTIERE

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EVOLUTION CONSTANTE DE LA SECURITE A LA FRONTIERE
PC
201 PC 14 F rév. 1 fin.
Original : anglais
Assemblée parlementaire de l’OTAN
COMMISSION POLITIQUE
EVOLUTION CONSTANTE DE LA
SECURITE A LA FRONTIERE SUD-EST DE
L’OTAN :
CONSEQUENCES SUR LA COOPERATION
TRANSATLANTIQUE
RAPPORT
Ojars Eriks KALNINS (Lettonie)
Rapporteur général
www.nato-pa.int
22 novembre 2014
201 PC 14 F rév. 1 fin.
TABLE DES MATIERES
I.
INTRODUCTION : L’IMPORTANCE DES REGIONS DU LEVANT ET DU GOLFE ............... 1
II.
LA SYRIE : UN DILEMME SANS FIN POUR LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE ......... 2
III.
L’IRAQ : UN ETAT FRAGILE SOUS PRESSION................................................................... 5
IV.
LE ROLE DE L’IRAN DANS LA SECURITE REGIONALE ..................................................... 8
V.
L’EVOLUTION DU PAYSAGE SECURITAIRE A LA FRONTIERE SUD-EST DE
L’OTAN : LES IMPLICATIONS POUR LA SECURITE EURO-ATLANTIQUE....................... 11
VI.
CONCLUSIONS .................................................................................................................. 13
BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................................. 14
i
201 PC 14 F rév. 1 fin.
I.
INTRODUCTION : L’IMPORTANCE DES REGIONS DU LEVANT ET DU GOLFE
1.
La sécurité et la stabilité dans les régions du Golfe et du Proche-Orient présentent une utilité
stratégique pour les membres de l’OTAN. L’abondance des réserves de gaz et de pétrole du Golfe
en fait une région capitale pour l’économie mondiale. De surcroît, les voies navigables autour du
golfe Persique – en particulier le détroit d’Ormuz – sont parmi les plus fréquentées du monde, et
jouent donc un rôle central dans le transport maritime international. La sécurité et la stabilité dans
le Golfe présentent par conséquent un intérêt vital, à la fois pour la communauté internationale et
pour les pays membres de l’OTAN. L’émergence d’une crise sécuritaire grave ou d’un conflit
militaire aurait donc des effets non seulement sur la région, mais aussi à l’échelle mondiale. De la
même manière, la situation dans la région du Levant – en particulier le conflit israélo-palestinien –
figure depuis plusieurs décennies parmi les principales préoccupations sécuritaires mondiales. Par
ailleurs, du fait de la proximité géographique des pays de cette région avec l’Europe, les
problèmes d’instabilité et de gouvernance qu’ils rencontrent peuvent générer d’importants défis
sécuritaires pour l’Alliance.
2.
Les régions du Proche-Orient et du Golfe subissent les effets des profondes transformations
provoquées par le Printemps arabe. Les bouleversements suscités par la nouvelle vague de
révolutions arabes ont profondément modifié la situation sociopolitique de l’ensemble de la région
Moyen-Orient et Afrique du Nord (MOAN). Les problèmes de gouvernance et d’intégration sociale
qui règnent dans les pays en proie à un autoritarisme politique, à des difficultés économiques et à
des tensions sectaires resteront des défis importants pour les années à venir. La flambée des
violences et de conflits internes de grande ampleur dans l’ensemble du Proche-Orient entraînera
une urgence humanitaire prolongée et des menaces d’instabilité à long terme. Enfin, la menace
persistante du terrorisme se trouve accentuée par la multiplication, la diversification idéologique et
la dissémination géographique des groupes extrémistes et des mouvements djihadistes dans toute
la région MOAN. Tous ces éléments, qui s’entretiennent mutuellement, représentent d’importants
défis que la communauté internationale se doit de relever.
3.
Les crises syrienne et iraquienne se caractérisent par un engrenage sans fin de la violence,
des violations massives des droits humains et une montée de l’extrémisme armé. Bien que leurs
causes profondes soient différentes, ces deux crises sont étroitement liées. L’évolution des conflits
et la façon dont ils prendront fin détermineront non seulement l’avenir de la Syrie et de l’Iraq en
tant qu’Etats-nations, mais aussi l’équilibre géopolitique au Proche-Orient ainsi que la situation
générale en matière de sécurité et de stabilité dans l’ensemble du Moyen-Orient et de l’Europe. La
dégradation de la situation sécuritaire pose problème pour la réussite des initiatives mondiales de
lutte antiterroriste. L’Iran joue un rôle clé dans le déroulement des événements actuels et au
regard de la situation générale en matière de sécurité dans les régions du Golfe et du
Proche-Orient. Les choix politiques du pays – notamment son soutien au régime d’al-Assad, son
influence en Iraq, son programme nucléaire, le renforcement de sa puissance militaire et son
soutien à des groupes considérés par de nombreux pays comme des organisations terroristes –
sont perçus comme des menaces par ses voisins et par les membres de l’Alliance. D’un autre
côté, l’Iran possède des intérêts communs avec ses voisins arabes et les Etats membres de
l’OTAN, et doit faire face aux mêmes menaces. L’Iran est donc considéré à la fois comme le
responsable de certains des défis sécuritaires de la région, et comme une partie de la solution
pour créer une stabilité et une sécurité durables dans les régions du Golfe et du Levant. Le présent
rapport passe en revue les principaux points de la crise sécuritaire dans la région ainsi que
l’ensemble des questions qu’elle suscite, avant d’émettre des avis sur le rôle que pourrait jouer
l’OTAN dans le règlement de ces problèmes.
1
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II.
LA SYRIE : UN DILEMME SANS FIN POUR LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE
4.
La recherche d’une solution à la crise syrienne représente depuis trois ans un défi
redoutable pour la communauté internationale. Début 2014, le conflit semblait s’enliser dans une
impasse sans fin, avec peu d’espoir de trouver une solution – que ce soit politique ou militaire –
entre les parties syriennes. La diplomatie régionale et internationale s’est heurtée à d’énormes
obstacles. Le soutien diplomatique fourni par la Russie et l’Iran a essentiellement protégé le
régime syrien contre toute pression diplomatique coercitive. En début d’année, les regards du
monde entier se sont tournés vers l’Ukraine, où la crise a suscité un climat de tension extrême
entre les Etats membres de l’OTAN et la Russie ; et a ainsi concentré l’attention du monde sur
l’Europe de l’Est. A l’automne, cependant, les événements ont de nouveau placé la Syrie et la
guerre civile qui y fait rage sous les feux de l’actualité internationale.
5.
Les négociations engagées sur la scène internationale risquaient fort de produire des effets
contraires à ceux attendus, du fait du décalage croissant entre l’opposition politique syrienne – la
plupart du temps exilée et reconnue par l’Occident - et les combattants sur le terrain. L’opposition
politique a en effet perdu une part importante de crédibilité en acceptant des pourparlers après que
le compromis américano-russe conclu en septembre 2013 ait permis au régime d’al-Assad
d’échapper à la menace de frappes aériennes (suite à son utilisation d’armes chimiques à
l’encontre de la population civile). Les espoirs d’un règlement politique du conflit ont de nouveau
été réduits à néant début 2014, après qu’une nouvelle série de négociations diplomatiques
infructueuses à Genève ait été éclipsée par la détermination du régime syrien à organiser des
élections présidentielles. Le médiateur des Nations unies et de la Ligue arabe, Lakhdar Brahimi, a
indiqué clairement que de telles élections étaient une insulte aux efforts déployés pour résoudre la
crise. Cela n’a pas empêché au provocateur al-Assad d’organiser des élections dans les régions
contrôlées par le parti au pouvoir, en prenant soin d’évincer toute opposition digne de ce nom dans
un pays ravagé par la guerre, divisé et connaissant la pire crise humanitaire au monde.
6.
Le régime syrien ne s’est pas départi de sa stratégie, qui consiste à présenter l’opposition
comme une bande de « terroristes » assoiffés de sang, niant ainsi toute légitimité à ce qui était au
départ un mouvement populaire et pacifique, et refusant toute prise en considération de ses
exigences. Le président al-Assad continue de rejeter en bloc toute solution politique impliquant un
compromis avec l’opposition. Le régime est d’ailleurs passé de la théorie à la réalité en ciblant son
action militaire sur les rebelles modérés et en laissant au contraire les éléments les plus radicaux
(l’Etat islamique d’Iraq et de Syrie, ou EIIS) gagner du terrain dans le pays. La violence du régime
(notamment l’utilisation de barils d’explosifs, les attaques répétées aux armes chimiques [y
compris avec du chlore gazeux après que la plus grosse partie des stocks syriens de substances
chimiques interdites ait quitté le pays] et la technique de l’assiègement) a infligé un tribut
particulièrement lourd aux populations civiles des zones contrôlées par les rebelles. Il en résulte
que pour les groupes d’opposition armés, qui considèrent le régime comme l’instigateur du conflit
et le principal responsable de la plongée du pays dans la violence et le chaos, le départ d’al-Assad
est une condition non négociable. En fait, la virulence de l’opposition à al-Assad est le seul facteur
commun entre les rebelles (à l’exclusion d’EIIS), dont le champ des idéologies et des objectifs est
large et mouvant. La guerre en Syrie est menée avant tout sur la base de considérations locales.
