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mensuel N°10 novembre 2014 France 4,80 € - Suisse 7 CHF Le magazine professi onnel de la filière Spa Beauté Bien-être Marché : tout sur le secteur ! Découvrez le marketing olfactif Motivez votre équipe Ventes additionnelles et bons cadeaux : c’est le moment ! Mincir avec les compléments alimentaires C’est toujours la Folie des vernis … et nos tutos ongles et maquillage pratique 38 Etude de marché (2 e partie) Régine Ferrère Présidente de la CNEP Frédéric Lefret Président de la FFEEP, Secrétaire de la CNEP chargé du développement L’environnement concurrentiel des instituts de beauté Régine Ferrère présidente de la cnep La concurrence s’est considérablement accrue. Les frontières entre les métiers sont devenues poreuses. De très nombreux acteurs s’intéressent à la beauté et au bien-être en complément d’activité. Cette tendance devrait s’accentuer car les barrières à l’entrée sont relativement faibles à par l’investissement initial. La première concurrence est donc intersectorielle. Elle s’est fortement intensifiée et c’est un phénomène irréversible. L’ère du bien-être, abondamment mise en lumière dans tous les médias depuis 10 ans, a fini par attirer différents acteurs qui s’y diversifient et d’autres qui y ont massivement investi. La clientèle est devenue volatile. L’ère du net donne accès au meilleur prix en tout lieu et à tout moment. Le secteur des soins de beauté et de bien-être n’y échappe pas. Les instituts de beauté traditionnels doivent faire face à l’essor d’une concurrence intersectorielle, issue principalement des réseaux de franchise et des chaînistes, des salons de coiffure, des grands magasins, des parfumeries sélectives, des centres de thalassothérapie, des Spas, des acteurs historiques, des salles de sport, de l’hôtellerie de luxe et de plein air. Frédéric Lefret Président de la FFEEP Les cartes des instituts généralistes proposent en effet des prestations relativement similaires, facilement substituables, basées sur le cœur de métier, épilation à la cire, soins du visage et manucure. Pas de véritable concept différentiant. Ils n’ont pas la possibilité de se consacrer à la communication qui est un facteur essentiel de croissance. SBmag|novembre 2014 exploitation Les chaînes et franchises Très protégé de cette évolution qui a totalement changé le paysage de la parfumerie sélective depuis 20 ans, le secteur de l’institut traditionnel se trouve confronté à une poussée en force de ce type de commerce qui modifie totalement le paysage concurrentiel dans la plupart des villes françaises et qui séduit nombre d’instituts traditionnels qui passent sous enseigne. Ces chaînes investissent massivement dans la communication et segmentent leur offre avec des soins pointus, spécialistes, rentables en termes de temps et d’investissement produit. Pour attirer et conserver la clientèle, les chaînes et les franchises ont choisi d’être au fait des nouvelles tendances et de proposer des offres différenciantes. + Body Minute, N° 2 du secteur en nombre de centres, a ainsi créé deux nouveaux concepts en 2012-2013, Nail’minute (soin des ongles) et Hair’minute (soin des cheveux), auxquels peuvent accéder sans frais supplémentaires les abonnées de Body’minute. + Point Soleil se diversifie. La franchise se développe désormais vers l’aquabiking et les soins minceur adaptés en créant une nouvelle chaîne Envido. Yves Rocher, Body Minute et Esthetic Center sont les trois acteurs majeurs de ce marché en pleine évolution. Yves Rocher reste l’acteur historique N° 1. Il offre un visage rénové et plus dynamique depuis 2 ans. Son chiffre d’affaires vente produits sur les deux axes Parfums et Cosmétiques, reste largement majoritaire par rapport à l’axe soin. Body Minute et Esthétic Center ont surfé sur la vague low cost, sans rendez-vous. Body Minute privilégie le tout manuel, tandis qu’Esthétic Center s’est résolument tourné vers le soin