Histoire n°181 - Ardennes tiens ferme (pdf - 160,06 ko)

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Histoire
Passé militaire de notre ville
« Ardennes, tiens ferme ! »
Nos grands régiments 91e RI, 148e RI et 3e RG
En cette année de commémorations, bicentenaire du 3e Génie,
centenaire de la Grande Guerre,
soixante-dixième anniversaire
de la Libération, il est important
de rendre hommage aux régiments emblématiques des
Ardennes qui ont tenu garnison
à Mézières. Honneur à nos
soldats !
Le drapeau du 91e RI et sa garde descendent le Cours d’Orléans (Cours Briand) au début du XXe siècle
Le 91e : pendant 67 ans
le régiment de Mézières !
En avril 1940, à quelques jours de l’invasion,
les tranchées du 148e RIF à Dom-le-Mesnil
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N° 181 - juin 2014
Le 91e Régiment est l’héritier des régiments
de Barrois et de Conti. En 1792, le 91e, sous les
ordres du colonel du Merbion, fait partie de l’armée du Midi et occupe Nice. Le régiment a pris
part à de nombreuses campagnes : Sénégal
(1824-1832), Madagascar (1829), siège de
Rome (1849), Kabylie (1850-1854), siège de
Sébastopol (1855), campagne d’Italie,
Montebello et Solferino (1859), guerre francoprussienne (1870-1871) avec les batailles de
Gravelotte et Saint-Privat …
Le drapeau du 91e porte les noms de
grandes victoires : Iéna, 1806 – Eylau, 1807 –
Sébastopol, 1855 – Solferino, 1859 - la Marne,
1914 – Argonne, 1915 – l’Aisne, 1917-1918 –
Mont-Dieu, 1940.
Le 24 juin 1859, le 91e RI avait pour objectif
la tour de Solferino, surnommée « l’Espionne de
l’Italie », site stratégique entre Mantoue et le lac
de Garde, dans la plaine du Pô, à la limite de la
Lombardie et de la Vénitie. La bataille fait
17 000 tués et blessés dans le camp francosarde, 22 000 dans celui autrichien ; face à la
détresse des victimes, l’idée vient au Genevois
Henri Dunant de créer la Croix-Rouge.
Le 91e Régiment d’infanterie tient garnison à Mézières, à partir du 23 juillet 1873. Il
livre bataille contre l’envahisseur allemand à
Houdrigny près de Virton le 22 août 1914 et à
Beaumont-en-Argonne et Yoncq le 28 août.
Durant la guerre 1914-1918, le 91e RI perd
2 947 hommes. Le 25 avril 1919, le maréchal
Pétain remet la fourragère à son drapeau, sur la
place Carnot (aujourd’hui W.-Churchill), récompense que lui ont valu deux citations à l’ordre de
l’armée. En mai 1940, il défend les bois du
Mont-Dieu ; lors de la Campagne de France, du
10 mai au 25 juin 1940, 171 combattants du 91e
tombent pour la France. Le glorieux régiment
est dissout de 1945 à 1959. Le 6 mai 1962, le
drapeau du 91e RI, avant de gagner le Service
historique de l’Armée à Vincennes, est présenté
une dernière fois aux Macériens.
ues
r
s
o
n
e de
Histoir
Rue Jean-Bourguignon
Un détachement du 91e RI à l’entrée de la citadelle de Mézières au début du XXe siècle
Le 148e subit le choc
du Blitzkrieg en 40
La 148e Demi-Brigade voit le jour en 1793,
près de Bayonne. La 148e demi-brigade, fort
réduite, disparaît officiellement le 8 janvier 1797.
Sous le Premier Empire, le 148e régiment de
Ligne ne subsiste que quelques mois durant
l’an 1813. Le 148e RI, créé par la loi du 25 juillet
1887, augmente l’infanterie de 18 régiments
régionaux à 3 bataillons. Il tient garnison à Givet
et à Rocroi, participe à la bataille des frontières
en août 1914 dans la région de Dinant et va se
battre ensuite en Serbie (1915), Macédoine
(1916) puis participe à l’occupation de la
Turquie (novembre 1918). Dissout en 1919, le
148e Régiment d’infanterie de forteresse (RIF)
est formé à la mobilisation le 24 août 1939, son
3e bataillon – commandé par le commandant
Thomas – livre bataille à Dom-le-Mesnil et
Flize le 14 mai 1940. Le 148 déplore 84 tués
durant la Campagne de France, en mai-juin
1940.
236 sous-officiers et 2 797 sapeurs. Le 3e
Régiment du génie est historiquement basé à
Arras. Le 3e Bataillon du Génie arrive à
Mézières, en avril 1947.
