Rééducation postopératoire des fractures du rachis lombaire
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Rééducation postopératoire des fractures du rachis lombaire
M O T S C L E S Rééducation postopératoire des fractures du rachis lombaire POSITION ASSISE PRECOCE Cotrel-Dubousset Fracture du rachis Ostéosynthèse Rééducation La rééducation précoce en position assise de patients opérés d’une fracture du rachis thoraco-lombaire et lombaire est possible. Cette rééducation ne compromet pas la stabilité de la réduction chirurgicale durant les trois premiers mois postopératoires. Elle agit favorablement sur le vécu douloureux du patient, en diminuant le handicap social. J. Tonetti*, P. Croizille*, D. Michon*, A. Eid*, S. Plawecki*, Ph. Merloz* L E matériel d’ostéosynthèse rachidienne a subi une évolution depuis le système de plaque vissée proposé par Roy-Camille [9]. le bord d’une table. Autorisée après 45 jours par le chirurgien, la position assise est débutée sur un siège haut en maintenant le verrouillage lombaire. Le matériel proposé par certaines sociétés est maintenant hyper rigide. Avec cette plus grande résistance, les montages sont aussi devenus plus courts, épargnant le plus de niveaux mobiles possibles pour ne bloquer que les niveaux immédiatement adjacents à la lésion disco-corporéale. L’attitude assise sur une chaise standard sera mise en place, tout d’abord en maintenant une position lordosée de verrouillage, puis en annulant progressivement la lordose par un appui sur le dossier. La rééducation postopératoire immédiate est réalisable sans corset [4, 5]. Néanmoins, la plupart des collègues thérapeutes restent prudents quant à la sollicitation de la colonne lombaire et des deux charnières adjacentes, thoracolombaire et lombo-sacrée [2, 10]. Les paliers habituels de réhabilitation fonctionnelle sont toujours rigoureusement respectés. Le patient apprend tout d’abord le lever du lit en technique lombaire de verrouillage du rachis, à partir du décubitus ventral. Pendant 45 jours, la position assise est interdite, hormis le repos en appui des fesses sur 6 Le déverrouillage en position assise est la dernière étape de réhabilitation avant le travail de flexion du tronc aux alentours du troisième mois postopératoire. Nous proposons un protocole de mise en place précoce de la position assise. Le lever du lit en postopératoire immédiat se fait de manière conventionnelle à partir de la position en décubitus ventral. L’attitude assise au bord du lit haut est demandée au patient dans les premiers jours postopératoires. Le verrouillage lombaire est maintenu. Sur une période de 8 jours, correspondant à la durée d’hospitalisation en chirurgie, la hauteur du siège est progressivement baissée pour accéder à la chaise de hauteur KS n° 408 Février 2001 standard. L’appui sur le dossier est autorisé en recommandant le maintien du verrouillage lombaire. Le déverrouillage en position assise pourra être introduit progressivement par le patient en fonction de la douleur ressentie. Aucun corset n’est proposé. L’un ou l’autre protocole est débuté dans le service par le praticien responsable assisté d’étudiants. La poursuite du travail se fait en centre, en équipe le plus souvent, ou en exercice libéral. Nous avons voulu évaluer le retentissement subjectif et objectif, sur le patient et sur la réduction chirurgicale, que pouvait avoir la position assise postopératoire précoce. Deux séries de patients opérés d’une lésion traumatique du rachis lombaire ont été comparées. * Service d’orthopédie-traumatologie, Hôpital Michallon, Grenoble (38). Rééducation postopératoire des fractures