La première multinationale des Pays-Bas: la Compagnie néerlandaise

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La première multinationale des Pays-Bas: la Compagnie néerlandaise
La première multinationale des Pays-Bas: la Compagnie néerlandaise des Indes orientales
Écrit par Gnew
En se promenant dans les centres anciens des villes des Pays-Bas, il est courant
de remarquer sur les frontons des dates des XVI ème et XVIIème siècles. Ces
bâtiments témoignent de l’âge d’or de la puissance commerciale des anciennes
Provinces-Unies, avec comme outil majeur la Verenigde Oost-Indische
Compagnie
– VOC - (ou
Compagnie néerlandaise des Indes orientales).
Au début du XVIème siècle, les Pays-Bas, dirigés par une élite bourgeoise et
commerçante, sont en guerre contre l'Espagne. Les néerlandais, désireux de ne
pas se laisser distancer par les autres Etats européens (surtout le Portugal) alors
occupés aux grandes découvertes après celle de l’Amérique, lancent alors leurs
premières flottes à destination de l’Asie.
La VOC naît d’une fusion, un peu forcée, de plus petites compagnies des
Provinces unies qui se concurrençaient. Sont représentés six chambres
regroupant une ville et ses environs : Zélande (Middelbourg), Rotterdam, Delft,
Hoorn, Enkhuizen et la plus importante d’entre elles Amsterdam. Elles se
répartissent 17 représentants dans le groupe des Heren XVII (« dix-sept
Messieurs ») qui va alors gérer les affaires pendant deux siècles.
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Dès sa création le 20 mars 1602, la VOC dispose de moyens importants en
devenant une société anonyme émettant des obligations. Moderne dans sa
conception, elle a longtemps vu s’affronter actionnaires gourmands contre
dirigeants désireux de maintenir aux mieux leurs émoluments. La Compagnie
dispose de deux « sièges sociaux » : Amsterdam et Batavia (l’actuelle Jakarta).
Véritable Etat dans l’Etat, elle peut user de pouvoirs régaliens pour se
développer.
En effet, au début de son activité, les flottes de conception militaire lancées par la
VOC sont équipées pour prendre des possessions territoriales et si possibles
couler le maximum de bateaux des puissances européennes concurrentes. La
VOC dispose de sa propre diplomatie, d’une justice et d’une armée et peut
décider de déclarer une guerre et de faire la paix. Les possessions arrachées
n’appartiennent ainsi pas à l’Etat mais à des intérêts privés (les marchands de la
VOC).
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Sous l’œil vigilant des Heren XVII quant aux règles de construction des navires,
les
Retourschepen de la Compagnie sont
conçus initialement selon un modèle militaire (avec canons) puis progressivement
adapté au transport de marchandises. Ils sont bâtis pour résister à environ quatre
trajets (environ 10 ans).
Les voyages éprouvent inévitablement le matériel même si des réparations sont
effectuées à chaque retour de l’Insulinde. En près de deux siècles, les chantiers
navals des 6 chambres vont mettre à l’eau plusieurs milliers de bateaux (1400 à
5000), surtout à Amsterdam et en Zélande. Une idée du gigantisme se traduit par
l'image de 25 000 personnes travaillent en même temps pour la VOC : officiers au
long cours, marins, mais aussi des soldats (jusqu’à 30%), des marchands, des
bouchers, des tonneliers, des civils.
Cette véritable armée militaro-commerciale, la VOC, soutenue par l’Etat, se lance
dans une vaste entreprise d’expansion territoriale. Les pouvoirs régaliens sur
lesquels elle s’appuie lui permettent de doter les Provinces-Unies d’un vaste
empire colonial qui perdurera bien au-delà de la Compagnie elle-même puisque
l’Indonésie par exemple ne devint indépendante qu’en 1949.
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Lorsque l’Espagne, le Portugal, l’Angleterre et la France ont choisi de se lancer à
la conquête du Nouveau Monde, les Néerlandais, avec la volonté de commercer,
sont allés s’enquérir des possibilités des océans indiens et pacifiques. Pour cela,
ils ont pu compter sur des personnages considérés sinon comme des héros, du
moins comme des grands hommes. Ainsi pour Jan Piterszon Coen, irrascible
gouverneur hollandais qui rasa Jayakarta (la deuxièe capitale de la VOC qui
devint ensuite Batavia puis Jakarta), anéantit et dispersa une partie de la
population des îles Banda, trahit et massacra ses alliés anglais.
D'ailleurs cela ne du pas manquer d'attirer la sympathie des Français sur ce
dernier point. Les vaisseaux des Provinces-Unies se retrouvaient de Ceylan (Sri
Lanka) à Formose (Taïwan) en passant par le Japon et bien sûr en Insulinde
(l’Indonésie).
A la « faveur » du naufrage du Haarlem en 1647, la colonie d’Afrique du Sud fut
créée
. Cette escale forcée fit
prendre conscience de l’intérêt d’une étape durant le long trajet entre l’Europe et
l’Asie. Ainsi Jan van Riebeeck fonda le Cap le 7 avril 1652, qui devint
progressivement une colonie de peuplement. De nos jours, de tels hommes
seraient certainement en correspondance régulière avec le Tribunal pénal
international de La Haye.
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La VOC a davantage été conçue comme un outil d’enrichissement des
marchands que comme un appareil au service de l’Etat ou de la religion (ce qui
n’a pas empêché des atrocités). Elle fut dissoute de façon peu glorieuse, plombée
par la corruption et d’autres affaires en 1795.
L’héritage qu’elle a laissé aux Provinces-Unies est toutefois encore visible et les
richesses rapportées des Indes meublent encore parfois les vieilles demeures.
La V.O.C a également eu une petite sœur, la Compagnie des Indes occidentales (
Geoctroyeerde Westindische Compagnie
, GWC, de 1621 à 1791), bâtie sur le même concept mais qui n’atteindra pas la
taille de la VOC et se livra au coupable commerce triangulaire entre l’Afrique
(Ghana, Angola), l’Amérique (le Brésil néerlandais) et l’Europe.
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Crédits photos : Nimendhel
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