Favoriser la réussite : une affaire d`école

Transcription

Favoriser la réussite : une affaire d`école
École secondaire
de langue française
Favoriser
la réussite :
une affaire d’école
Marianne Cormier
Publication de la Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants
Pour obtenir des exemplaires supplémentaires, veuillez communiquer avec nous à :
2490, promenade Don Reid
Ottawa (Ontario) K1H 1E1
Téléphone : 613-232-1505 ou
1-866-283-1505 (sans frais)
Fax : 613-232-1886
[email protected]
www.ctf-fce.ca
Auteure
Marianne Cormier, Ph. D.
Faculté des sciences de l’éducation
Université de Moncton
Coordonnateur du projet Ronald Boudreau
Services aux francophones
Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants (FCE)
Comité de travail
Yoan Barriault, Nunavut
Carolyn Bussière, Ontario
Monique Chiasson, Nouveau-Brunswick
Yvette d’Entremont, Nouvelle-Écosse
Patrick Lachance, Alberta
Éric Landry, Nouveau-Brunswick
Jessica Thériault-Doucet, Nouveau-Brunswick
Denis Thivierge, Ontario
Nicole Tremblay, Ontario
Graphisme
Nathalie Hardy, FCE
Révision linguistique
Ronald Boudreau, FCE
Marie-Caroline Uhel, FCE
Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants
2490, promenade Don Reid
Ottawa (Ontario) K1H 1E1
Téléphone : 613-232-1505
Fax : 613-232-1886
www.ctf-fce.ca
Dépôt legal : 2010
Bibliothèque et Archives Canada
ISBN – 0-88989-404-3
© Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants, 2010.
Nous reconnaissons l’appui financier du gouvernement du Canada
par l’entremise du ministère du Patrimoine canadien.
Table des matières
1
MESSAGE DU PRÉSIDENT
3
INTRODUCTION
4
STRUCTURE DU DOCUMENT
5
PAR OÙ COMMENCER?
8
Actualisation du potentiel d’apprentissage
9
Rapport positif à la langue
10
Appropriation culturelle
11
Développement de l’autodétermination
12
Négociation identitaire
13
Conscientisation et engagement
14
Leadership communautaire
15
QUI SUIS-JE? QUI SOMMES-NOUS?
15
Un questionnaire pour le personnel enseignant
19
Deux questionnaires pour les élèves
25
COMMENT S’Y PRENDRE?
25
Molière vs. Shakespeare
29
Un français pas tout à fait standard
32
Sachez cacher cette langue
34
Dans le jardin du voisin
36
Travailler, c’est trop dur
38
Brasse pas la cage!
41
BOÎTE À OUTILS
41
Pour approfondir la question de la construction identitaire
42
Des outils pour vous et vos élèves
{1
Message du Président
Disponible à la FCE dans le cadre des
actions portant sur l’adolescence :
• À bord ou à dos nos ados? – vidéo
produite dans le cadre du Symposium
2008
• Nos ados : qui sont-ils? – article de
Michèle Matteau dans le webzine
Frenquêtes
• Voir grand à l’adolescence – guide de
dialogue en construction identitaire
• Voir grand à l’adolescence – outil
d’animation et présentation visuelle
• La douance à l’école de langue
française – rapport du Symposium
2009
• L’appropriation culturelle des jeunes
à l’école secondaire francophone
en milieu minoritaire – Rapport
d’analyse des entrevues de groupes,
Résultats de l’enquête pancanadienne,
Synthèse de l’enquête.
Depuis le symposium À bord ou à dos nos ados? que la Fédération
canadienne des enseignantes et des enseignants (FCE) a
organisé au printemps 2008, la question de l’adolescence est
demeurée une préoccupation importante et oriente plusieurs de
nos actions. D’une part, comme organisation professionnelle de
l’enseignement, nous sommes conscients que cette période de
la vie détermine souvent le degré d’engagement de ces adultes
en devenir face à la francophonie. D’autre part, le décrochage
linguistique de plusieurs ou même le choix d’une autre langue
pour les études nous incitent à poursuivre le développement
d’outils qui appuieront le personnel enseignant engagé auprès des
jeunes.
« Favoriser la réussite : une affaire d’école » s’inscrit dans cette
démarche. Nous tenons à remercier Marianne Cormier, Ph. D.,
et le comité pancanadien d’enseignantes et d’enseignants qui ont
réalisé le document que vous tenez entre vos mains. Il s’agit d’une
contribution importante qui permet de mieux définir la pédagogie
propre aux écoles de langue française en situation minoritaire.
Le gouvernement du Canada, par l’entremise de Patrimoine
canadien, reconnait les spécificités et les besoins particuliers de
notre communauté et nous tenons à souligner leur appui constant.
Je vous invite donc à profiter des pistes qui vous sont proposées
dans ce guide pour mieux comprendre la réalité de la génération
adolescente que sont nos élèves des écoles de langue française et
à réfléchir sur les moyens qui sont à notre disposition pour mieux
répondre à leurs besoins. Après tout, c’est l’affaire de toute l’école!
Benoit Mercier
Benoit Mercier, président
Comité consultatif français langue première, 2009-2010
2}
{3
Introduction
Le présent document se veut d’abord un outil pédagogique,
concret et pratique. Il a pour but de vous aider à accompagner vos
élèves du secondaire vers la réussite éducative à l’école de langue
française.
À l’ère de la net gen, cette génération qui est née et qui vit
constamment en contact avec les technologies (cellulaire et
texto, messagerie instantanée, Facebook, Twitter, etc.), et à l’ère
de la mondialisation et du grand pouvoir d’attraction sociale de
l’anglais, comment arriver à donner une raison d’être à l’école de
langue française pour nos adolescentes et adolescents?
Évidemment, nous voulons leur transmettre la langue et la
culture françaises, mais le projet est plus large et s’étend bien audelà d’un projet linguistique.
Pour les ados d’aujourd’hui, cette transmission de la langue et
de la culture soulève des questions fondamentales : Qui suis-je?
Pourquoi? Le projet devient alors axé sur le succès tant personnel
et social que scolaire de l’adolescente et de l’adolescent.
Cette réflexion sur la réussite éducative des adolescents et des
adolescentes en milieu francophone minoritaire est un projet
collectif. Les neuf enseignants et enseignantes du groupe de
travail, venus des quatre coins du Canada, ont verbalisé leurs
défis quotidiens, exprimé le besoin de disposer d’un outil pratique
et grandement contribué à la conception du présent document. La
collaboration de la Fédération canadienne des enseignantes et des
enseignants et, en particulier, l’appui de Ronald Boudreau ont fait
en sorte que ce projet a vu le jour et a pu être mené à terme. Je
témoigne toute ma reconnaissance à ces personnes.
Marianne Cormier
4}
Structure du document
Chaque contexte linguistique minoritaire est unique.
Ce document se veut donc flexible afin que vous puissiez
l’adapter selon vos besoins et les réalités de votre milieu.
Il comporte quatre sections :
• Dans la section « Par où commencer? », vous trouverez
des affirmations que vous exprimez probablement souvent
en tant qu’enseignante ou enseignant, par exemple :
« Je veux aider mes élèves à réussir! ». Ces affirmations
s’accompagneront de quelques pistes d’action générales pour
concrétiser le projet pédagogique. Chaque axe d’intervention
résumera des repères importants pour vous aider à
concrétiser les affirmations.
• La section « Qui suis-je? Qui sommes-nous? » vous
offre des outils pour vous aider à connaître vos élèves et
à comprendre leur réalité et les vécus qui conjuguent les
multiples facettes de leur identité.
• La section « Comment s’y prendre? » vous propose
des pistes tangibles d’action et de réaction aux différentes
situations qui peuvent se présenter dans les écoles
secondaires en contexte minoritaire. Ces pistes
concrètes renvoient aux axes d’intervention de
la section « Par où commencer? » et les illustrent
de façon concrète.
• Enfin, la section « Boîte à outils » regroupe différents
outils et documents qui peuvent vous appuyer dans votre
travail.
{5
Enseigner en français en milieu minoritaire : richesse ou
inconvénient? Qu’en dites-vous? Le discours est souvent négatif;
on se plaint des élèves qui parlent anglais, on déplore le manque
de ressources, on s’inquiète des résultats scolaires.
Et si on pensait RICHESSE!
