itineraires, experiences et temoignages de porteurs d
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CAPITALISATION DE L’EXPERIENCE DES MAISONS DU DEVELOPPEMENT LOCAL Insertion économique des populations locales par la MDL ITINERAIRES, EXPERIENCES ET TEMOIGNAGES DE PORTEURS D’INITIATIVES ECONOMIQUES DE LA REGION DE LOUGA 3 SOMMAIRE Avant-propos 5 Sigles et abréviations 6 Résumé du PADEL/PNDL7 Introduction9 Naissance de la filière « Menuiserie Aluminium » dans le département de Kébémer : un créneau porteur initié par Ibrahima DIOP 10 La création d’entreprise comme vecteur d’insertion des jeunes dans l’économie locale : l’expérience d’Alioune SECK entrepreneur et Maitre d’Apprentissage 13 Une entreprise artisanale au service de la promotion de l’art et de la culture du Sénégal : l’engagement de Birahim NDIAYE, sculpteur sur bois 16 19 L’accès au financement comme source de développement d’activité et de revenus : le projet de Yaya Birame SOW, agri éleveur 22 L’exploitation des fruits forestiers comme créneau porteur dans le département de Linguère : les premiers pas de l’Association BOKH AND DJEEK 24 Une ferme piscicole dans le département de Louga : le projet innovant d’Aminata FALL pour lutter contre la pauvreté et la malnutrition 27 Dynamiques partenariales autour de l’organisation et la structuration de la filière couturedans le département de Louga 30 Le Développement Economique Local comme moyen pour contribuer au développement social de leur village : l’engagement du GPF JAPOO 33 Le petit commerce pour lutter contre la pauvreté des femmes : la mise en synergie des acteurs autour du projet de l’association HALPULAAR TIDIANE HANNE 35 Conclusion37 CAPITALISATION DE L’EXPERIENCE DES MAISONS DU DEVELOPPEMENT LOCAL Les cultures de contre saison, activité émergente et source de revenus complémentaires pour les cultivateurs : l’activité maraichère de Bathie NDIAYE, pionnier dans sa zone 5 AVANT PROPOS La capitalisation des bonnes pratiques constitue de nos jours un atout important pour assurer la visibilité des projets de développement. Jusqu’à une période récente, les dispositifs de suivi évaluation des projets mettaient en effet davantage l’accent sur les résultats acquis dans le court, le moyen et le long terme et accordaient peu de place à la documentation et au partage des savoirs. Aujourd’hui, plus que jamais, il s’agit davantage de mieux gérer et de mieux partager, audelà des résultats acquis par les projets, les savoirs et les savoirs faire en vue d’un passage à l’échelle et d’une plus grande utilisation ou adaptation des approches et démarches dans d’autres domaines, dans d’autres contextes par d’autres acteurs. Le MDL, pionnier dans la promotion du Développement Economique Local (DEL) au Sénégal, a senti la nécessité dès son démarrage de mettre la capitalisation au cœur de son intervention à travers des sessions de formation aux techniques de capitalisation qui ont permis au personnel d’élaborer, de documenter et de partager leurs expériences sous différentes formes. Son objectif est de partager les expériences vécues dans le volet insertion économique de l’espace Secteur privé de la MDL. Il constitue de ce fait un moyen de partager avec tous les partenaires de la MDL le chemin parcouru, les résultats obtenus, les difficultés rencontrées et les leçons apprises en matière d’insertion des populations dans la région de Louga en rapport avec les ADEL et collectivités locales de la Région de Louga. Que tous les Porteurs d’Initiatives Economiques (PIE) qui ont accepté de partager leurs expériences et leurs perceptions trouvent l’expression de nos très sincères remerciements. Monsieur Badara AMAR et Madame NDIAYE Adji Fatou NDIAYE de la MDL de Kébémer, messieurs Madické DIENG et Abdourahmane DIOP de la MDL de Louga, Arona SOW et Babacar DIEYE de la MDL de Linguère se sont investis dans la réalisation de ce document sous la coordination de Madame NDIAYE Fanta SOW, Responsable de la Division de l’Economie Locale à l’Agence Régionale de Développement (ARD) de Louga sous la supervision de Monsieur Momar NDIAYE, Directeur de l’ARD. Nous remercions également toute l’équipe du Projet qui a activement contribué à l’élaboration de ce document et portant sur les Porteurs d’Initiatives Economiques dont la coordination a été assurée par Madame Jocelyne Veyret, Consultant. Atoumane Elféky AGNE Coordonnateur PADEL/PNDL CAPITALISATION DE L’EXPERIENCE DES MAISONS DU DEVELOPPEMENT LOCAL Le présent document résulte des récits de vie et « success stories » élaborés par les équipes des MDL de Kébémer, Louga et Linguère en matière d’insertion économique des populations locales et de promotion des micros, petites et moyennes entreprises et entre dans le cadre général de la formalisation des expériences de la MDL sous forme de dossiers de capitalisation. 6 PADEL/PNDL LES MAISONS DU DEVELOPPEMENT LOCAL ET L’INSERTION ECONOMIQUE DES POPULATIONS LOCALES CAPITALISATION DE L’EXPERIENCE DES MAISONS DU DEVELOPPEMENT LOCAL SIGLES ET ABREVIATIONS ADEL Association de Développement Economique Local ARD Agences Régionales de Développement ANPJ Agence Nationale pour la Promotion des Jeunes APIX Agence pour la Promotion des Investissements ASUFOR Association des Usagers de Forages BOT Build Operate Transfer CET Construction –Exploitation – Transfert CLEF Comité Local d’Education et de Formation COA Code des Obligations de l’Administration DEL Développement Economique Local DPES Document de Politique Economique et Sociale DSRP Document Stratégique de Réduction de la Pauvreté ECOLOC Economie Locale FDEL Fonds de Développement Economique Local GIC Groupement d’Intérêt Communautaire MDL Maison du Développement Local MGLDAT Ministère de la Gouvernance Locale, du Développement et de l’Aménagement du Territoire PADEC Projet d’Appui au Développement Economique de la Casamance PADEL Projet d’Appui au Développement Economique Local PCE/USAID Programme de Croissance Economique/ Agence des Etats-Unis pour le Développement International PDEF Programme Décennal de l’Education et de la Formation PEL Parcours de l’Entrepreneur Local PIE Porteurs d’Initiatives Economiques PME/PMI Petites et Moyennes Entreprises/Industries PNDL Programmne National de Développement Local PODES Plan d’Orientation pour le Développement Economique et Social PPP Partenariat Public Privé PROMER Projet de promotion de Micro-Entreprises Rural PSE Plan Sénégal Emergent SAFIC Système d’Analyse Financière et Institutionnelle des Collectivités SDADL Service Départemental d’Appui au Développement Local SFD Services Financiers Décentralisés SNDT Stratégie Nationale de Développement Territorial UNCDF Fonds d’Equipement des Nations Unies ZES Zone Economique Spéciale 7 RESUME DU PADEL /PNDL Le Projet d’Appui au Développement Economique Local (PADEL) en ancrage au Programme National de Développement Local (PNDL) est bâti sur une stratégie d’intervention fondée sur une expérimentation localisée dans la région de Louga. Soutenu par une dimension politique nationale exécutée au sein des différentes composantes du PNDL, le PADEL/PNDL (20082014) est le fruit du partenariat entre le gouvernement du Sénégal, le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), le Fonds d’Equipement des Nations Unies (UNCDF) et la Coopération du Grand Duché de Luxembourg. L’objectif de développement poursuivi par le projet est la promotion du développement économique local dans le processus de décentralisation en vue de l’amélioration des conditions de vie des populations. Les objectifs spécifiques du projet consistent à appuyer la formulation et la mise en œuvre de la stratégie de développement local et à renforcer les capacités des acteurs territoriaux de la région de Louga pour la promotion du développement économique local. Au niveau stratégique, le PADEL/PNDL appuie les structures centrales de l’État pour le renforcement de la dimension économique de la politique de décentralisation et de développement local. Il appuie également les collectivités locales pour qu’elles se dotent d’une vision du développement économique local afin de promouvoir les initiatives privées et la création de richesses et de contribuer au renforcement d’un cadre régional de mise en cohérence des initiatives locales de développement économique. Au niveau opérationnel, le projet s’emploie à mettre en place des instruments d’investissements adaptés au tissu économique local et des mécanismes et approches pouvant contribuer à la promotion du développement économique local et de l’appui conseil ; il renforce également les capacités des acteurs locaux à promouvoir un développement participatif fondé sur une vision durable du développement économique régional et local. À travers plusieurs outils et instruments conçus et mis en œuvre par l’équipe du projet, le PADEL/PNDL a été exécuté sur la période 2008-2014 dans le cadre du Secrétariat Exécutif du PNDL qui en assure le pilotage sous la tutelle du Ministère de la Gouvernance Locale, du Développement et de l’Aménagement du territoire (MGLDAT). Le projet a voulu systématiser à travers la « capitalisation de l’expérience des maisons du Développement Local (MDL) » les approches et les démarches développées durant sa période de mise en œuvre et tendant à inscrire le développement économique local dans l’agenda des collectivités territoriales. CAPITALISATION DE L’EXPERIENCE DES MAISONS DU DEVELOPPEMENT LOCAL L’intervention du PADEL/PNDL est fondée sur un appui ciblé au Programme National de Développement local appelé à fédérer l’ensemble des interventions des Bailleurs et des Partenaires au développement en appui à la déconcentration et au développement social, culturel et économique des collectivités locales du Sénégal. Le projet s’est évertué à promouvoir le développement économique (DEL) à travers une coproduction efficiente entre les acteurs institutionnels (conseils élus et services techniques déconcentrés), le secteur privé et la société civile. 