Par conséquent, toute explication du conflit par des motifs purement religieux (l’opposition entre
les sunnites et les non sunnites) serait extrêmement réductrice.
7.
Pendant ce temps, malgré les efforts soutenus déployés par les divers mouvements rebelles
syriens pour lutter contre une force d’agression – perçue comme un obstacle à la lutte plus globale
contre le régime –, les dissidents d’al-Qaida (successivement nommés puis renommés EII, EIIS et
EI) ont réussi à étendre leur contrôle sur une large bande du nord et de l’est du pays, peu
densément peuplée. En juin 2014, la progression rapide en Iraq du plus radical – et peut-être aussi
du plus efficace – des groupes armés opérant en Syrie a mis au jour les dangers que représente le
conflit syrien pour la stabilité régionale et internationale. La puissance opérationnelle d’EIIS a mis
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en évidence le risque que la Syrie ne devienne progressivement un refuge sans précédent pour
les partisans d’un islam radical, allant des salafistes aux djihadistes. EIIS est devenu un pôle
d’attraction pour les combattants étrangers désireux de participer au « djihad », et une base
nationale pour un « califat » autoproclamé qui possède ses propres sources de financement et est
avide de territoires.
8.
L’ascension rapide d’EIIS est due principalement au fait que l’armée syrienne n’a pas fait
grand-chose pour contrôler son expansion. Le régime d’al-Assad n’était que trop disposé à
négliger les lignes de front éloignées des zones côtières et de la capitale qu’il considère au
contraire comme étant vitales. De son côté, l’opposition modérée, en proie à des divisions, luttait
tout simplement pour sa survie car manquant de ressources pour lutter efficacement contre
plusieurs types d’ennemis répartis sur diverses lignes de front. Cette situation a entraîné le
renforcement des forces d’opposition djihadistes – aux dépens de l’opposition modérée – et a
permis au régime syrien d’ajouter foi à sa rhétorique selon laquelle l’opposition ne serait constituée
que de terroristes et de gangsters (discours qui est usité depuis le tout début des soulèvements).
Pour comble de cynisme, les autorités syriennes ont libéré des centaines de djihadistes radicaux
(dont un grand nombre avaient combattu en Iraq aux côtés d’al-Qaida il y a quelques années) de
la tristement célèbre prison de Sednaya, près de Damas, puis ont laissé ces extrémistes aguerris
se regrouper progressivement et former de nouveaux réseaux, qui allaient plus tard s’unir au sein
d’un groupe affilié à al-Qaida, puis rompre avec ce mouvement en créant EIIS.
9.
L’ascension d’EIIS atteste également du dilemme dans lequel se trouvent les puissances
occidentales et la majorité de la communauté internationale depuis le début de la crise. Bien que
les membres de l’OTAN aient vivement critiqué le régime d’al-Assad pour la répression brutale de
son peuple, leur crainte était que le renforcement de leur aide militaire aux rebelles ne bénéfice
aux islamistes radicaux et aux groupes affiliés à al-Qaida. Le soutien occidental à l’opposition
armée est donc resté extrêmement limité, ce qui a eu pour conséquence de priver de ressources
le courant majoritaire de l’opposition (qui n’a pas de parti pris idéologique ou est d’obédience
religieuse modérée) ainsi que de nombreux autres groupes. Parmi ces groupes, certains affichent
explicitement un programme politique islamisant, mais leur but commun est de renverser le
régime, et leurs aspirations pour l’avenir se limitent au territoire syrien. Cela veut donc dire que
l’opposition modérée syrienne se bat contre deux ennemis : d’une part, le groupe EIIS, formé sur
la base d’une idéologie et à l’expansionnisme offensif ; et d’autre part, le régime syrien et les
diverses milices locales et étrangères qui lui font allégeance.
10. La division et l’inertie dont fait preuve la communauté internationale dans le traitement de la
crise syrienne favorisent l’enlisement, tandis que les politiques de substitution menées par les
acteurs étrangers plongent le pays encore plus profondément dans le chaos. Pour les Alliés,
l’engagement dans un conflit complexe aux imbrications nationales et régionales est
particulièrement risqué. Le status quo dans lequel se trouvent les acteurs syriens est exacerbé par
la rude concurrence que se livrent les acteurs extérieurs. Le régime syrien bénéficie d’un soutien
décisif (sur le plan diplomatique, financier et militaire) de la part de l’Iran, de la Russie et du
Hezbollah libanais. L’Iran semble jusqu’ici avoir considéré que la survie du régime d’al-Assad
présentait un intérêt stratégique., Le fait que la Syrie soit un Etat-client de Téhéran représente un
lien vital pour le Hezbollah libanais, et donc une pièce maîtresse dans « l’axe de résistance » ; le
Hezbollah est lui-même devenu un combattant de premier plan dans le camp Assad.
11. L’affrontement principalement régional qui se déroule sur le territoire syrien est peut-être
encore plus complexe qu’il n’y paraît, opposant l’Iran et ses divers alliés en Syrie (dont le
Hezbollah et un certain nombre de milices chiites iraquiennes) aux Etats sunnites de la région qui
soutiennent toute une série de groupes d’opposition. On notera que les Etats du Golfe ont pour
ambition d’empêcher l’Iran d’étendre plus avant son influence dans la région (influence perceptible
à des degrés divers au Liban et en Iraq également) tout en promouvant leurs propres intérêts,
souvent divergents. L’Arabie saoudite et le Qatar sont par exemple en désaccord : tandis que la
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première a pour objectif de saper l’influence des groupes placés sous la coupe des Frères
musulmans, le second s’est détourné du soutien qu’il apportait aux forces djihadistes, cédant
vraisemblablement à la pression des Américains et des Saoudiens. De son côté, la Turquie – qui a
pourtant indiqué qu’elle était formellement opposée à la création d’une entité kurde autonome au
nord de la Syrie – a dès le début soutenu l’opposition syrienne et accueilli ses représentants sur
son territoire. Ces pressions externes contradictoires ont finalement créé un jeu à somme nulle qui
entretient le statu quo en Syrie.
12. Tandis que la crise se prolongeait et que les événements en Ukraine faisaient se tourner les
regards du monde entier vers l’Europe de l’Est, la progression rapide d’EIIS en Iraq – et en
particulier la chute de Mossoul, l’une des plus grandes villes iraquiennes – a recentré l’attention de
la communauté internationale sur la Syrie, aucune stratégie de mise en échec d’EIIS ne pouvant
réussir sans un règlement de la crise syrienne. Bénéficiant de la négligence – voire du soutien
indirect – du régime d’al-Assad, le groupe EIIS a, contrairement à ce qui s’est passé en Iraq,
consolidé son emprise sur le territoire syrien. Son avancée rapide a eu un effet galvanisant sur les
puissances étrangères (notamment régionales), qui y voient une menace grandissante pour la
sécurité, non seulement régionale mais aussi internationale. Les pays membres de l’OTAN ont
donc été de nouveau conduits, sous l’impulsion des Etats-Unis, à engager une opération militaire
dans la région, d’abord en ciblant les positions d’EIIS en Iraq puis en effectuant des frappes sur ce
groupe ainsi que sur Jabhat al-Nosra – un groupe affilié à al-Qaida – en Syrie. A la date de
rédaction du présent rapport, les Etats-Unis préparaient également une initiative d’un montant de
500 millions de dollars pour accroître le soutien et la formation des rebelles syriens modérés, signe
implicite de la reconnaissance de l’imbrication complexe entre EIIS et le conflit syrien, et de la
difficulté à dissocier les deux aspects. Avec ce projet, l’objectif des Américains est de former et
d’armer 5 000 combattants sur une base en Arabie saoudite. Le chef de l’état-major des armées
des Etats-Unis, le général Martin E. Dempsey, a toutefois averti que la mise en échec d’EIIS
nécessiterait une force de 12 000 à 15 000 soldats du côté des rebelles syriens modérés, soit trois
fois plus que la force que les Etats-Unis prévoient actuellement de former. Dans la mesure où il
faudra plusieurs mois avant que le moindre de ces combattants ne puisse être déployé, les
frappes aériennes sont aujourd’hui le principal moyen dont dispose la coalition dirigée par les
Américains – et à laquelle participent des puissances régionales (Arabie saoudite, Emirats arabes
unis, Jordanie, Bahreïn et Qatar) – pour lutter contre EIIS.