du rachis lombaire POSITION ASSISE PRECOCE ● Matériel Age (année) Moyen Extrêmes et méthode Matériel L’étude a porté sur 20 patients, opérés d’une lésion rachidienne sans signes neurologiques, située dans la zone thoracolombaire et lombaire. Les fractures de L4 et L5 ont été écartées du fait de leur proximité avec la charnière lombo-sacrée et de leur comportement différent lors de la position assise. Les caractéristiques de cette population (n = 20) sont résumées dans le tableau 1. • L’âge moyen était de 40,9 ans (extrêmes de 15 à 59). Il y avait 14 hommes et 6 femmes. Le niveau de la fracture était la douzième vertèbre thoracique (T12) 4 fois, la première vertèbre lombaire (L1) 11 fois, la deuxième vertèbre lombaire (L2) une fois et la troisième vertèbre lombaire (L3) 4 fois. Le type lésionnel, selon Margerl, était A1 7 fois, A2 6 fois et A3 7 fois [7]. Tous les patients ont bénéficié d’une réduction chirurgicale et d’une ostéosynthèse courte postérieure par dispositif CD® (Sofamor Danek Inc. Rang du fliers France). Le montage mis en place immobilisait soit deux segments mobiles (montages IA et IB dans la figure 1), soit deux segment mobiles audessus de la fracture et un segment mobile au-dessous de la fracture (montages IIA et IIB dans la figure 1). Le matériel utilisait toujours deux vis pédiculaires dans le niveau vertébral sus-jacent et deux vis pédiculaires dans le niveau vertébral sous-jacent, raccordées par deux barres longitudinales et au moins un dispositif de liaison transverse. Sexe Scientifique Niveaux de la fracture T12 L1 L2 L3 Type de la fracture A1 A2 A3 Type de montage IA IB IIA IIB M F 15 à 59 5 5 1 8 0 1 4 3 3 0 4 2 4 37 24 à 51 9 1 3 3 1 3 3 3 4 2 6 0 2 40,9 15 à 59 14 6 4 11 1 4 7 6 7 2 10 2 6 Groupe 1 (n = 10) 44,8 Groupe 2 (n = 10) Population totale (n = 20) ■ Tableau 1 : caractéristiques de la population étudiée. Groupe 1 : position assise interdite avant 45 jours postopératoires Groupe 2 : position assise en postopératoire immédiat M : hommes – F : femmes Type de la fracture A1 A2 A3 : classification de Magerl [7] Type de montage IA IB IIA IIB (cf. fig. 1a, 1b, 2a et 2b) Dans le montage IA, les vis étaient les seuls points d’insertion du matériel sur les vertèbres sus et sous-jacentes. Dans le montage IB, un crochet médian supra-lamaire était inséré sur la vertèbre sus-jacente et un crochet infra-lamaire médian était inséré sur la vertèbre sousjacente [4]. Dans le montage IIA, les deux vertèbres sus-jacentes ont reçu des vis pédiculaires et la vertèbre sous-jacente a reçu deux vis pédiculaires et un crochet infra-lamaire médian. Dans le montage IIB, la vertèbre immédiatement au-dessus de la vertèbre sus-jacente à la fracture a reçu un crochet supra-lamaire médian, la vertèbre sus-jacente a reçu deux vis pédiculaires et la vertèbre sous-jacente a reçu deux vis pédiculaires et un crochet infra-lamaire médian [4]. La répartition des différents montages est résumée dans le tableau 1. Deux patients ont reçu le montage IA, 10 patients le montage IB, 2 patients le montage IIA et 6 patients le montage IIB. KS n° 408 Février 2001 ▲ Figure 1 7 Rééducation postopératoire des fractures du rachis lombaire POSITION ASSISE PRECOCE trois étapes thérapeutiques : cliché traumatique ou préopératoire, cliché postopératoire immédiat et cliché final à 3 mois de l’intervention. Deux groupes ont été individualisés : • Le groupe 1 comprenait les patients qui ont été rééduqués sans position assise sur un siège normal pendant une période de 45 jours. Le passage de la position couchée à la position debout s’effectuait selon la technique habituelle dite “lombaire” [10]. Cette