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Société des Sciences Naturelles
de la Charente-Maritime
Mercredi 7 octobre 18h
1945° séance
Présidence de Pierre Miramand
- 96 participants Conférence :
Sous les éléphants, les dinosaures.
Le site paléontologique d’Angeac-Charente
animée par
Jean-François Tournepiche,
Conservateur Muséum Angoulême
La découverte du plus grand dinosaure d’Europe en Charente, relatée dans un article du Figaro Magazine en octobre
2010 est significatif du début de la grande aventure du site d’Angeac.
Avant 2010, aucune personne n’aurait parié sur la présence de ces fossiles dans la vallée de la Charente. Dans les
alluvions, on trouvait la faune du Pleistocène avec entre autre des restes d’éléphants antiques qui vivaient entre 100 et
120 000 ans. En 2008, à Angeac est découverte une vertèbre qui ne pouvait appartenir qu’à un dinosaure. D’où venait
une vertèbre dinosaure parmi les éléphants ?
Deux ans plus tard, après enquête dans les inventaires datant de la fin
du 19° siècle (Société d’Archéologie), il se confirme que la vertèbre
appartient à un dinosaure Sauropode, quand le carrier apporte un
« gros os » : un ossement de dinosaure extrait des argiles noires sous
les
sédiments
fluviatiles.
La présence de la nappe phréatique pose des difficultés techniques
pour l’exploration du site. En été, avec un niveau d’eau abaissé,
s’organise une fouille sur 15m 2, l’extraction d’un fémur de dinosaure,
le plus grand jamais trouvé sera le point de départ d’un projet de
recherches sur un site de 5000 m 2, avec depuis cinq ans des
découvertes incessantes.
Où trouve-t-on des dinosaures en Poitou-Charentes ? Datant du Lias, début du Jurassique -190 millions d’années - sont
découverts en 1960, à la Pointe du Veillon (Vendée), des empreintes de dinosaures carnivores. Les couches à dinosaures
d’Angeac (Charente) se trouvent à l’interface Jurassique-Crétacé supérieur. Le Crétacé inférieur correspond pour le
département à une longue période continentale de 40 millions d’années, la strate affleure dans la vallée de la Charente,
elle est recouverte de sédiments tertiaires et ennoyée.
Le monde au Crétacé : la Pangée primitive est éclatée, l’archipel européen est en contact avec l’Amérique du Nord. Au
Crétacé inférieur le niveau de la mer baisse, la plaque ibérique va venir emboutir l’Armorique, la région est sous une
latitude tropicale. La carrière de Cherves de Cognac montre des vestiges d’une lagune marine - 143 millions d’années
(Berriasien) - où le gypse alterne avec des argiles et marnes. Les fossiles y sont caractérisés par une « foule » de
crocodiles : Goniopholis, Pholidosaurus,Bernissartia, des tortues, des poissons, des dents de dinosaures, des troncs
d’arbres et des microrestes : plus de 50 000 spécimens montrant la diversité biologique dont des dents de mammifères,
50 espèces appartenant à des groupes disparus de 145 millions d’années.
A Angeac, la découverte du fémur a permis d’inaugurer une nouvelle phase de recherches comportant d’une part les
fouilles avec le travail scientifique sur la datation, l’environnement, les faunes, les flores et les publications ; d’autre part
la conservation avec la préparation et la gestion des collections obligeant à créer un statut juridique pour les restescollection des Musées de France- et enfin la valorisation avec l’accueil du public, les conférences, le monde scolaire et la
28 rue Albert 1er – 17000 La Rochelle. Tél. : 05.46.31.87.17 [email protected]
Fondée en 1836 – Reconnue d’utilité publique depuis 1852 – Agréée au titre de l’environnement-département de la Charente-Maritime
www.societesciences17.org
Société des Sciences Naturelles
de la Charente-Maritime
muséographie. 350 articles de journaux font le récit du chantier d’Angeac-Charente, un chantier de fouilles qui s’ouvre
chaque été, non protégé par la loi comme l’archéologie, aucune subvention attribuée, il faut trouver des financements
auprès des collectivités locales, les carriers, les musées….Pour atteindre la strate à fossiles, il faut enlever les couches
récentes datant de 100 000 ans, travail effectué par les carriers avec leur matériel. Puis c’est l’organisation du chantier
pour accueillir 50 personnes pendant un mois tous les jours, un camp de toiles se met en place : les fouilleurs fouillent
une surface de 30 à 40 m2, les scientifiques étudient, les visiteurs visitent -2500 cette année- guidés par des étudiants.
