itineraires, experiences et temoignages de porteurs d

Transcription

itineraires, experiences et temoignages de porteurs d
CAPITALISATION DE L’EXPERIENCE DES MAISONS DU DEVELOPPEMENT LOCAL
Insertion économique des populations locales
par la MDL
ITINERAIRES, EXPERIENCES
ET TEMOIGNAGES DE PORTEURS
D’INITIATIVES ECONOMIQUES
DE LA REGION DE LOUGA
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SOMMAIRE
Avant-propos 5
Sigles et abréviations
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Résumé du PADEL/PNDL7
Introduction9
Naissance de la filière « Menuiserie Aluminium » dans le département de Kébémer : un créneau porteur initié par Ibrahima DIOP
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La création d’entreprise comme vecteur d’insertion des jeunes dans l’économie locale : l’expérience d’Alioune SECK entrepreneur et Maitre d’Apprentissage
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Une entreprise artisanale au service de la promotion de l’art et de la culture du Sénégal : l’engagement de Birahim NDIAYE, sculpteur sur bois
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L’accès au financement comme source de développement d’activité et de revenus : le projet de Yaya Birame SOW, agri éleveur
22
L’exploitation des fruits forestiers comme créneau porteur dans le département de Linguère : les premiers pas de l’Association BOKH AND DJEEK
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Une ferme piscicole dans le département de Louga : le projet innovant
d’Aminata FALL pour lutter contre la pauvreté et la malnutrition
27
Dynamiques partenariales autour de l’organisation et la structuration
de la filière couturedans le département de Louga
30
Le Développement Economique Local comme moyen pour contribuer
au développement social de leur village : l’engagement du GPF JAPOO
33
Le petit commerce pour lutter contre la pauvreté des femmes : la mise en synergie des acteurs autour du projet de l’association HALPULAAR TIDIANE HANNE
35
Conclusion37
CAPITALISATION DE L’EXPERIENCE DES MAISONS DU DEVELOPPEMENT LOCAL
Les cultures de contre saison, activité émergente et source
de revenus complémentaires pour les cultivateurs : l’activité maraichère
de Bathie NDIAYE, pionnier dans sa zone
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AVANT PROPOS
La capitalisation des bonnes pratiques constitue de nos jours un atout important pour assurer
la visibilité des projets de développement. Jusqu’à une période récente, les dispositifs de suivi
évaluation des projets mettaient en effet davantage l’accent sur les résultats acquis dans le
court, le moyen et le long terme et accordaient peu de place à la documentation et au partage
des savoirs.
Aujourd’hui, plus que jamais, il s’agit davantage de mieux gérer et de mieux partager, audelà des résultats acquis par les projets, les savoirs et les savoirs faire en vue d’un passage
à l’échelle et d’une plus grande utilisation ou adaptation des approches et démarches dans
d’autres domaines, dans d’autres contextes par d’autres acteurs.
Le MDL, pionnier dans la promotion du Développement Economique Local (DEL) au Sénégal, a
senti la nécessité dès son démarrage de mettre la capitalisation au cœur de son intervention
à travers des sessions de formation aux techniques de capitalisation qui ont permis au personnel d’élaborer, de documenter et de partager leurs expériences sous différentes formes.
Son objectif est de partager les expériences vécues dans le volet insertion économique de
l’espace Secteur privé de la MDL. Il constitue de ce fait un moyen de partager avec tous les
partenaires de la MDL le chemin parcouru, les résultats obtenus, les difficultés rencontrées et
les leçons apprises en matière d’insertion des populations dans la région de Louga en rapport
avec les ADEL et collectivités locales de la Région de Louga.
Que tous les Porteurs d’Initiatives Economiques (PIE) qui ont accepté de partager leurs expériences et leurs perceptions trouvent l’expression de nos très sincères remerciements.
Monsieur Badara AMAR et Madame NDIAYE Adji Fatou NDIAYE de la MDL de Kébémer, messieurs Madické DIENG et Abdourahmane DIOP de la MDL de Louga, Arona SOW et Babacar
DIEYE de la MDL de Linguère se sont investis dans la réalisation de ce document sous la
coordination de Madame NDIAYE Fanta SOW, Responsable de la Division de l’Economie Locale
à l’Agence Régionale de Développement (ARD) de Louga sous la supervision de Monsieur
Momar NDIAYE, Directeur de l’ARD.
Nous remercions également toute l’équipe du Projet qui a activement contribué à l’élaboration
de ce document et portant sur les Porteurs d’Initiatives Economiques dont la coordination a
été assurée par Madame Jocelyne Veyret, Consultant.
Atoumane Elféky AGNE
Coordonnateur PADEL/PNDL
CAPITALISATION DE L’EXPERIENCE DES MAISONS DU DEVELOPPEMENT LOCAL
Le présent document résulte des récits de vie et « success stories » élaborés par les équipes
des MDL de Kébémer, Louga et Linguère en matière d’insertion économique des populations
locales et de promotion des micros, petites et moyennes entreprises et entre dans le cadre général de la formalisation des expériences de la MDL sous forme de dossiers de capitalisation.
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PADEL/PNDL
LES MAISONS DU DEVELOPPEMENT LOCAL ET L’INSERTION ECONOMIQUE DES POPULATIONS LOCALES
CAPITALISATION DE L’EXPERIENCE DES MAISONS DU DEVELOPPEMENT LOCAL
SIGLES ET ABREVIATIONS
ADEL
Association de Développement Economique Local
ARD
Agences Régionales de Développement
ANPJ
Agence Nationale pour la Promotion des Jeunes
APIX
Agence pour la Promotion des Investissements
ASUFOR Association des Usagers de Forages
BOT
Build Operate Transfer
CET
Construction –Exploitation – Transfert
CLEF
Comité Local d’Education et de Formation
COA
Code des Obligations de l’Administration
DEL
Développement Economique Local
DPES
Document de Politique Economique et Sociale
DSRP
Document Stratégique de Réduction de la Pauvreté
ECOLOC
Economie Locale
FDEL
Fonds de Développement Economique Local
GIC
Groupement d’Intérêt Communautaire
MDL
Maison du Développement Local
MGLDAT
Ministère de la Gouvernance Locale, du Développement et de l’Aménagement du
Territoire
PADEC
Projet d’Appui au Développement Economique de la Casamance
PADEL
Projet d’Appui au Développement Economique Local
PCE/USAID Programme de Croissance Economique/ Agence des Etats-Unis pour le
Développement International
PDEF
Programme Décennal de l’Education et de la Formation
PEL
Parcours de l’Entrepreneur Local
PIE
Porteurs d’Initiatives Economiques
PME/PMI Petites et Moyennes Entreprises/Industries
PNDL
Programmne National de Développement Local
PODES
Plan d’Orientation pour le Développement Economique et Social
PPP
Partenariat Public Privé
PROMER Projet de promotion de Micro-Entreprises Rural
PSE
Plan Sénégal Emergent
SAFIC
Système d’Analyse Financière et Institutionnelle des Collectivités
SDADL
Service Départemental d’Appui au Développement Local
SFD
Services Financiers Décentralisés
SNDT Stratégie Nationale de Développement Territorial
UNCDF
Fonds d’Equipement des Nations Unies
ZES
Zone Economique Spéciale
7
RESUME DU PADEL /PNDL
Le Projet d’Appui au Développement Economique Local (PADEL) en ancrage au Programme
National de Développement Local (PNDL) est bâti sur une stratégie d’intervention fondée sur
une expérimentation localisée dans la région de Louga. Soutenu par une dimension politique
nationale exécutée au sein des différentes composantes du PNDL, le PADEL/PNDL (20082014) est le fruit du partenariat entre le gouvernement du Sénégal, le Programme des Nations
Unies pour le Développement (PNUD), le Fonds d’Equipement des Nations Unies (UNCDF) et la
Coopération du Grand Duché de Luxembourg.
L’objectif de développement poursuivi par le projet est la promotion du développement économique local dans le processus de décentralisation en vue de l’amélioration des conditions de
vie des populations. Les objectifs spécifiques du projet consistent à appuyer la formulation et la
mise en œuvre de la stratégie de développement local et à renforcer les capacités des acteurs
territoriaux de la région de Louga pour la promotion du développement économique local.
Au niveau stratégique, le PADEL/PNDL appuie les structures centrales de l’État pour le renforcement de la dimension économique de la politique de décentralisation et de développement
local. Il appuie également les collectivités locales pour qu’elles se dotent d’une vision du
développement économique local afin de promouvoir les initiatives privées et la création de
richesses et de contribuer au renforcement d’un cadre régional de mise en cohérence des
initiatives locales de développement économique.
Au niveau opérationnel, le projet s’emploie à mettre en place des instruments d’investissements adaptés au tissu économique local et des mécanismes et approches pouvant contribuer à la promotion du développement économique local et de l’appui conseil ; il renforce
également les capacités des acteurs locaux à promouvoir un développement participatif fondé
sur une vision durable du développement économique régional et local.
À travers plusieurs outils et instruments conçus et mis en œuvre par l’équipe du projet, le
PADEL/PNDL a été exécuté sur la période 2008-2014 dans le cadre du Secrétariat Exécutif
du PNDL qui en assure le pilotage sous la tutelle du Ministère de la Gouvernance Locale, du
Développement et de l’Aménagement du territoire (MGLDAT).
Le projet a voulu systématiser à travers la « capitalisation de l’expérience des maisons du
Développement Local (MDL) » les approches et les démarches développées durant sa période
de mise en œuvre et tendant à inscrire le développement économique local dans l’agenda des
collectivités territoriales.
CAPITALISATION DE L’EXPERIENCE DES MAISONS DU DEVELOPPEMENT LOCAL
L’intervention du PADEL/PNDL est fondée sur un appui ciblé au Programme National de Développement local appelé à fédérer l’ensemble des interventions des Bailleurs et des Partenaires
au développement en appui à la déconcentration et au développement social, culturel et économique des collectivités locales du Sénégal. Le projet s’est évertué à promouvoir le développement économique (DEL) à travers une coproduction efficiente entre les acteurs institutionnels (conseils élus et services techniques déconcentrés), le secteur privé et la société civile.