technique de verticalisation nécessitait la mise en décubitus ventral au bord du lit, puis l’abaissement du membre inférieur en extension le long du lit, simultanément à l’appui sur le lit des deux membres supérieurs en extension du coude et antépulsion scapulo-humérale, permettant la verticalisation du tronc. Aucun corset n’a été mis en place. Les caractéristiques du groupe 1 sont résumées dans le tableau 1 : il comprenait 5 hommes et 5 femmes. L’âge moyen était de 44,8 ans (extrêmes de 15 à 59). Le niveau de la fracture était la douzième vertèbre thoracique (T12) une fois, la première vertèbre lombaire (L1) 8 fois, la deuxième vertèbre lombaire (L2) O fois et la troisième vertèbre lombaire (L3) une fois. Le type lésionnel, selon Margerl, était A1 4 fois, A2 3 fois et A3 3 fois [7]. Le montage mis en place était IA 0 fois, IB 4 fois, IIA 2 fois et IIB 4 fois. • Le groupe 2 comprenait les patients ayant eu l’autorisation de s’asseoir immédiatement dans la période postopératoire. La position debout à partir du décubitus se faisait en passant par une phase de station assise au bord du lit à partir du décubitus latéral. 8 La cyphose vertébrale (CV) et l’angulation régionale (AR) ont été relevées avec un goniomètre sur les clichés de profil (fig. 2) [6, 8]. La cyphose vertébrale était l’angle mesuré entre le plateau supérieur et le plateau inférieur de la vertèbre fracturée. CV : cyphose vertébrale AR : angulation régionale ▲ Figure 2 Cette mobilisation précoce était effectuée progressivement sur 8 jours lors de l’hospitalisation dans le service de chirurgie en évitant de déclencher des douleurs. La surveillance clinique devait permettre au patient de sortir de ce protocole de position assise précoce si des douleurs excessives étaient ressenties ou si la consommation d’antalgiques demeurait importante. Aucun corset n’était proposé au patient. Les caractéristiques du groupe 2 sont résumées dans le tableau 1 : ce groupe comprenait 9 hommes et une femme. L’âge moyen était de 37 ans (extrêmes de 24 à 51). Le niveau de la fracture était la douzième vertèbre thoracique (T12) 3 fois, la première vertèbre lombaire (L1) 3 fois, la deuxième vertèbre lombaire (L2) une fois et la troisième vertèbre lombaire (L3) 3 fois. Le type lésionnel, selon Margerl, était A1 3 fois, A2 3 fois et A3 4 fois [7]. Le montage mis en place était IA 2 fois, IB 6 fois, IIA 0 fois et IIB 2 fois. Méthode L’inclusion dans les deux groupes nécessitait une lésion vertébrale de niveau T12, L1, L2 ou L3, l’absence de signes neurologiques, la réalisation d’un montage court IA, IB, IIA ou IIB, et la coopération du patient. La revue des patients et des dossiers a été effectuée par un observateur indépendant des chirurgiens. Le groupe 1 a été revu de manière rétrospective. Le groupe 2 a été suivi de manière prospective. Les paramètres évalués étaient subjectifs portant sur la douleur et objectifs portant sur l’analyse radiographique. L’évaluation subjective de la douleur comportait une autoévaluation par le score de l’échelle visuelle de 0 à 10 (EVA), la consommation d’antalgique selon les paliers de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) : 0- pas d’antalgique, 1- antalgiques périphériques, 2- antalgiques centraux mineurs, 3- antalgiques centraux majeurs [3]. Les documents objectifs radiographiques ont été étudiés aux KS n° 408 Février 2001 L’angulation régionale était mesurée entre le plateau supérieur de la vertèbre susjacente et le plateau inférieur de la vertèbre sous-jacente à la vertèbre fracturée. L’angulation régionale corrigée (ARC) a été calculée d’après les critères de Ramare et