V110-22-AnnieClaire-2 - Le temps ne fait rien à l`affaire

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Annie Claire, elle aime, elle vous en parle.
Un Barjac nouveau est arrivé !
Après vingt ans de festival de la chanson dite "à
texte", après moult critiques et bien des "chapelles", le Festival de Barjac a fait peau neuve cette
année. C'est une édition toute revue qu'il nous a
été donné de vivre. Sous la nouvelle direction artistique de Jean-Claude Barens, la programmation
a pris un ton un peu différent. Le déroulé des opérations aussi. On a vécu une édition plus aérée,
plus fluide, avec des innovations plutôt heureuses.
Baisse sensible de la moyenne d'âge du public
Mais oui, le public de Barjac change, certains "ayatollahs"
de la chanson ne sont pas venus découvrir la nouvelle formule. En revanche de nouveaux festivaliers ont été tentés
par la nouveauté.
Bondissant sur l'occasion
de voir leurs potes ou le
public d'artistes jeunes
comme Ben Mazué, Liz
Van Deuq, Délinquante,
Fabien Boeuf ou encore
Valérian Renault, des plutôt jeunes ont décidé de
hanter les lieux de concert.
La scène ouverte du soir
tard au chapiteau a trouvé
un regain d'affluence.
Cette année l'organisation
en a été confiée au Centre
de la Chanson.
Lily Lucas venue en visite voir ses copains chanteurs
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Une foule plus jeune, ici les apéros de midi Cèze
Davantage d'événements et moins de discours
Plus de discours de présentation chaque soir sur la scène
du château, pas plus qu'au chapiteau, place tout de suite à
la musique et à la chanson.
Autre changement notoire, les apéros de midi en musique
ont lieu à 12h16 (Cèze), chaque jour au pied de la fontaine,
sous les platanes devant l'Office de Tourisme. Plus grand
espace plus ombragé permettant de se retrouver, boire un
verre, écouter des chansons avant d'aller se restaurer.
Un nouveau lieu a vu le jour, la Basse-Cour, dans la cour de
l'école publique. Avec des horaires de début d'après-midi, ce
créneau est plus particulièrement destiné au jeune public.
Jean-Claude Barens et bouquet à l'accueil
Nouveaux intervenants pour des rencontres matinales
Les rencontres du matin, dites de «11h11» sont désormais
animées par des journalistes qui reçoivent des artistes passés la veille sur scène. On y a vu opérer la très célèbre Hélène Hazera de France Culture, Isabelle Jouve de La
Marseillaise et Michel Kemper. Tout le monde, même le public peut s'exprimer, c'est une vraie tribune.
Madame la pluie en invitée surprise
Voilà en revanche qui ne change pas. Cette année le premier soir de concert dans la cour du château a été perturbé,
obligeant Michèle Bernard à jouer à l'intérieur. Maudites précipitations, en fait c'est un comble de les redouter dans un
pays comme la Provence qui souffre tant de la sécheresse.
Le dernier jour du festival, la pluie avait été annoncée, si bien
que des positions de repli ont été mises en œuvre, les
concerts ont changé de lieu.
Hop là ! comme aurait dit Barbara
Tout de force, cas de force majeure : les artistes programmés au château se sont retrouvés sous le chapiteau, il y en
a qui ont bien rigolé, regrettant jusque là de ne pas avoir été
programmés au château. Mais cela n'a pas perturbé la
bonne humeur d'Eskelina qui a été formidable dans sa prestation et a reçu un accueil des plus chaleureux. C'était moins
évident pour un groupe aussi nombreux que Debout sur le
Zinc qui a souffert d'un espace plus restreint (son public
aussi d'ailleurs).
Contrecoup de ce déplacement, la soirée finale de clôture a
eu lieu dans la salle du château, animée par Les Grandes
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Bouches. Notre bouche à nous a été soignée avec des denrées roboratives, la réception traditionnelle s'est déroulée au
sec, avec moult fromages, charcuteries, pâtisseries, fruits et
boissons diverses.
Philippe Torreton
sur la grande scène du château
Philippe Torreton,
magistral, intense,
remarquable pour
la première soirée
du Festival Barjac
m’en chante, dans
la cour du Château de Barjac.
Des enchaînements subtils, un
programme Leprest qui nous a
laissés sans voix,
sans respiration. Le lendemain, lors des rencontres dans la
salle Regain, en conférence avec plusieurs intervenants, Michèle Bernard avouait avoir été très impressionnée par la
prestation concentrée de Philippe Torreton.
De la pluie et des pleurs
J’aime Philippe Torreton quand, avec Edward Perraud, il fait
vibrer la mémoire d’Allain Leprest, il redonne sa poésie avec
rigueur et intensité, dans un répertoire choisi avec justesse
et à propos. En effet, il a plu sur Barjac quand Torreton chantait Leprest, c’était en effet bien inutile puisqu’on allait rester
là à l’écouter, trempés, tandis que des techniciens protégeaient les instruments du percussionniste-batteur. Il a plu
sur la mémoire d’Allain, et cela ne nous a pas empêchés
d’avoir du chagrin, cela n’a pas noyé le souvenir prégnant
que nous avons de lui, tellement le talent de Torreton nous
l’a ravivé.
