La creation d entreprise par les chomeurs en
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La creation d entreprise par les chomeurs en
N° 134 - juillet 2009 SUD INSEE l'essentiel La création d’entreprise par les chômeurs en Provence-Alpes-Côte d’Azur : une pérennité fragile La région figure parmi les plus dynamiques en termes de création d’entreprise, mais la survie des nouvelles entreprises est difficile : en 2007, 49 % seulement des entreprises sont encore actives cinq ans après leur création, et 69 % de l’emploi initial subsiste. Pour 40 % des créateurs, créer son entreprise permet de sortir du chômage. Plus de la moitié de ces chômeurs ont bénéficié, au moment de la créa- (11 %) et au deuxième rang des régions métropolitaines, derrière le LanguedocRoussillon (12,8 %). Ce dynamisme accru par rapport à la moyenne nationale s’observe dans l’essentiel des secteurs d’activité. Cependant, la durée de vie des nouvelles entreprises est plus faible en Provence-Alpes-Côte d’Azur. En 2007, 49 % des entreprises créées cinq ans auparavant sont encore actives, contre 52 % en moyenne, en France. Ce taux de pérennité varie fortement selon les caractéristiques des projets (secteur d’activité, taille, ...), et des créateurs (activité antérieure, formation, ...). Il est notamment plus élevé dans les activités de l’éducation-santé-action sociale. tion, d’une aide ou exonération de la part des pouvoirs publics. Leurs entreprises apparaissent cependant moins pérennes que celles créées par des actifs antérieurement en emploi, pour des raisons liées principalement aux caractéristiques de leurs projets respectifs : secteur d'activité, moyens financiers et forme juridique de l'entreprise en tête. En 2008, les 37 100 entreprises créées en Provence-Alpes-Côte d’Azur représentent 12,1 % du parc d’entreprises actives de la région. Cette part élevée place Provence-Alpes-Côte d’Azur au-dessus de la moyenne nationale © Insee - DRTEFP 2009 Une voie de sortie du chômage pour 40 % des créateurs En Provence-Alpes-Côte d’Azur, comme au plan national, les chômeurs occupent une place prépondérante et qui ne cesse d’augmenter, parmi les créateurs : ils sont à l’origine de près de 40 % des nouvelles entreprises en 2006 (35 % en 2002). L’objectif premier des chômeurs créateurs est d’assurer leur propre emploi, le souci de développer l’entreprise en termes d’emplois et d’investissement n’étant qu’un objectif secondaire. Le soutien à la création d’entreprise est un axe important des politiques publiques, en particulier en direction des demandeurs d’emploi. Ils bénéficient ainsi de dispositifs spécifiques d’aide à la création qui se situent à la frontière entre SUD INSEE l'essentiel N° 134 -juillet 2009 étant légèrement plus faible pour les anciens actifs occupés (66 %). Les chômeurs créateurs privilégient une forme juridique d’entreprise individuelle et ce d’autant plus que leur ancienneté de chômage est longue. En revanche, les créateurs en emploi choisissent en majorité une forme sociétaire, ce qui leur permet de séparer leur patrimoine personnel de celui de l’entreprise. Un projet préparé seul le plus souvent logique économique de création d’activité et logique d’insertion (cf. encadré "L’aide aux chômeurs..."). Entreprises créées en 2002 : chômeurs et actifs occupés, des choix différents En 2002, les entreprises sont principalement créées dans les services (46 %), le commerce (28 %) et la construction (18 %). Par rapport aux créateurs en emploi, les chômeurs créateurs s'orientent un peu plus fréquemment vers les services aux particuliers, le commerce et la construction et, beaucoup moins souvent, vers l’éducation, la santé, l’action sociale. Près de 60 % des créa- teurs en emploi développent une activité identique au métier qu’ils ont déjà exercé ; ce n’est le cas que pour 38 % des chômeurs de longue durée. Parmi les créateurs en emploi, 30 % continuent d'exercer simultanément une autre activité, souvent comme salariés. Ces créateurs peuvent ainsi compter sur d’autres revenus, contrairement aux chômeurs créateurs qui ne sont que 9 % à bénéficier d’un revenu complémentaire d’activité après la création de leur entreprise. Le projet, toutes populations