9 INTRODUCTION Les Maisons du Développement Local (MDL) de la Région de Louga ont été mises en œuvre au travers du Projet d’Appui au Développement Economique Local (PADEL) – 2008-2014 - en ancrage au Programme National de Développement Local (PNDL). Implantées dans chaque département de la Région de Louga, les MDL réunissent les Collectivités Locales du Département représentées par le GIC (Groupement d’Intérêt Communautaire), les services déconcentrés de l’Etat représentés par le SDADL (Service Départemental d’Appui au Développement Local) et l’ADEL (Association de Développement Economique Local) portée par les acteurs du secteur privé. Outil de promotion du développement économique local, les MDL au travers des ADEL et les chambres consulaires, accompagnent les initiatives économiques des porteurs de projets au travers du Parcours de l’Entrepreneur Local (PEL). Relayées par les partenaires au développement dont les SFD, les Chambres Consulaires, les structures de formation…, les ADEL proposent offrent des services visant l’insertion des populations, en particulier, les jeunes et les femmes, dans le tissu économique local par la promotion de l’emploi et l’auto emploi. Fenêtre ouverte sur le parcours professionnel de quelques entrepreneurs, le livret de capitalisation, élaboré à partir de témoignages de PIE, est la traduction d’expériences individuelles ou collectives. Ce document, destiné à communiquer et échanger sur et autour des MDL, met en lumière les potentialités économiques de la région de Louga et la prise de conscience des PIE, tant sur l’existence de créneaux porteurs que sur le rôle qu’ils jouent en faveur du développement économique de leur département. Avec beaucoup de justesse dans leurs propos, de réalisme et parfois d’émotions, ces Porteurs d’Initiatives Economiques ont su rendre compte à la fois de l’évolution de leurs projets, de leurs difficultés et du besoin d’être accompagnés tant pour l’accès aux financements que pour la réussite de leurs activités. Si on devait traduire un désir collectif des PIE sur le sens à donner à ce dossier de capitalisation, on dirait «qu’il soit une invitation, pour tous les jeunes et toutes les femmes, à créer son entreprise pour contribuer au développement économique de son territoire. Qu’il soit aussi un message adressé aux élus afin que ceux-ci accordent une place prédominante aux initiatives économiques». CAPITALISATION DE L’EXPERIENCE DES MAISONS DU DEVELOPPEMENT LOCAL Le document de capitalisation sur l’insertion des Porteurs d’Initiatives Economiques (PEI) de la région de Louga, se veut le reflet, à la fois des parcours des PIE mais aussi des dynamiques partenariales développées par les MDL. Naissance de la filière « Menuiserie Aluminium » dans le département de Kébémer : CAPITALISATION DE L’EXPERIENCE DES MAISONS DU DEVELOPPEMENT LOCAL un créneau porteur initié par Ibrahima DIOP Ibrahima DIOP est originaire de Kébémer où il a été scolarisé jusqu’en classe de 3ème. Il démarre ensuite un apprentissage chez un Maître Artisan en menuiserie métallique d’où il sort ouvrier qualifié. Il décide alors de créer sa propre entreprise de menuiserie métallique en 1999. Ibrahima DIOP se définit comme «un chef d’entreprise et un pionnier de la Maison du Développement Local (MDL) de Kébémer» qu’il a intégré en 2008 et dont il est fier, à présent, d’être l’un des ambassadeurs. En effet, Ibrahima est l’un des tous premiers Porteurs d’Initiatives Economiques à avoir participé aux sessions de formation du programme GERME mises en œuvre au travers du PADMIR, projet qui a précédé le PADEL et la mise en place des MDL. Ibrahima explique que, de 1994 jusqu’à son intégration en 2008 au sein de la MDL, il n’était pas parvenu à asseoir de façon pérenne son activité. Il avait des problèmes de Gestion et de Ressources Humaines. «Sans formation nous ne pouvons aller nulle part, il ne sert à rien d’aller chercher un financement si tu ne sais pas gérer». Ibrahima a suivi tous les modules du cursus de formation CREE et GERME. «Les 8 modules de formation sont fondamentaux. Dès la fin de la formation, j’ai tout mis en application. J’ai bénéficié d’un suivi à la MDL et dans mon entreprise. Depuis, quotidiennement je tiens mes fiches de caisse et de stock. Mon journal est à jour». Menuiserie Aluminium «Je suis le premier menuisier aluminium de Kébémer. Aujourd’hui, je suis l’un des meilleurs». En 2009, avec l’appui de l’ADEL, il obtient un prêt de 2 000 000 FCFA, dans une Mutuelle partenaire (MEC FADEC NJAMBUR), destiné à équiper son atelier et acheter des matières premières. La formation et l’accompagnement par la MDL ont permis à Ibrahima de mieux organiser son entreprise, son personnel et son temps. «Si tu es tout le temps dans l’entreprise, tu ne peux pas chercher des marchés. J’ai appris à déléguer. Si je ne suis pas là, chacun sait exactement ce qu’il doit faire. Je délègue jusqu’à la prise de décision. Avant quand je sortais, les machines ne tournaient pas. Aujourd’hui, la production continue en mon absence. La gestion du temps est fondamentale pour le développement d’une activité. J’ai un organigramme. Le personnel pointe et doit justifier ses absences». Aujourd’hui, Ibrahima emploie 2 ouvriers qualifiés et 10 apprentis qu’il forme. Le personnel est rémunéré au pourcentage, sur le bénéfice, selon sa qualification. Il ne transmet pas seulement les savoirs techniques ; il transmet aussi la culture d’entreprise. «Je veux que mon personnel bénéficie aussi de ce que les formations du programme GERME m’ont apporté. Je veux que chacun comprenne que le chef d’entreprise doit tout savoir faire : le secrétariat, la comptabilité, la prospection...».Ibrahima a suivi une formation de secouriste afin de pouvoir effectuer les gestes de premiers secours si l’un de ses employés se blesse. Il a formalisé son entreprise car, pour lui, évoluer dans le secteur formel permet de gagner des marchés. Il est à la tête d’une entreprise individuelle. Il est inscrit au Registre du Commerce, détient son NINEA et paie ses impôts (CGU). Aujourd’hui, Ibrahima a acquis une certaine notoriété dont il est fier. «Dans Kébémer, tout le monde a vu mon évolution. Grace à la MDL, j’ai pu construire ma maison. J’ai une camionnette pour l’entreprise et une voiture personnelle». Donner de la visibilité à son entreprise fait partie de ses préoccupations. Aussi, il a fait confectionner des uniformes que tout son personnel, y compris lui, porte. Le nom de son entreprise et les contacts figurent sur les tenues. Cela lui permet de se faire connaître et lui ramène de nouveaux marchés. Ibrahima a acheté un ordinateur portable. «Les NTIC, c’est l’évolution de la vie. J’utilise les réseaux sociaux. La diaspora me contacte. J’ai des commandes depuis l’Italie. Aujourd’hui, j’ai informatisé mon journal et mes fiches de stocks. L’ordinateur me sert aussi pour le design». Aujourd’hui, Ibrahima envisage de changer de forme juridique et est en train de réfléchir à la forme la plus adaptée à son activité qu’il veut voir grandir. Il envisage de recruter une secrétaire et un comptable pour se dégager du temps et chercher des marchés dans tout CAPITALISATION DE L’EXPERIENCE DES MAISONS DU DEVELOPPEMENT LOCAL En 2008, Ibrahima a eu un déclic. On lui a proposé un marché en menuiserie aluminium qu’il n’a pas pu honorer car il n’était ni formé ni outillé. Aussi, sur fonds propres, il a payé sa formation et acheté le matériel de base. 11 12 PADEL/PNDL LES MAISONS DU DEVELOPPEMENT LOCAL ET L’INSERTION ECONOMIQUE DES POPULATIONS LOCALES le Sénégal, même s’il note qu’aujourd’hui déjà, il intervient dans plusieurs régions audelà de celle de Louga (Dakar, Matam, Diourbel, Kaolack). CAPITALISATION DE L’EXPERIENCE DES MAISONS DU DEVELOPPEMENT LOCAL Pour Ibrahima, le programme d’accompagnement des PIE proposé par la MDL est appréciable car la formation est fondamentale. C’est pourquoi, au travers d’une radio locale, il fait de la sensibilisation pour essayer de créer des synergies entre les artisans. Il les invite à aller vers la MDL pour, comme lui, bénéficier de formation et d’accompagne- ment mais il précise que l’analphabétisme est un frein. Il dira encore que l’informel ne peut pas continuer. Ibrahima souligne également l’importance de la formation continue. Il est demandeur d’une formation en pédagogie, conscient que pour former des apprentis, il ne suffit pas d’apprendre la technicité. «Il faut être pédagogue pour bien former». Ibrahima