chine-corée : « utile méprise - Réseau des études sur la Corée

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CHINE-CORÉE : « UTILE MÉPRISE »
Youngseo Baik
Outre-terre | Outre-Terre
2006/2 - no 15
pages 223 à 228
ISSN 1636-3671
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Pour citer cet article :
-------------------------------------------------------------------------------------------------------------------Baik Youngseo, « Chine-Corée : « utile méprise » »,
Outre-Terre, 2006/2 no 15, p. 223-228. DOI : 10.3917/oute.015.0223
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La Corée des Chinois
Autrefois, les Chinois nommaient les Coréens Dong-Yi, littéralement les
« Barbares de l’Est ». Plus une nation était éloignée du centre administratif de
culture confucéenne, plus le coefficient de barbarie y était considéré comme
élevé. Dans ce système cognitif, les Coréens de l’ère Chosπ̆n (1392-1910) jouissaient d’un statut particulier : ils étaient identifiés à des « barbares civilisés 1 ».
Certes, la représentation dominante de la Corée était celle d’un pays tributaire,
mais une image complémentaire existait, institutionnalisée dès les premières
descriptions des trois royaumes de l’antiquité coréenne : d’après les Chinois, les
hommes de Chosπ̆n étaient courageux, doués pour l’équitation et le tir à l’arc ;
ils étaient soucieux de la propreté et aimaient boire, chanter et danser.
À la fin du XIXe siècle toutefois, cette perception initiale se transforma,
lorsque l’ordre politique traditionnel commença, en Chine, à se désagréger. En
1895, la défaite contre le Japon, pays qui avait été situé aux marges de l’empire,
fut un événement clé consacrant ce processus. Elle obligea les Chinois à modifier leur conception de la civilisation et à accepter l’universalité du modèle occidental. À la suite d’une mutinerie de l’armée coréenne en 1882, la Chine s’appuya sur une faction de la cour favorable à la dynastie Qing pour intervenir dans
Youngseo BAIK, professeur d’histoire à l’université Yonsei, Séoul.
1. Cf. Tae-geun Cha, « Joong-gook’ eui shigak : Chosun, Daehanjegook geurigo “Ilbon eui
Chosun” » [Le point de vue chinois : Chosπ̆n, l’Empire du grand Han et « Chosπ̆n du
Japon »], communication à la conférence d’été de la Korean Association of Chinese contemporary litterature, 2002.
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les affaires intérieures et la politique étrangère de la Corée 2. Elle tenta ainsi de
contrôler la péninsule de manière effective. L’objectif était de prendre exemple
sur les puissances européennes pour moderniser l’empire. Mais, une fois battue
par les Japonais, la Chine n’eut d’autre option que de reconnaître l’indépendance de Chosπ̆n. Dès lors, la Corée, soumise à l’emprise grandissante des
forces nippones, devint un contre-modèle. Jusqu’en 1910 et l’annexion de la
péninsule par les Japonais, les réformateurs chinois insistèrent sur les crises
frappant le royaume de Chosπ̆n et sur son éventuel effondrement pour encourager leurs contemporains à réagir contre le déclin de l’empire. Cette représentation négative de la Corée était également présente chez les révolutionnaires
chinois tel Chen Duxiu, l’un des premiers leaders du Parti communiste, pour qui
la colonisation du pays était inévitable. En 1914, Chen évoquait en effet un petit
territoire peuplé de fainéants et gouverné par d’autres nations. Qui plus est, il
jugeait le monarque Chosπ̆n et ses serviteurs bien plus cupides et cruels que
n’importe quel autre gouvernement du monde. À ses yeux, l’administration
coréenne aurait donc été améliorée avec l’arrivée des Japonais, voleurs et arbitraire royal ayant disparu pour le plus grand bien-être de la population 3.
Le 1er mars 1919, le déclenchement d’un mouvement antijaponais en Corée
bouleversa quelque peu cette donne cognitive en introduisant la figure du compagnon de lutte. En effet, les Chinois furent profondément marqués par l’abnégation
des résistants coréens et leur haute conscience de la paix, de l’égalité et de la
liberté. Mais ces éloges ne doivent pas voiler les intentions réelles des nationalistes chinois : leur impératif était de mobiliser leurs compatriotes en mentionnant
l’exemple d’un pays qui, bien que si petit, était capable de résister aux Japonais.