Hi-Tech. On note une forte poussée des franchises utilisant les nouvelles technologies, en particulier sur l’axe dépilation qui, malgré les attaques incessantes des médecins esthétiques connaissent une belle croissance sous la pression des consommateurs qui rendent légitime l’expertise des esthéticiennes sur cette prestation reine en institut. Les principales enseignes en 2014 Groupe Centres de beauté en France Nombre total dont intégrés dont indép. (**) oui / non Yves Rocher Yves Rocher 577 394 183 oui Body ’minute JCDA 350 25 325 oui Esthetic Center International Esthétique 180 2 178 oui Point Soleil Alizés Diffusion 128 23 105 oui L’Onglerie L’Onglerie 115 5 110 non Citron Vert RCIA Développement 82 2 80 non Theraform Theraform 79 3 76 oui Hyperminceur Alésia Minceur 55 1 54 oui Espace Epilation Arwen 53 0 53 oui Relooking Beauté Minceur Relooking Concept 51 1 50 oui Efféa Effémis Minceur 50 1 49 non Radical’Epil Radical’Epil 45 0 45 oui Guinot Guinot-Mary Cohr 43 18 25 oui Physiomins Physiomins Expansion 41 1 40 oui Simone Mahler Sothys 41 0 41 oui Dépil’Tech Haisoft 40 5 35 non Mary Cohr Guinot-Mary Cohr 23 0 23 oui Guerlain LVMH 15 15 0 oui novembre 2014|SBmag 39 Présence à l’étranger Sources : Presse professionnelle spécialisée – Enseignes Enseigne pratique Les grandes enseignes de parfumeries sélectives sont très présentes dans le secteur des soins de beauté, à l’image du groupe Nocibé-Douglas qui possède 476 instituts, chiffres 2014, loin devant Marionnaud (247), Beauty Success (218) et Passion Beauté (149). Si elle possède un parc d’instituts de beauté beaucoup moins développé, l’enseigne Une Heure pour Soi, développée par E. Leclerc, présente la particularité d’avoir généralisé le concept d’instituts de beauté à l’ensemble de ses parfumeries. Seul Séphora n’a pas souhaité investir dans l’institut. 40 Les coiffeurs Ils s’intéressent historiquement à la beauté. On comptait 59 345 coiffeurs en 2012, dont nombre d’entre eux ont ouvert des espaces beauté et des bars à ongles. Deux grandes chaînes – Dessange et Jean Claude Biguine - se sont diversifiées dans les soins de beauté. 40 % des salons Jacques Dessange proposent aujourd’hui des prestations similaires à celles des instituts de beauté traditionnels. On compte 240 instituts pour les deux enseignes de coiffure réparties sur le territoire français. Les grands magasins Les Galeries Lafayette, le Printemps, le BHV ont également investi dans les soins de beauté par une offre en corner. Certes, ils ne représentent que 97 unités réparties sur le territoire, mais ils exercent une forte attractivité compte-tenu de l’ampleur de l’offre commerciale qu’ils représentent. Pour renforcer cette attractivité et stimuler les achats « plaisir », les grands magasins ont développé leurs rayons mode en y proposant des services liés à la beauté, en utilisant le concept des bars, toujours liés à une marque de spécialistes. Ils proposent des prestations de maquillage, d’épilation et de manucure, parfois des soins de beauté liés à une marque pendant une période limitée dans le temps. Les parfumeries sélectives Le parc des parfumeries sélectives n’a cessé d’augmenter depuis 2008. On compte aujourd’hui 2 119 points de vente. Les chaînes représentent 96,7 % du parc. Les indépendants ne représentent plus que 3,3 % du parc. L’enseigne Beauty Success propose aujourd’hui le modèle le plus avancé dans ce domaine grâce à un positionnement sur trois grands univers : parfumerie, parapharmacie et institut. En mars 2014, plus de 80 % de son parc de parfumeries comptait un espace institut. Elle lance en 2014 un concept de franchise uniquement sur l’institut qui viendra s’ajouter aux franchises déjà présentes en France. Ces 1185 instituts, liés à des enseignes de parfumerie constituent une sérieuse concurrence, car le consommateur peut à la fois y acheter des produits de marque, des parfums, des cosmétiques et du maquillage, mais aussi se faire faire des