ANGE DE MAUX - Editions Persée

 ANGE DE MAUX
Nelsy Guérin
Ange de maux
Poésie
Éditions Persée
Du même auteur
Enjeux de mots, 2013, Éditions Persée
En Jeu : 2 mots !, 2014, Éditions Persée
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© Éditions Persée, 2016
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PRÉFACE
Cet ouvrage m’a travaillée plus de deux années et c’est non sans
inquiétude que je le soumets à ton étude, cher Lecteur. L’on m’a dit
souvent que la Poésie faisait peur, qu’elle rebutait. Sache que tu n’as
rien à redouter : je ne suis que l’écho de ton ego, la voix de ton moi.
Parce que nous avons tous failli, trahi. Parce que nous sommes tous
en vie…
Permets-moi de t’expliquer ce que j’ai voulu exprimer.
Le recueil se compose de deux grandes parties : « Maux d’anges »
et « Ange de maux ». Des parties qui forment un tout : le collectif
dépend de l’individuel, si le monde dans lequel nous vivons va si mal,
c’est parce que chacun de ses habitants souffre.
MAUX D’ANGES regroupe des poèmes engagés. Faisant référence à l’attentat du 7 janvier 2015 qui a révélé une France manipulée, désabusée, il souligne un problème très grave : l’intolérance
de laquelle nous pouvons faire preuve lorsque nous sommes prisonniers de notre moi, l’intolérance et ses incohérences, quand l’esprit si
étroit décroît, et fait proies de ceux qui ne croient pas comme lui…
L’homme est le seul coupable, non la religion et chacun de nous peut
dériver, délirer vers ces si terribles idées : articuler pour manipuler,
que l’autre capitule et se convertisse à mes goûts, mes lois, ma foi.
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En janvier 2015, nous avons été nombreux à défiler, à désirer cette
paix qui ne sera possible qu’une fois que chacun aura pris conscience
qu’il a son rôle à jouer dans la guérison de la société. Il faut travailler
sur soi d’abord, car la paix universelle ne peut résulter que de la paix
individuelle : « pour sauver le monde, il faut d’abord que je me sauve
moi/être l’ange de mes maux pour ne plus causer de maux à des
anges ».
ANGE DE MAUX invite le moi à se penser/panser dans des
poèmes lyriques ordonnés selon les différentes étapes d’un parcours
« psychanalytique ». Il s’agit d’un moi en souffrance, narcissique perverti qui retrace son voyage intérieur de la dépendance à la libération.
Aliéné par son amour, le poète prend conscience qu’il fait souffrir la
personne qu’il aime, et qu’il souffre soi-même. Cet attachement est
trop fort, trop douloureux ; il va alors lutter pour lâcher prise, laisser
cet autre qui ne l’aime pas, se sevrer pour le sauver. Ce dur combat
contre son ego va l’amener à se transcender et à renaître. Guéri, le
narcissique, magnifique, peut enfin se tourner vers les autres et leur
faire part de son expérience (voir « le son de voir »).
Je voulais montrer que si l’on pouvait se remettre en cause, accepter de voir ses travers, on pourrait venir à bout de la violence de ses
passions, et rectifier. Aucune relation ne doit être aliénation et souffrance. C’est le principal message que je voulais délivrer.
Narcisse est un personnage qui se prêtait très bien à ces vers,
il représente dans la mythologie et la psychanalyse le moi (voir en
annexe le commentaire du mythe d’Ovide).
On retrouvera également dans mes poèmes des thèmes plus
spécifiques : la métaphore du vers-papillon, cette métamorphose de
laquelle nous sommes tous capables : notre transcendance. L’arbre,
nos racines, la famille de laquelle nous ne sommes pas coupables
quand celle-ci n’est pas ce qu’elle devrait être. Notre arbre, notre
âme qui poussera malgré tout par les larmes et les bras amis. Les
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démons de l’addiction, de l’obsession, du déni, dangereux en cela
qu’ils sont invisibles mais pas invincibles une fois qu’on les cible.
Tous ces « encre-âges » à effacer avec l’aide du plus puissant
Correcteur : Dieu. Sa blancheur, splendeur et grandeur restent au
cœur de mes vers. De Sa Lumière Il m’a éclairée en me faisant don
de l’écriture, cette aisance à m’exprimer et à libérer mes émotions.
L’Amour, le vrai, mon Inspiration, ma Muse sans qui ces poèmes
n’auraient jamais été écrits, sans qui je n’aurais jamais guéri. « Il fatal ».
Et bien sûr, mon île natale qui porte si bien son nom : La Réunion.
Parce que ruinée, je me suis réunie. Parce que mon histoire ressemble
fort à la sienne, à la tienne peut-être ? Le parcours d’une enchaînée
qui se démène et se dé-chaîne.
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MAUX D’ANGES
De l’attentat du 7 janvier 2015
À tous les esprits en crise sous emprise
La vie râle, elle étourdit
Ceci n’est pas une fable : dans une société qui fourmille plus qu’elle
ne chante, on ne peut plus se permettre de jouer aux Cigales.
REINE DES NUES
Terre nid sûr : un asile bien fragile abritant foule d’habitants fous…
Reine des nues
J’traîne les rues
Idées en bulle, je déambule
Sonde de l’ombre cette foule trop floue
En ce monde d’ondes, de papiers
Ai pas pied, et pars piller
L’Inspiration éparse, pliée
Eparpillée, tard prie et
Aspirée par l’anesthésique
Neurasthénie
Dis leur des mots
Soufflés, boursouflés
– Des mots oubliés
Essoufflée
Et foulée par une boule de fous
Je sombre
Peinent les rues
Règnent les nues
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FRANCE-NEIGE…
Il était une Foi qu’on a souillée
Il était une loi qu’on a violée
– Mois de Nivôse, jour 7, an 2015
D’obscures précipitations glacent des cœurs.
De véloces nains féroces rougissent mes traits
Tant pètent, explosent mes particules
Que moi, l’Hexagone de cristal, je me brise.
J’échais échouée.
Les âmes glissent sur moi.
Terreur maculée
Tombent des flots cons de paroles, en l’air liquidés
État solide, je ne suis plus qu’os
Et tas de fumées d’hommes
Une traînée, de poudre révulsée
« France-Neige est nue, vers hanté d’in-sectes et de spectres
Frêle, grêle, elle gèle, éphémère Mère
La voilà partie, la patrie qui pâtit ! » dit-on.
Même froide, même roide, je vis car je suis
Embrassée par des milliers de petits bonshommes
que je continuerai de guider
Moi l’Étoile de Neige France
Manteau d’étain plombé, je scintille encore
Mes flocons sont cocons où tant d’habitants
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Cicatrisent, me cristallisent
Et demain s’envoleront
Libres
Une nouvelle Foi
La France se réveillera marrie de sa neige
Et beaucoup d’enfants vivront longtemps et heureux…
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