SNTP - Le Lancastria, un navire pris sous les feux - Saint
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SNTP - Le Lancastria, un navire pris sous les feux - Saint
17 juin 1940 : la catastrophe du Lancastria Le nom du paquebot Lancastria est associé à l’une des plus grandes catastrophes maritimes du 20e siècle. Et pourtant, celle-ci a été passée presque sous silence pendant de longues décennies après la Seconde Guerre mondiale. Les circonstances de ce drame expliquent peut-être en partie cette difficile reconnaissance dans la mémoire collective d’un naufrage dû à un fait de guerre. Naufrage du Lancastria vu depuis le destroyer Highlander Collection Franck Cléments / Cliché Saint-Nazaire Tourisme et Patrimoine Ecomusée. Mercredi 12 juin 1940 Le front militaire est enfoncé par les troupes de la Wehrmacht. L’avancée des militaires allemands en France est fulgurante. Les troupes françaises et alliées se replient en toute hâte. L’amirauté britannique affrète aussitôt tous les navires militaires et civils disponibles pour tenter de récupérer un maximum de soldats alliés dans les ports français. À partir du 15 juin Près de 40 000 soldats britanniques, polonais et tchécoslovaques refluent vers le port de SaintNazaire pour tenter d’embarquer vers la Grande Bretagne. Des files interminables de camions, d’autos mitrailleuses et de canons légers se retrouvent abandonnées dès l’entrée de la ville, à Gron, à Méan et jusqu’aux quais des bassins à flot. Entre le 16 et le 18 juin Les opérations d’embarquement des troupes alliées s’effectuent difficilement, sous les attaques aériennes répétées en rase-motte des avions allemands stukas. Lundi 17 juin Environ 5 300 soldats alliés se retrouvent entassés à bord du Lancastria, un paquebot britannique de la compagnie Cunard / White Star. Peut-être ont-ils été plus nombreux que ce chiffre officiel. L’absence de traces d’archive n’a pas permis jusqu’à présent de savoir avec exactitude le nombre de personnes embarquées. En tout cas, le Lancastria mouille en attente au large du port pour éviter d’être touché par des attaques aériennes sur SaintNazaire pendant le transbordement des soldats à son bord. Sa coque s’enfonce dans l’eau au-dessus de sa ligne de flottaison à cause de l’importance de son chargement humain. 15 heures 50 Lorsque le navire s’apprête à partir à la sortie de l’estuaire de la Loire, il est pris pour cible par un avion bombardier allemand qui largue au-dessus de lui quatre bombes. Une d’elles tombe à l’intérieur de l’unique cheminée du paquebot. Son explosion éventre aussitôt les réservoirs à mazout et la coque du navire sous sa ligne de flottaison. Le navire s’incline brusquement sur bâbord. La panique s’empare des hommes qui courent sur les ponts supérieurs pour se jeter à l’eau. Des cris déchirants proviennent des ponts inférieurs où l’eau s’engouffre rapidement, condamnant à la noyade tous ceux qui ne peuvent pas gagner rapidement les ponts supérieurs. Le paquebot s’enfonce progressivement dans l’océan en vingt minutes, en emportant avec lui des grappes humaines accrochées à ses flancs, pour ne laisser ensuite sur l’eau qu’une grande nappe de mazout de 20 centimètres d’épaisseur dans laquelle plusieurs centaines de soldats se débattent pour tenter d’échapper à la noyade et à l’asphyxie dans ce carburant sorti des soutes du navire disparu… Des chalutiers, des navires de servitude portuaires, une vedette de la SNSM, des destroyers britanniques alors présents, vont tenter de sauver ces naufragés couverts de brûlures et de mazout au milieu de cadavres flottants. Ils sont ensuite débarqués à Saint-Nazaire, puis acheminés vers l’hôpital et des écoles afin d’être soignés et nettoyés de leurs gangues noires. De nombreux habitants nazairiens s’associent au travail des sauveteurs et infirmiers débordés jusqu’à très tard dans la nuit. Mardi 18 juin Les soldats survivants rembarquent pour quitter Saint-Nazaire à bord d’un autre navire. Ils sont 2 447 à gagner la Grande-Bretagne après avoir échappé à la mort. Mercredi 26 juillet Ce n’est qu’à cette date que la presse britannique communique, d’une façon laconique, sur cette catastrophe maritime. Le Daily Mirror titre à sa une en caractères gras : « 2 823 lost in bombed liner ». De graves événements se sont enchaînés pendant tout le mois de juin 1940, Churchill et l’amirauté britannique ont préféré communiquer à posteriori et à minima sur ce naufrage pour ne pas alourdir le sombre climat des mauvaises nouvelles. Pendant les mois d’été qui suivent ce naufrage, l’océan et l’épave rejettent vers les rives des centaines de cadavres, entre Piriac-sur-Mer au nord et Pornic et Noirmoutier au sud. Ces victimes sont enterrées dans les cimetières militaires des villes qui jalonnent le secteur de cette côte maritime. Sur les tombes, est inscrite l’identité trouvée sur les plaques de matricules de soldat pour ceux qui en avaient. La majorité des passagers à bord appartenaient au corps expéditionnaire britannique avec quelques soldats d’autres nationalités et des civils. Des historiens ont avancé le chiffre de 7 000 passagers, d’autres allant jusqu’à 9 000 ! Les dimensions relativement modestes du paquebot Lancastria permettent toutefois d’émettre des doutes sur des chiffres aussi importants. Désormais, une bouée au large de l’estuaire signale l’emplacement de l’épave, une épave considérée comme un cimetière marin. Le 17 juin de chaque année, une délégation de survivants et des membres de familles de victimes viennent s’y recueillir à bord de navires en déposant sur l’eau des gerbes. Maquette du paquebot Lancastria (1/100è). Collection Ville de Saint-Nazaire. Cliché SaintNazaire Tourisme et Patrimoine- Ecomusée. Texte : D. Sicard – 2013 / Sources : · « The loss of Lancastria », compilation de témoignages et documents par John L. West · « Le Lancastria, histoire d’un naufrage confidentiel », film documentaire réalisé par Christophe François · Témoignage manuscrit de Joseph Sweeney, Irlandais rescapé du naufrage du Lancastria · « Saint-Nazaire sous l’occupation allemande », de Fernand Guériff