Polémique politique sur la conservation de l`ancienne gare de Nice

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Polémique politique sur la conservation de l`ancienne gare de Nice
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Polémique politique sur la conservation de l'ancienne gare de
Nice
LE MONDE | 12.10.05 | 14h23 • Mis à jour le 12.10.05 | 14h23
NICE de notre correspondant
e dossier de la construction d'une nouvelle mairie sur le site de l'ancienne gare du Sud cristallise
les passions, depuis 1998, à Nice. Et il est loin d'être refermé. Le bâtiment, conçu par Prosper
Bobin en 1892, a abrité, durant des décennies, une gare chère aux Niçois qui la considèrent comme un
morceau de leur patrimoine architectural. C'est là, au coeur de la cinquième ville de France, que les
Chemins de fer de Provence, le fameux "train des pignes", reliaient le littoral à l'arrière-pays. Il y a une
quinzaine d'années, la gare a été transférée. Le bâtiment, désaffecté, est resté à l'abandon jusqu'au
moment où la municipalité de Jacques Peyrat (UMP) a décidé de construire une nouvelle mairie sur le
site.
En avril 2000, la ville a acheté la gare à l'Etat. Depuis, de multiples rebondissements se sont succédé,
rythmés par une polémique opposant la mairie, qui souhaite démolir la façade et la reconstruire
ailleurs, à tous ceux, associations et élus, qui veulent sauver ce patrimoine.
En novembre 2001, Catherine Tasca (PS), alors ministre de la culture, avait fait classer la gare du Sud.
En 2003, son successeur, Jean-Jacques Aillagon (UMP), avait levé l'obligation de maintenir la façade
sur place. Le 15 juillet 2004, coup de théâtre : le nouveau ministre de la culture, Renaud Donnedieu de
Vabres (UMP), émettait un avis défavorable à la démolition de la verrière et au démontage de la
façade. Il invitait aussi le maire à faire des propositions sur une modification du projet.
La municipalité a donc été contrainte de revoir sa copie. Le 18 décembre 2004, un nouveau projet de
réhabilitation et d'agrandissement du bâtiment a été présenté par l'architecte Pierre-Louis Faloci. Ce
dernier conservait tout. "Ce projet respecte la préservation de la totalité du bâtiment des voyageurs
et de la halle métallique de cet édifice " , s'était réjoui le ministre de la culture.
Le 12 mai, Renaud Donnedieu de Vabres a donné son accord pour un plan d'aménagement qui
englobe, outre le futur hôtel de ville, des bâtiments administratifs, une médiathèque, un complexe
sportif, une salle polyvalente et une nouvelle école municipale d'arts plastiques. Sur le parvis, la façade
restaurée de la gare se reflétera sur un plan d'eau, une salle des mariages sera installée dans le
bâtiment des voyageurs, la verrière fera office de grand hall. L'ensemble sera surmonté d'un immense
auvent métallique rassemblant à la fois la gare et un nouveau bâtiment.
PRÉCAMPAGNE ÉLECTORALE
Si la décision du ministre satisfait les nombreux défenseurs du patrimoine niçois, la polémique se
poursuit sur le bien-fondé de la construction de la nouvelle mairie. Elle est attisée par le climat de
précampagne électorale qui règne à Nice depuis qu'un conseiller municipal (UMP) proche du maire,
Dominique Monleau, impliqué dans l'affaire du marché truqué du tramway, a été écroué, le 8 avril.
Jacques Peyrat tient absolument à la construction du nouvel hôtel de ville : "Contrairement à ce que
prétendent mes détracteurs, je n'ai pas voulu construire "ma" nouvelle mairie, même s'il est plus
rationnel de faire travailler dans un même endroit 2 200 employés, répartis actuellement sur 41
sites. Ce projet va donner un coup de fouet au quartier ."
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Du côté des associations qui se sont battues pour la préservation de la façade de la gare, on se réjouit
de la décision qui respecte ce patrimoine. En revanche, pour Mohamed Rafaï, porte-parole du comité
de quartier Thiole, qui a été à l'initiative d'une quinzaine de procédures et de multiples pétitions, "cette
nouvelle mairie est une hérésie qui ne créera pas une nouvelle activité mais défigurera le quartier".
Faux, rétorque Bernard Asso, adjoint au maire, "la reconstruction de ce quartier permet de
reconquérir une partie de Nice en voie de paupérisation " .
Le nouvel hôtel de ville, qui représente un investissement de 120 millions d'euros, est un enjeu
politique. Pour le chef de file de la gauche, Patrick Mottard (PS), ce projet témoigne d'"un caprice du
prince, d'une fuite en avant". "Compte tenu du surcoût de la construction du tram et du projet de
grand stade dans la plaine du Var, comment la ville pourra-t-elle assumer ce troisième chantier ? " ,
demande-t-il.
Paul Cuturello et Jean-François Knecht, conseillers généraux et élus (PS) à la mairie de Nice,
s'interrogent, pour leur part, sur la légalité d'un nouvel avenant au marché de maîtrise d'oeuvre,
attribué à l'architecte Pierre-Louis Faloci. Les deux élus dénoncent "un formidable dérapage" . Ils ont
saisi le tribunal administratif le 7 mars. "Ce nouvel avenant porte l'ensemble du marché de 18,7
millions d'euros à 20,1 millions d'euro s" , plaident-ils.
De leur côté, les représentants du comité de quartier Thiole, résolument hostiles à la nouvelle mairie,
s'apprêtent à mobiliser la population dans le cadre de l'enquête d'utilité publique consacrée au projet.
Jacques Peyrat essuie également les critiques, à droite, de deux prétendants à la mairie. Pour Rudy
Salles, député UDF, "Nice n'a pas besoin d'un palais municipal à l'heure de la décentralisation des
services". Jean-Auguste Icart, conseiller général (div. dr.), préconise, lui, la mise en place de "huit
mairies annexes de proximité".
Un front "anti-nouvelle mairie", politiquement disparate, s'est mis en place. Dans ce contexte, le projet
pourra-t-il aboutir ? Le maire de Nice l'assure et jure que le déménagement du nouvel hôtel de ville se
fera en 2008-2009. Jacques Peyrat a d'ailleurs fait installer, sur la façade de la gare, un immense
panneau figurant le projet. "Pour démontrer" , assène-t-il, "que non seulement on n'abandonne pas
cette idée, mais qu'on la réalisera avec toutes ses composantes."
Paul Barelli
Riquier veut aussi sauver ses trains
Le projet de la communauté d'agglomération de Nice-Côte d'Azur (Canca), présidée par Jacques
Peyrat, maire (UMP) de Nice, prévoit de conserver la gare de Riquier, mais de déplacer toutes les
activités ferroviaires, qui seraient installées d'ici 2008 à Saint-Jean-d'Angély sur le site d'une future
gare multimodale, associant tramway, bus de la vallée du Paillon et trains express régionaux. Ce projet
provoque la colère des habitants de ce quartier populaire, situé à l'est de Nice.
Il y a un an, la pétition lancée par le Comité de défense des quartiers Riquier, Risso, Barla, République
avait recueilli 3 300 signatures pour que cette gare la deuxième des Alpes-Maritimes avec 5 000
voyageurs quotidiens et 2 000 salariés abonnés ne soit pas déplacée. "Elle ne paie pas de mine, mais
c'est notre gare, un outil économique, élément dynamisant et convivial du quartier, on s'est attaché à
elle" , estime ce comité, qui a reçu le soutien des élus de gauche.
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Article paru dans l'édition du 13.10.05
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