fête des mères» de toutes les églises et de l`église

Transcription

fête des mères» de toutes les églises et de l`église
HOMÉLIE DU 9 NOVEMBRE 2003
LA «FÊTE DES MÈRES» DE TOUTES LES ÉGLISES ET DE
L'ÉGLISE (1)
La basilique du Latran, dont nous célébrons la dédicace en ce dimanche, «est la cathédrale du Pape.
Érigée vers 320 par l'empereur Constantin, elle est la première en date en dignité de toutes les églises
d'Occident. » (2) D'ailleurs, lorsqu'on y pénètre, on peut lire l'inscription suivante: la «tête et la mère»
de toutes les églises. En lisant des informations à propos de cette fête de la basilique du Latran, un
auteur écrivait qu'il s'agit de la «fête des mères» de toutes les églises.
Nous le savons bien, la fête des mères constitue une occasion spéciale pour redire à notre mère toute la
place qu'elle occupe dans notre cœur, tout l'amour qu'on lui porte. On peut voir cette fête comme un
temps fort de reconnaissance qui se veut le sommet de tous les mercis de l'année et la source de tous les
mercis qui viendront.
Guidés par cet état d'esprit, en lien avec cette église de Rome qui trouve, pour ainsi dire, son extension
jusqu'à l'église Bon Pasteur, nous sommes invités à fêter notre église. La fête de ce jour nous redit
l'importance du lieu où nous rencontrons notre Dieu. Il s'agit également d'un temps fort de
reconnaissance pour cet édifice que nous trouvons très beau et pour lequel de nombreux compliments
se font. Reconnaissance pour la paix que nous pouvons y trouver; reconnaissance pour les pas qu'elle
nous a permis de faire parce qu'on est venu y prier, écouter la Parole de Dieu, communier;
reconnaissance pour les personnes qui veillent à sa propreté, à sa décoration.
À cette occasion, nous pourrions faire nôtre cette prière: «Nous te disons merci, Seigneur, car, dans ta
bonté pour ton peuple, tu veux habiter cette maison de prière... Ta grâce nous y est offerte... Tu nous
sanctifies et tu fais de nous des témoins de ton amour. »
Toutefois, à travers les textes choisis pour cette célébration, cette fête nous rappelle nettement que,
jamais dans l'histoire, Dieu n'a lié sa présence à un bâtiment; même Jésus annonce la fin du Temple, la
fin d'un régime religieux. On sait comment les Juifs ont réagi à ses propos.
Il est évident que nous vivons à une époque où les mots du psaume 45: «bouleversements»,
«secousses», «effondrements», «détresse» touchent beaucoup de gens quand ils parlent de leur église.
Dans ce contexte, on pourrait se demander, à juste titre, combien de temps vivra l'église Bon Pasteur?
Nul ne le sait! Mais ce qui essentiel de se rappeler durant cette fête, c'est que l'Église, c'est d'abord la
communauté de ceux et celles qui croient en Jésus et qui acceptent son Évangile. Elle est cela avant
d'être un lieu physique. Notre temple nous permet de nourrir notre communion à Jésus et rendons-en
grâce mais ce n'est pas parce que tel lieu ne serait plus un jour que ce lien si intime avec le Christ
mourra.
Ne me prêtez pas de propos: je ne dis pas que l'église Bon Pasteur ne sera plus un jour: nul ne le sait,
j'insiste. Je dis que Dieu ne se lie à aucun lieu physique, ici ou ailleurs, aussi beau soit-il. Les lieux
physiques ne sont pas appelés à la vie éternelle! En conséquence, le premier défi est d'abord de nous
revitaliser comme disciples de Jésus parce que notre monde a besoin de chrétiens convaincus, de gens
qui expérimentent et goûtent le bienfait de vivre selon l'Évangile. Nous, nous sommes appelés à la vie
éternelle!
Tout en ayant le souci de prendre soin de notre lieu de culte, l'essentiel est de prendre soin du temple
qu'est notre cœur car c'est d'abord en nous que le Christ réside, peu importe le lieu physique dans lequel
nous nous trouvons.
Tout en souhaitant que les gens trouvent, en venant dans cette église, de la paix, de l'écoute et du
partage, on peut souhaiter qu'ils trouvent sans cesse la même chose dans notre cœur même si les lieux
physiques auxquels nous tenons pourront peut-être disparaître.
Tout en souhaitant que les gens trouvent, en venant dans cette église, un peu de vérité, qu'ils s'ouvrent
à des horizons radieux, qu'ils entrevoient des perspectives d'avenir qui apportent de la joie au cœur,
nous pouvons souhaiter qu'ils trouvent la même chose dans notre cœur, même s'il peut être possible
qu'un jour cette église ne soit plus.
En d'autres mots, que coule de notre cœur, lieu par excellence de la présence de Jésus vivant, une eau
vive d'une fécondité étonnante. Oui, que les gens soient étonnés de voir comment l'Évangile nous
stimule, d'autant plus que nous avons l'opportunité de consolider, dans cet édifice ou dans un autre
quand nous allons ailleurs, notre manière d'être témoin de ce que nous avons chanté tout à l'heure:
«Dieu est pour nous refuge et force, secours toujours offert», particulièrement dans la détresse.
Rendons grâce à Dieu de faire de nous le temple de sa présence au monde. Rendons-lui grâce pour ces
maisons de pierre, comme notre église, qu'Il nous donne pour nous permettre d'être de meilleures
pierres vivantes.
(1) Cette homélie s'est inspirée des textes suivants: la revue «Prêtre et Pasteur», septembre 2003,
p. 506-507; la revue «Rassembler, volume 63, no. 6, p. 10-14; la revue «Vie Liturgique», no. 340,
p. 33-38; la revue «Signes d'aujourd'hui», no, 168, p. 87
(2) La liturgie des heures, Tome IV, p. 1123
Serge Charbonneau, ptre
Dédicace de la Basilique du Latran