La Montagne p.9 du 22 janvier 2013

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La Montagne p.9 du 22 janvier 2013
LA MONTAGNE
MARDI 22 JANVIER 2013
9
Économie
ENTREPRISES ■ Les partenaires germaniques occupent une large place dans les échanges commerciaux
L’Auvergne en affaires avec l’Allemagne
L’Auvergne et l’Allemagne
sont de vieux partenaires
économiques : Michelin est
installé outre Rhin depuis
plus d’un siècle, Volvic y envoie 40 % de sa production… et les Allemands
sont aussi présents en
Auvergne.
L’Allemagne est pour nous
un bon client, exigeant,
mais c’est surtout notre
plaque tournante ».
Volvic en force
Arnaud Vernet
[email protected]
G
éographiquement,
l’Espagne et l’Italie
sont incontestable­
ment les plus proches,
mais l’économie, parfois,
se joue des distances. Pour
les entreprises Auvergna­
tes, l’Allemagne compte
ainsi bien plus que les
autres, restant, d’année en
année, le premier parte­
naire économique de la
région : l’Allemagne repré­
sente en effet 11 % de nos
exportations et 19 % de
nos importations, soit un
certain déficit pour une
région qui affiche pour­
tant une balance commer­
ciale excédentaire de plus
de 700 millions d’€.
On y échange essentiel­
lement des produits phar­
maceutiques, des produits
chimiques et des produits
en caoutchouc, avec quel­
ques niches comme la
VOLVIC. La marque envoie 40 % de sa production en Allemagne… et seulement 30 % en France !
coutellerie ou les produits
de la culture et de l’éleva­
ge.
Partenaires fidèles
C’est justement dans ce
secteur pharmaceutique
que s’étendent les labora­
toires Chibret qui ont ins­
tallé en 2007 une filiale
commerciale : « Je me suis
personnellement occupé
de cette installation confie
Jean­Frédér ic Chibret,
président de Théa. C’est
un des plus gros marchés
européens et notre pré­
sence était indispensable.
Un marché difficile, car les
Allemands sont plutôt
conser vateurs. Or nous
étions presque trop inno­
vants et il nous a fallus
3 ans pour construire no­
tre crédibilité. C’est ainsi
devenu un marché fidèle
qui ne représente encore
que 10 M€ de chiffre d’af­
PHOTO FANNY MADAMOUR
faires pour nous (sur un
total de 295 M€) mais avec
une marge de progression
considérable.
C’est justement dans une
niche que travaille Gilles
Reynewaeter, PDG de Sne­
ti­Thiers­Issard qui fabri­
que des couteaux. Les vo­
lumes qu’il échange avec
l’Allemagne n’ont évidem­
ment rien à voir avec ceux
d’entreprises comme Vol­
vic ou Michelin, mais l’Al­
lemagne est pour lui une
destination incontourna­
ble : « Nous nous rendons
chaque année aux foires
de Francfort (février) et
Nuremberg (mars) qui
n’ont pas d’équivalent en
F r a n c e . Av e c p l u s d e
140.000 visiteurs profes­
sionnels, c’est notre porte
sur le monde entier et
nous serons d’ailleurs
30 exposants thiernois à
Francfort cette année.
Le marché allemand est
également essentiel pour
Volvic qui y est installé de­
puis 1968. Les Allemands
a p p r é c i e n t s a p u re t é ,
d’abord recommandée par
les naturopathes et diété­
ticiens avant de conquérir
le grand public. Aujour­
d’hui, les 870 salariés de
Volvic consacrent 40 % de
leur temps de travail au
marché allemand (eau
plate et aromatisée) et
viennent de relancer pour
ce marché une ligne d’eau
gazeuse aux résultats pro­
metteurs.
À noter qu’à l’instar de
Michelin qui a cinq usines
en Allemagne, les Alle­
mands ont eux aussi des
usines en Auvergne : Bosh
produit ainsi des systèmes
de freinage ABS et EPS,
dans son usine d’Yzeure
qui emploie 400 salariés,
et Mewa, leader européen
de la lingette industrielle
produit pour sa part lin­
gettes et vêtements indus­
triels dans son usine
d’Avermes qui emploie
150 salariés. ■
■ LES CHIFFRES DE L’ALLEMAGNE EN AUVERGNE… ET DE L’AUVERGNE EN ALLEMAGNE
Premier partenaire
L’Allemagne, premier partenaire
commercial de la France, est également le
premier partenaire de l’Auvergne. En
2012, 11 % des exportations auvergnates
étaient destinées à l’Allemagne (devant
l’Espagne, 9 %, l’Italie 9 %). En matière
d’importations, l’Allemagne est
également première, représentant 19 %
du total de nos importations, devant les
États-Unis (13 %) et l’Espagne (9 %).