13. Bien qu’il ait clairement annoncé l’intention des Etats-Unis de mettre en œuvre une stratégie
globale pour « affaiblir et vaincre EIIS » (et pas simplement pour stopper sa progression), le
président Obama a exclu tout déploiement de troupes américaines au sol pour lutter contre
l’organisation terroriste. A la fin septembre 2014, l’administration américaine ne rejetait pas la
possibilité d’établir une zone d’exclusion aérienne sur le nord-est de la Syrie, tandis que le
gouvernement turc préconisait depuis quelque temps la mise en place d’une zone tampon. Les
frappes aériennes conduites par les Etats-Unis ont également touché le groupe syrien
Jabhat al-Nosra, affilié à al-Qaida, et les Américains ont annoncé qu’ils ciblaient également le
groupe Khorasan, une cellule d’al-Qaida active en Syrie depuis l’an dernier. A la date de rédaction
du présent rapport, on savait peu de choses sur cette cellule, qui semble être composée d’anciens
combattants d’al-Qaida provenant de la région Afghanistan-Pakistan-Iran (Khorasan est le nom
d’une province de l’empire sassanide), qui ont été envoyés en Syrie pour y soutenir les opérations
d’al-Qaida. Selon l’agence du renseignement américain, le groupe Khorasan a également été
envoyé en Syrie pour faire concurrence à EIIS, voire profiter du chaos qui règne dans le pays pour
préparer des opérations contre des cibles occidentales, notamment en attirant des combattants
étrangers possédant d’utiles passeports européens. La question de savoir si ce groupe représente
une menace imminente ou non est controversée. Certains émettent l’hypothèse que les Etats-Unis
auraient été influencés à organiser des frappes aériennes qui, en ciblant EIIS et Jabhat al-Nosra –
devenus de sérieux concurrents sur le terrain –, risquent d’aider involontairement le régime syrien.
Par ailleurs, dans la mesure où les combattants d’EIIS se cachent parmi la population civile, les
frappes aériennes risquent de faire des victimes civiles – ce qui sera mis à profit par EIIS dans son
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discours sur la « guerre contre l’islam » menée par l’Occident. Les rebelles syriens ont, semble-t-il,
un avis partagé sur le fait que les frappes aériennes prennent également pour cible
Jabhat al-Nosra : ce groupe est perçu par un grand nombre d’entre eux comme ancré dans le
paysage local, efficace à la fois dans la lutte contre al-Assad et EIIS, et donc comme un allié
légitime. Si certains membres de l’opposition se sont montrés favorables aux frappes, nombre
d’entre eux les ont critiquées, au motif que si elles ne visaient pas également le régime al-Assad,
elles aggravaient leurs problèmes, a fortiori en l’absence de zone d’exclusion aérienne.
14. La progression d’EIIS en Syrie, à laquelle le régime d’al-Assad assiste sans rien faire – si ce
n’est en la soutenant tacitement –, a permis à Damas de transformer le conflit syrien en « guerre
contre le terrorisme ». On ne parle plus, hormis au sein de l’opposition syrienne, de « changement
de régime ». Pour être fructueuse, la stratégie de lutte contre EIIS devra être mise en œuvre en
partenariat avec les forces locales. Sachant que de nombreux groupes rebelles considèrent de
façon catégorique que le régime syrien doit être combattu avec la même urgence qu’EIIS, si ce
n’est plus, il risque d’être difficile d’entraîner l’opposition syrienne dans cette lutte. Par ailleurs,
certains membres de la coalition dirigée par les Etats-Unis (notamment la Turquie et le Qatar) ont
clairement fait part de leur malaise à l’idée qu’une stratégie pourrait cibler exclusivement EIIS,
sans considération pour le conflit syrien dans son ensemble. L’avancée rapide d’EIIS a appelé à
une intervention militaire d’urgence ; il manque désormais une stratégie politique globale, qui soit
partagée par l’ensemble des acteurs régionaux. Malheureusement, les partenaires régionaux
faisant partie de la coalition se sont associés à la lutte contre EIIS pour des raisons différentes ; ils
ont tous des intérêts distincts et une perception particulière de la menace, et ne poursuivent pas
les mêmes objectifs.
III.
L’IRAQ : UN ETAT FRAGILE SOUS PRESSION
15. En Iraq, la situation sécuritaire s’est considérablement dégradée en 2014, principalement à
cause des avancées d’EIIS sur le territoire national, à la grande surprise du gouvernement iraquien
et la communauté internationale. Avant cela, malgré une érosion progressive de la sécurité dans le
pays et la persistance d’attentats de la part des rebelles, l’insurrection avait perdu de sa virulence
et ne posait plus de véritable problème pour l’autorité du gouvernement central. Or, la crise
syrienne a agi comme un catalyseur et replongé l’Iraq dans une situation explosive. Profitant du
vide laissé par le régime d’al-Assad au nord et à l’est de la Syrie, EIIS a ensuite pénétré en Iraq, et
représente aujourd’hui une menace encore plus importante pour l’Etat iraquien. Les sunnites d’Iraq
se sentant de plus en plus proches de la rébellion du peuple syrien contre le régime d’al-Assad et
davantage critiques à l’égard du gouvernement Maliki, les groupes djihadistes ont là aussi trouvé
une audience de plus en plus large à mesure que les protestations sunnites et la répression des
forces de sécurité iraquiennes se poursuivaient. La capacité d’EIIS à prendre possession de
Falloujah et de certains quartiers de Ramadi, ainsi que sa progression à l’intérieur d’autres
provinces, ont confirmé que ce groupe était passé du statut d’organisation terroriste à celui de
force d’insurrection déclarée.
16. La prise de contrôle par EIIS de la ville de Mossoul, au nord de l’Iraq, en juin 2014 a marqué
un véritable tournant. Elle a permis aux djihadistes de prendre possession d’une quantité
importante de matériel militaire iraquien, notamment des centaines de véhicules, chars et pièces
d’artillerie, systèmes portatifs de défense antiaérienne et autres armes. La chute de Mossoul – qui
est survenue quelques heures seulement après le début de l’attaque, malgré la présence d’une
force gouvernementale de défense de quelque 27 000 soldats – a en outre permis au groupe
radical de se procurer 400 millions de dollars au moins, ainsi que de l’or, auprès de l’antenne
locale de la Banque centrale iraquienne. Les forces de sécurité iraquiennes ont eu du mal à se
ressaisir après leur mise en échec. L’une des principales raisons de leur incapacité à enrayer la
progression des combattants d’EIIS est leur manque d’expertise et de discipline pour lutter contre
un groupe terroriste. Dans la plupart des situations, les membres d’EIIS ont une plus grande
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expérience du combat que les forces gouvernementales, pourtant mieux équipées. Les experts
militaires américains en sont arrivés à la conclusion suivante : un quart des forces militaires
iraquiennes sont inefficaces au combat, leur puissance aérienne est dérisoire, le moral des troupes
est au plus bas et le commandement militaire est globalement corrompu.
17. La montée en puissance d’EIIS a été facilitée par une série d’alliances secrètes avec des
tribus locales et des éléments subsistant du régime de l’ex-président iraquien Saddam Hussein,
ainsi que par le soutien logistique et financier d’autres acteurs. Les politiques sectaires menées
par l’ancien Premier ministre Nouri al-Maliki sont en grande partie responsables de la grande
marginalisation de la minorité sunnite d’Iraq, ainsi que de la mauvaise gouvernance qui a entraîné
une corruption généralisée des milieux politiques et militaires. EIIS a exploité avec succès le vide
de plus en plus grand laissé par les institutions iraquiennes devenues impuissantes, en particulier
dans les zones à forte densité sunnite, où le groupe a opéré avec des degrés de visibilité variables
avant de lancer cet été des attaques parfaitement coordonnées dans le nord, l’ouest et l’est du
pays. Ayant remporté 92 des 328 sièges parlementaires lors de l’élection générale du 30 avril 2014
(soit deux fois plus que n’importe quel autre parti), M. Maliki a fait valoir son droit à former un
nouveau gouvernement. Refusant d’y inclure des représentants de l’opposition, il a subi la
pression de presque tous les partis politiques iraquiens, ainsi que des Etats-Unis, de nombreux
pays européens et de l’Iran, et s’est finalement retiré en août 2014. Son successeur au poste de
Premier ministre, Haider al-Abadi, est globalement considéré comme étant plus conciliant. Reste à
voir, cependant, si le nouveau gouvernement aura la volonté et la capacité de défendre plus
efficacement les intérêts du peuple iraquien. Même s’il est fédérateur et suscite l’adhésion, le
gouvernement devra régler d’épineux problèmes de fond tels que la décentralisation, les
revendications de territoire et le partage des revenus pétroliers, de même que la réforme – requise
de toute urgence – des forces armées.