coll. [8] en soutrayant, de l’angulation régionale mesurée, l’angulation régionale habituelle de la région concernée, d’après l’étude de Stagnara et coll. [11]. Seules CV et AR seront utilisées pour obtenir le gain réductionnel postopératoire (valeur traumatique – valeur postopératoire = gain postopératoire), la perte réductionnelle (valeur postopératoire – valeur à 3 mois = perte) et le gain final (valeur traumatique – valeur à 3 mois = gain final). La méthode statistique a utilisé le logiciel Statview (Abaccus concepts Inc.). La répartition des paramètres a été étudiée dans la population totale et dans chaque groupe. Le test non paramétrique U de Mann et Withney pour série non appariée a comparé les moyennes des groupes 1 et 2. La significativité statistique a été retenue au seuil de p < 0,05. Rééducation postopératoire des fractures du rachis lombaire POSITION ASSISE PRECOCE Patients 1 Groupe 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 Moy. Patients 11 G1 n1 = 10 Groupe 2 Scientifique 12 13 14 15 16 17 18 19 20 Moy. Test U Moyenne G2 Mann Pop. totale n2 = 10 & Withney n0 = 20 Recul 8 11 12 12 13 16 17 28 31 36 18,4 Recul 3 3 3 4 3 3 3 3 3 3 3,1 10,75 EVA 7 3 0 7 7 4 3 5 6 3 4,5 EVA 4 2 3 3 0 4 2 4 4 3 2,9 p = 0,96 3,7 OMS 2 0 0 2 2 0 0 0 0 0 0,6 OMS 0 0 0 2 0 0 3 1 2 2 2 p = 0,70 0,8 ■ Tableau 2 : résultats de l’étude subjective de la douleur par l’échelle visuelle d’auto-évaluation et les paliers OMS. Recul clinique post-traumatique. EVA : échelle visuelle d’auto-évaluation de 0 à 10 OMS : paliers de consommation d’antalgiques de l’Organisation mondiale de la santé 0- pas d’antalgique consommé 1- consommation d’antalgiques périphériques 2- consommation d’antalgiques centraux mineurs 3- consommation d’antalgiques centraux majeurs N° Patients 1 Groupe 1 2 3 4 5 6 7 8 N° 10 Moy. Patients 11 n1 = 10 Groupe 2 9 12 13 14 15 16 17 18 19 . 20 Moy n2 = 10 P Test U Moyenne Pop. totale n0 = 20 CVt 16 7 10 25 19 15 22 27 2 12 15,5 CVt 16 16 18 14 9 13 20 10 11 6 13,3 14,4 ARt 15 11 5 15 10 6 21 20 3 –3 10,3 ARt 17 15 21 3 18 –4 –4 11 16 5 9,8 10,05 ARCt 8 10 4 14 9 5 20 19 2 16 10,7 ARCt 10 14 14 22 11 15 15 10 15 13 13,9 12,3 CVo 5 0 1 0 7 10 6 10 –4 4 3,9 CVo 10 12 6 0 6 8 8 8 10 6 7,4 5,65 ARo – 2 – 14 0 –4 –4 2 8 5 –3 –9 – 2,1 ARo 8 5 0 –9 10 –9 –9 –4 8 – 10 – 1,3 – 1,7 ARCo – 9 – 15 –1 –5 –5 1 7 4 –4 10 – 1,7 ARCo 1 4 –7 10 3 10 10 –5 7 –2 2,8 – 0,1 CVf 10 2 8 6 11 12 10 15 8 7 8,9 CVf 11 14 6 2 7 4 4 11 10 6 7,8 8,35 ARf 6 –3 2 –3 3 4 20 16 4 –5 4,4 ARf 8 12 4 –7 9 –4 –4 –3 12 –6 1,5 2,95 ARCf –1 –4 1 –4 2 3 19 15 3 14 4,8 ARCf 1 11 –3 12 2 15 15 –4 11 2 5,6 5,2 gain CVo 11 7 9 25 12 7 16 17 6 8 11,6 gain CVo 6 4 12 14 3 5 5 2 1 0 5,9 8,75 gain ARo 17 25 5 19 14 4 13 15 6 6 12,4 gain ARo 9 10 21 12 8 5 5 15 8 15 11,1 11,75 perte CV – 5 –2 –7 –6 –4 –2 –4 – 5 – 12 –3 – 5 perte CV – 1 –2 0 –2 –1 –4 –4 –3 0 0 – 1,4 0,002 – 3,2 perte AR – 8 – 11 –2 –1 –7 – 2 – 12 – 11 –7 –4 – 6,5 perte AR 0 –7 –4 –2 –1 –5 –5 –1 –4 –4 –3 0,05 – 4,75 gain CVf 6 5 2 19 8 3 12 12 –6 5 6,6 gain CVf 5 2 12 12 2 7 7 –1 1 0 5,3 0,5 5,95 gain ARf 9 14 3 18 7 2 1 4 –1 2 5,9 gain ARf 9 3 17 10 9 0 0 14 4 11 8,3 0,5 7,1 ■ Tableau 3 : résultats de l’analyse radiographique. Résultats du test U de Mann et Withney appliqué aux pertes réductionnelles et aux gains finaux. CV : cyphose vertébrale – AR : angulation régionale – ARC : angulation régionale corrigée – t : traumatique – o : postopératoire – f : final gain CVo = CVt – CVo gain Aro = ARt – ARo perte CV = CVo – CVf perte AR = ARo = ARf gain CVf = gain CVo – perte CV gain ARf = gain ARo – perte AR ● Résultats Les résultats des paramètres subjectifs