dossier antibiotiques - Le médicament vétérinaire

Transcription

dossier antibiotiques - Le médicament vétérinaire
QUESTIONS / REPONSES: Le bon usage des antibiotiques en santé
animale
Les antibiotiques sont des médicaments qui doivent être perçus comme un véritable bien public faisant
partie du patrimoine de santé. Pour cette raison, leur utilisation doit se faire de manière prudente et
raisonnée.
Qu’est-ce qu’un antibiotique ?
Les antibiotiques sont des médicaments capables d’entraîner la destruction (effet bactéricide) ou l’arrêt de
la multiplication (effet bactériostatique) des micro-organismes.
A partir d’une certaine concentration ou au bout d’un certain temps, les antibiotiques permettent d’assurer
efficacement et en toute sécurité, le contrôle de nombreuses bactéries pathogènes à l’origine des maladies
dites infectieuses humaines et animales. Ils n’ont en revanche aucune action contre les virus.
Pourquoi utilise-t-on des antibiotiques en élevage ?
Comme tout être vivant, les animaux sont sujets à des maladies qu’il est nécessaire de prévenir ou de
traiter. Dès lors qu’un animal est sujet à une infection bactérienne, il doit recevoir un antibiotique car seuls
des animaux sains peuvent fournir des denrées alimentaires sans risque pour la santé du consommateur.
Par ailleurs, l’éthique impose de prendre en charge un animal malade, pour son bien-être. L’administration
d’antibiotiques se fait sous contrôle vétérinaire et sur prescription.
Pourquoi utilise-t-on des antibiotiques en élevage sur des animaux qui ne sont pas
malades ?
La plupart des animaux de production ou de rente sont élevés en groupe (volailles, porcs, veaux, bovins …).
Quand une maladie apparaît ou lorsqu’il y a un fort risque qu’une maladie se déclare (bactérie présente
dans l’élevage), tous les animaux ne sont pas touchés en même temps. Mais compte tenu de la proximité
des animaux, le risque de contagion est grand. Le vétérinaire peut être amené à traiter l’ensemble
du groupe sans attendre que tous les animaux manifestent des symptômes.
Les animaux élevés selon les principes de l’agriculture biologique peuvent-ils
recevoir des antibiotiques ?
Bien que l’agriculture biologique favorise l’utilisation de traitements alternatifs, si un animal est malade,
des antibiotiques peuvent être utilisés pour le soigner. Cela se fait conformément aux cahiers des charges
de l’agriculture biologique qui réglementent et encadrent l’utilisation des antibiotiques. La réglementation
européenne autorise jusqu’à trois traitements curatifs par an.
Des animaux sont-ils traités toute leur vie aux antibiotiques ?
Non, l’autorisation de mise sur le marché des médicaments antibiotiques précise la quantité et la durée
d’administration de l’antibiotique. Aucune AMM n’est délivrée pour une administration pendant toute la
durée de vie des animaux.
Les antibiotiques utilisés comme facteurs de croissance qui, eux, étaient donnés sur de longues périodes
ont tous été interdits dans l’Union Européenne depuis janvier 2006.
Y’a-t-il un risque lié à la présence de résidus d’antibiotiques dans les denrées
d’origine animale ?
Non, il n’y a pas de risque lié à la présence éventuelle de résidus, quand les médicaments autorisés sont
utilisés selon l’Autorisation de Mise sur le Marché (AMM). Lors de l’examen du dossier d’AMM, les autorités
scientifiques européennes fixent les Limites Maximales de Résidus (LMR) qu’il convient de ne pas
dépasser dans les denrées alimentaires.
Ces LMR sont fixées au niveau européen pour chaque substance active du médicament dans chaque
espèce cible qui reçoit ce médicament et pour toutes les productions (viande, lait, oeuf etc.). Ces LMR
permettent de fixer le temps d‘attente (délai entre la dernière administration du médicament et l’abattage
ou la production de denrées). La bonne utilisation du médicament en élevage et le respect du temps
d’attente permettent de garantir des niveaux de résidus inférieurs aux LMR et donc sans danger pour le
consommateur. Les contrôles effectués sur les denrées animales par les services vétérinaires garantissent
l’absence de risques pour le consommateur. De plus, tout dépassement de LMR fait l’objet d’une
déclaration auprès des autorités dans le cadre de la pharmacovigilance.
Est-il possible que du lait contenant des antibiotiques soit consommé ?
Non, des contrôles de résidus dans le lait sont effectués régulièrement. Au niveau de l’élevage, il s’agit de
contrôles aléatoires deux à cinq fois par mois. Au niveau de l’industrie laitière, le contrôle est systématique
à l’arrivée de toute collecte de lait.
Si des résidus d’antibiotiques sont détectés, alors le lait est écarté et détruit et l’éleveur est pénalisé.
Peut-on se passer complètement d’antibiotique ?
Les animaux en parfaite santé ne reçoivent pas d’antibiotique et des conditions d’élevage parfaitement
maitrisées facilitent ce contexte. Cependant, le regroupement d’animaux augmente le risque de « contact »
avec des bactéries à caractère potentiellement pathogène. Des alternatives aux antibiotiques sont
possibles (par exemple, la vaccination), mais ne sont pas envisageables pour toutes les maladies.