Les jeunes sont dynamiques et créatifs. Notre intention doit se
concentrer à cultiver cette richesse pour amener les jeunes à
investir leurs énergies et leurs forces dans leur propre succès à
l’école de langue française.
Si le monde entier est attiré par la culture américaine, nos ados le
sont également; vivant à proximité de cette culture, ils ressentent
ce même attrait et vivent souvent des tensions identitaires. Nous
savons que la période de l’adolescence se caractérise par des
remises en question, des contre-affirmations et une recherche
de soi. Cette phase de remise en question, conjuguée avec un
fort attrait pour la culture américaine, fait en sorte que les
jeunes se tournent souvent vers l’anglais. Le défi consiste donc à
trouver comment puiser à même le dynamisme des jeunes pour
en canaliser les énergies à l’avantage de la réussite à l’école de
langue française.
Le jeune qui est confiant et qui éprouve un fort sentiment
d’appartenance réussira à l’école, dans toutes les matières.
Le projet de l’école de langue française va bien au-delà de
l’apprentissage de la langue et de la culture. Il s’agit d’un projet
de construction d’un sentiment d’appartenance à la communauté
francophone auquel tous et toutes doivent contribuer.
Pour y arriver, il importe d’abord de mieux comprendre l’identité
de nos jeunes. Qui sont ces jeunes? Les origines, les valeurs,
la famille et la région sont tous des facteurs qui définissent le
portrait dynamique d’une personne. Il s’agit de l’identité personnelle
qui se définit comme une construction composée d’un ensemble
d’éléments qui s’arriment pour décrire le « qui suis-je? ».
PAR OÙ
COMMENCER?
Par où commencer?
PAR OÙ
COMMENCER?
6}
Dans cette identité personnelle se logent plusieurs identités sociales
qui dénotent une appartenance à des groupes sociaux et qui
coexistent. On peut être à la fois « élève », « joueur de hockey » et
« musicien ». Selon le contexte, une de ces identités sociales peut
prendre plus d’importance que les autres. Par exemple, l’identité
« joueur de hockey » prédomine à la patinoire, alors que l’identité
« élève » prime surtout dans la salle de classe.
Il arrive cependant qu’une identité sociale devienne si importante
que l’individu la priorise tout au long de sa journée. Le « joueur
de hockey » s’assure de s’exercer, regarde les nouvelles du hockey,
en parle avec ses amis. Or, ce même individu porte peut-être
d’autres identités sociales qu’il priorise moins. Il ne leur donne
pas autant d’importance dans son quotidien. Pourquoi? Il se peut
que ce soit parce qu’il ne ressent pas de sentiment d’appartenance
ou de compétence associé à ces identités. Quand un individu
priorise une identité sociale par ses actions quotidiennes, il le fait
par automatisme parce qu’il sent que cela le valorise et qu’il aime
faire partie de ce groupe.
Identité personnelle
L’ensemble de…
-mes origines
Identités sociales
J’appartiens à des
groupes sociaux
-les francophones
-mes valeurs
-les skieurs
-ma famille
-les élèves
-ma région
-les filles
{7
Pour réaliser cette mission, les élèves doivent d’abord comprendre
les réalités sociales de leur milieu de vie et de leur communauté.
Ils seront ainsi en mesure de prendre conscience de l’effet de
leurs choix (Qu’arrive-t-il à mon identité francophone si je regarde
uniquement la télévision en anglais?) et des iniquités présentes dans
la société (Est-ce juste qu’on n’offre pas de chaînes de télévision en
français dans ma communauté?). Cette prise de conscience peut
amener les élèves à s’engager à changer l’état des choses.
Si les jeunes sont confiants et qu’ils ressentent un sentiment
d’appartenance à leur communauté et à leur école, ils possèderont
les ingrédients de la réussite et choisiront d’y investir leurs
énergies.
Pour que l’enseignement puisse avoir l’impact souhaité auprès des
jeunes, sept axes d’intervention sont proposés dans les pages qui
suivent. Ces axes s’arriment, se complètent et se superposent pour
former un tout cohérent qui guide l’action pédagogique :
• Actualisation du potentiel d’apprentissage
• Rapport positif à la langue
• Appropriation culturelle
• Développement de l’autodétermination
• Négociation identitaire
• Conscientisation et engagement
• Leadership communautaire
PAR OÙ
COMMENCER?
L’école francophone a une double mission. Elle vise la réussite
éducative des élèves et la construction d’une identité francophone.
8}
PAR OÙ
COMMENCER?
Actualisation du potentiel d’apprentissage
Des attentes élevées et des interventions pédagogiques qui
correspondent aux besoins spécifiques des élèves entraînent une
maîtrise des apprentissages. Cette maîtrise des apprentissages
donne lieu à des retombées durables et à des répercussions
positives sur les prochaines expériences d’apprentissage.
Pistes pour y arriver :
• S’assurer, à l’aide d’une évaluation bien ciblée, que les élèves
maîtrisent les apprentissages avant de passer aux prochaines
étapes des programmes d’études;
• Investir du temps au départ pour en gagner à la longue;
• Évaluer de manière bien ciblée pour déterminer les besoins
spécifiques des élèves et différencier la pédagogie;
• Se fixer des attentes élevées pour obtenir de bons résultats.
Conseils :
• Ne pas se laisser convaincre que les élèves ne sont pas bons
en raison de résultats faibles aux tests d’envergure nationale,
et ne pas diminuer les attentes en conséquence.
Je sais que mes élèves sont
intelligents et qu’ils peuvent
réussir dans toutes les matières.
Je peux avoir des attentes élevées
à l’égard du travail de mes élèves.
Bien connaître mes élèves
me permet de bien cibler mes
interventions.
{9
Je sais que mes élèves peuvent
développer leur confiance dans
leur parler et dans leurs capacités
linguistiques.
Les élèves ont un sentiment de compétence par rapport à leurs
capacités linguistiques. Ils aiment le français et sentent que c’est
une langue vivante et riche.
Pistes pour y arriver :
Je crois fermement que mes
élèves peuvent développer le
goût de lire, d’écrire et de parler
en français.
Je sais que mes élèves ont
la capacité de développer un
vocabulaire riche.
• Augmenter le nombre d’occasions informelles et formelles
de lire, d’écrire, d’écouter et de parler (films, musique,
correspondance, recherches signifiantes);
• Favoriser la langue comme outil d’apprentissage dans toutes
les matières scolaires;
• Avoir une attitude d’ouverture par rapport aux variations
langagières que présentent les élèves;
• Travailler à partir des connaissances antérieures des élèves :
ils arrivent à l’école avec des connaissances, même si cellesci ne font pas partie de la langue de scolarisation;
• Développer le vocabulaire avec des activités signifiantes;
• Favoriser une approche communicative : nous écrivons
et nous parlons parce que nous avons quelque chose à
dire, et non dans le but de faire évaluer nos compétences
langagières;
• Observer des signes d’insécurité linguistique chez les élèves
et en discuter : Pourquoi parlons-nous ainsi dans notre
région?
Conseils :
• Ne pas dénigrer l’anglais;
• Éviter de surcorriger les élèves;
• Expliquer les origines du parler local au lieu de le dénigrer.
PAR OÙ
COMMENCER?
Rapport positif à la langue
10 }
PAR OÙ
COMMENCER?
Appropriation culturelle
Les élèves découvrent la culture générale et la culture francophone
et en connaissent les artistes, les auteurs et les chefs politiques.
Les élèves contribuent activement au développement culturel de
la communauté francophone.
Pistes pour y arriver :
• Intégrer les arts et la culture aux programmes d’études;
• Engager le dialogue avec les artistes dans une démarche
pédagogique;
• Découvrir le regard des artistes sur les phénomènes sociaux
et en discuter;
• Intégrer le processus de création artistique dans le processus
d’apprentissage;
• Discuter des phénomènes sociaux ou scientifiques et
permettre aux élèves d’exprimer leurs opinions sur ces
derniers de façon créative en mettant à profit un moyen
d’expression artistique de leur choix (écrire un poème, faire
une vidéo, etc.);
• Explorer les diverses productions artistiques dans la région
et faire des liens avec les programmes d’études.
Conseils :
• Éviter d’avoir un regard trop folklorisant sur les événements
et la culture;
• Doser les interventions pour ne pas saturer les élèves
d’informations;
• Ne pas présenter la culture par des travaux ennuyeux.