soins de beauté le plus souvent signés par un grand nom de la cosmétique. Ce secteur de la parfumerie bénéficie d’un maillage national efficace, d’une communication à l’échelle nationale ,de l’attractivité des Marques du luxe, de la qualité des conseillères de vente qui font cruellement défaut à l’institut traditionnel, prioritairement concentré sur les techniques de soins, au point d’oublier parfois que la marge se fait dans la vente additionnelle. Les hôteliers, le tourisme de plein air, la thalasso et le thermalisme Ils élargissent aussi leur offre beauté. On compte environ 1 100 Spas en France. Difficile d’en connaître le nombre exact, car ils sont répartis dans plusieurs structures, donc éclatés sur plusieurs code NAF. Le nombre de Spas continue de croître en France, qu’il s’agisse de Spas urbains ou de Spas hôteliers. Ces derniers misent aujourd’hui sur les équipements bien-être pour monter en gamme, devenir un véritable lieu de destination ou encore répondre aux nouvelles attentes de leur clientèle. SBmag|novembre 2014 exploitation L’hôtel de Crillon, célèbre palace parisien, a d’ores et déjà annoncé qu’il profitera de sa rénovation pour ouvrir un Spa en 2014. Cette stratégie de diversification, de différenciation et de valorisation produit via le Spa est de plus en plus répandue en particulier dans les hôtels 5 étoiles. Les régions les plus concernées sont les régions PACA et Île-de-France, les deux régions où l’on trouve la majorité des entreprises de soins de beauté et de bien-être. Les régions de montagne avec une offre haut-de-gamme, proposent également des espaces de bien-être de façon systématique dans tous les hôtels 5 étoiles. La mise en place du nouveau classement des hôtels s’accompagne pour les opérateurs de la mise en place d’activités de services complémentaires dont le Spa fait partie. En effet, les hôtels voient dans cet équipement un élément clé de différentiation. Il est un facteur primordial de choix de tel ou tel établissement opéré par la clientèle étrangère. Depuis 5 ans, l’étude KPMG met en exergue l’importance du poids du Spa dans le chiffre d’affaires total des hôtels français qui augmente. En 2011, la part du C.A. Spa dans le C.A. global de l’hôtel atteignait en moyenne 3,9 %, sur l’ensemble des Spas hôteliers français du panel KPMG (50 Spas environ), soit une progression de 0,8 point de la part du C.A. Spa dans le C.A. total entre 2009 et 2011. On constate d’importantes disparités selon la région concernée. Deux régions en tête encore une fois : + L’ Ile-de-France, où la part du C.A. Spa atteint en 2011, 1,9 % du C.A. total. + PACA (Monaco inclus), où cette part est de 2 %. Ceci s’explique par la présence de Palaces et d’hôtels classés 4 étoiles ou 5 étoiles Nouvelles Normes dans le panel Île-de-France, avec une part de C.A. hébergement conséquente. En province, de nombreux hôtels sont devenus de véritables lieux de destination grâce à leurs Spas, qui représentent dès lors une part élevée des recettes et contribuent au remplissage de l’hôtel. Cependant, cette tendance de recours au Spa ne se retrouve pas seulement dans le haut de gamme. Elle s’étend à d’autres segments, notamment les 3 étoiles ou 4 étoiles NN. Focus Esthétic Center Les Chiffres Esthétic Center + 180 instituts CA 2013 : 43 millions euros CA Moyen par institut : 240 000 euros HT Progression CA : + 4,41% année 2013 vs 2012 + Tendance marché : +2 % Le concept : + Les 4 piliers (visage, corps, épilation, beauté des mains et des pieds) + La politique commerciale : « la beauté pour elle et lui, à prix doux, sans rendezvous » + Des protocoles éprouvés + Des produits exclusifs et adaptés + Une expertise en matière de nouvelles technologies et l’apport de solutions financières pour l’acquisition du matériel L’offre innovante 2014 Le « Corner » Esthétic Center qui s’adresse aux : + Instituts indépendants souhaitant développer leur CA + Commerçants dans une activité connexe à