Etudier des détournement de contes au cycle 3

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Etudier des détournement de contes au cycle 3
DETOURNEMENT DE CONTES
DOSSIER POUR L’ANIMATION PEDAGOGIQUE DU 20.11.2013
Activités possibles :
• Lecture (ou écoute) des textes "source". C'est parce que les enfants connaissent le
conte de référence qu'ils peuvent comprendre et apprécier les interprétations, les
réécritures ou les allusions.
• Découverte des différentes versions et détournements.
• Lorsqu’il s’agit d’une salade de contes, la démarche inverse peut être adoptée : c’est
après la découverte de l’album (de Geoffroy Pennart par exemple) que les élèves
chercheront à quels contes traditionnels il se réfère et pourront découvrir des contes
moins connus. Cette démarche est souvent contestée car elle prive le lecteur de la
connivence avec l’auteur.
• La lecture peut être magistrale ou faite par un (ou des) élèves(s). Dans ce cas, les
élèves qui liront à haute voix à la classe auront bénéficié d’un temps pour préparer cette
lecture avec l’enseignant lors d’un travail en ateliers.
o La lecture peut être intégrale ou découpée et présentée sur plusieurs séances.
o Intégrale :
le conte est connu, il s’agit d’un rappel.
Le récit est court et ne pose pas de problèmes de compréhension
Les problèmes de compréhension seront traités lors d’un débat
interprétatif après le temps d’écoute. Si le texte résiste à une interprétation
immédiate, l’enseignant prépare quelques questions qui introduiront le
débat : « Pourquoi le chaperon vert pense-t-il que le chaperon rouge
ment ?», « Comment interprétez-vous la dernière phrase de l’album de
Petit Lapin Rouge : et bien mangeons, mon lapin… j’ai une fin de loup. » ?
« Dans Le loup, mon œil ! l’héroïne dit-elle la vérité ? »… Il faudra alors
accepter de rester dans le doute, de ne pas trancher, à moins de
connaître, de façon sûre, l’intention de l’auteur.
o Découpage du texte quand :
Le récit est long et complexe.
Il pose des problèmes de compréhension : rapport texte / image
(contradiction), humour, références, présence d’implicite, de non-dit, point
de vue du narrateur, ordre chronologique non respecté, enchâssements
de récits, univers fictif, jeu avec les valeurs…
Des pauses dans le récit seront donc nécessaires pour que tous les
élèves accèdent à la compréhension de l’histoire et aux intentions de
l’auteur. On pourra leur demander de :
• résumer, par groupes (plutôt de niveau, l’enseignant aidant les plus
faibles) se mettre d’accord pour raconter le passage en une ou
deux phrases.
• Débattre : lorsque l’auteur laisse une zone d’ombre dans le récit,
que les raisons de l’action ne sont pas évidentes, qu’un
personnage utilise la ruse ou le mensonge, il sera nécessaire que
les élèves discutent entre eux, débattent et argumentent quant à
leurs différentes interprétations.
• Anticiper la suite : cet exercice exige de prendre en compte les
paramètres connus du récit et met en lumière les erreurs de
compréhension ou d’interprétation.
Brigitte Fournier – conseillère pédagogique – St Gilles Croix de Vie – novembre 2013
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Trier des images : proposer des illustrations (personnages, lieux,
évènements), les élèves choisissent celles qui peuvent illustrer le
récit et justifient leurs choix.
Travailler en ateliers : un même conte est étudié collectivement mais ses différentes
versions, adaptations, détournements sont lus par des petits groupes qui auront chacun
comme mission de présenter cette version à leurs camarades. Chacun pourra ensuite
lire et relire tous les albums qui seront à leur disposition dans la classe.
Organiser des débats :
o Débat argumentatif : exposer ses préférences au niveau des différentes versions
d'un même conte, et argumenter ses choix.
o Débat interprétatif : rechercher les livres qui suscitent le débat interprétatif (Mina
je t'aime, Le petit chaperon vert, Le petit chaperon rouge de Sarah Moon...).
Analyser et comparer en se centrant sur les personnages, les objets, le lieu, l'époque,
les épisodes principaux. Remplir un tableau à double entrée au fur et à mesure des
lectures.
Analyser et comparer le rapport texte / image dans les différentes versions, rechercher
la fonction de l’image : elle illustre, donne une tonalité particulière, renforce le propos,
contredit le texte, raconte toute l’histoire…
Pour toutes les versions d'un conte, élaborer des fiches sur les personnages (caractère,
attitude, comportement, habillement...), les comparer, les classer, les retrouver dans les
contes de référence.
Présenter une histoire lue : choisir une présentation de l’histoire correspondant à l’esprit
et à la forme de l’album : mime, narration ou lecture à plusieurs voix, déplacement de
marottes sur un chemin, théâtralisation, dialogues et narrateur…
Organiser un rallye lecture autour d’un ou plusieurs contes. Rencontrer une autre
classe pour échanger, présenter ses mises en scènes, jouer à propos du texte…
Le rapport texte - image dans l’album :
Les contes étant issus de la tradition orale, on peut constater que, à partir d'un même texte, ce
sont les illustrations qui donnent une tonalité et une interprétation différente au récit. Après une
comparaison des versions existantes, chacun aura le droit de s'inventer sa propre
interprétation d'un personnage ou d'une situation.
- Trier les ouvrages en deux grandes catégories : sans texte, avec texte.
- Montrer en quoi les illustrations, que l'ouvrage comporte du texte ou non, orientent la
compréhension selon la perception de l'auteur. Plus les détails de l'illustration sont précis et
plus la réception est orientée. C'est en comparant des versions différentes et variées que
l'enfant pourra se créer son propre réseau de références et ses projections personnelles.
- Faire reconstruire le sens par l'image et comparer avec le texte source. Si des différences
apparaissent, retrouver dans les images à quel moment apparaît la divergence et pourquoi.
Par exemple, pour Le Petit Chaperon rouge de Rascal :
- Écrire l'histoire à partir de tous les éléments codés.
- Inversement, réfléchir à un codage pour faire le récit d'un autre conte.
- La version de Rascal se termine sur une page rouge (le sang de la petite
fille, de la grand-mère ?). Inventer d'autres pages codées pour une autre fin.
- Le même type de travail peut être mis en place à partir des albums codés de Warja Lavater
(voir le chapitre : lire, découvrir, comparer les versions du petit chaperon rouge)
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- Comparer des variantes de contes qui reprennent les mêmes motifs et les mêmes fonctions
au niveau de l'illustration, au niveau du texte. Par exemple Le petit Poucet et Hansel et
Gretel mettent en scène des enfants abandonnés par leurs parents dans la forêt, La BarbeBleue et L'oiseau d'Ourdi traitent tous deux du thème de la chambre interdite.
- S'intéresser à l'atmosphère (peur, humour, époque...). Repérer les techniques d'illustration
qui expriment cette atmosphère, à travers le choix des couleurs, les traits des personnages,
les décors utilisés (comparer les petits chaperons rouges de Jean Claverie, de Suzanne
Janssen...).
Pour illustrer La Barbe-Bleue, Eric Battut choisit de donner un aspect sombre et lugubre où le
bleu, le blanc et le noir dominent avec parfois des tâches de rouge, couleur de sang.
- Mettre en rapport des versions masculines et féminines de certains contes initiatiques (Le
petit Chaperon Rouge). Dans les interprétations masculines de ce conte, le loup est souvent
debout, séducteur. Les femmes proposent des versions plus angoissantes de la dévoration et
de l'allégorie du viol. Les illustrations de Sarah Moon, de Suzanne Janssen, d'Isabelle
Vandenabeele sont particulièrement propices aux débats interprétatifs.
- Rechercher s'il existe un décalage texte/image et ce qu'il apporte au conte (complément de
sens, ouverture sur un débat, mystère...).
- Comparer les différentes interprétations d'un même personnage, principal ou secondaire,
dans les différentes versions de quelques contes.
Montrer en quoi la version personnelle que chaque illustrateur donne des personnages
présente des variantes psychologiques, physiques. Par exemple, dans la version de Paul
Galdone, Les trois ours, Boucle d'Or est représentée comme une petite fille effrontée, qui fait
bêtise sur bêtise. D'autres illustrateurs lui donnent un air de petite fille modèle. Voir en quoi
ces interprétations influent sur la perception du lecteur et la représentation qu'il a du
personnage.
- Analyser et comparer l'illustration de présentation et l'illustration de clôture : un même
personnage peut subir une évolution au fil des différentes illustrations...
- Comparer dans les différentes versions d'un même conte les épisodes que les illustrateurs
ont choisi de représenter. Comparer les différentes illustrations d'une scène, d'un moment clé.
- Travailler sur le découpage du récit propre à un illustrateur. Ce découpage résulte
nécessairement d'un choix qui peut faire penser à l'écriture d'un scénario dans lequel tous les
éléments ne sont pas exposés. À partir d'un conte, demander aux élèves de choisir les
épisodes qu'ils souhaitent mettre en image en justifiant les raisons de leur choix.
- Relever des extraits de descriptions des personnages dans les différentes versions et
demander aux élèves de les illustrer. Comparer les résultats.
Les différents procédés de réécritures : parodies, détournements…
Travailler sur des réécritures dès les petites classes va aider les enfants à entrer dans les
contes, à les comprendre, et leur permettre au collège, de travailler sur la notion difficile de la
structure du conte.
Parodie, détournement :
La parodie est une reprise ironique ou dérisoire d'une œuvre, ou d'un genre, qui en caricature
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les règles, les personnages, les situations ou les stéréotypes. De même que le détournement,
la parodie utilise l'inversion, la réduction ou l'amplification, l'anachronisme, les jeux de mots...
Elle est très proche du burlesque. Le terme apparaît en France au début du XVIIe siècle.
Pastiche :
C'est un texte qui imite un auteur déterminé en utilisant la même structure littéraire, en
reprenant des éléments de contenu et en exagérant les traits spécifiques à son style.
On pourra effectuer des tris :
- en fonction de l'histoire d'origine : tous les albums écrits à partir des « 3 petits cochons »
- en fonction du type de réécriture : les albums transformés
o en bande dessinée,
o en roman policier
o en album sans texte
Les détournements, les parodies
- Repérer les différentes formes de détournement.
- Dresser une typologie des détournements. Quelques types de détournements :
• introduction d'un ou plusieurs autres personnages (par exemple, dans Le petit chaperon
vert, on a un double du petit chaperon rouge. À quoi sert ce double ?)
• changement dans le déroulement de l'histoire (Mademoiselle Sauve-qui-peut)
• inversion des rôles (Les trois petits loups et le grand méchant cochon)
• travail sur le personnage type : rechercher des représentations différentes d'un
personnage type (Mademoiselle Sauve-qui-peut, Mina, je t'aime... ? )
• mise à distance du récit par les personnages eux-mêmes (Les trois cochons)
• introduction de noms ou de prénoms, alors que dans les contes traditionnels, les
personnages n'ont souvent pas de prénoms
• changement de point de vue : l'histoire est racontée du point de vue d'un autre
personnage (La vérité sur l'affaire des trois petits cochons)
• introduction d'événements nouveaux ou d'une dimension supplémentaire (Dans Songes
de la Belle au Bois dormant, le texte de Charles Perrault est reproduit dans sa version
originale et intégrale, mais au cœur du livre, dans des pages scellées, Frédéric Clément
explore les cent ans de sommeil de la Belle).
