Le DELF et son harmonisation sur le Cadre européen commun de

Transcription

Le DELF et son harmonisation sur le Cadre européen commun de
Le DELF et son harmonisation sur le
Cadre européen commun de référence
pour les langues
par
Eva Sabine Wagner
Numéro d’immatriculation : 40 97 84 0
Adresse électronique : [email protected]
Travail soumis à
Dr. Wolfgang Pütz
dans le cadre du cours:
« Analyse du stage en situation » (AM 5 a)
semestre d’été 2007
Université de Cologne
le 18 novembre 2007
Le DELF et son harmonisation sur le Cadre européen commun de référence pour les langues
Table de matières
Sujet
Page
1. Introduction
1
2. DELF/DALF : Qu’est-ce que c’est ?
2.1 Structure des épreuves
2
2.2 Conditions et organisation
2
2.3. Autres formes du DELF
3
2.4 Structure d’organisation : Institutions associées au programme
4
3. Le DELF et le CECRL
3.1 Les modifications du DELF selon le CECRL
7
3.1.1 Changements
7
3.1.2 Arrière-plan politique, normes et buts du CECRL
8
3.2 Les principes d’évaluation du DELF
9
3.3 Le profil des compétences requises de A1 à B2 selon le CECRL
10
4. Étude exemplaire : profil requis projeté vs. profil requis réel du DELF B1
11
4.1 Comprendre : Écouter – Le profil de compétence du niveau B1
11
4.2 Les épreuves de compréhension orale du DELF B1
12
4.3 Analyse des exercices de l’exemple d’épreuve
12
4.3.1 Correspondances au profil requis du Cadre
13
4.3.2 Le profil réel : exigences supplémentaires
14
5. Conclusion
16
6. Références bibliographiques
18
7. Annexe
7.1 L’exemple d’épreuve
A-D
7.2 Versicherung
E
1.
Introduction
L’Europe est en mouvement. Certes, la Constitution européenne a échoué, mais cet échec
ne signifie pas que l’Europe cesse de se développer et de former de plus en plus une unité.
L’idéal politique qui est le moteur d’une multitude d’initiatives culturelles, politiques et
linguistiques prises par les organes de l’Union européenne est celui d'une Europe unie où
des compétences multiculturelles forment la base d’une société transnationale, où l’estime
et le rapprochement de cultures différentes l’emportent sur la méfiance et les différences.
Dans ce contexte, l’enseignement et l’apprentissage de langues étrangères
européennes jouent un rôle important. Comment ont-ils évolué au cours des
développements européens ? Nous es saierons de répondre à cette question en prenant en
considération le DELF, le Diplôme d’Etudes en Langue Française.
Nous allons d’abord présenter le DELF : Quelle est la structure de ce diplôme ?
Quelles sont ses conditions ? Quelles formes du DELF existent ? Et comment peut-on
décrire sa structure d’organisation ?
Deuxièmement, nous allons élargir la perspective pour examiner les influences
que l’Europe a exercées sur ce diplôme de langue. Nous nous demanderons comment et
pourquoi le DELF a été adapté au Cadre européen commun de référence pour les
langues. Pour donner un aperçu sur les fonctionnements du DELF, nous présenterons et
les principes d’évaluation principaux du DELF et l’échelle globale de compétences,
organisée en niveaux de langue.
Quatrièmement, nous étudierons un exemple précis: Nous examinerons un
exemple d’épreuve du DELF, et comparerons le profil d’exigence inhérent à ces exercices
au profil requis par le CECR projeté, c’est-à-dire aux compétences qui sont officiellement
exigées par les épreuves de ce niveau. Y-a-t-il une correspondance parfaite entre eux ou
peut-on constater des différences ? Pour trouver la réponse, nous allons marquer d’abord
le profil requis officiel du niveau en question, décrit par le Cadre, pour le comparer avec
les épreuves du DELF censées y être adaptées.
1
2.
DELF/DALF: Qu’est-ce que c’est?
2.1
Structure des épreuves
Le DELF, le Diplôme d’Études en Langue Française, et le DALF, le Diplôme Approfondi
de Langue Française, sont des diplômes langagiers officiels, délivrés par le ministère
français de l’Éducation nationale, qui certifient des compétences en français. Pour
acquérir ces diplômes de l’État français, reconnus sur le plan international, il faut se
soumettre à différentes épreuves dont les profils requis correspondent aux niveaux de
langue distincts des candidats.1
En septembre 20052, le DELF/DALF a été réformé : on l’a harmonisé avec le Cadre
européen commun de référence pour les langues (CECRL)3, institué par le Conseil de
l’Europe et le portfolio de langue européen.4 Dès lors, le programme est constitué de six
unités d’épreuves hiérarchisées correspondant aux six niveaux définis par le CECRL:5
Niveaux définis par le
CECRL
C utilisateur expérimenté
Niveaux
du DELF et du DALF
C
C2 Maîtrise
C1 Niveau autonome
B utilisateur indépendant
DALF C2
DALF C1
B
B2 Niveau avancé
B1 Niveau seuil
A utilisateur élémentaire
A2 Niveau intermédiaire
A1 Niveau introductif
DELF B2
DELF B1
A
DELF A2
DELF A1
Nous voyons que les niveaux du cadre européen se réflètent dans la structure de
certification du DELF/DALF : Les deux premiers niveaux, A1 et A2, correspondent au
1
Cf. http://www.ila-france.com/sprachschule-frankreich/franzoesischkurse-delf-dalf.html
Cf. RIBA, LEPAGE, CHEVALLIER-WIXLER ..., p. 29. En Suisse, par contre, l’harmonisation n’a eu
lieu qu’en novembre 2007. Cf. http://de.wikipedia.org/wiki/DELF-DALF-Programm.
