En savoir plus sur l`Esthétique Dite « Médicalisée

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En savoir plus sur l`Esthétique Dite « Médicalisée
mensuel N°6
juin/juil 2014
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medi beauté
Le point sur l’esthetique
dite « médicalisée »
Tout d’abord, de quoi s’agit il ?
Il nous faut en effet d’abord tenter une définition de cette « esthétique » dite
« médicalisée ». Cela pourrait être : « Soins à visée esthétique pratiqués par une
esthéticienne dans un institut à l’aide de techniques ou des matériels « issus » de
la médecine esthétique ou habituellement utilisés par les médecins ». En aucun
cas il ne peut s’agir de soins pratiqués dans un cabinet médical par une esthéticienne car, dans ce cas, elle devient « assistante » et perd sa responsabilité directe.
- Cette pratique a t-elle une réalité ? La réponse est clairement oui et depuis
quelques années déjà . Elle concerne surtout l’usage contesté des ondes électromagnétiques ou sonores à visée : d’épilation, d’amincissement (avec ou sans
cellulite) et de prise en charge des lésions cutanées (cicatrices, etc.).
Tout d’abord, de quoi s’agit il ?
C’est ce point que nous allons tenter d’éclaircir.
Voici déjà un rapide historique des diplômes et de la législation :
+ En 1964, il y a création du CAP (Certificat d’Aptitude Professionnelles) avec
précisions de l’enseignement et de la pratique par l’arrêté du 22 avril 2008.
Alors qu’il n’existait pas encore de diplômes spécialisés, le législateur avait, en
1962, précisé les conditions d’épilation dans les instituts qui ne peuvent utiliser
« que la pince ou la cire ! ».
Le champ d’activité de ce diplôme est bien précisé : esthétique et cosmétique
du visage, épilation à la pince, UV, maquillage, manucurie et pédicurie, accueil,
conseils et vente… Il est parfois mentionné : « appareils, instruments… », sans
autres précisions mais entrant dans le chapitre : Soins ou préparation de la
« peau », exclusivement pour le visage.
+ En 1983, nait le BP (Brevet Professionnel) avec une réglementation dès 1985,
différenciant le « massage à visée esthétique et de confort » du « massage
thérapeutique », réservé aux kinésithérapeutes. Ces points seront constamment
confirmés par la législation en 2000 puis par la loi du 4 mars 2002. Le mot
même de « massage » sera banni et deviendra définitivement « modelage » en
2010.
+ En 2003, c’est la mise au point du BAC PRO (Baccalauréat Professionnel),
rallongé à 3 ans en 2009, en même temps que se crée le BTS (Brevet de
Technicien Supérieure) « esthétique cosmétique ».
Tous ces diplômes seront modifiés en 2012 pour rentrer dans le cadre des
diplômes « esthétiques/cosmétique-parfumerie »
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Certificat d’Aptitudes
Professionnelles
CAP
Uniquement soins du visage, manucurie et beauté des pieds
Brevet Professionnel
BP
Soins corps
Par alternance
Par le docteur
François Alamigeon
Brevet de Technicien
Supérieur
BTS
SBmag|juin/juil 2014
Baccalquréat Professionnel
BAC PRO
Soins corps + enseignement général
Par apprentissage et formation continue
Brevet de Maitrîse
Niveau IV
BM
Si les restrictions pour le CAP sont clairement définies, qu’en est-il pour
les brevets professionnels et BTS ?
Tant pour les référentiels que pour les limites de connaissance, les programmes d’enseignement étant d’un niveau graduellement plus élevé, les
possibilités de soins se sont élargies. Par exemple, la prise en charge
« corps » est inscrite avec une précision sur : « matériels et appareils utilisés
en esthétique ».
Il s’agit d’être capable de : « différencier les différents modes d’action :
mécaniques, physicochimiques, par rayonnements, ondes accoustiques
etc.. » et les « paramètres de réglages pour la sécurité ».
Pour les BTS, les cours de physiques couvrent 21h et concernent tous les
domaines d’énergies cités plus haut. Il est donc très clairs que tous les
appareils produisants des énergies peuvent être utilisés en institut ! C’est
une évolution importante par rapport au CAP.
Peut-on vraiment parler de « médicalisation » ?
Comme pour de nombreuses professions paramédicales (infirmières etc.), le
niveau et la durée de l’enseignement ne cesse d’augmenter, mais est-ce
pour autant qu’il y a médicalisation du métier d’esthéticienne ?