- Repérer pour chaque titre en quoi consiste le détournement.
- Remarquer que la parodie ne suit pas la structure du conte (Chapeau rond rouge). La
parodie détourne, voire inverse les éléments du conte (contenu, morale, structure...).
- À l'aide d'un tableau, relever les éléments du conte traditionnel, les éléments du
détournement (personnages, lieux, comportements...). Comparer.
- Dans Mademoiselle Sauve-qui-peut, on assiste à une inversion du personnage type : la
victime devient l'agresseur.
* imaginer d'autres relations victime / agresseur à transposer ;
* rechercher d'autres illustrateurs qui proposent des personnages proches de
la caricature.
- Dans Petit lapin rouge, l'histoire commence comme un détournement.
Lorsque le petit lapin rouge rencontre le petit Chaperon rouge, on se rend
compte qu'il s'agit d'une histoire différente qui fait référence au conte connu :
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* chercher les éléments qui font tout d'abord penser à un détournement ;
* repérer à quel moment le détournement devient allusion ;
* inventer une autre histoire dans laquelle deux personnages de contes se rencontrent.
- De même, Le Petit chaperon vert, propose un conte dans le conte : au début, le lecteur
pense être dans une parodie, jusqu'à la rencontre avec la vraie histoire du petit chaperon
rouge. Pour le petit chaperon vert, le petit chaperon rouge n'est qu'une menteuse, une
vantarde qu'il déteste.
* trouver à partir de quelle page la parodie se transforme en référence.
- L'étude de la parodie peut aussi permettre d'analyser l'humour et son fonctionnement :
recours à l'anachronisme (transpositions dans le temps et l'espace), recours aux calembours,
à l'inversion des rôles...
Transpositions dans une autre forme littéraire
Un conte peut devenir une pièce de théâtre, un roman, une bande dessinée, un poème.
Dans cette perspective plusieurs axes de réflexion sont possibles :
- Que garde-t-on du conte « source » ?
- Suivant le genre adopté, montrer la manière dont le conte connaît des développements
annexes (dans le roman) ou au contraire des ellipses (dans le théâtre)
- Quelles originalités le genre adopté apporte-t-il au conte « source » ?
- À partir du livre objet La petite fille aux allumettes n'est pas morte (boîte d'allumettes
contenant un poème inspiré par le conte), trouver des façons originales de présenter d'autres
contes (la botte de l'Ogre, le panier du Petit Chaperon Rouge, la citrouille de Cendrillon...).
- Mettre en réseau cette recherche avec Le magasin zinzin et ses collections. Travailler sur la
symbolique de l'objet conte.
Dans l'adaptation en roman du Petit Poucet de Jean-Claude Mourlevat, L'enfant
Océan, rechercher toutes les références (le nom de la ferme, de la famille...),
trouver qui est l'ogre. Engager un débat interprétatif sur la fin, énigmatique.
La réappropriation *
La réécriture / réappropriation apparaît comme une véritable création, celle où la
part du littéraire est la plus forte : un auteur contemporain s’inspire du texte
patrimonial pour proposer une œuvre originale et personnelle.
C’est ce mode supérieur du détournement qu’exploite Jean-Claude Mourlevat dans L’Enfant
Océan (Pocket junior, 1999), roman qui transpose Le Petit Poucet dans le Quart monde
contemporain. Jean-Claude Mourlevat dissimule le conte lorsqu’il propose un titre différent,
énigmatique. Il masque le genre et inscrit la narration dans un contexte réaliste, daté, situé
dans l’espace et dans le temps, loin du cadre indéfini du conte. Mais il dévoile son intention à
travers citations, allusions ou références plus ou moins explicites, semées comme cailloux
blancs pour retrouver la trace du conte source.
Transposer l’aventure du Petit Poucet aujourd’hui permet de traduire et conduit à éclairer la
situation inconcevable dans le conte source : comment des parents peuvent-ils être recrus de
misère au point de décider d’abandonner leurs enfants dans la forêt ? Perrault avait sans
doute pour cadre historique la grande famine de 1693 ; mais c’est d’une autre forme de misère
que traite Mourlevat en situant son histoire dans une famille fruste, démunie, marginalisée par
la pauvreté (où les institutions - donc l’école - sont méprisées), une de ces familles qui reçoit la
visite de l’assistante sociale et des gendarmes. Dans cette famille, on ne parle pas de perdre
les enfants au sens propre, mais on les abandonne symboliquement, sans ressources face à
la forêt de la vie.
Que reste-t-il du conte de Perrault dans ce roman contemporain ? Et peut-on encore parler de
conte ? Certes, les deux textes relatent l’aventure d’un groupe d’enfants (trois couples de
jumeaux et leur minuscule chef de bande) victimes de la pauvreté de leurs parents d’abord,
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puis de la brutalité du monde extérieur, qui, après les épreuves d’un voyage initiatique,
retrouvent un cercle familial réconcilié. Les grandes lignes restent les mêmes.
Mais le changement de genre renforce l’étoffe du conte par la dimension réaliste, le renvoi à
notre monde, un jeu de piste référentiel à travers toute notre littérature, l’entrelacs des
motivations qui enrichit des héros dépourvus de manichéisme, la polyphonie, la fin ouverte où
Yann, sur le pont du bateau, rejoint enfin les promesses de son patronyme, Doutreleau.
* article de Christiane Pintado, enseignante à l’IUFM d’Aquitaine.
- Le "relookage" des contes de Grimm par Rotraut Susanne Berger est atypique : les dessins
n'ont rien de moderne mais la forme (BD) et les libertés prises avec les textes sont très
innovantes. Les princesses portent des blue-jeans, les méchants fument des cigarettes...
• Rechercher les éléments manquants, les éléments ajoutés.
• Analyser ce qu'apporte au conte la forme de la bande dessinée, en particulier au niveau
des dialogues.
Transpositions dans le temps ou l'espace
- Rechercher les éléments sur lesquels porte la transposition.
- Repérer dans l'image et le texte ce qui permet de définir l'époque, le lieu (Le petit chaperon
rouge de Jean Claverie, Le petit chaperon rouge à Manhattan de Martin Gaite ...)
- Repérer de quelles façons l'espace et le temps sont symbolisés dans les différentes versions.
- Définir en quoi la transposition dans le temps et l'espace induit l'interprétation que l'on fait du
récit.
- Dans Mina, je t'aime, chercher les éléments de l'illustration qui montrent
que la jeune fille est déjà familière du loup et qu'elle sait très bien que ce
n'est pas sa grand-mère qui est dans le lit (tableau accroché dans la
chambre, loup dessiné sur la planche à découper, loup sculpté, statue de
loup dans la rue, loups sur l'abat-jour ...)
• rechercher dans le texte la phrase qui permet de comprendre que
Carmina a amené sciemment les trois garçons dans "la gueule du loup". Le livre
autorise également un travail sur le vocabulaire autour de la couleur rouge : rechercher
toutes les allusions à la couleur rouge (Carmina, joues carminées, sang, cheveux roux,
le nom de famille Wolf...)
• comparer le contenu du panier de la jeune fille aux paniers des autres versions du Petit
Chaperon Rouge. Mettre en relation ce contenu avec la
personnalité de la grand-mère
Dans le Petit Chaperon Rouge de Jean Claverie, repérer les éléments
du récit qui marquent le changement de lieu, le changement d'époque
(le récit se passe en ville, la petite fille traverse une décharge de
voitures, la mère est vendeuse de pizzas...) ;
- à partir des illustrations, retracer la vie de Mère-grand (ses goûts,
ses habitudes.)
- relever en quoi cette version montre que la place de la femme a changé dans la société :
le personnage du bûcheron est remplacé par celui de la mère, la grand-mère utilise
l'audiovisuel et les nouvelles technologies...) ;
- montrer comment, à partir d'une même structure littéraire, l'auteur a réalisé des
transpositions au niveau du temps, des métiers, des objets...
L'album Les trois petits cochons d'Arnaud Floc'h alterne sans cesse entre
modernité et tradition (cohabitation de charrettes et camions, lampe à
pétrole et électricité ... ce qui donne une certaine intemporalité au propos et
renforce son universalité.
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- relever les anachronismes ;
- comparer le message sur la conquête de l'autonomie avec celui d'autres versions plus
enfantines.
Références, allusions, salades de contes...
De nombreux ouvrages font référence à des contes célèbres, ou à des motifs culturels
développés dans ces contes, de façon plus ou moins explicite. Pour pouvoir profiter
pleinement de ces textes, il est bien sûr indispensable de connaître les textes antérieurs
auxquels ils font allusion.
- Rechercher dans la BCD des récits qui proposent des références aux contes.
- Retrouver dans ces livres les personnages connus et les contes "source".
- Rechercher les éléments similaires.
- Après la lecture de l'album La terrible bande à Charly P, retrouver, à partir des noms des
personnages (Chapouge, Chabotté, Tipoucet, BBD, Cendrille, Charly P...), les personnages de
référence, les titres des contes ;
- inventer d'autres personnages à mettre dans l'orchestre, sur le même principe ;
- rassembler différents personnages de contes autour d'un autre thème (banquet, match, pièce
de théâtre...) ;
- à la manière de Charly P, intervenir sur l'histoire en la réécrivant.
- À partir des albums de Geoffroy de Pennart (par exemple Le loup
sentimental), inventer une histoire dans laquelle différents personnages de
contes vont se croiser, se rencontrer, faire évoluer leurs caractéristiques ou
leur personnalité...
- Rechercher des auteurs qui font souvent référence aux contes dans
leurs histoires, soit dans le texte, soit dans l'illustration :
Yvan Pommaux , dans ses albums : John Chatterton, Le grand
sommeil, Lilas, cite Le petit chaperon rouge, La belle au bois dormant,
Blanche-Neige, mais également Chandler, Howard Hawks... et
Giacometti, Ben, Rodin, Cristo... Il sera intéressant de repérer ces
évocations avec les enfants, en fonction de leur âge.
Anthony Browne fait souvent référence aux contes : dans Un conte de Petit Ours, au fond
entre les arbres, on aperçoit ici et là, la maison en bonbons de Hänsel et Gretel, Le Petit
Chaperon rouge, les trois petits cochons, le soulier de verre de Cendrillon, le Chat botté, la
pomme empoisonnée de Blanche-Neige. Voir, dans le chapitre « le petit chaperon rouge », le
paragraphe consacré à l’album d’Anthony Browne : « Dans la forêt profonde ».
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Petit catalogue de jeux d’écriture sur le conte
Collectivement, au fur et à mesure des lectures de contes détournés, il peut être intéressant
d’établir un inventaire des "machines à réécrire" utilisées par les auteurs de littérature de
jeunesse. Cet inventaire pourra être complété par d’autres propositions.