C’est dans ce cadre magnifique et chargé d’histoire, la cour
du Château de Barjac, que nous avons pu profiter de ce
concert quelque peu écourté par la pluie, mais la pluie ne
fait-elle pas partie de la poésie d’Allain Leprest ?
Immense Romain Didier à Barjac
Lui qui s’appelle Petit
à l’état civil, est un artiste chanteur majeur
contemporain. Son
style relativement
classique s’intègre à
toutes sortes de musiques, jazz, free ou
chanson à textes.
"Dans ce piano tout
noir" est un spectacle
que Romain Didier a
créé à Avignon l’an
passé, auquel j’avais
déjà assisté en juillet dernier avec délectation au Théâtre
des Lucioles. C’est du grand Romain Didier, riche d’une expérience de composition de plusieurs décennies et de
triomphes certains avec des collaborations célèbres, un Romain Didier talentueux, sobre, généreux et concis. Dans ce
spectacle fluide et dense à la fois, il déroule musicalement
les cheminements d’une vie humaine, avec des évocations
sur l’enfance (Barbara sous son doigté de piano est une
merveille), de la maturité pour en arriver à la fin de vie. Pour
ce parcours musical, il emprunte quelques belles chansons
des autres (pas n’importe lesquels) parfois chantées, souvent jouées au piano, dans une subtile évocation.
Le spectacle se déroule sans césure, l’artiste ne s’arrête
que deux fois, pour nous permettre d’applaudir et de reprendre souffle. Lui n’en a pas besoin, on le sent calme et
confiant. L’écoute intense le conforte. Des chansons à lui,
du Trenet, du Bécaud, Aznavour, Ferré, tout cela s’enchaîne en douceur, les mains du pianiste et la voix suave
de l’artiste faisant liaison constante. C’est l’un des plus
beaux concerts de cette édition 2016 du festival de Barjac,
assurément. Pratiquement deux heures de jubilation artistique et d’émotion musicale
Annie CLAIRE - Août 2016 (ph. Annie Claire)
Romain Didier et Michèle Bernard
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Prix Jacques Douai 2016
Chaque année depuis 2007, Le prix Jacques Douai, créé par
Jacques Bertin, est décerné au cours du festival de Barjac.
Cette année, le prix récompense Jean-François Grandin et
Christian Camerlynck.
De plus, au nom de l'Académie Jacques Douai, Jacques
Bertin rend hommage à deux chanteurs disparus cette
année, Leny Escudero et Guy Béart.
ses côtés de la fille de Christian Camerlynck, Isabelle Aichhorn, chanteuse qui faisait partie en novembre 2014 du Marathon de la Chanson à l'Alhambra. Elle traduisait les propos
de son père en langue des signes, sur la place Charles Guynet, cela restera un moment historique.
Isabelle Aichhorn, Jean-François Grandin et Christian Camerlynck
Jacques Bertin et Christian Camerlynck
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Petit contretemps cette année, les prix imprimés ne sont pas
arrivés à temps, c'est donc un papier symbolique que remet
Jacques Bertin. Cela n'a pas gâché la bonne humeur des
récipiendaires, Christian Camerlynck a donc pris le micro
pour un moment, il a chanté deux chansons, et prononcé un
discours bien intéressant, au cours duquel il a remercié
toutes les personnes importantes pour sa carrière de chanteur interprète et de formateur. Il est tout à fait dans l'esprit
du Prix Jacques Douai, un passeur au grand cœur.
Il était accompagné au piano au débotté par Romain Didier
en personne, ce qui a donné encore un moment émouvant,
devant une assistance très à l'écoute. A noter la présence à
Dans l'assistance, comme chaque année, on retrouve des
personnalités de la chanson, certaines faisant partie du jury.
Anne Sylvestre est une habituée du festival de Barjac, à ses
côtés cette année, Michèle Bernard programmée en soirée
d'ouverture du festival.
Autre récipiendaire, Jean-François
Grandin,
pour son émission du mercredi
à 18h04 sur Marmite FM 88,4,
"Le temps ne fait
rien à l'affaire".
Jean-François a
reçu bien des artistes du monde
de la chanson
dite "à texte", il
est lui même
chanteur. Il l'a
prouvé en interprétant la chanson La commune est en lutte, écrite par Jean-Roger
Caussimon pour le film "Le Juge et l'Assassin". Son discours, plus bref, était bien émouvant aussi, il a rendu hommage notamment à sa femme Christine "Sans qui il ne
ferait rien".
Cette année encore, la cérémonie de remise du prix
Jacques Douai a fait bien des heureux, sur le podium et
dans l'assistance.
Christian Camerlynck et Romain Didier
Annie CLAIRE - Août 2016 (ph. Annie Claire)
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