Je veux que mes élèves s’approprient la culture générale et celle
du Canada français.
Je fais en sorte que mes
élèves participent de façon
active au développement et à
l’épanouissement de la culture de
la communauté francophone.
Mes élèves et moi avons des
référents culturels communs.
{ 11
Je sais que mes élèves peuvent
faire preuve d’autonomie.
Je veux que mes élèves vivent un
sentiment de compétence.
Mes élèves sentent qu’ils
font partie de la communauté
scolaire et de la communauté
francophone.
Les élèves s’épanouissent et sentent qu’ils font des choix judicieux
si, par l’action pédagogique, nous nourrissons leurs sentiments
d’autonomie, de compétence et d’appartenance.
Pistes pour y arriver :
• Donner aux élèves des choix réels dans la production de
leurs travaux et dans la démarche d’apprentissage. Ils
sentiront alors que leurs choix nourrissent leurs succès.
• Favoriser des travaux en équipe qui font appel à la
coopération et la contribution de tous et toutes afin de
développer un sentiment d’appartenance.
• Assurer un climat d’accueil dans la classe.
• Faire vivre aux élèves des succès à partir de défis qui sont
à leur niveau afin qu’ils ressentent une véritable satisfaction
personnelle.
Conseils :
• Ne pas donner des choix artificiels aux élèves, comme le
choix entre deux travaux très semblables;
• Ne pas simplifier les tâches à un point tel que le sentiment
de succès disparaît.
PAR OÙ
COMMENCER?
Développement de l’autodétermination
12 }
PAR OÙ
COMMENCER?
Négociation identitaire
À l’adolescence, il est normal que les élèves ressentent un attrait
pour la culture majoritaire, et qu’ils s’y identifient. La négociation
identitaire consiste à inviter les élèves à réfléchir sur leur façon de
se définir pour déterminer quelle place ils accordent au français
dans leur vie.
Pistes pour y arriver :
• Créer des contextes qui feront ressortir l’identité
francophone de façon positive; certains contextes peuvent
rendre une facette de l’identité sociale prédominante. Par
exemple, le contexte de la patinoire fera ressortir l’identité
« joueur de hockey » chez un jeune;
• Favoriser des discussions sur les choix quotidiens et les
conséquences de ces choix;
• Encourager les élèves à réfléchir sur leur identité par des
discussions.
Conseils :
• Ne pas « prêcher » les valeurs de l’identité francophone;
• Éviter de communiquer le message selon lequel l’identité
francophone est « meilleure »;
• Ne jamais donner aux élèves l’impression qu’ils sont de
« mauvais francophones ».
Je veux que mes élèves se
construisent une identité qui fera
une place au français leur vie
durant.
Je désire que mes élèves ressentent une appartenance à la
communauté francophone.
Je reconnais que les facettes de
l’identité peuvent être multiples
et qu’elles peuvent coexister
paisiblement.
{ 13
Je veux que mes élèves connaissent les droits des francophones
et qu’ils les exercent.
Je sais que mes élèves peuvent
reconnaître les injustices envers
les groupes minoritaires dans la
société et qu’ils peuvent s’engager
à changer les choses.
Je veux que mes élèves fassent
preuve de pensée critique et
sachent remettre en question les
phénomènes sociaux qui agissent
sur leur vécu.
La pédagogie de la conscientisation consiste à faire vivre
aux élèves des expériences qui leur permettent d’analyser, de
comprendre et même de remettre en question les réalités sociales
qui les entourent. La pédagogie de l’engagement vise à formuler
des objectifs vers un changement et de mettre en œuvre un projet
pour atteindre ces objectifs.
Pistes pour y arriver :
• Favoriser des activités de littératie critique, comme le
questionnement des buts de l’auteur d’un texte;
• Présenter des textes ayant des points de vue différents;
• Questionner la couverture médiatique des événements dans
la communauté;
• Encourager des débats et des confrontations des points de
vue;
• Inviter les élèves à élaborer des projets qui visent le
changement.
Conseils :
• Éviter de présenter la réalité des francophones minoritaires
sous un angle trop critique ou pessimiste. La perte d’espoir
et l’effet démoralisateur d’une approche trop négative
peuvent avoir des effets dévastateurs.
PAR OÙ
COMMENCER?
Conscientisation et engagement
14 }
PAR OÙ
COMMENCER?
Leadership communautaire
Il est important de faire équipe avec la communauté pour donner
un sens à nos actions pédagogiques. Une communauté bien
présente à l’école démontre aux élèves sa richesse. La pédagogie
devrait amener l’élève à s’engager dans la communauté afin de
développer ses qualités de leadership.
Pistes pour y arriver :
• Inviter les élèves à faire des liens entre les programmes
d’études et la réalité communautaire;
• Inviter les leaders de la communauté à rencontrer les élèves;
• Créer des projets en partenariat avec la communauté et en
lien avec les programmes d’études;
• Favoriser des stages dans les organismes francophones.
Conseils :
• Éviter de créer des partenariats artificiels qui n’ont pas de
véritable raison d’être.
Je désire que mes élèves
connaissent la communauté
francophone et participent à ses
activités.
Je veux que mes élèves
contribuent à l’épanouissement
de la communauté francophone.
Je souhaite que la communauté
contribue
à
mes
efforts
pédagogiques.
{ 15
Qui suis-je?
Qui sommes-nous?
Un questionnaire pour le personnel enseignant
Pour intervenir auprès d’adolescents et d’adolescentes, il faut bien
se connaître soi-même. Le questionnaire qui suit vous permettra
de réfléchir sur votre identité et vos raisons d’intervenir en milieu
minoritaire francophone.
Quand une enseignante ou un enseignant vient d’un milieu
différent de celui de ses élèves, il est important qu’il réfléchisse
sur les différences entre ces deux milieux.
Le personnel enseignant vit des situations qui influencent ses
pratiques pédagogiques. Il doit donc réfléchir aux moyens
de maximiser l’influence de ses référents sur les pratiques
pédagogiques pour créer des liens positifs avec les élèves.
Le questionnaire qui suit vous permettra de faire le point sur votre
propre cheminement identitaire et de vous fixer des objectifs qui
vous aideront à cheminer avec vos élèves.
QUI SUIS-JE?
QUI SOMMES-NOUS?
Chaque individu est en constante construction identitaire et
continue de faire des découvertes sur son identité tout au long
de sa vie. Celui ou celle qui a grandi dans un milieu linguistique
minoritaire comprend mieux combien il peut être difficile de
s’approprier la culture francophone dans ce contexte.
16 }
QUI SUIS-JE?
QUI SOMMES-NOUS?
Questionnaire à l’intention de l’enseignante ou de l’enseignant
En songeant à votre adolescence…
En décrivant votre réalité d’aujourd’hui…
Où habitiez-vous? À quoi ressemblait ce milieu?
Où habitez-vous? À quoi ressemble ce milieu?
Vous considériez-vous francophone, anglophone ou
bilingue? Peut-être parliez-vous une autre langue?
Vous considérez-vous francophone, anglophone ou
bilingue? Peut-être parlez-vous une autre langue?
Quelle était la langue la plus couramment parlée avec
votre famille?
Quelle langue utilisez-vous le plus souvent avec vos
proches?
Quelle langue utilisiez-vous le plus souvent avec vos amies Quelle langue utilisez-vous le plus souvent lors de vos
et amis? À l’école? Dans la communauté?
activités sociales?
En songeant à votre adolescence…
En décrivant votre réalité d’aujourd’hui…
Quels étaient vos loisirs préférés? Dans quelle langue
pratiquiez-vous ces loisirs?
Quels sont vos loisirs préférés? Dans quelle langue
pratiquez-vous ces loisirs?
Quelle était votre matière préférée à l’école?
Quelle est la matière que vous préférez enseigner?
Lisiez-vous beaucoup pendant vos années à l’école? Quels Aimez-vous la lecture? Dans vos moments de détente, quel
étaient vos styles ou vos auteurs préférés?
genre de lecture faites-vous?
Quel genre de musique écoutiez-vous pendant vos années
au secondaire?
Quel genre de musique écoutez-vous le plus souvent?
QUI SUIS-JE?
QUI SOMMES-NOUS?
{ 17
QUI SUIS-JE?
QUI SOMMES-NOUS?
18 }
En songeant à votre adolescence…
En décrivant votre réalité d’aujourd’hui…
Quelles étaient vos émissions de télévision préférées?