Par groupe ou individuellement, il sera proposé aux élèves de se lancer à leur tour dans une
réécriture de conte(s) connu(s) en s’aidant du catalogue établi.
On adaptera la consigne aux différents groupes d’élèves : complexité du conte, écriture
solitaire ou à plusieurs, aide de l’enseignant, exigences de longueur…
1. Le détournement parodique : utiliser les procédés ou jeux d’écriture des auteurs dans leur
appropriation des contes connus :
Comme dans " Les trois loups " – Cousseau, Alex / Turin, PhilippeHenri ill. - L’école des loisirs, 2002.
- inverser les rôles : les trois loups se retrouvent dans la situation des
trois petits cochons à devoir assumer les conséquences de leurs choix et
à en subir les mêmes conséquences,
- choisir une situation inédite (trois loups dans un bateau).
Comme dans " La vérité sur l’affaire des trois petits cochons " - Scieska,
John / Smith, Lane – Nathan, 1991.
- changer de narrateur pour donner la point de vue de l’un des personnages,
- changer de genre : passage au fait divers et à l’inscription dans un contexte
journalistique.
- prendre le lecteur à témoin.
Comme dans " C’est l’histoire d’un loup et d’un cochon" – Rascal / Elliott,
Peter - Ecole des Loisirs, 2000.
- prendre le lecteur à témoin,
- jouer de la déconstruction progressive du conte source.
Comme dans " Les trois cochons " – Wiesner, David – Circonflexe,
2001.
- déborder le conte initial en développant chaque personnage,
- introduire des épisodes inédits avec de nouveaux personnages issus
eux-mêmes du patrimoine littéraire,
- inverser la situation finale : amener un coup de théâtre,
- jouer de l’intertextualité (auto citation de l'album "Mardi"- Flammarion,
1992).
Comme dans " John Chatterton Détective " – Pommaux, Yvan – L’Ecole
des Loisirs, 1993.
- marier les genres : conte réécrit à l’aune des stéréotypes du récit policier
avec utilisation des codes de la bande dessinée.
Brigitte Fournier – conseillère pédagogique – St Gilles Croix de Vie – novembre 2013
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Comme dans " Dans la gueule du loup " – Negrin, Fabian - Editions du
Rouergue, 2006.
- changer de narrateur pour donner la point de vue de l’un des personnages.
De Monsabert,
- jouer du
- introduire
eux-mêmes
Comme dans " Le petit chaperon rouge a des soucis" –
A.-Sophie / Allibeu, Géraldine – Albin michel jeunesse, 2004.
statut littéraire du loup et du petit chaperon rouge,
des épisodes inédits avec de nouveaux personnages issus
du patrimoine littéraire.
Comme dans " Un conte peut en cacher un autre : le petit chaperon rouge ou
les trois petits cochons " – Dalh, Roald / Blake, Quentin ill. – Gallimard, 1995 –
Folio cadet.
- passer de la prose aux vers,
- inverser la situation finale : amener un coup de théâtre,
- jouer de l’anachronisme, de l’humour, de l’effet comique tout en conservant
une grande fidélité avec le texte source : mêmes personnages, même structure.
Comme dans " Le petit homme de fromage et autres contes trop faits " Scieszka, John / Smith, Lane – Seuil Jeunesse, 1995.
- réunir plusieurs personnages de contes différents,
- enchâsser des épisodes,
- jouer de l’adresse au lecteur,
- jouer de coups de théâtre : fins détournées,
- jouer des dialogues.
Mélanger plusieurs contes : à la manière de Geoffroy de Pennart (le PCR rencontre les 3PC
dans la forêt)
Comme dans " Drôle de conte " – Haumont, Marie - Editions Thierry
Magnier, 2000.
- réunir plusieurs personnages de contes différents,
- jouer du temps du récit : les personnages ont vieilli…
Comme dans « Le gentil facteur », AHLBERG Allan et Janet - Albin
Michel
Ecrire la correspondance entre des personnages de contes.
Comme dans " Boucle d’Or et les sept ours nains " – Bravo, Emile - Seuil
Jeunesse, 2004.
- réunir plusieurs personnages de contes différents,
- changer de mode d’expression : du conte à la bande dessinée.
2. Le pastiche : écrire un vrai faux extrait de conte (début, milieu ou fin), lui attribuer un vrai
faux paratexte : titre, auteur, éditeur, collection.
Brigitte Fournier – conseillère pédagogique – St Gilles Croix de Vie – novembre 2013
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Comme dans "La mouche qui lit" - Siméon, J-Pierre / Simon, Isabelle ill. - Rue
du monde, 1998
3. La suite : écrire la suite d’un conte
Comme dans " Nouvelles histoires pressées : Suite et fin " – Friot, Bernard –
Milan, 2000.
4. Le début : écrire un début au début du " vilain petit canard " d’Andersen.
5. En faire tout un roman
Comme dans " L’enfant océan " – Mourlevat, Jean-Claude – Pocket Jeunesse
Editions, 1999.
6. En faire toute une histoire : écrire par amplification :
Comme dans " Les trois petits cochons " – Floc’h, Arnaud – Soleil Jeunesse,
2002
7. En faire un fait divers
Ecrire par réduction soit en respectant le texte par contraction soit en se libérant du texte.
Raconter l’histoire dans le style journalistique.
8. Démultiplication : écrire une multitude de variations d’un même conte en combinant un
grand nombre de débuts et de fins :
Comme dans " Le petit chaperon bouge " – Craipeau, Jean-Louis / Oubrerie,
Clément – Hachette jeunesse, 1997.
9. Jeux de langue : écrire en jouant sur les lettres, les syllabes, les niveaux de langage, les
abus et fautes de français, la syntaxe, …
Comme dans " Les contes du miroir " – Rivais, Yak – L’école des loisirs, 1998
– Neuf en poche.
Brigitte Fournier – conseillère pédagogique – St Gilles Croix de Vie – novembre 2013
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10. Titres
Ecrire à partir d’un titre inventé : " Le vilain petit poucet", " Les trois petits nains ", " Le vaillant
petit canard ", " Les sept loups", …
Comme dans " Boucle d’or et les sept ours nains " – Bravo, Emile – Seuil Jeunesse, 2004.
11. Sésame
Ecrire à partir d’une phrase-clé : " Et d’un seul coup, il en tua sept ! ", " Anne, ma sœur Anne,
ne vois-tu rien venir ? ", " Tire la bobinette et la chevillette cherra. " …
12. Homophones : écrire des comptes de faits, un décompte de faits : recenser des faits divers
étonnants, …
13. Si tout commençait par la fin : écrire un conte à rebours.
14. Détourner un conte : prendre le même début et changer l’évènement, la rencontre…
15. Inverser les rôles : le PCR mange le loup
16. Changer les caractéristiques des personnages : le loup est muet, végétarien
17. Réécrire le conte étudié (résumé) en respectant des contraintes :
• obligation d’incorporer certains mots farfelus : hélicoptère, hippopotame, Zorro…
• ajout d’un ou plusieurs personnages issus d’autres contes
• lettre interdite : ne jamais employer la lettre « p »
• son interdit : pas de [ou]
• lettre ou son obligatoire : entendre le plus de fois possible le son [ou]
• changer de point de vue : c’est le loup ou la galette qui raconte le PCR
• changer le décor : le PCR en Afrique, à Manhattan
18. Prélever des ingrédients dans différents contes pour constituer des « réservoirs »
d’écriture et s’en servir pour inventer de nouveaux récits. Constituer un imagier des différents
éléments des contes :
• Des personnages stéréotypés (princesses, grenouilles, sorcières…)
• Des évènements (transformations, mauvais sorts…)
• Des lieux
• Des débuts d’histoires
• Des dénouements et des fins
• Des mots et expressions
• Des objets…
Utiliser cet imagier pour inventer de nouveaux contes, des salades de contes : on pioche 2
personnages, un lieu, un objet et un élément déclencheur. Seul ou à plusieurs, il faudra
raconter ou écrire une histoire qui intègre tous ces éléments.
Voir des exemples :
•
Cartes : personnages, lieux, objet … :
http://drici.mehdi.free.fr/documents_2006/cartes_contes.pdf
http://chenapan.eklablog.fr/jeux-de-cartes-support-a-la-production-de-contes-a358158
http://data0.ek.la/zoutils/perso/ecrire/tarot.pdf
http://recreaclic.free.fr/lecture/3prod/il_etait_une_fois2.pdf
• On peut aussi utiliser des dés :
Brigitte Fournier – conseillère pédagogique – St Gilles Croix de Vie – novembre 2013
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http://www.laclassedemallory.com/les-des-a-histoire-a58626149
http://www.lepetitcoindepartagederomy.fr/francais-cm-des-des-pour-ecrire-se-donner-des-ideesa59805455#
Tous ces jeux d’écriture pourront s’adapter aux différents contes sources tels que :
" Le petit chaperon rouge " – Perrault, Charles
" Le chat botté " – Perrault, Charles
" La barbe bleue " – Perrault, Charles
" Les fées " – Perrault, Charles
" Le petit Poucet " – Perrault, Charles
" Les souhaits ridicules" – Perrault, Charles
" Cendrillon" – Perrault, Charles
" La belle au bois dormant " – Perrault, Charles
" Le petit chaperon rouge " – Grimm, Jacob & Wihelm
" Hansel et Gretel " - Grimm, Jacob & Wihelm
" Blanche-Neige et les sept nains " - Grimm, Jacob & Wihelm
" Le vaillant petit tailleur " - Grimm, Jacob & Wihelm
" Le vilain petit canard " – Andersen
" Les habits neufs de l’empereur " – Andersen
" La petite sirène " – Andersen
" La petite fille aux allumettes " – Andersen
" Le vaillant soldat de plomb " - Andersen
" La petite Poucette " – Andersen
" Jack et le haricot magique "- conte populaire d'origine anglo-saxonne
" Boucle d’or et les trois ours " - conte populaire d'origine anglo-saxonne
" Les trois petits cochons " - conte populaire d'origine anglo-saxonne
Un exemple de création :
Le petit Poucet
Mes parents, monsieur et madame Poucet viennent de m'abandonner dans un Leclerc, je crois qu'ils en ont
assez de mon handicap. Depuis une heure, je cherche à sortir de ce maudit magasin.
J'ai vu un joueur de flûte, j'ai voulu lui parler mais j'ai à peine eu le temps d'ouvrir la bouche qu'il jouait un
morceau et je me suis retrouvé dans le rayon vêtements. Là, j'ai rencontré une fille qui est avec moi à l'école de
la rue Perrault, Lisa Rouge. Je me suis approché d'elle et je lui ai dit :
- Qu'est-ce que tu fais ?
Elle m’a répondu :
-Je cherche une robe, des bottes et une écharpe rouges le tout pour 8€ 50 maximum mais ça coûte 13€ 86.
Donc je lui ai donné 5 € 39 et il lui est resté 3 centimes. Ensuite, je suis allé au rayon soupes où j'ai vu trois ours
en train d'acheter de la soupe à la tomate Liebig. Le plus petit voulait un petit sachet, la maman deux paquets. Le
papa, lui, exigeait deux maxi paquets de soupe. Ils finirent par se chamailler. Au rayon chaussures, j'ai croisé
Sandrine Hyon en train d'essayer des chaussures :
- Je veux des Nike, mais elles n'existent pas en vair.
