Les officiers supérieurs de l`arme blindée française dans la Seconde
Transcription
Les officiers supérieurs de l`arme blindée française dans la Seconde
Les officiers supérieurs de l’arme blindée française dans la Seconde Guerre Mondiale 1ère partie : les débuts de l’Arme Blindée - Cavalerie (1940-41) Au début de la Seconde guerre mondiale, au moment du cataclysme de mai à juillet 1940, les futurs héros de la Libération, qui s’illustreront trois ans plus tard à la tête des divisions blindées françaises libérant le territoire national, sont inconnus du grand public. Retracer l’histoire de ces hommes et leur parcours à travers le conflit est un voyage dans l’épopée de l’arme blindée française. Il n’est pas nécessaire de remonter le temps jusqu’au premier conflit mondial et au personnage fondateur de l’utilisation des chars en France que fut le général Estienne, qui forgea l’arme de la victoire de 1918. Après la guerre, son influence et sa doctrine périclitèrent, malgré les manifestations de ses disciples (Delestraint, De Gaulle). Lors de la Campagne de France, les chars, séparés entre chars de cavalerie et chars d’infanterie, ces derniers dispersés par bataillon au sein des armées et asservis au rôle d’accompagnement de l’infanterie, furent desservis par une doctrine d’utilisation périmée et ne purent pas s’opposer à l’arme blindée allemande. Cette campagne perdue fut cependant une riche expérience pour de nombreux cadres. Après le « Grand Déménagement » en Afrique du Nord, la naissance de l’Arme Blindée Cavalerie (ABC) a une histoire bien connue (le décret du 10 octobre 1940) et un parrain aujourd’hui célèbre (le général de Gaulle). Mais, au-delà de ces deux éléments connus du grand public, cette naissance s’est déroulée dans un contexte complexe, qui a fortement influé sur le destin des officiers supérieurs de cette arme. Le plan de réarmement n°1 La définition du Plan de réarmement n°1 (été-automne 1940) a profondément influencé la naissance de l’ABC. Ce plan, élaboré par l’état-major de la Défense nationale sous l’autorité du major-général Doumenc et des chefs d’état-major de la Défense, les généraux Huntziger puis Noguès, est présenté et validé en Conseil de Défense Nationale dès le 17 septembre 1940. Il décrit le nombre et le type de grandes unités que l’armée française doit remettre sur pied, en utilisant les troupes évacuées de Métropole, les ressources humaines de l’Empire et les industries de guerre des Etats-Unis et du Commonwealth, dans le but de revenir sur le continent européen à l’été 41 ou au printemps 42. Ce plan prévoit, entre autres, la mise en place de six divisions cuirassées (DC) et trois corps d’armée cuirassés avec leurs EOCA, incluant trois groupements de reconnaissance de corps d’armées (GRCA). Les DC doivent être organisées selon le nouveau TOE, proche de l’ancien (celui des DCR) mais très renforcé en infanterie mécanisée et artillerie (mortiers, artillerie antiaérienne, artillerie anti-char). Le personnel de ces divisions doit provenir des spécialistes de la nouvelle ABC, issus des chars de cavalerie et d’infanterie du printemps 40, la plupart évacués de métropole et ayant accumulé une grande expérience dans les campagnes des Flandres et de France, les autres issus de l’armée d’Afrique et formés dans la campagne de Libye. Ces unités seront le fer de lance des futures offensives de reconquête. Le plan prévoit de mettre sur pied dès l’hiver 1940 les quatre premières DC, suivies par les deux autres au printemps 1941. Dès cette époque, de nombreux responsables (au premier rang desquels Doumenc et De Gaulle) savent que le Plan de réarmement n°1 est de toute évidence irréalisable, car il dépasse de loin les moyens disponibles dans le délai imparti : - moyens humains, tant en encadrement européen pour les divisions africaines qu’en spécialistes (artilleurs, opérateurs radios, équipages de chars, etc.) ; - moyens matériels, qui dépassent à la fois les capacités de production que nos alliés veulent bien consacrer à l’équipement des armées françaises et les capacités financières françaises pour acheter ces équipements ; - délais nécessaire pour organiser autant d’unités, largement supérieur aux 12 à 18 mois prévus. Mais l’impératif politique et stratégique d’afficher de grandes ambitions emporte tout et ce plan est adopté. Les premières nominations L’organisation prévue pour les unités de l’ABC impose de bien choisir l’encadrement supérieur de cette nouvelle arme. Plusieurs éléments majeurs entrent alors en ligne de compte : - De Gaulle souhaite un renouvellement complet des grands commandants pour se débarrasser des perdants du