a su stabiliser son entreprise. Il bénéficie aujourd’hui d’une complète autonomie financière. l’expérience d’Alioune SECK entrepreneur et Maitre d’Apprentissage Originaire de Kébémer, Alioune Seck, un jeune homme de 31 ans a quitté l’école en classe de troisième après avoir été renvoyé suite à des mouvements étudiants. Il choisit alors la voie de l’apprentissage et intègre un atelier de menuiserie métallique en vue de préparer un CAP. En 2007, son maître d’apprentissage lui délivre son diplôme. Fin 2007, il crée une entreprise de menuiserie métallique et fer forgé, il n’a alors que 25 ans. Il trouve un local, achète du petit maté- riel et démarre son activité avec un jeune apprenti qu’il décide de former. Début 2008, Alioune SECK intègre l’ADEL et demande à bénéficier de formations pour apprendre à gérer sa toute jeune entreprise. Il est l’un des premiers à avoir bénéficié des services de l’ADEL de Kébémer. Il participera aux sessions de formation TRIE (Trouver une Idée d’Entreprise) et CREE (Créer son Entreprise) du BIT Germe. En 2008 déjà, il bénéficie d’un premier prêt de 275 000 FCFA, remboursable en 12 mois, CAPITALISATION DE L’EXPERIENCE DES MAISONS DU DEVELOPPEMENT LOCAL La création d’entreprise comme vecteur d’insertion des jeunes dans l’économie 14 PADEL/PNDL LES MAISONS DU DEVELOPPEMENT LOCAL ET L’INSERTION ECONOMIQUE DES POPULATIONS LOCALES via MEC Kébémer, Mutuelle partenaire de la MDL. Il investit dans du matériel, constitue un stock de matière première et recrute deux nouveaux apprentis. Il rembourse son prêt sans difficulté avant terme, acquiert une autonomie financière grâce à la petite épargne qu’il a constituée et qui lui permet d’avoir un fond de roulement. Il n’a qu’une ambition : se former et former des apprentis pour développer son entreprise. En 2010, il participe à une session de formation en gestion d’entreprise (GERME). « Avant la formation, je n’avais pas de fiche de stock, je ne planifiais pas mon travail, je n’avais pas de journal de caisse et je ne connaissais pas mon bénéfice net ». CAPITALISATION DE L’EXPERIENCE DES MAISONS DU DEVELOPPEMENT LOCAL A l’issue de cette formation, il décide d’étoffer son activité avec la menuiserie aluminium. En 2011, sur fonds propre, il prend en charge sa formation en menuiserie aluminium à hauteur de 125 000 FCFA. En 2012, post formation en menuiserie aluminium, il obtient un second prêt d’investissement de 900 000 FCFA. Il achète du matériel pour la menuiserie aluminium, des matières premières et embauche 4 nouveaux apprentis. Il parvient à rembourser son prêt en 12 mois et à se constituer une épargne. Ce qui caractérise Alioune SECK, c’est cette volonté farouche de former des jeunes comme pour défier son passé scolaire. « Je veux que les jeunes que j’encadre aient la même chance que moi. J’ai eu un Maître d’Apprentissage extraordinaire. Jusqu’à présent je le consulte pour qu’il me donne des conseils ». Dans l’entreprise d’Alioune, tout le monde est rémunéré au pourcentage selon l’activité et le niveau de compétences. Les 3 apprentis débutants sont rémunérés 3% du bénéfice net, les 2 ayant un niveau intermédiaires 15% et les 2 qualifiés 20%. Aujourd’hui, Alioune est Maître d’Apprentissage et délivre le diplôme du CAP. Il a formé 11 apprentis dont une jeune fille. Deux apprentis qualifiés sont à leur tour partis pour créer leur entreprise. « Ma réussite, je la dois à mes formations à la MDL. Elles m’ont permis de comprendre le fonctionnement d’une entreprise. Maintenant, je tiens ma comptabilité, je tire mensuellement mon journal de ventes ». Alioune dira qu’il a compris dès le début de son projet que, pour bien vendre, il faut être visible. « Mon atelier se trouve au sortir de Kébémer, sur l’axe Louga - Saint-Louis. Si quelqu’un va à Dakar, il voit aussi mon atelier. J’utilise les réseaux sociaux, je mets des photos sur Facebook et j’ai des contacts. Je gagne des marchés jusqu’à Dakar ». Aujourd’hui, Alioune évolue dans le secteur formel. Il est inscrit à la Chambre des Métiers, a son Registre du Commerce et son NINEA. Son entreprise est stable et il parvient à dégager un bénéfice. Il fait lui-même sa comptabilité, tient mensuellement son journal de ventes et mesure son activité sur l’année. Il est fier de ses nouvelles conditions de vie. « J’ai pu me marier, construire ma chambre dans la maison familiale, avoir un enfant. Je subviens aux besoins de mes parents avec qui j’habite et j’assure la dépense quotidienne. Je parviens à épargner ». Maintenant, Alioune voudrait avoir un local plus grand car il ne peut pas stocker de matières premières. Alioune est donc obligé d’acheter en petites quantités. Pour le fer, il s’approvisionne à Kébémer mais pour l’aluminium, il n’y a pas encore de fournisseur sur place. Il s’approvisionne à Louga ou à Touba. Quand la commande est petite, les frais de transport sont à sa charge. Aussi, Alioune envisage d’opter pour un troisième prêt mais hésite car les intérêts sont conséquents. transport, de la quincaillerie… Je contribue au développement des activités des commerçants. En construisant ma chambre et en la meublant, d’autres artisans travaillent aussi ». Alioune a conscience du rôle qu’il joue en faveur du développement économique de son département. Pour gérer une entreprise, il faut être bien formé et accompagné. Je remercie l’ADEL et la MDL de Kébémer car ils m’ont toujours soutenu. Sans mon Maître d’Apprentissage et sans eux, je n’en serai pas là où j’en suis à ce jour ». « J’embauche des jeunes que je forme et qui à leur tour peuvent créer leur entreprise. En les rémunérant, ils peuvent soutenir leur famille. J’achète des matières premières, du Il y a aussi l’entraide entre menuisiers métallique et aluminium. Quand il a un grand marché, il sous-traite ou fait appel à d’anciens apprentis s’ils n’ont pas d’emplois. A présent, Alioune fait de la sensibilisation pour orienter des jeunes vers la MDL 15 CAPITALISATION DE L’EXPERIENCE DES MAISONS DU DEVELOPPEMENT LOCAL L’expérience d’Alioune SECK entrepreneur etMaitre d’Apprentissage 16 Une entreprise artisanale au service de la promotion de l’art et de la culture CAPITALISATION DE L’EXPERIENCE DES MAISONS DU DEVELOPPEMENT LOCAL l’engagement de Birahim NDIAYE, sculpteur sur bois Birahim NDIAYE est originaire de Kébémer où il a installé sa galerie d’art et son unité artisanale. Il est sculpteur sur bois et fabrique des instruments de musique traditionnelle dans une entreprise dénommée «ENTREPRISE BOROM DJEMBE». Il se définit, certes, comme un artisan mais aussi comme l’ambassadeur de l’art et de la culture dans la région de Louga. Il est le Président de l’association artistique et culturelle «LOWU MASKANDA» dans laquelle il initie des jeunes à la percussion et à la danse. Sorti de l’école en fin de cycle élémentaire, il a d’abord appris et exercé le métier de tailleur. acheté un bois pour faire un djembé, puis j’ai eu 7000 F. J’avais besoin de cordes et de peaux, une femme m’a aidé en me donnant 35000 F et par la suite j’ai eu 50000 FCFA. C’est ainsi que tout a commencé». La MDL de Kébémer, Birahim dit l’avoir vu naître. Il a fait partie de ceux qui, en 2008, ont bénéficié des premières formations en création et en gestion d’entreprise. «La formation, c’est une voiture qui part, je suis monté dedans, j’ai été suivi et accompagné, j’ai avancé». Birahim a débuté son activité de sculpteur en 1999. Il n’avait aucun moyen financier. Post formation, l’ADEL l’accompagne dans sa demande de prêt. Birahim obtient un premier financement de 2 200 000 FCFA auprès d’un SFD partenaire de la MDL (MEC FADEC NJAMBUR de Kébémer). «Un ami m’a convaincu que je pouvais commencer sans rien. Avec 2000 FCFA j’ai Il achète ses matières premières : bois, peaux, cordes… Un ami lui prête un local et L’engagement de Birahim NDIAYE, sculpteur sur bois Birahim formalise son activité. Il détient un récépissé de déclaration d’existence pour son association et, pour son entreprise, il obtient son Registre du Commerce, son NINEA et une carte d’import/export. Il paie régulièrement sa patente. Artiste et créateur, il réalise en 2009 un djembé double face pour le festival mondial des arts nègres qui s’est tenu au Sénégal en 2010. A travers ses sculptures et la création d’instruments de musique parfois oubliés, il veut aussi transporter l’art et la culture du Sénégal à travers le monde. Birahim projette de participer à des foires pour se faire connaitre. En 2010, il obtient un second financement de la même mutuelle d’un montant de 750 000 FCFA. Il participera à des foires au Sénégal (Saint-Louis, Dakar, Ziguinchor…) et au Burkina Faso. Là encore, il rembourse son prêt. Birahim est aussi Maître Artisan. A Kébémer, il travaille avec cinq jeunes qu’il a formés. Chacun est payé 7500 FCFA par djembé. Son activité se développant, il a monté un atelier de fabrication dans la banlieue de Dakar (Guédiawaye) où il a embauché neuf jeunes qu’il forme aussi. Sur une période de 3 à 5 mois, sont fabriqués en moyenne 70 à 80 djembés à Kébémer et une centaine à Dakar. Pour les foires, dont les foires internationales auxquelles il participe, 250 à 300 djembé sont fabriqués. Lors de grosses commandes, Birahim a son réseau d’artisans avec