Quelles sont vos émissions de télévision préférées?
Pistes d’objectivation :
1.Quelles sont les principales différences que vous remarquez dans votre parcours personnel depuis
l’adolescence?
2.La place du français dans votre vie a-t-elle changé depuis l’adolescence? Est-ce que le français est plus
présent? Moins présent? Qu’est-ce qui explique la continuité ou le changement, selon le cas?
3.Est-ce que vos élèves connaissent la place qu’occupait ou qu’occupe le français dans votre vie?
4.Comment les réalités que vous avez vécues et que vous vivez actuellement par rapport à la langue française
influencent-elles votre enseignement?
5.Quels objectifs personnels ou professionnels ces questions vous inspirent-elles? Y a-t-il des conclusions à en
tirer?
{ 19
Deux questionnaires pour les élèves
Dans une réflexion sur l’adolescence d’aujourd’hui à l’école de
langue française, il faut tenir compte de la diversité des origines.
Certains élèves, de plus en plus nombreux, ne parlent français qu’à
l’école, alors que d’autres affichent une identité francophone forte.
Savoir dans quelle mesure nos élèves se sentent francophones et
connaître leurs origines facilitent nos interventions.
Le premier questionnaire a été conçu de manière à assurer
l’anonymat des répondantes et répondants, et ainsi à créer un
climat de confiance avec les élèves. Il permettra de dresser un
profil de classe.
Le deuxième questionnaire se veut plutôt un outil de discussion de
groupe avec les élèves. Il leur permettra de s’exprimer librement
et d’engager un dialogue sur la question de la langue française.
QUI SUIS-JE?
QUI SOMMES-NOUS?
Bien connaître ses élèves constitue un aspect important de
l’intervention pédagogique. C’est encore plus vrai auprès des
adolescents et des adolescentes francophones qui vivent en milieu
minoritaire. De grands changements sont survenus en l’espace
d’une génération et même une jeune enseignante ou un jeune
enseignant peut se sentir dépassé par le vécu actuel des ados.
20}
Questionnaire pour les élèves (no 1)
Portrait de classe
Voici quelques énoncés qui serviront à dresser un portrait de la classe. Tu n’as pas à t’identifier sur le questionnaire
et tes réponses resteront anonymes. Nous voulons seulement savoir comment le groupe d’élèves dont tu fais partie
se sent par rapport à ces questions.
Encercle le chiffre qui correspond le mieux à ton sentiment.
QUI SUIS-JE?
QUI SOMMES-NOUS?
Je me considère francophone.
Je me considère anglophone.
Je me considère bilingue.
Je me considère d’une autre origine.
Je parle français à la maison.
Je parle anglais à la maison.
Pas du tout
Un peu
De temps
en temps
Souvent
Toujours
1
2
3
4
5
Pas du tout
Un peu
De temps
en temps
Souvent
Toujours
1
2
3
4
5
Pas du tout
Un peu
De temps
en temps
Souvent
Toujours
1
2
3
4
5
Pas du tout
Un peu
De temps
en temps
Souvent
Toujours
1
2
3
4
5
Pas du tout
Un peu
De temps
en temps
Souvent
Toujours
1
2
3
4
5
Pas du tout
Un peu
De temps
en temps
Souvent
Toujours
1
2
3
4
5
Pas du tout
Un peu
De temps
en temps
Souvent
Toujours
1
2
3
4
5
Je parle une langue autre que le
français et l’anglais à la maison.
Je parle français avec mes amis et
amies.
Pas du tout
Un peu
De temps
en temps
Souvent
Toujours
1
2
3
4
5
Pas du tout
Un peu
De temps
en temps
Souvent
Toujours
1
2
3
4
5
Pas du tout
Un peu
De temps
en temps
Souvent
Toujours
1
2
3
4
5
Pas du tout
Un peu
De temps
en temps
Souvent
Toujours
1
2
3
4
5
Pas du tout
Un peu
De temps
en temps
Souvent
Toujours
1
2
3
4
5
Pas du tout
Un peu
De temps
en temps
Souvent
Toujours
1
2
3
4
5
Pas du tout
Un peu
De temps
en temps
Souvent
Toujours
1
2
3
4
5
Pas du tout
Un peu
De temps
en temps
Souvent
Toujours
1
2
3
4
5
Pas du tout
Un peu
De temps
en temps
Souvent
Toujours
1
2
3
4
5
Je parle anglais avec mes amis et
amies.
Je pratique mes loisirs en français.
Je pratique mes loisirs en anglais.
Sans compter les lectures que je
fais pour l’école, je fais de la lecture
personnelle en français.
Sans compter les lectures que je
fais pour l’école, je fais de la lecture
personnelle en anglais.
J’écoute de la musique en français.
J’écoute de la musique en anglais.
J’écoute la télévision en français.
QUI SUIS-JE?
QUI SOMMES-NOUS?
{ 21
22}
J’écoute la télévision en anglais.
Un peu
De temps
en temps
Souvent
Toujours
1
2
3
4
5
Mon père est :
Anglophone
Francophone
Autre
Ma mère est :
Anglophone
Francophone
Autre
Le français pour moi est :
QUI SUIS-JE?
QUI SOMMES-NOUS?
Pas du tout
Je trouve que parler français, c’est :
La langue
de l’école
Agréable
Une langue
seconde
Un choix
personnel
Difficile
La langue
imposée par
mes parents
Ennuyant
{ 23
Questionnaire pour les élèves (no 2)
Outil d’animation visant à engager le dialogue avec les élèves
Lors d’échanges informels avec les élèves, il est important de maintenir un climat de confiance dans la salle de
classe en évitant que les élèves sentent qu’il existe des francophones « meilleurs que d’autres ». Cet exercice se veut
une prise de conscience des réalités qui se vivent en milieu minoritaire et ne doit pas mener à la culpabilisation de
l’élève qui préfère l’anglais dans certaines circonstances.
Les concepts de l’identité personnelle et des identités sociales, tels qu’ils sont présentés dans la section « Par où
commencer? », constituent un excellent prétexte pour amorcer une discussion avec les élèves.
• Quelles identités sociales les élèves possèdent-ils?
• Quelles sont leurs identités sociales préférées? Lesquelles leur permettent de se sentir plus à l’aise?
Lesquelles posent des défis? Pourquoi est-ce ainsi?
• Quelle importance revêt chacune de ces identités dans le quotidien?
• Est-ce que certaines de ces identités sont plus valorisées à l’école que d’autres?
• Quelles sont les identités les plus valorisées par le groupe d’amis? Les moins valorisées?
Pourquoi est-ce ainsi?
• Quelles sont les identités les plus valorisées dans la communauté?
• Dans quels contextes est-il plus facile de parler français?
• Avec qui les élèves parlent-ils français le plus souvent?
• Dans quels contextes est-il plus facile de parler anglais?
• Dans quelle proportion la journée se déroule-t-elle en français? En anglais?
QUI SUIS-JE?
QUI SOMMES-NOUS?
Voici quelques pistes susceptibles de favoriser les échanges :
QUI SUIS-JE?
QUI SOMMES-NOUS?
24}
NOTES
{ 25
Comment s’y prendre?
MOLIÈRE VS. SHAKESPEARE
Oh! les élèves parlent en anglais
dans les corridors et la cour
d’école!
En milieu minoritaire, il n’est pas rare que les élèves privilégient
l’anglais dans diverses situations de communication. Si plusieurs
facteurs peuvent expliquer cette réalité, elle n’en demeure pas
moins une situation délicate pour le personnel enseignant qui
tente de maintenir une ambiance francophone dans l’école.
AVANT TOUT
La question de l’usage de l’anglais à l’école soulève des débats
passionnés! Il importe tout d’abord de comprendre le phénomène
et de l’expliquer aux élèves dans son contexte social. L’influence
américaine, le poids démographique et le manque de services en
français sont autant de facteurs qui font en sorte que l’anglais
domine dans bien des domaines… et dans les activités des
adolescentes et adolescents. Engager un dialogue avec les élèves
permet d’explorer les raisons qui les poussent à privilégier
l’anglais.
• Ne pas prêcher l’importance du français. Garder en tête
que toute solution viable doit provenir des élèves.
• Être prêt à la contre-affirmation ou à la nonchalance.