3
J’utiliserai désormais l’abbréviation CECRL.
4
Cf. http://de.wikipedia.org/wiki/DELF-DALF-Programm.
5
Pour l’illustration, cf. http://www.ciep.fr/delfdalf/presentation.htm
2
2
candidat qui dispose de connaissances et de compétences de bases. C’est la capacité
d’utiliser la langue dans des contextes quotidiens simples qui caractérise le niveau A de
l’utilisateur élémentaire.6
Le niveau B est plus exigeant : Cette deuxième partie du DELF certifie que le
candidat a la capacité de se servir de la langue française de manière adéquate à propos
d’une multitude de sujets.
Le niveau C enfin demande une aptitude de communication bien développée : il
faut être capable de s’exprimer couramment et spontanément en français à propos de
thèmes spécialisés que le candidat choisit lui-même. En réussissant à l’unité d’épreuve C1
et/ou C2, le candidat acquiert le droit de faire ses études dans une université française.7
Le terme d’« unité d’épreuve » est choisi consciemment : Chaque niveau à passer
comprend des épreuves relatives à quatre domaines de la compétence linguistique : la
production écrite, la compréhension écrite, la production orale et la compréhension orale.
2.2
Conditions et organisation
Après avoir jeté un coup d’œil sur la structure générale des épreuves du DELF et du
DALF, prenons encore brièvement en considération les conditions et l’organisation des
épreuves. – Qui a le droit de se présenter comme candidat ? En général, des Français sont
exclu du programme, car le DELF/DALF est censé certifier des connaissances de français
en tant que langue étrangère. Si, par contre, un citoyen français n’est pas francophone, il a
la possibilité de solliciter une autorisation exceptionnelle auprès de la commission
nationale du DELF/DALF. Le règlement n’exclut pas systématiquement tout locuteur
natif des épreuves.8
Tandis que la participation aux épreuves est sélective, les épreuves elles-même
n’imposent pas de restrictions aux candidats.9 Les niveaux sont indépendants, ce qui
signifie que l’on n’est pas obligé de passer un niveau pour avoir le droit d’accéder à un
niveau supérieur : on peut s’inscrire directement au niveau de son choix.10
6
Cf. http://www.ila-france.com/sprachschule-frankreich/franzoesischkurse-delf-dalf.html.
Cf. ibid.
8
Cf. http://www.ciep.fr/delfdalf/pratique.htm.
9
Si l’on ne réussit pas à une épreuve, on peut la répéter autant de fois que l’on veut.
10
Les centres d’examens conseillent aux candidats d’évaluer (avant de s’inscrire) leur niveau de langue
approximatif en calculant les heures qu’ils ont consacrées à l’apprentissage du français. Quelqu’un qui se
présente comme candidat de niveau A1 est censé avoir assisté à au moins soixante heures de cours. A2
correspond à 160, B1 à 310, B2 à 490, C1 à 690 et nievau C2 à 890 heures de cours. Cf. http://www.ilafrance.com/sprachschule-frankreich/franzoesischkurse-delf-dalf.html.
7
3
Une condition formelle de la passation des épreuves sont les frais de l’inscription,
qui commencent actuellement, au niveau A1, par seize euros, et finissent par cent-dix
euros (niveau C2).
Non seulement les frais, mais aussi les durées des examens sont en corrélation
avec les niveaux : Tandis que l’épreuve de DELF A1 ne dure qu’une heure vingt, le
dernier examen, niveau DALF C2, a une durée de trois heures et trente minutes.
Les épreuves sont organisées par les centres d’examens (il en existe trente en
Allemagne et quarante-deux en France). En tout, 900 centres d’examens se répartissent
sur 154 pays dans le monde.11
2.3
Autres formes du DELF
En plus du DELF ordinaire, le programme offre encore deux autres forme du DELF : Le
DELF junior et le DELF scolaire.
Le DELF junior ressemble structurellement au DELF ordinaire, mais plus adapté
aux centres d’intérêt des adolescents. Ses diplômes sont équivalents aux autres, mais seuls
les candidats d’âge scolaire peuvent s’y présenter.
Le DELF scolaire, comme le DELF junior, prend également en considération l’âge
des candidats élèves en ce qui concernent le choix des thèmes traités lors des épreuves.
Mais le déroulement de ce diplôme diffèrent des autres, puisque ce ne sont pas les centres
d’examens qui organisent les épreuves, mais les écoles. Les institutions éducatives font
un contrat avec l’ambassade française locale. Par conséquent, les écoles impliquées dans
le contrat peuvent proposer à la commission française du DELF/DALF des dates pour la
passation des épreuves. L’école l’organise donc l’examen de manière autonome.12
2.4
Structure d’organisation : Institutions associées au programme
Quel est l’arrière-plan organisateur de l’initiative DELF/DALF ? Nous avons déjà
mentionné plusieurs institutions associées au programme, mais sans encore préciser le
rôle qu’ils jouent dans le complexe administratif associé aux épreuves. Dans ce chapitre,
nous essayerons donc de comprendre la structure d’organisation des diplômes langagiers.
