2. Externalisation
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2. Externalisation
Après l’informatique en nuage : la production participative Rares sont ceux qui viendraient à contester l’impact considérable qu’a eu l’informatique en nuage sur le paysage technologique et commercial de ces dix dernières années. En 2001, l’approche consistant à héberger des applications commerciales sur la toile alors émergente n’avait pas encore fait ses preuves, loin s’en faut, et s’était même heurtée à un échec puisque les tout premiers fournisseurs d’applications en ligne (Application Service Providers, ou ASP) avaient encore faux sur toute la ligne. Mais en l’espace de dix ans, ce que nous appelons dorénavant le système d’applications en nuage ou de logiciels à la demande1 a fait des ravages dans le monde entier et est devenu on ne peut plus ordinaire / et fait maintenant partie du paysage. Aujourd’hui, l’informatique en nuage est une expression fourre-tout qui s’applique à une grande variété de technologies (et de modèles commerciaux) à succès, depuis les applications commerciales comme Salesforce.com jusqu’aux infrastructures du type Amazon Elastic Compute Cloud (Amazon EC2), en passant par des applications de clientèle comme Netflix. Ça a pris des années avant que ces choses ne deviennent ordinaires et si les dix dernières années ont vu l’émergence (et la domination qui en résulte) du nuage informatique face aux modèles et technologies précédents, les dix prochaines années verront se produire le même phénomène pour ce qui est de la production participative. A la fois un art et une science, la production participative se nourrit du bon sens et de l’expérience des individus, des équipes, des communautés et des réseaux à travers le monde afin de mener à bien tâches et travaux. Peu importe qui vous êtes, où vous habitez, ce que vous faites ou ce à quoi vous croyez : en réalité, plus la pensée et les perspectives sont variées et mieux c’est. La diversité est reine et il n’est pas rare que des personnes en marge de, voire carrément extérieures à, une discipline ou une science parviennent à résoudre d’importants problèmes / relever d’importants défis. La nature spécifique du travail à accomplir est très peu contraignante : ça peut aller de la petite entreprise en quête de logo à la grande entreprise de biens de consommation cherchant à concevoir des programmes mercatiques, ou encore à l’organisme de recherche à but non lucratif tâchant de découvrir un marqueur biologique de la Maladie de Charcot2 ; dans tous les cas, la valeur de ce genre de collaboration / de ce type de production est incontestable. Afin d’aller au cœur de cette question et de comprendre pourquoi le succès de la production participative sera dans les dix prochaines années semblable à celui de l’informatique en nuage // pourquoi la production participative remplacera l’informatique en nuage dans les dix années à venir, plusieurs raisons viennent immédiatement à l’esprit. 1 2 Ou « logiciels en mode SaaS » en gardant l’acronyme anglais. = SLA : sclérose latérale amyotrophique La production participative est un facteur de perturbation L’informatique en nuage a permis la création d’une nouvelle garde à de nombreux égards menaçante pour l’ancienne garde, et tel est aussi le cas de la production participative. Par exemple, il se peut que le directeur d’une équipe de recherche voie le recours à la production participative pour faire face aux défis posés par l’innovation comme la marque de l’échec de son équipe, incapable (à ses yeux) de résoudre les problèmes à elle seule. Ou alors, il peut être amené à penser que le partage du problème qu’il rencontre avec des chercheurs extérieurs à son organisme peut s’avérer dangereux en termes de propriété intellectuelle, sur laquelle il n’aurait plus aucun contrôle. Même si de telles inquiétudes ne sont pas entièrement dépourvues de légitimité, on peut les dépasser grâce à une formation sérieuse, en communiquant davantage ou en calibrant nos politiques de gestion du changement ; rien n’interdit non plus de s’entourer de partenaires de confiance et de s’attaquer à des questions cruciales comme celles liées à la culture d’entreprise3. La production participative va en perturber certains, mais pas d’autres. Ceci ne doit en revanche en aucun cas vous dissuader d’expérimenter la production participative et d’apprendre des expériences que vous en tirerez. La production participative assure l’apport de compétences à la demande La main d’œuvre n’est pas donnée et le talent est rare. Demandez-vous combien coûterait l’embauche de dix chercheurs supplémentaires dans une équipe de recherche et développement