Qu’est-ce que l’antibiorésistance ?
L’apparition de l’antibiorésistance est un phénomène naturel de défense des bactéries vis-à-vis de l’action
exercée par l’antibiotique qui est là pour détruire ou arrêter la multiplication de la bactérie. Certaines
bactéries auparavant sensibles à l’antibiotique ne sont plus détruites ou leur multiplication n’est plus
arrêtée.
C’est la bactérie qui devient résistante et non pas l’homme ou l’animal.
Les antibiotiques entraînent-ils des résistances chez les bactéries portées par les
animaux ?
La sélection de résistances est un phénomène naturel de défense des bactéries vis-à-vis de l’action de
l’antibiotique. Elle existe sur toutes les bactéries sans distinction de leur origine qui peut être animale ou
humaine.
Les antibiotiques utilisés chez les animaux entraînent-t-ils des résistances chez les
bactéries portées par l’homme ?
La résistance aux antibiotiques peut se transmettre de l’animal à l’homme et de l’homme à l’animal car le
monde bactérien ne fait qu’un. Cependant les mesures d’hygiène et de bon usage des antibiotiques
limitent généralement la transmission. Ce risque de transmission est une préoccupation du Comité
National de coordination pour un usage raisonné des antibiotiques en médecine vétérinaire (voir question
« Qu’est-ce que le Comité National de coordination pour un usage raisonné des antibiotiques en médecine
vétérinaire ? »).
Comment limiter l’apparition de résistances ?
Afin de limiter l’apparition de résistances, plusieurs précautions sont prises :
 dans le dossier d’autorisation de mise sur le marché (AMM) du médicament vétérinaire, ce
phénomène est étudié et les conditions d’utilisation en tiennent compte. Bien utilisé selon les
indications mentionnées dans l’AMM, le risque est limité et sous contrôle.
 les antibiotiques sont délivrés sur prescription du vétérinaire traitant qui juge du médicament à
utiliser en suivant des règles de bonnes pratiques d’utilisation.
 les pratiques vétérinaires recommandent d’intervenir précocement afin d’éviter l’extension de la
maladie.
Comment l’antibiorésistance est-elle surveillée ?
La surveillance de la résistance aux antibiotiques est assurée par les autorités sanitaires françaises
(ANSES) et européennes (EFSA).
Des laboratoires de l'ANSES dans les diverses espèces de production et le réseau de laboratoires
d'analyses vétérinaires surveillent l'apparition et l'évolution des résistances aux antibiotiques et travaillent
en lien avec les observatoires existant en médecine humaine comme l’ONERBA. Il existe également des
réseaux européens pour surveiller les bactéries pathogènes et sentinelles (CEESA, EASSA et VetPath).
La suppression de l’utilisation de certaines familles d’antibiotiques en santé
animale a-t-elle permis de réduire les résistances en santé humaine ?
La question est complexe. Il a effectivement été observé une baisse de la résistance au chloramphénicol,
chez l’homme, avec le retrait des AMM vétérinaires pour les animaux de rente en Europe. Toutefois, il est
difficile d’avoir des logiques intellectuelles globales a priori et par conséquent de généraliser cette
observation, compte-tenu du fait que les bactéries circulent avec leur résistance acquise d’une région à
l’autre et qu’il y a des phénomènes de sélections croisées.
La suppression de certaines familles ou catégories (additifs) d’antibiotiques n’apparait pas la solution à
moyen ou long terme pour la réduction des résistances, dans la mesure où ces dernières peuvent alors
apparaitre sur d’autres molécules ou familles suite à des phénomènes de substitution.
Le moyen le plus efficace d’agir sur la résistance aux antibiotiques reste de limiter l’exposition, d’assurer le
respect des bonnes pratiques de l’antibiothérapie et les progrès dans la conduite et l’hygiène des élevages.
Peut-on réduire la consommation des antibiotiques ?
C’est l’état de santé des animaux qui détermine la prescription des antibiotiques. Cette dernière varie ainsi
d’une année sur l’autre en fonction de différents facteurs (climat, épidémie, circulation de germes). Les
industries du médicament vétérinaire investissent dans la recherche en infectiologie, c’est à dire le
développement de l’immunité et les vaccins qui préviennent l’apparition de maladies, permettant ainsi de
limiter le recours aux antibiotiques. Par ailleurs, afficher un objectif de baisse ne peut être fait qu’après
analyse des pratiques et des besoins mais peut participer à la sensibilisation de tous les acteurs de la
chaîne du médicament.
Connait-on la consommation d’antibiotiques en France et en Europe ?
L’Agence Nationale du Médicament Vétérinaire publie depuis 1999 un rapport annuel des ventes
d’antibiotiques vétérinaires en France consultable sur son site ici
L’Europe est en train de mettre en place une surveillance européenne des ventes (ESVAC) dont le premier
rapport rétrospectif est publié ici.
Qu'est ce que le plan Ecoantibio ?
C’est le plan national de réduction des risques d’antibiorésistance en médecine vétérinaire, lancé le 18
novembre
2011
par
le
ministère
en
charge
de
l’agriculture.
Il vise un double objectif :