Loin devant
En 2012 l’Auvergne a exporté vers
l’Allemagne l’équivalent de 771 millions
d’€ ; vers l’Espagne 582 M€ ; vers l’Italie,
578 M€, vers les USA 578 M€ et vers le
Royaume Uni 449 M€.
Les importations viennent pour leur part
principalement d’Allemagne
(1.033 millions d’€), des États-Unis
(825 M€), d’Espagne (523 M€), d’Italie
(491 M€) et de Chine (339 M€).
Volvic outre Rhin
L’Allemagne boit auvergnat : le pays est
en effet le premier marché de Volvic
(40 % - 230 millions de litres/an) devant la
France (30 %). Dans ce pays gros buveur
d’eau gazeuse (80 % du marché) Volvic
est ainsi leader de l’eau plate avec une
importance croissante de l’eau aromatisée. Volvic vient de relancer la production
d’eau gazeuse, exclusivement réservée
pour l’instant au marché allemand.
5 usines Michelin
Le géant Auvergnat du pneumatique est
implanté depuis plus d’un siècle en
Allemagne où il exploite 5 sites de
production.
Les usines de Karlsruhe, Bad Kreuznach,
Trèves, Homburg-Saar et Hallstadt
emploient plus de 5.000 salariés qui
produisent près de 20 millions de
pneumatiques pour un chiffre d’affaires
de près de 2 milliards d’€.
Brüggen, à Thiers : « Les Allemands ont le souci d’être efficaces »
« C’est comme une entreprise française qui aurait
son usine en province et sa
direction à Paris », explique
Stéphane Guilbert, responsable logistique du site
thiernois de Brüggen.
Depuis son ouverture, il
y a cinq ans pour se rap­
procher de ses clients du
sud de l’Europe, on a ap­
pris à faire fi des distances
dans la seule usine fran­
çaise du fabricant de
corn­flakes allemand. Un
poids lourd qui embauche
quelque 650 salariés sur
son site historique de Lü­
beck (Allemagne du nord,
land de Schleswig­Hols­
tein) et 170 employés, à
Thiers. « Les relations sont
simples : le site est res­
ponsable de ses opéra­
tions, l’exploitation du site
est gérée en France par
son management. Les dé­
cisions stratégiques sont
pr ises en Allemagne »,
ajoute Stéphane Guilbert.
Seule différence toutefois
avec ses consœurs loca­
les : « Lors des réunions,
on parle en Anglais. Tous
les Français ne parlent pas
Allemand ! »
Volonté de consensus
CÉRÉALES. Outre Thiers, le fabricant de céréales dispose de trois autres sites, entre l’Allemagne et
la Pologne. Le seul site français, regroupant 170 salariés, à vocation à rapprocher Brüggen de ses
clients du Sud de l’Europe (France, Espagne, Italie et Portugal). PHOTO D’ARCHIVES PASCAL CHARREYRON
« La seule différence,
c’est la langue », insiste le
responsable. Et aussi un
peu le caractère : l’Alle­
mand se distingue ainsi
« dans sa volonté perma­
nente du consensus. Ils
n’aiment pas le conflit,
c’est différent du modèle
français ». Idem pour l’ef­
ficacité, qu’on préférera à
une rigueur, bien souvent
légendaire : « Les Alle­
mands ont le souci d’être
efficaces, les décisions se
prennent vite : il ne faut
pas perdre de temps sur
les détails qui seront vus
plus tard quand ils seront
dans le vif du sujet ».
Et même si l’histoire du
site thiernois est encore
courte, comparée à celle
d e Br ü g g e n f o n d é e e n
1868 à Neumünster, « les
échanges sont d’égal à
égal, comme dans un
groupe franco­français ».
Stéphane Guilbert en veut
ainsi pour preuve la con­
fiance accordée par la di­
rection allemande au site
thiernois. Dans la zone du
Felet on s’apprête ainsi à
produire, dans les semai­
nes qui viennent, une
nouvelle céréale fourrée
au chocolat pour la cen­
taine de marques distribu­
teur ­ pour une produc­
tion de 1,5 million de
boîtes par an ­ avec les­
quelles traite Brüggen.
Wunderbar ! (*) ■
François Jaulhac
(*) Merveilleux, en Allemand.
Pdd

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