confondues, est majoritairement financé par des ressources personnelles. En effet, 70 % des créateurs n’ont contracté aucun emprunt bancaire, cette proportion Pour les créateurs chômeurs, comme pour ceux en emploi, préparer son projet est un exercice solitaire dans la majorité des cas (55 %). Lorsqu’ils s’entourent, les créateurs en emploi mobilisent essentiellement leurs proches : 42 % d’entre eux s’entourent soit d’un membre de leur famille, soit de leur entourage personnel ou professionnel antérieur. Ils sollicitent très rarement un organisme de soutien à la création. Les créateurs chômeurs mobilisent moins leur entourage et compensent par un recours accru aux organismes de soutien. Ce sont les chômeurs de longue durée qui sollicitent le plus ces organismes : 20 % d’entre eux y font appel. En 2002, plus de la moitié des chômeurs créateurs ont bénéficié d’une aide ou exonération publique (Accre, Eden, Prêt à la Création d'Entreprise ou aide locale). À l’opposé, 92 % des créateurs en emploi lors de la création n’ont perçu aucune aide. L’aide aux chômeurs créateurs d’entreprises : entre logique économique et logique d’insertion Créé juridiquement en 1980, le dispositif Accre (Aide aux Chômeurs Créateurs ou Repreneurs d’Entreprises) a connu plusieurs modifications. Progressivement étendue à tous les chômeurs et aux bénéficiaires de minima sociaux, cette mesure se situe toujours à l’orée entre incitation à sortir du chômage et encouragement à la création d’activités. En 2002, date de l’enquête, un dossier économique sur le projet "réel et consistant" de création/reprise est exigé. L’aide consiste en une exonération de cotisations sociales pendant un an. Autre mesure d’aide, le dispositif d’Encouragement au Développement d’Entreprises Nouvelles (Eden) vise à faciliter l’accès des créateurs ou repreneurs d’entreprise au crédit bancaire. Créé en 1999, Eden est une avance remboursable sur cinq ans prioritairement destinée aux jeunes, aux bénéficiaires de minima sociaux, aux salariés repreneurs de leur entreprise en difficulté, aux demandeurs d’emploi seniors. L’attribution d’Eden entraîne automatiquement le bénéfice de l’Accre. Depuis le 1er janvier 2009, le dispositif Eden est remplacé par un nouveau dispositif dénommé Nacre (Nouvel Accompagnement pour la Création et la reprise d’Entreprise), dont les bénéficiaires potentiels sont les mêmes que ceux du dispositif Accre. Ce nouveau dispositif propose au porteur de projet de création (ou de reprise) un accès renforcé à un ensemble de services en vue de l’aider à finaliser son projet, optimiser le démarrage et le développement de son activité pendant les trois premières années. Financé notamment par l’État, cet appui technique peut être complété par l’octroi d’un prêt à taux zéro et l’engagement de suivre pendant trois ans un accompagnement au démarrage et au développement. Pour en savoir plus : http://www.entreprises.gouv.fr/nacre/ © Insee - DRTEFP 2009 N° 134 - juillet 2009 SUD INSEE l'essentiel Toutes choses égales par ailleurs, les chances de survie sont également plus élevées lorsque l’entreprise est constituée en personne morale ou lorsqu’il s’agit d’une reprise. Être animé du souhait de développer une entreprise et pas seulement de créer son propre emploi est aussi un facteur de réussite, de même que le recours à un organisme de soutien à la création d’entreprise qui s’avère plus efficace que les conseils de l’entourage. Secteur et moyens investis : principaux facteurs de survie Comme pour l'ensemble des régions françaises, les chômeurs créateurs de Provence-Alpes-Côte d’Azur rencontrent des difficultés à pérenniser leur entreprise. Parmi les entreprises créées en 2002, 46 % de celles créées par des chômeurs sont encore actives au terme de cinq ans, alors que ce taux de pérennité atteint 56 % pour les créateurs en emploi lors de la création. Cet écart provient principalement des choix faits par les chômeurs en termes de projets, notamment en matière de secteur d’activité, de moyens investis ou de catégorie juridique privilégiée. Le secteur d’activité et les moyens investis jouent en effet un rôle majeur quant au risque de cessation, en particulier au cours des trois premières