Mobilité sociale - documents2015
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Mobilité sociale - documents2015
Document 1 La question de la stabilité ou du déplacement des individus dans la structure sociale peut être examinée de différents points de vue. La mobilité sociale, qui n’implique pas de déplacement physique, se distingue de la mobilité géographique, qui ne donne pas nécessairement lieu à un changement de niveau social, même si les migrations géographiques, internes ou externes à un même pays, sont très souvent liées à la mobilité sociale. Changer d’emploi ou simplement trouver un emploi peut conduire à quitter la campagne ou son pays. La mobilité proprement sociale, qui implique un changement de statut social, se distingue aussi de la mobilité seulement professionnelle, qui peut consister à changer d’entreprise ou de type de travail sans impliquer nécessairement une modification de niveau social, même si changer de profession est un moyen de passer à un autre statut social. La mobilité sociale peut être étudiée également de différents points de vue selon qu’on ne considère que la carrière d’un individu, qui peut changer ou non de statut au cours de son existence d’adulte, ou que l’on réfère les individus à leur origine familiale, en comparant leur statut à celui de membres des générations antérieures, comme leur père ou leur grand-père. On parle alors de mobilité intragénérationnelle (ou en cours de carrière) et intergénérationnelle (ou entre les générations). Dans les publications de l’INSEE, la première est désignée comme mobilité professionnelle, la seconde comme mobilité sociale. D’après D. Merlié, « La mobilité sociale », in Les mutations de la société française, volume II, La Découverte, 2007. 1. 2. 3. Définissez « mobilité professionnelle » et « mobilité géographique ». Définissez « mobilité intragénérationnelle » et « mobilité intergénérationnelle ». Illustrez les situations suivantes : mobilité géographique sans mobilité professionnelle ; mobilité géographique avec mobilité professionnelle ; mobilité professionnelle qui s’accompagne d’une mobilité sociale. Document 2 Dans les sociétés occidentales d’après guerre, les femmes sont souvent inactives, ou actives seulement à certaines périodes de leur vie, avec des interruptions lors du mariage ou de la naissance des enfants. De ce fait, il a paru préférable de les classer en fonction de la profession du chef de famille plutôt que de leur (éventuelle) profession personnelle. Malgré la forte augmentation de l’activité professionnelle des femmes, cette justification garde une certaine pertinence car la structure des emplois féminins est très différente de celle des hommes : rapporter la profession des femmes à celle de leur père donne ainsi des tableaux de mobilité qui ne peuvent avoir la même signification que ceux des hommes. Ils font nécessairement apparaître plus de mobilité « descendante » puisque le marché de l’emploi féminin est moins ouvert aux emplois supérieurs. Il s’agit là encore de différences structurelles, qui ne préjugent pas de la « fluidité ». Il serait alors logique de construire des tableaux croisant la mobilité des femmes avec celle de leur mère, mais celles-ci appartiennent aux générations de faible activité professionnelle. Les auteurs des enquêtes de mobilité sociale ont ainsi souvent estimé que si la profession ou le choix de l’activité était le principal canal de mobilité sociale ouvert aux hommes, le mariage ou le choix du conjoint était celui qui s’ouvrait aux femmes. Ils ont donc étudié la mobilité féminine à travers la stabilité ou la variation des milieux sociaux du père et du mari des femmes mariées. D’après D. Merlié, Ibid. 1. 2. 