Merci Patron François Pinault

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Merci Patron François Pinault
Conseil de Paris
Séance des 17 et 18 mai 2016
Sur proposition de Danielle Simonnet,
Vœu “Merci Patron François Pinault !”
Considérant l’excellente bonne nouvelle lors de la conférence de presse commune tenue par Anne
Hidalgo et François Pinault, nous signalant l’immense générosité de l’homme d’affaires milliardaire,
qui serait en négociations avancées avec la Ville de Paris pour installer dans la Bourse du Commerce,
une rotonde XVIIIe située aux portes des Halles, sa fondation afin d’y héberger une partie de sa
collection d’œuvres d’arts,
Considérant que le milliardaire n’a investi une partie de sa fortune dans l’achat d’œuvres d’art
uniquement par passion culturelle et artistique, et pas du tout parce qu’il s’agirait d’un placement
offrant des avantages d’un point de vue fiscal, ni que le marché de l’art aurait une forte valorisation
spéculative dans le temps,
Considérant d’ailleurs que le milliardaire n’a constitué sa fortune que grâce à son talent et ses
propres efforts et non en rachetant des entreprises proches du dépôt de bilan, ni en surexploitant la
force de travail d’autrui et en brisant des emplois, ni en spéculant sur les marchés financiers et
encore moins en fraudant le fisc via des placements dans les paradis fiscaux,
Considérant que si François Pinault a développé nombre de relations avec des personnalités
politiques importantes de LR comme du PS, c’est bien la preuve qu’il a toujours été respectueux de
l’intérêt général et non la marque d’une pseudo dérive oligarchique de notre système politique,
économique et médiatique,
Considérant que le milliardaire François Pinault s'est déjà offert deux lieux muséaux et un Teatrino à
Venise, et qu’il souhaite honorer sa capitale,
Considérant que dans la même période, la Fondation Louis Vuitton du milliardaire et tout aussi
généreux Bernard Arnault, a vu le jour en octobre 2014 près du Bois de Boulogne,
Considérant que le pauvre François Pinault, à cause de riverains ne comprenant pas la beauté du
bétonnage de l’ile Seguin, avait dû renoncer à créer un musée extraordinaire sur l’ancien site des
usines Renault,
Considérant que si des informations de ces négociations secrètes ont d’abord fuité dans le journal
Les Échos, qui appartient au groupe LVMH et à son président, Bernard Arnault, collectionneur,
mécène et grand rival de François Pinault, ce n’est qu’un pur hasard,
Considérant que cette rotonde XVIIIe a été cédée par la Ville de Paris à la chambre de commerce et
d’industrie de Paris-Ile-de-France (CCI) en 1949, pour 1 franc symbolique, sous réserve qu'il accueille
des activités liées à ses missions et qu’à la fin de l’été 2015, la municipalité, quelle cachotière, a
demandé à la CCI de lui céder cet espace de 13.000 mètres carrés, afin d'y installer une activité
emblématique, de visibilité internationale, à côté des Halles,
Considérant qu’en janvier 2016, alors que la CCI se retrouve financièrement au plus mal, à prévoir
plus de 300 licenciements, la Ville de Paris a fait une proposition de rachat jugée satisfaisante par la
chambre, laquelle se verrait céder en pleine propriété un bâtiment de 14.000 mètres carrés près de
République, dont elle est concessionnaire depuis 1914,
Considérant qu’au final, la Ville de Paris, très généreusement, prévoirait un contrat à durée
déterminée entre la Ville et le collectionneur, sous la forme d'un bail emphytéotique pour François
Pinault pour 50 ans, pour un loyer annuel de 15 millions d’euros les deux premières années (ce qui
ne correspond pas forcément à la tranche la plus haute des prix des loyers commerciaux dans le 1er
arrondissement, si bien placé et avec un tel patrimoine), mais qui serait beaucoup moins élevé les
années suivantes (mais le montant n’est à cette heure pas précisé) afin de tenir compte des travaux,
Considérant que les coûts d'entretien et d'investissement de ce site, selon les Échos, sont très
élevés (12,3 millions d'euros entre 2009 et 2015, 4 millions nécessaires pour une mise aux normes
d'urbanisme et d'accueil du public), et que dans le troc engagé avec la CCI (la rotonde de la Bourse
du commerce contre 14 000 m2 à République) la ville va dédommager cette dernière d’un montant
de 21 millions d’euros,
Considérant que malgré sa légendaire timidité, les parisiennes et les parisiens seraient heureux de