années. Le risque de cessation est le plus élevé dans l’hôtellerie-restauration : 19 % des entreprises créées dans ce secteur ont cessé au cours de la première année et 39 % seulement des entreprises créées ont atteint leur cinquième anniversaire. Dans le commerce également, pérenniser est difficile : 44 % des entreprises créées ont atteint leur cinquième anniversaire. Dans la construction, le cap de la troisième année est plus rude après une très bonne résistance les deux premières années. C’est dans les transports, l’éducation-santé-action sociale et le conseil et assistance, que le risque de cessation est le plus faible. Cinq ans après leur création, les trois quarts des entreprises du secteur de l’éducationsanté-action sociale sont encore en activité. Au sein des services aux entreprises, le contraste est très marqué entre les activités de conseil et assistance (56 % de pérennité à cinq ans) et les services opérationnels (42 %). Dans les secteurs de la construction et de l’éducation-santé-action sociale, les moyens financiers investis pour démarrer l’entreprise sont trois fois sur quatre inférieurs à 8 000 euros. À l’opposé, les secteurs des services aux particuliers et du commerce et réparations nécessitent souvent des investissements initiaux supérieurs à 16 000 euros. Quel que soit le secteur, investir au démarrage des moyens élevés augmente les chances de pérennité. La formation initiale et l’expérience acquise renforcent les chances de passer le cap de la première année, et ce d’autant plus que l’expérience acquise dans le même métier est longue. Avoir un diplôme au-delà du Bac renforce la survie. De même, avoir dans son entourage proche un entrepreneur est un atout. Pour les chômeurs, l’obtention préalable de l’Accre et/ou d’Eden ne constitue pas un atout majeur pour passer le cap des deux premières années, alors que l’appui d’un organisme de soutien à la création joue très favorablement. Après trois ans, les caractéristiques du créateur et du projet (le secteur, la catégorie juridique, les moyens investis) continuent d’influer pour les chômeurs. La catégorie socioprofessionnelle de l'entrepreneur, notamment, se met à influer favorablement sur les chances de survie ainsi que l’attribution de l’Accre-Eden. À partir de trois ans d’ancienneté, les entreprises bénéficiaires de ces mesures voient leur © Insee - DRTEFP 2009 SUD INSEE l'essentiel N° 134 - juillet 2009 probabilité de survie significativement améliorée par rapport aux entreprises non aidées. Pour les créateurs en emploi lors de la création, ce sont l’expérience acquise avant la création et l’entourage entrepreneurial qui font la différence pour franchir la cinquième année. 69 % des emplois subsistent cinq ans après Les entreprises créées par des chômeurs sont de taille plus réduite au démarrage. Moins de 10 % d’entre elles débutent avec plus de deux emplois, alors que cette part atteint 20 % pour celles créées par des anciens actifs occupés. Pour 100 emplois présents au moment de la création (ou reprise), il demeure 69 emplois après cinq ans, alors que seules 49 % des entreprises restent actives. Cet écart s'explique par une meilleure pérennité des entreprises les plus grandes. La part d’emplois pérennes trois ans après la création est comparable entre chômeurs et anciens actifs. Après cinq ans, elle est sensiblement plus faible pour les chômeurs de longue durée. Après cinq ans, 23 % des entreprises pérennes ont créé des emplois, 22 % en ont perdu et 55 % ont conservé leur taille. En ne retenant que les entreprises pérennes, 100 emplois présents lors de la création (ou reprise) se traduisent par 134 emplois au terme de cinq ans, soit un taux de croissance de l’emploi de 6 % par an en moyenne. Par rapport Effet des caractéristiques du créateur et de l'entreprise sur la pérennité à cinq ans de l'entreprise créée Situation du créateur au moment de la création Caractéristiques Secteur d'activité Industrie Construction Commerce et réparations Hôtellerie-Restauration Services aux particuliers Conseil et assistance Éducation, santé, action sociale Autres services Catégorie juridique Personne physique Personne morale Moyens investis Moins de 8 000 € 8 000 € à moins de 40 