Approche théorique et juridique des relations internationales

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Approche théorique et juridique des relations internationales
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PARTIE I
Approche théorique
et juridique
des relations internationales
CHAPITRE 1
La théorie des relations internationales
CHAPITRE 2
Le droit des relations internationales : notions générales
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CHAPITRE 1
La théorie
des relations internationales
C’est au philosophe utilitariste britannique Jeremy Bentham que l’on doit le
terme « international » qu’il a pour la première fois utilisé en 1781 dans son
ouvrage Introduction to the principles of morals and legislation. Jeremy Bentham a
forgé cet adjectif pour caractériser une branche du droit, le droit international
qu’il a distingué des droits internes des États ou droits nationaux. La nouvelle
appellation à laquelle il recourait (international law) se substituait à l’ancienne
dénomination anglaise de « law of nations » dont les équivalents sont, en français, « droit des gens » et en latin « jus gentium ».
Selon Bentham, l’étude des normes régissant les relations entre les personnes au sein d’un même État relève du droit « national » de cet État. En revanche, les règles applicables à la conduite de personnes appartenant à des États
différents trouvent leur source dans la « jurisprudence internationale ». Cette
dichotomie était le reflet d’une réalité sociale caractérisée à la fois par l’affirmation des souverainetés des États nations et par le développement des relations
entre les personnes appartenant à ces États.
Jeremy Bentham s’intéressait essentiellement aux aspects normatifs des
relations internationales. Il ne cherchait pas à en présenter une théorie spécifique. Il les concevait d’abord comme des relations entre États et non comme
l’ensemble des relations transcendant les frontières des États, quelles qu’en
soient la nature et l’origine, étatique ou non.
Aujourd’hui la théorie des relations internationales s’efforce au contraire
de rendre compte de la diversité des faits internationaux, imputables ou non à
des États, indépendamment des règles juridiques qui leur sont applicables.
On peut distinguer, au sein de cette théorie, quatre approches principales :
– l’approche réaliste et néoréaliste envisage les relations internationales sous
l’angle du rapport de puissance entre des États souverains mettant en œuvre
des stratégies autonomes de défense et de promotion de leurs intérêts ;
– l’approche coopérative et fonctionnaliste met l’accent sur les tendances au
regroupement des sociétés nationales et à leur intégration pacifique au
sein du système international. On examinera dans le cadre de cette
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La théorie des relations internationales CHAPITRE 1
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approche les théories dites « libérales » selon lesquelles les nations, tout en
étant soucieuses de défendre leurs intérêts particuliers, sont capables de
coopérer et de construire une société plus harmonieuse et pacifique. Les
théories dites « constructivistes » peuvent être rapprochées de ces courants
de pensées : pour les tenants de ces théories en effet, la concurrence des
intérêts et l’anarchie des rapports de puissance entre États ne sont pas des
données naturelles mais des constructions sociales, qu’il est donc possible
de faire évoluer ;
– l’approche marxiste et néomarxiste vise à expliquer les faits internationaux
par les évolutions socioéconomiques des différentes nations et, plus largement, par les inégalités de pouvoir qui caractérisent les relations
internationales ;
– l’approche transnationale s’efforce d’intégrer dans une même construction
théorique l’ensemble des phénomènes internationaux quelle qu’en soit
l’origine, sans privilégier a priori ceux qui concernent les États et leurs
relations de coopération ou d’affrontement.
Les différents schémas d’interprétation proposés par les théoriciens rendent
rarement compte à eux seuls de la complexité des faits internationaux mais ils permettent souvent de déterminer et de comprendre leurs caractères essentiels. Ainsi,
l’approche réaliste est-elle un outil très utile pour suivre le déroulement des négociations entre puissances, l’approche fonctionnaliste pour évaluer le poids d’institutions telles que la commission européenne ou le secrétariat de l’OTAN dans les
décisions économiques ou stratégiques des gouvernements européens et l’approche marxiste pour comprendre certaines ruptures causées par des tensions sociales, par exemple dans les pays en développement.
Une combinaison des différentes approches théoriques des relations internationales peut donc être fructueuse pour discerner les facteurs explicatifs des
faits internationaux, identifier leurs relations et évaluer les dynamiques qu’ils
sont susceptibles de faire naître.
SECTION I
L’approche réaliste et néoréaliste
§ 1.
Aux sources de la théorie réaliste : Thucydide et Hobbes
L’approche réaliste puise ses sources dans une tradition ancienne d’historiographie et de philosophie politique.
Il convient de citer à cet égard l’œuvre de l’historien grec Thucydide (env.
460 – 400 av. J-C). Thucydide présente dans son Histoire de la guerre du Péloponnèse une analyse raisonnée du conflit qui, de 431 à 404 av. J-C, a mis aux
prises les deux principales cités États de la Grèce d’alors : Athènes qui se trouvait à la tête d’un empire qu’elle avait constitué grâce à sa richesse et à sa puissance navale et Sparte qui avait réuni autour d’elle une confédération
péloponnésienne pour combattre la volonté d’hégémonie athénienne. Expression de la puissance d’Athènes, l’empire est aussi, pour Thucydide, une fragi12
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