l’esthétique (coiffeur, salle de sport,…) disposant d’un espace propice pour l’implantation d’une cabine. Esthétic Center propose, sans renoncer à leur indépendance : + de bénéficier du fichier national des clientes Esthétic Center + de mettre en place l’univers de ses produits et de ses soins dans une cabine dédiée de leur institut + de profiter de son expertise et de sa veille sur l’évolution du marché La marque fait également profiter de tous les outils marketing et communication (nouveautés produits et soins, promotions, campagnes nationales…) pour développer les ventes et l’offre dans l’institut. L’Assistance Esthétic Center : + Initiale : présence d’une animatrice pendant 3 jours + Continue + Accès à l’intranet franchisé : plate-forme assistance on-line, de téléchargements d’utilitaires : + Protocoles, fiche produit, forum, infos réseau + Outils de communication (newsletters, affiches…) novembre 2014|SBmag 41 pratique Vers certaines destinations, comme à la montagne, le Spa est devenu un prérequis afin de faire face à cette situation concurrentielle. Premier groupe en part de Spas dans ses résidences, le groupe CGH Résidences, filiale du groupe MGM, a misé dès ses origines en 2004 sur la place du Spa dans son offre appelée Spa Beauté Montagne. Le Nom “Ô Des Cimes” a été créé en 2011 afin de donner une identité forte, une image de marque commune à tous les Spas dans les résidences CGH. Aujourd’hui, le groupe fédère 20 résidences et 2 hôtels en France, dans lesquels 18 Spas sont à disposition de la clientèle. Certaines résidences travaillent cependant en collaboration avec des Spas à proximité immédiate. Le groupe est localisé en Savoie et Haute-Savoie mais s’est diversifié en Isère en 2013. 42 L’importance du poids du Spa dans le chiffre d’affaires total des hôtels français augmente. Avec une part du C.A. Spa dans le C.A. global de l’hôtel atteignant en moyenne 3,9 %, sur l’ensemble des Spas hôteliers français. Selon l’étude KPMG 2012, les résidences de tourisme représentent quant à elle 22% du parc de l’hébergement marchand en “dur” (hors campings, selon les dernières données officielles Insee, DGCIS, Syndicat National des Résidences de Tourisme). Elles ont rapidement inclus des activités de bien-être dans leur offre, afin de séduire et occuper une clientèle de loisirs en long séjour. En effet, la durée moyenne de séjour y est de 7 jours, toutes nationalités confondues (de 5,1 jours en ville à 7,9 jours à la mer, selon le SNRT). Ainsi, de nombreux opérateurs de résidences de tourisme ont compris que le Spa répondait à un enjeu important, à la fois auprès des clients, mais également auprès des investisseurs potentiels. Du côté des clients, il participe à l’élargissement des services à disposition de la clientèle en recherche d’activités de loisirs. Du côté des investisseurs particuliers et institutionnels, le Spa peut conditionner l’opportunité de leur investissement, garantissant l’attractivité future du produit résidentiel (même si ce n’est pas au même titre que la localisation ou la qualité des infrastructures et des appartements). La multiplication des résidences de tourisme et l’accroissement de la concurrence qui en découle ont donc mis le Spa au cœur des stratégies de développement. Par ailleurs, l’offre Spa au sein des résidences de tourisme a su parfaitement s’adapter à la destination, puisque les modes de consommation sont très différents selon la localisation : sauna et hammam à la montagne l’hiver, modelages de détente au bord de mer l’été. Première zone géographique en nombre de lits pour les résidences de tourisme aujourd’hui, la montagne fait aussi figure de première zone de diffusion d’une offre Spa dans ce mode d’hébergement. Les résidences urbaines ont également utilisé le Spa pour positionner leur offre. Elles portent désormais la concurrence jusque dans le cœur des villes. Ainsi, l’enseigne « Relais Spa », créée par le groupe Réside Études, a fait du