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INTRODUCTION
Les Maisons du Développement Local (MDL) de la Région de Louga ont été mises en œuvre
au travers du Projet d’Appui au Développement Economique Local (PADEL) – 2008-2014 - en
ancrage au Programme National de Développement Local (PNDL).
Implantées dans chaque département de la Région de Louga, les MDL réunissent les Collectivités Locales du Département représentées par le GIC (Groupement d’Intérêt Communautaire),
les services déconcentrés de l’Etat représentés par le SDADL (Service Départemental d’Appui
au Développement Local) et l’ADEL (Association de Développement Economique Local) portée
par les acteurs du secteur privé.
Outil de promotion du développement économique local, les MDL au travers des ADEL et les
chambres consulaires, accompagnent les initiatives économiques des porteurs de projets au
travers du Parcours de l’Entrepreneur Local (PEL). Relayées par les partenaires au développement dont les SFD, les Chambres Consulaires, les structures de formation…, les ADEL
proposent offrent des services visant l’insertion des populations, en particulier, les jeunes
et les femmes, dans le tissu économique local par la promotion de l’emploi et l’auto emploi.
Fenêtre ouverte sur le parcours professionnel de quelques entrepreneurs, le livret de capitalisation, élaboré à partir de témoignages de PIE, est la traduction d’expériences individuelles
ou collectives.
Ce document, destiné à communiquer et échanger sur et autour des MDL, met en lumière
les potentialités économiques de la région de Louga et la prise de conscience des PIE, tant
sur l’existence de créneaux porteurs que sur le rôle qu’ils jouent en faveur du développement
économique de leur département.
Avec beaucoup de justesse dans leurs propos, de réalisme et parfois d’émotions, ces Porteurs
d’Initiatives Economiques ont su rendre compte à la fois de l’évolution de leurs projets, de
leurs difficultés et du besoin d’être accompagnés tant pour l’accès aux financements que pour
la réussite de leurs activités.
Si on devait traduire un désir collectif des PIE sur le sens à donner à ce dossier de capitalisation, on dirait «qu’il soit une invitation, pour tous les jeunes et toutes les femmes, à créer son
entreprise pour contribuer au développement économique de son territoire. Qu’il soit aussi un
message adressé aux élus afin que ceux-ci accordent une place prédominante aux initiatives
économiques».
CAPITALISATION DE L’EXPERIENCE DES MAISONS DU DEVELOPPEMENT LOCAL
Le document de capitalisation sur l’insertion des Porteurs d’Initiatives Economiques (PEI) de
la région de Louga, se veut le reflet, à la fois des parcours des PIE mais aussi des dynamiques
partenariales développées par les MDL.
Naissance de la filière « Menuiserie Aluminium »
dans le département de Kébémer :
CAPITALISATION DE L’EXPERIENCE DES MAISONS DU DEVELOPPEMENT LOCAL
un créneau porteur
initié par Ibrahima DIOP
Ibrahima DIOP est originaire de Kébémer où
il a été scolarisé jusqu’en classe de 3ème.
Il démarre ensuite un apprentissage chez un
Maître Artisan en menuiserie métallique d’où
il sort ouvrier qualifié. Il décide alors de créer
sa propre entreprise de menuiserie métallique en 1999.
Ibrahima DIOP se définit comme «un chef
d’entreprise et un pionnier de la Maison du
Développement Local (MDL) de Kébémer»
qu’il a intégré en 2008 et dont il est fier, à
présent, d’être l’un des ambassadeurs.
En effet, Ibrahima est l’un des tous premiers
Porteurs d’Initiatives Economiques à avoir
participé aux sessions de formation du programme GERME mises en œuvre au travers
du PADMIR, projet qui a précédé le PADEL et
la mise en place des MDL.
Ibrahima explique que, de 1994 jusqu’à son
intégration en 2008 au sein de la MDL, il
n’était pas parvenu à asseoir de façon pérenne son activité. Il avait des problèmes de
Gestion et de Ressources Humaines.
«Sans formation nous ne pouvons aller nulle
part, il ne sert à rien d’aller chercher un financement si tu ne sais pas gérer».
Ibrahima a suivi tous les modules du cursus
de formation CREE et GERME.
«Les 8 modules de formation sont fondamentaux. Dès la fin de la formation, j’ai tout
mis en application. J’ai bénéficié d’un suivi à
la MDL et dans mon entreprise. Depuis, quotidiennement je tiens mes fiches de caisse et
de stock. Mon journal est à jour».
Menuiserie Aluminium
«Je suis le premier menuisier aluminium de
Kébémer. Aujourd’hui, je suis l’un des meilleurs».
En 2009, avec l’appui de l’ADEL, il obtient un
prêt de 2 000 000 FCFA, dans une Mutuelle
partenaire (MEC FADEC NJAMBUR), destiné à
équiper son atelier et acheter des matières
premières.
La formation et l’accompagnement par la
MDL ont permis à Ibrahima de mieux organiser son entreprise, son personnel et son
temps.
«Si tu es tout le temps dans l’entreprise,
tu ne peux pas chercher des marchés.
J’ai appris à déléguer. Si je ne suis pas là,
chacun sait exactement ce qu’il doit faire.
Je délègue jusqu’à la prise de décision.
Avant quand je sortais, les machines ne
tournaient pas. Aujourd’hui, la production
continue en mon absence. La gestion du
temps est fondamentale pour le développement d’une activité. J’ai un organigramme.
Le personnel pointe et doit justifier ses absences».
Aujourd’hui, Ibrahima emploie 2 ouvriers
qualifiés et 10 apprentis qu’il forme.
Le personnel est rémunéré au pourcentage,
sur le bénéfice, selon sa qualification. Il ne
transmet pas seulement les savoirs techniques ; il transmet aussi la culture d’entreprise.
«Je veux que mon personnel bénéficie aussi
de ce que les formations du programme
GERME m’ont apporté. Je veux que chacun
comprenne que le chef d’entreprise doit tout
savoir faire : le secrétariat, la comptabilité, la
prospection...».Ibrahima a suivi une formation de secouriste afin de pouvoir effectuer
les gestes de premiers secours si l’un de ses
employés se blesse.
Il a formalisé son entreprise car, pour lui,
évoluer dans le secteur formel permet de
gagner des marchés. Il est à la tête d’une entreprise individuelle. Il est inscrit au Registre
du Commerce, détient son NINEA et paie ses
impôts (CGU).
Aujourd’hui, Ibrahima a acquis une certaine
notoriété dont il est fier.
«Dans Kébémer, tout le monde a vu mon évolution. Grace à la MDL, j’ai pu construire ma
maison. J’ai une camionnette pour l’entreprise et une voiture personnelle».
Donner de la visibilité à son entreprise fait
partie de ses préoccupations. Aussi, il a fait
confectionner des uniformes que tout son
personnel, y compris lui, porte. Le nom de
son entreprise et les contacts figurent sur les
tenues. Cela lui permet de se faire connaître
et lui ramène de nouveaux marchés.
Ibrahima a acheté un ordinateur portable.
«Les NTIC, c’est l’évolution de la vie. J’utilise les réseaux sociaux. La diaspora me
contacte. J’ai des commandes depuis l’Italie.
Aujourd’hui, j’ai informatisé mon journal et
mes fiches de stocks. L’ordinateur me sert
aussi pour le design».
Aujourd’hui, Ibrahima envisage de changer
de forme juridique et est en train de réfléchir
à la forme la plus adaptée à son activité qu’il
veut voir grandir. Il envisage de recruter une
secrétaire et un comptable pour se dégager
du temps et chercher des marchés dans tout
CAPITALISATION DE L’EXPERIENCE DES MAISONS DU DEVELOPPEMENT LOCAL
En 2008, Ibrahima a eu un déclic. On lui a
proposé un marché en menuiserie aluminium qu’il n’a pas pu honorer car il n’était
ni formé ni outillé. Aussi, sur fonds propres,
il a payé sa formation et acheté le matériel
de base.
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PADEL/PNDL
LES MAISONS DU DEVELOPPEMENT LOCAL ET L’INSERTION ECONOMIQUE DES POPULATIONS LOCALES
le Sénégal, même s’il note qu’aujourd’hui
déjà, il intervient dans plusieurs régions audelà de celle de Louga (Dakar, Matam, Diourbel, Kaolack).
CAPITALISATION DE L’EXPERIENCE DES MAISONS DU DEVELOPPEMENT LOCAL
Pour Ibrahima, le programme d’accompagnement des PIE proposé par la MDL est appréciable car la formation est fondamentale.
C’est pourquoi, au travers d’une radio locale,
il fait de la sensibilisation pour essayer de
créer des synergies entre les artisans. Il les
invite à aller vers la MDL pour, comme lui,
bénéficier de formation et d’accompagne-
ment mais il précise que l’analphabétisme
est un frein. Il dira encore que l’informel ne
peut pas continuer.
Ibrahima souligne également l’importance de
la formation continue. Il est demandeur d’une
formation en pédagogie, conscient que pour
former des apprentis, il ne suffit pas d’apprendre la technicité. «Il faut être pédagogue
pour bien former».
Ibrahima a su stabiliser son entreprise. Il
bénéficie aujourd’hui d’une complète autonomie financière.
l’expérience d’Alioune SECK
entrepreneur et
Maitre d’Apprentissage
Originaire de Kébémer, Alioune Seck, un
jeune homme de 31 ans a quitté l’école en
classe de troisième après avoir été renvoyé
suite à des mouvements étudiants.
Il choisit alors la voie de l’apprentissage
et intègre un atelier de menuiserie métallique en vue de préparer un CAP. En 2007,
son maître d’apprentissage lui délivre son
diplôme.