000 € 40 000 € ou plus Type de création Création nouvelle Reprise d'entreprise Mise en place du projet Seul Avec uniquement des proches Avec un organisme de soutien à la création Diplôme du créateur Pas de diplôme CAP, BEP BAC Bac + 3 Au-delà de BAC + 3 Chômeur En emploi +++ +++ Situation de référence -+++ +++ +++ ++ ns ns Situation de référence --+++ +++ +++ ns Situation de référence +++ Situation de référence +++ Situation de référence ns +++ Situation de référence ns +++ Situation de référence +++ Situation de référence ++ Situation de référence ns ++ Situation de référence ns ns Situation de référence ns ns ++ +++ Situation de référence ns ns +++ ++ Lecture : reprendre une entreprise améliore fortement les chances de survie par rapport à une création nouvelle. L'effet des caractéristiques du créateur ou de l'entreprise sur les chances de pérennité est estimé "toutes choses égales par ailleurs". Avoir une caractéristique donnée peut augmenter (signe +) ou diminuer (signe -) les chances de pérennité. Le degré de significativité des effets est indiqué par le nombre de signes "+" ou "-" : trois signes indiquent une significativité au seuil de 1%, deux signes une significativité au seuil de 5 % et un signe une significativité au seuil de 10 %. ns : effet non significatif Champ : la catégorie "chômeurs" comprend les allocataires de minima sociaux. Source : Insee, enquête Sine 2002, interrogations 2002, 2005 et 2007 à la France, la croissance de l'emploi est plus faible dans les entreprises pérennes des créateurs déjà en emploi. Pour celles créées par des chômeurs, la croissance de l'emploi est comparable. Les créations ex nihilo génèrent plus d’emplois que les reprises. Pour 100 em- plois au démarrage, il demeure 70 emplois au terme de cinq ans pour les créations et 64 emplois pour les reprises. Nadine Jourdan (Insee) Gérard Jurquet (Insee) Rémi Belle (DRTEFP-Direccte) Méthodologie Cette étude s’appuie sur les résultats du dispositif Sine (Système d’Information sur les Nouvelles Entreprises) qui a pour objectif de suivre pendant cinq ans les entreprises nées au cours du premier semestre d’une année par le biais de trois interrogations. La première a lieu dans les premiers mois suivant la création, la deuxième après trois ans d’activité et la troisième après cinq ans. Il porte sur les entreprises qui exercent une activité économique marchande dans les secteurs de l’industrie, de la construction, du commerce et des services, à l’exclusion des activités financières et de l’agriculture. Cette étude analyse la pérennité, au cours de leurs cinq premières années d’activité, des entreprises créées en 2002. La notion de création d’entreprise est plus large que celle de création ex nihilo puisqu’elle inclut les réactivations d’entreprises après un délai d’interruption et les reprises d’entreprises s’il n’y a pas continuité de l’entreprise (changement d’activité économique ou changement de localisation de l’entreprise). Le taux de pérennité des entreprises à n années est la proportion d’entreprises créées au cours du 1er semestre 2002 (y compris reprises) qui ont atteint leur nième anniversaire. L’arrêt d’activité peut provenir de causes multiples (départ à la retraite, retour vers le salariat, faillite ...). Pour en savoir plus "Créations et créateurs d'entreprises - Enquête de 2007 : la génération 2002 cinq ans après". Insee Résultats N° 39, janvier 2009. "La création d'entreprise en Provence-Alpes-Côte d'Azur : à la fois dynamique et fragile". SUD INSEE l'essentiel N° 74, octobre 2004. © Insee - DRTEFP 2009 Dépôt légal : juillet 2009 N° ISSN : 1287-292X Réf. : SIE913432 Institut National de la Statistique et des Études Économiques Provence-Alpes-Côte d'Azur 17, rue Menpenti134387 Marseille Cedex 10 Directeur de la publication : Renan Duthion Téléphone : 04 91 17 57 57 Chef du service Etudes et Diffusion : Valérie Roux Fax : 04 91 17 59 60 Rédacteur en chef : David Levy SUD INSEE l’essentiel figure dès sa parution sur le site Internet de l’Insee : www.insee.fr onglet régions (rubrique “Les publications”) Vous pouvez vous abonner gratuitement à la lettre d’information électronique : www.insee.fr onglet régions (rubrique “À votre service”)