printemps 40 et amener une nouvelle génération, plus jeune, plus offensive (plus malléable aussi ?) aux commandes. Mais le haut commandement de l’armée s’oppose à ce qui pourrait s’apparenter à une purge et lutte pied à pied pour rester dans les traditions. Il faut trancher, et le résultat est le “Vendémiaire des généraux” d’octobre 1940. - La naissance de l’ABC par fusion d’hommes et d’unités provenant de la cavalerie et de l’infanterie impose de créer une nouvelle arme en mariant les traditions des deux corps et en respectant autant que possible une stricte parité dans les nominations (au moins dans un premier temps, en 1940 et 1941). - Les besoins immédiats imposent de nommer : un inspecteur général de l’ABC assisté d’un aide-inspecteur général, en sachant que le commandement du futur premier corps d’armée cuirassé est promis à l’inspecteur général (et le second à l’aideinspecteur général…) ; quatre commandants de DC (les deux autres doivent être nommés en 1941 quand les matériels disponibles permettront d’envisager la création des deux dernières DC) ; trois commandants de Groupe de Reconnaissance de Corps d’Armée (GRCA). Plusieurs des meilleurs officiers supérieurs français spécialistes des chars ne sont pas disponibles pour occuper les hautes fonctions auxquelles leur expérience semblait les prédestiner : le général Prioux (ancien inspecteur général de la cavalerie et commandant du Corps de Cavalerie en mai 1940), devenu commandant de la Ière Armée, a été fait prisonnier le 29 mai à Lille ; le général Buisson (ancien commandant de la 3e DCR puis du “groupement Buisson”) a été capturé par l’ennemi en juin à Retourne. Enfin, le général Keller, ancien inspecteur général des chars de l’infanterie, a remplacé le général Delestraint début septembre 1940 aux Etats-Unis en tant que responsable des constructions de matériels français en Amérique. Le poste stratégique d’inspecteur général de l’arme blindée – cavalerie est confié au général Delestraint. Le général Charles Delestraint a été un des théoriciens de l’utilisation des chars pendant les années 30, en digne disciple du général Estienne. Promu général de brigade fin 1936 et placé dans le cadre de réserve en 1939 (pour raison d’âge), il est rappelé à la déclaration de guerre et sert comme commandant des chars de la 7e armée, puis comme aide-inspecteur des chars (adjoint du général Keller, il œuvre alors à la mise en place des premières DCR). À partir du 2 juin, il commande le Groupement Cuirassé (2e DCR et 4e DCR, qui, malgré ses demandes, ne sont pas utilisées ensemble, mais successivement dans l’attaque de la poche d’Abbeville). Pendant la retraite vers la Loire, puis vers le Massif Central, Delestraint s’illustre à la tête de la dernière grande unité blindée française (le Groupement Blindé Delestraint) dans une tactique de harcèlement mobile des avant-gardes et des convois de ravitaillement allemands. Le 26 juin, il est légèrement blessé dans les combats sur la Creuse. En juillet, De Gaulle lui confie la mission stratégique d’aller superviser aux Etats-Unis la mise en place à Savannah de l’usine construisant les futurs chars français. En raison de sa conduite exceptionnelle pendant la campagne de France, il est nommé général de division le 14 juillet 1940. Au-delà de ses éminents mérites, qui en font un candidat naturel pour ce poste, Delestraint partage une même conception de l’utilisation des chars avec De Gaulle, qu’il connaissait bien, leur confiance et admiration mutuelles s’étant forgées lors de leur séjour commun en 1937 à Metz 1. Le poste d’aide-inspecteur général, pour une bonne parité, doit échoir à un (ex) cavalier : c’est le général Langlois qui est nommé. Commandant la 3e DLM au début du conflit, il sert en Belgique au sein du Corps de Cavalerie et s’illustre lors des combats de Hannut (12-14 mai), où sa division retarde le Corps motorisé de Hoepner. À la mort du général Billotte, il succède au général Prioux à la tête du Corps de Cavalerie et réussit à extraire celui-ci de la poche de Dunkerque ; rapatrié en Bretagne via l’Angleterre, il prend la tête du Corps de Cavalerie reconstitué (mais diminué) en juin 1940 et s’illustre dans les combats de retardement qui permettent à l’Armée de Paris et à la Xe Armée de reculer en bon ordre sur la Loire. Il continue de commander ce corps d’élite lors des combats sur la Loire puis dans la retraite vers la Charente. En raison de sa conduite exceptionnelle pendant la campagne de France, il est nommé général de division le 14 juillet 1940. Il est prévu de confier les quatre premières DC aux généraux Welvert (1ère DC), Bougrain (2e DC), Perré (3e DC) et de La Font (5e DC) 2. – Le général de brigade Marie-Joseph-Edouard Welvert a pris le 31 mai le commandement de la 1ère DCR, qu’il devait réorganiser après sa destruction, entre le 15 et le 20 mai, lors de la percée allemande. Avec cette “nouvelle” 1ère DCR, il couvre le repli de la VIIe Armée de l’Aisne jusqu’à la Marne. À partir du 13 juin, Welvert prend le 1 Delestraint commandait la 3e brigade de chars, à laquelle appartenait le 507e régiment de chars, commandé par De Gaulle 2 Les deux DC prévues pour être formées en 1941 doivent être les 4e et 6e DC ; la raison de la rupture dans la numération n’est pas connue. commandement du Groupement Welvert, regroupant les restes des 1ère DCR, 4e DLM et 1er BCC. À sa tête, il couvre la retraite de la VIIe Armée jusqu’à la Loire. – Le général de division Gabriel-Marie-Joseph Bougrain commandait au début des opérations la 2e DLM du Corps de Cavalerie, avec laquelle il combat en Belgique et dans le Nord, puis au sein du Corps de Cavalerie reconstitué entre Seine et Loire. – Le général de brigade Perré était, lors de l’offensive allemande du 10 mai, le second du général de brigade Bruché, commandant la 2e DCR (avec le titre de “commandant l’infanterie et les chars”). Après la destruction de la 2e DCR entre Sambre et Oise, il succède le 25 mai à son chef à la tête de la 2e DCR en reconstitution. Il commande cette unité lors de l’attaque contre la tête de pont d’Abbeville, puis couvre la retraite de la Xe Armée jusqu’à la Seine. Il reste ensuite à la tête de sa 2e DCR au sein du Groupement Delestraint. Sa nomination comme général de division le 14 juillet 1940 se heurte à un refus de De Gaulle : Perré a toujours critiqué violemment ses positions et n’a cessé de défendre dans ses discours et articles le principe du char d’accompagnement d’infanterie. De plus, il est de notoriété publique qu’il était très proche de Pétain. Néanmoins, aucun autre candidat valable issu de l’infanterie ne se dégage. Pour l’heure, le général (de brigade) Perré doit se contenter d’être nommé « à titre provisoire » à la tête de la 3e DC. – Le général de brigade de La Font commandait en mai 1940 la 5e brigade légère mécanique de la 3e DLM, avec laquelle il s’illustre à Hannut. Début juin 1940, il succède au général de Gaulle à la tête de la 4e DCR, qu’il dirige pendant toute la retraite, de la Seine jusqu’au Massif Central. Brillant officier, homme de la cavalerie ayant acquis une expérience dans les chars de l’infanterie, il est le candidat idéal pour commander une DC : lui aussi est nommé général de division le 14 juillet 1940. Les trois premiers GRCA sont confiés à des ex-cavaliers, les généraux Geoffroy du Bois de Beauchesne (1er GRCA) et Clouet des Perruches (6e GRCA) et le colonel Leyer (2e GRCA). La constitution des grandes unités Chacune des futures grandes unités reçoit une zone de regroupement et de réorganisation vers laquelle les effectifs, puis les matériels, sont dirigés : Oran (1ère DC), Alger (2e DC), Casablanca (3e DC), Constantine (5e DC), Bizerte (1er GRCA), Fès (2e GRCA), Gabès (6e GRCA). Dans sa zone de réorganisation, chaque unité regroupe et entraîne progressivement ses hommes, prenant en main son matériel au fur et à mesure qu’elle le reçoit. Pour bien comprendre la naissance de ces unités, il faut se souvenir qu’il a fallu beaucoup de temps pour que derrière le nom de chaque régiment, on retrouve les effectifs théoriques, et encore plus de temps pour que l’équipement soit complet… et maîtrisé ! La 1ère DC du général Welvert est la première à être réorganisée, avec des personnels ayant vécu l’expérience de la campagne de France, essentiellement des équipages des chars de l’infanterie (ayant servi dans les 1ère, 2e et 3e DCR mais aussi dans divers BCC) ; elle est aussi la première à recevoir son matériel neuf américain. Dans sa première organisation, elle conserve un tableau d’organisation très proche de celui des DCR de juin 40. Sa 1ère Demi-Brigade de Chars de Combat (colonel Sudre) comprend les deux bataillons du 501e Régiment de Chars de Combat, le 1er BCC du commandant Warabiot et le 2e BCC du lieutenant-colonel Malaguti, chacun équipé de 45 chars. Sa 2e Demi-Brigade (colonel de Brauer) est organisée sur le même schéma, avec le 503e Régiment de Chars de Combat à deux bataillons (3e BCC du commandant Poudroux et 4e BCC du commandant Langlade). L’infanterie portée a été renforcée par rapport aux DCR et comporte désormais deux régiments : le 7e et le 15e Régiments de Dragons Portés, tous deux à deux bataillons. L’artillerie de la division est composée des 309e et 322e Régiments d’Artillerie