Fin 2007, il crée une entreprise de menuiserie métallique et fer forgé, il n’a alors que 25
ans. Il trouve un local, achète du petit maté-
riel et démarre son activité avec un jeune
apprenti qu’il décide de former.
Début 2008, Alioune SECK intègre l’ADEL et
demande à bénéficier de formations pour
apprendre à gérer sa toute jeune entreprise.
Il est l’un des premiers à avoir bénéficié des
services de l’ADEL de Kébémer.
Il participera aux sessions de formation
TRIE (Trouver une Idée d’Entreprise) et CREE
(Créer son Entreprise) du BIT Germe.
En 2008 déjà, il bénéficie d’un premier prêt
de 275 000 FCFA, remboursable en 12 mois,
CAPITALISATION DE L’EXPERIENCE DES MAISONS DU DEVELOPPEMENT LOCAL
La création d’entreprise comme vecteur d’insertion
des jeunes dans l’économie
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PADEL/PNDL
LES MAISONS DU DEVELOPPEMENT LOCAL ET L’INSERTION ECONOMIQUE DES POPULATIONS LOCALES
via MEC Kébémer, Mutuelle partenaire de la
MDL. Il investit dans du matériel, constitue
un stock de matière première et recrute
deux nouveaux apprentis.
Il rembourse son prêt sans difficulté avant
terme, acquiert une autonomie financière
grâce à la petite épargne qu’il a constituée
et qui lui permet d’avoir un fond de roulement.
Il n’a qu’une ambition : se former et former
des apprentis pour développer son entreprise.
En 2010, il participe à une session de formation en gestion d’entreprise (GERME).
« Avant la formation, je n’avais pas de fiche
de stock, je ne planifiais pas mon travail,
je n’avais pas de journal de caisse et je ne
connaissais pas mon bénéfice net ».
CAPITALISATION DE L’EXPERIENCE DES MAISONS DU DEVELOPPEMENT LOCAL
A l’issue de cette formation, il décide d’étoffer
son activité avec la menuiserie aluminium.
En 2011, sur fonds propre, il prend en
charge sa formation en menuiserie aluminium à hauteur de 125 000 FCFA.
En 2012, post formation en menuiserie aluminium, il obtient un second prêt d’investissement de 900 000 FCFA. Il achète du
matériel pour la menuiserie aluminium, des
matières premières et embauche 4 nouveaux apprentis. Il parvient à rembourser
son prêt en 12 mois et à se constituer une
épargne.
Ce qui caractérise Alioune SECK, c’est cette
volonté farouche de former des jeunes
comme pour défier son passé scolaire.
« Je veux que les jeunes que j’encadre aient
la même chance que moi. J’ai eu un Maître
d’Apprentissage extraordinaire. Jusqu’à
présent je le consulte pour qu’il me donne
des conseils ».
Dans l’entreprise d’Alioune, tout le monde
est rémunéré au pourcentage selon l’activité
et le niveau de compétences. Les 3 apprentis débutants sont rémunérés 3% du bénéfice net, les 2 ayant un niveau intermédiaires
15% et les 2 qualifiés 20%.
Aujourd’hui, Alioune est Maître d’Apprentissage et délivre le diplôme du CAP. Il a formé
11 apprentis dont une jeune fille. Deux apprentis qualifiés sont à leur tour partis pour
créer leur entreprise.
« Ma réussite, je la dois à mes formations à
la MDL. Elles m’ont permis de comprendre
le fonctionnement d’une entreprise. Maintenant, je tiens ma comptabilité, je tire mensuellement mon journal de ventes ».
Alioune dira qu’il a compris dès le début de
son projet que, pour bien vendre, il faut être
visible.
« Mon atelier se trouve au sortir de Kébémer,
sur l’axe Louga - Saint-Louis. Si quelqu’un
va à Dakar, il voit aussi mon atelier. J’utilise
les réseaux sociaux, je mets des photos sur
Facebook et j’ai des contacts. Je gagne des
marchés jusqu’à Dakar ».
Aujourd’hui, Alioune évolue dans le secteur formel. Il est inscrit à la Chambre des
Métiers, a son Registre du Commerce et son
NINEA. Son entreprise est stable et il parvient à dégager un bénéfice. Il fait lui-même
sa comptabilité, tient mensuellement son
journal de ventes et mesure son activité sur
l’année.
Il est fier de ses nouvelles conditions de vie.
« J’ai pu me marier, construire ma chambre
dans la maison familiale, avoir un enfant. Je
subviens aux besoins de mes parents avec
qui j’habite et j’assure la dépense quotidienne. Je parviens à épargner ».
Maintenant, Alioune voudrait avoir un local
plus grand car il ne peut pas stocker de
matières premières. Alioune est donc obligé
d’acheter en petites quantités. Pour le fer, il
s’approvisionne à Kébémer mais pour l’aluminium, il n’y a pas encore de fournisseur
sur place. Il s’approvisionne à Louga ou à
Touba. Quand la commande est petite, les
frais de transport sont à sa charge. Aussi,
Alioune envisage d’opter pour un troisième
prêt mais hésite car les intérêts sont conséquents.
transport, de la quincaillerie… Je contribue
au développement des activités des commerçants. En construisant ma chambre et
en la meublant, d’autres artisans travaillent
aussi ».
Alioune a conscience du rôle qu’il joue en
faveur du développement économique de
son département.
Pour gérer une entreprise, il faut être bien
formé et accompagné. Je remercie l’ADEL
et la MDL de Kébémer car ils m’ont toujours
soutenu. Sans mon Maître d’Apprentissage
et sans eux, je n’en serai pas là où j’en suis
à ce jour ».
« J’embauche des jeunes que je forme et
qui à leur tour peuvent créer leur entreprise.
En les rémunérant, ils peuvent soutenir leur
famille. J’achète des matières premières, du
Il y a aussi l’entraide entre menuisiers métallique et aluminium. Quand il a un grand
marché, il sous-traite ou fait appel à d’anciens apprentis s’ils n’ont pas d’emplois.
A présent, Alioune fait de la sensibilisation
pour orienter des jeunes vers la MDL
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L’expérience d’Alioune SECK entrepreneur etMaitre d’Apprentissage
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Une entreprise artisanale au service
de la promotion de l’art et de la culture
CAPITALISATION DE L’EXPERIENCE DES MAISONS DU DEVELOPPEMENT LOCAL
l’engagement de Birahim
NDIAYE, sculpteur sur bois
Birahim NDIAYE est originaire de Kébémer où il a installé sa galerie d’art et son
unité artisanale. Il est sculpteur sur bois et
fabrique des instruments de musique traditionnelle dans une entreprise dénommée
«ENTREPRISE BOROM DJEMBE».
Il se définit, certes, comme un artisan mais
aussi comme l’ambassadeur de l’art et de la
culture dans la région de Louga. Il est le Président de l’association artistique et culturelle
«LOWU MASKANDA» dans laquelle il initie
des jeunes à la percussion et à la danse.
Sorti de l’école en fin de cycle élémentaire,
il a d’abord appris et exercé le métier de
tailleur.
acheté un bois pour faire un djembé, puis
j’ai eu 7000 F. J’avais besoin de cordes et de
peaux, une femme m’a aidé en me donnant
35000 F et par la suite j’ai eu 50000 FCFA.
C’est ainsi que tout a commencé».
La MDL de Kébémer, Birahim dit l’avoir vu
naître. Il a fait partie de ceux qui, en 2008,
ont bénéficié des premières formations en
création et en gestion d’entreprise.
«La formation, c’est une voiture qui part, je
suis monté dedans, j’ai été suivi et accompagné, j’ai avancé».
Birahim a débuté son activité de sculpteur
en 1999. Il n’avait aucun moyen financier.
Post formation, l’ADEL l’accompagne dans
sa demande de prêt. Birahim obtient un premier financement de 2 200 000 FCFA auprès
d’un SFD partenaire de la MDL (MEC FADEC
NJAMBUR de Kébémer).
«Un ami m’a convaincu que je pouvais
commencer sans rien. Avec 2000 FCFA j’ai
Il achète ses matières premières : bois,
peaux, cordes… Un ami lui prête un local et
L’engagement de Birahim NDIAYE, sculpteur sur bois
Birahim formalise son activité. Il détient un
récépissé de déclaration d’existence pour
son association et, pour son entreprise, il
obtient son Registre du Commerce, son
NINEA et une carte d’import/export. Il paie
régulièrement sa patente.
Artiste et créateur, il réalise en 2009 un
djembé double face pour le festival mondial
des arts nègres qui s’est tenu au Sénégal
en 2010.
A travers ses sculptures et la création d’instruments de musique parfois oubliés, il veut
aussi transporter l’art et la culture du Sénégal à travers le monde.
Birahim projette de participer à des foires
pour se faire connaitre. En 2010, il obtient un
second financement de la même mutuelle
d’un montant de 750 000 FCFA. Il participera
à des foires au Sénégal (Saint-Louis, Dakar,
Ziguinchor…) et au Burkina Faso. Là encore,
il rembourse son prêt.
Birahim est aussi Maître Artisan. A Kébémer,
il travaille avec cinq jeunes qu’il a formés.
Chacun est payé 7500 FCFA par djembé.
Son activité se développant, il a monté un
atelier de fabrication dans la banlieue de
Dakar (Guédiawaye) où il a embauché neuf
jeunes qu’il forme aussi.
Sur une période de 3 à 5 mois, sont fabriqués en moyenne 70 à 80 djembés à Kébémer et une centaine à Dakar. Pour les foires,
dont les foires internationales auxquelles il
participe, 250 à 300 djembé sont fabriqués.
Lors de grosses commandes, Birahim a son
réseau d’artisans avec lesquels il collabore
pour satisfaire la demande.
Birahim s’approvisionne à Kébémer, Touba
et Dakar. Pour les peaux, c’est à Kébémer
(zone d’élevage) qu’il les achète et sait qu’il
est important de faire travailler d’autres artisans de sa localité. Pour le bois par contre,
c’est à Dakar et à Touba qu’il le trouve. Le
bois vient pour partie du Sénégal mais aussi
du Mali.