18. Une observation plus complète du système iraquien montre que la stabilité du régime
politique de l’après-Saddam Hussein repose sur un ensemble de fragiles accords de partage du
pouvoir entre les différentes communautés. L’écrasante victoire des partis laïcs, nationalistes et
antireligieux lors des élections provinciales et nationales de 2009-2010 – qui se sont déroulées
normalement – a permis d’espérer qu’une majorité d’Iraquiens de tous bords souhaitaient sortir
d’un régime politique fondé sur la religion. Cela n’a cependant pas empêché l’ancien Premier
ministre Nuri-al Maliki, inquiet de la courte victoire de la coalition Iraqiyya (à dominante sunnite)
conduite par Iyad Allawi sur son propre parti de l’Etat de droit (à dominante chiite), de tenter
l’impossible pour conforter son pouvoir. Le processus post-électoral est resté au point mort jusqu’à
ce que le ralliement du parti des sadristes, influencé par l’Iran, et des Kurdes permette à Maliki de
regagner ses fonctions.
19. Les événements qui se sont produits par la suite dans les milieux politiques iraquiens ont
finalement rompu le fugace équilibre qui régnait parmi les institutions au pouvoir, et permis à
l’insécurité de regagner du terrain dans le pays. Les politiques intérieures et le népotisme ont
ébranlé l’indépendance des instances judiciaires et militaires. Le Premier ministre al-Maliki s’est
alors mis en tête de mettre des bâtons dans les roues de ses rivaux politiques et a, en 2011,
inculpé le vice-président sunnite Tareq al-Hashemi pour actes terroristes. Une campagne
d’arrestation de grande ampleur a ensuite été menée contre les responsables de la coalition
Iraqiyya (y compris les gardes du corps du ministre des Finances Rafi al-Issawi) en
décembre 2012, tandis que al-Hashemi était condamné à mort par contumace. Le retrait des
forces américaines, en décembre 2011, a ravivé les inquiétudes concernant l’avenir de la politique
et de la sécurité en Iraq. Les craintes renouvelées d’exclusion sectaire, associées à l’incapacité du
gouvernement à tenir ses promesses (par exemple, celle d’intégrer les combattants tribaux dans
les forces de sécurité iraquiennes), ont aggravé la marginalisation de la communauté sunnite. Des
manifestations ont éclaté en décembre 2012 dans la province d’Anbar, à l’occasion desquelles
plusieurs tribus sunnites influentes – comme celles de Doulaimy, Joumaily et Mahamda – ont
appelé le Premier ministre à leur accorder l’autonomie. Ces manifestations ont duré quelque temps
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et ont fini par échapper au contrôle des forces de sécurité qui, en avril 2013, ont tué 50 civils à
Falloujah. Pour finir, l’incapacité des chefs de tribus et des personnalités politiques sunnites à
trouver un accord a conduit à la radicalisation des manifestants. L’intensification des rivalités
sectaires ainsi que le développement et le renforcement des forces djihadistes – déjà
importantes – ont commencé à ébranler le fragile environnement politique et la relative paix sociale
en Iraq.
20. La tactique brutale employée par Maliki, décrite comme une « guerre contre le terrorisme »,
niait toute légitimité – même la plus infime – à l’opposition locale sunnite et ne pouvait donc
qu’accroître l’antagonisme et la radicalisation de cette dernière. Cette population, qui se considère
comme privée de ses droits et totalement négligée par des autorités nationales corrompues, a
donc inévitablement fourni un terreau fertile aux insurgés de tous genres, en leur permettant de se
faire entendre et de combler un vide politique. EIIS n’est en aucun cas le seul groupe d’insurgés
opérant en Iraq, d’autres ayant été tentés de s’infiltrer dans la brèche ouverte par ses soins.
Certains de ces groupes partagent – à des degrés divers – les mêmes origines djihadistes et la
même vision radicale et régressive de l’islam qu’EIIS. Les autres, qui sont peut-être les plus
visibles (comme par exemple l’Armée des hommes de l’ordre soufi Naqshbandi), tirent leurs
origines du parti Baas iraquien de Saddam Hussein. Bien que certains de ces groupes
nationalistes iraquiens d’obédience sunnite aient conclu des alliances tacites avec EIIS, leurs
programmes sont sensiblement différents, hormis leur opposition commune au gouvernement
iraquien – qu’ils considèrent comme sectaire et soutenu par l’Iran. Au vu de ces complexités, il
serait trompeur et néfaste de réduire le panorama des groupes armés sunnites en Iraq à EIIS et
son programme particulièrement radical.
21. Les tribus sunnites, qui ont contribué à la mise en échec des extrémistes islamistes en 2006,
ont peu de chances de soutenir le gouvernement central contre EIIS, à moins qu’elles n’en retirent
des avantages tangibles de la part de Bagdad. En vérité, de nombreux sunnites ont commencé à
considérer qu’EIIS était moins dangereux que le gouvernement de Bagdad, et la grande difficulté
pour ceux qui veulent éradiquer EIIS sera de convaincre cette communauté que le système
politique iraquien va évoluer vers un mode de gouvernance plus rassembleur. Les forces de
sécurité iraquiennes sont elles aussi concernées par cette nécessité de n’exclure aucune
communauté, en particulier à une période où il existe un grand risque que les milices chiites ne
prennent le pas sur l’armée régulière, ce qui marginaliserait davantage les sunnites. Pour résumer,
le vide qu’EIIS est rapidement venu combler ne pourra être récupéré par l’Etat iraquien que s’il fait
preuve d’une meilleure intégration politique et d’une gouvernance efficace aux niveaux local et
national.
22. Les importantes avancées réalisées par EIIS au cours des derniers mois ont amené les pays
alliés et de la région à mener une action concertée en Iraq. Début août 2014, le président des
Etats-Unis, Barack Obama, a autorisé le lancement de frappes aériennes ciblées pour stopper la
progression des forces d’EIIS sur Irbil, ainsi que l’envoi d’une aide humanitaire pour les Yazidis
ayant fui sur le mont Sinjar. Le président américain a également donné son aval pour qu’une aide
d’urgence soit fournie aux forces de sécurité iraquiennes et aux forces kurdes, en vue d’accroître
leurs capacités. Les frappes aériennes ciblées et les missions de renseignement, surveillance et
reconnaissance conduites par les Etats-Unis ont ralenti le rythme de progression d’EIIS et permis
aux forces kurdes et iraquiennes de regagner du terrain et de reprendre la main. Ces frappes ont
cependant peu de chances d’avoir un impact sur les capacités générales d’EIIS ou sur ses
opérations dans d’autres régions d’Iraq et de Syrie.
23. La stabilité régionale est également menacée par le fait, comme le craignent les
gouvernements d’Iraq, de Syrie, d’Iran et de Turquie, que les revendications d’autonomie des
minorités kurdes pourraient conduire à la création de mouvements indépendants. Toutefois, bien
que le renversement du régime de Saddam Hussein en Iraq ait accru les velléités d’autonomie de
la part des Kurdes, les populations kurdes de toute la région et leurs représentations politiques
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201 PC 14 F rév. 1 fin.
présentent de grandes différences en termes d’intérêts et d’orientations politiques. Les combats
qui ont lieu dans le nord de l’Iraq depuis les avancées d’EIIS à l’été 2014 ont modifié la dynamique
des relations entre Erbil et Bagdad, et ont éveillé les espoirs d’une possible indépendance politique
de la population kurde. A la mi-juin, les forces kurdes, ou peshmerga, ont réussi à prendre le
contrôle de Kirkouk ainsi que d’autres zones présentant une importance stratégique dans les
provinces de Nineveh et Diyala ; les territoires kurdes se sont ainsi accrus d’environ 40 %, et la
situation sur le terrain a évolué de telle façon que le gouvernement iraquien aura du mal à
l’inverser, compte tenu de l’intensité de la menace à laquelle il doit actuellement faire face de la
part d’EIIS.
24. La conclusion est que, en Iraq comme en Syrie, la mise en œuvre d’une solution durable à la
crise passera tout autant – voire plus – par des moyens politiques que militaires. La nécessité, et
même l’urgence, d’une avancée sur le plan politique s’est reflétée dans la position des Etats-Unis,
qui n’ont décidé de lancer une action militaire qu’après qu’un nouveau gouvernement ait été formé,
avec un nouveau Premier ministre à sa tête. Il n’en reste pas moins que la stratégie actuelle
présente des risques considérables ; l’un d’eux est que les frappes aériennes conduites par les
Etats-Unis ne soient, comme en Syrie, perçues par la population locale des zones concernées
comme une façon d’aider des régimes qui, soutenus par l’Iran, oppriment les communautés arabes
sunnites.