sont présentés dans le tableau 2. Le recul moyen de la population totale était de 10,75 mois (extrêmes de 3 à 36 mois). Le recul moyen du groupe 1 était de 18,4 mois (extrêmes de 8 à 36 mois) et le recul du groupe 2 était de 3,1 mois (extrêmes de 3 à 4 mois). Le score moyen de la douleur relevée par l’EVA était de 3,7 avec des extrêmes de 0 à 7 dans la population totale. Dans le groupe 1, la moyenne était de 4,5 (extrêmes de 0 à 7). Dans le groupe 2, la moyenne était de 2,9 (extrêmes de 0 à 4). Le test de Mann et Withney était non significatif pour la comparaison entre les deux groupes des moyennes du score EVA avec p = 0,096. La consommation d’antalgiques, évaluée par les paliers de l’OMS, était en moyenne à KS n° 408 Février 2001 0,8 (extrêmes de 0 à 3) dans la population totale, à 0,6 (extrêmes de 0 à 2) dans le groupe 1 et à 2 (extrêmes de 0 à 3) dans le groupe 2. Le test de Mann et Withney était non significatif pour la comparaison entre les deux groupes des moyennes des paliers OMS avec p = 0,70. Aucun patient du groupe 2 n’a présenté des douleurs devant faire interrompre le procotole de position assise. Les résultats de l’analyse objective radiographique sont présentés dans le tableau 3. Dans l’ensemble de la population étudiée (n = 20), nous n’avons pas à déplorer de démontage, rupture de matériel ou balayage intra-osseux des implants. Nous notons une différence statistiquement significative entre les deux groupes pour les pertes réductionnelles. Les gains de chaque groupe sont comparables pour les CV 9 Rééducation postopératoire des fractures du rachis lombaire POSITION ASSISE PRECOCE et le AR en postopératoire et au recul de 3 mois. ● Discussion Guigui et Lassale [6] Ramare et coll. [8] Présente étude Pop. totale Groupe1 Groupe 2 Effectif 47 cas 752 cas 177 cas 20 cas 10 cas 10 cas Perte CV 2,5 2,55 2,5 3,2 5 1,4 Perte AR 3,2 7,28 4,7 4,75 6,5 3 Plusieurs remarques doivent être faites avant d’interpréter ces résultats. ■ Tableau 4 : pertes réductionnelles, en degrés, enregistrées dans la littérature et dans notre étude. L’effectif est limité (n = 20) mais nous verrons que les valeurs des angulations radiographiques correspondent aux séries de la littérature. constater un bon score EVA dans le groupe 2 (4,5 dans le groupe 1 contre 2,9 dans le groupe 2). Les montages sont hétérogènes. Cependant, ils utilisent tous le même matériel d’ostéosynthèse rigide et ne prennent qu’un niveau fonctionnel mobile en dessous de la fracture. Ces niveaux sus-jacents correspondent aux niveaux thoraciques bas à faible mobilité et retentissent peu sur la mobilité de la charnière thoracolombaire. La méthode de mesure radiographique avec goniomètre induit une marge d’erreur d’environ 4° (± 2°). Ceci est reconnu par l’ensemble des auteurs. Dans la présente étude, les mesures ont été réalisées par un seul investigateur avec le même principe d’erreur répété. Enfin, le recul du groupe 2 est limité puisque égal à 3 mois. Dans le cas de cette étude pilote, il ne pouvait en être autrement. Il nous fallait avoir une première analyse rapide sur un effectif réduit avant d’étendre les indications d’une telle rééducation à l’ensemble des patients. L’étude subjective sur la douleur est marquée par le recul différent des deux groupes. Le groupe 1 présente un recul de 18,4 mois contre 3,1 mois pour le groupe 2. Cependant, nous sommes surpris de 10 De Perreti et coll. [4] Le score OMS montre, lui, un résultat plus attendu avec une plus grande consommation d’antalgiques dans le groupe 2 (0,6 dans le groupe 1 contre 2 dans le groupe 2). La douleur perçue chez les patients du groupe 1 est exprimée