Tractée Tout-Terrain (RATTT). Le 322e, premier formé, est commandé par le colonel Chaudessoles. Enfin, un groupement de reconnaissance de division cuirassée, créé sur la base du 10e Régiment de Cuirassiers, complète la division. La 2e DC du général Bougrain est organisée sur un modèle assez similaire, mais avec des origines et une culture très différentes. Son noyau dur, en effet, est mis en place à partir des unités de chars de l’armée d’Afrique et du corps expéditionnaire du Levant, qui ont toutes combattu en Libye. Sa première demi-brigade de chars (8e Demi-Brigade, sur base du 521e Régiment de Chars de Combat), sous le commandement du lieutenant-colonel Philippe de Hautecloque, comprend les 61e et 65e BCC (avec chacun 45 chars) ; sa seconde demi-brigade de chars (6e Demi-Brigade, sur base du 522e Régiment de Chars de Combat) est sous les ordres du colonel Maître et comprend les 62e et 63e BCC (même équipement). L’infanterie portée comprend deux régiments : le 3e Régiment de Chasseurs d’Afrique portés du lieutenant-colonel Flipo, à trois escadrons, et la 6e Demi-Brigade de Chasseurs Portés (4e et 17e BCP). L’artillerie est composée du 305e RATTT (commandant Ferrieu) et du 2e Régiment d’Artillerie Coloniale Tractée. Le groupement de reconnaissance de division cuirassée, créé sur base du 4e Régiment de Chasseurs d’Afrique (lieutenant-colonel Hallier), complète la division. La 3e DC est regroupée sur un modèle plus “cavalerie”, en hommage aux exploits du Corps de Cavalerie en Flandres et France ; le fait que son chef « provisoire », le général Perré, soit un ancien des chars de l’infanterie vient marquer l’esprit d’équilibre et de parité. Ses chars sont articulés en deux régiments, le 1er Régiment de Cuirassiers du colonel Rabanit et le 13e Régiment de Dragons du lieutenant-colonel Juin de Baisse, chacun à quatre escadrons (de M2A4). L’infanterie portée est à deux régiments, les 4e (lieutenant-colonel Amanrich) et 11e Régiments de Dragons Portés. L’artillerie est fournie par les 71e et 319e RATTT. Le GRDC est fourni par le 6e Régiment de Cuirassiers. La 5e DC du général de la Font suit un modèle mixte. Ses chars sont articulés en deux régiments, le 2e Régiment de Cuirassiers (à quatre escadrons) du colonel de Vernejoul et le 507e Régiment de Chars de Combat (à deux bataillons) du colonel Roche. L’infanterie portée est à deux régiments, le 1er Régiments de Dragons Portés (colonel de Bellefon) et la 1ère Demi-Brigade de Chasseurs Portés (1er et 8e BCP, colonel Revouy). L’artillerie est fournie par les 76e et 329e RATTT. Le GRDC est fourni par le 8e Régiment de Cuirassiers. En parallèle, se mettent sur pied les groupements de reconnaissance de corps d’armée “nouvelle formule”. Le 6e GRCA du général Clouet des Perruches est le premier de ces nouveaux GRCA mis sur pied, sur la base des unités motorisées de l’ex 6e DLC 3 présente en Tunisie en juin 1940 et ayant combattu en Libye à la pointe de l’offensive française. Dans un premier temps, il reprend les automitrailleuses du 1er Régiment de Chasseurs d’Afrique (colonel Dor de Lastour), l’infanterie portée du 2e Régiment de Chasseurs d’Afrique (lieutenantcolonel Adol), et l’artillerie du 1er Régiment d’Artillerie Coloniale Tractée. Le 1er GRCA du général de Beauchesne suit, formé en partie sur la base des régiments de cavalerie d’Afrique passés du cheval au moteur, qui accueillent de nombreux spécialistes d’active évacués de métropole. Ce processus, partant de plus loin, prend plus de temps et le 1er GRCA ne peut pas être opérationnel avant l’été 1941. Les automitrailleuses sont regroupées au sein du 2e Régiment de Spahis Algériens et l’infanterie portée dans le 3e Régiment de Spahis Marocains. Le 2e GRCA du colonel Leyer suit la même genèse que le 1er GRCA. Les automitrailleuses sont regroupées au sein du 5e Régiment de Chasseurs d’Afrique et l’infanterie portée dans le 4e régiment de spahis tunisiens. Le choc des réalités : la pénurie d’équipements L’hiver 1940-41 marque la fin des illusions sur une réorganisation rapide des grandes unités de l’arme blindée cavalerie. Le tri et le regroupement des hommes évacués de métropole prend plus de temps que prévu ; la mise en place des camps où logent ces hommes, la “simple” organisation logistique pour leur assurer des conditions de vie satisfaisantes (tentes, habillement, nourriture, hygiène…) prennent des mois ! Le regroupement et la formation des équipages sont longs et le passage de chars légers ne demandant qu’un équipage de 2 (R-35) ou 3 hommes (S-35) à des chars américains exigeant 4 hommes d’équipages (M2A4) allonge encore les délais. Dans le même