Le programme DELF/DALF naît le 22 mai 1985 où il a été créé par arrêté
ministériel13. Il s’agit donc d’une initiative de l’État français qui poursuit le but de faire
valoir la langue française dans le monde entier. En offrant non seulement des diplômes en
11
Cf. http://www.ciep.fr/delfdalf/presentation.htm.
Cf. http://de.wikipedia.org/wiki/DELF-DALF-Programm.
13
http://www.ciep.fr/delfdalf/biblio.htm.
12
4
langue française, mais aussi des cours de préparation aux épreuves, l’État français
contribue à la diffusion de la langue et – ce qui y est étroitement lié – de la culture
française et promouvoit sa réputation à l’étranger. Par conséquent, deux ministères de
l’État sont impliqués dans la réalisation du projet : d’une part, le ministère de l’Éducation
Nationale, responsable des contenus pédagogiques, c’est-à-dire de la conception des
épreuves, et d’autre part, le ministère des Affaires Étrangères, qui s’occupe de la
réalisation du projet à l’étranger.
Les ministères, bien sûr, délèguent leurs tâches à d’autres institution. Le ministère
de l’Éducation Nationale délègue son projet au Centre International des Études
Pédagogiques (CIEP)14, une institution publique autonome soutenue par lui. Le CIEP15 est
responsable principalement de deux domaines. Premièrement, il est actif dans le domaine
des langues en prenant des initiatives pour développer le plurilinguisme et l’expansion de
la langue française au-delà des frontières françaises. Deuxièmement, le CIEP travaille
dans le domaine de l’éducation et de la culture en contribuant à améliorer et à valoriser
des compétences françaises à l’étranger : il développe des cours de formation, offre des
séminaires, organise des échanges et des programmes pédagogiques. Le DELF/DALF fait
partie des attributions du CIEP. Le CIEP a fondé la Commission Nationale du DELF et
du DALF qui est directement responsable des certifications et des épreuves. Il est
également auteurs de divers ouvrages de préparation aux examens.
Le ministère des Affaires Étrangères est représenté à l’étranger par l’ambassade
française.
Ces deux émanations de l’État français se réunissent dans les centres d’examens :
(en général) les Instituts Français. Ceux-ci, largement représentés dans une multitude de
pays, organisent les épreuves que leur fournit le CIEP. Ensuite, les documents des
épreuves passées dans les Instituts Français (qui coopèrent avec l’ambassade française)
retournent en France où ils sont corrigés. Voilà pourquoi les diplômes portent le sceau du
ministère de l’Éducation Nationale.
Deux autres institutions jouent encore un rôle important dans ce processus : Les
écoles des pays non-français et l’Europe, ou, plus concrètement, le Conseil de l’Europe.
Nous avons déjà considéré la fonction des écoles au chapitre 2.3 qui coopèrent avcec les
Instituts Français. Le Conseil de l’Europe, qui a développé le CERCRL, a contribué à la
modification du DELF/DALF. Vingt ans après la naissance du programme, la dimension
européenne contribue à sa réforme. Le cadre livre les moyens pour une comparaison
14
J’utiliserai désormais l’abbréviation.
5
internationale des compétences communicatives et linguistiques dans le domaine de
l’enseignement de langues étrangères. La prise en compte du cadre en Europe donne de la
transparence et de la cohérence à l’apprentissage.
L’illustration essaie de résumer la structure d’organisation du DELF/DALF :
L’EUROPE
Conseil de l’Europe: CECRL
(= Cadre Européen Commun de Référence pour les Langues)
ÉTAT FRANÇAIS
Ministère des Affaires Étrangers
Ministère de l’Éducation Nationale
CIEP
(Centre Internationel des
Études Pédagogiques)
Commission
Nationale du DELF
et du DALF
FRANCE
Ambassade française
CENTRE D’EXAMENS
Instituts Français (IFs)
écoles
15
Æ épreuves de DELF/DALF
Les informations sur le CIEP ont été extrait de ce site: http://www.ciep.fr.
6
3. Le DELF et le CECRL
3.1
Les modifications du DELF selon le CECRL :
La diffusion institutionnelle du CECRL est ample : il a été traduit dans une vingtaine de
langues et il a été adopté par de nombreux systèmes éducatifs.16 Cependant, le CECRL
« n’est pas un outil prescriptif ».17 Les États ne sont pas obligés de l’appliquer, car il
« n’est aucunement un dispositif réglementaire » : le cadre est plutôt « un instrument,
élaboré collectivement, qui est proposé comme base pour assurer une meilleure lisibilité
des enseignements de langues ».18 Le mérite du CECRL consiste à un « cadrage commun
[...] à l’intérieur duquel de multiples options demeurent possibles ».19 Le cadre n’impose
pas aux systèmes éducatifs nationaux une application de normes concrètes, mais il permet
l’élaboration de programmes.
3.1.1 Changements
Mais qu’est-ce qui a changé depuis septembre 2005 ? Quelles modifications ont eu lieu ?
