V110-22-AnnieClaire-2 - Le temps ne fait rien à l`affaire
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V110-22-Annie Claire_Mise en page 1 13/08/16 00:04 Page1 Annie Claire, elle aime, elle vous en parle. Un Barjac nouveau est arrivé ! Après vingt ans de festival de la chanson dite "à texte", après moult critiques et bien des "chapelles", le Festival de Barjac a fait peau neuve cette année. C'est une édition toute revue qu'il nous a été donné de vivre. Sous la nouvelle direction artistique de Jean-Claude Barens, la programmation a pris un ton un peu différent. Le déroulé des opérations aussi. On a vécu une édition plus aérée, plus fluide, avec des innovations plutôt heureuses. Baisse sensible de la moyenne d'âge du public Mais oui, le public de Barjac change, certains "ayatollahs" de la chanson ne sont pas venus découvrir la nouvelle formule. En revanche de nouveaux festivaliers ont été tentés par la nouveauté. Bondissant sur l'occasion de voir leurs potes ou le public d'artistes jeunes comme Ben Mazué, Liz Van Deuq, Délinquante, Fabien Boeuf ou encore Valérian Renault, des plutôt jeunes ont décidé de hanter les lieux de concert. La scène ouverte du soir tard au chapiteau a trouvé un regain d'affluence. Cette année l'organisation en a été confiée au Centre de la Chanson. Lily Lucas venue en visite voir ses copains chanteurs 22 Une foule plus jeune, ici les apéros de midi Cèze Davantage d'événements et moins de discours Plus de discours de présentation chaque soir sur la scène du château, pas plus qu'au chapiteau, place tout de suite à la musique et à la chanson. Autre changement notoire, les apéros de midi en musique ont lieu à 12h16 (Cèze), chaque jour au pied de la fontaine, sous les platanes devant l'Office de Tourisme. Plus grand espace plus ombragé permettant de se retrouver, boire un verre, écouter des chansons avant d'aller se restaurer. Un nouveau lieu a vu le jour, la Basse-Cour, dans la cour de l'école publique. Avec des horaires de début d'après-midi, ce créneau est plus particulièrement destiné au jeune public. Jean-Claude Barens et bouquet à l'accueil Nouveaux intervenants pour des rencontres matinales Les rencontres du matin, dites de «11h11» sont désormais animées par des journalistes qui reçoivent des artistes passés la veille sur scène. On y a vu opérer la très célèbre Hélène Hazera de France Culture, Isabelle Jouve de La Marseillaise et Michel Kemper. Tout le monde, même le public peut s'exprimer, c'est une vraie tribune. Madame la pluie en invitée surprise Voilà en revanche qui ne change pas. Cette année le premier soir de concert dans la cour du château a été perturbé, obligeant Michèle Bernard à jouer à l'intérieur. Maudites précipitations, en fait c'est un comble de les redouter dans un pays comme la Provence qui souffre tant de la sécheresse. Le dernier jour du festival, la pluie avait été annoncée, si bien que des positions de repli ont été mises en œuvre, les concerts ont changé de lieu. Hop là ! comme aurait dit Barbara Tout de force, cas de force majeure : les artistes programmés au château se sont retrouvés sous le chapiteau, il y en a qui ont bien rigolé, regrettant jusque là de ne pas avoir été programmés au château. Mais cela n'a pas perturbé la bonne humeur d'Eskelina qui a été formidable dans sa prestation et a reçu un accueil des plus chaleureux. C'était moins évident pour un groupe aussi nombreux que Debout sur le Zinc qui a souffert d'un espace plus restreint (son public aussi d'ailleurs). Contrecoup de ce déplacement, la soirée finale de clôture a eu lieu dans la salle du château, animée par Les Grandes VINYL n° 110 • Juillet - Août 2016 V110-22-Annie Claire_Mise en page 1 13/08/16 00:04 Page2 Bouches. Notre bouche à nous a été soignée avec des denrées roboratives, la réception traditionnelle s'est déroulée au sec, avec moult fromages, charcuteries, pâtisseries, fruits et boissons diverses. Philippe Torreton sur la grande scène du château Philippe Torreton, magistral, intense, remarquable pour la première soirée du Festival Barjac m’en chante, dans la cour du Château de Barjac. Des enchaînements subtils, un programme Leprest qui nous a laissés sans voix, sans respiration. Le lendemain, lors des rencontres dans la salle Regain, en conférence avec plusieurs intervenants, Michèle Bernard avouait avoir été très impressionnée par la prestation concentrée de Philippe Torreton. De la pluie et des pleurs J’aime Philippe Torreton quand, avec Edward Perraud, il fait vibrer la mémoire d’Allain Leprest, il redonne sa poésie avec rigueur et intensité, dans un répertoire choisi avec justesse et à propos. En effet, il a plu sur Barjac quand Torreton chantait Leprest, c’était en effet bien inutile puisqu’on allait