lesquels il collabore pour satisfaire la demande. Birahim s’approvisionne à Kébémer, Touba et Dakar. Pour les peaux, c’est à Kébémer (zone d’élevage) qu’il les achète et sait qu’il est important de faire travailler d’autres artisans de sa localité. Pour le bois par contre, c’est à Dakar et à Touba qu’il le trouve. Le bois vient pour partie du Sénégal mais aussi du Mali. « Je suis le seul à faire ces activités à Kébémer. Je dois être têtu pour faire connaître l’art et la culture dans ma Région. Nous les artisans, nous devons arriver au sommet de la montagne. Aujourd’hui, les gens ont ouvert leurs yeux. Je sensibilise les autorités pour que soient davantage aidés les artisans car sans la connaissance et sans moyens, on ne fait rien ». Aujourd’hui Birahim vit de ses activités même si parfois, c’est difficile. Il a le soutien de sa femme qui comprend, dit-il, qu’il faut concilier vie familiale et vie professionnelle. Birahim a d’autres ambitions ; il veut réintroduire des instruments de musique disparus, les faire connaître et former des jeunes à l’utilisation de ces instruments. Il veut redonner vie à un pan de culture et traditions qui se perdent. Aussi, au travers de son association, il forme des jeunes ici mais aussi à l’Etranger. Avec l’appui de la Chambre des Métiers de Louga, il est parti récemment en Inde pour représenter le Sénégal. Il en est revenu avec des projets. « Quand je voyage, ce n’est pas moi qui voyage, c’est tout le Sénégal ». Pour participer à une foire en Italie et envoyer un container avec des sculptures et CAPITALISATION DE L’EXPERIENCE DES MAISONS DU DEVELOPPEMENT LOCAL il commence à sculpter le bois et à fabriquer des instruments de musique traditionnelle. Il ouvre une galerie d’art à Kébémer. Son art se vend bien et Birahim rembourse, sans difficultés son prêt. 17 18 PADEL/PNDL LES MAISONS DU DEVELOPPEMENT LOCAL ET L’INSERTION ECONOMIQUE DES POPULATIONS LOCALES des instruments de musique, Birahim, pour la troisième fois, a obtenu un prêt. D’un montant de 5 000 000 de FCFA, ce prêt est en cours de remboursement mais Birahim rencontre des difficultés. Il a pu analyser le pourquoi de ses difficultés (non maitrise des coûts indirects). Malgré tout, il reste confiant car, avec la formation il a les clés pour résoudre les problèmes. CAPITALISATION DE L’EXPERIENCE DES MAISONS DU DEVELOPPEMENT LOCAL Aujourd’hui à Kébémer, tout le monde connaît Birahim. Il a su mobiliser les associations culturelles dont il a la reconnaissance. Faire revenir « la culture perdue », c’est ce qui lui tient à cœur. Il y a aussi les habits traditionnels qu’il voudrait faire revivre. Pour cela, Birahim n’a pas oublié son premier métier : la couture. C’est pourquoi, avec d’autres créateurs et couturiers, Il travaille à la renaissance des habits d’antan. A présent, pour transmettre ses connaissances, il aimerait réaliser un documentaire sur la fabrication des instruments de musique et conceptualiser un module pédagogique pour apprendre aux enfants à jouer des instruments de musique. 19 Les cultures de contre saison, source de revenus complémentaires pour l’agriculture de subsistance : Bathie NDIAYE est né dans le département de Kébémer, il réside à Khaly Nar dans la Communauté Rurale de Ngourane. Il a 35 ans et n’est jamais allé à l’école. «J’ai toujours été cultivateur. Je cultive l’arachide, le mil, le niebé et le bissap. C’est très difficile. Je ne peux pas vivre de cette activité». Pour compléter ses revenus, Bathie est également agent de sécurité. Cependant, pour asseoir une activité agricole plus pérenne et ainsi améliorer ses revenus, il pense au maraîchage, activité émergente dans le département de Kébémer. Il a des terres et peut donc envisager de développer une activité mixte. En 2007, Il est le premier de sa zone à démarrer le maraîchage. Sur fonds propres, il parvient à mettre en culture progressivement 1 hectare de terre. Cependant, Bathie manque de moyens financiers pour installer un système d’irrigation, «goutte à goutte», qui lui per- mettrait de palier au problème de fourniture en eau qu’il rencontre. Pour autant, il cultive la tomate, la salade, l’aubergine, le piment et l’oignon. Son activité fonctionne mais les rendements sont insuffisants. Un jour, il écoute une émission radio au cours de laquelle est présentée la MDL de Kébémer. Il se rend à la MDL qu’il intègre en 2011. Il expose son projet de développement d’activité et les problèmes auxquels il est confronté. Bathie a besoin de formation pour mieux gérer son activité et de moyens financiers pour la développer. Il suivra deux sessions de formation en création (CREE) et en gestion d’entreprise (GERME). «Aujourd’hui, je tiens un journal de vente par campagne. J’ai choisi de vendre en gros et je sais comment écouler mes produits». Bathie écoule sa production, à travers le réseau qu’il s’est constitué, à Kébémer, Touba CAPITALISATION DE L’EXPERIENCE DES MAISONS DU DEVELOPPEMENT LOCAL L’audace d’un jeune cultivateur 20 PADEL/PNDL LES MAISONS DU DEVELOPPEMENT LOCAL ET L’INSERTION ECONOMIQUE DES POPULATIONS LOCALES CAPITALISATION DE L’EXPERIENCE DES MAISONS DU DEVELOPPEMENT LOCAL et même Dakar. Il n’a pas encore de lieu de stockage mais une case lui sert pour le moment de magasin. Il avait déjà ouvert un compte à la MEC FADEC NJAMBUR de Kébémer. L’ADEL l’accompagne dans l’élaboration de son plan d’affaire et la constitution de son dossier de demande de financement. «J’ai besoin d’un prêt pour m’équiper d’un goutte à goutte. L’accès à l’eau est difficile car le forage se trouve à 15 kms de mes terres». En 2013, il obtient un prêt de 4,2 MFCFA pour l’installation d’un «goutte à goutte» sur un demi-hectare et d’un réservoir d’eau de 1000 litres. L’objectif était double : palier aux difficultés d’approvisionnement en eau et assurer le traitement des sols. Bathie, suite à une analyse des sols révélant la présence de nématodes dans son terrain, très préjudiciables pour son activité maraichère, devait traiter son périmètre maraîcher. Ses premières récoltes sont bonnes. Bathie alterne les productions en fonction des cycles : 3 mois pour la tomate, l’aubergine, la salade et 5 à 6 mois pour l’oignon. Pour la première campagne d’oignon, il a récolté 4,2 tonnes d’oignons pour laquelle il a fait une recette de 1 050 000 FCFA soit 250 F le kilo. Après avoir payé les intrants, l’eau et le personnel, il est resté un bénéfice à Bathie qui a épargné et acheté des moutons dans l’attente d’une prochaine campagne d’oignons. Cette fois-ci, il a planté un hectare d’oignons. Une moitié de la plantation bénéficie d’un arrosage par goutte à goutte et l’autre pas. Aujourd’hui, Bathie est en difficulté, toute sa production est en train de pourrir et il ne parvient pas à rembourser son prêt. Un technicien de l’ANCAR s’est déplacé pour tenter d’identifier l’origine du problème mais pour l’heure, Bathie, n’a pas encore de réponses à son problème. Une mission conjointe réunissant les services de l’agriculture, la Mutuelle et la MDL est venue sur site afin de voir comment gérer le problème et venir en aide à Bathie. L’audace d’un jeunecultivateur Bathie est certes déçu et conscient de la perte qu’il va devoir supporter mais pour autant, il n’abandonne pas. «Les pertes, cela fait partie de la vie de l’entreprise, on ne peut rien contre le climat ou les maladies. Je vais continuer. Pendant la saison des pluies, je vais planter du mil et de l’arachide, puis je reprendrai mes activités de maraîchage». Ambitieux, il fera tout pour développer son activité, améliorer sa production et résoudre durablement le problème de fourniture en eau. Bathie vient de déposer ses papiers pour se constituer en GIE et rejoindre le groupement des maraîchers. «En nous organisant, nous espérons que les autorités entendront nos problèmes et nous aideront à les résoudre». Malgré ses difficultés momentanées, Bathie est fier de sa réussite «Avant, j’étais le premier maraîcher, maintenant nous sommes nombreux. Tout le monde m’a suivi et est venu faire du maraîchage, je suis un modèle». Bathie sait cependant qu’il a besoin de formation et d’accompagnement ainsi que ses employés. Pour le moment, il n’a pas encore suivi de formation en technique de maraîchage et c’est un besoin. Quand il regarde son parcours à la MDL de Kébémer, il mesure ses avancées. «Je sensibilise les jeunes pour que, comme moi, ils franchissent la porte de la MDL. Je leur dis qu’il faut oser». CAPITALISATION DE L’EXPERIENCE DES MAISONS DU DEVELOPPEMENT LOCAL «Je suis fatigué, je vais perdre toute ma récolte et je suis en train de m’endetter. De plus, j’ai avec moi 4 ouvriers agricoles que je ne parviens plus à payer». 