Les élèves affirmeront peut-être que le français leur
importe peu. Devant une telle attitude, il ne sert à rien
de les critiquer. Mieux vaut les amener à réfléchir sur le
« pourquoi ». Est-ce qu’ils réagissent ainsi parce qu’ils
associent le français à des expériences de correction ou de
réprimande? Est-ce parce qu’ils ne voient pas de sens et
de raison d’être pour le français dans leur communauté?
Il faut également les amener à justifier leur réaction et à
comprendre pourquoi ils pensent ainsi. Il est ainsi plus
facile de réagir de façon constructive à leurs réalités.
Les explications des élèves pour justifier leur comportement
langagier sont de trois natures :
• Le réflexe ou l’habitude
• Le manque de compétence ou de confiance en soi
• La contre-affirmation
COMMENT
S’Y PRENDRE?
Aïe! les élèves parlent en anglais
en classe!
26}
PISTES D’ACTION
Le réflexe ou l’habitude
• Changer une routine, ça prend des efforts!
D’abord, il faut se fixer des buts collectifs et développer
l’habitude de parler français. Il faut également se donner des
stratégies pour atteindre ces buts. (Il est essentiel que les
élèves s’engagent dans le projet pour qu’il fonctionne. Il faut
que ça vienne d’eux.) Il faut trouver des stratégies visant à
nous faire prendre conscience des moments où l’on ne parle
pas le français, et se donner des moyens d’agir pour changer
cette habitude, par exemple, désigner un gardien ou une
gardienne de la langue lors du travail de groupe. Il faut que
les solutions viennent des élèves!
{axe touché : conscientisation et engagement}
• Des référents culturels en français!
Si les référents culturels sont en anglais, il est normal
de vouloir en parler en anglais. La découverte d’artistes
francophones et l’adoption de référents culturels en français
porteront les élèves à en parler en français et à développer
cette habitude.
{axe touché : appropriation culturelle}
COMMENT
S’Y PRENDRE?
Le manque de compétence ou de confiance en soi
• On apprend à parler en parlant!
Et plus on est compétent, plus on est confiant. Beaucoup
d’activités intègrent l’oral et permettent aux élèves
d’exprimer leurs opinions. Par exemple, en sciences, on peut
faire des débats sur des sujets comme le réchauffement de
la planète, l’éthique dans le domaine du clonage, etc. Dans
le cours d’histoire, on peut débattre des écrits historiques
qui présentent parfois un seul point de vue. On peut faire
des jeux de rôles et incarner des personnages historiques.
Simplement, on peut dire aux élèves de prendre deux
minutes pour expliquer à leur voisin ce qu’ils savent du
concept à l’étude, s’ils sont d’accord avec l’idée présentée,
etc. De cette façon, chacune et chacun a l’occasion de prendre
la parole.
{axes touchés : rapport positif à la langue, développement de
l’autodétermination, maximisation des apprentissages}
{ 27
• De l’informel au formel
On peut faire des activités orales qui visent d’abord des
situations de communication informelles et qui vont ensuite
vers des situations plus formelles. Par exemple, les élèves
peuvent étudier un concept en petites équipes collaboratives
et ce faisant, s’approprier le vocabulaire et la langue qui
entourent ce concept. Ensuite, les élèves peuvent prendre
quelques minutes pour décrire leur compréhension du
concept dans leur journal de bord (ils intègront davantage
les éléments langagiers autour du concept, y compris le
vocabulaire). Puis, de façon un peu plus formelle, ils peuvent
expliquer à leurs collègues leur méthode de travail et leurs
constatations.
{axes touchés : rapport positif à la langue, développement de
• Mettez-en, de la langue!
Pour améliorer la confiance et les habiletés des élèves, il
faut maximiser les activités langagières dans toutes les
matières. La lecture demeure l’une des meilleures manières
d’apprendre du vocabulaire. On peut demander aux élèves,
en petits groupes, d’exprimer leurs idées sur la matière à
l’étude. Ensuite, on peut leur présenter un texte sur ce sujet
et leur demander d’en prédire le contenu, de se poser des
questions au sujet de cette matière avant de lire le texte. Par
la suite, les élèves peuvent lire le texte et en discuter entre
eux pour vérifier si leurs prédictions étaient bonnes. Ils
peuvent réagir à la lecture au moyen d’un court texte. Ainsi,
ils ont parlé, écrit et lu au sujet de la matière à l’étude, et ils
ont aussi pu développer leurs habiletés langagières.
{axes touchés : rapport positif à la langue, appropriation culturelle,
négociation identitaire, leadership communautaire}
• Engagez la créativité!
Regarder des films en français permettra aux élèves
d’apprendre beaucoup d’expressions françaises et de
développer leur connaissance de la langue. Mieux encore,
vous pouvez faire des films en français… ce qui leur donnera
la chance de s’exprimer et de dire ce qu’ils ont à dire,
selon leur créativité et leurs idées. Les ados connaissent
bien la technologie et peuvent faire des vidéos. Entrez en
communication avec d’autres classes de votre région ou
COMMENT
S’Y PRENDRE?
l’autodétermination, maximisation des apprentissages}
2 8}
d’ailleurs au pays. Envoyez-leur vos vidéos (de sciences, de
sciences humaines, etc.) et recevez les leurs. Il s’agit d’une
stratégie gagnante.
{axes touchés : rapport positif à la langue, maximisation des
apprentissages, développement de l’autodétermination}
• Collectionnez les mots!
Souvent, les élèves du milieu linguistique minoritaire ont
peu de vocabulaire français. Créez un environnement où
la richesse des mots est valorisée. Faites des activités de
développement du vocabulaire signifiantes. Jouez à des jeux
qui favorisent le développement du vocabulaire. Prenez
quelques minutes au début d’une leçon pour introduire les
mots-clés du concept à l’étude. Vos élèves gagneront en
compétence et en confiance, et ils réussiront mieux leurs
apprentissages.
{axes touchés : rapport positif à la langue, actualisation du potentiel
d’apprentissage}
COMMENT
S’Y PRENDRE?
La contre-affirmation
• Le français, c’est une vraie langue!
Si les élèves en viennent à ne pas voir l’importance de la
langue française, c’est qu’ils ne la voient pas comme une
langue autre que celle de l’école. L’important, c’est de
la rendre utile et concrète. Ils doivent pouvoir parler en
français avec d’autres. Mettez les TIC à profit pour que les
élèves puissent communiquer avec d’autres élèves de leur âge
(Skype, par exemple). Donnez un sens au français.
{axes touchés : rapport positif à la langue, négociation identitaire}
• Le français, c’est plaisant!
Souvent, les élèves pensent que le français, c’est ennuyant
et compliqué. Au fil des ans, ils ont l’impression de s’être
surtout fait corriger alors qu’ils voulaient s’exprimer. Ils
peuvent en venir à entretenir la perception qu’ils ne parlent
en français que pour pratiquer. Il faut éviter de surcorriger,
leur donner la chance de parler, miser sur le contenu du
message d’abord et travailler la forme ensuite.
{axe touché : rapport positif à la langue}
{ 29
UN FRANÇAIS PAS TOUT A FAIT STANDARD
Les élèves trouvent difficile de
s’exprimer en français dans les
autres matières.
Les élèves disent qu’ils parlent en
anglais parce que leur français
n’est pas assez bon.
Le français parlé dans certaines communautés et par bon nombre
d’élèves s’éloigne du français dit « standard » et prend des couleurs
locales, souvent empreintes d’archaïsmes ou d’anglicismes. Si les
tournures langagières et même les accents régionaux constituent
une évolution normale de la langue, celle-ci est confrontée aux
objectifs du programme d’études qui préconisent un français plus
universel.
AVANT TOUT
D’entrée de jeu, assurez-vous que l’apprentissage du français
à l’école ne va pas à l’encontre du parler local. Il doit plutôt
permettre aux élèves d’élargir leur connaissance de la langue
française pour y intégrer un nouveau registre plus universel.
Il est donc important d’aborder toute intervention en discutant
d’abord avec les élèves des caractéristiques du parler local, celui de
tous les jours. C’est l’occasion de souligner, par exemple, que les
communautés linguistiques minoritaires sont isolées et qu’elles
ont conservé des expressions anciennes. De plus, leur proximité
avec la langue majoritaire occasionne des emprunts lexicaux
et grammaticaux. On peut également leur faire remarquer que
toutes les communautés linguistiques, peu importe où elles se
situent, parlent un français empreint de couleurs locales. On
peut leur fournir des exemples : En France, on dit « mail » pour
« courriel »; dans certaines régions du Québec, on prononce
« mardzi » au lieu de « mardi ».
