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témoignage
La vérité (ou) expulsée
cès au territoire israélien et allaient
procéder à la prise d'empreintes, de
photos et puis de photocopies et
scans de mon passeport. Puis, j'ai
été soumise à une fouille corporelle
et à une inspection minutieuse de
mes bagages. Onze personnes ont
m’accueillent deux autres per- été mobilisées pour cette opération!
sonnes. Une série de questions me
sont de nouveau posées et puis je Cette étape passée, j’ai été emmeme retrouve à nouveau seule. née dans un centre de détention siQuelque chose ne va pas, je le sens, tué tout près de l'aéroport. J'ai dû
j’essaie malgré tout de garder mon laisser mes bagages et mon GSM de
sang froid et de rester positive. côté avant d'être enfermée dans une
L’interrogatrice me rappelle une pièce peu accueillante sans plus
deuxième fois, et là, le cauchemar d’explications. S’y trouvaient déjà
commence.
deux femmes asiatiques. Il faisait
froid et je n’avais pas droit à un
Lors des deux interrogatoires pré- drap ou à une couverture. J'ai donc
cédents, j’avais simplement déclaré dormi sur un vieux matelas en mauvenir en Israël pour y faire du " tou- vais état. Vers 5h du matin, j’étais
risme avec une amie" (Dounia en l’oc- dans l’avion vers la Belgique. Mon
currence). Apparemment, les agents voyage en Palestine s’était arrêté
de la sécurité n'ont pas du tout cru à avant même d’avoir vraiment
ma version du voyage. Ils ont même commencé !
inventé un appel téléphonique bidon qui les aurait informés « sur moi Mon passeport avait été donné à la
et mes objectifs» pour me déstabili- chef de cabine qui n’a pas voulu me
ser! Sans que je m’en rende compte, le remettre même après le décolune troisième personne s'est invitée. lage. Je n'ai pu le récupérer qu'à ZuElle avait pour but de m'intimider de rich après que tous les passagers de
façon plus radicale. Ce troisième mon avion soient descendus.
interrogateur a commencé à
«aboyer» littéralement et à me mena- A mon retour, j’étais triste, déçue,
cer d'expulsion. Par dépit, j'ai fini en colère, frustrée… Je ne saurai
par dire que je comptais visiter Is- jamais vraiment pourquoi je n’ai
raël (tout en restant en accord avec pas obtenu ce visa d’entrée. Les
ma version originale) et me rendrais agents israéliens sont de vrais
certainement à Bethléem pour fêter spécialistes en matière d’interrogaNoël et effectuer une semaine de vo- toire, le seul conseil que j’aurais à
lontariat en citant l'association.
donner aux futurs volontaires : ne
changez jamais de version, même
Ensuite, j'ai rencontré trois sous les intimidations répétées!
membres du Ministère de l'Intérieur
qui, à leur tour, ont été intrigués par Aujourd’hui, j'ai toujours la ferme
le fait que je voyageais seule et sans volonté de me rendre en Palestine. Il
aucun contact en Israël. Ils ont es- est évident que la prochaine fois,
sayé de me trouver des origines pa- j'éviterai l’aéroport de Tel Aviv !
lestiniennes avant de m'annoncer
leur décision : ils me refusaient l'ac- Fatima Haouas
Cet hiver, j’avais pris deux semaines de congé pour
enfin découvrir Bethléem et la Cisjordanie. Je savais
qu’un voyage en Palestine occupée n’était pas de tout
repos mais j’étais loin d’imaginer qu’il s’arrêterait si
tôt.
L
e 11 décembre était le jour J
pour mon envol vers Tel Aviv.
Une autre volontaire belge avait réservé le même vol et nous avions
rendez-vous pour ensuite participer
ensemble à un chantier à Bethléem
dans les territoires palestiniens occupés.
J'étais impatiente et excitée à l'idée
d'entreprendre ce voyage. En même
temps, j’appréhendais quelque peu
le passage de la frontière à l'aéroport Ben Gourion de Tel Aviv. Cette
inquiétude s'est accentuée à l'annonce par le Ministère de l'Intérieur
de la décision d'apposer un visa différent sur le passeport des visiteurs
en fonction de leur destination : soit
"Palestinian Territories only" soit "Israel only". Le risque d'être refusée à
l'entrée du territoire israélien était
donc plus important que prévu initialement.
Le vol se passe bien et je fais
connaissance avec Dounia, l’autre
volontaire, dans l’avion. Nous arrivons à Tel Aviv vers 14h. Au contrôle, je donne mon passeport et les
questions fusent : « Quel est le but de
votre voyage? Êtes-vous déjà venue
en Israël? Êtes-vous seule?, etc. ».
Dounia, de son côté, avait déjà reçu
son visa et m’attendait dehors.
Après une vingtaine de minutes d’attente, un agent de la sécurité féminin arrive, me pose quelques
questions puis m'emmène dans une
salle d'attente. Moins d'une heure
après, un homme vient me chercher
et m’emmène dans un bureau où
Le
SCI lophone - n°46
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