- Tu n'as qu'à aller dans un magasin de chaussures classiques.
Nous partîmes. Au rayon nourriture pour animaux, monsieur Seguin discutait avec sa chèvre.
- Où est la sortie?
- Tu vas à droite, à gauche, tout droit, à gauche et tout droit. Pour être clair, je n'ai rien compris!!
Pendant que je cherchais la sortie, j'ai vu un loup passer à toute vitesse. Peu de temps après, il dégustait un
jambon qui paraissait excellent. Finalement, je réussis à trouver la sortie. A la sortie, je trouvais Nadège, toute
habillée de blanc :
- Tu t'es perdu ?
- Oui, pourrais-tu m'héberger ?
- D'accord, c'est dans la poche…
Classe de CM2 – M. Latreille – Ecole de Sarlat La Canéda
Brigitte Fournier – conseillère pédagogique – St Gilles Croix de Vie – novembre 2013
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Lire, comparer, découvrir les différentes versions du conte :
Les trois petits cochons
1 - Variations
• Walt Disney, Les Trois Petits Cochons, Disney Hachette, 2006
• Leslie Brooke, Les trois petits cochons, Circonflexe, 1992 (ou bien l’édition
plus récente illustrée par Paul Galdone, Les trois petits cochons, Circonflexe,
2006)
• Jean Claverie, Les 3 petits cochons, éditions Nord-Sud, 1989 (ouvrage
épuisé mais très souvent disponible dans les écoles ou en bibliothèque).
Cet ensemble d’albums fait apparaître que les contes ne sont pas figés dans une version
unique, mais peuvent faire au contraire l’objet de variations ou de variantes.
On trouve en effet pour Les trois petits cochons, des variations qui peuvent aller jusqu’à
proposer des fins totalement différentes. Ainsi dans une version proche de la tradition orale
comme celle des éditions Circonflexe (1992 ou 2006), tous les personnages sont mangés (y
compris le loup) sauf le dernier petit cochon.
Dans le dessin animé de Walt Disney, repris dans un album Disney Hachette en 2006, tout le
monde (y compris le loup) reste bien en vie.
Les dessins animés de Walt Disney jouant un rôle important dans la connaissance que les
enfants d’aujourd’hui peuvent avoir des contes traditionnels, on peut partir de la version de
Disney pour aller vers les autres versions (ou du moins quelques-unes).
Depuis Disney, en effet, pour le jeune public et même pour les plus grands, les trois petits
cochons s’appellent Nif-Nif (le flûtiste à la hutte en paille), Nouf-Nouf (le violoniste à la cabane
en bois) et Naf-Naf (le pianiste à la maison en briques). Leur mésaventure, sans conséquence
et sans gravité, s’achève en musique et dans la joie et les enfants sont en général bien surpris
de voir qu’il existe une version beaucoup plus dure dans laquelle le seul survivant est celui qui
a su faire preuve de prévoyance et de ruse. La leçon du conte en est du coup totalement
changée.
Découvrir des variantes d’un conte :
L’album reprenant le dessin animé de Walt Disney (Walt Disney, Les Trois Petits Cochons,
Disney Hachette, 2006) présente une version légère, de type comédie musicale, que les
enfants peuvent assez facilement mimer pour mieux repérer les grands moments de l’action.
En contraste, Les trois petits cochons, illustré par Leslie Brooke (Circonflexe, 1992 - ou
l’édition de 2006) et une version "optimiste" comme celle de Jean Claverie ( Les 3 petits
cochons, éd. Nord-Sud) offrent des visions différentes de l’intrigue et des caractères, que les
enfants découvriront par comparaison.
Brigitte Fournier – conseillère pédagogique – St Gilles Croix de Vie – novembre 2013
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La comparaison de ces trois versions peut aboutir à une réflexion sur la morale qui se dégage
de chacune des histoires en fonction des variations de l’intrigue et du caractère des
personnages et être l’occasion pour les enfants d’exprimer leurs préférences.
2 - Renversement
Premier niveau
• Trivizas, Oxenbury,
Les trois petits loups et le grand méchant cochon, Bayard, 2001
• Stehr, Les trois petites cochonnes,
L’école des loisirs, 1997 (ou Lutin Poche, 1999)
Les trois petits loups et le grand méchant cochon de Trivizas et Oxenbury et Les trois petites
cochonnes de Stehr peuvent se ranger dans ce que Rodari appellerait des contes à l’envers.
Le conte à l’envers est, selon lui, un renversement délibéré et systématique du conte source.
Cette inversion peut porter sur la caractérisation des personnages et sur le déroulement de
l’action, ce qui aboutit, quand la réécriture est réussie, à une modification de la morale et de la
portée symbolique de l’histoire.
Dans l’album de Trivizas et Oxenbury et dans celui de Stehr, on a bien affaire à ce type de
renversements : les trois petits cochons deviennent trois gentils petits loups affrontés à un
grand méchant cochon ou trois petites cochonnes à la recherche du meilleur mari possible.
Dans ces deux histoires, la maison la plus légère, loin de représenter l’insécurité, est au
contraire celle qui apportera le salut et si l’histoire de Stehr est nettement plus subversive que
celle de Trivizas et Oxenbury, on peut considérer que l’une et l’autre plaident au moins pour
une remise en question des idées reçues : le méchant n’est pas forcément celui qu’on croit, la
victime non plus et les comportements attendus ne payent pas toujours. Ce qu’il est
intéressant d’observer, c’est que cette interprétation ne prend force et évidence qu’en
référence au conte d’origine, exemple de l’intérêt littéraire des liens intertextuels.
Découvrir des contes à l’envers :
Pour apprécier l’intérêt de contes à l’envers portant sur l’histoire des trois petits cochons, il est
indispensable de relire le conte original des Trois petits cochons dans ses deux versions
"classiques". Après quoi, il peut être intéressant de se demander ce qui pourrait changer si on
voulait "renverser" ce conte, c’est-à-dire inverser la caractérisation des personnages et le
déroulement de l’histoire.
La lecture de l’album de Trivizas et Oxenbury et de celui de Stehr permet de recenser les
transformations par rapport aux deux versions du conte classique qu’on trouve dans chacun
des albums et d’analyser les effets produits sur l’intérêt de l’histoire et sur la portée du conte.
Comparer les transformations observées dans ces deux albums avec les possibilités de
renversements imaginées après lecture du conte d’origine est l’occasion de s’apercevoir que
certains changements ne sont qu’anecdotiques et sans effet sur l’intérêt et la portée du conte
et que d’autres, au contraire, peuvent avoir des effets. Par exemple inverser les rôles en
imaginant que les victimes sont des loups et l’agresseur un cochon n’a pas forcément
beaucoup d’intérêt si rien d’autre ne change.
Brigitte Fournier – conseillère pédagogique – St Gilles Croix de Vie – novembre 2013
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En revanche, il peut déjà être plus intéressant d’imaginer qu’un même cochon doit subir les
tentatives d’expulsion de sa maison de la part de trois loups aux techniques différentes. Il peut
être intéressant aussi d’imaginer qu’en cas de souffle superpuissant du loup, comme lors de
séismes, c’est la maison la plus légère qui permet la fuite alors que le cochon qui a construit
en dur meurt écrasé sous les briques qui s’écroulent.
L’intérêt est surtout de constater qu’il n’y a pas d’élément gratuit dans une histoire et que les
meilleurs contes à l’envers sont ceux qui provoquent l’apparition d’une nouvelle interprétation.
Deuxième niveau
• Rascal & Elliott,
C’est l’histoire d’un loup et d’un cochon, Pastel, 2000
• Tarek, Morinière, Svart, Les 3 petits cochons, EP éditions, 2006
• Wiesner, Les trois cochons, Circonflexe, 2001
Avec une bande dessinée comme Les 3 petits cochons de Tarek, Morinière et Svart, et des
albums comme Les trois cochons de Wiesner et C’est l’histoire d’un loup et d’un cochon de
Rascal & Elliott, on pourra observer que, dans certains cas, ce n’est plus seulement l’histoire
qui est renversée, mais la distribution même des rôles du lecteur, de l’auteur et des
personnages.
Dans ces ouvrages, on s’aperçoit, en effet, que le lecteur est invité à prendre ses distances
par rapport au conte d’origine et par rapport à la fiction elle-même dont le narrateur ou les
personnages s’évadent allègrement pour commenter le déroulement de l’histoire ou pour
l’infléchir à leur gré.
Pour un jeune public, la bande dessinée de Tarek, Morinière et Svart est sans doute le plus
accessible des trois ouvrages. Effectivement, d’entrée de jeu, le choix du registre de l’humour
et de la parodie entraîne l’adhésion amusée du lecteur et en même temps le place en position
de recul par rapport à l’histoire, qui est sans cesse décrédibilisée.
Les références à l’actualité contribuent pour une bonne part à ce travail de sape ; les deux
loups : un juif et un arabe (qui ne peuvent donc pas manger de cochons), les interventions de
Bébeh : (Brigitte Bardot) la sorcière qui aide les animaux, les allusions à la SPA, les
manifestations des syndicats d’animaux de contes pour l’amélioration des conditions de travail
et le respect des horaires, etc.
Découvrir des histoires au second degré :
On trouve dans les trois albums nombre de références intertextuelles:
Brigitte Fournier – conseillère pédagogique – St Gilles Croix de Vie – novembre 2013
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•
allusions à Blanche Neige, Le Petit Chaperon rouge, et même à Astérix (pour la scène
du repas final avec le barde bâillonné)
• évocation d’un recueil de formulettes absurdes et d’un conte de fée, avec chevalier et
dragon
• citation in extenso de la comptine "Promenons-nous dans le bois".
Cela peut devenir un jeu de rechercher ces références à d’autres histoires et d’observer que
cela tend à créer une sorte de complicité entre l’auteur et le lecteur.
Dans la bande dessinée de Tarek, Morinière et Svart, on repère assez vite des éléments méta
textuels :
• présence du raconteur de l’histoire parmi les personnages,
• allusions aux désirs des lecteurs,
• commentaires des deux loups sur l’ineptie du rôle qu’on veut leur faire jouer, etc.
Les jeunes lecteurs qui auront observé ces procédés chez Tarek, Morinière et Svart saisiront
sans doute plus facilement la portée des effets de sortie du cadre de l’image dans la mise en
page des Trois cochons de Wiesner, où les cochons, expulsés hors du cadre de leur histoire
par le souffle trop puissant du loup, vont déambuler dans d’autres histoires pour finalement
retourner dans la leur et en changer la fin.
Ces jeunes lecteurs seront alors en mesure d’apprécier, dans C’est l’histoire d’un loup et d’un
cochon, les commentaires humoristiques de l’auteur narrateur qui passe la totalité de l’album à
démontrer qu’il est libre de ne pas raconter l’histoire qu’on croyait.
Une petite sélection d’albums dérivés des 3 petits cochons (à compléter) :
" Les trois loups " – Cousseau, Alex / Turin, Philippe-Henri
Ecole des Loisirs, 2002.