« Je suis le seul à faire ces activités à Kébémer. Je dois être têtu pour faire connaître
l’art et la culture dans ma Région. Nous les
artisans, nous devons arriver au sommet
de la montagne. Aujourd’hui, les gens ont
ouvert leurs yeux. Je sensibilise les autorités
pour que soient davantage aidés les artisans
car sans la connaissance et sans moyens,
on ne fait rien ».
Aujourd’hui Birahim vit de ses activités
même si parfois, c’est difficile. Il a le soutien
de sa femme qui comprend, dit-il, qu’il faut
concilier vie familiale et vie professionnelle.
Birahim a d’autres ambitions ; il veut réintroduire des instruments de musique disparus, les faire connaître et former des jeunes
à l’utilisation de ces instruments. Il veut
redonner vie à un pan de culture et traditions qui se perdent. Aussi, au travers de
son association, il forme des jeunes ici mais
aussi à l’Etranger.
Avec l’appui de la Chambre des Métiers de
Louga, il est parti récemment en Inde pour
représenter le Sénégal. Il en est revenu avec
des projets.
« Quand je voyage, ce n’est pas moi qui
voyage, c’est tout le Sénégal ».
Pour participer à une foire en Italie et envoyer un container avec des sculptures et
CAPITALISATION DE L’EXPERIENCE DES MAISONS DU DEVELOPPEMENT LOCAL
il commence à sculpter le bois et à fabriquer
des instruments de musique traditionnelle. Il
ouvre une galerie d’art à Kébémer. Son art
se vend bien et Birahim rembourse, sans
difficultés son prêt.
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PADEL/PNDL
LES MAISONS DU DEVELOPPEMENT LOCAL ET L’INSERTION ECONOMIQUE DES POPULATIONS LOCALES
des instruments de musique, Birahim, pour
la troisième fois, a obtenu un prêt. D’un
montant de 5 000 000 de FCFA, ce prêt est
en cours de remboursement mais Birahim
rencontre des difficultés.
Il a pu analyser le pourquoi de ses difficultés
(non maitrise des coûts indirects). Malgré
tout, il reste confiant car, avec la formation il
a les clés pour résoudre les problèmes.
CAPITALISATION DE L’EXPERIENCE DES MAISONS DU DEVELOPPEMENT LOCAL
Aujourd’hui à Kébémer, tout le monde
connaît Birahim. Il a su mobiliser les associations culturelles dont il a la reconnaissance.
Faire revenir « la culture perdue », c’est ce
qui lui tient à cœur. Il y a aussi les habits
traditionnels qu’il voudrait faire revivre. Pour
cela, Birahim n’a pas oublié son premier
métier : la couture. C’est pourquoi, avec
d’autres créateurs et couturiers, Il travaille à
la renaissance des habits d’antan.
A présent, pour transmettre ses connaissances, il aimerait réaliser un documentaire sur la fabrication des instruments de
musique et conceptualiser un module pédagogique pour apprendre aux enfants à jouer
des instruments de musique.
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Les cultures de contre saison, source de revenus
complémentaires pour l’agriculture de subsistance :
Bathie NDIAYE est né dans le département
de Kébémer, il réside à Khaly Nar dans la
Communauté Rurale de Ngourane. Il a 35
ans et n’est jamais allé à l’école.
«J’ai toujours été cultivateur. Je cultive l’arachide, le mil, le niebé et le bissap. C’est très
difficile. Je ne peux pas vivre de cette activité».
Pour compléter ses revenus, Bathie est également agent de sécurité. Cependant, pour
asseoir une activité agricole plus pérenne
et ainsi améliorer ses revenus, il pense au
maraîchage, activité émergente dans le
département de Kébémer.
Il a des terres et peut donc envisager de
développer une activité mixte. En 2007,
Il est le premier de sa zone à démarrer le
maraîchage. Sur fonds propres, il parvient
à mettre en culture progressivement 1 hectare de terre. Cependant, Bathie manque de
moyens financiers pour installer un système
d’irrigation, «goutte à goutte», qui lui per-
mettrait de palier au problème de fourniture
en eau qu’il rencontre. Pour autant, il cultive
la tomate, la salade, l’aubergine, le piment
et l’oignon. Son activité fonctionne mais les
rendements sont insuffisants.
Un jour, il écoute une émission radio au
cours de laquelle est présentée la MDL de
Kébémer. Il se rend à la MDL qu’il intègre
en 2011. Il expose son projet de développement d’activité et les problèmes auxquels il
est confronté. Bathie a besoin de formation
pour mieux gérer son activité et de moyens
financiers pour la développer.
Il suivra deux sessions de formation en
création (CREE) et en gestion d’entreprise
(GERME).
«Aujourd’hui, je tiens un journal de vente par
campagne. J’ai choisi de vendre en gros et
je sais comment écouler mes produits».
Bathie écoule sa production, à travers le réseau qu’il s’est constitué, à Kébémer, Touba
CAPITALISATION DE L’EXPERIENCE DES MAISONS DU DEVELOPPEMENT LOCAL
L’audace d’un jeune
cultivateur
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PADEL/PNDL
LES MAISONS DU DEVELOPPEMENT LOCAL ET L’INSERTION ECONOMIQUE DES POPULATIONS LOCALES
CAPITALISATION DE L’EXPERIENCE DES MAISONS DU DEVELOPPEMENT LOCAL
et même Dakar. Il n’a pas encore de lieu
de stockage mais une case lui sert pour le
moment de magasin.
Il avait déjà ouvert un compte à la MEC
FADEC NJAMBUR de Kébémer. L’ADEL l’accompagne dans l’élaboration de son plan
d’affaire et la constitution de son dossier de
demande de financement.
«J’ai besoin d’un prêt pour m’équiper d’un
goutte à goutte. L’accès à l’eau est difficile
car le forage se trouve à 15 kms de mes
terres».
En 2013, il obtient un prêt de 4,2 MFCFA
pour l’installation d’un «goutte à goutte» sur
un demi-hectare et d’un réservoir d’eau de
1000 litres. L’objectif était double : palier aux
difficultés d’approvisionnement en eau et
assurer le traitement des sols. Bathie, suite
à une analyse des sols révélant la présence
de nématodes dans son terrain, très préjudiciables pour son activité maraichère, devait
traiter son périmètre maraîcher.
Ses premières récoltes sont bonnes. Bathie
alterne les productions en fonction des cycles
: 3 mois pour la tomate, l’aubergine, la salade et 5 à 6 mois pour l’oignon.
Pour la première campagne d’oignon, il a récolté 4,2 tonnes d’oignons pour laquelle il a
fait une recette de 1 050 000 FCFA soit 250
F le kilo. Après avoir payé les intrants, l’eau
et le personnel, il est resté un bénéfice à
Bathie qui a épargné et acheté des moutons
dans l’attente d’une prochaine campagne
d’oignons. Cette fois-ci, il a planté un hectare d’oignons. Une moitié de la plantation
bénéficie d’un arrosage par goutte à goutte
et l’autre pas.
Aujourd’hui, Bathie est en difficulté, toute
sa production est en train de pourrir et il ne
parvient pas à rembourser son prêt.
Un technicien de l’ANCAR s’est déplacé
pour tenter d’identifier l’origine du problème
mais pour l’heure, Bathie, n’a pas encore de
réponses à son problème.
Une mission conjointe réunissant les services de l’agriculture, la Mutuelle et la MDL
est venue sur site afin de voir comment
gérer le problème et venir en aide à Bathie.
L’audace d’un jeunecultivateur
Bathie est certes déçu et conscient de la
perte qu’il va devoir supporter mais pour
autant, il n’abandonne pas.
«Les pertes, cela fait partie de la vie de l’entreprise, on ne peut rien contre le climat ou
les maladies. Je vais continuer. Pendant la
saison des pluies, je vais planter du mil et de
l’arachide, puis je reprendrai mes activités
de maraîchage».
Ambitieux, il fera tout pour développer son
activité, améliorer sa production et résoudre
durablement le problème de fourniture en
eau.
Bathie vient de déposer ses papiers pour se
constituer en GIE et rejoindre le groupement
des maraîchers.
«En nous organisant, nous espérons que les
autorités entendront nos problèmes et nous
aideront à les résoudre».
Malgré ses difficultés momentanées, Bathie
est fier de sa réussite
«Avant, j’étais le premier maraîcher, maintenant nous sommes nombreux. Tout le
monde m’a suivi et est venu faire du maraîchage, je suis un modèle».
Bathie sait cependant qu’il a besoin de formation et d’accompagnement ainsi que ses
employés. Pour le moment, il n’a pas encore
suivi de formation en technique de maraîchage et c’est un besoin.
Quand il regarde son parcours à la MDL de
Kébémer, il mesure ses avancées.
«Je sensibilise les jeunes pour que, comme
moi, ils franchissent la porte de la MDL. Je
leur dis qu’il faut oser».
CAPITALISATION DE L’EXPERIENCE DES MAISONS DU DEVELOPPEMENT LOCAL
«Je suis fatigué, je vais perdre toute ma
récolte et je suis en train de m’endetter. De
plus, j’ai avec moi 4 ouvriers agricoles que
je ne parviens plus à payer».
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LES MAISONS DU DEVELOPPEMENT LOCAL ET L’INSERTION ECONOMIQUE DES POPULATIONS LOCALES
L’accès au financement comme source
de développement d’activités et de revenus :
Le projet d’un agro pasteur
Yaya Birame SOW est agri éleveur. Il est originaire de Barkhédji, village de la Communauté Rurale du même nom dans le département de Linguère.
CAPITALISATION DE L’EXPERIENCE DES MAISONS DU DEVELOPPEMENT LOCAL
Jeune de 39 ans, il a quitté l’école après
la classe de 5ème pour aider ses parents.