3. À quelles difficultés se heurte l’étude de la mobilité sociale des femmes ? Pourquoi l’étude de la mobilité sociale des femmes par rapport à la position de leur père fait-elle apparaître une mobilité descendante ? Comment peut-on étudier la mobilité sociale des femmes ? Document 3 Le fait de repérer l’origine sociale des personnes par la seule position qu’occupait leur père représente une insuffisance. Du fait du divorce, les enfants sont nombreux à vivre et à être élevé loin de leur père (leur géniteur), peut-être plus nombreux qu’autrefois, cela même en tenant compte de la diminution du veuvage : ainsi, à titre d’exemple, à peu près un tiers des enfants vivent aujourd’hui dans une autre famille qu’une « famille traditionnelle » selon l’INSEE, c’est-àdire ne vivent pas avec leurs deux parents (géniteurs ou d’adoption). Avoir un père de telle ou telle position sociale signifie bien sûr quelque chose pour cette grosse minorité d’enfants (encore que cette signification soit différente selon les situations concrètes), mais ne revêt certainement pas la forme d’une action directe, quotidienne, quand on sait à quel point les liens peuvent être distendus. Au lieu de la position sociale du géniteur, on peut retenir celle de l’homme qui s’est occupé de l’enfant, ou, s’il n’y en a pas eu, retenir celle de la mère. Le rôle de l’école s’est accru dans l’accès aux positions sociales (la nécessité d’avoir réussi ses études pour ensuite réussir sa trajectoire professionnelle et sociale étant plus grande qu’autrefois) et dans la réussite ou l’échec scolaire des jeunes, la mère pèse plus que le père. Il me semble qu’aujourd’hui, l’origine sociale des personnes devrait être systématiquement repérée par un croisement des caractéristiques de leurs deux parents (en un sens large) : par exemple, les deux positions sociales, ou, mieux peut-être, la position du père et le diplôme le plus élevé de la mère. Dans la définition du milieu d’origine on devrait prendre en compte les études des parents, soit pour fondre les deux dimensions, l’une strictement « sociale » et l’autre « scolaire », dans une définition complexe du milieu d’origine, soit pour les distinguer et en comparer les effets respectifs. D’après C. Thélot (1982), Tel père, tel fils. Position sociale et origine familiale, Hachette, coll. « Pluriel », 2004. 1. 2. 3. En quoi l’augmentation des divorces et des familles monoparentales biaise-t-elle l’étude de la mobilité sociale ? Comment peut-on prendre en compte le poids grandissant de l’école dans l’accès aux positions sociales ? Pourquoi faudrait-il prendre en compte le diplôme de la mère ? Page 1 / 5 Document 4 : l’évolution de la mobilité depuis 1977 S. Dupays, « En un quart de siècle, la mobilité sociale a peu évolué », Données sociales 2006, INSEE, http://www.insee.fr/fr/ffc/docs_ffc/DONSOC06ym.PDF. 1. 2. Rédigez une phrase avec les données de 2003. Complétez le tableau ci-dessous en calculant la part que représentent la mobilité structurelle et la mobilité nette (ou « fluidité sociale ») dans la mobilité observée : Mobilité structurelle Fluidité sociale Mobilité observée 3. 4. 1977 1993 2003 100 100 100 Comment a évolué le poids de la mobilité structurelle dans la mobilité observée entre 1977 et 1993 ? Que traduit la baisse de la fluidité sociale entre 1993 et 2003 ? Document 5 Écoutez attentivement l’intervention du sociologue Louis Chauvel et celle de l’économiste Éric Maurin concernant le rendement des diplômes sur le marché du travail et la question du déclassement. Ces deux interventions sont disponibles aux adresses suivantes : http://www.dailymotion.com/video/xao58d_le-declassement-des-diplomes-estil_news et http://www.dailymotion.com/video/k6ObTgv7KQx4r41fmAK?start=63. 1. 2. 3. Pourquoi Louis Chauvel estime-t-il qu’il y a une dévalorisation des diplômes ? Selon Louis Chauvel, le déclassement social touche-t-il tous les diplômés ? Pourquoi Éric Maurin conteste-t-il la réalité de ce déclassement ? Document 6 En 2003, 65 % des hommes âgés de 40 à 59 ans exercent un métier dans une catégorie socioprofessionnelle différente de celle de leur père. Cette mobilité dépend en partie de l’évolution de la structure de l’économie et des dynamismes démographiques des différents groupes sociaux. Entre les années soixante-dix et aujourd’hui, l’agriculture a poursuivi son déclin séculaire. L’industrie a marqué le pas avant