De cette façon, le point de vue chinois sur le mouvement du 1er-Mars révélait,
encore une fois, le désir d’attribuer au Chosπ̆n un rôle de contre-modèle.
Durant la seconde moitié du XXe siècle, l’Asie orientale fut frappée par la
guerre froide et la péninsule coréenne divisée en deux entités distinctes. Dès
lors, la représentation chinoise des Coréens fut double : d’un côté, à la Corée du
Nord était généralement associé un frère de sang ; de l’autre, la Corée du Sud
était identifiée à un pays hostile, capitaliste et subordonné aux intérêts américains. Ce système cognitif manichéen évolua dans les années 1980, alors que la
Chine se convertissait à la politique réformiste de la « porte ouverte ». Les
Chinois commencèrent ainsi à qualifier les Sud-Coréens de peuple riche et
2. En 1876, la Corée et le Japon signèrent un traité qui octroya à la péninsule un statut d’indépendance, cet accord étant le premier du genre conclu avec une puissance étrangère autre
que la Chine. La révolte militaire de 1882 fournit aux Qing l’occasion de réaffirmer leur
suzeraineté (ndlr).
3. Cf. « Patriotism and Self-awareness » (1914), Selections of Chen Du-shu, vol. 1, Pékin,
1993, p. 115.
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émergeant. Avec la normalisation, en 1992, des relations diplomatiques entre
Pékin et Séoul, l’image du Sud-Coréen devint plus positive encore. Les Chinois
lui prêtèrent toutes les qualités nécessaires à la modernisation, ténacité, solidarité et raffinement du mode de vie constituant souvent dans leur esprit le noyau
de l’identité coréenne 4. De même, l’essor des échanges entre les deux pays
aboutit à un phénomène original. À partir du début des années 1990, certains
Chinois entreprirent de pallier les lacunes de leur culture pop en y intégrant des
ingrédients coréens. Parfois, ils en vinrent même à confondre la réalité sudcoréenne avec l’image déformée véhiculée par cette nouvelle mode, le Han-ryu
ou « vague coréenne ».
Et la Chine des Coréens ?
Tandis que Chosπ̆n, avant l’ouverture des ports péninsulaires, était défini
comme un État tributaire de la Chine, cette dernière était, elle, reconnue par les
Coréens comme une grande puissance, une civilisation supérieure devant
laquelle il fallait s’incliner. La supériorité chinoise était admise dans ses acceptions tant physique que géographique et culturelle. Pourtant, cette perception
était loin d’être figée. À la suite du renversement des Ming par la dynastie
mandchoue des Qing, les Coréens éprouvèrent à leur tour un sentiment de supériorité culturelle. Ils estimèrent être les héritiers de la civilisation chinoise et
offrirent d’eux-mêmes l’image d’une « petite Chine ». S’ils commencèrent à
opérer une distinction entre Chine géographique et Chine culturelle, le culte
qu’ils vouaient à leur gigantesque voisin ne disparut donc pas pour autant.
Dans la seconde moitié du XIXe siècle, cependant, une fois les ports de
Chosπ̆n ouverts, cette perception pluriséculaire s’effrita en raison de la multiplication des contacts, jusque-là très limités, entre Coréens, d’une part,
marchands et soldats chinois, d’autre part. Au milieu des années 1880, la crise
régionale provoquée par l’impérialisme japonais déboucha ainsi sur l’émergence d’une vision prochinoise selon laquelle les deux pays partageaient un
destin commun contre l’ennemi nippon.
En 1895, la défaite chinoise contre le Japon paracheva ces mutations en
produisant trois types de représentations distinctes 5 :
4. Cf. Jong-min Lee, « gaehyuk kaebang i-hoo han-gook eul baraboneun joong-gook eui
noon » [Les perceptions chinoises de la Corée dans la période de la porte ouverte], joonggook eui chang [Fenêtre chinoise], n° 1, 2003.
5. Cf. Young-seo Baik, dong-asia eui gwee-hwan : joong-gook eui geundaesung eul mootneun-da [Le retour de l’Asie orientale : penser la modernité chinoise], changjak-gwabipyung-sa Publishing Co., 2000, p. 166-198.