Cet album empli d’humour encore plus dans les illustrations que dans
le texte, se prête à merveille à la découverte par les élèves du "jeu
parodique" de la réécriture du conte originel par inversion des rôles :
trois loups inexpérimentés ayant à affronter leur devenir font chacun à
leur tour des choix aux conséquences vitales, seul le plus responsable
échappera à une mort certaine mais pas à celle à laquelle l’auteur a préparé le lecteur avec
beaucoup d’à-propos ! Et c’est là que les cochons entrent en scène !
A découvrir dés la fin du cycle 2
" La vérité sur l’affaire des trois petits cochons"
– Scieska, John / Smith, Lane
Nathan, 1991.
Dés la première de couverture, le lecteur est averti : tout ce qu’il connaît de
l’histoire des trois petits cochons n’est pas vrai. Il ne fallait rien de moins
qu’une enquête d’investigation sérieuse pour connaître enfin la vérité de la
bouche même de la principale victime de l’histoire LE LOUP, oui, vous avez
bien lu LE LOUP ! Etonnant, non ?
Activités possibles :
- changement de point de vue : l'histoire est racontée du point de vue d'un autre
personnage (La vérité sur l'affaire des trois petits cochons) ;
" Nouvelles Histoires pressées : Suite et fin" – Friot, Bernard
Milan, 2000
Brigitte Fournier – conseillère pédagogique – St Gilles Croix de Vie – novembre 2013
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Il est des dangers insoupçonnés (la déforestation !) et quoi qu’on fasse, on n’échappe pas à
son sort. Transformés en côtelettes et saucissons, les trois petits cochons seront quand même
mangés par le loup !
A découvrir à partir du cycle 3
« Qui frappe à la porte ? » Jonathan Allen Bayard
Pour rentrer chez les trois petits cochons, le loup essaie plusieurs
déguisements, mais en vain: ils le reconnaissent à chaque fois. Et pour s'en
débarrasser, ils lui font vivre la peur de sa vie en se déguisant à leur tour, en
grand méchant loup.
« Pieds de cochons » James Marshall Maurice Sendak Ecole des Loisirs
Un loup maigre se retrouve dans un quartier de la ville qu'il de connaît pas.
Un arôme sublime plane dans l'air. Le loup affamé se lèche les babines
devant une affiche de ballet prometteur, "Le Lac des truies". Le festin risque
d'être merveilleux au regard de ces cochons, gros et gras, en tutu. Le loup
fera tout pour pouvoir entrer et dévorer ces victimes. Mais, de page en page,
on s'interroge, le loup aurait-il lui aussi une vocation de danseur ? Un album
réussi pour rire pleinement.
Brigitte Fournier – conseillère pédagogique – St Gilles Croix de Vie – novembre 2013
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Lire, comparer, découvrir les différentes versions du conte :
Le petit chaperon rouge
Propositions d’activités
•
-
-
Comparer différentes versions du conte.
L’enseignant lit une version traditionnelle du PCR.
Un tableau présentant les différents éléments du conte est rempli collectivement. On
pourra noter par exemple les éléments suivants : Le nom du héros + son caractère – Le
nom des personnages secondaires + leur caractère – Les lieux - Le contenu du panier Les conseils donnés - Qui donne les conseils ? – La phrase pour ouvrir la porte - Que
devient le petit Chaperon rouge à la fin du conte ? - Que devient la grand-mère à la fin du
conte ? Que devient le loup à la fin du conte ?
Par groupes, les élèves reçoivent une version détournée. Ils la lisent et remplissent le
tableau.
A chaque séance, les élèves changent de version.
Le bilan portera sur
• La comparaison des résultats de chaque groupe
• Des échanges : que garde l’auteur du conte source ? quelles originalités
propose-t-il par rapport au conte source ?
•
Comprendre l’histoire à partir du tapuscrit
L’objectif est de mettre en évidence le rôle de l’illustration dans l’album.
Chaque groupe d’élèves reçoit un tapuscrit d’une version du PCR (adapter la longueur et la
difficulté du texte aux capacités des élèves : groupes homogènes). Les élèves notent s’ils ont
tout compris ou s’il leur manque des informations.
Bilan : le tapuscrit suffit-il pour comprendre les versions détournées ?
Présentation des albums : que nous apporte l’image ? Quel est son rôle ? Peut-on s’en
passer ?
Télécharger les tapuscrits :
Le PCR de Perrault : http://ekladata.com/Ktgm5pYF1FM5_nhEVYz4YsoV8sM.pdf
Le PCR de Grimm : http://ekladata.com/izu5dze8zxjI9z_RC84vp3Oq-5w.pdf
Le PCR de Claverie : http://ekladata.com/iXarh2RYWKF4Bdjnz-p5LISukAU.pdf
Mademoiselle sauve-qui-peut de Corentin : http://ekladata.com/FII8mZ-BeC9d0yKaUO2RXUhDFs.pdf
Chapeau rond rouge de Geoffoy de Pennart :
http://ekladata.com/H6xeDsiJJxtpa6dM3QYpYAi7hek.pdf
Oh là là ! de Mc Naughton : http://ekladata.com/yCJZIcSWesAJODtTFGkelgooSfg.pdf
Dans la forêt profonde de Anthony Browne :
http://ekladata.com/WAWPIFIrmlM9504lgWONSzfvh3Y.pdf
• Une version du chaperon rouge est lue par l’enseignant à toute la classe.
Travail par groupe : donner les illustrations de versions différentes du petit chaperon rouge
(chaque groupe reçoit des illustrations différentes). Les groupes doivent raconter l’histoire à
l’aide de leurs illustrations.
Mise en commun et discussion entre ressemblances et différences.
Comparaison avec les récits des albums et lecture de ces versions par le maître ou par
certains élèves (après un temps de préparation avec l’enseignant).
Travail de synthèse : tableau pour noter les différents éléments et mettre en évidence les
différences.
Brigitte Fournier – conseillère pédagogique – St Gilles Croix de Vie – novembre 2013
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Un tableau de ce type pourrait être utilisé pour comparer les différentes versions :
Contenu du
Personnages
Lieux de
Vêtements
panier
rencontrés
rencontre
CLAVERIE
Le petit chaperon
rouge
CORENTIN
Mademoiselle
sauve qui peut
GRIMM Le petit
chaperon rouge
POMMAUX
Chatterton
détective
John
RASCAL
Petit lapin rouge
SOLOTAREFF
NADJA, Le petit
chaperon vert
Françoise DETALMINIL – CPC – Circonscription de Goussainville.
Décembre 2002
• Travail par groupes de 4 ou 5 (4 personnages + narrateur)
Donner un exemplaire du Petit chaperon rouge avec la 1ère et 4ème de couvertures cachées,
chaque groupe reçoit un exemplaire différent. Le groupe doit lire ou raconter l’histoire (cas du
livre sans texte). Chaque groupe vient lire ou raconter son livre et choisit une présentation de
l’histoire : lecture à plusieurs voix, mime, théâtralisation, en montrant ou pas les illustrations
(utiliser le vidéo projecteur), en utilisant des marottes, un chemin, des accessoires...
Spectateurs : ils écoutent, regardent et devront identifier le titre et la couverture (les afficher
toutes au tableau).
Discussion, débat : est-ce pour tous les groupes la même histoire ?
•
Mettre en rapport des versions masculines et féminines de ce conte initiatique. Dans les
interprétations masculines de ce conte, le loup est souvent debout, séducteur. Les femmes
proposent des versions plus angoissantes de la dévoration et de l'allégorie du viol. Les
illustrations de Sarah Moon, de Suzanne Janssen, d'Isabelle Vandenabeele sont
particulièrement propices aux débats interprétatifs.
•
Montrer en quoi la version personnelle que chaque illustrateur donne des personnages
présente des variantes psychologiques, physiques. Par exemple, dans la version de Philippe
Corentin « Mademoiselle Sauve-qui-peut » le PCR est représenté comme une petite fille
effrontée, qui fait bêtise sur bêtise et terrorise tout le monde, de même dans « chapeau rond
rouge » de Geoffroy de Pennart. D'autres illustrateurs lui donnent un air de petite fille modèle.
Voir en quoi ces interprétations influent sur la perception du lecteur et la représentation qu'il a
du personnage.
Le petit chaperon rouge Auteur : Charles Perrault - Illustrateur : Eric Battut
Le célèbre conte de Charles Perrault est ici restitué dans sa version d'origine,
illustrée par Eric Battut.
Pour le plaisir de faire découvrir aux enfants la richesse et la beauté de la
langue. De grandes illustrations épurées, presque minimalistes aux
dominantes rouges traversées par une ligne plus claire, des petits
personnages, comme perdus dans l’immensité traduisent avec une grande
sobriété la force du texte de Perrault.
Brigitte Fournier – conseillère pédagogique – St Gilles Croix de Vie – novembre 2013
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Le petit chaperon rouge de Rascal
collection Pastel
Dans ce petit album sans texte, Rascal utilise le rouge, le noir, le blanc et
des formes géométriques pour représenter les personnages du conte.
Cela suppose que les enfants connaissent déjà le conte pour saisir la
progression du récit, et la superbe chute inspirée par Perrault : un Petit
chaperon rouge ouvrant la porte sur une ultime page sans texte rouge
sang. ..
Activités possibles :
- Écrire l'histoire à partir de tous les éléments codés.
- Inversement, réfléchir à un codage pour faire le récit d'un autre conte.
- La version de Rascal se termine sur une page rouge (le sang de la petite fille, de la grandmère ?). Inventer d'autres pages codées pour une autre fin.
Petit lapin rouge de Rascal,
Claude K. Dubois Ecole Des Loisirs Collection Lutin Poche
Petit Lapin rouge, rouge parce qu’il a chuté un jour dans un pot de peinture,
s’en va porter à sa grand-mère grippée, un pain d’épice, de jeunes carottes et
du sirop. Au coeur de la forêt, il tombe sur le Petit Chaperon Rouge en route
pour une visite à sa Mère-grand. Chacun connaît bien l’histoire de l’autre car
chacun l’a lue dans un livre. Et, ces histoires finissent bien mal ! Lapin rouge
et Chaperon rouge se rebellent contre leur sort et leurs auteurs et décident de
réécrire ces tristes histoires avec un happy end...Tout est bien donc...quoique la dernière
phrase du petit Chaperon rouge « J’ai une faim de loup, mon lapin » est diablement ambiguë.
Questionnements :
- existe-t-il une histoire du petit lapin rouge ? peut-on l’écrire ? intérêt : les élèves vont
être obligés de lire finement l’histoire
- comment le PCR connaît-il l’histoire de Lapin Rouge ?
- la fin : j’ai une faim de loup ? mensonge, ruse pour manger le lapin ?
Activités possibles :
Dans Petit lapin rouge, l'histoire commence comme un détournement. Lorsque le petit lapin
rouge rencontre le petit Chaperon rouge, on se rend compte qu'il s'agit d'une histoire différente
qui fait référence au conte connu :
- chercher les éléments qui font tout d'abord penser à un détournement ;
- repérer à quel moment le détournement devient allusion ;
- inventer une autre histoire dans laquelle deux personnages de contes se rencontrent.