de décliner à son tour, provoquant une forte diminution du nombre d’ouvriers. À l’inverse, la part des cadres et des professions intermédiaires dans la population active est passée de 21 % en 1977 à 38 % en 2003, accompagnant le développement des activités tertiaires. Les classes moyennes et supérieures du salariat sont donc forcément constituées de membres d’origines diverses. Les fils d’ouvrier et d’agriculteur accèdent aux catégories supérieures du salariat en raison de ce formidable appel d’air et non pas d’une réelle évolution de l’égalité des chances. Le nombre d’artisans, commerçants et chefs d’entreprise est également en diminution. D’après S. Dupays, « En un quart de siècle, la mobilité sociale a peu évolué », Données sociales 2006, INSEE, http://www.insee.fr/fr/ffc/docs_ffc/DONSOC06ym.PDF. 1. 2. En quoi l’évolution des secteurs d’activité permet-elle de comprendre l’évolution de la structure sociale ? Expliquez la phrase soulignée. Page 2 / 5 Document 7 : nombre moyen d’enfants par PCS PCS du mari ou de l’ancien mari Agriculteur Artisan, commerçant Cadre Profession intermédiaire Employé Ouvrier Ensemble Mère née entre 1940 et 1949 2,6 2,2 2,1 2,0 2,2 2,7 2,2 G. Desplanques, « Taille des familles et milieu social », Insee Première, n° 296, février 1994. 1. 2. 3. Que signifient les chiffres soulignés ? Si l’on pose l’hypothèse simplificatrice que naissent autant de filles que de garçons, calculez le nombre moyen de fils pour un père appartenant à chacune des PCS. Si l’on pose l’hypothèse simplificatrice que la structure sociale est la même pour les pères et les fils, quelles sont les PCS qui devront accueillir des enfants issus d’autres PCS ? Document 8 : le niveau de diplôme des enfants selon la catégorie sociale de leurs parents en 2010 Observatoire des inégalités, 11/09/2012, http://www.inegalites.fr/spip.php?page=article&id_article=908&id_groupe=10&id_mot=83&id_rubrique=6. 1. 2. Rédigez une phrase avec les données soulignées afin d’en expliciter le sens. Sachant que la catégorie des cadres représente 14 % de la population active et celle des ouvriers 26 %, pensezvous que l’on puisse parler de démocratisation de l’enseignement supérieur ? Pourquoi ? Document 9 L’influence du capital culturel se laisse appréhender sous la forme de la relation, maintes fois constatée, entre le niveau culturel global de la famille et la réussite scolaire des enfants. La part des « bons élèves » dans un échantillon d’élèves de sixième croissant en fonction du revenu de leur famille - ce qui aurait pu conduire à imputer aux conditions matérielles une influence favorisante -, Paul Clerc a pu montrer que, à diplôme égal, le revenu (fortement lié, on le sait, au niveau d’instruction du chef de famille) n’exerce aucune influence propre sur la réussite scolaire et que, tout à l’opposé, à revenu égal, la proportion de bons élèves varie de façon très significative selon que le père n’a pas de diplôme ou qu’il est bachelier, ce qui permet de conclure que l’action du milieu familial sur la réussite scolaire est presque exclusivement culturelle. Plus que le diplôme obtenu par le père, plus même que le type de scolarité qu’il a pu accomplir (indiqué par le dernier établissement fréquenté), c’est le niveau culturel global du groupe familial qui entretient la relation la plus étroite avec la réussite scolaire de l’enfant. « La part du capital culturel qui est la plus directement rentable dans la vie scolaire est constituée par l’information sur le monde universitaire et sur le cursus, par l’aisance verbale et par la culture libre acquise dans des expériences extra-scolaires. Les enfants originaires des milieux favorisés ne doivent pas seulement à leur milieu des habitudes et des entraînements qui les servent directement dans leurs tâches scolaires et l’avantage le plus important n’est pas celui qu’ils retirent de l’aide directe que leurs parents peuvent leur accorder. La part la plus importante et la plus agissante (scolairement) de l’héritage culturel, qu’il s’agisse de la culture libre ou de la langue, se transmet même en l’absence de toute effort méthode et de toute action manifeste, ce qui contribue à renforcer les membres de la classe cultivée dans la conviction qu’ils ne doivent qu’à leurs dons ces savoirs, ces aptitudes et ces attitudes qui ne leur apparaissent pas comme le résultat d’un apprentissage ». D’après P. Bourdieu, « La transmission de l’héritage culturel », Le partage des bénéfices, Éditions de Minuit, 1966. 