Spa son atout majeur et le matérialise verbalement dans son offre. Des résidences avec une offre Spa dédiée ont vu le jour à l’image des « Quality Suites & Spa » d’Arcachon et Mérignac (33). Pour les stations thermales et de thalassothérapie, l’activité Spa a permis à un certain nombre de centres thermaux et de thalassothérapie de jouer la synergie entre hébergement et bien-être, et d’accueillir une clientèle de plus court séjour en augmentant la fréquentation sur une plus large partie de l’année. Depuis 10 ans les Etablissements Thermaux proposent un thermalisme d’agrément soit des séjours non médicalisés de 3 à 6 jours pour de la remise en forme, de la minceur ou de l’anti-stress. La Thalasso a emprunté au thermalisme ses techniques. Elle a connu une diversification dans les années 60 avec la création de l’institut de SBmag|novembre 2014 Louison Bobet de Quiberon en Bretagne, premier établissement de la vague « remise en forme ». Les techniques à base d’eau en thermalisme ou en thalasso sont semblables et dérivées des pratiques d’hydrothérapie et de balnéothérapie. D’autres techniques ou activités peuvent leur être associées : soins esthétiques, médecines douces, activités sportives, culturelles… Ex Lagrange Prestige a développé un accord avec les Thermes Saint-Gervais-les-Bains et la thalassothérapie de Bénodet afin de créer une passerelle financière pour ses clients et leur offrir des avantages sur les cures et soins. L’eau n’est pas le seul argument de ces deux produits. Le climat, l’environnement naturel en font aussi partie. Depuis quelques années, une première évolution s’est faite jour avec l’apparition des parcours aqua-ludiques. Le ludique, la remise en forme, les aspects thérapeutiques se retrouvent aussi bien en thermalisme qu’en thalassothérapie ou même dans des établissements de balnéothérapie situés en ville ou à la campagne et qui utilisent une eau banale. Le grand développement depuis une soixantaine d’années de la cosmétologie, pendant un temps cantonnée dans les « instituts de beauté » a commencé par intéresser la thalassothérapie puis les centres de balnéothérapie et aujourd’hui, l’univers thermal dans ses composantes « remise en forme », Spa et plus récemment « thermo-ludique ». On différencie ce qui correspond à deux véritables marchés distincts : D’une part, celui des séjours de remise en forme, hors prise en charge des organismes sociaux, qui intègrent des soins thermaux à la personne (bains, douches, massages) et relèvent d’une approche de prévention, d’entretien et de confort. Ce marché de la “ remise en forme ” est apparu au début des années 1980, à La Léchère puis dans les stations thermales et d’embouteillage de l’eau minérale, notamment Contrexéville, Evian et Vittel. Il s’est peu à peu généralisé dans la plupart des stations depuis les années 1990. exploitation Les kinésithérapeutes et médecins Les masseurs kinésithérapeutes La « paix des braves » a été signée en 2010 avec les masseurs kinésithérapeutes marquant plus de 10 années de conflit, jalonnées par de nombreux procès. La définition des actes est aujourd’hui inscrite dans le marbre de la loi. Aux masseurs kinésithérapeutes : le massage, même s’il est de confort et de bien-être. Aux esthéticiennes et Spas praticiennes : le modelage à visée de confort et de bien-être. Cette nouvelle sémantique a eu un peu de mal à s’installer, mais elle est aujourd’hui reprise par tous, à commencer par les référentiels des diplômes, rendant ainsi à nos métiers une légitimité qui leur était depuis si longtemps contestée. Lorsque les territoires sont bien définis, chacun travaille en toute quiétude. Les médecins et dermatologues Le marché de la dépilation par la lumière pulsée /IPL se développe dans deux secteurs : le cabinet médical avec principalement des lasers ; l’institut de beauté et le Spa avec uniquement des IPL. Le parc de machines IPL en France est estimé à 8 000 en 2012. Ce chiffre regroupe les machines présentes dans tous les circuits, hors circuit domestique. On peut estimer qu’au moins 1 million de séances sont ainsi réalisées chez les esthéticiennes. Chaque centre pratique entre 5 à 10 séances par jour, annuellement. D’autre part le marché du “ thermoludisme ”, dont l’offre s’inscrit dans une problématique de prestations ludiques et de détente commercialisées à l’entrée-journée. 