Chapeau rond rouge
de Geoffroy de Pennart
Ecole Des Loisirs Lutin Poche
« Il était une fois une petite fille qui vivait avec ses parents à l'orée de la forêt.
Comme elle ne quittait jamais le chapeau rond et rouge que lui avait offert sa
grand-mère, on l'avait surnommée Chapeau rond rouge. » Petit, Geoffroy de
Pennart s'était un peu emmêlé entre les chaperons et les chapeaux ronds ;
pour le reste, il n'a pas d'excuse. Il a dû mal écouter...
Activités possibles :
- hypothèses à partir du titre et de la couverture
- production orale et / ou écrite suite à sa rencontre avec « un grand chien endormi contre
une meule de foin. »
- production orale et / ou écrite après « et elle s’en fut chercher un couteau dans la
cuisine. »
Brigitte Fournier – conseillère pédagogique – St Gilles Croix de Vie – novembre 2013
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-
détournement d’un autre conte de la même manière : changement du caractère des
personnages et du déroulement de l’histoire.
Mademoiselle sauve qui peut Philippe Corentin, L'Ecole des Loisirs, 1996.
Mademoiselle Sauve-qui-peut, est ainsi nommée parce que ses espiègleries font
fuir bêtes et gens autour d’elle. Un jour, elle va porter un petit pot de beurre et
une galette à sa grand-mère. Entrant en trombe dans la maison, elle réveille un
loup endormi dans le lit, se moque de lui et le chasse énergiquement. La grandmère arrive à temps pour délivrer le pauvre loup terrorisé par notre demoiselle.
Heureusement, à leur grand soulagement, Mademoiselle Sauve-qui-peut s’en va car elle a encore
beaucoup de choses à faire ! Et tous deux peuvent enfin savourer tranquillement leur soupe au coin du
feu... L’inversion de la situation, le rythme du récit, les onomatopées et les dessins de Corentin sont
particulièrement savoureux.
Activités possibles :
Dans Mademoiselle Sauve-qui-peut, on assiste à une inversion du personnage type : la
victime devient l'agresseur.
* imaginer d'autres relations victime / agresseur à transposer ;
* rechercher d'autres illustrateurs qui proposent des personnages proches de la caricature.
Le petit chaperon vert de Grégoire Solotareff (1989)
Le Petit Chaperon vert paraît à l'Ecole des loisirs en 1989, illustré par Nadja.
Cette version s'ouvre sur une histoire de couleur de capuchon : vert pour
l'héroïne, jaune pour sa soeur, bleu pour sa meilleure amie et rouge pour son
ennemie détestée "parce que c'était une menteuse". Comme sa grand-mère est
malade, le petit chaperon vert part lui donner des médicaments et "des bonnes
choses à manger". Dans la forêt, elle rencontre le petit chaperon rouge qu'elle ne
salue pas, qui porte également un panier, puis "un énorme loup noir" courant à
vive allure sans se préoccuper de la fillette. Celle-ci arrive chez sa grand-mère et
lui raconte l'aventure. Sur le chemin du retour, elle retrouve le chaperon rouge, la met en garde
contre ce qui peut lui arriver, mais le chaperon rouge ne s'en soucie guère. Cependant, la mère du
petit chaperon vert est inquiète et demande à sa fille de raccompagner son ennemie chez elle car
"toi, habillée en vert, avec ton chaperon vert parmi les hautes herbes vertes de la forêt verte, tu ne
risques pas grand-chose et c'est d'ailleurs pour ça que je t'habille toujours en vert". Le chaperon
vert s'exécute et croise alors un convoi de chasseurs portant un loup mort, accompagné du
chaperon rouge chantant sa mort et sa résurrection… : le chaperon vert et sa mère concluent au
mensonge.
Activités possibles :
• Emettre des hypothèses à partir du titre et des 1° et 4° couvertures.
• Débattre : Pourquoi le chaperon vert pense-t-il que le chaperon rouge ment ?
• Ecrire un dialogue entre les deux chaperons (images pages 10 et 11)
• Ecrire l'histoire du chaperon bleu qui va rencontrer le chaperon vert
• Théâtraliser l’histoire
• Le Petit chaperon vert, propose un conte dans le conte : au début, le lecteur pense être
dans une parodie, jusqu'à la rencontre avec la vraie histoire du petit chaperon rouge.
Pour le petit chaperon vert, le petit chaperon rouge n'est qu'une menteuse, une vantarde
qu'il déteste
o trouver à partir de quelle page la parodie se transforme en référence.
Brigitte Fournier – conseillère pédagogique – St Gilles Croix de Vie – novembre 2013
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Mina, je t’aime, P. Joiret, X. Bruyère - PASTEL 1991 Cycle 3 et plus Vêtue d’un grand sweat
écarlate et d’un collant rouge, Mina va porter à sa grand-mère un panier plein de provisions. Tout
au long du chemin, elle est suivie par ses trois amoureux mais elle feint d’ignorer leur messages.
Les trois garçons la suivent jusqu’à la porte de Mère-grand. Mais là – variation diabolique du Petit
Chaperon Rouge – une très très mauvaise surprise les attend…
Le Petit chaperon rouge. Auteur : Warja Lavater. Les Doigts
qui rêvent - 2006
L’artiste Warja Lavater a publié chez Adrien Maeght éditeur, un
étrange petit livre consacré au Petit Chaperon rouge. Elle a
remplacé le texte du conte par une longue bande de 4,74
mètres de long, couverte de points. Chaque personnage,
chaque élément de décor est représenté par un signe selon un
code annoncé en préambule. La bande se replie en accordéon
pour former des doubles pages :
Activités possibles :
- raconter l’histoire
- employer le même procédé pour illustrer une autre histoire : les 3PC
Un petit chaperon rouge. Marjolaine Leray. Actes sud junior.
Marjolaine Leray signe un album à l’italienne pour un nouveau têteà-tête entre le loup et le chaperon rouge. Ici vous ne trouverez pas
de forêt, juste un décor réduit à sa plus simple expression pour se
centrer sur le dialogue entre les deux protagonistes. Notre
chaperon rouge, minuscule est attrapé par notre grand loup
filiforme. S'entame un échange où l’enfant repoussera les appétits du loup. Et c’est sans
appel ! Dans cette version, l’enfant au bonnet rouge prend ici sa revanche par rapport à la
version de Charles Perrault. De quelques traits aux contours imprécis naissent ici des
personnages éminemment expressifs. Les dialogues sont courts et incisifs et le résultat
amusant à souhait.
Activités possibles :
- Proposer une lecture avec rôle du loup et du petit chaperon rouge (dialogues)
- Inventer d’autres ruses possibles pour piéger le loup.
Dans la forêt profonde. Anthony Browne. Kaleidoscope.
Un petit garçon est réveillé par un bruit une nuit, le lendemain son
papa n’est plus là et sa maman lui demande d’apporter un panier à sa
grand- mère souffrante, en évitant de passer par la forêt. Il désobéit
et traverse la forêt sombre, il fait alors d’étranges rencontres.
Brigitte Fournier – conseillère pédagogique – St Gilles Croix de Vie – novembre 2013
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Le texte comme les illustrations font référence à plusieurs contes traditionnels :
Blanche-neige, Casse-noisette, Le petit chaperon rouge (l’ombre, le manteau, la grandmère,la Mamie souffrante, la forêt, le panier, le loup…) Jack et le haricot magique (le garçon
promenant la vache, la liane du haricot, la massue du géant), Boucle d’or et les trois ours (les
ours), Alice au pays des merveilles (la fillette avec une tresse), Hansel et Gretel (le frère et la
sœur, la maisonnette) ou le petit poucet (parents qui coupent du bois dans la forêt), Pinocchio
ou Jonas et la baleine, Cendrillon (citrouille et chaussure), Barbe bleue (la clef et la tour), Le
Chat botté, la belle au bois dormant (le rouet et le prince sur un cheval blanc), l’auteur fait
aussi référence à un de ces albums : Papa.
D’autres éléments se rapportent à l’univers des contes sans qu’il soit possible de nommer
lesquels : chapeau de sorcière, corbeau, pigeons, têtes ou animaux étranges suggérés par les
troncs d’arbres, robe de princesse
La mise en page est également remarquable puisque l’illustrateur joue sur l’opposition
gris/couleur pour à la fois marquer l’opposition réelle (couleur) et fantastique (gris) mais aussi
pour marquer la structure du récit (l’état initial et l’état final étant coloré, alors que le reste est
gris)
Obstacles possibles à la compréhension par les élèves :
• le début de l’histoire qui ne peut être compris qu’à la fin du récit
• la référence à des personnages de contes classiques non directement cités, tout au
long de la traversée de la forêt (à découvrir dans les illustrations)
• l’implicite du récit :
. la disparition
. la séparation
. l’angoisse, la peur liée à ces deux éléments
. la peur de l’absence, la peur de la mort
• la situation fantastique : le mélange de réel et d’irréel
• la référence à des contes parfois inconnus des élèves donc à découvrir avant ou
pendant pour créer un univers de référence
Activités possibles :
• Donner aux élèves les illustrations sans le texte. Chaque groupe ou binôme aura une
illustration à observer et décrire. Leur demander d’effectuer un travail d’observation pour
ensuite décrire ce qu’ils ont vu. Il peut être intéressant de donner la même illustration à 2
groupes afin de provoquer les échanges.
• Retrouver les références en observant bien les détails. Isoler et nommer chaque détail
étrange, l’apparier avec l’histoire dont il provient.
• Rechercher les similitudes et les variations par rapport au conte.
Similitudes
Variations
-
-
Le garçon n’a pas de nom propre,
comme les autres personnages
d’ailleurs.
Le lieu de départ est le foyer.
Les paroles de la Maman : « Surtout,
tu ne coupes pas par la forêt ».
L’épreuve initiale est la séparation,
notamment familiale.
Le personnage va faire un voyage
initiatique au cours duquel il va faire
des rencontres.
- C’est un garçon qui est vêtu de rouge.
- C’est un gâteau aux fruits confits qui est
dans le panier
- Il ne rencontre pas le loup directement
- Le manteau n’est pas donné par la
Maman, mais trouvé dans la forêt sur un
portemanteau… Il est plus actuel.
- Le garçon a peur dès qu’il met le manteau,
il sent qu’il est suivi.
- C’est le personnage qui est le narrateur
(emploi du je), contrairement aux contes
traditionnels.
Brigitte Fournier – conseillère pédagogique – St Gilles Croix de Vie – novembre 2013
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• Comprendre la complémentarité texte image : chercher ce qui est redondant et ce qui
est complémentaire.
• Chercher qui est « je ». travail sur le personnage principal et le narrateur
• Proposer des pauses dans le récit et produire de l’écrit :
- au début du texte pour demander aux élèves de dire pourquoi le père n’est plus
là,
- lorsque l’enfant arrive devant la maison de sa grand-mère à la suite de la phrase
« Et là, dans le lit de Mamie, il y avait… ». Faire écrire ou raconter par les élèves
ce qu’il y a dans le lit et ce qui va se passer.