La langue est porteuse d’identité. Pour les locuteurs d’un
parler régional, c’est l’identité qui se loge dans cette langue.
S’ils ressentent un jugement négatif envers leur langue, c’est
aussi leur identité qui en est victime. Les élèves étant souvent
porteurs d’insécurités linguistiques, il faut éviter de dévaloriser
leur langue parlée et de leur dire qu’il faut la « corriger » ou la
« nettoyer ». Il faut plutôt opter pour des termes comme « élargir »
et « étendre ».
Le visionnement d’un film comme Éloge du chiac1 (disponible sur
www.onf.ca ) et Éloge du chiac, part 2 2 (disponible à l’ONF) permet
d’ouvrir la discussion sur la variation linguistique.
1 Ce film de Michel Breau, tourné en 1968, est toujours d’actualité. Des adolescentes et adolescents
discutent du chiac, une variation linguistique présente dans le sud-est du Nouveau-Brunswick.
2 Quarante ans après l’Éloge du chiac, un nouveau film de Marie Cadieux explore le discours actuel
autour du chiac. Plusieurs figurants du film original viennent revivre les échanges.
­
COMMENT
S’Y PRENDRE?
Les élèves parlent le « franglais »
et ne font pas d’effort pour
s’améliorer.
30}
• Jouer avec la variation
Les élèves ne sont pas toujours conscients que certaines
expressions sont uniques à leur milieu ou qu’une tournure
de phrase qu’ils emploient couramment est un anglicisme.
À partir de ces constats, on peut faire un « dictionnaire de
la variation » comprenant des mots de vocabulaire et des
règles grammaticales propres aux élèves. Par ce moyen, les
élèves constateront les différences entre leur parler régional
et l’usage différent d’autres milieux. Un tel dictionnaire peut
également se prêter à des jeux sur la variation linguistique.
Avec les classes qui deviennent de plus en plus hétérogènes
et multiculturelles, il s’agit d’une excellente occasion de
franchir des barrières linguistiques ensemble. Par exemple,
combien de mots différents peuvent servir à dire la même
chose à travers la francophonie? Voici quelques exemples :
capotant, buzzant, freaquant, grave… On peut également
étendre le jeu à la nouvelle langue de la messagerie
instantanée et des textos.
{axes touchés : maximisation des apprentissages, rapport positif à la
COMMENT
S’Y PRENDRE?
langue}
• Construire sur les acquis
En bon pédagogue, il faut savoir activer les connaissances
antérieures avant d’amorcer un nouveau sujet. Il est facile
d’oublier ce principe quand il s’agit de faire la transition
entre le parler local et le français plus standard. Au lieu de
tenter d’effacer ce qui est déjà présent dans le langage des
élèves, il faut savoir y puiser une excellente base linguistique
sur laquelle construire. Il ne faut pas non plus oublier que les
connaissances antérieures des élèves autour du nouveau sujet
que vous souhaitez aborder sont elles-mêmes encodées dans
ce parler. À vous d’en profiter!
{axes touchés : maximisation des apprentissages, rapport positif à la
langue}
• De l’informel au formel
Une excellente façon de construire sur les acquis langagiers
est de faire une place à l’écrit et l’oral informels. Donnez aux
élèves l’occasion d’activer leurs connaissances antérieures
au sujet du concept à l’étude dans cette langue qui leur est
plus familière. Invitez-les à écrire les informations dont ils
{ 31
disposent déjà dans un journal d’écriture informel ou à les
partager oralement entre eux. Ces activités donneront lieu
à diverses expériences langagières (lire, écrire et parler au
sujet du concept à l’étude) qui leur permettront d’étendre
leur vocabulaire et leur connaissance de la langue.
{axes touchés : maximisation des apprentissages, rapport positif à la
langue, développement de l’autodétermination}
• Étendre le répertoire en maximisant les activités
langagières
On apprend une langue en l’utilisant. Il faut maximiser les
occasions d’activités orales, de lecture, d’écoute et d’écriture
pour intensifier les expériences langagières des élèves et
leur permettre d’étendre leur connaissance de la langue.
Des suggestions sont proposées dans la section Molière
vs. Shakespeare (p. 25).
{axes touchés : appropriation culturelle, négociation identitaire,
• Intégrer des œuvres locales
Les auteurs et les artistes locaux s’expriment souvent dans
une langue plus standard et parfois à l’aide d’expressions
typiques de la région. Le fait de voir à l’écrit des expressions
qui font partie du parler local rend légitimes la langue
et l’identité des élèves. Cette légitimité ouvre la porte à
vouloir étendre le répertoire existant à de nouvelles formes
d’expression.
{axes touchés : appropriation culturelle, négociation identitaire, rapport
positif à la langue}
COMMENT
S’Y PRENDRE?
conscientisation et engagement, leadership communautaire}
32}
SACHEZ CACHER CETTE LANGUE
Il arrive que le phénomène minoritaire s’accompagne d’un malaise
et qu’on lui prête une connotation d’infériorité. Or, minorité se
définit uniquement de façon mathématique : on est minoritaire
quand on est moins nombreux! Pourtant, la conjoncture politique
et sociale fait en sorte qu’être « moins nombreux » s’accompagne
de conséquences qui laissent des marques, surtout dans le
contexte nord-américain où l’anglais domine la plupart des
sphères d’activités.
Les élèves sentent qu’ils sont
moins bons que les anglophones.
Les élèves ont une attitude
négative envers la francophonie
en général.
AVANT TOUT
Une discussion s’impose si vous sentez que vos élèves peuvent
être victimes d’un complexe minoritaire. Se sentent-ils moins
bons que le groupe anglophone? Pourquoi? Entretiennent-ils
des préjugés et des stéréotypes négatifs envers la communauté
francophone? D’où viennent ces jugements de valeur? Comment
s’en défaire?
COMMENT
S’Y PRENDRE?
• Présentez de jeunes modèles francophones
Invitez des jeunes francophones de la région à venir
présenter aux élèves leur parcours et leurs succès. Si ces
modèles sont peu présents dans l’environnement des jeunes,
il faut les rendre visibles et leur donner l’occasion de discuter
avec les élèves.
{axes touchés : négociation identitaire, développement de
l’autodétermination}
• Énumérez les acquis
Il se peut que les élèves se comparent défavorablement au
groupe majoritaire. Ce dernier dispose d’un plus grand
nombre de chaînes de télévision, de journaux et de livres.
Il faut alors prendre le temps avec les élèves d’énumérer les
acquis et les avantages des communautés francophones :
le sentiment de solidarité est plus fort dans les plus petits
groupes, le bilinguisme permet une plus grande ouverture
sur le monde, etc.
{axes touchés : leadership communautaire, négociation identitaire,
développement de l’autodétermination, conscientisation et engagement}
Les élèves disent se sentir
intimidés lorsqu’ils vont dans la
communauté anglophone.
{ 33
• Légitimez leur place dans la communauté
Offrez aux jeunes la chance de prendre leur place dans la
communauté et d’y vivre des succès. Organisez une pièce de
théâtre ou un spectacle qui sera présenté au grand public.
Travaillez avec des organismes communautaires pour
planifier et réaliser des projets communautaires. Les élèves
vivront ainsi des expériences enrichissantes en français
et mettront à profit leurs talents pour réaliser de grandes
choses.
COMMENT
S’Y PRENDRE?
{axes touchés : leadership communautaire, rapport positif à la langue,
appropriation culturelle}
34}
DANS LE JARDIN DU VOISIN
Le vieil adage le dit si bien : C’est toujours plus beau dans le jardin
du voisin! Et dans le cas des francophones de l’Amérique du Nord,
ce voisin, il est gros et puissant. À l’adolescence, comment ne pas
être impressionné par les médias et la scène culturelle largement
dominés par la présence anglophone.
AVANT TOUT
COMMENT
S’Y PRENDRE?
Les questionnaires de la section « Qui suis-je? Qui sommesnous? » sont d’excellents moyens de mieux vous connaître et de
mieux connaître vos élèves. C’est à partir de ces informations et
de la discussion proposée que vos interventions seront les mieux
orientées pour contribuer à l’appropriation culturelle francophone
de vos élèves.
• Mettez-y de la culture!