1 million d’entrées + 300 000 entrées en thermoludisme « bucolique ». La clientèle : des hédonistes, sans bobo, juste un peu fatigués et avides de ne rien faire dans un bassin d’eau chaude… Des jeunes adultes en groupe, des couples d’amis, des familles, des groupes de seniors. La source hydrominérale est vécue comme source de plaisir et de bien-être. Les stations les plus importantes se situent dans les Pyrénées – Balnéa – Aquensis – où les communes ont investi dans ce secteur pour créer avec succès une forme de tourisme familial en toute saison et plus international l’hiver, avec les activités liées au ski. novembre 2014|SBmag 43 pratique Le Home institut 44 « Aujourd’hui l’AFSSAPS, par ses services de surveillance des accidents causés par des dispositifs médicaux – matério – vigilance – ne fait état que de quelques cas de brûlures légères ou d’hyper pigmentation qui disparaissent après quelques semaines. Ces cas ont été remontés par des médecins sur des soins prodigués en majorité par les cabinets médicaux » Par contre, force est de constater que les tensions sont de plus en plus vives avec les dermatologues et autres médecins esthétiques et laséristes, qui font tout pour avoir le monopole des soins de dépilation avec l’IPL, des soins minceurs et anti-âge, contestant aux esthéticiennes l’utilisation des nouvelles technologies, en brandissant un arrêté de 1962, fort utile à leur démonstration. Cette bataille pour s’approprier des parts de marché est à peine déguisée, tant les sites d’offres utilisés par les professions de santé sont nombreux. Les médecins utilisent force, assistantes sans qualification, pour pratiquer la dépilation sur leurs clients. Or l’épilation n’entre pas dans les activités qui peuvent être déléguées par un médecin, même sous sa surveillance (CE, 28 mars 2013, n° 348089). Le modèle économique d’un médecin à la tête d’un centre d’épilation et qui emploierait de nombreuses « aides » pour pratiquer les actes est donc illicite et susceptible d’engager la responsabilité pénale du praticien pour complicité d’exercice illégal de la médecine, si on s’en tient à une interprétation stricte de l’arrêté de 1962. Ainsi, quelque 3 500 médecins revendiquent le monopole des actes pratiqués de façon constante par quelque 29 000 esthéticiennes diplômées, au mépris du consommateur qui devrait avoir le choix de son prestataire pour des actes qui ne relèvent pas du domaine médical. C’est sans doute la plus grave des concurrences. La crise tend à la renforcer. L’offre des appareils d’électro beauté est de plus en plus forte et de plus en plus accessible en terme de prix. Les dépilateurs laser ou à lumière pulsée, récemment introduits sur le marché, ont enregistré une croissance en valeur de 38 % pour un CA de 14 M€. Ils ont battu tous les records de vente à Noël : +44 %, soit 33 % des ventes de l’année. Les appareils électriques (dépilateurs, lasers, tondeuses) : + 95 600 pièces vendues : + 15 % de progression, 55 M€, soit 11 % du marché ; dont 40 000 appareils dépilateurs à la lumière pulsée écoulés en 2012 (+100 % de croissance avec un prix moyen de 373 €). Les grands opérateurs, Philips en tête, vont jusqu’à étaler leur offre dans les journaux professionnels. 39 % de parts de marché et un produit IPL pour le grand public à 349 €. Ils font de l’ombre à toutes les autres méthodes et sont le véritable concurrent de l’institut traditionnel, en période d’arbitrage du consommateur sous l’effet de la crise. Vous lirez la suite de ce dossier dans le prochain numéro. SBmag|novembre 2014