La Baule+
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28 Septembre 2016 Musique L’artiste guérandais est devenu une star du blues et du rock dans le monde entier ! Manu Lanvin : « Je suis capable de me mettre au coin d’une rue pour jouer de la musique. » C Je suis un amoureux du matériel vintage. On utilise beaucoup de vieux amplis, on travaille encore à la méthode ancienne. C’est un producteur anglais, Clive Martin, qui a travaillé avec nous pour le son. Il est issu de l’école analogique et nous avons essayé de reproduire tout cela. Une grande partie de l’album a été enregistrée en live, dans une pièce d’un très beau riad de Marrakech. Nous avions enregistré dans ce même lieu l’album de Calvin Russell, que j’ai produit, et nous nous étions dit qu’il fallait refaire un album à Marrakech. On a enregistré toute la charpente rythmique et j’ai fait appel à un ingénieur qui a fait tous les albums des Blacks Keys et qui a finalement masterisé l’album à Los Angeles. ’est en voisin, puisqu’il était en vacances chez ses parents à Guérande, que Manu Lanvin est venu dans le studio de Kernews pour nous présenter son cinquième album, qui sortira le 30 septembre. L’artiste est aujourd’hui reconnu dans le monde entier La Baule+ : Pourquoi faitesvous référence au diable dans votre dernier album ? Manu Lanvin : Les événements, surtout l’air du temps, m’ont poussé à émettre un point de vue sur la société et, lorsque le blues tombe vers le rock’n’roll, je trouve que c’est un mode d’expression plus propice. Jusqu’à présent, mes albums étaient plutôt blues, c’était beaucoup plus introspectif. Mais, pour ce nouvel album, j’ai notamment travaillé avec Neal Black, un artiste texan avec qui j’ai composé quelques titres. Nous avons voulu dénoncer certaines choses qui nous déplaisaient : par exemple, lorsque l’on accuse les musiciens de faire une musique du diable… C’est quelque chose qui nous dérange, parce que les gens ont besoin de musique, de blues et de rock’n’roll. Je fais presque 110 concerts par an et, chaque fois, je suis étonné de voir dans l’univers du blues et du rock. Il a notamment joué avec Quincy Jones, B.B. King et Johnny Hallyday. Ce nouvel album, « Blues, booze and rock’n’roll » est incontestablement le plus rock de sa carrière. Les chansons ont été enregistrées chez lui, à Marrakech et à Pa- que pendant deux ou trois heures de concert on arrive à créer une belle communion qui nous permet d’oublier nos problèmes quotidiens. La musique, c’est fait pour rendre les gens heureux ! désordres. J’ai l’impression de revenir vers quelque chose que j’ai déjà vu et cela me dérange. Peut-être que le monde irait un peu mieux si l'on vivait six mois sans télévision et sans religion... Quels sont les messages que vous souhaitez faire passer ? Mais le monde ne peut pas faire abstraction de spiritualité… Ce sont surtout des messages d’amour… J’ai beaucoup de problèmes avec les religions. Cela semble antinomique avec la force de cette musique… Aujourd’hui, il faut l’exprimer, parce que nous avons un vrai combat à mener ! Regardez ce qui se passe dans les actualités. À la base, je suis agnostique. J’ai beaucoup de problèmes avec les religions, parce que je me rends compte qu’elles ont créé beaucoup de Je pense que nous sommes tous unis par la Terre. Donc, c’est déjà un problème de vouloir commencer à se mettre dans des tribus et des communautés. C’est quelque chose que je ne comprends absolument pas. Une réponse à l’imam de Brest. L’album s’intitule « Blues, booze and rock’n’roll » et c’est aussi le titre d’une chanson : qu’avez-vous voulu dire ? C’est quelque chose de très positif et c’est une réponse à ris, elles ont été mixées à Londres par Clive Martin et masterisées par Brian Lucey à Los Angeles. L’entretien audio, avec plusieurs titres de ce nouvel album, est disponible sur le site de Kernews. l’imam de Brest qui disait à des enfants de cinq ou six ans que faire de la musique était quelque chose de diabolique : donc, quitte à être le diable, je l’ai tatoué sur le dos ! Si, être le diable, c’est donner du bonheur pendant deux heures aux gens qui viennent vous voir, j’accepte cette désignation ! C’est de la provocation, évidemment. Mais en même temps, regardez cette belle légende de Robert Johnson qui s’est perdu au Crossroads pour essayer de trouver sa vérité et, finalement, a fait un pacte avec le diable. Le diable lui a donné le blues et voilà le guitariste qu’il est devenu… Ce sont des petites légendes qui nous suivent depuis que l’on est jeune. Il ne faut pas avoir peur de rester près de son ennemi, parce qu’effectivement je ne le suis pas, mais je sais qu’il n’est pas loin de moi et il faut l’amadouer un peu... Comment arrivez-vous à ma- rier le blues, une musique issue de la souffrance, avec le rock’n’roll qui est une musique endiablée et de conquête ? Willie Dixon disait que toutes les musiques, du jazz au rock’n’roll, en passant par la funk, viennent du blues. J’ai en tête les premiers enregistrements de tous les chanteurs du delta qui faisaient du blues chez eux. Depuis, il y a eu du chemin, mais tous les grands artistes, de Chuck Berry à Elvis Presley, en passant par Prince, étaient mordus par cette musique. Une grande partie de l’album a été enregistrée en live, dans une pièce d’un très beau riad de Marrakech. Le son de cet album est très particulier, comme s’il s’agissait d’un 33 tours… L’audition des jeunes générations n'est-elle pas déformée par les sons de type MP3 ? Il faut vivre avec son temps, mais je remarque, dans la consommation des amateurs de musique, qu’ils reviennent énormément au vinyle. Pas très loin de La Baule, j’ai vu un point de vente qui avait plus de vinyles que de CD ! On a perdu des choses assez authentiques, pas seulement dans la musique mais dans de nombreux autres domaines aussi. Il y a une vingtaine d’années, il y avait une segmentation importante entre les amateurs de musique, alors qu’aujourd’hui les jeunes ont sur une même liste d’écoute Chuck Berry et David Guetta… Il n’y a pas de mauvaises musiques, il y a des mauvais compositeurs et je pense que chaque style musical est un voyage. J’écoute des musiques folkloriques, j’adore la musique cubaine, j’aime le jazz, j’écoute beaucoup de musique classique... Ma playlist est aussi assez éclectique. Vous donnez des centaines de concerts chaque année dans