Les élèves peuvent avoir une opinion plus favorable à
la culture majoritaire sans même vraiment connaître la
culture francophone. Offrez-leur la chance de découvrir
des productions francophones de façon ludique et plaisante
(chansons, films, théâtre, etc.). Découvrir des artistes et
leurs œuvres sans avoir un travail à faire par la suite peut
leur permettre de s’ouvrir davantage à l’activité. Donnezleur plutôt comme responsabilité d’explorer ces œuvres et
d’en discuter par la suite en petits groupes. Chaque groupe
peut ensuite rapporter l’essentiel des discussions en séance
plénière.
{axes touchés : appropriation culturelle, négociation identitaire,
conscientisation et engagement, leadership communautaire}
• Communiquez avec les artistes!
Nommer des artistes de la francophonie et goûter à leurs
œuvres est une chose, découvrir le message véhiculé par
l’artiste et le sens profond de ses œuvres en est une autre.
Les artistes posent un regard sur la société, l’interprètent
et nous le rendent à leur façon. Quels sont ces messages?
Qu’avons-nous à apprendre d’eux? Comment s’y prennent-ils
pour communiquer leur message?
{axes touchés : maximisation des apprentissages, appropriation
culturelle, conscientisation et engagement}
Les élèves disent qu’ils veulent
partir à l’école anglophone.
Les élèves refusent d’écouter
de la musique ou des films en
français, ou se plaignent qu’ils
sont obligés de les écouter.
Les élèves veulent de la musique
en anglais pour leurs danses.
{ 35
• Intégrer les arts et la culture dans les programmes
d’études
Il y a d’innombrables occasions d’intégrer les arts et la
culture dans les programmes d’études. Quelles sont les
réactions chimiques en poterie? Comment les arts visuels
utilisent-ils la géométrie? L’intégration des composantes
artistiques et culturelles à l’enseignement donne encore plus
de sens aux concepts à apprendre, et les élèves pourront ainsi
créer des liens entre leur apprentissage et la réalité de leur
communauté.
{axes touchés : appropriation culturelle, développement de
l’autodétermination, négociation identitaire, maximisation
des apprentissages}
• De la radio, du théâtre, de l’impro et de l’animation
culturelle par les élèves
Les élèves auront l’occasion de participer et de découvrir
la richesse culturelle francophone lorsque les activités
pédagogiques les mèneront à faire de la radio, du théâtre, de
l’impro ou de l’animation culturelle. La motivation n’en sera
que renforcée et les apprentissages seront solides et durables.
{axes touchés : appropriation culturelle, développement de
COMMENT
S’Y PRENDRE?
l’autodétermination, rapport positif à la langue, maximisation
des apprentissages}
36}
TRAVAILLER, C’EST TROP DUR
Les élèves peuvent avoir l’impression que c’est plus facile en
anglais. Ils préfèrent la lecture en anglais et trouvent que le
cours de français est « plate ». Ils ont la perception qu’étudier en
français, c’est travailler plus fort, et ils n’ont pas le goût d’y mettre
l’effort. Changer cette perception nécessite que l’enseignement
soit orienté vers la culture d’un rapport positif à la langue.
AVANT TOUT
COMMENT
S’Y PRENDRE?
On laisse parfois entendre aux élèves que la montagne à escalader
est énorme et qu’il faut beaucoup de travail pour arriver à
surmonter les défis de l’apprentissage en français. Bien que les
attentes doivent demeurer élevées et qu’il soit nécessaire de miser
sur des apprentissages de qualité, il faut rendre l’expérience
plaisante et ludique afin que le climat favorise l’apprentissage.
• Communiquer de façon signifiante
Après avoir permis aux élèves de s’approprier les objectifs
d’apprentissage de façon informelle grâce à des discussions
et de l’écriture libre, il est important de les amener à
objectiver leurs apprentissages de façon signifiante. Faire la
preuve de ses apprentissages ne doit pas se limiter à remettre
un travail à l’enseignante ou à l’enseignant pour l’évaluation,
mais doit comprendre le partage de ces apprentissages avec
un auditoire diversifié. Publier certains travaux pour les
communiquer à d’autres, correspondre avec d’autres écoles
francophones ailleurs au pays, correspondre par le biais de
la technologie sont autant de moyens qui enrichissent le
partage.
{axes touchés : maximisation des apprentissages, rapport positif à la
langue}
• De la grammaire en contexte
La grammaire n’a pas toujours la popularité désirée, mais
elle n’en demeure pas moins importante pour qu’un message
soit livré de façon claire et précise. Dans chaque matière à
l’étude, il peut y avoir un aspect qui s’avère plus facile pour
les uns et plus difficile pour les autres; il en va de même
pour la grammaire. Il importe donc de donner un sens à cet
apprentissage afin que les élèves le perçoivent comme un
Les élèves refusent de lire en
français.
Les élèves trouvent le cours de
français plate!
{ 37
moyen de bien communiquer l’information. Puisqu’il est plus
facile d’apprendre en appliquant concrètement les nouvelles
connaissances, on peut proposer aux élèves des situations de
résolution de problèmes : il y a un message à communiquer
et le défi consiste à découvrir comment le faire le mieux
possible (genre, forme, choix de vocabulaire, etc.).
{axes touchés : rapport positif à la langue, maximisation des
apprentissages, développement de l’autodétermination}
• Des cercles de lecture
L’un des meilleurs moyens d’augmenter la motivation en
lecture passe par les cercles de lecture. Lorsque les élèves
doivent faire des choix de lecture et qu’ils ont ensuite
le temps de lire avant d’en discuter avec leurs pairs, la
motivation en lecture augmente. Lorsque la motivation
augmente, la lecture devient une activité plus agréable. Plus
la lecture devient une activité agréable, meilleurs sont les
résultats. Et quand les résultats en lecture s’améliorent,
les élèves vivent des succès. Or, faire vivre des succès aux
élèves est un élément important de la pédagogie en milieu
minoritaire.
{axes touchés : rapport positif à la langue, maximisation des
• Accompagner au lieu de simplifier
En voulant aider les élèves, les enseignantes et les
enseignants en milieu minoritaire simplifient parfois le
vocabulaire afin de faciliter la compréhension. Or, si cette
solution s’avère efficace à court terme, elle empêche les élèves
de développer leur vocabulaire et d’étendre leurs capacités
langagières. Il est donc préférable de traiter des textes qui
ont été conçus pour leur niveau d’âge sans les modifier. Bien
sûr, les élèves auront besoin d’un accompagnement adéquat
et de stratégies de lecture qui les aideront à comprendre le
texte (prédire, clarifier le sens des nouveaux mots, résumer,
questionner) tout en leur permettant de développer leur
capacité de lecture et d’étendre leur bagage langagier.
{axes touchés : maximisation des apprentissages, rapport positif à la
langue, développement de l’autodétermination}
COMMENT
S’Y PRENDRE?
apprentissages}
38}
BRASSE PAS LA CAGE!
Il est plus facile de passer inaperçu que de prendre sa juste place.
Les adolescentes et les adolescents s’affirment comme personnes
et ne souhaitent pas être différents de leurs pairs. Ils ne veulent
pas se distinguer en demandant un service en français ou en
revendiquant des droits légitimes. Ils préfèrent passer inaperçus et
se fondre dans la masse. En fait, sont-ils conscients des injustices
et de l’iniquité?
AVANT TOUT
COMMENT
S’Y PRENDRE?
On ne peut pas s’attendre à ce que les élèves revendiquent des
services en français sans même connaître l’impact de leur
démarche. Il importe donc de discuter des droits linguistiques,
de leur origine et des répercussions que l’action collective
peut engendrer. Au Canada, les anglophones du Québec et les
francophones des autres provinces et territoires sont considérés
comme des minorités linguistiques. Pourquoi les minorités
linguistiques ont-elles des droits? En général, ces groupes
exercent-ils ces droits? Quelles sont les conséquences sur l’individu s’il n’exerce pas ses droits? Quelles sont les conséquences
sur le groupe si les personnes qui le composent n’exercent pas
leurs droits? Ces droits sont-ils légitimes? La communauté
francophone occupe-t-elle une juste place dans les institutions?
Des améliorations sont-elles possibles?
• Des projets conscientisants
Nous voulons donner aux élèves la possibilité d’analyser et
de comprendre les réalités sociales de leur communauté.
