L`IMPAcT PAYsAgER DE L`éOLIEN s`APPRécIE DE

Transcription

L`IMPAcT PAYsAgER DE L`éOLIEN s`APPRécIE DE
WEBMaG09
NEWSLETTER03
decembre08
avril08
débats & opinions
L’impact paysager de l’éolien s’apprécie de façons très diverses
Répondant à un appel à projets
de la Politique Scientifique fédérale, l’Université de Liège finalise
actuellement en collaboration
avec la KUL-FRG une étude sur la
capacité paysagère et les attitudes sociales face à l’implantation
de parcs éoliens en Belgique. Vincent Vanderheyden (ULg) en est
l’une des chevilles ouvrières.
L’impact paysager des parcs éoliens est
souvent mis en avant par les opposants.
Est-ce réellement un élément objectivable,
comme semble le soutenir le récent jugement d’un tribunal de Lyon (France), ou estce un élément d’appréciation personnelle?
Vincent Vanderheyden : Chacun a sa
définition du paysage. Nous les scientifiques, nous avons la nôtre, mais elle ne
colle pas toujours avec celle des gens
sur le terrain qui ont généralement
tendance à y intégrer, outre les aspects
purement visuels, des éléments liés
notamment à l’environnement. Ce qui
est sûr, c’est que quand on montre un
même paysage sans éoliennes puis
avec éoliennes, il se dégage souvent un
sentiment de dégradation. Par contre,
lorsque l’on fait l’expérience avec un
paysage déjà plus ou moins dégradé,
l’impact de l’implantation d’éoliennes
peut être perçu positivement, les gens
accolant aux aspects paysagers une dimension symbolique liée à la fonction
particulière des énergies renouvelables. De sorte que l’appréciation d’une
éolienne se révèle alors nettement
plus positive que celle d’un pylône de
même hauteur placé au même endroit.
Le paysage gagne alors en valeur.
Il y aurait donc des paysages qui se prêteraient mieux que d’autres à l’implantation
d’éoliennes?
V.V. : Nous tentons effectivement de
réaliser une cartographie des paysages et de leur capacité plus ou moins
grande à accueillir de tels parcs. Un
document qui se veut plus qualitatif et subjectif que les cartographies
classiques reposant sur des critères
purement objectifs tels que vent ou
densité, et qui viendra se superposer
sur ces dernières pour affiner la prise
de décision en tenant compte de la
perception du paysage.
Précisément, où en est cette perception chez nous? Après avoir interrogé
de nombreux riverains, quel est votre
constat?
V.V. : Lorsqu’on interroge les gens sur
les raisons de leur éventuelle opposition à une implantation éolienne,
l’impact paysager est très rarement
cité de manière spontanée. C’est manifestement une question qui revient
plus souvent dans l’argumentation
des opposants, mais qui reste a priori
très secondaire dans le discours des
riverains.
C’est peut-être lié au fait que nombre
de projets sont programmés sur des
sites qui jusque là semblent épargnés
par toute intervention humaine...
V.V. : Dire que l’éolienne est un fait nouveau et qu’elle dégrade «des paysages
qui n’ont jamais été façonnés par l’homme» est évidemment une hérésie dans
nos régions. Mais ce que nous avons
constaté, c’est que l’implantation d’une
éolienne joue souvent comme un révélateur de l’existence d’un paysage et de
sa valeur. Les gens se rendent compte
au passage que le paysage n’est pas
seulement ce qui leur apparait lorsqu’ils
partent en vacances à l’étranger.
Il y aurait donc un manque au niveau
de la culture du paysage?
V.V. : Il y a sans doute effectivement
un problème de culture, de sensibilisation à la lecture du paysage, à la
manière de le regarder et de le façonner. Cette question, qui semble assez
déterminante en Wallonie, a déjà été
évoquée par bien d’autres études
sans aucun rapport avec l’éolien.
Mais, comme vous l’avez souligné,
cela n’explique pas toutes les attitudes
face à l’implantation d’éoliennes...
V.V. : On revient toujours à ce constat
que l’acceptation d’une nouvelle implantation passe forcément par une
information préalable de qualité.
Et il nous apparaît qu’en matière d’éolien cette information est souvent
jugée insuffisante, en termes de réponses à des questions qui se posent.
Et le riverain y verra souvent une volonté délibérée de dissimulation.
Afin de mieux informer les riverains,
la Région wallonne diffuse depuis
peu la brochure «Eolien : rumeurs et
réalités», disponible sur :
energie.wallonie.be
08 www.RENOUVELLE.org