plus fortement que dans le groupe 2, alors que la consommation d’antalgiques, plus objective, est moins importante. Cette expression verbale forte s’adresse à l’entourage social. Nous pensons que la position debout, lors des repas ou au travail, imposée dans la période postopératoire, ainsi que l’interdiction de trajet en voiture dossier relevé, conditionnent le patient à se justifier auprès de son entourage. L’interdiction de prendre la position assise pourrait induire une désocialisation pourvoyeuse d’une évolution chronique de la douleur. L’étude radiographique peut être comparée aux séries historiques. Pour ce qui concerne les déformation en cyphose vertébrale, les indications du traitement chirurgical sont variables selon les équipes chirurgicales. Argenson et coll. opèrent des lésions dont la cyphose vertébrale est supérieure à 15° [1]. Ramare et coll. opèrent les lésions avec cyphose traumatique de plus de 20° [8]. significative avec p < 0,05 (tableau 3). Dans notre série, la cyphose moyenne est de 14,4°. L’interprétation des résultats au travers des différentes séries ne pourra alors pas porter sur les gains postopératoires et gains finaux dépendant de l’importance de la déformation initiale. Malgré la taille de notre effectif, nous pouvons au moins constater que la position assise précoce en postopératoire immédiat n’induit pas de pertes réductionnelles excessives. Les pertes de réduction sont, par contre, indépendantes de la déformation initale. Par ailleurs, nous observons une plus grande perte réductionnelle chez les patients qui ont eu une réduction opératoire plus importante (gain postopératoire). Ce phénomène est évoqué dans l’étude de la SOFCOT rapportée par Guigui et Lassale [6]. Nous nous limiterons donc aux seules pertes réductionnelles pour comparer notre étude avec la littérature. Le tableau 4 présente les résultats des études de De Perretti et coll., de Guigui et Lassale, de Ramare et coll., et de notre série [4, 6, 8]. Globalement, notre étude est comparable aux séries françaises de la littérature. Si les pertes réductionnelles du groupe 1 sont médiocres, les pertes du groupe 2 sont faibles et donc satisfaisantes. La comparaison du groupe 1 et du groupe 2 pour la perte réductionnelle de la CV et de l’AR est statistiquement KS n° 408 Février 2001 Nous n’avons pas comparé les résultats en fonction du montage, du niveau et du type lésionnel ou de l’âge des patients compte tenu du trop petit effectif. Ramare et coll., sur 177 dossiers, ne trouvent pas de résultats significativement différents selon le type lésionnel, la longueur du montage ou le niveau lésionnel. Ils trouvent cependant une corrélation entre la qualité de la réduction et sa stabilité dans le temps et le grade de douleur ressentie par le patient [8]. Guigui et Lassale, ainsi que De Perretti, font les mêmes constatations [4, 6]. ● Conclusion La rééducation précoce en position assise de patients opérés d’une fracture du rachis thoraco-lombaire et lombaire est possible. Cette rééducation ne compromet pas la stabilité de la réduction chirurgicale durant les trois premiers mois postopératoires. Elle agit favorablement sur le vécu doulou- Rééducation postopératoire des fractures du rachis lombaire POSITION ASSISE PRECOCE reux du patient, en diminuant le handicap social. Nous recommandons cette technique postopératoire lorsque le chirurgien n’émet pas de réserve sur la stabilité à moyen terme de son montage et sur la qualité de l’os dans lequel il s’est ancré.■ INDEXATION MINITEL : Fracture – Rachis Rééducation Scientifique BIBLIOGRAPHIE 1. 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