temps, le rêve américain montre ses limites : les Etats-Unis ne sont pas le marché à ciel ouvert où puiser immédiatement armes, matériels et munitions dont beaucoup rêvaient ! Les matériels prévus arrivent, mais plus lentement qu’espéré. Si le matériel “civil” (camions, motos, etc.) est fourni relativement vite, il en va tout autrement pour les matériels purement militaires, et en particulier les chars M2A4 et les semichenillés M2/M3. Sans doute, les 30 premiers chars légers M2A4 sont arrivés très vite au cours de l’été 40, assez vite pour être engagés au cours de la campagne de Libye ; mais cette rapidité était due au fait que ces matériels avaient été prélevés sur les stocks de l’US Army. Les premiers chars fabriqués pour répondre à une commande française ne sortent de l’usine Baldwin qu’en septembre et arrivent en AFN en octobre ; dans un premier temps, les cadences de fabrication sont lentes (15 par mois les deux premiers mois). 3 D’où son numéro : 6e GRCA pour 6e DLC, même si, chronologiquement, c’est le premier opérationnel… En janvier 1941, sur les 630 chars M2A4 commandés par la France, 285 ont été fabriqués et 200 ont été reçus en AFN : en comptant les chars perdus au combat en Libye et ceux victimes d’accidents d’entraînement, seuls 185 chars ont rejoint les DC (95 à la 1ère DC ; 50 à la 2e DC ; 35 à la 3e DC), ce qui a entraîné un retard dans l’attribution des matériels à la 5e DC, sans parler de la mise en place de la 4e DC, encore au point mort. Mais à partir de cette date, les usines tournent à plein régime (90 à 95 chars par mois) et les engins sont en général disponibles en AFN un mois après leur sortie d’usine. Malgré les pertes en Corse (38 chars détruits), fin mars 1941, les deux premières DC disposent de leur dotation complète et la 3e DC dispose de la dotation normale d’une brigade sur deux. La 3e Brigade Mobile de la Légion Etrangère a reçu sa dotation normale en chars M2A4 et commence son entraînement. En parallèle, deux bataillons, les 64e et 66e BCC, sont mis sur pied pour opérer comme éléments organiques de corps d’armée d’infanterie (ils seront progressivement équipés de chars d’infanterie cédés par les Britanniques). La fourniture de semi-chenillés M2/M3 est encore plus lente, car le programme est nettement moins avancé que celui du char léger M2A4 : quand la France s’y intéresse en juin 1940, seul existe le prototype T14, non encore standardisé par l’US Army. L’intérêt de la France accélère ce processus de standardisation qui s’achève en août (avec les versions M2 comme tracteur d’artillerie et M3 comme transport de troupes), mais les premiers modèles ne sortent d‘usine qu’en décembre, si bien que début 41, ces matériels sont encore rares en AFN : l’artillerie des DC est encore trop dépendante des rares et vieux tracteurs évacués de métropole, l’infanterie portée est encore dotée de camions (camions neufs américains à 6 roues motrices cependant). Ces difficultés par rapport aux prévisions du plan de réarmement n°1, si elles ne sont pas vraiment une surprise pour le commandement, entraînent des délais dans la mise sur pied des deux DC suivantes : en raison du maintien des hommes du 68e BCC au Levant (au sein du 6e RCA) et des CACC en Corse et Sardaigne, la 5e DC manque de spécialistes et de matériels ; la 4e DC commence à peine son regroupement et son instruction au second semestre 1941, sous les ordres du général Marteau 4 ; la mise sur pied de la 6e DC est reportée à 1942 (si les conditions le permettent …). L’ABC à l’épreuve des premiers combats (1941) La Corse L’invasion de la Corse, le 17 février 1941, impose l’envoi rapide de renforts. Le commandement français prend tout de suite la décision d’envoyer des chars en Corse : en effet, si le terrain se prête peu à de grandes offensives mécanisées, l’envoi de chars (que permet la maîtrise des mers par les Alliés) peut se révéler un avantage décisif face aux fantassins ennemis ; de plus, l’occasion est propice au test des nouvelles tactiques et à l’aguerrissement des équipages. L’urgence, la faiblesse des infrastructures portuaires et la menace aérienne ennemie empêchent néanmoins l’envoi d’une DC complète ; le terrain se prête d’ailleurs plus à la manœuvre d’une brigade. Dans ces conditions, dissocier la 1ère DC, à cette date 4 Ancien commandant de la 7e DLM dans la campagne de France en juin 1940. pratiquement prête et instruite à manœuvrer à l’échelle de la division, pour n’engager qu’une brigade, aurait été du gâchis. C’est donc à partir de la 2e DC qu’est constituée la brigade ad hoc expédiée en Corse. Cette brigade est placée sous le commandement du lieutenant-colonel