Marié et père de deux enfants, il est aussi
soutien de famille.
Yaya Birame SOW faisait du commerce. Il
était intermédiaire et vendait des semences.
Cette activité doublée d’une petite activité
agricole (culture du mil et de l’arachide) ne
lui permettait ni de développer son activité
d’élevage ni de subvenir aux besoins de sa
famille.
«Traditionnellement, les Peuls sont des éleveurs, alors j’ai choisi d’élargir mon activité
mais je ne savais pas comment faire. Je
ne savais pas comment élaborer un projet,
comment monter un dossier de demande de
financement».
C’est lors des journées d’information et de
sensibilisation organisées par l’ADEL de Linguère au niveau des arrondissements que
Yaya Birame reçoit l’information sur les services offerts par l’ADEL au travers du Parcours de L’Entrepreneur. Il a été accueilli à
la MDL pour la première fois en juillet 2012.
«Un ami m’a conseillé d’aller à la MDL de
Linguère que je ne connaissais pas. J’ai
été soutenu dans mon idée de projet. Avec
l’appui du Secrétaire Permanent de l’ADEL,
j’ai pu structurer mon projet».
Yaya Birame avait besoin de formation en
gestion et d’accompagnement dans l’accès
aux services financiers. Il participe à une
session de formation en comptabilité primaire à la MDL de Linguère en collaboration
avec le SDADL. Dans un second temps, c’est
dans son exploitation que se poursuivra la
formation avec le remplissage des outils de
gestion mis à sa disposition.
«Aujourd’hui je peux calculer mon prix de
vente. J’ai compris que toute dépense doit
être écrite, sinon tu risques de vendre à
perte. Le Secrétaire Permanent de l’ADEL
vient aussi sur place pour suivre mon activité et voir comment je mets en application
ce que j’ai appris en formation».
Yaya Birame a ouvert un compte au Crédit
Mutuel du Sénégal, SFD partenaire de la
MDL de Linguère. Cela n’a pas été facile de
constituer son apport de 20%. C’est pour
développer son activité d’élevage qu’il a
déposé un dossier de prêt dans l’espoir
d’élever des bovins et ovins pour faire une
« opération tabaski ».
En mai 2013, il a obtenu un prêt de 1 Million
de FCFA à rembourser dans son intégralité
au bout de 8 mois.
«L’obtention du prêt est difficile. Je suis un
porteur de projet individuel, aussi il me faut
un garant».
Le projet d’un agro pasteur
«J’ai perdu 2 moutons, 2 autres ont été volés.
Malgré tout, j’ai pu rembourser mon prêt dans
les délais et avoir un bénéfice de 150 000 FCFA».
Ce bénéfice, il l’a réinvesti en achetant
5 moutons et en donnant une partie à sa
femme pour qu’elle fasse du petit commerce.
Pour le moment, il n’y a pas encore de retombées significatives sur la famille.
Yaya Birame poursuit son commerce de
vente de céréales et va cultiver du mil et
de l’arachide pendant l’hivernage. Il s’est
constitué une petite épargne pour demander
un autre prêt au CMS.
Il veut renouveler sa demande de prêt pour
le même montant (1 000 000 de FCFA) pour
une nouvelle opération tabaski. Il préfère
rester prudent et espère qu’il n’aura pas
de pertes. Il sait qu’il n’a pas la garantie de
vendre tous ses moutons pour la tabaski et
qu’il a la contrainte du remboursement de
son prêt en une seule échéance.
Pour vendre ses moutons, Yaya Birame doit
se déplacer à Saint-Louis et à Dakar et
cela a un coût. Il sait qu’il ne peut pas tout
écouler dans le département de Linguère
où l’élevage est une activité importante.
De même, nombreux sont ceux qui ont des
moutons dans leur maison. Pour fidéliser sa
clientèle, il a gardé les contacts de certains
acheteurs.
«Lorsque je reviendrai, je vais recontacter
mes anciens clients et leur dire sur quel
emplacement je me trouve».
Cette année, il a déposé plus tôt sa demande
de prêt. Il espère qu’elle aboutira vite car
plus tôt il achètera ses moutons, moins
chers ils seront.
Il est vrai que Yaya Birame a pu passer d’une
activité d’élevage d’ovins de 5 à 30 moutons
et l’ouvrir à l’élevage de bovins mais celle-ci
reste ponctuelle. A l’avenir, il veut se développer pour asseoir une activité pérenne.
S’il réalise une bonne «opération tabaski», il
veut se lancer dans le maraîchage.
«Je dois soutenir la famille et sans revenus
continus, c’est très dur».
Le petit commerce de sa femme fonctionne
(légumes frais, patte d’arachide, niébé,
sucre, thé etc.) et permet déjà de prendre en
charge une partie de la dépense quotidienne
dont la scolarité des enfants.
Il poursuit la formation à la MDL de Linguère
Il a bénéficié du module en culture d’entreprise.
«Nous sommes jeunes, nous voulons travailler pour le développement de notre pays. En
développant mon activité d’élevage, j’ai pu
embaucher un berger. J’achète les aliments
pour bétail, l’herbe et l’eau, cela fait travailler d’autres personnes».
Pour ne pas faillir à la tradition Peul, Yaye
Birame espère parvenir à avoir un grand
troupeau.
Aujourd’hui, les jeunes du village envient
Yaye Birame. Il leur conseille d’aller à la MDL
pour être accompagnés.
«Je leur dis qu’il faut oser, y croire, que chacun peut développer son activité».
CAPITALISATION DE L’EXPERIENCE DES MAISONS DU DEVELOPPEMENT LOCAL
Avec l’argent de son prêt, Yaya Birame a
acheté 30 moutons, 3 veaux, les vaccins, les
aliments, l’eau et l’herbe. Il a aussi embauché un berger qu’il a payé 10 000 FCFA par
mois.
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Les premiers pas d’un groupement féminin dans un
créneau porteur :
CAPITALISATION DE L’EXPERIENCE DES MAISONS DU DEVELOPPEMENT LOCAL
La transformation
des fruits forestiers
Awa NIANG, 38 ans est la Présidente de l’Association «BOKH AND DJEEFF» regroupant
35 femmes. Ensemble, elles ont installé une
unité de transformation des fruits forestiers
dans la Commune de Linguère.
forestiers en jus, sirop et confitures. Ce sont
notamment les fruits du tamarinier, du baobab (bouye) et du dattier du désert (soump)
ainsi que la fleur d’hibiscus (bissap). En
2011, l’association obtient son récépissé.
Awa, bien que peu scolarisée (cycle élémentaire non achevé), est une jeune femme
dynamique et maman de 5 enfants. Elle
s’adonnait à des activités de couture et petit
commerce, insuffisantes pour soutenir les
besoins de sa famille.
La capacité financière de l’association est
faible. Les femmes ne se découragent pas
et recherchent des appuis financiers. Elles
trouvent le soutien d’un homme politique
originaire de la localité qui leur octroient
100000 FCFA et du Conseil de Quartier qui
leur accordent un prêt de 75000 FCFA.
Awa perçoit qu’il y a un créneau à prendre :
celui de la transformation des fruits forestiers. Elle suit alors en 2010, avec 3 autres
membres de l’Association, une formation en
transformation proposée par l’ITA.
Toutes les quatre, elles créent une Association et ciblent la transformation des fruits
Leurs conjoints démarrent alors la construction d’un local. Les femmes, quant à elles,
achètent du petit matériel pour les besoins
de l’activité.
En 2012, elles sont orientées vers la MDL de
Linguère par le Chef de Service du CEDEPS.
La transformationdes fruits forestiers
L’association ouvre, en 2012, un compte à
UMECAS (Dahra), Mutuelle partenaire de la
MDL de Linguère.
La Présidente de l’Association ainsi que la
Trésorière et la Secrétaire suivent des sessions de formation organisées par l’ADEL
(comptabilité), ce qui leur permet, disentelles, de tenir aujourd’hui un journal de
vente. Parvenant à épargner 100000 FCFA
servant d’apport pour l’octroi d’un prêt, l’Association demande l’appui de l’ADEL pour
élaborer leur plan d’affaire et constituer leur
dossier de demande de financement.
En 2013, l’Association obtient un prêt de
500000 FCFA destiné à renforcer l’équipement de l’unité de transformation et à acheter des matières premières.
«Au début, on remboursait plus chaque
mois. Puis, le froid est venu et les ventes ont
chuté. Nous avons pris du retard. La direction régionale d’UMECAS nous a téléphoné.
Nous avons obtenu un délai supplémentaire
de 2 mois».
C’est la vente de jus qui est la principale
activité. Les femmes vendent dans leur local
et sur commandes (cérémonies familiales).
«Le vendredi, jour du marché hebdomadaire, nous enregistrons plus de ventes. La
demande est là mais nous sommes encore
insuffisamment équipées pour répondre aux
commandes».
Cependant, par défaut de fond de roulement
suffisant, elles ne peuvent pas toujours satisfaire la demande.
«Les matières premières, nous les achetons
au marché en petites quantités, ce n’est
pas rentable. Aujourd’hui, lorsque nous parvenons à avoir un bénéfice, nous devons
d’abord rembourser notre prêt et payer les
factures d’électricité».
Les femmes ne récoltent pas encore le fruit
de leur travail mais Awa ne se décourage
pas. Ce mois-ci, l’Association va solder son
prêt. Awa hésite à en solliciter un deuxième
car le taux d’emprunt est élevé et la durée
de remboursement trop courte.
«Nous allons solliciter le Conseil de Quartier
pour un nouveau prêt. Si nous parvenons à
épargner, peut-être que nous ferons un deuxième prêt car il est important de développer
notre activité».
Awa est ambitieuse. Elle aimerait que l’association ouvre un point de vente de fruits
forestiers. Elles pourraient s’approvisionner
à Kayar et acheter à des périodes où les
fruits forestiers sont moins chers. Leur local
est petit mais elles pourraient stocker chez
l’une de nos membres.