Gérald Dardart
Historien du Premier Empire
Le 3e Génie créé
sous Louis XVIII
Le 3e RG est créé par ordonnance royale de Louis XVIII, le 22 mai 1814 et il
s’installe à Grenoble. Il fait plusieurs campagnes
dans le monde : expédition d’Espagne (1823) ;
expédition de Grèce (1828-1833) ; expédition
d’Algérie (1830-1837) ; campagne de Crimée
(1854-1855) ; expédition du Mexique (18621867) ; guerre franco-prussienne (1870-1871) ;
Extrême-Orient (1884-1885) ; Grande Guerre
(1914-1918) ; campagne de France (1940) ;
campagne d’Italie (1944). Neuf batailles sont
inscrites sur le drapeau du 3e Génie : Château
de Morée, Alger, Constantine, Sébastopol,
Extrême-Orient, Verdun-l’Aisne, la Somme, les
Flandres, l’Italie. Son drapeau est, par ailleurs,
honoré de la fourragère 1914-1918 et de la
Croix de Guerre 1939-1945. Le 24 juin 1859, à
Solferino, le lieutenant Blanchard, avec ses
sapeurs de la 3e compagnie du 2e bataillon,
retranchés dans une ferme, repousse plusieurs
attaques autrichiennes. Durant la Grande
Guerre, le 3e RG pleure la perte de 75 officiers,
Fils d’un représentant en commerce, Jean
Bourguignon voit le jour rue de Flandre, à
Charleville, le 7 avril 1876. Il étudie à l’école
des Hautes-Études de la Sorbonne. à l’âge de
20 ans, il participe à une Histoire militaire des
Ardennes, intitulée La Trouée des Ardennes.
Entre 1896 et 1901, Jean Bourguignon et
Charles Houin travaillent sur la vie d’Arthur
Rimbaud, ils publient une suite de sept articles
dans la Revue d’Ardenne et d’Argonne. En
1898, il aide Louis Pierquin, ami de Rimbaud,
pour la rédaction de sa biographie sur Pache,
le maire de Paris sous la Terreur. En 19001901, Bourguignon œuvre pour la création du
monument dédié à Arthur Rimbaud à
Charleville. Éclectique, il prouve ses dons
dans plusieurs domaines : journalisme, beauxarts, histoire ardennaise, histoire coloniale africaine…
Le drapeau du 3e Régiment du Génie et sa garde,
sur la place de l’Hôtel de Ville de Mézières, le 11
novembre 2013
Bibliographie succincte
Ë Docteur Chagnaud, ancien Médecin aide-major du
3e bataillon du 91e RI, Le 91e Régiment d’Infanterie
de Mézières, « Marche, vieux Régiment de
France », Journal de marche, 1er août 1914 – 31
juillet 1915, éditions de la Société des Écrivains
Ardennais, Mézières, Cahiers ardennais, n°16,
241 p., 1959.
Ë Colonel Kerriguy et Major Garnier, Le 3e Régiment
du Génie, de 1814 à nos jours.
Ë Colonel Manceron, Historique du 148e RIF, guerre
1939-1940, 5 cartes, 31 p., 1960.
Photos : coll. GDP
Il collabore au périodique littéraire Le
Sagittaire (1900-1901). De 1905 à 1908, il travaille à la réorganisation des archives et bibliothèques de la Marine. Vers 1906, il est
employé comme secrétaire de l’avocat, historien, célèbre numismate, homme de Lettres et
député de Savoie, Théodore Reinach (18601928). Sous le pseudonyme « Jacques
Doppet », il occupe le poste de rédacteur en
chef du Démocrate savoisien (1907-1917).
En 1915-1916, il est directeur de cabinet de
Paul Painlevé (1869-1933), ministre de
l’Instruction publique et des Beaux-Arts. En
1917, il devient conservateur des musées
napoléoniens, notamment celui de la
Malmaison (1917-1946) ; il dirige également le
musée de l’Armée aux Invalides. Il est appelé
comme membre de l’Institut, et est honoré de
la Légion d’honneur. Le 1er mars 1926, à Paris,
Jean Bourguignon épouse Mlle Josephine
Marie Thomsen. En 1953, Jean Bourguignon
communique de nombreux souvenirs à Pierre
Petitfils, biographe d’Arthur Rimbaud. Jean
Bourguignon décède à Rueil-Malmaison dans
les Hauts-de-Seine le 10 décembre 1953, une
rue de cette ville porte son nom. Jean
Bourguignon nous a légué plusieurs ouvrages
dont : Un Empereur de Russie dans les
Ardennes : le passage de Pierre le Grand à
son départ de France en
1717 (1902) ; Napoléon
Bonaparte (1936) ; Corvisart :
premier
médecin
de
Napoléon Ier (1937). Sa biographie de Rimbaud, ouvrage
de référence, a été réédité en
livre de poche.
Gérald Dardart
N° 181 - juin 2014
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