Philippe de Hautecloque. Hautecloque, est à cette époque, l’officier dont la carrière a été le plus accélérée par la guerre et la rencontre avec De Gaulle. Cavalier émérite, partisan dès l’avant-guerre de la motorisation de son arme et ancien instructeur à Saint-Cyr, breveté d’état-major, le capitaine Philippe de Hautecloque a été affecté, à l’ouverture des hostilités, comme chef du 3e bureau à l’état-major de la 4e DI. Fin mai, celle-ci est encerclée à Lille, mais il refuse la captivité promise et obtient du général Musse l’autorisation de quitter l’état-major et de tenter de traverser les lignes allemandes. Après plusieurs jours de marche en solitaire, une blessure, une capture par une patrouille allemande et une évasion, il rejoint les lignes françaises et reprend sa place au front ; il est alors affecté à l’état-major du groupement Buisson avec lequel il s’illustre à Perthes. À nouveau blessé et fait prisonnier en Champagne (le général Buisson, lui aussi fait prisonnier, le citera dans son rapport en demandant de lui décerner la Légion d’Honneur pour son attitude exceptionnelle), il s’évade et rejoint une seconde fois les lignes françaises pour reprendre le combat. Son cas est signalé au général De Gaulle qui le rencontre, détecte immédiatement le chef d’exception, le promeut au grade de commandant et l’envoie en AFN, fin juin, comme son représentant personnel pour préparer l’offensive contre la Libye. Hautecloque participe à cette offensive, à la tête d’un, puis de deux BCC, menant ses D-1 à la manière des Panzers… Il est promu lieutenant-colonel à l’issue de la campagne de Libye et garde la tête de ses deux BCC incorporés à la 2e DC. Hautecloque, que toutes ses troupes et une bonne partie de la presse surnomment et surnommeront Leclerc 5, dirige en Corse le 61e et une partie du 65e BCC (qui arrivent en Corse en ordre dispersé, compagnie par compagnie, et qu’il lance sans attendre au combat), renforcés ensuite par un escadron d’automitrailleuses du 3e RCA. Malgré la défaite et les pertes matérielles, ses troupes se couvrent de gloire dans cette campagne. De retour en AFN fin mars 41, Hautecloque est promu colonel. La Grèce En mars 1941, c’est le front de Grèce qui demande l’envoi de renforts : le 6e GRCA est la première unité qui rejoint le Péloponnèse, mi-mars 1941. Une division cuirassée est nécessaire. La 1ère DC du général Welvert, prête, instruite, est le candidat idéal. Ses premières composantes arrivent en Grèce le 31 mars. À cette date, l’organisation de la 1ère DC a peu évolué, mais son matériel s’est enrichi. Sa 1ère Demi-Brigade de Chars de Combat (colonel Sudre) est toujours formée par le 501e Régiment de Chars de Combat à deux bataillons (1er BCC, commandant Warabiot, et 2e BCC, lieutenant-colonel Malaguti), chacun équipé de 45 M2A4 et 4 véhicules portemortiers VPM-81. 5 Il a pris ce pseudonyme à la suite de menaces allemandes contre sa famille, la propagande germanique prétendant qu’il avait « lâchement assassiné » ses gardes lors de son évasion. Les menaces furent abandonnées dans le courant de 1940, mais le pseudonyme devint surnom populaire. La 2e Demi-Brigade de Chars de Combat (colonel de Brauer) est centrée sur le 503e Régiment de Chars de Combat à deux bataillons (3e BCC du commandant Poudroux et 4e BCC du commandant Langlade), équipés comme les BCC de la 1ère Demi-Brigade. L’infanterie portée comprend deux régiments : le 7e Régiment de Dragons Portés à deux bataillons, majoritairement sur camions, sauf une compagnie sur semi-chenillés M3, avec 8 VPM-81 et une batterie automoteur antichar de 6 Bren carriers modifiés avec canons de 25 mm du 4e groupe automoteur antichar ; le 15e Régiment de Dragons Portés, lui aussi à deux bataillons renforcés de 8 VPM-81 et d’une batterie automoteur anti char. L’artillerie est elle aussi à deux régiments : le 322e Régiment d’Artillerie Tractée ToutTerrain du colonel Chaudessoles (24 x 75-mm et 12 x 120-mm) et le 309e RATTT (même équipement). Enfin, le groupement de reconnaissance de division cuirassée, créé sur base du 10e Régiment de Cuirassiers, comprend désormais deux escadrons d’AMD sur ChevroletThornton, un escadron de dragons portés sur le VTL Chevrolet-Thornton, une section de commandement, un BACA (5 x 47-mm sur camion Dodge), un BACA (léger) avec des M3 White armées de 5 x 37-mm et une batterie AA sur camions. L’expérience des premiers combats conduira rapidement (dès courant mai) à une évolution de l’organisation de la 1ère DC en deux brigades indépendantes, chacune formée autour d’une demi-brigade de chars renforcée d’un régiment de dragons et d’un régiment d’artillerie : la 1ère brigade est confiée au colonel Sudre, la 2e au colonel de Brauer. Sudre n’est pas un novice : ancien des chars de l’infanterie, il commande fin mai la 6e Demi-Brigade lourde de chars de la 4e DCR, sous les ordres de De Gaulle, et s’illustre à Péronne et Abbeville. Il conduit ses hommes dans les combats en retraite jusqu’à la Loire, avant d’être rappelé en AFN pour organiser la réception des spécialistes des chars évacués de métropole. De juillet à décembre 1940, il œuvre sans relâche pour organiser sa demi-brigade, partager son expérience et maintenir la flamme de la revanche. De Brauer a lui aussi une longue expérience, acquise d’abord en Belgique et aux PaysBas à la tête de la 1ère Brigade Légère Mécanique de la 1ère DLM, puis dans les combats sur la Loire. Au-delà de l’immense expérience opérationnelle acquise par les hommes et officiers de la 1ère DC dans leurs combats en Grèce, les combats sont coûteux en hommes et matériels. Le 9 juin 1941, le général Welvert, dirigeant à son habitude ses troupes d’un poste de commandement avancé, est tué à l’ennemi (son “command car” est mitraillé par un chasseur allemand). Le colonel Sudre, promu général de brigade (à titre temporaire), le remplace à la tête de la 1ère DC tandis que le colonel Malaguti prend le commandement de la 1ère brigade. Le lieutenant-colonel Warabiot commandera le 501e Régiment de Chars de Combat et le lieutenant-colonel Langlade le 503e. Le front de Grèce demande de plus en plus de renforts et en juin 1941, c’est une partie de la 2e DC qui rejoint le Péloponnèse : le 521e Régiment de Chars de Combat du colonel Dodart des Loges (61e et 65e BCC, à 45 chars M2A4 et 4 VPM-81 chacun), la 6e DemiBrigade de Chasseurs Portés (4e et 17e BCP sur camions avec 12 x 37 mm et 4 mortiers de 120 mm), le 305e RATTT du commandant Ferrieu (24 x 75 mm, dont un groupe sur Au-75) et le GRDC sur base du 4e régiment de chasseurs d’Afrique du lieutenant-colonel Hallier (sur AMD Chevrolet-Thornton). Le tout est rapidement organisé officiellement sous la forme de la 3e Brigade de Chars, sous les ordres du colonel de Hautecloque. Enfin, même si cela sort un peu du cadre de cette étude, notons tout de même la présence en Grèce, à partir du 2 juin 1941, du 64e BCC (commandant Séchet) avec 45 chars Valentine et 6 Scout-Cars BSA. Toutes ces unités sont engagées jusqu’à l’évacuation de la Grèce continentale. Leurs pertes sont importantes et le remplacement du matériel perdu (plus de 250 chars M2A4) et des hommes tués ou blessés va fortement grever les réserves et ralentir encore la constitution de la 4e DC. L’évolution du modèle Au cours de l’été 1941, les enseignements des combats en Grèce font évoluer le tableau d’organisation des DC vers une organisation en deux brigades pouvant être engagées de façon autonome. On a vu comment cette évolution s’est faite sur le terrain, pour la 1ère DC et la brigade Hautecloque. Elle est reproduite pour les formations restées à l’entraînement en Afrique du Nord. Ainsi, la seconde brigade de la 2e DC est confiée au colonel Maître. Les deux brigades de la 3e DC sont confiées respectivement au général de brigade Touzet du Vigier et au colonel Rabanit ; enfin, les deux brigades de la 5e DC sont confiées aux ex-colonels Roche et de Vernejoul, tous deux nommés général de brigade. Parmi ces chefs de brigade, deux méritent qu’on s’attarde sur leur cas. Le général JeanFrançois-Henri de Vernejoul, ancien combattant de l’Autre Guerre, commence le second conflit mondial comme adjoint du chef du 1er Régiment de Hussards, puis il prend le commandement du 1er Régiment de Cuirassiers de la 3e DLM le 1er janvier 1940. Il mène ses escadrons de Somua S-35 en Belgique, à Hannut, puis en retraite vers Dunkerque. Après l’évacuation de Dunkerque et la reformation du Corps de Cavalerie, il commande le 2e Régiment de Cuirassiers qui regroupe les derniers chars de la 3e DLM dans les combats en retraite vers puis sur la Loire, et couvre la retraite des armées de coupure en coupure (Cher, Charente, Dordogne) en juin et juillet. Colonel début mai, il fait partie des héros de la campagne de France. Proposé pour être nommé général de brigade dans la promotion du 14 juillet 1940, une cabale montée par des anciens des chars de l’infanterie, apparemment jaloux du nombre de cavaliers promus ce jour-là (et peut-être en représailles contre le refus du ministre de promouvoir le général Perré), a conduit le haut commandement à retirer son nom de la liste. Cantonné au commandement du prestigieux 2e Cuirassés, Vernejoul en fait le régiment le mieux instruit dans la manœuvre tactique de chars. Le 14 