D’abord, c’est l’échelle de maîtrise des compétences qui a changé de forme. Avant
l’harmonisation du DELF/DALF sur le Cadre européen, le DELF était constitué de deux
degrés : le 1er degré, qui englobait les unités A1, A2, A3 et A4, et le 2e degré (unités A5 et
A6). Tandis que la réussite des unités A4 et A6 aboutissait à l’obtention d’un diplôme
(Diplôme DELF 1er et 2e degrés), la réussite des unités subordonnées n’avait pas un statut
de diplôme : le candidat ne recevait qu’une Attestation de réussite.20
Les niveaux du DELF avant l’harmonisation au CECRL
DELF 2e degré
DELF 1er degré
Unité A6
Æ Diplôme DELF 2e degré
Unité A5
Æ Attestation de Réussite
Unité A4
Æ Diplôme DELF 1er degré
Unité A3
Æ Attestation de Réussite
Unité A2
Æ Attestation de Réussite
Unité A1
Æ Attestation de Réussite
16
Cf. BEACCO , p. 26.
BEACCO …, p. 25.
18
Ibid.
19
Ibid.
20
Le DALF était constitué de quatre unités indépendantes.
17
7
Deuxièmement, l’accès aux niveaux supérieurs des épreuves n’était pas libre : il
était nécessaire de réussir au DELF 1er degré pour avoir le droit d’accéder au DELF 2e
degré. Dans quelques pays, il était possible d’y accéder directement, mais il fallait passer
un test d’accès direct.21
Quand on compare compare le modèle d’autrefois avec le modèle actuel, on peut
constater que le nombre des unités à obtenir a diminué. En même temps, la différence de
niveaux a grandi en ce qui concerne les compétences requises : le niveau A1 réformé est
« très en deça de l’ancienne unité A1 du DELF ».22 Le niveau C2, par contre, « élargit les
compétences resquises dans l’ancien DALF ».23 La nouvelle structure du DELF (et du
DALF) étend donc le spectre de degrés de maîtrise de la langue en ouvrant « le processus
de validation des acquis aux débutants »24 et à ceux qui ont déjà atteint un haut degré de
maîtrise de la langue.25 Enfin, le DELF s’adapte aux buts et aux normes européens.
Desquels s’agit-il exactement ?
3.1.2 Arrière-plan politique, normes et buts du CECRL26
Le CECRL est n’est qu’une des nombreuses initiatives du Conseil de l’Europe qui
servent à unir les pays membres de l’Union Européenne pour qu’une Europe unie se
développe. La diversité de langues et cultures européennes est considérée comme un
atout, qui, tout de même, s’oppose encore à l’interaction et à la communication entre des
Européens de différents pays. Pour transformer cet obstacle des langues maternelles
différentes en une source d’enrichissement et de compréhension mutuelles, le Conseil de
l’Europe poursuit le but d’améliorer en Europe la connaissance de langues européenes
modernes. Un tel développement est censé améliorer la mobilité et les coopérations en
Europe et diminuer les préjugés et la discrimination. Ce sont donc des projets et des
ideaux politiques qui entraînent les mesures langagières.
Comme est-ce que le Cadre européen procède pour y arriver ? Le Cadre lui-même
mentionne cinq aspects à propos de cette question. Premièrement, le CECRL décrit
minutieusement et globalement les compétences et les aptitudes qui sont nécessaires à une
21
Cf. DAYEZ …, p. 32.
Ibid.
23
Ibid.
24
DUPOUX …, p. 33. Le niveau C2, par contre, exige plus de compétences du candidat que l’ancien
DALF.
25
Le candidat du DALF doit être capable d’ « établir une communication aisée et spontanée », est censé
posséder « un répertoire lexical large », sait s’exprimer de manière adéquate, précise, aisée, et fait preuve
d’un « discours clair, bien construit et sans hésitation ». Cf. http://www.ciep.fr/delfdalf/DALF.htm.
26
Je résume ici les aspects principaux du premier chapitre du CECRL, en m’appuyant sur la version
allemande. Cf. http://www.goethe.de/z/50/commeuro/deindex.htm.
22
8
interaction communicative réussie. Deuxièment, en définissant des niveaux de
compétence, le CECRL permet de mesurer des progrès par rapport à différents degrés de
maîtrise de langues étrangères. Ces niveaux étant valables pour toutes les langues
européennes, le Cadre constitue troisièmement une base commune pour la description et
la détermination de buts, de contenus et de méthodes. En quatrième lieu, il livre des
critères objectifs pour le classement d’un certain niveau de compétence. Finalement, le
cadre permet ainsi d’établir des programmes d’apprentissage langagières er de développer
des certificats de langue, ainsi que l’auto-apprentissage d’un apprenant.
Quels sont les buts précis que le Conseil de l’Europe poursuit par le CECRL ?
D’abord, le Cadre Européen forme la base commune pour le développement d’épreuves et
de programmes et de manuels scolaires, par rapport aux langues cibles, et ce dans toute
l’Europe. Le Cadre garantit ainsi une meilleure transparence des cours, des programmes
scolaires et des certificats de qualification ainsi qu’une meilleure coopération
internationale : il rend plus aisée la coopération entre les institutions éducatives de
différents pays, livre un fondement solide pour la reconnaissance de qualifications
linguistiques étrangères et soutient les enseignants et les apprenants, les auteurs de
méthodes de langue, les examinateurs et l’administration de l’éducation en leur offrant un
cadre qui coordonne leurs efforts.
Dans un contexte plus large, le fait d’uniformiser l’enseignement et
l’apprentissage de langues étrangères et de valoriser ceux-ci revient à la promotion de
compétences culturelles. Le but principal est de promouvoir des compétences
d’interaction multiculturelle et multilingue.