Pour fabriquer leurs produits, les femmes
s’organisent en deux groupes de 10 et travaillent à tour de rôle. Elles préparent 500
sachets de jus et 10 bouteilles de jus. Pour
les sirops et la confiture les quantités sont
variables et peu importantes pour le moment
car elles ont un problème d’écoulement de
ces produits à Linguère. Lorsqu’elles ont des
commandes, la préparation se fait en plus
de la production habituelle.
Les jus en sachets sont vendus 100 FCFA
dans leur local et les bouteilles de jus 1000
FCFA.
«La vente des bouteilles de jus est bien plus
rentable car dans une bouteille il y a cinq
sachets».
CAPITALISATION DE L’EXPERIENCE DES MAISONS DU DEVELOPPEMENT LOCAL
Awa demande que l’Association puisse
bénéficier des services de l’ADEL et notamment, la formation, l’accompagnement du
projet et l’appui à la demande de financements.
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CAPITALISATION DE L’EXPERIENCE DES MAISONS DU DEVELOPPEMENT LOCAL
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PADEL/PNDL
LES MAISONS DU DEVELOPPEMENT LOCAL ET L’INSERTION ECONOMIQUE DES POPULATIONS LOCALES
Aujourd’hui, elles travaillent avec cinq revendeuses à qui elles vendent les sachets
de jus 90 FCFA. Quant à elles, leur bénéfice
sur un sachet est de l’ordre de 20 à 30%
selon le fruit (bouye, bissap…).
Elles ne vivent pas encore de leurs activités
qu’elles complètent par la vente de pains de
glace. Certaines de leurs membres sont un
peu découragées.
«Pour le moment, c’est nous qui aidons les
autres : les revendeuses et ceux à qui nous
achetons nos matières premières. Nous
contribuons au développement de leurs
activités».
Aujourd’hui, les femmes ont identifié leurs
points faibles : le manque de visibilité (pas
d’enseigne ni d’étiquettes sur leurs produits)
et de formation technique pour toutes les
femmes (transformation, hygiène/qualité).
«Nous vendons des produits alimentaires et
notre local n’est pas encore carrelé. Un jour
viendra».
La transformationdes fruits forestiers
Aminata FALL, originaire de Keur Momar
Sarr dans le département de Louga, est la
Gérante du GIE FATIYOON (Marchons Ensemble).
Soutenue par son mari, par ailleurs technicien aquacole, Aminata se tourne vers la
pisciculture, activité émergence au Sénégal,
pour répondre à un besoin local.
Aminata FALL (45 ans), est par ailleurs Viceprésidente de l’ADEL de Louga et Directrice
de la radio communautaire JEERI FM à Keur
Momar Sarr.
En 2009, avec l’appui d’un volontaire des
Nations Unis, elle démarra son activité avec
6 cages et ambitionne de développer une
ferme piscicole.
Animatrice radio depuis 1999, Aminata, bien
qu’ayant quitté l’école en fin de cycle primaire, a choisi de développer une activité
économique dans sa région.
A travers le projet AGROPOV, elle obtient un
financement de 1,6 MFCA lui permettant de
réaliser 3 bassins (10X15), d’acheter une
motopompe, des alevins, les aliments pour
poissons et de démarrer son activité piscicole.
«Je veux lutter contre la pauvreté et, surtout,
contre la malnutrition des femmes et des
jeunes enfants».
En 2005, Aminata obtient du Conseil Rural,
l’affectation de 5 hectares de terres, à proximité du Lac de Guier. Elle démarre leur mise
en valeur par le maraichage et l’arboriculture.
En 2010, l’ANA (Agence Nationale pour
l’Aquaculture) visite la ferme piscicole mais
ne peut soutenir le projet d’Aminata.
En 2013, la FAO (Organisation des Nations
Unies pour l’Alimentation) et l’ANA lui ap-
CAPITALISATION DE L’EXPERIENCE DES MAISONS DU DEVELOPPEMENT LOCAL
La gestion d’une ferme piscicole dans le
département de Louga ou le projet innovant
d’une femme pour lutter contre la pauvreté
et la malnutrition.
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PADEL/PNDL
LES MAISONS DU DEVELOPPEMENT LOCAL ET L’INSERTION ECONOMIQUE DES POPULATIONS LOCALES
portent un soutien financier permettant la
réalisation de 5 bassins (25X30) avec chacun une capacité de production de 9 tonnes
de poissons et l’alimentation gratuite pendant 3 ans (2013-2016). En complément,
Aminata reçoit un appui du Ministère de la
Pêche (équipements et aliments poissons).
Début 2014, Aminata lance son activité
piscicole dans 3 des 5 grands bassins et
compte bien produire 27 tonnes de tilapia.
L’élevage des poissons se fait sur 6 mois et
l’écoulement est prévu sur une période de
5/6 mois également.
CAPITALISATION DE L’EXPERIENCE DES MAISONS DU DEVELOPPEMENT LOCAL
Aminata a développé un périmètre maraicher et fruitier qu’elle qualifie «d’activité de
soutien à la ferme piscicole». Les recettes
tirées permettent de couvrir les charges de
fonctionnement et les salaires. Depuis 2005,
elle a embauché 2 personnes. En période de
récolte, Aminata embauche 5 à 7 journaliers.
Aminata a connu l’ADEL de Louga à travers
le projet AGROPOV. Identifiée comme acteur
économique, Aminata a participé au Forum
Economique initié par l’ADEL. A l’issue de
celui-ci, elle prendra la Vice-Présidence de
l’ADEL. Elle dit avoir choisi de s’impliquer
pour booster l’ADEL.
Si Aminata est venue à l’ADEL c’est parce
qu’elle a compris qu’elle pourrait être accompagnée dans le processus de mise en
œuvre de son projet et soutenue dans sa
recherche de financements.
Elle a participé à différentes sessions de formation (culture d’entreprise, fiscalité, management, cycle primaire des affaires) et obtenu 3 prêts auprès du CMS (Crédit Mutuel
du Sénégal) partenaire de l’ADEL de Louga.
Ayant remboursé dans les délais un premier prêt de 300 000 FCFA, elle a gagné la
confiance du CMS et obtenu un second prêt
de 600 000 FCFA puis un troisième de 1 000
000 FCFA.
Le premier prêt a permis à Aminata de
constituer son fond de roulement et de
prendre en charge sans encombre les aliments pour poisson et le carburant de la
motopompe.
Son premier prêt a eu un impact direct sur
sa production. Le montant des ventes est
passé de 500 000 FCFA à 750 000 FCFA puis
à 1 500 000 FCFA. Aminata a pu retirer un
bénéfice qu’elle a réinvesti dans son activité
en la diversifiant à travers la mise en place
d’un poulailler.
Pour Aminata, les changements ont été
énormes pour elle et sa famille.
«Nous n’avons plus de problèmes pour nous
nourrir. Aujourd’hui j’assure une partie de
la dépense quotidienne pour 5 personnes
(environ 20000/mois) et je parviens à épargner».
Aminata gère aujourd’hui une structure formelle (GIE). Elle est inscrite au Registre du
Commerce et paie sa patente.
Elle n’a pas encore gagné son autonomie
financière car elle a d’autres projets pour
développer son activité piscicole (investissements nécessaires). Par ailleurs elle n’a pas
le recul nécessaire sur la rentabilité de sa
production piscicole.
Par contre elle pense être en passe de gagner son autonomie financière pour les activités maraichères et arboricoles.
Actuellement, les recettes annuelles (2 000
000FCFA) permettent d’assurer le fonctionnement global des activités et les salaires. Il
faudra cependant compter sur les bénéfices
de la production piscicole pour couvrir les
amortissements et les futurs investissements.
Aminata écoule sa production sur le marché
local et n’entend pas vendre en dehors de sa
zone car, la demande est forte. Elle écoule
ses produits sur le marché permanent et
hebdomadaire ainsi que sur les marchés environnants (Gouye Mbeuth et Mbar Toubab).
Il en sera de même des 27 tonnes de poissons attendus. Lorsque les poissons auront
atteint un poids suffisant, Aminata fera de la
publicité. Elle vendra aussi par commande.
Le projet ambitieux d’Aminata lui confère une
notoriété indéniable.
«Il ne se passe pas un mois sans que je
reçoive des visiteurs. Au début, personne ne
croyait en mon projet mais à présent je suis
l’idole des populations».
Consciente de la place qu’elle occupe dans
le développement économique local de sa
zone, Aminata ambitionne de créer un centre
de formation piscicole pour sa région et souhaite fournir d’autres projets piscicoles en
alevins.
«Pour créer son activité économique, il faut
bien choisir son projet, avoir des compétences, s’assurer de sa rentabilité et bien
gérer». 29
CAPITALISATION DE L’EXPERIENCE DES MAISONS DU DEVELOPPEMENT LOCAL
Ferme piscicole dans le département de Louga
CAPITALISATION DE L’EXPERIENCE DES MAISONS DU DEVELOPPEMENT LOCAL
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Dynamiques partenariales autour de
l’organisation et de la structuration
de la filière couture dans
le département de Louga
L’Association Créateurs et Couturiers Associés de Louga (CCAL) est une cellule de
l’Association CCAS (Créateurs et Couturiers
du Sénégal).
CCAL se définit comme une Association
phare de la région de Louga. Elle se fixe
pour objectifs de fédérer les synergies pour
défendre les intérêts des tailleurs de la région et d’être visible auprès des partenaires
techniques et financiers.
Cette jeune Association à but non lucratif a
été créée en 2012 mais compte déjà 238
membres. CCAL a aussi une vocation sociale et solidaire. Cette solidarité s’applique
à l’intérieur de l’Association mais aussi à
l’extérieur : confection de vêtements pour
les démunis (prisonniers, talibés), participation à la journée annuelle de don de sang en
partenariat avec l’hôpital régional….
CCAL bénéficie du soutien accru de la
Chambre des Métiers de Louga par ailleurs
partenaire de la MDL.
