Le magicien du moulage

Esprit béton Sculpture
Pascal Jounier Trémelo
[©Pascal Jounier Trémelo]
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Il vit à Rennes, il a 40 ans. Qu’a-t-il donc de si particulier ?
Lui, c’est le sculpteur Pascal Jounier Trémelo,
qui investit les centres d’art et les galeries de formes organiques
et qui défie les codes et techniques du moulage. Découverte.
démoulage, enrichissent la surface du matériau
coulé pour révéler des jeux de texture inattendus.
Les défauts des coutures des moules prennent
vie et forment un paysage. Pascal Jounier Trémelo
s’attaque à l’ordre du plan, lorsqu’il propose une
simple serpillère suspendue dans laquelle il coule
du béton. Le tissu renvoie à l’imaginaire du rebut, du
transitoire. L’artiste est aussi fasciné par les chantiers,
les lieux de construction : le champ de tous les
possibles. Un rapport de “rêverie” dans la production
s’installe. Il instaure un jeu quasi philosophique dans
l’idée de renversement du réel, l’état des lieux est
inversé, le négatif devient le positif. Son intention
est assez brute, du geste naît la pièce qui n’est
M. C.
pas retouchée.
Retrouvez tout l’univers de Pascal Jounier Trémelo sur :
http://pascaljtremelo.com
BETON [S] N°64 – MAI/JUIN 2016
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[©Pascal Jounier Trémelo]
P
ascal Jounier Trémelo est ancré au réel.
La sculpture s’est imposée à lui, comme
la capacité au corps à investir la matière.
Fasciné par les moulages, il voit en eux un mélange
entre fondements pariétaux et modernes. La
reproduction à l'identique n'est pas une fin en soi
pour lui. Il est d'avantage fasciné par les processus,
l'expérimentation et l'appréhension du monde à
travers les techniques du moulage. « Il y a une magie
du moulage, c’est un jeu subtil entre la maîtrise
et le laisser-faire », explique l’artiste. A partir de
plâtre, de ciment ou de béton, il insuffle dans son
processus une part de hasard et d’accidents. Il laisse
la matière s’auto-organiser. Utilisant des moules
souples en textiles, ces derniers, arrachés lors du
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Installation dans la galerie
du Phakt, centre culturel
Colombier à Rennes.
Un mur-sculpture
composé à partir de
64 pièces de parement
obtenues par le moulage
d'un film de papier bulle.
Une sculpture-cimaise,
dont on peut scruter
l'intimité. Aucune cellule
n'est identique en raison
du moulage.
Pascal Jounier Trémelo
dans son atelier.
[©Pascal Jounier Trémelo]
[©Pascal Jounier Trémelo]
Le magicien
du moulage
➍
➎
➏
[©Pascal Jounier Trémelo]
➌
[©Pascal Jounier Trémelo]
Esprit béton
➐
➋ L’artiste pense le sac
comme un moule, un big
bag rempli de déchets
de chantier, qui devient
œuvre d'art. La sculpture
s'auto-forme par la relation
du béton coulé avec la
mollesse du moule.
➌➍ Pascal Jounier
Trémelo invitait, le temps
d’une exposition, le public
à marcher sur un sol béton
ayant comme origine une
parcelle de champ agricole.
Quelques 280 carreaux
moulés (9 t de béton)
révèlent l'intimité des
espaces cachés sur une
surface de 40 m2. La terre
nourricière se transforme en
une surface aride et lunaire.
➑
➎➏ L’artiste propose la
lecture d’une serpillère
posée sur 192 blocs béton
moulés un à un, dans un
jeu entre deux surfaces
antagonistes :
le tissu et le béton. Le tout
se formant, se déformant
au grée des suspensions.
[©Pascal Jounier Trémelo]
Empreinte d’une pelle,
idée du geste qui crée
l’objet laissé en suspens
dans le temps.
L’œuvre se construit dans
celui de la préparation
du mélange.
➐ Chambre à air géante
moulée avec la technique
de l’estampage (feuillage
de mortiers et de fibres
de verre). Quand on fait
le tour de la sculpture, on
voit l’intérieur du moule.
➑ “Qu’est-ce que
mouler ?” Est-ce remplir
un contenant capable de
contenir de la matière ?
Ici, un textile (pantalon
de jogging) fait office de
moule à béton. Une sorte
de “ready-made” pour voir
“comment ça fonctionne ?”
BETON [S] N°64 – MAI/JUIN 2016
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