- Page suivante, après lecture de la dernière phrase « Puis j’entendis du bruit
derrière moi et je me retournai… » Faire écrire ou raconter ce qui va se passer.
• Théâtraliser le texte
• Rechercher les éléments qui décrivent la peur
Voir des pistes d’exploitation et les illustrations sur :
Sur le site de Clermont, vous trouverez : des propositions d’activités mais surtout : tous les
détails des illustrations qui renvoient à d’autres contes : http://www3.ac-clermont.fr/ienaurillac2/IMG/pdf/Dans_la_foret_profonde_Doc_enseignant_compresse.pdf
Les illustrations qui correspondent à la traversée de la forêt : http://www3.ac-clermont.fr/ienaurillac2/IMG/pdf/Dans_la_foret_profonde_Illustrations_foret_compresse.pdf
http://soissons2.ia02.ac-amiens.fr/soissons/spip.php?article346
http://www.ien-gennevilliers.ac-versailles.fr/IMG/pdf/dans_la_foret_profonde.pdf
http://ww2.ac-poitiers.fr/ia17-pedagogie/IMG/pdf/sequence_Dans_la_foret_profonde.pdf
http://ekladata.com/38pD8Jywysh2g9qZYbsj_YqEszM.pdf
Mettre en réseau avec d’autres albums d’Anthony Browne en commençant peut être par
« Papa » puisque « dans la forêt profonde » y faite référence.
Présentation des albums d’A. Browne sur : http://www.acbordeaux.fr/ia40/fileadmin/pedagogie/circonscriptions/dsa/ressources/litterature/P10_a_brown
e_descriptif.pdf
John Chatterton Detective, Yvon Pommaux, L'Ecole des Loisirs, 1993
John Chatterton, célèbre détective privé des années 50 - imper mastic,
cafetière italienne et traction noire - enquête sur une disparition qui lui
rappelle une autre histoire : une petite fille toute habillée de rouge, disparue
alors qu’elle allait chez sa grand’mère...Une histoire de loup aussi. D’indices
en indice, de déduction en déduction, notre privé démasque l’auteur du rapt :
un loup qui collectionne les oeuvres d’art sur... le loup.
Pistes d’activités :
Il peut être intéressant d’envisager 4 axes de travail :
• la transposition de l’histoire dans le temps et le lieu,
• la transposition du conte en énigme policière
• l’utilisation de l’art dans l’œuvre
• le changement des caractéristiques des personnages.
Rechercher les références dans l’album :
- Aux contes : le PCR, le petit poucet (semer des cailloux, ici des vêtements), Cendrillon
(la chaussure).
Brigitte Fournier – conseillère pédagogique – St Gilles Croix de Vie – novembre 2013
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-
A l’univers des romans et des films policiers américains des années 50 (Raymond
Chandler et son détective Philip Marlowe) : habits du détective, couleurs des
illustrations, utilisation de procédés cinématographiques (travelling, plongée, contre
champ). Vocabulaire : détective, enquête, filatures, fausse piste, rançon, filature,
renseignement, affaire, victime… Rat qui joue du saxo, prénom Charlie (jazz ?)
Lister les personnages dans leur ordre d’apparition, rechercher leur rôle et importance dans
l’histoire.
Se poser des questions :
- Le loup : veut-il manger le PCR, l’a-t-il kidnappée parce qu’il a faim ?
- Où est la grand-mère ? Îles Crocodiles (référence aux îles Caïmans ?) a-t-elle été
mangée ? Débat possible
- Les rats et les souris dans l’histoire : leur rôle, leur nom, les références. La relation du
chat avec les souris et les rats.
Etablir un tableau des similitudes et des différences avec le PCR traditionnel. Comparer le rôle
et l’importance de chaque personnage, le lieu, l’époque.
Ecrire :
• Lorsque JC part à la recherche du PCR : pas de texte, on suit la découverte des
vêtements, que pense le chat ? Il sera possible d’écrire des bulles qui suivent le
cheminement de ses pensées : surprise, joie, perplexité...
• Transformer la BD en récit.
• Raconter l’histoire en changeant de narrateur : l’histoire et relatée par la grand-mère, la
maman, le loup, le PCR
Raconter l’histoire : comparer les pages 3 et 32, expliquer les différences, raconter ce qui s’est
passé entre les deux.
Le musée du loup : p 20 et 21
Pommeaux a détourné des œuvres célèbres : chaque œuvre représente la figure du loup.
Retrouver les différentes œuvres auxquelles il est fait allusion dans cette double page.
Frans Hals : Portrait de Willem Van Heythuysen
Jean-Honoré Fragonard : Le Colin - Maillard
Raphaël Baldassare : Castiglione
Caspar David Friedrich : Voyageur sur la mer de nuages
Albrecht Dürer : Autoportrait à la fourrure
Pierre Soulages : Peinture, 1956 (monochromes noirs)
Christo Projet : sur le Pont Neuf Paris ou projet pour le Reichstag emballé
Alberto Giacometti : Homme qui marche, 1960
René Magritte : Le miroir magique (corps humain)
Picasso : Le baigneur, 1956 (Sculpture)
Franz Marc : Les renards
Jacques Louis David : Madame Récamier
Calder : 2 étoiles à 3 pointes
Brigitte Fournier – conseillère pédagogique – St Gilles Croix de Vie – novembre 2013
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Rodin : Le penseur
M-C. Escher : Dessin de symétrie
Et le dernier tableau que le loup convoite : Matisse : La femme en bleu
Mettre en réseau avec d’autres albums d’Yvan Pommeaux mettant le même personnage en
scène : Lilas, Le grand sommeil.
Théâtraliser l’album.
Brigitte Fournier – conseillère pédagogique – St Gilles Croix de Vie – novembre 2013
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« La Belle au bois dormant » et « Le grand sommeil »
Voir les versions manuscrites conte de Grimm La Belle au Bois dormant
Perrault (cliquer : liens)
, et du conte de
La belle au bois dormant – Sylvaine Hinglais – Christophe Merlin – albin
michel jeunesse
Que les personnages entrent en scène ! La princesse, la reine, le
perroquet, la fée… Lorsque tout le monde est là, l’album peut s’ouvrir et
l’histoire peut commencer ! La princesse aimerait bien apprendre à
coudre mais sa mère refuse, sa chère petite pourrait se piquer. Et la fée
sait bien ce qui arriverait : la Belle serait endormie pour cent ans ! Malheureusement, la
princesse se pique le jour de ses dix-huit. Mais un prince viendra lui déclarer sa flamme !
Cet album, au format original, se lit comme une pièce de théâtre et peut d’ailleurs être mis en
scène grâce aux indications de présence des personnages et aux nombreux dialogues. Un
rabat en haut du livre offre aussi la possibilité de maintenir les pages lues, permettant ainsi de
mieux apprécier le tableau qu’offre chaque scène. L’histoire, brillamment actualisée, est
modernisée et pleine de rythme, garantissant ainsi un intérêt permanent pour le récit. Bien
construite et savamment mise en page, cette version de la Belle au bois dormant devrait alors
être celle choisie par tous les amateurs du conte. (avis de Ricochet)
Le grand sommeil – Yvan Pommaux – l’école des loisirs –
1998
L’histoire racontée dans ce troisième volet a conservé les
références explicites des albums précédents à l’univers du
conte : une fée a prédit aux parents de Mademoiselle
Rosépine qu’à l’âge de quinze ans, elle se piquerait le doigt
avec un fuseau et sombrerait dans un sommeil de cent ans.
John Chatterton est chargé de la protection de la jeune fille. Il
échoue et il faudra attendre les conseils d’un vieux marabout
et la venue d’un beau jeune homme pour que tout rentre dans l’ordre.
Exploitation en classe, activités possibles :
L’album appartenant à un genre particulier (roman policier) et à se présentant sous forme de
bande dessinée, il semble nécessaire de le découvrir progressivement, sur plusieurs séances.
L’image de la 1° de couverture :
Recueillir les impressions des élèves. Décrire les 2 personnages, qui sont-ils ? que font-ils ?
où sont-ils ? Emettre des hypothèses
Découvrir le titre : que signifie-t-il pour les élèves ? comment l’interprètent-ils ?
« Le grand sommeil » est un film policier de 1946 de Howard Hawks avec Humphrey Bogart
dans le rôle du détective et Lauren Bacall, adapté du roman de Raymond Chandler, qui porte
le même titre et qui a pour héros récurrent, le « privé » Philip Marlowe. (il ne semble pas utile
de le dévoiler pour l’instant).
Découvrir le début de l’histoire (3 premières doubles pages) :
- Compléter ou valider les hypothèses précédentes
- Lister les personnages et ce que l’on sait d’eux, niveau social des parents
Brigitte Fournier – conseillère pédagogique – St Gilles Croix de Vie – novembre 2013
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-
Définir le genre (roman policier) et le type d’écrit (bande dessinée)
Mettre en évidence le risque encouru par la jeune fille (la prédiction), le rôle de
l’enquêteur (filature)
Les élèves font-ils le rapprochement avec « la belle au dormant » ? qu’est-ce qui les met
sur cette voie ?
Les personnages : certains sont des humains, d’autres des animaux, les élèves ont-ils
une explication ? émettre des hypothèses sur la suite du récit
Découvrir la suite de l’histoire (7 doubles pages suivantes)
- Rendre explicite ce qui ne l’est pas, mettre en mots les blancs du texte et les images.
- Lorsque les illustrations sont muettes, créer des bulles (ce que pense le personnage),
des didascalies, une narration en cohérence avec le récit.
- Définir où se déroule l’histoire (tenues vestimentaires, voitures…) et à quelle époque ?
- Emettre des hypothèses sur la suite (oralement ou par écrit, individuellement ou par
groupes).
Découvrir la suite de l’histoire (5 doubles pages suivantes)
- comment l’auteur traduit-il le temps qui passe ?
Découvrir la fin de l’histoire
D’autres activités possibles après la lecture intégrale :
Retrouver les indices distillés par l’auteur pour résoudre l’énigme.
Raconter l’histoire en changeant de point de vue : la victime, les parents, le fiancé…
Repérer les onomatopées dans le récit :
Relier l’onomatopée et l’action
Trouver des bruitages adéquats si on décide de théâtraliser l’histoire
Percevoir le mélange des genres, les anachronismes :
Animaux – Humains
BD - Album / texte narratif
Conte traditionnel - Policier moderne
Fiction - réalité
Epoque moderne - Epoque plus ancienne
Ordinateur / rollers - rouet / lit à baldaquin / voiture 1960
Faire des recherches sur la symbolique associée aux animaux : gorille/garde du corps, chat
noir/détective, père/chien (bouledogue ?), serveur/chien, marabout / garant de la suite de
l’histoire…
Analyser d les illustrations : utilisation de techniques cinématographiques : champ, contrechamp, travelling, gros plan…
Faire des recherches sur le personnage du prince :
- dans cette histoire : son rôle, sa personnalité
- dans les contes traditionnels : qualités et défauts
Mettre en réseau avec :
- les autres enquêtes de John Chatterton : John Chatterton détective et Lilas
- d’autres enquêtes policières dans l’album de jeunesse :
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o
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o
o
o
o
o
o
Ne touchez pas au roquefort – Stone Bernard
La reine des fourmis a disparu – Bernard Fred
Tirez pas sur le scarabée – Paul Shitpon
Les albums de « la collection Pickpocket » Giboulées (Gallimard) créés par
Alexis Lecaye : L'affaire des billets magiques [1993], Gare à Gary le
loup ![1993], Georges Gros-dos a disparu [1993], Où est passée Priss la
poupée ? [1993], Le tournevis mystérieux [1993], La voiture de pompiers
bleue [1993], Jamais de bananes [1994],Fennec et le Père Noël [1995], Kennef
le chef de tout [1995] ;
Les albums de la série « Rouletapir » créés par J.-F. Baronian et Laurence L.