21 22 PADEL/PNDL LES MAISONS DU DEVELOPPEMENT LOCAL ET L’INSERTION ECONOMIQUE DES POPULATIONS LOCALES L’accès au financement comme source de développement d’activités et de revenus : Le projet d’un agro pasteur Yaya Birame SOW est agri éleveur. Il est originaire de Barkhédji, village de la Communauté Rurale du même nom dans le département de Linguère. CAPITALISATION DE L’EXPERIENCE DES MAISONS DU DEVELOPPEMENT LOCAL Jeune de 39 ans, il a quitté l’école après la classe de 5ème pour aider ses parents. Marié et père de deux enfants, il est aussi soutien de famille. Yaya Birame SOW faisait du commerce. Il était intermédiaire et vendait des semences. Cette activité doublée d’une petite activité agricole (culture du mil et de l’arachide) ne lui permettait ni de développer son activité d’élevage ni de subvenir aux besoins de sa famille. «Traditionnellement, les Peuls sont des éleveurs, alors j’ai choisi d’élargir mon activité mais je ne savais pas comment faire. Je ne savais pas comment élaborer un projet, comment monter un dossier de demande de financement». C’est lors des journées d’information et de sensibilisation organisées par l’ADEL de Linguère au niveau des arrondissements que Yaya Birame reçoit l’information sur les services offerts par l’ADEL au travers du Parcours de L’Entrepreneur. Il a été accueilli à la MDL pour la première fois en juillet 2012. «Un ami m’a conseillé d’aller à la MDL de Linguère que je ne connaissais pas. J’ai été soutenu dans mon idée de projet. Avec l’appui du Secrétaire Permanent de l’ADEL, j’ai pu structurer mon projet». Yaya Birame avait besoin de formation en gestion et d’accompagnement dans l’accès aux services financiers. Il participe à une session de formation en comptabilité primaire à la MDL de Linguère en collaboration avec le SDADL. Dans un second temps, c’est dans son exploitation que se poursuivra la formation avec le remplissage des outils de gestion mis à sa disposition. «Aujourd’hui je peux calculer mon prix de vente. J’ai compris que toute dépense doit être écrite, sinon tu risques de vendre à perte. Le Secrétaire Permanent de l’ADEL vient aussi sur place pour suivre mon activité et voir comment je mets en application ce que j’ai appris en formation». Yaya Birame a ouvert un compte au Crédit Mutuel du Sénégal, SFD partenaire de la MDL de Linguère. Cela n’a pas été facile de constituer son apport de 20%. C’est pour développer son activité d’élevage qu’il a déposé un dossier de prêt dans l’espoir d’élever des bovins et ovins pour faire une « opération tabaski ». En mai 2013, il a obtenu un prêt de 1 Million de FCFA à rembourser dans son intégralité au bout de 8 mois. «L’obtention du prêt est difficile. Je suis un porteur de projet individuel, aussi il me faut un garant». Le projet d’un agro pasteur «J’ai perdu 2 moutons, 2 autres ont été volés. Malgré tout, j’ai pu rembourser mon prêt dans les délais et avoir un bénéfice de 150 000 FCFA». Ce bénéfice, il l’a réinvesti en achetant 5 moutons et en donnant une partie à sa femme pour qu’elle fasse du petit commerce. Pour le moment, il n’y a pas encore de retombées significatives sur la famille. Yaya Birame poursuit son commerce de vente de céréales et va cultiver du mil et de l’arachide pendant l’hivernage. Il s’est constitué une petite épargne pour demander un autre prêt au CMS. Il veut renouveler sa demande de prêt pour le même montant (1 000 000 de FCFA) pour une nouvelle opération tabaski. Il préfère rester prudent et espère qu’il n’aura pas de pertes. Il sait qu’il n’a pas la garantie de vendre tous ses moutons pour la tabaski et qu’il a la contrainte du remboursement de son prêt en une seule échéance. Pour vendre ses moutons, Yaya Birame doit se déplacer à Saint-Louis et à Dakar et cela a un coût. Il sait qu’il ne peut pas tout écouler dans le département de Linguère où l’élevage est une activité importante. De même, nombreux sont ceux qui ont des moutons dans leur maison. Pour fidéliser sa clientèle, il a gardé les contacts de certains acheteurs. «Lorsque je reviendrai, je vais recontacter mes anciens clients et leur dire sur quel emplacement je me trouve». Cette année, il a déposé plus tôt sa demande de prêt. Il espère qu’elle aboutira vite car plus tôt il achètera ses moutons, moins chers ils seront. Il est vrai que Yaya Birame a pu passer d’une activité d’élevage d’ovins de 5 à 30 moutons et l’ouvrir à l’élevage de bovins mais celle-ci reste ponctuelle. A l’avenir, il veut se développer pour asseoir une activité pérenne. S’il réalise une bonne «opération tabaski», il veut se lancer dans le maraîchage. «Je dois soutenir la famille et sans revenus continus, c’est très dur». Le petit commerce de sa femme fonctionne (légumes frais, patte d’arachide, niébé, sucre, thé etc.) et permet déjà de prendre en charge une partie de la dépense quotidienne dont la scolarité des enfants. Il poursuit la formation à la MDL de Linguère Il a bénéficié du module en culture d’entreprise. «Nous sommes jeunes, nous voulons travailler pour le développement de notre pays. En développant mon activité d’élevage, j’ai pu embaucher un berger. J’achète les aliments pour bétail, l’herbe et l’eau, cela fait travailler d’autres personnes». Pour ne pas faillir à la tradition Peul, Yaye Birame espère parvenir à avoir un grand troupeau. Aujourd’hui, les jeunes du village envient Yaye Birame. Il leur conseille d’aller à la MDL pour être accompagnés. «Je leur dis qu’il faut oser, y croire, que chacun peut développer son activité». CAPITALISATION DE L’EXPERIENCE DES MAISONS DU DEVELOPPEMENT LOCAL Avec l’argent de son prêt, Yaya Birame a acheté 30 moutons, 3 veaux, les vaccins, les aliments, l’eau et l’herbe. Il a aussi embauché un berger qu’il a payé 10 000 FCFA par mois. 23 24 25 Les premiers pas d’un groupement féminin dans un créneau porteur : CAPITALISATION DE L’EXPERIENCE DES MAISONS DU DEVELOPPEMENT LOCAL La transformation des fruits forestiers Awa NIANG, 38 ans est la Présidente de l’Association «BOKH AND DJEEFF» regroupant 35 femmes. Ensemble, elles ont installé une unité de transformation des fruits forestiers dans la Commune de Linguère. forestiers en jus, sirop et confitures. Ce sont notamment les fruits du tamarinier, du baobab (bouye) et du dattier du désert (soump) ainsi que la fleur d’hibiscus (bissap). En 2011, l’association obtient son récépissé. Awa, bien que peu scolarisée (cycle élémentaire non achevé), est une jeune femme dynamique et maman de 5 enfants. Elle s’adonnait à des activités de couture et petit commerce, insuffisantes pour soutenir les besoins de sa famille. La capacité financière de l’association est faible. Les femmes ne se découragent pas et recherchent des appuis financiers. Elles trouvent le soutien d’un homme politique originaire de la localité qui leur octroient 100000 FCFA et du Conseil de Quartier qui leur accordent un prêt de 75000 FCFA. Awa perçoit qu’il y a un créneau à prendre : celui de la transformation des fruits forestiers. Elle suit alors en 2010, avec 3 autres membres de l’Association, une formation en transformation proposée par l’ITA. Toutes les quatre, elles créent une Association et ciblent la transformation des fruits Leurs conjoints démarrent alors la construction d’un local. Les femmes, quant à elles, achètent du petit matériel pour les besoins de l’activité. En 2012, elles sont orientées vers la MDL de Linguère par le Chef de Service du CEDEPS. La transformationdes fruits forestiers L’association ouvre, en 2012, un compte à UMECAS (Dahra), Mutuelle partenaire de la MDL de Linguère. La Présidente de l’Association ainsi que la Trésorière et la Secrétaire suivent des sessions de formation organisées par l’ADEL (comptabilité), ce qui leur permet, disentelles, de tenir aujourd’hui un journal de vente. Parvenant à épargner 100000 FCFA servant d’apport pour l’octroi d’un prêt, l’Association demande l’appui de l’ADEL pour élaborer leur plan d’affaire et constituer leur dossier de demande de financement. En 2013, l’Association obtient un prêt de 500000 FCFA destiné à renforcer l’équipement de l’unité de transformation et à acheter des matières premières. «Au début, on remboursait plus chaque mois. Puis, le froid est venu et les ventes ont chuté. Nous avons pris du retard. La direction régionale d’UMECAS nous a téléphoné. Nous avons obtenu un délai supplémentaire de 2 mois». C’est la vente de jus qui est la principale activité. Les femmes vendent dans leur local et sur commandes (cérémonies familiales). «Le vendredi, jour du marché hebdomadaire, nous enregistrons plus de ventes. La demande est là mais nous sommes encore insuffisamment équipées pour répondre aux commandes». Cependant, par défaut de fond de roulement suffisant, elles ne peuvent pas toujours satisfaire la demande. «Les matières premières, nous les achetons au marché en petites quantités, ce n’est pas rentable. Aujourd’hui, lorsque nous parvenons à avoir un bénéfice, nous devons d’abord rembourser notre prêt et payer les factures d’électricité». Les femmes ne récoltent pas encore le fruit de leur travail mais Awa ne se décourage pas. Ce mois-ci, l’Association va solder son prêt. Awa hésite à en solliciter un deuxième car le taux d’emprunt est élevé et la durée de remboursement trop courte. «Nous allons solliciter le Conseil de Quartier pour un nouveau prêt. Si nous parvenons à épargner, peut-être que nous ferons un deuxième prêt car il est important de développer notre activité». Awa est ambitieuse. Elle aimerait que l’association ouvre un point de vente de fruits forestiers. Elles pourraient s’approvisionner à Kayar et acheter à des périodes où les fruits forestiers sont moins chers. Leur local est petit mais elles pourraient stocker chez l’une de nos membres. Pour fabriquer leurs produits, les femmes s’organisent en deux groupes de 10 et travaillent à tour de rôle. Elles préparent 500 sachets de jus et 10 bouteilles de jus. Pour les sirops et la confiture les quantités sont variables et peu importantes pour le moment car elles ont un problème d’écoulement de ces produits à Linguère. Lorsqu’elles ont des commandes, la préparation se fait en plus de la production habituelle. Les jus en sachets sont vendus 100 FCFA dans leur local et les bouteilles de jus 1000 FCFA. «La vente des bouteilles de jus est bien plus rentable car dans une bouteille il y a cinq sachets». CAPITALISATION DE L’EXPERIENCE DES MAISONS DU DEVELOPPEMENT LOCAL Awa demande que l’Association puisse bénéficier des services de l’ADEL et notamment, la formation, l’accompagnement du projet et l’appui à la demande de financements. 