permettre au généreux mécène de prendre à sa charge le cadeau indirect de la ville de 21 millions
d’euros à la CCI, d’assumer entièrement le coût du foncier parisien et de renoncer à profiter d’un
bail emphytéotique de 50 ans pour lesquels les loyers sont généralement sous-évalués et d’assumer
seul l’intégralité des dépenses et investissements dans les travaux d’adaptation de ce futur lieu,
Considérant que si les parisiennes et les parisiens, sont tenus à l’écart de ce projet jusqu’à présent,
ce n’est uniquement que pour leur faire une bonne surprise,
Considérant néanmoins qu’une délibération a été annoncée pour le conseil de Paris de juillet, qu’il
est encore temps d’assumer de finalement néanmoins consulter les habitant-e-s à la fois sur l’usage
du bâtiment de la Bourse du Commerce comme des 14 000 m2 de République, quitte à ajourner la
délibération et à décaler dans le temps le projet de fondation du seigneur mécène Pinault,
Considérant que le lieu pourrait peut-être accueillir d’autres équipements, d’autres services d’intérêt
général, culturels, sociaux ou autre, à d’autres conditions,
Considérant que si l’esprit d’initiative entrepreneuriale de François Pinault a conduit à supprimer, ou
à faire supprimer par d’autres plus de 10 000 emplois en France en 10 ans, il a forcément bien dû en
créer d’autres en cherchant bien, ou il en créera, car les licenciements, c’est bien connu, servent
toujours la création d’emplois, la loi El Khomri nous le certifie,
Considérant que si le citoyen François Pinault a utilisé des sociétés écrans situées dans les paradis
fiscaux des Antilles néerlandaises pour cacher un quart de sa fortune pendant une vingtaine
d’années, évitant ainsi d’être assujetti à l’impôt sur le revenu jusqu’en 1997 selon le site Wikipédia,
qu’on ne connaît pas les stratégies d’optimisation fiscale réalisées depuis, il est néanmoins évident
que tout est forcément légal, et qu’il n’a aucune dette vis à vis de l’État, l’honnêteté fiscale de la
3ème fortune française (et 59ème au niveau mondiale en 2012, avec une fortune personnelle
estimée à 8,5 milliards de dollars et une fortune professionnelle de 8,1 milliards d’euros) n’étant pas
à remettre en cause,
Considérant qu’il est tout à fait compréhensible, ainsi que le rapporte le journal Libération, que le
départ des œuvres de François Pinault pour Venise, chaque fois qu’elle y pensait, mettait «une
petite boule dans le ventre» de la maire de Paris, tout comme les suppressions d’emplois devaient
mettre une “boule dans le ventre” des salariés licenciés, tout comme l’évasion fiscale doit mettre
“une boule dans le ventre” des contribuables,
Considérant qu’une révolution fiscale, en permettant d’instaurer un revenu maximum et en taxant à
100% les tranches de revenus supérieurs à 30 000 € mensuels, ainsi qu’une politique de lutte contre
l’évasion fiscale estimée à 80 milliards € par an, permettrait de renflouer très fortement les caisses
de l’État afin de financer les politiques publiques et notamment dans le domaine de la culture et de
l’art contemporain,
Considérant que ces politiques publiques culturelles permettraient d’émanciper l’art la culture du
marché de l’art et du mécénat qui nous renvoie à d’autres époques lointaines voire antiques,
Sur proposition de Danielle Simonnet, le Conseil de Paris émet le vœu :
-
que la Ville de Paris engage une réelle concertation avec les parisiennes et les parisiens sur
le devenir du bâtiment de la Bourse du Commerce et du bâtiment de 16 000 m2 de
République,
-
que la ville de Paris rende publics tous les éléments de la négociation en cours à la fois
avec la CCI et avec François Pinault, le montant des loyers envisagés pour les 50 années à
venir de la Bourse du Commerce, la valeur des 16 000 m2 de République et leurs usages
divers potentiels, l’exploitation prévue par François Pinault de sa fondation (tarifs des
expositions, accueil ou non des scolaires, autres usages des locaux, etc),
-
que la Ville de Paris remercie Monsieur François Pinault de sa grande générosité et lui
propose de faire une donation de ses œuvres à la Ville de Paris ou directement à l’État ou
de s’engager à assumer seul le financement d’une fondation à son nom, foncier compris
(ce qui lui permettrait d’être carrément innovant et hyper différent de son concurrent
Bernard Arnault avec sa fondation Louis Vuitton) et les parisiennes et les parisiens lui
chanteraient joyeusement “Merci Patron !”.