Tous les ossements découverts sont soit dégagés ou seront enfouis, dans chaque cas un relevé est fait pour leur
localisation dans le site (pendage, direction), un important travail de collecte de données, les « grandes pièces » récoltées
sont placées dans des coques en plâtre. En fin de chantier le site est noyé.
Il y a 130 millions d’années (Hauterivien-Barrémien), la Charente était une plaine marécageuse tropicale qui ressemble
aux bayous avec des rivières, des étangs, des petites îles. A Angeac vers – 130 / -135 millions d’années c’est une plaine
continentale inondable. Une transgression marine se produira au Cénomanien vers -95 MA.
La flore de l’époque, donc les restes d’arbres, mêlés à des cristaux de pyrite de fer, sont essentiellement des
gymnospermes, des conifères type araucaria ou cyprès chauve.
La faune fossile d’Angeac demande des études taphonomiques poussées pour comprendre la genèse du gisement.
L’objectif est de reconstituer l’histoire des os retrouvés, pour cela il est nécessaire de récolter tous les fragments d’os.
Selon qu’il s’agisse d’animaux terrestres ou aquatiques, l’histoire n’est pas la même. Certaines parties anatomiques sont
surreprésentées (os du bassin), d’autres sont brisées ou présentent des traces d’usure.
Les animaux vivants dans la nappe d’eau douce sont les Pliosaure, Requin hybodonte, Lepidote, Caturces, Pycnodonte.
Les amphibiens sont représentés par les crocodiles (les mêmes qu’à Cherves) et Gonophiolis, les tortues par
Pleurosternon Solemys…
Du Sauropode le fossile le plus spectaculaire, plus de 40m de long, toutes les parties du squelette ont été trouvées :
dent -13cm-, vertèbres caudales, péroné, omoplate, sacrum -1,50m sur 1,50m-, humérus, griffe, et l’humérus de 2,2m de
long trouvé en 2010. Une collecte de documents a été réalisée sur les conditions de la découverte, sans oublier la
réalisation du moulage en résine.
L’Iguanodon dont on ne retrouve que des dents -13/14 cm- Carcharodontosaure : grand dinosaure européen carnivore
serait venu sur le site pour s’alimenter, ainsi nommé car, comme chez les requins, ses dents perdues sont remplacées.
Le Stégosaure : forme archaïque des dinosaures.
Le plus abondant : l’Ornithomimosaure d’Angeac-Charente ressemble à une autruche, 3,50m de haut, une queue droite,
un bec sans dent, des membres avant sans doute réduits (aucun reste). Des « mimo » trouvés en Angleterre ont permis
de reconstituer l’animal entier.
Dès le 19° siècle, avec l’archéoptéryx, une hypothèse formule que des dinosaures avaient des plumes.. Extinction des
dinosaures ?... Une branche donne les oiseaux qui s’installent dans toutes les niches écologiques ...
Les microrestes sont composés de reptiles, poissons, ptérosaures, et le trésor : les 6 dents de mammifères retrouvées
sur ce site exceptionnel de seulement un mètre d’épaisseur.
Un site qui crée du lien social. La science, la culture font partie du quotidien, les gens du lieu se sont appropriés le site.
Citons la « confrérie du grand sauropode » qui compte 150 personnes et rassemble 80 personnes pour un dîner
paléontologique, une reprise des traditions avec musiciens, conférence… Une autre valorisation envisagée : une
exposition et JF Tournepiche n’omet pas de nous montrer les illustrations de Mazan auteur de « Mimo le héros ».
Une assemblée stupéfaite et conquise, en écoutant ce récit extraordinaire de la découverte de fossiles emblématiques,
un très grand merci à Jean-François Tournepiche, responsable du chantier de fouilles d’Angeac.
Rappelons qu’il est possible de visiter le chantier en été.
Martine Gachignard
Secrétaire
28 rue Albert 1er – 17000 La Rochelle. Tél. : 05.46.31.87.17 [email protected]
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