IV.
LE ROLE DE L’IRAN DANS LA SECURITE REGIONALE
25. L’Iran est une puissance majeure dans la région du Golfe, et sa présence façonne
l’architecture sécuritaire de la région. Avec des frontières maritimes de quelque 1 200 kilomètres
de long dans le golfe Persique et le golfe d’Oman, ainsi qu’un accès direct au détroit d’Ormuz,
l’Iran occupe une position géographique de premier plan. Malgré les difficultés économiques qu’il
endure du fait des sanctions internationales, le pays présente un énorme potentiel du fait de ses
réserves de pétrole et de gaz naturel, les quatrièmes plus importantes au monde. Sa population de
presque 80 millions de personnes est très jeune, 43,6 % des Iraniens ayant moins de 25 ans.
L’Iran dispose de forces militaires compétentes, en nombre important et formées pour un large
éventail d’opérations. Ces forces sont dotées de capacités non négligeables en termes de moyens
balistiques et de défense côtière. Le pays a également la capacité de bloquer le détroit d’Ormuz et
de fermer les itinéraires d’acheminement du pétrole et du gaz, ce qui aurait de graves
répercussions sur la sécurité énergétique mondiale. Téhéran peut en outre déployer des forces
dans la région grâce au soutien matériel et financier qu’il apporte à des groupes terroristes tels que
le Hezbollah, le Djihad islamique palestinien et, dans une moindre mesure, le Hamas. Le
programme d’enrichissement nucléaire iranien suscite une vive controverse au sein de la
communauté internationale car il est suspecté d’avoir des applications militaires. La perspective
d’un Iran détenteur de l’arme nucléaire modifierait profondément l’équilibre du pouvoir dans la
région du Golfe et encouragerait les pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) à adopter des
positions diplomatiques et militaires plus agressives, voire à développer leurs propres programmes
nucléaires. Les politiques mises en œuvre par Téhéran et la puissance militaire du pays ont déjà
généré une course aux armements dans la région du Golfe.
26. L’Iran a des relations tendues avec les membres du CCG sur un certain nombre de
questions ayant trait à la sécurité régionale. Son hostilité avec l’Arabie saoudite n’a cessé de
croître depuis la guerre du Golfe des années 80, durant laquelle les émirs Khalid et Fahd ont
apporté leur soutien à l’Iraq. La rivalité entre les deux pays s’explique par leur quête mutuelle
d’hégémonie régionale et dure depuis des décennies, un travail de propagande et de diplomatie
étant mené pour obtenir des soutiens auprès des autorités publiques comme des populations.
Cette opposition provient non pas des divisions sunnites/chiites ou arabes/perses, mais des
divergences quant aux visions du monde, aux systèmes gouvernementaux et aux agendas
géostratégiques régionaux. Les différends territoriaux qui opposent l’Iran aux Emirats arabes unis
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201 PC 14 F rév. 1 fin.
concernant les îles de Tunb et Abu Musa, de même que les politiques subversives à l’égard des
communautés chiites du Bahreïn et d’Arabie saoudite, sont d’autres facteurs contribuant à
envenimer les relations entre Téhéran et les pays arabes voisins. Cette fracture entre l’Iran et les
pays du Golfe a été considérablement amplifiée par la crise syrienne, les autorités iraniennes
réaffirmant leur soutien au régime de Bachar al-Assad, alors que l’Arabie saoudite, les Emirats
arabes unis et le Qatar fournissent de l’aide à l’opposition. Cette lutte d’influence entre l’Iran et les
émirats de la péninsule Arabique est un facteur déterminant dans la géopolitique du Moyen-Orient.
27. L’Iran s’appuie sur ses partenariats avec la Syrie et le Hezbollah libanais pour renforcer sa
position de leader d’un axe géopolitique dit de « résistance » à l’influence des Occidentaux au
Moyen-Orient. L’intensification des relations entre l’Iran et l’Iraq relève précisément de cette
stratégie. En remettant en question les gouvernements nationaux, le « réveil arabe » et les remous
qu’il a provoqués mettent en péril les alliances de sécurité régionale, et donc l’équilibre stratégique
de l’ensemble du Moyen-Orient. Face à un tel défi, l’Iran est déterminé à préserver ses acquis
géostratégiques et à éviter l’isolement.
28. S’agissant de la crise syrienne, l’Iran est le principal soutien du régime d’al-Assad. La
République islamique d’Iran fournit à ce régime jusqu’à 700 millions de dollars par mois sous
forme d’aide financière, d’armes, de munitions et d’entraînement/de tutorat militaire par la force
d’élite Quds de sa Garde républicaine. Ce sont, du reste, les intérêts vitaux de l’Iran qui sont en jeu
dans ce conflit. Depuis la révolution de 1979, la Syrie a été le principal partenaire régional de l’Iran
sur un certain nombre de questions sécuritaires. Elle occupe en outre une place stratégique
importante pour le pays car elle permet à Téhéran de déployer ses forces à proximité de la
frontière israélienne : la Syrie est la principale voie d’accès à la milice chiite libanaise qu’est le
Hezbollah, l’intermédiaire via lequel l’Iran peut menacer Israël. L’établissement durable en Syrie de
lieux de refuge pour les djihadistes et les Kurdes constituerait une menace pour la sécurité
nationale iranienne. L’Iran souhaite maintenir son ascendant sur la Syrie et empêcher les Etats
arabes sunnites de la région du Golfe, qui sont les principaux soutiens des forces d’opposition
syriennes, d’accroître leur influence. La perte de la Syrie en tant que partenaire régional serait une
catastrophe pour l’Iran, raison pour laquelle son soutien au régime syrien a peu de chances de
faiblir. D’un autre côté, l’inefficacité du régime d’al-Assad dans la lutte contre EIIS – en qui l’Iran a
toutes les raisons de voir une véritable menace à long terme (compte tenu de la haine toute
particulière que voue ce groupe aux musulmans chiites) – pourrait discréditer le régime syrien aux
yeux de l’Iran.
29. Sur le plan diplomatique, l’Iran insiste pour participer à toute initiative de règlement politique
du conflit syrien. Il n’a pas assisté aux négociations de Genève II car le secrétaire général des
Nations unies, Ban Ki-moon, a annulé l’invitation de dernière minute qu’il lui avait adressée après
que l’opposition syrienne ait menacé de boycotter la conférence. Téhéran avait néanmoins réussi
à obtenir le soutien de la Turquie pour assister à la conférence. Comme l’a indiqué le vice-ministre
des Affaires étrangères iranien Abbas Araghchi : « Aucune solution globale ne saura être trouvée
à la crise syrienne si toutes les parties importantes ne participent pas au processus. »
30. Pour ce qui est de l’Iraq, l’Iran y a acquis une influence croissante au cours des dernières
étapes de la guerre civile iraquienne. Les fréquentes rencontres des hauts fonctionnaires
gouvernementaux chargés des questions régionales, l’étroite coopération entre les deux pays en
matière de formation des forces de sécurité, ainsi que l’organisation d’exercices militaires
conjoints, sont la preuve de l’existence d’une relation solide entre Téhéran et Bagdad. Les
entreprises iraniennes sont par ailleurs très engagées dans les projets iraquiens de construction
d’infrastructures ; les deux pays ont signé un accord prévoyant à terme l’exportation vers l’Iraq de
25 millions de mètres cubes de gaz naturel par jour. L’influence exercée par l’Iran sur les partisans
de l’ancien leader politique et religieux Moqtada al-Sadr, d’origine chiite, confère à Téhéran un
moyen de pression sur la politique iraquienne. A vrai dire, Nouri al-Maliki n’aurait pas été élu
Premier ministre en 2010 sans le soutien décisif de l’Iran au travers du mouvement sadriste. La
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coopération entre les services de sécurité et de renseignement des deux pays ne fera que
s’intensifier car les deux régimes craignent EIIS. Les milices chiites soutenues par l’Iran et l’armée
iraquienne luttent ensemble contre EIIS dans le nord et le centre de l’Iraq. L’ex-Premier ministre
iraquien al-Maliki a même signé en novembre 2013 un contrat d’achat d’armes avec l’Iran, en dépit
de l’embargo des Nations unies sur les fournitures militaires iraniennes.