comprenant déjà cent membres. Vous venez d’augmenter votre puissance de recherche d’environ 10% mais à un coût non négligeable — non négligeable et fixe, qui plus est. Si la demande liée à ces ressources fluctue, vous vous rendrez (vite) compte qu’elles ne sont pas toujours pleinement exploitées. Non seulement la production participative permet pour la résolution de vos problèmes l’apport de compétences « virtuelles », mais ces problèmes peuvent en outre être déconstruits, distribués, résolus et réassemblés en parallèle sans pour autant que vous ayez à dépendre de ressources captives. Vous avez la possibilité d’externaliser // de recourir à la production participative pour autant de ces défis innovants que nécessaire, et lorsque c’est nécessaire. C’est sans conteste l’équivalent de l’informatique en nuage, qui rend possible une productivité quasi infinie et éminemment variable. La production participative rend possible une rémunération au résultat (ciblée ?) Avec l’informatique en nuage, vous payez au fur et à mesure : fini le temps des dépenses massives liées à l’investissement en amont, suivies des coûts engendrés par les opérations 3 Ou culture organisationnelle. de maintenance et les mises à jour continuelles d’année en année. La production participative propose nettement mieux : vous payez pour des solutions, pas pour des tentatives qui, de façon tout à fait prévisible, aboutissent parfois à des échecs. En fait, avec la production participative, c’est le marché qui subit les coûts liés aux échecs/insuccès, pas vous. Recourir à la production participative pour les défis innovants vous permet non seulement de faire appel à une diversité que vous ne possédez pas (et ne posséderez jamais dans la mesure où il vous est impossible d’adopter toutes les perspectives et champs techniques potentiellement bénéfiques), mais vous êtes en mesure de le faire à moindres frais et sans prendre autant de risques que s’il vous fallait embaucher davantage. La production participative est hautement complémentaire des moyens existants pour répartir le travail et accomplir les tâches, et doit à ce titre être considérée comme une corde précieuse et importante à ajouter à votre arc en matière d’innovation. La production participative fait de l’innovation un bien de consommation La production participative instaure une plateforme pour une communication et une collaboration qui fonctionnent dans les deux sens avec des individus et des groupes variés, qu’ils soient internes ou externes à votre organisme — qu’il s’agisse de vos employés, de vos clients, partenaires ou fournisseurs. De même que l’informatique en nuage a fait de la technologie un bien de consommation, la production participative possède un potentiel identique sur le plan de l’innovation et, plus généralement, quant à la façon dont on collabore afin de mettre sur le marché de nouvelles idées, de nouveaux produits ou de nouveaux services. La production participative fournit des expertises et des compétences que vous n’avez pas L’une des premières propositions valables des applications commerciales dématérialisées était qu’il ne vous était pas nécessaire de recourir aux technologies de l’information pour les déployer ou au pôle financier pour vous aider à vous les procurer, ce qui de ce fait permettait aux directeurs généraux et aux dirigeants d’un secteur d’activité de continuer à faire leur travail de façon plus efficace. Les prestataires de ce type de production sont en possession d’un savoir-faire unique, d’une expertise, de méthodologies et d’une expérience qu’ils mettent à profit en vue d’aider les organismes faisant appel à eux à atteindre leurs objectifs plus rapidement, qu’il s’agisse d’un logo à créer ou de défis innovants à résoudre, ou encore de mettre sur pieds des concours prestigieux avec des prix sur mesure. Les organismes, pour la plupart, n’ont pas la moindre idée de comment s’y prendre pour toucher des milliers, voire des millions de personnes très différentes dans le monde entier. Les fournisseurs de services participatifs sont déjà au contact de communautés captives avec lesquelles vous pouvez immédiatement communiquer et collaborer afin d’atteindre vos principaux objectifs. Quitte à prédire ce que sera le grand phénomène des années à venir, on peut établir des parallèles entre ce qu’était l’informatique en nuage il y a quelques années et ce qu’est aujourd’hui la production participative et l’orientation qu’elle prend pour l’avenir. La production participative peut être perçue comme un catalyseur pour l’innovation à grande échelle, et ce sur quoi les entreprises se doivent de garder un œil si elles veulent aller de l’avant.