Les couturiers sont conscients de leurs
compétences mais ils manquent de moyens
matériels et financiers pour exporter en dehors de la région leurs savoir-faire.
CCAL a connu la MDL à travers le partenariat
entre la Chambre des Métiers de Louga et la
MDL de Louga. Un point focal de la Chambre
des Métiers se trouve à l’intérieur même de
la MDL.
Filière couture dansle département de Louga
Aïda BA est une très jeune femme de 26 ans,
originaire de Louga. Elle a commencé son
apprentissage en couture avec son mari et
le terminera dans un autre atelier.
En 2008, son mari ouvre un atelier à Louga
et l’embauche. Rapidement, il lui confie la
gestion de leur atelier et la relation avec la
clientèle.
Elle intègre en 2012 la MDL de Louga afin
de se performer pour assumer sa mission.
Elle suit, en 2013, deux sessions de formation sur le cycle des affaires et en gestion
financière.
«Ce module, au-delà de m’offrir une photographie sur mes finances, m’a permis
de corriger mes erreurs dans le choix des
dépenses. Je me suis rendue compte que
la plupart des ressources de l’entreprise
étaient consommées par des dépenses
inopportunes ou facultatives.
Aussi, je me suis mise dans un processus
de réorganisation de l’entreprise. Les retombées ont été immédiates. Auparavant,
je ne parvenais pas à épargner. Aujourd’hui,
j’épargne chaque mois 20000 FCFA que je
verse sur un compte.
A présent, je m’inscris dans une dynamique
de développement de mon activité. J’envisage l’ouverture d’un point de vente et d’une
mercerie.
Je peux dire que mon parcours à l’ADEL m’a
donné plus d’assurance et j’en suis fière.
Financièrement, je ne suis pas encore
stable mais avec mes projets en vue, je suis
confiante».
Pour mieux vendre leurs créations, les tailleurs veulent être formés en marketing. La
Chambre des Métiers de Louga a obtenu un
financement de la Direction de l’Artisanat
pour former 15 membres de l’association.
Par ailleurs, les tailleurs souhaitent être soutenus par l’ADEL dans leurs démarches de
demandes de financement.
Enfin, pour professionnaliser la filière, ils
voudraient être accompagnés pour la mise
en place d’un centre d’apprentissage communautaire et l’octroi de locaux.
Pour le moment l’Association n’a pas encore
reçu de financement mais plusieurs des
membres ont eu accès au crédit pour leur
activité propre. Parmi les mutuelles partenaires on compte : UMECAS, PAMECAS,
FIDES, CMS… Toutefois, les tailleurs soulignent la difficulté d’accès au crédit. En
effet, ils ont 2 pics d’activité dans l’année
(la Korité et la Tabaski). Ils évoquent la frilosité des Mutuelles à octroyer un prêt compte
tenu des irrégularités de recettes. Par ailleurs, les délais de traitement des dossiers
ne permettent pas toujours de recevoir le
prêt attendu pour préparer les 2 fêtes.
Les femmes de l’Association organisent des
tontines pour se soutenir mutuellement.
Les tailleurs financés évoquent les effets
directs du prêt sur leur activité. Ils/Elles
ont pu s’équiper, développer leur activité,
embaucher, pour certains changer de locaux
et améliorer leur niveau de vie. Ils expliquent
les effets de l’accompagnement de la
CAPITALISATION DE L’EXPERIENCE DES MAISONS DU DEVELOPPEMENT LOCAL
Les attentes de l’Association vis-à-vis de la
MDL et de la Chambre des Métiers sont plurielles. Conscients de la nécessité de mieux
gérer leurs ateliers, les membres souhaitent
participer à des modules de formation en
comptabilité et gestion. Plusieurs d’entre
eux, comme Aïda BA, suivent régulièrement
les sessions animées par l’ADEL de Louga.
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PADEL/PNDL
LES MAISONS DU DEVELOPPEMENT LOCAL ET L’INSERTION ECONOMIQUE DES POPULATIONS LOCALES
MDL. «Avant nos dossiers de financements
n’aboutissaient pas».
Par ailleurs, le soutien conjoint de la MDL
et de la Chambre des Métiers permet à la
corporation de mieux s’organiser. Pour faire
face aux manquements d’équipements,
l’entraide se met en place pour satisfaire
dans un esprit mutualiste aux besoins d’un
marché. D’ores et déjà, ensemble, au nom
de l’Association, ils parviennent à gagner
des petits marchés (confection de blouses
pour les écoles).
CAPITALISATION DE L’EXPERIENCE DES MAISONS DU DEVELOPPEMENT LOCAL
Pour eux, l’organisation de la profession
est en marche. Ils sont conscients que leur
forme juridique actuelle n’est pas la plus
adéquate. Ils savent aussi que, pour vendre
leur expertise, il faudra davantage mutualiser leurs compétences. Toutefois ce début
d’organisation est à saluer.
Ils se sentent acteurs du développement
local tant au niveau économique que social.
Aujourd’hui, tous les tailleurs paient leur patente. Certains paient la CGU. Ils créent des
emplois et forment des apprentis. Ils disent
avec fierté leur force de mobilisation auprès
des autorités et des chefs religieux.
Ils ambitionnent de créer une «Cité des tailleurs» ainsi qu’une Mutuelle de Crédit et de
Santé. C’est pourquoi, faire revivre les locaux de la SOTEXKA (ex usine de confiserie)
est un projet qui leur tient à cœur.
Ils veulent avoir accès aux techniques modernes (laser) utilisées en confection.
S’ils participent déjà à des foires et des défilés de mode au Sénégal, ils espèrent pouvoir
exporter demain leur style et leurs créations.
Filière couture dansle département de Louga
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Itinéraire d’un groupement de femmes
engagé dans le développement social
de leur village
Le GPF JAPOO compte aujourd’hui 135
membres et développe un ensemble d’activités : agriculture, embouche, aviculture,
transformation du soump (dattier du désert)
en sirop et huile, transformation du mil
en sankhal et tiéré, transformation de la
gomme arabique, teinture (tiub)…. Cependant c’est la transformation qui occupe une
place prédominante.
«Au démarrage, nous faisions de l’agriculture. Les femmes cotisaient mensuellement
25 FCFA pour faire du crédit révolving».
En 2004, le GPF bénéficie du soutien
financier du projet Plateforme Multidimensionnelle du PNUD. Le projet a permis
la construction du moulin et l’acquisition
d’équipements (décortiqueuse, broyeuse à
arachide, dynamo et alternateur).
«Il y a beaucoup de soump ici (dattiers du
désert) et nous produisons de l’huile et du
sirop de façon artisanale. Le soump a des
vertus médicinales, il lutte contre l’hypertension artérielle».
En parallèle, avec l’appui de la Communauté
Rurale, le GPF acquiert un champ communautaire de 50 hectares mis en valeur avec
l’appui du Projet Gommiers en 2004.
Aujourd’hui, les gommiers ont commencé à
produire. La production est encore faible et
écoulée localement (marché local, loumas,
commandes). La gomme arabique est vendue entre 1500 et 2000 FCFA. Cependant,
les femmes sont pleines d’espoir.
«La gomme arabique est utilisée dans
l’industrie alimentaire et s’exporte vers la
France. Elle est même utilisée dans le système de freinage des avions».
Au dire des femmes, toutes les activités
sont rentables. L’huile de soump se vend
bien. Elles ont des commandes venant du
Projet Plateforme de Thiès lors des foires.
Avec les retombées, le GPF a construit sur
fonds propres l’unité de transformation et
développé une petite activité avicole (bande
de 50 poulets de chair).
Pour le fonctionnement de l’unité de transformation, les femmes s’approvisionnent
et écoulent leurs produits sur les marchés
locaux. Le travail de transformation est difficile car elles n’ont pas d’électricité.
Si l’écoulement de leurs produits n’est pas
toujours facile, le moulin est un plus pour les
femmes du village.
«Les villageois cultivent le mil et viennent
au moulin pour transformer leur récolte.
CAPITALISATION DE L’EXPERIENCE DES MAISONS DU DEVELOPPEMENT LOCAL
Mme DIA Fatou Sèye, 50 ans, est originaire
du village de Thiéckène Ndiaye (Communauté Rurale de Nguer Malal) dans le département de Louga. Depuis 20 ans, elle est
la Présidente du GPF JAPOO créé en 1976.
Toute jeune, elle s’implique dans la vie locale. Elle est à ce jour membre du CA de
l’ADEL de Louga, Présidente des GPF de sa
Communauté Rurale, Gérante de la pharmacie de la Case de Santé du village.
34
PADEL/PNDL
LES MAISONS DU DEVELOPPEMENT LOCAL ET L’INSERTION ECONOMIQUE DES POPULATIONS LOCALES
Le moulin a beaucoup allégé le travail des
femmes».
Aujourd’hui, les femmes voudraient transformer davantage de céréales. Cependant,
elles savent qu’elles doivent développer une
politique de commercialisation qui permettrait d’écouler leurs produits en dehors de la
zone. Elles poursuivent leur objectif de développement d’activité. Elles réfléchissent à un
partenariat avec un GIE qui leur permettrait
de transformer le «niebé» (haricot sec).
Le GPF JAPOO a la particularité d’avoir
ouvert une boulangerie artisanale afin de
palier à un manque dans la localité. Le groupement avait embauché un boulanger qui
aujourd’hui est parti. A ce jour, les femmes
veulent reprendre l’activité et la confier à un
jeune du village.
CAPITALISATION DE L’EXPERIENCE DES MAISONS DU DEVELOPPEMENT LOCAL
«Nous avons la technique mais pétrir à la
main 50 kg de farine, c’est dur pour nous».
Le GPF a connu la MDL de Louga à travers
le Forum Economique organisé en 2010 par
l’ADEL de Louga. Le GPF a souhaité pouvoir
être accompagné par L’ADEL afin de bénéficier de formations et de soutien dans la
recherche de financements.