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– La « Chine mépris » : cette première tendance rassemblait les réformateurs
coréens radicaux. Ces derniers ne percevaient plus la Chine comme le cœur de
la civilisation, mais la considéraient comme le symbole d’une modernité avortée. Selon eux, les Chinois étaient « mesquins, stupides, sales et peu soucieux
de l’avenir de leur nation ». À l’opposé, le Japon, dans ce système de représentations, jouissait du rang d’État pionner en matière de modernité 6.
– La « Chine modèle » : les réformateurs modérés partageaient une tout autre
image. Ils manifestaient un réel intérêt pour le mouvement de réformes lancé à
la fin de la dynastie Qing et plaçaient en lui tous leurs espoirs.
– La « Chine pivot » : selon cette dernière perception, la Chine incarnait l’axe
de l’équilibre des forces en Asie et assumait le rôle d’un vecteur de paix dans la
région, recherchant la prospérité conjointe des trois acteurs est-asiatiques
– Corée, Japon et Chine – au nom de la solidarité des races jaunes.
Non sans quelques variations, ces diverses représentations se sont perpétuées tout au long du XXe siècle et même au-delà. Alors qu’ils étaient réduits à
l’état de colonisés par le Japon en 1910, certains Coréens se rangèrent derrière
le « modèle chinois ». Ils choisirent de soutenir la révolution de 1911, qui
instaura la première République de Chine, et en firent un exemple pour la Corée.
Force est néanmoins de constater que la représentation majoritaire, sous l’occupation japonaise, fut celle de la « Chine mépris ». Cette vision fut sans doute
confortée par l’arrivée précipitée de nombreux marchands et travailleurs chinois
qui entendaient tirer avantage de l’industrialisation coloniale 7. Quant à la
« Chine pivot », cette image ne pouvait pas frapper les consciences d’un peuple
privé de souveraineté, à l’exception notable des militants sino-coréens du front
uni antijaponais et de quelques rares quotidiens. En effet, des journaux tels que
Chosun-Ilbo ou Dong-a-Ilbo cherchèrent à replacer la révolution républicaine
de 1911 dans un contexte est-asiatique plus large. De la sorte, il s’agissait pour
eux d’échapper à une lecture nippo-centrique de la scène régionale.
En août 1945, libérée de l’impérialisme japonais, la péninsule coréenne
éclata en deux États incorporés aux blocs mis en place par la guerre froide. Juste
après la partition, certains journaux coréens eurent encore tendance à interpréter la guerre civile opposant communistes et nationalistes du Guomindang
comme une énième phase du processus révolutionnaire chinois. Mais, une fois
la République populaire de Chine proclamée en 1949 et la guerre de Corée
6. Dokripshinmun [L’Indépendant], 25 avril 1896.
7. À titre d’exemple, nous pouvons citer Wang-seobang [Monsieur Wang l’avare], le personnage de la nouvelle de Dong-in Kim, Gam-ja, Potato, publiée en 1925.
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déclenchée en 1950, une représentation négative du pays se fixa en Corée du
Sud. Pour Séoul, la Chine devint un « pays hostile », « allié » à la Corée du
Nord. Le stéréotype se figea avec l’édification du « rideau de bambou » séparant les deux territoires et leur interdisant tout contact. Une nouvelle variante de
la « Chine mépris », figure stigmatisée de l’Autre, était donc instaurée.
Malgré ces préjugés prédominants, la « Chine pivot » connut de son côté un
renouveau important au début des années 1970. À l’époque, les Chinois entamèrent la normalisation de leurs relations avec les États-Unis et gagnèrent en
influence sur la scène régionale. Du même coup, l’intérêt coréen pour Taiwan
s’amenuisa, alors que l’île, protectrice de la tradition, incarnait la Chine libre
depuis plus de vingt ans. Dans les années 1970, l’image de la « Chine modèle »
fut elle aussi régénérée par des étudiants et des intellectuels progressistes militant pour la transformation sociale de la Corée du Sud. S’ils s’intéressaient à la
formidable « expérience socialiste » de la Chine, c’est qu’ils l’estimaient
porteuse d’un mode de vie nouveau pour l’humanité. Rappelons que la Révolution culturelle était alors à son apogée. À l’aune du paradigme maoïste, ces
hommes et ces femmes trouvaient donc le moyen de critiquer un régime autoritaire sud-coréen exclusivement préoccupé par la croissance économique. Cette
approche idéalisée les empêcha de saisir la réalité chinoise dans toute sa
complexité, mais elle contribua à corriger, au moins en partie, la distorsion
cognitive produite par la guerre froide.