rester là à l’écouter, trempés, tandis que des techniciens protégeaient les instruments du percussionniste-batteur. Il a plu sur la mémoire d’Allain, et cela ne nous a pas empêchés d’avoir du chagrin, cela n’a pas noyé le souvenir prégnant que nous avons de lui, tellement le talent de Torreton nous l’a ravivé. C’est dans ce cadre magnifique et chargé d’histoire, la cour du Château de Barjac, que nous avons pu profiter de ce concert quelque peu écourté par la pluie, mais la pluie ne fait-elle pas partie de la poésie d’Allain Leprest ? Immense Romain Didier à Barjac Lui qui s’appelle Petit à l’état civil, est un artiste chanteur majeur contemporain. Son style relativement classique s’intègre à toutes sortes de musiques, jazz, free ou chanson à textes. "Dans ce piano tout noir" est un spectacle que Romain Didier a créé à Avignon l’an passé, auquel j’avais déjà assisté en juillet dernier avec délectation au Théâtre des Lucioles. C’est du grand Romain Didier, riche d’une expérience de composition de plusieurs décennies et de triomphes certains avec des collaborations célèbres, un Romain Didier talentueux, sobre, généreux et concis. Dans ce spectacle fluide et dense à la fois, il déroule musicalement les cheminements d’une vie humaine, avec des évocations sur l’enfance (Barbara sous son doigté de piano est une merveille), de la maturité pour en arriver à la fin de vie. Pour ce parcours musical, il emprunte quelques belles chansons des autres (pas n’importe lesquels) parfois chantées, souvent jouées au piano, dans une subtile évocation. Le spectacle se déroule sans césure, l’artiste ne s’arrête que deux fois, pour nous permettre d’applaudir et de reprendre souffle. Lui n’en a pas besoin, on le sent calme et confiant. L’écoute intense le conforte. Des chansons à lui, du Trenet, du Bécaud, Aznavour, Ferré, tout cela s’enchaîne en douceur, les mains du pianiste et la voix suave de l’artiste faisant liaison constante. C’est l’un des plus beaux concerts de cette édition 2016 du festival de Barjac, assurément. Pratiquement deux heures de jubilation artistique et d’émotion musicale Annie CLAIRE - Août 2016 (ph. Annie Claire) Romain Didier et Michèle Bernard VINYL n° 110 • Juillet - Août 2016 23 V110-22-Annie Claire_Mise en page 1 13/08/16 00:04 Page3 Prix Jacques Douai 2016 Chaque année depuis 2007, Le prix Jacques Douai, créé par Jacques Bertin, est décerné au cours du festival de Barjac. Cette année, le prix récompense Jean-François Grandin et Christian Camerlynck. De plus, au nom de l'Académie Jacques Douai, Jacques Bertin rend hommage à deux chanteurs disparus cette année, Leny Escudero et Guy Béart. ses côtés de la fille de Christian Camerlynck, Isabelle Aichhorn, chanteuse qui faisait partie en novembre 2014 du Marathon de la Chanson à l'Alhambra. Elle traduisait les propos de son père en langue des signes, sur la place Charles Guynet, cela restera un moment historique. Isabelle Aichhorn, Jean-François Grandin et Christian Camerlynck Jacques Bertin et Christian Camerlynck 24 Petit contretemps cette année, les prix imprimés ne sont pas arrivés à temps, c'est donc un papier symbolique que remet Jacques Bertin. Cela n'a pas gâché la bonne humeur des récipiendaires, Christian Camerlynck a donc pris le micro pour un moment, il a chanté deux chansons, et prononcé un discours bien intéressant, au cours duquel il a remercié toutes les personnes importantes pour sa carrière de chanteur interprète et de formateur. Il est tout à fait dans l'esprit du Prix Jacques Douai, un passeur au grand cœur. Il était accompagné au piano au débotté par Romain Didier en personne, ce qui a donné encore un moment émouvant, devant une assistance très à l'écoute. A noter la présence à Dans l'assistance, comme chaque année, on retrouve des personnalités de la chanson, certaines faisant partie du jury. Anne Sylvestre est une habituée du festival de Barjac, à ses côtés cette année, Michèle Bernard programmée en soirée d'ouverture du festival. Autre récipiendaire, Jean-François Grandin, pour son émission du mercredi à 18h04 sur Marmite FM 88,4, "Le temps ne fait rien à l'affaire". Jean-François a reçu bien des artistes du monde de la chanson dite "à texte", il est lui même chanteur. Il l'a prouvé en interprétant la chanson La commune est en lutte, écrite par Jean-Roger Caussimon pour le film "Le Juge et l'Assassin". Son discours, plus bref, était bien émouvant aussi, il a rendu hommage notamment à sa femme Christine "Sans qui il ne ferait rien". Cette année encore, la cérémonie de remise du prix Jacques Douai a fait bien des heureux, sur le podium et dans l'assistance. Christian Camerlynck et Romain Didier Annie CLAIRE - Août 2016 (ph. Annie Claire) VINYL n° 110 • Juillet - Août 2016