25 CAPITALISATION DE L’EXPERIENCE DES MAISONS DU DEVELOPPEMENT LOCAL 26 PADEL/PNDL LES MAISONS DU DEVELOPPEMENT LOCAL ET L’INSERTION ECONOMIQUE DES POPULATIONS LOCALES Aujourd’hui, elles travaillent avec cinq revendeuses à qui elles vendent les sachets de jus 90 FCFA. Quant à elles, leur bénéfice sur un sachet est de l’ordre de 20 à 30% selon le fruit (bouye, bissap…). Elles ne vivent pas encore de leurs activités qu’elles complètent par la vente de pains de glace. Certaines de leurs membres sont un peu découragées. «Pour le moment, c’est nous qui aidons les autres : les revendeuses et ceux à qui nous achetons nos matières premières. Nous contribuons au développement de leurs activités». Aujourd’hui, les femmes ont identifié leurs points faibles : le manque de visibilité (pas d’enseigne ni d’étiquettes sur leurs produits) et de formation technique pour toutes les femmes (transformation, hygiène/qualité). «Nous vendons des produits alimentaires et notre local n’est pas encore carrelé. Un jour viendra». La transformationdes fruits forestiers Aminata FALL, originaire de Keur Momar Sarr dans le département de Louga, est la Gérante du GIE FATIYOON (Marchons Ensemble). Soutenue par son mari, par ailleurs technicien aquacole, Aminata se tourne vers la pisciculture, activité émergence au Sénégal, pour répondre à un besoin local. Aminata FALL (45 ans), est par ailleurs Viceprésidente de l’ADEL de Louga et Directrice de la radio communautaire JEERI FM à Keur Momar Sarr. En 2009, avec l’appui d’un volontaire des Nations Unis, elle démarra son activité avec 6 cages et ambitionne de développer une ferme piscicole. Animatrice radio depuis 1999, Aminata, bien qu’ayant quitté l’école en fin de cycle primaire, a choisi de développer une activité économique dans sa région. A travers le projet AGROPOV, elle obtient un financement de 1,6 MFCA lui permettant de réaliser 3 bassins (10X15), d’acheter une motopompe, des alevins, les aliments pour poissons et de démarrer son activité piscicole. «Je veux lutter contre la pauvreté et, surtout, contre la malnutrition des femmes et des jeunes enfants». En 2005, Aminata obtient du Conseil Rural, l’affectation de 5 hectares de terres, à proximité du Lac de Guier. Elle démarre leur mise en valeur par le maraichage et l’arboriculture. En 2010, l’ANA (Agence Nationale pour l’Aquaculture) visite la ferme piscicole mais ne peut soutenir le projet d’Aminata. En 2013, la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation) et l’ANA lui ap- CAPITALISATION DE L’EXPERIENCE DES MAISONS DU DEVELOPPEMENT LOCAL La gestion d’une ferme piscicole dans le département de Louga ou le projet innovant d’une femme pour lutter contre la pauvreté et la malnutrition. 28 PADEL/PNDL LES MAISONS DU DEVELOPPEMENT LOCAL ET L’INSERTION ECONOMIQUE DES POPULATIONS LOCALES portent un soutien financier permettant la réalisation de 5 bassins (25X30) avec chacun une capacité de production de 9 tonnes de poissons et l’alimentation gratuite pendant 3 ans (2013-2016). En complément, Aminata reçoit un appui du Ministère de la Pêche (équipements et aliments poissons). Début 2014, Aminata lance son activité piscicole dans 3 des 5 grands bassins et compte bien produire 27 tonnes de tilapia. L’élevage des poissons se fait sur 6 mois et l’écoulement est prévu sur une période de 5/6 mois également. CAPITALISATION DE L’EXPERIENCE DES MAISONS DU DEVELOPPEMENT LOCAL Aminata a développé un périmètre maraicher et fruitier qu’elle qualifie «d’activité de soutien à la ferme piscicole». Les recettes tirées permettent de couvrir les charges de fonctionnement et les salaires. Depuis 2005, elle a embauché 2 personnes. En période de récolte, Aminata embauche 5 à 7 journaliers. Aminata a connu l’ADEL de Louga à travers le projet AGROPOV. Identifiée comme acteur économique, Aminata a participé au Forum Economique initié par l’ADEL. A l’issue de celui-ci, elle prendra la Vice-Présidence de l’ADEL. Elle dit avoir choisi de s’impliquer pour booster l’ADEL. Si Aminata est venue à l’ADEL c’est parce qu’elle a compris qu’elle pourrait être accompagnée dans le processus de mise en œuvre de son projet et soutenue dans sa recherche de financements. Elle a participé à différentes sessions de formation (culture d’entreprise, fiscalité, management, cycle primaire des affaires) et obtenu 3 prêts auprès du CMS (Crédit Mutuel du Sénégal) partenaire de l’ADEL de Louga. Ayant remboursé dans les délais un premier prêt de 300 000 FCFA, elle a gagné la confiance du CMS et obtenu un second prêt de 600 000 FCFA puis un troisième de 1 000 000 FCFA. Le premier prêt a permis à Aminata de constituer son fond de roulement et de prendre en charge sans encombre les aliments pour poisson et le carburant de la motopompe. Son premier prêt a eu un impact direct sur sa production. Le montant des ventes est passé de 500 000 FCFA à 750 000 FCFA puis à 1 500 000 FCFA. Aminata a pu retirer un bénéfice qu’elle a réinvesti dans son activité en la diversifiant à travers la mise en place d’un poulailler. Pour Aminata, les changements ont été énormes pour elle et sa famille. «Nous n’avons plus de problèmes pour nous nourrir. Aujourd’hui j’assure une partie de la dépense quotidienne pour 5 personnes (environ 20000/mois) et je parviens à épargner». Aminata gère aujourd’hui une structure formelle (GIE). Elle est inscrite au Registre du Commerce et paie sa patente. Elle n’a pas encore gagné son autonomie financière car elle a d’autres projets pour développer son activité piscicole (investissements nécessaires). Par ailleurs elle n’a pas le recul nécessaire sur la rentabilité de sa production piscicole. Par contre elle pense être en passe de gagner son autonomie financière pour les activités maraichères et arboricoles. Actuellement, les recettes annuelles (2 000 000FCFA) permettent d’assurer le fonctionnement global des activités et les salaires. Il faudra cependant compter sur les bénéfices de la production piscicole pour couvrir les amortissements et les futurs investissements. Aminata écoule sa production sur le marché local et n’entend pas vendre en dehors de sa zone car, la demande est forte. Elle écoule ses produits sur le marché permanent et hebdomadaire ainsi que sur les marchés environnants (Gouye Mbeuth et Mbar Toubab). Il en sera de même des 27 tonnes de poissons attendus. Lorsque les poissons auront atteint un poids suffisant, Aminata fera de la publicité. Elle vendra aussi par commande. Le projet ambitieux d’Aminata lui confère une notoriété indéniable. «Il ne se passe pas un mois sans que je reçoive des visiteurs. Au début, personne ne croyait en mon projet mais à présent je suis l’idole des populations». Consciente de la place qu’elle occupe dans le développement économique local de sa zone, Aminata ambitionne de créer un centre de formation piscicole pour sa région et souhaite fournir d’autres projets piscicoles en alevins. «Pour créer son activité économique, il faut bien choisir son projet, avoir des compétences, s’assurer de sa rentabilité et bien gérer». 29 CAPITALISATION DE L’EXPERIENCE DES MAISONS DU DEVELOPPEMENT LOCAL Ferme piscicole dans le département de Louga CAPITALISATION DE L’EXPERIENCE DES MAISONS DU DEVELOPPEMENT LOCAL 30 Dynamiques partenariales autour de l’organisation et de la structuration de la filière couture dans le département de Louga L’Association Créateurs et Couturiers Associés de Louga (CCAL) est une cellule de l’Association CCAS (Créateurs et Couturiers du Sénégal). CCAL se définit comme une Association phare de la région de Louga. Elle se fixe pour objectifs de fédérer les synergies pour défendre les intérêts des tailleurs de la région et d’être visible auprès des partenaires techniques et financiers. Cette jeune Association à but non lucratif a été créée en 2012 mais compte déjà 238 membres. CCAL a aussi une vocation sociale et solidaire. Cette solidarité s’applique à l’intérieur de l’Association mais aussi à l’extérieur : confection de vêtements pour les démunis (prisonniers, talibés), participation à la journée annuelle de don de sang en partenariat avec l’hôpital régional…. CCAL bénéficie du soutien accru de la Chambre des Métiers de Louga par ailleurs partenaire de la MDL. Les couturiers sont conscients de leurs compétences mais ils manquent de moyens matériels et financiers pour exporter en dehors de la région leurs savoir-faire. CCAL a connu la MDL à travers le partenariat entre