31. L’influence exercée par la République islamique iranienne s’étend également vers le nord et
vers l’est, soit en Asie centrale et dans le Caucase. L’Iran entretient des liens avec de puissants
seigneurs de guerre en Afghanistan, dans le but à la fois de stabiliser sa frontière orientale et de
surveiller les opérations de l’OTAN dans le pays. Malgré une profonde animosité à l’égard des
taliban, l’Iran a en fait facilité certains de leurs déplacements à ses frontières. Selon certaines
sources, les Gardiens de la révolution auraient laissé des trafiquants de drogues transiter par l’Iran
en échange de leur aide pour armer les taliban combattant contre les soldats de l’OTAN en
Afghanistan. Téhéran reste pourtant un partenaire officiel de premier plan du gouvernement
afghan, en raison de son aide financière au pays et du fait qu’il accueille toujours près d’un million
de réfugiés afghans. L’Iran est en outre très inquiet de la détérioration de la situation intérieure au
Pakistan – qui détient l’arme nucléaire – et a donc cherché à y renforcer sa présence, l’exemple le
plus probant étant le contrat du « gazoduc de la paix » signé en mars 2013. Des projets importants
de construction de pipelines et de voies de chemins de fer transnationaux permettent en outre à
Téhéran de se positionner au Kazakhstan, au Tadjikistan et au Turkménistan, dont les chefs d’Etat
ont assisté à l’investiture du président Hassan Rohani le 3 août 2013.
32. En tant que puissance régionale de premier plan, l’Iran a un rôle important à jouer dans la
configuration de la situation sécuritaire dans la région du Golfe et au Moyen-Orient. Les récentes
ouvertures diplomatiques de Téhéran en direction de l’Occident pourraient supposer sa
participation accrue aux efforts déployés par la communauté internationale pour instaurer la paix
dans la région. Ayant occupé plusieurs postes de haut rang dans les précédents gouvernements
iraniens, Hassan Rohani a introduit une plus grande décontraction dans les relations entre l’Iran et
les pays étrangers. Il a, dès le début de sa campagne, appelé à la modération, et tendu
directement la main aux Etats-Unis lors de son appel téléphonique au président Barack Obama.
Dans son discours prononcé en septembre 2013 devant l’Assemblée générale des Nations unies,
Hassan Rohani a insisté sur la volonté de son pays de contribuer à la sécurité internationale et sa
disposition à participer à « des discussions liées à des échéances précises et axées sur les
résultats ». La signature d’un accord provisoire sur le programme nucléaire iranien ainsi que la
mise en œuvre effective – jusqu’ici – des dispositions de cet accord pourraient signifier que le
président iranien est en fait prêt à faire des compromis.
33. Il est toutefois difficile d’anticiper les politiques futures de l’Iran, car le processus décisionnel
du pays n’est pas clair et met en évidence une concurrence entre plusieurs pôles d’exercice du
pouvoir. La décision finale revient au Guide suprême car il est l’ultime garant des intérêts
supérieurs de l’Iran et de la révolution islamique. Une autre institution de haute importance est le
corps des Gardiens de la révolution iranienne, qui se compose d’éléments issus des milieux
paramilitaires, du renseignement et des affaires, et est chargé de veiller au respect de l’esprit de la
révolution. Le président iranien doit donc s’accommoder d’un certain nombre de circuits
décisionnels autonomes ainsi que de l’autorité supérieure du Guide suprême. Bien que M. Rohani
ait marqué un point en transférant les responsabilités des négociations sur la question nucléaire du
Conseil suprême de la sécurité nationale au ministère des Affaires étrangères, il a quand même dû
transiger avec Ali Khamenei et les parlementaires conservateurs au sujet de ses candidats aux
postes ministériels. Tout revers dans la politique de M. Rohani ou changement de position du
Guide suprême pourrait entraîner un glissement de l’équilibre des pouvoirs en faveur des forces
radicales.
34. Si M. Rohani a peut-être développé un nouveau style de communication, la vision du monde
et les intérêts politiques fondamentaux de l’Iran n’ont pas vraiment changé. Les sentiments de
10
201 PC 14 F rév. 1 fin.
méfiance et de défiance qui règnent entre l’Iran et les puissances occidentales sont trop
profondément ancrés pour leur permettre d’engager une collaboration durable sur la question de la
sécurité au Moyen-Orient. A titre d’exemple, une coopération étroite entre l’Iran et l’Occident dans
le cadre de la lutte contre EIIS est peu probable à moins d’un règlement de la question nucléaire,
comme l’a fait remarquer Walter Posch, de l’Institut allemand des affaires internationales et de
sécurité, lors du 86e séminaire Rose-Roth de l’AP-OTAN, qui a eu lieu à Bakou en juin 2014. La
date limite du 20 juillet 2014 ayant été dépassée sans qu’aucun accord global n’ait été conclu sur
le programme nucléaire, l’Iran et les puissances du P5+1 ont prolongé les pourparlers jusqu’au
24 novembre. Bien que des avancées notables aient déjà été obtenues sur un certain nombre de
questions clés, les négociateurs sont toujours, à la date de rédaction du présent rapport, très
divisés concernant la définition de l’ampleur et de la portée de la capacité de traitement d’uranium
par l’Iran, le calendrier des restrictions du programme d’enrichissement iranien et la levée
immédiate des sanctions.
35. L’impact du maintien des sanctions internationales sur son économie, la montée en
puissance des forces militaires dans le Golfe, ainsi que les appels répétés des responsables
israéliens et de certains commentateurs américains en faveur d’une action coercitive concernant le
programme nucléaire iranien, confortent l’Iran dans sa perception que son régime est en
permanence menacé. La chute des exportations de pétrole et l’interdiction totale des plateformes
d’échanges interbancaires ont mis l’économie iranienne en lambeaux. L’un des facteurs
compliquant la conclusion d’un accord diplomatique avec l’Iran est l’existence de divisions au sein
de l’élite iranienne concernant l’attitude à adopter à l’égard de l’Occident (et en particulier des
Etats-Unis). La méthode mise en œuvre par M. Rohani dans le cadre des négociations sur le
programme nucléaire iranien fait l’objet de vives critiques à l’intérieur du pays, et les rivaux du
président s’insurgent contre la politique étrangère du gouvernement à l’égard de l’Occident, qu’ils
considèrent comme une trahison des intérêts iraniens.
V.
L’EVOLUTION DU PAYSAGE SECURITAIRE A LA FRONTIERE SUD-EST DE L’OTAN :
LES IMPLICATIONS POUR LA SECURITE EURO-ATLANTIQUE
36. La menace la plus immédiate que représentent pour l’Alliance les crises syrienne et
iraquienne est le développement rapide d’un certain nombre de mouvements extrémistes au
Proche-Orient. Certaines zones au nord du Liban, en Syrie et à l’ouest de l’Iraq sont contrôlées par
des groupes extrémistes radicaux. Elles servent de terrains d’entraînement pour les groupes
extrémistes, qui peuvent ainsi parfaire leurs compétences au combat. Les zones contrôlées par
des organisations djihadistes sont en outre devenues des bases de recrutement et peuvent servir
de lieux de refuge pour les organisations terroristes. A la fin septembre 2014, EIIS – qui s’est
rebaptisé « Etat islamique » (EI) après la chute de Mossoul – contrôlait environ un tiers des
territoires syrien et iraquien, soit quelque 8 millions de personnes. On sait par ailleurs que de
nombreux jeunes musulmans (y compris occidentaux) quittent leurs pays pour aller combattre en
Syrie et en Iraq. Pour ce qui est de la Syrie uniquement, le nombre d’étrangers venus combattre
dans ce pays s’élèverait à plus de 15 000 en septembre 2014, dont plus de 2 000 provenant des
pays occidentaux. De son côté, EIIS est capable de mobiliser entre 10 000 et 30 000 combattants.
Hormis le nombre de combattants qu’EIIS parvient à déployer sur le terrain, le plus déconcertant
est la relative faible résistance qui a été opposée à son avancée. Se sentant opprimées ou
marginalisées par les gouvernements de Damas ou de Bagdad, une part importante des
populations désormais contrôlées par EIIS ont convenu un accord avec ce groupe. Selon les
estimations des services de renseignement, la plupart des combattants étrangers rejoignent des
groupes extrémistes djihadistes qui s’emploient activement à recruter des Occidentaux, à les
endoctriner et à leur confier des missions violentes à exécuter dans leurs pays d’origine. Cette
tendance à la radicalisation peut déjà être observée en Syrie avec la montée en puissance de
groupes extrémistes salafistes (comme Ahrar al-Sham et Jabhat al-Nosra) qui s’affichent comme
les principales forces de l’opposition, ou avec le développement d’une branche du djihadisme
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201 PC 14 F rév. 1 fin.
extrêmement fanatique (représentée par EIIS). Dans l’éventualité où ces groupes s’installeraient
durablement en Syrie et en Iraq et y trouveraient refuge à long terme, leur programme djihadiste
pourrait évoluer vers un terrorisme international.
37. La propagation accrue de la violence et la déstabilisation du Proche-Orient menacent
directement la sécurité des pays membres de l’OTAN, dans la mesure où les flux de réfugiés et les
groupes extrémistes se dissémineraient au-delà de la région pour gagner la Turquie et l’Europe.