Des projets de résolution de problèmes peuvent permettre
ce type d’analyse. Les questions qui suivent peuvent orienter
l’élaboration de projets interdisciplinaires qui aideront les
élèves à mieux saisir la réalité sociale de la communauté
francophone. Quel est le pourcentage de francophones dans
la communauté? Est-ce que ce pourcentage est suffisant
pour justifier des droits linguistiques? Est-ce que ces droits
sont en place? Peut-on, par exemple, se faire servir en
français au bureau de poste dans la communauté? Que
peut-on faire pour améliorer la situation?
{axes touchés : conscientisation et engagement, leadership
communautaire, rapport positif à la langue}
Les élèves ne demandent pas de
services en français.
Les élèves sont mal à l’aise quand
des droits sont revendiqués au
nom de la langue.
{ 39
• Des projets engageants
Pour amener les élèves à prendre conscience des réalités
de leur communauté francophone, invitez-les à faire une
analyse de leurs comportements langagiers (ou de ceux de la
communauté en général), à faire des prédictions et à se fixer
des objectifs. Si un sondage, dans le cours de mathématiques,
révèle que les élèves n’écoutent jamais la télévision en
français, on peut discuter des moyens à envisager pour
changer ce courant. Dans le cours de sciences humaines ou
de français, on peut concevoir un plan pour provoquer ces
changements. L’important, c’est que les solutions viennent
des élèves et que ces derniers s’engagent dans la démarche.
{axes touchés : développement de l’autodétermination, négociation
identitaire, conscientisation et engagement}
• Nourrir les sentiments d’appartenance, de compétence
et d’autonomie
Les jeunes doivent avoir l’occasion de faire partie d’un
groupe qui discute de situations problématiques et qui
veut travailler de façon coopérative pour les résoudre. Ils
sentiront alors qu’ils vivent des succès et qu’ils font preuve
de compétence en raison des choix qu’ils ont faits.
{axes touchés : conscientisation et engagement, développement de
• Exploiter la pensée critique
Les élèves tiennent souvent pour acquis que les informations
qu’ils reçoivent d’une variété de sources médiatiques sont
véridiques. Plus que jamais, il est important de développer
leurs habiletés de pensée critique : Qui l’a dit? Pourquoi?
Les élèves peuvent commencer par étudier les messages
publicitaires, ce qui leur permettra de découvrir comment
un message est porteur d’une opinion et d’un désir de
convaincre. Par la suite, les élèves pourront examiner des
reportages ou même des expositions artistiques pour réaliser
que les médias présentent toujours un point de vue sur
une question, mais qu’il en existe d’autres! Pour éveiller la
pensée critique, on peut comparer des textes qui présentent
différents points de vue. Sur la question de l’effet de serre,
par exemple, certains scientifiques crient à l’urgence alors
que d’autres nient cette situation. Lors d’une lecture, un
COMMENT
S’Y PRENDRE?
l’autodétermination, négociation identitaire, leadership communautaire}
4 0}
jeu de rôles peut permettre d’analyser le point de vue de
l’auteur. Par exemple, en lisant un texte sur l’histoire de
l’Ouest du Canada, les élèves peuvent se partager les rôles
d’un Autochtone, d’un commerçant, d’une missionnaire,
d’un coureur des bois, etc. On peut ensuite questionner les
intentions de l’auteur : Quel était son point de vue? Quel
message veut-il livrer? Que souhaite-t-il que nous pensions
après avoir lu son texte?
{axes touchés : leadership communautaire, négociation identitaire,
développement de l’autodétermination, conscientisation et engagement}
• Créer des partenariats avec les organismes
communautaires
Si vos élèves constatent des lacunes dans les services que
reçoivent les francophones dans la communauté, ils peuvent
profiter de l’occasion pour créer des partenariats afin de
mettre sur pied des projets concrets qui remplaceront les
services déficients. Par exemple, un projet de création d’un
site Internet pour les francophones de la communauté peut
se faire en partenariat avec une association francophone
de la communauté.
{axes touchés : leadership communautaire, négociation identitaire,
COMMENT
S’Y PRENDRE?
développement de l’autodétermination, conscientisation et engagement}
{ 41
Boîte à outils
Voici quelques outils qui vous permettront de poursuivre votre
réflexion.
Pour approfondir la question de la construction identitaire
ASSOCIATION CANADIENNE D’ÉDUCATION DE
LANGUE FRANÇAISE. Cadre d’orientation en construction
identitaire, Québec, ACELF, 2006, 35 p.
ASSOCIATION CANADIENNE D’ÉDUCATION DE
LANGUE FRANÇAISE. Cadre d’orientation en construction
identitaire. Feuillet synthèse, Québec, ACELF, 2008.
BOUDREAU, Ronald, Christine DALLAIRE et Kenneth
DEVEAU. L’appropriation culturelle des jeunes à l’école secondaire
francophone en milieu minoritaire. Synthèse de l’enquête, Ottawa,
Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants,
2009, 30 p.
CORMIER, Marianne. La pédagogie en milieu minoritaire
francophone : un outil de discussion, Ottawa, Fédération canadienne
des enseignantes et des enseignants, 2006, 63 p.
CORMIER, Marianne. La pédagogie en milieu minoritaire
francophone : une recension des écrits, Ottawa, Fédération
canadienne des enseignantes et des enseignants, 2005, 39 p.
DEVEAU, Kenneth et Christine DALLAIRE. L’appropriation
culturelle des jeunes à l’école secondaire francophone en milieu
minoritaire. Résultats de l’enquête pancanadienne, Ottawa,
Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants,
2009, 116 p.
BOÎTE À
OUTILS
DALLAIRE, Christine, et Kenneth DEVEAU. L’appropriation
culturelle des jeunes à l’école secondaire francophone en milieu
minoritaire. Rapport d’analyse des entrevues de groupe, Ottawa,
Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants,
2009, 62 p.
42}
Des outils pour vous et vos élèves
Accueillir, c’est s’ouvrir
www.ctf-fce.ca sous « Ressources » et « Écoles de langue française »
Banque d’activités pédagogiques
www.acelf.ca/bap/
Debout! 2e édition
www.ctf-fce.ca sous « Ressources » et « Écoles de langue française »
Mieux comprendre pour mieux intervenir
www.acelf.ca/mcmi
Trousse du passeur culturel
www.passeurculturel.ca
Voir grand à l’adolescence – guide de dialogue
www.ctf-fce.ca sous « Ressources » et « Écoles de langue française »
Voir grand à l’adolescence – trousse d’animation et présentations visuelles
www.ctf-fce.ca sous « Ressources » et « Écoles de langue française »
BOÎTE À
OUTILS
Voyage en francophonie canadienne
www.acelf.ca/outils-pedagogiques/voyage-francophonie-canadienne.php
Auteure
Marianne Cormier, Ph. D.
Faculté des sciences de l’éducation
Université de Moncton
Coordonnateur du projet Ronald Boudreau
Services aux francophones
Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants (FCE)
Comité de travail
Yoan Barriault, Nunavut
Carolyn Bussière, Ontario
Monique Chiasson, Nouveau-Brunswick
Yvette d’Entremont, Nouvelle-Écosse
Patrick Lachance, Alberta
Éric Landry, Nouveau-Brunswick
Jessica Thériault-Doucet, Nouveau-Brunswick
Denis Thivierge, Ontario
Nicole Tremblay, Ontario
Graphisme
Nathalie Hardy, FCE
Révision linguistique
Ronald Boudreau, FCE
Marie-Caroline Uhel, FCE
Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants
2490, promenade Don Reid
Ottawa (Ontario) K1H 1E1
Téléphone : 613-232-1505
Fax : 613-232-1886
www.ctf-fce.ca
Dépôt legal : 2010
Bibliothèque et Archives Canada
ISBN – 0-88989-404-3
© Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants, 2010.
Nous reconnaissons l’appui financier du gouvernement du Canada
par l’entremise du ministère du Patrimoine canadien.
École secondaire
de langue française
Favoriser
la réussite :
une affaire d’école
Marianne Cormier
Publication de la Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants
Pour obtenir des exemplaires supplémentaires, veuillez communiquer avec nous à :
2490, promenade Don Reid
Ottawa (Ontario) K1H 1E1
Téléphone : 613-232-1505 ou
1-866-283-1505 (sans frais)
Fax : 613-232-1886
[email protected]
www.ctf-fce.ca