3.2
Les principes d’évaluation du DELF
La question, concernant les principes d’évaluation du DELF, aboutit à une autre : Que
peut-on évaluer ? La Commission Nationale du DELF et du DALF, institution du CIEP,
distingue avant tout deux domaines que les examinateurs prennent en considération chez
les candidats.27
Premièrement, c’est la compétence de communication qui est évaluée. Un des buts
importants est de savoir comment le candidat sait « se débrouiller » dans des situations
quasi authentiques de communication. Arrive-t-il à appliquer les connaissances supposées
acquises à son niveau ? Ce qui compte dans ce domaine, c’est le contexte d’utilisation de
27
Cf. DELF. Guide de l’examinateur. Éd. Par la Commission Nationale du DELF et du DALF. Paris :
Didier, Hatier 1993, p. 4.
9
la langue, le « savoir-faire ».28 Voilà pourquoi les exercices proposés au DELF essaient
de se rapprocher de situation réelles d’usage de la langue et présentent des « tâches
précises à accomplir », comme celle d’écrire une lettre à sujet défini, ou celle de
demander des informations concrètes.
L’évaluation des examinateurs se focalise deuxièment sur la compétence
linguistique formelle. Celle-ci n’est cependant pas, selon la Commission Nationale du
DELF et du DALF, une fin en soi : elle doit son importance au fait qu’elle « conditionne
dans la pratique l’aptitude de communiquer ».29
3.3
Le profil des compétences requises de A1 à B2 selon le CECRL
Comment est-ce que le Cadre Européen Commun de Référence pour les Langues décrit
les profils des différents niveaux de compétence dans le domaine de l’utilisateur
élementaire et indépendant?
Voici l’échelle globale, extrait du Cadre :30
Utilisateur
indépendant
Utilisateur
élémentaire
DELF
B2
DELF
B1
DELF
A2
DELF
A1
Peut comprendre le contenu essentiel de sujets concrets ou abstraits dans un texte
complexe, y compris une discussion technique dans sa spécialité. Peut communiquer
avec un degré de spontanéité et d'aisance tel qu'une conversation avec un locuteur natif
ne comportant de tension ni pour l'un ni pour l'autre. Peut s'exprimer de façon claire et
détaillée sur une grande gamme de sujets, émettre un avis sur un sujet d’actualité et
exposer les avantages et les inconvénients de différentes possibilités.
Peut comprendre les points essentiels quand un langage clair et standard est utilisé et s'il
s'agit de choses familières dans le travail, à l'école, dans les loisirs, etc. Peut se
débrouiller dans la plupart des situations rencontrées en voyage dans une région où la
langue cible est parlée. Peut produire un discours simple et cohérent sur des sujets
familiers et dans ses domaines d'intérêt. Peut raconter un événement, une expérience ou
un rêve, décrire un espoir ou un but et exposer brièvement des raisons ou explications
pour un projet ou une idée.
Peut comprendre des phrases isolées et des expressions fréquemment utilisées en
relation avec des domaines immédiats de priorité (par exemple, informations
personnelles et familiales simples, achats, environnement proche, travail). Peut
communiquer lors de tâches simples et habituelles ne demandant qu'un échange
d'informations simple et direct sur des sujets familiers et habituels. Peut décrire avec des
moyens simples sa formation, son environnement immédiat et évoquer des sujets qui
correspondent à des besoins immédiats.
Peut comprendre et utiliser des expressions familières et quotidiennes ainsi que des
énoncés très simples qui visent à satisfaire des besoins concrets. Peut se présenter ou
présenter quelqu'un et poser à une personne des questions la concernant – par exemple,
sur son lieu d'habitation, ses relations, ce qui lui appartient, etc. – et peut répondre au
même type de questions. Peut communiquer de façon simple si l'interlocuteur parle
lentement et distinctement et se montre coopératif.
28
Cf. ibid. L’importance de cet aspect nous renvoit à l’arrière-plan européen, au but à long terme du
CECRL, qui vise à obtenir la capacité des européens de communiquer entre eux avec succès.
29
Cf. ibid.
30
Cf.http://www.coe.int/T/DG4/Portfolio/documents/Cadre%20de%20reference%20avec%20hyperliens.pdf
10
Le Cadre spécifie les compétences de chaque unité selon 3 compétences globales :
« comprendre », « écrire » et « parler ». Ces compétences incluent des activités
distinctes : « Comprendre » englobe « écouter » et « lire ». « Parler » couvre « prendre
part à une conversation » et « s’exprimer oralement en continu ». La compétence
« Écrire » n’est pas subdivisée. Pour chacune des compétences, le CECRL offre des
descriptions par rapport à chaque niveau.
En outre, on distingue cinq « aspects qualitatifs » de l’utilisation de la langue
parlée pris en compte à chaque niveau : l’étendue, la correction, l’aisance, l’interaction et
la cohérence de l’expression orale.
4.
Étude exemplaire : profil requis projeté vs. profil requis réel
Après avoir donné un aperçu théorique sur les niveaux de compétence et sur les
dimensions d’évaluation du Cadre européen commun de référence pour les langues, sur
lesquels s’appuient le DELF/DALF, nous nous posons la question de savoir si le profil
requis projeté par le Cadre, et par le programme du DELF, correspond, dans la pratique,
au profil requis réel. Cette question n’est pas sans importance : S’il y a un grand décalage
entre les compétences réelles et les compétences projetées théoriquement, le DELF n’est
pas apte à juger du niveau langagier d’un candidat – en tout cas, la pertinence des
résultats du DELF diminue. La question soulevée par une telle comparaison est donc la
suivante : le DELF
est-il un moyen adéquat pour évaluer les compétences des
apprenants ? Les épreuves du DELF, permettent-elles un aperçu réaliste des compétences
langagières des candidats ?