la Chambre des Métiers de Louga et la MDL de Louga. Un point focal de la Chambre des Métiers se trouve à l’intérieur même de la MDL. Filière couture dansle département de Louga Aïda BA est une très jeune femme de 26 ans, originaire de Louga. Elle a commencé son apprentissage en couture avec son mari et le terminera dans un autre atelier. En 2008, son mari ouvre un atelier à Louga et l’embauche. Rapidement, il lui confie la gestion de leur atelier et la relation avec la clientèle. Elle intègre en 2012 la MDL de Louga afin de se performer pour assumer sa mission. Elle suit, en 2013, deux sessions de formation sur le cycle des affaires et en gestion financière. «Ce module, au-delà de m’offrir une photographie sur mes finances, m’a permis de corriger mes erreurs dans le choix des dépenses. Je me suis rendue compte que la plupart des ressources de l’entreprise étaient consommées par des dépenses inopportunes ou facultatives. Aussi, je me suis mise dans un processus de réorganisation de l’entreprise. Les retombées ont été immédiates. Auparavant, je ne parvenais pas à épargner. Aujourd’hui, j’épargne chaque mois 20000 FCFA que je verse sur un compte. A présent, je m’inscris dans une dynamique de développement de mon activité. J’envisage l’ouverture d’un point de vente et d’une mercerie. Je peux dire que mon parcours à l’ADEL m’a donné plus d’assurance et j’en suis fière. Financièrement, je ne suis pas encore stable mais avec mes projets en vue, je suis confiante». Pour mieux vendre leurs créations, les tailleurs veulent être formés en marketing. La Chambre des Métiers de Louga a obtenu un financement de la Direction de l’Artisanat pour former 15 membres de l’association. Par ailleurs, les tailleurs souhaitent être soutenus par l’ADEL dans leurs démarches de demandes de financement. Enfin, pour professionnaliser la filière, ils voudraient être accompagnés pour la mise en place d’un centre d’apprentissage communautaire et l’octroi de locaux. Pour le moment l’Association n’a pas encore reçu de financement mais plusieurs des membres ont eu accès au crédit pour leur activité propre. Parmi les mutuelles partenaires on compte : UMECAS, PAMECAS, FIDES, CMS… Toutefois, les tailleurs soulignent la difficulté d’accès au crédit. En effet, ils ont 2 pics d’activité dans l’année (la Korité et la Tabaski). Ils évoquent la frilosité des Mutuelles à octroyer un prêt compte tenu des irrégularités de recettes. Par ailleurs, les délais de traitement des dossiers ne permettent pas toujours de recevoir le prêt attendu pour préparer les 2 fêtes. Les femmes de l’Association organisent des tontines pour se soutenir mutuellement. Les tailleurs financés évoquent les effets directs du prêt sur leur activité. Ils/Elles ont pu s’équiper, développer leur activité, embaucher, pour certains changer de locaux et améliorer leur niveau de vie. Ils expliquent les effets de l’accompagnement de la CAPITALISATION DE L’EXPERIENCE DES MAISONS DU DEVELOPPEMENT LOCAL Les attentes de l’Association vis-à-vis de la MDL et de la Chambre des Métiers sont plurielles. Conscients de la nécessité de mieux gérer leurs ateliers, les membres souhaitent participer à des modules de formation en comptabilité et gestion. Plusieurs d’entre eux, comme Aïda BA, suivent régulièrement les sessions animées par l’ADEL de Louga. 31 32 PADEL/PNDL LES MAISONS DU DEVELOPPEMENT LOCAL ET L’INSERTION ECONOMIQUE DES POPULATIONS LOCALES MDL. «Avant nos dossiers de financements n’aboutissaient pas». Par ailleurs, le soutien conjoint de la MDL et de la Chambre des Métiers permet à la corporation de mieux s’organiser. Pour faire face aux manquements d’équipements, l’entraide se met en place pour satisfaire dans un esprit mutualiste aux besoins d’un marché. D’ores et déjà, ensemble, au nom de l’Association, ils parviennent à gagner des petits marchés (confection de blouses pour les écoles). CAPITALISATION DE L’EXPERIENCE DES MAISONS DU DEVELOPPEMENT LOCAL Pour eux, l’organisation de la profession est en marche. Ils sont conscients que leur forme juridique actuelle n’est pas la plus adéquate. Ils savent aussi que, pour vendre leur expertise, il faudra davantage mutualiser leurs compétences. Toutefois ce début d’organisation est à saluer. Ils se sentent acteurs du développement local tant au niveau économique que social. Aujourd’hui, tous les tailleurs paient leur patente. Certains paient la CGU. Ils créent des emplois et forment des apprentis. Ils disent avec fierté leur force de mobilisation auprès des autorités et des chefs religieux. Ils ambitionnent de créer une «Cité des tailleurs» ainsi qu’une Mutuelle de Crédit et de Santé. C’est pourquoi, faire revivre les locaux de la SOTEXKA (ex usine de confiserie) est un projet qui leur tient à cœur. Ils veulent avoir accès aux techniques modernes (laser) utilisées en confection. S’ils participent déjà à des foires et des défilés de mode au Sénégal, ils espèrent pouvoir exporter demain leur style et leurs créations. Filière couture dansle département de Louga 33 Itinéraire d’un groupement de femmes engagé dans le développement social de leur village Le GPF JAPOO compte aujourd’hui 135 membres et développe un ensemble d’activités : agriculture, embouche, aviculture, transformation du soump (dattier du désert) en sirop et huile, transformation du mil en sankhal et tiéré, transformation de la gomme arabique, teinture (tiub)…. Cependant c’est la transformation qui occupe une place prédominante. «Au démarrage, nous faisions de l’agriculture. Les femmes cotisaient mensuellement 25 FCFA pour faire du crédit révolving». En 2004, le GPF bénéficie du soutien financier du projet Plateforme Multidimensionnelle du PNUD. Le projet a permis la construction du moulin et l’acquisition d’équipements (décortiqueuse, broyeuse à arachide, dynamo et alternateur). «Il y a beaucoup de soump ici (dattiers du désert) et nous produisons de l’huile et du sirop de façon artisanale. Le soump a des vertus médicinales, il lutte contre l’hypertension artérielle». En parallèle, avec l’appui de la Communauté Rurale, le GPF acquiert un champ communautaire de 50 hectares mis en valeur avec l’appui du Projet Gommiers en 2004. Aujourd’hui, les gommiers ont commencé à produire. La production est encore faible et écoulée localement (marché local, loumas, commandes). La gomme arabique est vendue entre 1500 et 2000 FCFA. Cependant, les femmes sont pleines d’espoir. «La gomme arabique est utilisée dans l’industrie alimentaire et s’exporte vers la France. Elle est même utilisée dans le système de freinage des avions». Au dire des femmes, toutes les activités sont rentables. L’huile de soump se vend bien. Elles ont des commandes venant du Projet Plateforme de Thiès lors des foires. Avec les retombées, le GPF a construit sur fonds propres l’unité de transformation et développé une petite activité avicole (bande de 50 poulets de chair). Pour le fonctionnement de l’unité de transformation, les femmes s’approvisionnent et écoulent leurs produits sur les marchés locaux. Le travail de transformation est difficile car elles n’ont pas d’électricité. Si l’écoulement de leurs produits n’est pas toujours facile, le moulin est un plus pour les femmes du village. «Les villageois cultivent le mil et viennent au moulin pour transformer leur récolte. CAPITALISATION DE L’EXPERIENCE DES MAISONS DU DEVELOPPEMENT LOCAL Mme DIA Fatou Sèye, 50 ans, est originaire du village de Thiéckène Ndiaye (Communauté Rurale de Nguer Malal) dans le département de Louga. Depuis 20 ans, elle est la Présidente du GPF JAPOO créé en 1976. Toute jeune, elle s’implique dans la vie locale. Elle est à ce jour membre du CA de l’ADEL de Louga, Présidente des GPF de sa Communauté Rurale, Gérante de la pharmacie de la Case de Santé du village. 34 PADEL/PNDL LES MAISONS DU DEVELOPPEMENT LOCAL ET L’INSERTION ECONOMIQUE DES POPULATIONS LOCALES Le moulin a beaucoup allégé le travail des femmes». Aujourd’hui, les femmes voudraient transformer davantage de céréales. Cependant, elles savent qu’elles doivent développer une politique de commercialisation qui permettrait d’écouler leurs produits en dehors de la zone. Elles poursuivent leur objectif de développement d’activité. Elles réfléchissent à un partenariat avec un GIE qui leur permettrait de transformer le «niebé» (haricot sec). Le GPF JAPOO a la particularité d’avoir ouvert une boulangerie artisanale afin de palier à un manque dans la localité. Le groupement avait embauché un boulanger qui aujourd’hui est parti. A ce jour, les femmes veulent reprendre l’activité et la confier à un jeune du village. CAPITALISATION DE L’EXPERIENCE DES MAISONS DU DEVELOPPEMENT LOCAL «Nous avons la technique mais pétrir à la main 50 kg de farine, c’est dur pour nous». Le GPF a connu la MDL de Louga à travers le Forum Economique organisé en 2010 par l’ADEL de Louga. Le GPF a souhaité pouvoir être accompagné par L’ADEL afin de bénéficier de formations et de soutien dans la recherche de financements. Aujourd’hui, une vingtaine de femmes sont formées en transformation de céréales locales et en transformation du « soump ». La Présidente, quant à elle, a participé aux sessions de formations en gestion d’entreprise. Le GPF avait des comptes