L’augmentation du nombre de réfugiés représente une charge considérable pour les pays voisins,
en particulier le Liban, la Jordanie et la Turquie. A titre d'exemple, au cours des deux premières
semaines d'octobre 2014, la Turquie accueillait presque 200,000 réfugiés de Kobané. La Turquie
accueille près de deux million syriens de tous les horizons ethniques, culturels et religieux. Les
dépenses turques continuent à augmenter ayant franchi le seuil de 4 milliard de dollars.
L’extension du territoire contrôlé par EIIS entraînerait une recrudescence du nombre de réfugiés et
donc un alourdissement de la charge qui pèse sur des pays voisins qui connaissent déjà de
sérieuses difficultés pour faire face à l’afflux massif de réfugiés. Le contexte économique et social
difficile dans les pays d’accueil accroît les risques de tensions avec la population locale et crée de
l’instabilité politique, les heurts au sujet de la répartition des maigres ressources allant en se
multipliant. Etant déjà le théâtre de luttes confessionnelles, l’Iraq et le Liban – en particulier –
courent un risque certain de déstabilisation. La poursuite de la progression d’EIIS constituerait une
menace directe pour le gouvernement régional du Kurdistan ainsi que pour de vastes zones de la
Syrie, du Liban et de la Jordanie voisine. Par ailleurs, en supposant qu’EIIS parvienne à consolider
son emprise sur les territoires qu’il occupe, il finirait par créer le premier véritable Etat terroriste du
monde.
38. Pour stopper et mettre en échec EIIS, une riposte militaire s’impose. En réponse à la
demande d’aide internationale formulée par le nouveau gouvernement iraquien, une coalition de
plusieurs pays – dirigée par les Etats-Unis – a lancé une campagne de frappes aériennes ciblées
qui, ajoutée aux efforts au sol des peshmerga, des forces de sécurité iraquiennes et des milices
chiites, semble avoir stoppé pour l’instant la progression d’EIIS. Bien qu’un soutien militaire continu
soit peut-être nécessaire à court terme pour aider les forces iraquiennes, le rôle des Alliés ne peut
qu’être limité. L’un des facteurs qui rend toute intervention militaire de l’OTAN compliquée est
qu’elle renforce le régime syrien, qui peut ainsi concentrer tous ses efforts sur l’élimination de
l’opposition modérée et a l’assurance de ne pas être sur le point de devenir la cible d’une
campagne militaire internationale. Le soutien apporté par les Alliés ne doit pas non plus fournir un
avantage à EIIS et d’autres organisations extrémistes qui, dans leur propagande, prétendent que
les frappes aériennes et autres formes d’aide militaire sont dirigées non pas contre l’extrémisme
mais contre les musulmans du monde entier. Sur le long terme, la lutte contre EIIS dépendra des
pays de la région, qui ont eux-mêmes la responsabilité de s’attaquer aux origines du
mécontentement. En fin de compte, la contribution la plus utile que peuvent apporter les Alliés – et
en vérité la communauté internationale – est de soutenir la mise en place dans la région d’Etats
opérationnels et efficaces.
39. L’instabilité politique résultant de ces crises accentue encore les difficultés de gouvernance
au Proche-Orient. La guerre civile en Syrie et la dégradation rapide de la situation sécuritaire en
Iraq proviennent dans une certaine mesure de la dynamique d’exclusion qui est à l’œuvre dans
ces deux pays. Le manque de pluralisme politique, social et économique a amplifié les dissensions
entre les communautés, d’où l’apparition de divisions internes et le rejet des élites au pouvoir. En
Syrie, le régime autocratique d’al-Assad a finalement échoué à contenir les revendications sociales
de la population ; en Iraq, les pratiques autoritaires des milieux politiques ont déclenché des
tensions confessionnelles. Des lignes de fragmentation confessionnelles, socioéconomiques et
politiques sont alors apparues au sein de ces sociétés, provoquant un véritable effondrement
sociopolitique. Une politique d’intégration permettant à toutes les communautés de participer aux
processus politiques, économiques et sociaux aurait en revanche renforcé l’Etat de droit et l’unité
nationale. Il est donc capital, pour la stabilisation à long terme de ces deux pays, que soient
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201 PC 14 F rév. 1 fin.
encouragées au sein de l’opposition syrienne comme des autorités iraquiennes des pratiques de
gouvernance démocratiques. L’amélioration de la gouvernance nationale suppose également la
mise en application juste et efficace des lois et la responsabilisation des forces de sécurité. Les
pratiques répressives, les abus de pouvoir et les violations des droits humains ont transformé le
mécontentement de la population civile en activisme armé, lequel a donné naissance à une
rébellion en Syrie et en Iraq. Le fait de mettre un terme à la violence et à l’impunité des forces de
sécurité au sein de l’opposition syrienne et de l’armée iraquienne (mais aussi dans les pays
voisins) permettrait de réduire considérablement le risque d’explosion sociale. L’incitation des pays
du Moyen-Orient à débattre de la situation sécuritaire dans la région – à la manière de ce qui se
fait au sein de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) – aurait pu
empêcher une telle escalade de la violence.
40. Le rôle de l’Iran dans les crises en Syrie et en Iraq ne peut être ignoré si l’on veut remédier à
leurs conséquences. D’une part, l’Iran est – ainsi que la Russie – un soutien essentiel du régime
d’al-Assad ; l’aide considérable (notamment militaire) fournie à la Syrie par la République
islamique a permis à Bashar al-Assad de se maintenir au pouvoir, et a donc empêché toute
solution politique. D’autre part, Téhéran voit en EIIS une menace stratégique, raison pour laquelle
il a fourni au gouvernement iraquien ainsi qu’au gouvernement régional du Kurdistan du matériel
militaire et des conseils. Téhéran affiche un nouveau style de communication avec l’Occident, ainsi
qu’une volonté de débattre des questions litigieuses, comme par exemple son programme
nucléaire. Malgré son changement de ton, la République islamique d’Iran reste fermement
attachée à ses objectifs politiques traditionnels que sont le maintien du régime et l’intégration
géopolitique du pays. Le fait que l’Iran voie dans les régimes amis que sont la Syrie et l’Iraq des
intérêts vitaux pour lui laisse peu de marge de manœuvre pour un règlement diplomatique de ces
questions. Pour autant, le degré d’engagement de l’Iran dans ces deux crises fait de ce pays un
acteur à part entière dans toute tentative de règlement. La mise à contribution de Téhéran dans
l’examen des problèmes de sécurité régionale apparaît donc comme une nécessité dans le cadre
de la politique de gestion de crise qui serait engagée à l’égard de la Syrie, de l’Iraq et de leurs
voisins.
VI.
CONCLUSIONS
41. La Syrie et l’Iraq cristallisent l’ensemble des problèmes de sécurité auxquels est confrontée
l’OTAN dans les régions du Golfe et du Proche-Orient, à savoir : conflit armé, terrorisme et Etats
fragiles. Comme l’indique ce rapport, l’instabilité dans la région et le danger que représentent EIIS
et d’autres forces djihadistes constituent, à de nombreux égards, une menace directe pour la
sécurité des Alliés. Tout d’abord, la sécurité du membre de l’OTAN qu’est la Turquie est
immédiatement menacée par la guerre civile en Syrie et par les événements en Iraq. Ensuite,
l’éparpillement des réseaux terroristes, et notamment le retour des combattants étrangers dans
leurs pays d’origine, représente un gros risque pour les Etats membres de l’OTAN. Enfin, la
contagion des crises syrienne et iraquienne aurait un effet déstabilisateur sur l’ensemble de la
région, y compris celle du Golfe, et aurait de graves conséquences pour la sécurité euro-atlantique
et, de fait, mondiale.
42. L’OTAN ne peut jouer de rôle direct dans la crise en Syrie, hormis en prenant des mesures
pour protéger son Etat membre situé à l’extrémité de sa frontière sud-est (la Turquie) contre toute
attaque et en adoptant un plan de circonstance. D’autre part, l’OTAN peut et doit proposer son
aide en matière de sécurité aux pays voisins exposés (en particulier l’Iraq, la Jordanie et le Liban).