Aujourd’hui, une vingtaine de femmes sont
formées en transformation de céréales locales et en transformation du « soump ». La
Présidente, quant à elle, a participé aux sessions de formations en gestion d’entreprise.
Le GPF avait des comptes ouverts à MECAS,
à CAURIE Microfinance et à l’ACEP (Agence
de Crédit pour l’Entreprise Privée).
Le GPF a bénéficié d’un premier crédit de
CAURIE Microfinance de 3,5 MFCFA en
2010 répartis entre 70 membres soit 50000
FCFA par membre puis d’un deuxième crédit en 2011 de 7 MFCFA pour 70 membres
soit 100000 FCFA par membre. Certaines
femmes, trouvant les intérêts trop élevés
et la durée de remboursement (6 mois) trop
courte, n’ont pas souhaitées bénéficier d’un
nouveau prêt. En 2013, le GPF obtient un
3ème financement de 4,5 MFCFA auprès
de CAURIE Microfinance et d’un prêt de 2
MFCFA auprès de l’ACEP.
Le GPF a financé 2 groupes de 10 femmes
qui ont pu faire du petit commerce, de
l’embouche, du tricotage (draps et oreillers). Les prêts ont été remboursés et des
bénéfices dégagés. Ils ont servi à épargner
(1 MF à CAURIE et 1 MF à l’ACEP), réinvestir,
améliorer la trésorerie du GPF. Les femmes
contribuent aux dépenses familiales (dépense quotidienne, habillement et soins des
enfants).
Les femmes sont conscientes de la place
qu’elles occupent dans la vie locale.
«Nous appuyons annuellement (250000 F)
la mosquée et lui apportons notre soutien
pour la Tabaski (150000 F). Pour l’adduction d’eau du village nous avons apporté
une contribution de 500000 F. Nous avons
appuyé la construction de la case santé
par la fourniture d’eau, du sable et pris en
charge les frais d’inauguration. Entre nous,
il y a une bonne cohésion sociale. Nous
marchons ensemble vers le même objectif. Nous sommes une équipe dynamique et
engagée».
L'expérience d’une association pour lutter contre la pauvreté des femmes
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La mise en synergie des acteurs autour du projet
de petit commerce :
l’expérience d’une association
pour lutter contre la pauvreté
des femmes
Basée à Linguère, son activité principale est
le petit commerce. L’association est membre
de l’ADEL de Linguère et réunit aujourd’hui
35 femmes.
Madame BA Bouyo est la Présidente de
l’Association Economique. Agée de 40 ans,
n’a pas fréquenté l’école. Bouyo a toujours
fait du petit commerce à Linguère, mais ses
faibles moyens ne lui permettaient pas de
vivre de cette activité.
Au démarrage de l’Association, les femmes
organisaient des tontines pour financer leurs
activités de commerce. Elles vendaient peu
de choses : des savons, des produits détergents, des cubes magie…
«Au début je ne parvenais même pas à acheter un sac de sucre, ni un bidon d’huile de 20
litres et encore moins des grosses de savon
complet. J’achetais au détail tous les articles
que je revendais».
Conscientes de la faiblesse de leurs moyens
et de leurs revenus, les femmes ont multiplié leurs démarches dans le but de créer
les conditions d’un développement de leurs
activités.
C’est le Service Départemental du Développement Communautaire (SDDC) qui a orienté
l’Association vers la MDL de Linguère.
«La première fois que nous sommes venus,
c’était en avril 2012. Nous avions besoin de
renforcement de capacités et d’être accompagnées et soutenues dans la recherche de
financement. Nous avons suivi pas à pas ce
que la MDL nous conseillait pour pouvoir
développer nos activités».
En Juin 2012, l’Association intègre l’ADEL et
le parcours de l’entrepreneur. En réponse aux
besoins exprimés, les femmes participent à
une session de formation en gestion administrative et financière animée conjointement
par l’ADEL et le SDADL (Service Départemental d’Appui au Développement Local) de
Linguère.
En parallèle, l’ADEL oriente l’Association vers
un SFD partenaire : le Crédit Mutuel du Sénégal, guichet de Linguère. L’Association ouvre
un compte et dépose son apport. Le CMS leur
octroie un prêt remboursable en 6 mois avec
un différé de 1 mois.
«L’ADEL nous a appuyé dans l’élaboration du
dossier de financement. Nous avons obtenu
un prêt de 250 000 FCA, ce qui nous a permis de booster notre activité. A présent, nous
avons remboursé notre prêt dans les délais.
Pendant la durée du prêt, le CMS nous a accompagné en même temps que l’ADE ».
CAPITALISATION DE L’EXPERIENCE DES MAISONS DU DEVELOPPEMENT LOCAL
L’association économique dénommée «HALPULAAR TIDIANE HANNE» a été créée en
2011 par des femmes Peuls. Son objectif
est de promouvoir le développement économique local et de lutter contre la pauvreté
des femmes.
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PADEL/PNDL
LES MAISONS DU DEVELOPPEMENT LOCAL ET L’INSERTION ECONOMIQUE DES POPULATIONS LOCALES
Par le biais de ce financement, les femmes
parviennent à augmenter leur capacité de
production et à diversifier leurs produits. A la
vente du savon et des produits détergents,
elles ajoutent du sucre, du thé, du biscuit, de
la cigarette, du lait en poudre, etc. De même,
elles passent d’un point de vente à trois avec
trois prestataires coptées parmi les membres
de l’Association. La clientèle passe des habitants du quartier aux autres quartiers de la
commune.
«Nos conditions de vie se sont améliorées.
Nous parvenons à contribuer à la dépense
quotidienne et à la prise en charge globale
de la famille».
CAPITALISATION DE L’EXPERIENCE DES MAISONS DU DEVELOPPEMENT LOCAL
Grâce à l’augmentation des recettes, l’Association a pu épargner 150 000 FCFA en vue
de solliciter un second prêt. A ce jour, les
femmes ont obtenu un financement de 750
000 FCFA auprès du CMS de Linguère.
Aujourd’hui, le revenu moyen journalier de
Bouyo est de 4 000 FCFA. Elle parvient à
aider la famille à hauteur de 30 000 FCFA par
mois et elle épargne 20 000 FCFA par mois
pour pouvoir demain développer plus encore
son activité.
«Maintenant, tous mes articles je les achète
en gros dira .Je peux acheter un sac de sucre
et je paie comptant mes marchandises».
A présent, les femmes évoluent dans le secteur formel. L’Association a une forme juridique.
«Vraiment la MDL est une structure d’appui
qui est venue à point nommé. Actuellement,
par le biais des formations que nous avons
reçues, nous parvenons à calculer le prix de
revient de nos articles, notre bénéfice et voir
la rentabilité de l’activité. Nous sommes devenues plus professionnelles. Les SFD sont
devenus nos principaux partenaires grâce
aux réseaux de la MDL».
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CONCLUSION
La mise en place des ADEL au sein des Maisons du Développement Local a permis de mieux
organiser le secteur privé, de renforcer les dynamiques partenariales autour de l’accompagnement des Porteurs d’Initiatives Economiques et de favoriser l’émergence de projets économiques individuels innovants tenant compte, notamment, des filières porteuses.
Les témoignages des PIE traduisent de façon concrète et pertinente l’atteinte de l’objectif
premier des MDL à savoir la promotion du DEL à travers un espace de dialogue et de concertation entre les élus locaux, les services déconcentrés de l’état et le secteur privé. Il est à noter
cependant que, si le rôle des services déconcentrés de l’état ainsi que celui des chambres
consulaires a été mis en exergue régulièrement par les PIE, ceux-ci souffrent parfois du
manque de proximité avec les élus pour une meilleure prise en compte de leurs problèmes.
Les partenariats développés avec les SFD et l’intermédiation financière, élément force des
ADEL, sont assurément un gage de confiance pour l’octroi d’un financement. Néanmoins, la
difficulté d’accès au crédit (constitution de l’apport personnel, garant…), le taux d’emprunt
et les délais de remboursement, jugés parfois trop courts, constituent encore des freins pour
certains PIE. L’accompagnement conjoint du PIE par l’ADEL et le SFD, favorise le respect
des conditions de remboursement des prêts et de fait, dans certaines situations, la prise en
compte des difficultés ponctuelles de remboursement de certains.
Concernant les Chambres Consulaires, pourtant bien présentes aux côtés des ADEL, notamment celle de Louga, elles ne semblent pas suffisamment considérées par les artisans comme
des structures d’appui incontournables pour la mise en œuvre ou le développement de leurs
activités. Une meilleure définition des rôles et articulations entre les ADEL et les Chambres
Consulaires permettrait probablement d’étoffer l’offre de services de chacun dans une logique
de complémentarité pour une meilleure efficience de l’accompagnement des PIE. Il en est de
même avec le renforcement des partenariats avec les structures de formation professionnelle
et techniques.
Enfin, dans une logique de pérennisation des ADEL à conjuguer avec des attentes de PIE, il
semble nécessaire de développer une offre complémentaire de services, payants cette fois-ci,
mais qui permettrait aux PIE, de faire prendre en charge, par exemple, le volet juridique, administratif et comptable de leurs activités, par la mutualisation de nouveaux services développés
au sein des ADEL.
De telles perspectives ne pourraient être mises en œuvre sans une réflexion plus globale sur
le rôle et la place des ADEL et des MDL, tenant compte, bien sûr, des évolutions liées à l’acte
III de la Décentralisation. De même, une évolution de la forme juridique des ADEL, semble
inévitable.
CAPITALISATION DE L’EXPERIENCE DES MAISONS DU DEVELOPPEMENT LOCAL
Le processus d’accompagnement des PIE ainsi que les services offerts par les ADEL au
travers du Parcours de l’Entrepreneur Local semblent répondre pleinement aux attentes et
besoins des PIE.
COOPÉRATION
SÉNÉGAL - LUXEMBOURG
Juin 2014

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