À partir des années 1980, le régime chinois lança sa politique de « porte
ouverte », puis, fait marquant, rétablit en 1992 ses relations diplomatiques avec
la Corée du Sud. Dès lors, diverses catégories de la population coréenne purent
se rendre en Chine et transmirent en retour d’autres images du puissant voisin
dans leur pays. De ce fait, les trois types de représentations de la Chine prévalant depuis le début du XXe siècle firent l’objet d’une nouvelle reconfiguration.
On constate aujourd’hui que la « Chine mépris » reste une figure récurrente
de la littérature coréenne du voyage. Prisonniers d’une vision ethnocentrique, de
nombreux auteurs sud-coréens dressent un portrait au vitriol d’une société
chinoise marquée par la saleté et les odeurs infectes de nourriture, composée
d’individus grossiers et sans-gêne, gangrénée par la corruption et le culte de
l’argent. Tous accusent le socialisme d’être à l’origine de cette situation désastreuse 8. Ce type d’approche révèle la prégnance des images de la Chine en
8. Cf. Chang-geun Yoo, « Soogyo i-hoo han-gook-in eui joong-gook gihaeng-gi eh natanan
joong-gook-gwan » [La Chine de la littérature coréenne de voyage après le traité d’amitié],
communication présentée à la conférence d’automne de la Korean Association of East Asian
History, octobre 2002.
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vigueur depuis la fin du XIXe siècle. Il existe pourtant des auteurs dont la vision
multiculturelle signale un changement de perception notable, mais mineur 9.
Ainsi, la « Chine modèle » apparaît désormais comme le résultat de certains
aspects de la réalité chinoise, et non plus comme le produit d’une idéalisation.
À titre d’exemple, les Coréennes écrivains témoignent souvent du statut relativement élevé des femmes en Chine et de l’absence d’oppression masculine (et
vice-versa) dans un pays où le harcèlement sexuel, physique ou moral, n’est pas
toléré 10. Elles en profitent pour critiquer, à travers ce prisme, la société sudcoréenne. La « Chine pivot », de son côté, a évolué vers l’image d’une nation
montante, riche et puissante, gigantesque marché reposant sur un territoire
immense aux ressources naturelles abondantes et bénéficiant d’une maind’œuvre prolifique ainsi que du capital et des réseaux des Chinois d’outre-mer.
Dans cette logique, les Coréens veulent naturellement connaître la direction que
prendra le « formidable bateau chinois 11 ».
Qu’elle soit associée à l’expansion ou au désordre, la Chine incarne, pour
nombre d’entre eux, une menace fondée sur un espace géographique titanesque.
Au contraire, d’autres observateurs estiment que cette immensité est un paramètre positif puisqu’elle pourrait autoriser la jouissance d’une liberté tout aussi
large, malgré des désordres futurs inévitables 12. De plus, certains insistent sur
la fierté des Chinois devant les dimensions spatiales de leur pays, sur la
confiance qu’ils placent dans leur histoire et leur culture, ainsi que sur la force
de leur sentiment identitaire. À leurs yeux, un tel orgueil ne peut qu’entraîner un
développement authentique. Au fond, l’intérêt des Coréens ne serait-il pas d’apprécier la dynamique du patriotisme chinois à sa juste valeur plutôt que de se
focaliser sur le rythme effréné des mutations du pays ? En effet, Chine et Corée
sont intimement liées : les Chinois se lavent-ils les dents tous robinets ouverts,
la hausse du prix du riz, chez les Coréens, peut s’en trouver affectée 13.
Traduit de l’anglais par Virginie Barrier-Roiron
9. Cf. Bi-ya Han, joong-gook gyeon-moon-rok [Souvenirs de Chine], poo-reun-soop Publishing Co., 2001 ; Gyeong-ri Park, Man-ri-jang-seong eui nara [Le pays de la Grande
Muraille], dong-gwang chool-pan-sa Publishing Co., 1990.
10. Cf. Gyeong-ri Park, op. cit., p. 74. ; Bi-ya Han, op. cit., p. 295.
11. Ibid., p. 112.
12. Cf. Gyeong-ri Park, op. cit., p. 86-87.
13. Cf. Bi-ya Han, op. cit., p. 318.
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