Cette aide pourrait prendre la forme d’une coopération ainsi que d’une formation dans le domaine
du renseignement et de la lutte antiterroriste, ainsi que de la fourniture de moyens essentiels pour
aider les forces de sécurité nationales à protéger leurs frontières. Lors du Sommet du Pays de
Galles, les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Alliance ont déjà élargi l’initiative de renforcement
des capacités de défense et des capacités de sécurité à la Jordanie. S’agissant de l’Iraq, les
13
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membres de l’OTAN apportent individuellement un soutien au gouvernement de Bagdad, qui a
demandé l’aide de la communauté internationale pour lutter contre EIIS, que ce soit par des
moyens militaires ou autres. Les Alliés ont déclaré, lors du Sommet du Pays de Galles, qu’ils
aideront l’Iraq à renforcer ses capacités de défense si le gouvernement iraquien en fait la
demande. L’OTAN pourrait également intervenir en coordonnant le soutien au transport aérien et
en apportant de l’aide dans le domaine du renseignement, de la surveillance et de la
reconnaissance. Bien que le défi militaire le plus urgent pour l’Iraq soit de stopper et de mettre en
échec EIIS, une contribution importante de l’OTAN serait de faire participer l’Iraq au Programme
pour le développement de l’intégrité de l’Alliance, qui a pour but d’améliorer l’intégrité, la
transparence et la responsabilité, ainsi que de réduire les risques de corruption dans les secteurs
de la défense et de la sécurité.
43. Peut-être plus important encore, l’OTAN peut contribuer de façon constructive à la
stabilisation de la région en développant une approche commune entre ses Etats membres et avec
les pays partenaires, approche qui a cruellement fait défaut par le passé. Pour citer un exemple, le
soutien apporté par plusieurs puissances régionales aux groupes d’opposition islamistes pour
lutter contre le régime d’al-Assad a nui à la cohérence d’ensemble de l’opposition syrienne, et a en
fin de compte renforcé la position des forces djihadistes et antidémocratiques, en Syrie comme en
Iraq. Les différences de prises de position entre les pays arabes du Golfe à l’égard de tel ou tel
groupe ont encore aggravé ces effets délétères. L’OTAN doit redynamiser ses partenariats dans le
cadre de l’Initiative de coopération d’Istanbul (ICI) et du Dialogue méditerranéen, mais aussi
développer sa coopération avec l’Arabie saoudite et Oman, afin d’éviter que la concurrence et les
actions contradictoires des acteurs extérieurs n’aggravent la situation. Avec le temps, cela pourrait
aboutir à la mise au point d’une stratégie plus globale qui permettra de combattre les causes
profondes de l’extrémisme dans la région.
44. L’OTAN et ses partenaires peuvent s’employer à contenir, atténuer et stopper les cycles de
violence en Iraq et en Syrie. Le double objectif d’une telle stratégie doit être de favoriser une
transition politique en Syrie tout en amenant les forces extrémistes à quitter ces deux pays. Il
n’existe pas de solution militaire à la guerre civile en Syrie ; seule la diplomatie peut permettre un
règlement politique durable du conflit. Pour être fructueuses, les négociations qui seront
éventuellement engagées dans le cadre du conflit syrien devront n’exclure personne et permettre à
l’ensemble des parties prenantes de participer. Une solution durable ne pouvait être trouvée que
sur la base d'une vraie transition politique et d'une mise en œuvre complète du communiqué de
Genève. Dans un premier temps, la communauté internationale, y compris les pays membres et
partenaires de l’OTAN, devront accroître la pression sur les parties au conflit pour qu’elles
acceptent un cessez-le-feu dans le cadre d'une solution politique globale. Si le gouvernement et
l’opposition ne veulent pas trouver un compromis, une diplomatie coercitive (notamment par
l’alourdissement des sanctions économiques, financières et autres) et des efforts globaux pour
renforcer la présence des éléments modérés sur le terrain contre l'extrémisme et la tyrannie seront
peut-être nécessaires. Il faut, pour cela, que les acteurs extérieurs surmontent leurs divergences et
conviennent d’une approche commune. Cela veut dire tout d’abord qu’un accord général doit être
conclu entre les voisins immédiats de la Syrie, en particulier les pays arabes du Golfe et l’Iran.
Tous ces pays – de même que la communauté internationale dans son ensemble – ont intérêt à
stabiliser la Syrie et à contrer l’expansion des forces djihadistes. D’autre part, malgré leur différend
actuel au sujet de l’Ukraine, la Russie et les membres de l’OTAN doivent tirer parti de leur
collaboration dans le domaine de l’élimination et de la destruction des armes chimiques syriennes
ainsi que du programme nucléaire iranien pour définir une approche commune de règlement du
conflit.
45. Il ne faut pas oublier que le régime d’al-Assad est la cause du déclenchement de la guerre
civile ; c’est également lui qui est responsable de l’escalade de la violence, notamment parce qu’il
a monté les groupes d’opposition les uns contre les autres, ce qui a entraîné l’ascension des
forces djihadistes radicales. Par conséquent, il est indispensable d’aider les forces syriennes qui
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incarnent et soutiennent l’idée d’un règlement politique du conflit intégrant toutes les parties
concernées. Une aide technique et matérielle doit être apportée en priorité aux groupes attachés à
la gouvernance démocratique, en y incluant les mouvements islamistes mais non les forces
extrémistes telles que les organisations salafistes et djihadistes. Les efforts de la communauté
internationale doivent également se concentrer sur l’élargissement de la base de représentation et
l’amélioration des capacités de gouvernance de l’opposition. La faculté de coordination dont ont
fait preuve les conseils communautaires, ainsi que les orientations et attitudes responsables
adoptées par la délégation de l’opposition lors de la conférence de Genève II sont des éléments
positifs sur lesquels il convient, à cet égard, de s’appuyer.
46. La communauté internationale doit en outre fournir une aide humanitaire substantielle et
durable. Il n’est pas normal que seuls 10 % des quelque 2,3 milliards de dollars jugés nécessaires
pour faire face à la crise humanitaire de plus en plus grave en Syrie aient été reçus cette année, a
indiqué Nigel Fisher, coordonnateur humanitaire régional des Nations unies pour la crise en Syrie.
47. Qu’il s’agisse de la crise en Syrie ou en Iraq, l’Iran est un acteur influent qui ne saurait être
ignoré. On ne pourra mettre fin à la guerre civile en Syrie ni stabiliser l’Iraq sans le soutien – ou
tout au moins la non-interférence – de l’Iran. Le fait de parvenir à une solution quant au
programme nucléaire iranien et, en fait, à un accord diplomatique plus général, contribuerait pour
une grande part à réduire l’escalade des tensions dans la région. De son côté, l’UE peut contribuer
utilement au règlement du différend politique avec l’Iran. Depuis plus de dix ans, elle joue un rôle
clé dans les négociations relatives au programme nucléaire iranien ; elle est donc bien placée pour
transposer cette question dans un contexte plus large, en offrant à l’Iran des avantages –
notamment économiques – pour faciliter un règlement diplomatique.
48. Pour finir, le règlement du conflit syrien ainsi que l’endiguement d’EIIS et d’autres forces
djihadistes radicales nécessitent un tant soit peu de coopération entre les puissances régionales,
en particulier l’Iran, l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis. Par ailleurs, un rapprochement
entre l’Iran et ses voisins arabes du sud contribuerait largement à dissiper les tensions entre
communautés religieuses et les conflits qui couvent depuis longtemps dans la région. Bien que la
menace représentée par EIIS ait amené l’Iran et ses voisins arabes à se rapprocher, il subsiste
entre eux une très grande méfiance. Il est difficile de dire si une certaine forme de coopération
avec l’Iran est réalisable, mais un rôle possible pour l’OTAN est de promouvoir un dialogue
régional sur les questions de sécurité, d’autant que les voisins de l’Iran restent très circonspects
quant aux motivations de Téhéran. L’OTAN peut jouer un rôle important en rassurant ses
partenaires de l’ICI, ainsi que l’Arabie saoudite et Oman, sur le fait qu’une éventuelle coopération
internationale avec l’Iran – y compris un accord sur le programme nucléaire iranien – ne
constituera pas une menace pour leur sécurité. Des dispositions pourraient être prises pour les
rassurer, comme par exemple le renforcement de la coopération avec les partenaires de l’ICI via
un dialogue politique accru sur la question de la sécurité régionale et la participation à des
exercices conjoints. L’Arabie saoudite et Oman pourraient également envisager de participer à
l’ICI. Quoi qu’il en soit, l’OTAN ne doit pas se couper de l’Iran ; les membres de l’Alliance, voire
l’OTAN en tant qu’organisation, pourraient proposer d’inviter ce pays à prendre part à des
consultations politiques sur la méthode à adopter pour stopper l’avancée d’EIIS qui, avec le temps,
pourraient aboutir à un dialogue plus approfondi sur la sécurité régionale. La crise provoquée par
EIIS offre donc aux puissances régionales comme aux acteurs extérieurs une possibilité d’engager
une coopération plus étroite. L’OTAN n’étant pas aux commandes, elle ne peut conduire le
processus, mais avec l’ICI et le Dialogue méditerranéen, elle dispose de précieux instruments qui
peuvent aider à instaurer progressivement la confiance et la coopération entre les adversaires de
la région.
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