Pour répondre à cette question, nous allons analyser, à titre d’exemple, un exercice
du niveau B1 du domaine de la compréhension orale, c’est-à-dire de l’activité « écouter »
de la compétence globale « comprendre ».31 Avant d’y procéder, nous allons préciser
comment le Cadre européen définit le profil d’exigence de ce domaine pour le comparer
plus tard à notre analyse des compétences requises.
31
Bien sûr, il ne s’agit que de l’analyse d’un exemple qui pourrait s’effectuer aussi bien à un autre niveau
de langue et à propos d’un autre domaine de compétence.
11
4.1
Comprendre : Écouter – Le profil de compétence du niveau B1
Dans la grille pour l’auto-évaluation, le CECRL nous informe des compétences dont le
candidat du niveau B1 devrait disposer dans le domaine d’ « écouter » : Il peut
« comprendre les points essentiels quand un langage clair et standard est utilisé et s’il
s’agit de sujets familiers concernant le travail, l’école, les loisirs, etc. » Il est capable de
« comprendre l'essentiel de nombreuses émissions de radio ou de télévision sur l'actualité
ou sur des sujets qui [...] [l]’intéressent à titre personnel ou professionnel si l’on parle
d'une façon relativement lente et distincte. »
4.2
Les épreuves de compréhension orale du DELF B1
Comment la Commission Nationale du DELF et du DALF applique-t-elle ce modèle dans
ses examens ?
L’examen du DELF B1 dure, en tout, deux heures. L’épreuve de compréhension
orale est la première et dure 25 minutes.32 Le candidat est censé répondre à des
questionnaires de compréhension portant sur trois documents enregistrés qui peuvent être
de nature différente : premièrement, il peut s’agir d’un document de caractère informatif,
comme des informations radiophoniques, l’extrait d’un reportage, d’un cours ou d’une
conférence ou la présentation d’un produit ou d’une publicité. Deuxièmement, les
documents peuvent présenter des situations de la vie quotidienne, comme des dialogues,
des interviews, des messages ou des annonces.
Le déroulement de l’épreuve est divisé en quinze parties, c’est-à-dire en cinq
parties par document enregistré : Premièrement, le candidat a 30 secondes (pour le
premier et le deuxième document enregistré) ou une minute (pour le troisième document)
pour lire le questionnaire qui se réfère au document enregistré suivant. Deuxièmement,
après la lecture, l’examinateur fait écouter le document, qui dure entre une ou deux
minutes (exercice 1 et 2) et trois minutes (exercice 3). Ensuite, le candidat a,
troisièmement, trente secondes (exercice 1 et 2) ou trois minutes (exercice 3) pour
répondre aux questions. Dans un quatrième temps a lieu la deuxième écoute. Après la
deuxième écoute, il reste, cinquièmement, une minute (exercice 1 et 2) ou 2 minutes
(exercice 3) pour finir le remplissage du questionnaire.
32
Après a lieu l’épreuve de compréhension des écrits, qui dure 35 minutes, suivie de l’épreuve de la
production écrite (45 minutes). Cf. CENTRE INTERNATIONAL D’ETUDES PEDAGOGIQUES. Réussir le DELF.
Niveau B1 du Cadre européen commun de référence. Paris : Les Éditions Didier 2006, p. 7.
12
4.3
Analyse des exercices de l’exemple d’épreuve33
Le premier document enregistré est un spot radiophonique de SOS Écoute, c’est-à-dire
d’une association de soutien psychologique, qui se présente dans le but de trouver des
volontaires.
Dans l’exercice 2, le candidat écoute l’enregistrement d’un entretien téléphonique
que Claude mène avec Julie, pendant lequel Claude comprend qu’il a confondu
l’anniversaire de son interlocutrice Julie avec celui d’une copine, Nathalie, ce qui a pour
conséquence que Julie raccroche furieusement.
Le troisième enregistrement est un document touristique où l’on présente Bali.
4.3.1 Correspondances au profil requis du Cadre
En général, les compétences évaluées lors de l’épreuve B1 correspondent aux exigences
du Cadre européen commun de référence pour les langues.
L’épreuve est divisée en quatre parties, ce qui permet d’évaluer les compétences
distinctes définies par le Cadre : à la compétence « écouter » correspond l’épreuve de
« compréhension
orale »,
l’aptitude
à « lire »
est
évaluée
par
l’épreuve
de
« compréhension des écrits », la compétence « écrire » se retrouve dans l’épreuve de
« production écrite », la capacité de « prendre part à une conversation » et de « s’exprimer
oralement en continu » est évaluée dans la quatrième partie de l’examen de « production
orale ».