Qualitativement, diminuer la contribution des antibiotiques utilisés en médecine vétérinaire à la
résistance bactérienne et préserver durablement l’arsenal thérapeutique pour la médecine
vétérinaire, et ce d’autant plus que la perspective de développement de nouveaux antibiotiques,
est réduite.

Quantitativement, le plan vise une réduction en 5 ans de 25% de l’usage des antibiotiques
vétérinaires, en développant les alternatives qui permettent de préserver la santé animale sans
avoir à recourir aux antibiotiques.
Une page lui est dédiée sur le site du Ministère de l’Agriculture : plan Ecoantibio 2017
Y a-t-il un conflit d’intérêt dans le fait que le vétérinaire prescrive et délivre le
médicament ?
Les médicaments que l’Industrie met sur le marché sont des produits de haute technicité. Ils doivent être
prescrits et délivrés par des acteurs ayant reçu une formation initiale et continue performante dans un
cadre juridique précis et respecté. Le vétérinaire répond à ces exigences pour la prescription et la
délivrance (formation initiale et continue, appartenance à l’Ordre des Vétérinaires, suivi du Code de la
Santé Publique). Il possède une éthique et est encadré par l’Ordre des Vétérinaires qui peut sanctionner si
la prescription est non conforme. Le pharmacien répond également à ces exigences pour la délivrance du
médicament vétérinaire.
Conclusion
Il est fondamental de préserver l’arsenal thérapeutique que constituent les antibiotiques. La prise de
conscience des différents acteurs est effective et tous travaillent ensemble actuellement afin de limiter
l’apparition d’antibiorésistances.
Le moyen le plus efficace d’agir sur la résistance aux antibiotiques reste de limiter l’exposition, d’assurer le
respect des bonnes pratiques de l’antibiothérapie et les progrès dans la conduite et l’hygiène des élevages.

Documents pareils