La réponse est à nuancer car ce n’est pas tant l’usage d’appareil « médicaux » utilisant des énergies potentiellement dangereuses qui est en
question mais leur FINALITE, leur REVENDICATION, bref à quel type de
soins sont-ils destinés ?
Dans les limites de connaissance, il est clairement précisé que le but est :
« NETTOYANT / ASEPTISANT / HYDRATANT / TONIFIANT / APAISANT /
STIMULANT ».
Ces termes qui figurent peu dans le vocabulaire médical, excluent toute
notion d’anomalie grave et a fortiori de pathologie .
La « guerre interne médicale » qui eu lieu en 2010/2011 - et qui s’est soldée
par un décret annulé en conseil d’état - a eu le mérite de préciser les
compétences de chacun, mais aussi de clarifier la pensée des pouvoirs
publics. Des précisions ont été apportées plus tard par les projets de décret
de mars 2012 (non publié), puis d’avril 2012, décret paru au J.O. le 1er avril
2012 « relatif aux actes… à visée esthétique présentant des risques de
faibles à sérieux … ». Même non publiés, annulés ou inopérants, ces
décrets ont fixé des « limites » présentes dans l’esprit des administrations (HAS, DGCRF etc…) et, n’en doutons pas, constitueront une base de
réflexion pour le juge si nécessaire, en attendant une législation très précise
par actes comme cela existe en Italie et en Belgique, par exemple.
L’article D. 1151-1 du décret du 1er avril précisait : « Sont médicaux (comme
l’ont été à leur époque pour les kinés les massages thérapeutiques), l’usage
des rayonnements électromagnétiques ou des ultrasons. Donc, cela
concerne les appareils de radiofréquence, à ultrasons de cavitation, les
dispositifs lumineux...) à visée d’amincisssement, de traitements de toutes
lésions cutanées (cicatrices, taches, etc.), de traitements des rides, des
alopécies et calvities, de comblement, détatouage… sachant que le premier
projet englobait l’épilation.
Paradoxe…
Ceci permet d’imaginer que, si par exemple, une esthéticienne utilise la
radiofréquence pour tonifier la peau, elle en a le droit. Si elle l’utilise pour
traiter la cellulite, elle est dans l’exercice illégal de la médecine !
De même, s’il s’agit avec les LEDS de « purifier » la peau, c’est autorisé. S’il
s’agit de traiter l’acné, c’est interdit.
Chacun peut voir la difficulté qu’il y a à légiférer, tant la pratique peut
facilement contourner la loi, ceci d’autant plus facilement que l’opérateur
juin/juil 2014|SBmag
avis médical
est conforté par une évolution
technologique constante, utilisant des
appareils de plus en plus performants
et sécurisés.
Quelle solution ?
C’est donc bien, me semble-t-il, surtout
le diagnostic qui est en cause !
Il s’agit donc pour chaque praticien
d’esthétique de connaitre les limites
de ses compétences et de ses possibilités légales en fonction des demandes de la clientèle, ce qui lui
impose d’être très précis dans les
termes employés au cours de la phase
« diagnostic ».
Au-delà, dans un monde idéal,
l’esthétique « médicalisée » pourrait
être un véritable partenariat entre
l’institut et les médecins spécialistes
de l’esthétique ou de la peau, tant il
est vrai que la demande est exponentielle et qu’à divers degrés de la
chaine, nous avons tous besoin les
uns des autres.
L’exemple de l’épilation
Pour beaucoup de médecins, le poil
normal des zones standards chez les
gens en bonne santé « appartient » bien à l’esthéticienne. Comme
me disait un confrère « je n’ai pas fait
12 ans d’études pour enlever des
poils ! » et ceci même avec un mode
ablatif définitif (comme avec l’IPL), si
les caractéristiques du matériel sont
bien définies comme c’est le cas dans
d’autres pays.
A l’inverse, il existe une épilation
toujours médicale en cas de pathologies, d’anomalies graves, de localisations très atypiques, d’âges anormaux
(chez les enfants), etc.
Il en va de l’épilation comme du reste
des soins esthétiques, chacun doit y
trouver sa place, respecter sa compétence et passer la main quand c’est
nécessaire.
Savoir différencier les cas, ne pas tout
accaparer, permet au minimum de
respecter l’esprit de règles envisagées
ou décidées par le législateur, ce qui
n’en doutons pas, constitue un atout
pour une pratique sereine de « l’esthétique médicalisée » et un avenir en
croissance !
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