L’épreuve de compréhension orale que nous prenons en exemple et qui évalue la
capacité de comprendre des énoncications orales, reflète également les exigences
spéciales formulées dans grille de l’auto-évaluation. Les documents enregistrés
présentent, dans les trois exercices, la parole d’un Français qui s’adresse à un auditeur
direct ou à un auditeur indirect : Dans l’exercice 2, Claude s’adresse directement à Julie,
sans que l’on puisse entendre ce qu’elle répond. Dans les autres exercices, le discours
s’adresse à une certaine cible : Dans l’exercice 1, l’association SOS Écoute espère
atteindre avec son spot des gens engagés qui se décideraient peut-être à rejoindre leur
équipe. Dans l’exercice 2, les informations données sur Bali sont intéressantes avant tout
pour des gens qui envisagent une voyage à court terme. En ne présentant toujours qu’un
seul locuteur, ces exercices permettent au candidat auditeur de se concentrer sur la
compréhension de la parole. En plus, les situations d’énonciation présentées dans ces trois
exercices obéissent au but premier du Cadre, notamment de promouvoir la compétence de
33
Cf. Réussir le DELF 2006, p. 35. Vous trouvez le texte enregistré, sous forme écrite, dans l’annexe, ainsi
13
communication : Tous les trois documents représentent des situations potentiellement
authentiques et intéressantes pour le candidat. Claude pourrait être un ami que l’on entend
téléphoner ; les vacances sont un thème qui touche tout le monde ; et quand on entend la
radio, il n’est pas invraisemblable d’écouter un spot comme celui de SOS Écoute. Les
trois exercices de l’épreuve de compréhension orale du DELF exigent donc vraiment du
candidat qu’il « se débrouille dans des situations quotidiennes d’usage de la langue,
comme celle de comprendre une « émission[] de radio ou de télevision [...] ou sur des
sujets qui [...] [l]’intéressent à titre personnel ».34
4.3.2 Le profil réel : exigences supplémentaires
Cependant, des points sont criticables. Regardons donc de manière plus détaillée les
exigences formulées dans le Cadre : Le candidat doit être capable de « comprendre
l’essentiel de nombreuses émissions de radio [...] si l’on parle d’une façon relativement
lente et distincte. »
En comparant cette idée directrice aux épreuves de compréhension orale du DELF
B1, on peut les critiquer. D’une part, le questionnaire ne me semble pas exclusivement
vouloir garantir que le candidat ait compris « l’essentiel » : Dans l’exercice 3 par
exemple, les deux dernières phrases prononcées contiennent déjà trois chiffres assez
complexes et donc assez difficiles à comprendre : la dame nous informe que l’Indonésie
compte 13000 îles, et nomme ensuite la taille précise de Bali, qui « est [...] [l’île] la plus
petite, avec guère plus de 140 kilomètres sur 80 ».35 Et bien qu’un tel bombardement de
chiffres ne fasse pas partie du domaine « des choses familières » comme « le travail, [...]
l'école [ou] [...] les loisirs »36 qui est au centre de niveau B1, on consacre deux des neuf
questions à la compréhension de ces chiffres que le candidat doit noter. On pourrait
objecter à cette critique que la réponse à ces questions ne vaut que 2 points, tandis que
d’autres questions ont plus de poids dans l’évaluation. Tout de même, ces questions
peuvent présenter un obstacle au remplissage du questionnaire : Après la question très
générale consistant à demander si le document a un caractère économique, historique ou
touristique, la notation des chiffres est la première tâche à laquelle le candidat est
confronté. Cela augmente le risque que le candidat, habitué probablement par ailleurs à se
fixer sur les chiffres, se concentre trop sur la compréhension des chiffres demandés au
que le questionnaire.
34
Cf. l’échelle globale, chapitre 3.3, note 30.
35
Cf. Annexe A.
36
Cf. l’échelle globale, chapitre 3.3, note 30.
14
début du troisième questionnaire, et néglige ainsi involontairement les autres questions,
puisqu’il n’y a que deux écoutes. Même s’il se décide à sauter les premières questions, on
ne peut nier l’effet de démotivation qui découle de l’obstacle que représentent les
questions 2 et 3.
Ce que l’on peut critiquer, en deuxième lieu, c’est la parole enrégistrée. Certes, les
locuteurs parlent d’une façon distincte – première condition formulée dans le Cadre –,
mais à mon avis la deuxième condition n’est pas remplie: Ils ne parlent pas « d’une façon
relativement lente ».
Une autre critique, qui me semble être la plus importante, porte sur les exigences
supplémentaires que la conception des questionnaires, et, plus généralement,
l’organisation des épreuves induisent. Commençons par la première phase, dans laquelle
les candidats lisent les questions. Cette phase sert sans doute à les préparer au remplissage
du questionnaire, mais elle est tout de même problématique : le temps n’est pas suffisant,
à mon avis, pour lire toutes les questions qui se réfèrent à l’écoute suivante, ce qui peut
déjà provoquer dans le candidat l’impression de ne pas être à la hauteur des exigences,
bien que l’activité principale n’ait pas encore commencé. Il se sent probablement stressé
et insuffisamment préparé à l’écoute, ce qui a une influence négative sur sa concentration
lors de l’écoute.
En outre, cela n’a rien à voir avec une situation réelle, où l’on est ni préparé à un
dialogue ni forcé de répondre après à un questionnaire, ce qui nous mène à une autre
dimension problématique : le choix des questions. Elles constituent une mélange étrange
entre des questions générales, qui cherchent à juste titre à garantir la compréhension
globale, et des questions qui nécessitent une compréhension très détaillée : il faut être
capable de marquer des chiffres précis et de noter comme fausses des constatations qui
pourraient très bien figurer dans le texte enrégistré, soit parce que ces fausses réponses
contiennent des mots du texte enregistré, mais les insèrent dans un faux contexte (cf.
exercice 1, devoir 7 c), soit parce qu’elles sont vraisemblables (cf. exercice 1, devoir 7 b).