1. 2. 3. Quelles sont les différentes formes de capitaux dont il est question dans ce texte ? Peut-on dire que la réussite scolaire dépende de la possession d’un capital économique ? Présentez les mécanismes qui influencent la réussite scolaire. Page 3 / 5 Document 10 Le modèle développé par Boudon repose sur une analyse de type stratégique du comportement des acteurs : en fonction de leur origine sociale, les individus ont en moyenne une réussite scolaire plus ou moins bonne. En même temps, leurs motivations sont affectées par leur origine sociale : les coûts socio-économiques d’une scolarité supplémentaire tendent à croître à mesure que la classe sociale est plus basse ; en outre, les avantages anticipés d’un supplément de scolarité tendent à être perçus comme d’autant plus faibles que la classe sociale est plus basse (en effet, un individu de classe basse atteint plus vite le niveau scolaire lui permettant d’espérer un statut social supérieur à celui de sa famille d’origine) ; enfin, le risque encouru à s’engager dans un investissement scolaire varie avec la classe sociale. Les effets culturels de l’origine sociale mais aussi et surtout les différences dans la logique des motivations induite par l’origine sociale ont pour conséquence d’engendrer un inégal investissement scolaire en fonction de l’origine sociale. Étant donné que le système scolaire propose aux individus une suite d’orientations au cours de leur carrière scolaire, il en résulte que l’effet des différences de motivations est multiplicatif. R. Boudon, F. Bourricaud, Dictionnaire critique de la sociologie, PUF, 1990. 1. 2. 3. 4. Selon vous, quels peuvent être les coûts liés à la poursuite d’études ? Quels peuvent en être les avantages ? Comment Boudon explique-t-il les inégalités scolaires ? L’école est-elle, selon Boudon, responsable de l’inégalité des chances ? Document 11 : répartition des femmes en couples selon leur groupe social et la profession de leur conjoint en 1999 (en %) Champ : femmes vivant en ménage ordinaire, en couple en 1999 ou ayant déjà vécu en couple. D. Anselm (dir.), Manuel SES de Première, Hatier, 2011. 1. 2. 3. 4. Rédigez une phrase donnant la signification des chiffres soulignés. Quel chiffre aurait-on dû trouver à la place de « 72,1 » si le choix d’un époux par une agricultrice dépendait uniquement du hasard ? Commentez cette citation des sociologues Michel Bozon et François Héran : « la foudre quand elle tombe, ne tombe jamais n’importe où, elle frappe avec prédilection la diagonale ». En quoi, selon vous, l’homogamie sociale renforce-t-elle la reproduction sociale ? Page 4 / 5 Document 12 : situation professionnelles des jeunes et conditions d’emploi trois ans après la sortie du système éducatif Z. Mazari, V. Meyer, P. Rouaud, F. Ryk, P. Winnicki, « Le diplôme : un atout gagnant pour les jeunes face à la crise », Bref du CEREQ, n° 283, mars 2011, www.cereq.fr/index.php/content/download/1797/21709/file/b283.pdf. 1. 2. Exprimez dans une phrase les données soulignées afin d’en expliciter le sens. Justifiez le titre de l’article dont est extrait le document : « Le diplôme : un atout gagnant pour les jeunes face à la crise ». Document 13 : proportion de cadres et professions intellectuelles supérieurs chez diplômés du supérieur long C. Peugny, Le destin au berceau. Inégalités et reproduction sociale, Seuil/La République des Idées, 2013. 1. 2. 3. Exprimez dans une phrase les données de 2009 afin d’en expliciter le sens. Quels sont deux conclusions que vous pouvez tirer ce graphique ? Quelles hypothèses pouvez-vous formuler pour les expliquer ? Page 5 / 5