juillet 1941, sa nomination, « à titre temporaire », au grade de général de brigade accompagne sa prise de fonction à la 7e brigade de chars. Le général de brigade Jean-Alain Touzet du Vigier est un cavalier d’exception. Souslieutenant au 9e régiment de cuirassiers en 1914, il commence la Grande Guerre à cheval et se distingue immédiatement au cours d’une reconnaissance de cinq jours derrière les lignes ennemies, qui lui vaut une citation. Après la course à la mer, les cavaliers sont mis à pied et il connaît la guerre des tranchées, qui lui vaut plusieurs blessures. Après la victoire et un court passage au Maroc, il rejoint la mission française en Pologne, où il côtoie De Gaulle. Admis à l’Ecole Supérieure de Guerre en 1923, il passe par différents postes d’état-major et commence à prêcher la motorisation de son arme : il se fait ainsi remarquer par le chef d’état-major, le général Weygand 6. Au début des années 30, il est responsable des cours à l’école de Cavalerie de Saumur et prêche la motorisation à une génération de jeunes officiers qu’il retrouvera pendant la guerre (dont Hautecloque…). La mobilisation le trouve à l’état-major du Corps de Cavalerie, avant de prendre le commandement du 2e Régiment de Cuirassiers de la 3e DLM le 1er janvier 1940. Colonel début mai, il mène son unité au combat en Belgique, où il s’illustre à Hannut. Après l’évacuation de Dunkerque et la reformation du Corps de Cavalerie, il prend la tête de la 5e Brigade Légère Mécanique, qui regroupe les excédents des 1ère et 3e DLM lors de leur reformation sur un modèle allégé, conduit cette unité sur la Loire, l’arme (en “dévalisant” un dépôt) en unité de dragons portés et la dirige dans les combats défensifs sur le fleuve, puis dans la retraite jusqu’au Massif Central. Il fait partie des héros de la campagne de France. Evacué en AFN fin juin, il est nommé adjoint du commandant de la 3e DC en tant que “commandant des chars” et œuvre à la remise sur pied de cette unité, avant de prendre la tête de la 5e Brigade de Chars de la 3e DC le 1er juillet 1941. Le 14, il est promu général de brigade. La fin de la pénurie de matériel Après l’évacuation de la Grèce en juillet 1941, l’arme blindée française connaît une période plus calme, qui lui permet de panser ses plaies et de remplacer ses pertes en hommes et en matériel. C’est à ce moment que le matériel moderne, commandé en 1940 et produit aux Etats-Unis, se répand dans les unités et les divisions cuirassées sont servies les premières. Ainsi, le char M3-F, livré à partir de juin, devient le char léger de référence des divisions cuirassées. Les automitrailleuses AMD-37 Chevrolet équipent les Groupes de Reconnaissance. Les semi-chenillés M2 (comme tracteur d’artillerie mais aussi en canons automoteurs AU-75 ou anti-char AU-47 ou anti-aérien VAA-13) et M3 (comme transports de troupes) deviennent fréquents dans les régiments d’artillerie et d’infanterie portée des DC. Les canons automoteurs SAV-AU-41 commencent à arriver à la fin de l’automne 41. Enfin, le char moyen SAV-41, livré à partir de l’été, devient le char moyen standard des divisions cuirassées, remplaçant le M2A4 7 ; les 51 premiers SAV-41 sont envoyés en Indochine, au sein du Groupement Blindé Mobile Schlesser. Il faut ici s’arrêter sur la personnalité de Guy Schlesser. Engagé volontaire à 18 ans en 1914, il termine la Première Guerre Mondiale Chevalier de la Légion d’Honneur et 6 Weygand, dont la première affectation en tant qu’officier avait été dans l’unité commandée par le père de Jean du Vigier, a certainement connu le futur général dans ses langes … 7 Le M2A4 est alors relégué au sein des écoles et dépôts, ou envoyé dans des BCC indépendants, des BMLE et bientôt des compagnies de chars de certaines DI et DBLE. Un nombre non négligeable de ces chars sont aussi transformés par les arsenaux d’Alger et Bizerte en canons automoteurs chenillés (ARAL VPM-81 porteur d’un mortier de 81mm). titulaire de quatre citations. Devenu lieutenant-colonel, il est surpris par l’offensive allemande de mai 1940 en Belgique, où il est en mission en tant qu’officier de renseignement. Il prend le commandement du 31e régiment de dragons portés, se bat courageusement mais est blessé et fait prisonnier le 16 juin 1940. Dans la confusion des combats de cette période, il réussit à s’évader et rejoint l’Afrique du Nord en décembre 1940. Après un court passage dans les états-majors, il prend la tête du Groupement Blindé envoyé renforcer l’Indochine, où il s’illustre lors des combats de fin 1941-début 1942 contre les Japonais. Evacué sur ordre par un sous-marin, il est nommé général de brigade.