L’organisation en général pose des problèmes au candidat qui le détournent de la
vraie tâche de compréhension orale : Comment organiser les différentes activités exigées
de sa part ? Certes, la division de l’examen en quatre parties semble à première vue
garantir l’évaluation des compétences distinctes. Mais la compréhension orale n’est
qu’une de trois compétences requises dans l’épreuve de « compréhension orale » du
niveau B1 : Il faut aussi lire (Æ le questionnaire) et écrire (Æ les réponses).
15
Même si les exigences dans ces deux domaines dans cette épreuve ne sont pas trop
élevées37, elles posent un problème dans leur ensemble : C’est le candidat qui doit
coordonner toutes les trois activités (lire, écouter, écrire). Devrait-il, pendant l’écoute,
déjà commencer à remplir le questionnaire ? S’il ne le fait pas, il risque d’oublier tous les
chiffres. Mais s’il le fait, il risque de ne pas écouter l’enregistrement entier. En outre, le
candidat n’a pas le temps de réfléchir à ce problème, car les 30 secondes dont il dispose
avant que l’écoute commence ne suffisent même pas à lire le questionnaire.
Nous voyons donc que l’épreuve de compréhension orale du DELF B1 a un profil
d’exigence qui diffère de celui proposé par le Cadre, car une multitude de réflexions et de
compétences supplémentaires s’ajoutent à celles qui sont officiellement requises.
5.
Conclusion
Nous venons de constater que les épreuves du DELF, analysées à l’exemple du niveau
B1, s’adaptent au profil de compétences requises projeté par le Cadre européen commun
de référence pour les langues. Une analyse plus détaillée nous montre pourtant que
l’application des normes européennes n’est pas parfaitement cohérente. Il faut donc
constater un petit décalage entre les compétences exigées pendant l’épreuve, et les
compétences projetées théoriquement auxquelles le DELF prétend d’être adapté. Le
DELF, est-il donc apte à juger du niveau de langue d’un candidat ou n’est-il pas du tout
compétent dans le domaine de l’évaluation ?
De toute façon, il faudrait une analyse et une évaluation plus larges et plus
différenciées pour énoncer une critique fondée et légitime, ce qui n’était pas possible dans
le cadre restreint de cet étude. Loin donc de vouloir dire que le DELF est un moyen
absolument inadéquat pour l’évaluation des compétences des apprenants, notre petite
analyse a tout de même mis le doigt sur quelques faiblesses du système des épreuves du
DELF : le déroulement compliqué de l’épreuve de compréhension orale détourne
l’attention du candidat de la compétence réellement évaluée, si bien qu’il ne peut pas se
focaliser exclusivement sur la tâche la plus importante : celle d’écouter.
En outre, la séparation méthodique des épreuves, censée indiquer les différentes
compétences qui sont au centre de chaque épreuve, cache des incohérences dans le
déroulement l’épreuve : le candidat est aussi occupé avec la lecture qu’avec l’écoute.
37
Voilà pourquoi le candidat ne doit écirre que rarement des mots, mais est censé avant tout cocher des
cases.
16
Mais comment savoir si le candidat a bien compris un discours oral si la démarche
d’évaluation n’est pas convenable ? – Peut-être serait-il mieux de lui poser des questions
après deux écoutes de l’enregistement, ou de lui donner après l’écoute un questionnaire
lui permettant de se référer aux informations essentielles, plutôt que de l’obliger à noter
des détails secondaires.
17
Références bibliographiques
BEACCO, Jean-Claude: Le DELF et le DALF à l’heure européenne. Influence du Cadre
(CECR) sur les programmes et les dispositifs d’évaluation. Ds : Le Français dans le
monde, n° 336, p. 25-28. JAHR
CADRE EUROPEEN COMMUN DE REFERENCE POUR LES LANGUES :
http://www.coe.int/T/DG4/Portfolio/documents/Cadre%20de%20reference%20avec%20h
yperliens.pdf
CENTRE INTERNATIONAL D’ETUDES PEDAGOGIQUES : Réussir le Delf. Niveau B1 du Cadre
européen commun de référence. Paris : Didier 2006.
DAYEZ, Yves: Des modifications importantes. Ds : Le Français dans le monde, n° 336,
p. 32-33. jAhr
DUPOUX, Béatrice : Une certification pour un niveau de découverte en français. Le
Français dans le monde, n° 336, p. 33-34. JAHR
LAGUERRE, Brigitte : L’évaluation et la prise en compte de la faute dans les
certifications DELF. Ds : SCHMITT, Christian (ed. and introd.) ; DISPOT, Jean-Paul
(introd.) : La faute. Actues du colloque international sur la « faute », organisé en 1998 à
l’université de Bonn. Bonn : Romanistischer Verlag 2002, p. 139-141.
http://www.ciep.fr/delfdalf/presentation.htm, 21.11.2007.
http://www.goethe.de/z/50/commeuro/deindex.htm, 21.11.2007.
http://www.ila-france.com/sprachschule-frankreich/franzoesischkurse-delf-dalf.html,
21.11.2007.
http://de.wikipedia.org/wiki/DELF-DALF-Programm, 21.11.2007.
18