conseils architecturaux

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conseils architecturaux
ASSOCIATION POUR LA SAUVEGARDE,
LA MISE EN VALEUR ET L’ANIMATION DE
SENLIS ET DE SON ENVI RONNEMENT
C ONSEILS A RCHITECTURAUX
Jusqu’à une dizaine d’années, une donnée essentielle du Patrimoine architectural urbain faisait
défaut lors de la mise en valeur de ses éléments bâtis. La couleur dans la ville ! La couleur des façades !
Le remède à la perte de la tradition
Toutes ces teintes qui paraient les façades des maisons ont disparu au début du XXème siècle,
lorsqu’il fut enfin possible de fabriquer une peinture blanche immaculée pour “peinturer” les ouvrages
extérieurs.
Au-delà de cet oubli des traditions et de leurs origines, c’est un appauvrissement de notre
paysage urbain qui peu à peu fit perdre son identité locale à nos villes anciennes.
L’objectif principal du secteur sauvegardé de Senlis étant de mettre en valeur le Patrimoine
hérité, la recoloration de la Ville selon ces traditions séculaires en est l’un des enjeux majeurs. Chaque
ravalement doit être le moment privilégié de mettre en avant les façades en restaurant les éléments
patrimoniaux et en restituant ce qui a disparu.
Les maisons en moellons de tout venant, enduits en plein ou à pierres vues, représentent un type
de construction économique qui implique la mise en œuvre d’un enduit destiné à la fois à pasticher la
façade de pierre de taille, et à protéger le blocage de maçonnerie disparate, des intempéries ;
A Senlis, une maçonnerie de moellons plus ou moins grossiers hourdés sans appareillage particulier fait
office de remplissage. Sa destination finale est d’être très peu, voire pas du tout, visible.
Il ne faut pas perdre de vue que la volonté des constructeurs était de protéger les joints de la
maçonnerie de remplissage en moellons et de donner l’aspect le plus approchant d’une construction en
pierres appareillées, caractéristique des constructions urbaines par opposition aux maisons rurales.
La couleur
L’utilisation de laits de chaux colorés avec des terres locales ou du sable de sciage de pierre,
permettait de teinter ce plâtre dans un ton ocré jaune qui s’harmonisait avec les pierres appareillées
restées visibles.
Ce lait de chaux exécuté à fresque, quelques heures après la prise du plâtre gros permettait une réaction
chimique particulière qui favorisait le durcissement de l’enduit dans le temps, garantissant la pérennité
de l’ouvrage.
Les terres colorées ont été utilisées à toutes les époques et offrent une stabilité au vieillissement
que les oxydes modernes n’ont pas. Les fabricants proposent maintenant des mortiers de plâtre et chaux
déjà teintés dans des nuances si nombreuses qu’il est assez aisé de retrouver les tonalités anciennes et
locales des façades. Ce renouveau d’une tradition à travers une technologie récente est également le
gage d’une meilleure pénétration du phénomène de restitution de la couleur dans la Ville en tenant
compte de la réalité moderne des chantiers actuels.
Les croisées de bois, éléments fragiles du second œuvre, doivent être protégées. Lors des travaux
de ravalement, la mise en peinture des menuiseries de façade doit faire l’objet d’un réel projet de mise
en couleur en concordance précise avec l’histoire du bâtiment et son archéologie.
Autrefois une hiérarchie était établie entre les différents éléments de menuiseries visibles sur une
construction. Les pièces de bois imposantes étaient peintes dans des tons foncés très forts mais éteints.
Les portails recevaient des tons plus clairs mais encore foncés. Les contrevents pleins ou persiennés
étaient traités dans des tons grisés moyens. Les croisées recevaient une peinture d’intensité égale ou
légèrement plus claire que les contrevents.
En conclusion
La remise en couleur de la Ville passe obligatoirement par une phase quelque peu surprenante,
où des sujets isolés semblent afficher insolemment des couleurs vives au beau milieu d’un ensemble
blanchâtre et grisonnant. Il faut bien que cette démarche tende à remettre dans leurs tonalités d’origines
les façades senlisiennes.
Le démarrage s’amorce à Senlis, je ne doute pas un instant de la réussite d’une entreprise qui
prendra des décennies avant de devenir une méthode avérée de concevoir tous travaux de restauration en
secteur sauvegardé.
Christophe Guégan,
Architecte du Patrimoine, Architecte Conseil des villes de Senlis et de Versailles
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