ouverts à MECAS, à CAURIE Microfinance et à l’ACEP (Agence de Crédit pour l’Entreprise Privée). Le GPF a bénéficié d’un premier crédit de CAURIE Microfinance de 3,5 MFCFA en 2010 répartis entre 70 membres soit 50000 FCFA par membre puis d’un deuxième crédit en 2011 de 7 MFCFA pour 70 membres soit 100000 FCFA par membre. Certaines femmes, trouvant les intérêts trop élevés et la durée de remboursement (6 mois) trop courte, n’ont pas souhaitées bénéficier d’un nouveau prêt. En 2013, le GPF obtient un 3ème financement de 4,5 MFCFA auprès de CAURIE Microfinance et d’un prêt de 2 MFCFA auprès de l’ACEP. Le GPF a financé 2 groupes de 10 femmes qui ont pu faire du petit commerce, de l’embouche, du tricotage (draps et oreillers). Les prêts ont été remboursés et des bénéfices dégagés. Ils ont servi à épargner (1 MF à CAURIE et 1 MF à l’ACEP), réinvestir, améliorer la trésorerie du GPF. Les femmes contribuent aux dépenses familiales (dépense quotidienne, habillement et soins des enfants). Les femmes sont conscientes de la place qu’elles occupent dans la vie locale. «Nous appuyons annuellement (250000 F) la mosquée et lui apportons notre soutien pour la Tabaski (150000 F). Pour l’adduction d’eau du village nous avons apporté une contribution de 500000 F. Nous avons appuyé la construction de la case santé par la fourniture d’eau, du sable et pris en charge les frais d’inauguration. Entre nous, il y a une bonne cohésion sociale. Nous marchons ensemble vers le même objectif. Nous sommes une équipe dynamique et engagée». L'expérience d’une association pour lutter contre la pauvreté des femmes 35 La mise en synergie des acteurs autour du projet de petit commerce : l’expérience d’une association pour lutter contre la pauvreté des femmes Basée à Linguère, son activité principale est le petit commerce. L’association est membre de l’ADEL de Linguère et réunit aujourd’hui 35 femmes. Madame BA Bouyo est la Présidente de l’Association Economique. Agée de 40 ans, n’a pas fréquenté l’école. Bouyo a toujours fait du petit commerce à Linguère, mais ses faibles moyens ne lui permettaient pas de vivre de cette activité. Au démarrage de l’Association, les femmes organisaient des tontines pour financer leurs activités de commerce. Elles vendaient peu de choses : des savons, des produits détergents, des cubes magie… «Au début je ne parvenais même pas à acheter un sac de sucre, ni un bidon d’huile de 20 litres et encore moins des grosses de savon complet. J’achetais au détail tous les articles que je revendais». Conscientes de la faiblesse de leurs moyens et de leurs revenus, les femmes ont multiplié leurs démarches dans le but de créer les conditions d’un développement de leurs activités. C’est le Service Départemental du Développement Communautaire (SDDC) qui a orienté l’Association vers la MDL de Linguère. «La première fois que nous sommes venus, c’était en avril 2012. Nous avions besoin de renforcement de capacités et d’être accompagnées et soutenues dans la recherche de financement. Nous avons suivi pas à pas ce que la MDL nous conseillait pour pouvoir développer nos activités». En Juin 2012, l’Association intègre l’ADEL et le parcours de l’entrepreneur. En réponse aux besoins exprimés, les femmes participent à une session de formation en gestion administrative et financière animée conjointement par l’ADEL et le SDADL (Service Départemental d’Appui au Développement Local) de Linguère. En parallèle, l’ADEL oriente l’Association vers un SFD partenaire : le Crédit Mutuel du Sénégal, guichet de Linguère. L’Association ouvre un compte et dépose son apport. Le CMS leur octroie un prêt remboursable en 6 mois avec un différé de 1 mois. «L’ADEL nous a appuyé dans l’élaboration du dossier de financement. Nous avons obtenu un prêt de 250 000 FCA, ce qui nous a permis de booster notre activité. A présent, nous avons remboursé notre prêt dans les délais. Pendant la durée du prêt, le CMS nous a accompagné en même temps que l’ADE ». CAPITALISATION DE L’EXPERIENCE DES MAISONS DU DEVELOPPEMENT LOCAL L’association économique dénommée «HALPULAAR TIDIANE HANNE» a été créée en 2011 par des femmes Peuls. Son objectif est de promouvoir le développement économique local et de lutter contre la pauvreté des femmes. 36 PADEL/PNDL LES MAISONS DU DEVELOPPEMENT LOCAL ET L’INSERTION ECONOMIQUE DES POPULATIONS LOCALES Par le biais de ce financement, les femmes parviennent à augmenter leur capacité de production et à diversifier leurs produits. A la vente du savon et des produits détergents, elles ajoutent du sucre, du thé, du biscuit, de la cigarette, du lait en poudre, etc. De même, elles passent d’un point de vente à trois avec trois prestataires coptées parmi les membres de l’Association. La clientèle passe des habitants du quartier aux autres quartiers de la commune. «Nos conditions de vie se sont améliorées. Nous parvenons à contribuer à la dépense quotidienne et à la prise en charge globale de la famille». CAPITALISATION DE L’EXPERIENCE DES MAISONS DU DEVELOPPEMENT LOCAL Grâce à l’augmentation des recettes, l’Association a pu épargner 150 000 FCFA en vue de solliciter un second prêt. A ce jour, les femmes ont obtenu un financement de 750 000 FCFA auprès du CMS de Linguère. Aujourd’hui, le revenu moyen journalier de Bouyo est de 4 000 FCFA. Elle parvient à aider la famille à hauteur de 30 000 FCFA par mois et elle épargne 20 000 FCFA par mois pour pouvoir demain développer plus encore son activité. «Maintenant, tous mes articles je les achète en gros dira .Je peux acheter un sac de sucre et je paie comptant mes marchandises». A présent, les femmes évoluent dans le secteur formel. L’Association a une forme juridique. «Vraiment la MDL est une structure d’appui qui est venue à point nommé. Actuellement, par le biais des formations que nous avons reçues, nous parvenons à calculer le prix de revient de nos articles, notre bénéfice et voir la rentabilité de l’activité. Nous sommes devenues plus professionnelles. Les SFD sont devenus nos principaux partenaires grâce aux réseaux de la MDL». 37 CONCLUSION La mise en place des ADEL au sein des Maisons du Développement Local a permis de mieux organiser le secteur privé, de renforcer les dynamiques partenariales autour de l’accompagnement des Porteurs d’Initiatives Economiques et de favoriser l’émergence de projets économiques individuels innovants tenant compte, notamment, des filières porteuses. Les témoignages des PIE traduisent de façon concrète et pertinente l’atteinte de l’objectif premier des MDL à savoir la promotion du DEL à travers un espace de dialogue et de concertation entre les élus locaux, les services déconcentrés de l’état et le secteur privé. Il est à noter cependant que, si le rôle des services déconcentrés de l’état ainsi que celui des chambres consulaires a été mis en exergue régulièrement par les PIE, ceux-ci souffrent parfois du manque de proximité avec les élus pour une meilleure prise en compte de leurs problèmes. Les partenariats développés avec les SFD et l’intermédiation financière, élément force des ADEL, sont assurément un gage de confiance pour l’octroi d’un financement. Néanmoins, la difficulté d’accès au crédit (constitution de l’apport personnel, garant…), le taux d’emprunt et les délais de remboursement, jugés parfois trop courts, constituent encore des freins pour certains PIE. L’accompagnement conjoint du PIE par l’ADEL et le SFD, favorise le respect des conditions de remboursement des prêts et de fait, dans certaines situations, la prise en compte des difficultés ponctuelles de remboursement de certains. Concernant les Chambres Consulaires, pourtant bien présentes aux côtés des ADEL, notamment celle de Louga, elles ne semblent pas suffisamment considérées par les artisans comme des structures d’appui incontournables pour la mise en œuvre ou le développement de leurs activités. Une meilleure définition des rôles et articulations entre les ADEL et les Chambres Consulaires permettrait probablement d’étoffer l’offre de services de chacun dans une logique de complémentarité pour une meilleure efficience de l’accompagnement des PIE. Il en est de même avec le renforcement des partenariats avec les structures de formation professionnelle et techniques. Enfin, dans une logique de pérennisation des ADEL à conjuguer avec des attentes de PIE, il semble nécessaire de développer une offre complémentaire de services, payants cette fois-ci, mais qui permettrait aux PIE, de faire prendre en charge, par exemple, le volet juridique, administratif et comptable de leurs activités, par la mutualisation de nouveaux services développés au sein des ADEL. De telles perspectives ne pourraient être mises en œuvre sans une réflexion plus globale sur le rôle et la place des ADEL et des MDL, tenant compte, bien sûr, des évolutions liées à l’acte III de la Décentralisation. De même, une évolution de la forme juridique des ADEL, semble inévitable. CAPITALISATION DE L’EXPERIENCE DES MAISONS DU DEVELOPPEMENT LOCAL Le processus d’accompagnement des PIE ainsi que les services offerts par les ADEL au travers du Parcours de l’Entrepreneur Local semblent répondre pleinement aux attentes et besoins des PIE. COOPÉRATION SÉNÉGAL - LUXEMBOURG Juin 2014