Afano (Grasset - collection Lecteurs en herbe) : Rouletapir le petit détective,
Rouletapir et l'Orient express, La croisière de Rouletapir ;
Les albums de la série « Archibald le koala » créés par Paul Cox (Albin Michel
jeunesse, 1991) : L’affaire du livre à taches, L’énigme de l’île flottante, Le
Mystère de l’eucalyptus ;
Les albums de la série « Les enquêtes de Théo Toutou » créés par Yvan
Pommaux (Bayard) : La nuit du bombeur fou, Le monstre du lac, Cavalcade.
Jim Iguane détective : l’affaire du caméléon disparu, Nina Laden, Colonie des
Griffons.
Comparer avec l’histoire de la belle au bois dormant :
Comprendre et comparer les titres :
Qui dort ? C'est la Belle dormant (en train de dormir) au bois (dans le bois)
Le grand sommeil : que signifie cette expression ?
Comparer les mondes de chaque récit, rechercher dans le texte et l’illustration
La Belle au bois dormant
Il était une fois....
Les lieux: un château, un vieux donjon
Une activité d'autrefois: Une femme file avec
un rouet et un fuseau.
Déplacement avec des chevaux
Des vêtements d'autrefois
Le grand sommeil
Aujourd'hui, à notre époque, un mercredi du
mois d'avril
Les lieux: une maison, une terrasse de café,
un magasin d'antiquités- brocante
« Personne n'utilise aujourd'hui un rouet et
un fuseau. »
Une activité d'aujourd'hui : mademoiselle
Rosépine va à la piscine.
Déplacement avec des voitures, en rollers
Des vêtements d'aujourd'hui
Retrouver la structure de l’album et la comparer avec celle du conte :
Le héros : John Chatterton
L’objet de la quête : retrouver le fiancé pour qu’il réveille Melle Rosépine
L’auxiliaire magique : le livre des grandes criminelles
Comparer les fins:
Le dénouement dans le conte source et le conte détourné sont les mêmes, mais dans ce
dernier, l'épisode de l'arrivée du jeune homme et le réveil de la jeune fille sont donnés par les
illustrations et non par le texte, avec une conclusion dite par le détective.
La double page en quatre plans images peut donner lieu à des productions d'écrit:
− écrire une légende pour chaque image
− Écrire des bulles pour ce que pense le jeune homme présent dans les quatre images.
Brigitte Fournier – conseillère pédagogique – St Gilles Croix de Vie – novembre 2013
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D’autres formes de présentation de ce conte :
Le ballet : http://www.operadeparis.fr/saison_2013_2014/Ballets/la-belle-au-boisdormant/decouvrir/presentation/video
Des détournements de ce conte :
La laide au bois dormant
Gregoire Solotareff, Nadja
Mouche
Une reine a deux jumelles: Belle et sa soeur assez moche pour qu'on la
cache au deuxième sous-sol. La sage-femme la prie en pitié... Voici la
véritable histoire du château de la Belle au bois dormant.
Une adaptation parodique et humouristique de "la belle au bois dormant"
La princesse qui voulait dormir cent ans
Pierrre Coré, Clément Oubrerie
Cadou
Indisponible
L'histoire d'une princesse qui en a assez d'être réveillée par les princes
charmants.
La princesse de pierre
Grimm, Izou Thomas édition
Deux grands frères partent à l'aventure rejoints par leur cadet. Alors que
les deux aînés veulent tuer des canards, brûler des abeilles, mettre à
mal une fourmilière, le plus jeune les en dissuade. Ils terminent leur
promenade et arrivent à un château ensorcelé ; les plantes et les
animaux ont été transformés en pierre. Seule la réussite de trois
épreuves pourra délivrer le royaume du sortilège.
Un conte sur le respect de l'environnement, sur la fraternité et sur l'idée
que la terre n'appartient pas uniquement aux hommes mais à toutes les espèces.
Brigitte Fournier – conseillère pédagogique – St Gilles Croix de Vie – novembre 2013
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« Blanche-neige » et « Lilas »
Texte intégral du conte Jacob et Wilhelm Grimm : conte patrimonial BlancheNeige (cliquer : lien)
Blanche-neige – Joséphine Poole, d’après Wilhelm et
Jacob Grimm – kaléidoscope – 2002
Les éditions Kaléidoscope rééditent la version de BlancheNeige illustrée par Angela Barrett en 1991. Loin de
l’atmosphère doucereuse qui règne parfois dans les contes
illustrés pour enfants, Angela Barrett nous offre une vision
plus sombre du conte, car sa peinture, qui s’inspire des
grands maîtres romantiques du XIXème siècle, est
empreinte d’une grande gravité : grandes plages de couleur
sombre, traitées de façon presque impressionniste,
paysages de forêts profondes où l’on perçoit la menace.
Cette version de Blanche-Neige est véritablement celle d’un peintre, qui parvient à nous
donner une autre vision du conte, plus subtile et plus complexe, et pour cela, on peut saluer le
travail d’Angela Barrett. (Ricochet)
Lilas
Ivan Pommaux - Ecole des Loisirs 1995
Convoqué par « Madame », une femme d’une grande beauté,
le détective privé John Chatterton se voit confier une nouvelle
enquête sur la disparition de Lilas, une jeune fille très
séduisante, belle-fille de Madame. Il apprend par le
domestique qu’en réalité Lilas s’est enfuie pour échapper à la
jalousie de cette acariâtre marâtre. La retrouver et la ramener
à Madame, ce serait en réalité la condamner à mort. Epié par
Greg, le garde du corps de Madame, John se rend chez Luc
Leprince, un ami de Lilas qui se montre troublé par ses questions. John parti, Luc Leprince se
dépêche de rejoindre Lilas qu’il cachait. Mais Greg les a suivis. Au cours d’une bagarre, Greg
se rue sur Lilas puis soudain se ravise devant tant de beauté et décide de désobéir à Madame.
Mais pendant ce temps, celle-ci apprend que Monsieur ne veut plus d’elle et la chasse ; une
nouvelle « Madame » la remplace, apparemment plus affable. Lilas peut enfin rentrer chez elle.
(site de l’ONL)
Le récit d’enquête :
Après avoir lu John Chatterton détective, les élèves pourront aborder Lilas par la construction
de son suspense : en effet le lecteur, dans la connivence, attend impatiemment la suite du
récit dont il prévoit les futures péripéties sur la base des informations qu’il possède déjà. Si l’on
relit en classe le conte de Grimm, Blanche-neige, les liens avec ce conte pourront être
rapidement identifiés. Il sera intéressant alors d’utiliser les connaissances – complètes ou
partielles – des élèves pour travailler sur les possibles narratifs. En effet, le lecteur est mis en
contact d’emblée avec la protagoniste de l’acte délictueux, contrairement à la première
enquête dans laquelle l’identité du coupable n’est que suggérée dans les premières pages.
Dans le présent récit, John est dans une position plus délicate puisqu’il est utilisé par le
coupable lui-même et doit donc d’abord prendre conscience qu’il a été manipulé avant de
résoudre l’affaire. L’identification du lecteur au personnage principal sera ici, de fait, plus
intense. Le déroulement de l’enquête (hypothèses, recherche d’indices, fausse piste,
Brigitte Fournier – conseillère pédagogique – St Gilles Croix de Vie – novembre 2013
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bagarre…) et le rapprochement avec le conte favoriseront donc la production d’écrits de travail
(CE2, CM) ayant pour objectif d’entrer dans la transposition en en explicitant les contraintes.
On peut choisir entre plusieurs possibilités :
• après l’entrevue de John avec Madame : faire le portrait de cette femme, imaginer ce
qu’elle peut tramer ; pourquoi Lilas a disparu, où se trouve sa cachette ;
• après les confidences de Georges : imaginer le rôle que va jouer Greg et les pensées
intimes du détective, lui-même victime d’une filature dans la rue ;
• après la première rencontre avec Luc Leprince : que penser de ce personnage
visiblement troublé ? est-il coupable d’une mauvaise action ? que va-t-il faire ?
• à l’arrivée près de la cachette et avant le dénouement : expliquer pourquoi cette maison
est inquiétante et pourrait être le lieu où l’on cache Lilas ;
• après le revirement de Greg : expliquer la surprise ; que va-t-il dire maintenant à
Madame ? imaginer un dénouement heureux et un autre malheureux. On imagine donc
par écrit deux dénouements possibles puis on peut procéder à un débat interprétatif
pour savoir oralement lequel est acceptable compte tenu des prémices de la
transposition opérée par l’auteur. L’enseignant fera justifier précisément le choix de ces
dénouements et les confrontera à celui imaginé par Pommaux.
La transposition du texte en image :
Lilas transpose l’univers de Blanche-Neige (univers de l’histoire : cadre spatio temporel,
événements) dans un contexte de drame passionnel moderne, digne d’un roman-photo.
L’intrigue est transposée dans le monde moderne : une famille bourgeoise
• dégager les caractéristiques cette famille (langage utilisé, vêtements et coiffures
apprêtés, emploi de domestiques, décor luxueux).
Pommaux pousse au plus loin sa logique de modernisation du récit traditionnel, créant un
système d’équivalences : forêt/ville ; chemin/rue ; château/maison bourgeoise ;
• repérer et organiser ces équivalences sous la forme d’un tableau à double entrée
(conte/récit policier).
Le texte de l’album suffit-il à comprendre l’histoire ? Quelles sont les indications données par
les images ?
• Remplir les blancs du texte en faisant écrire la narration, les pensées des personnages
afin de s’assurer de la compréhension par tous les élèves.
Faire remarquer les cadrages des illustrations.
L’auteur est fortement influencé par le cinéma. Il utilise des techniques propres au cinéma
pour mettre en images ses histoires : champ, contrechamp, travelling, gros plan… Il met en
scène les personnages dans le décor à la façon des réalisateurs.
• Essayer de réaliser des cadrages à l’aide d’un appareil photo numérique. Où et
comment se placer pour obtenir certaines vues ?
L’esthétique de l’œuvre :
L’ensemble des références culturelles associées aux images est particulièrement saillante
dans cet album qui emprunte au cinéma comme à la BD ou à la peinture.
Plusieurs vignettes sont très fortes du point de vue esthétique (celle notamment où le visage
du gorille apparaît dans le rétroviseur de la voiture de John).
Les élèves pourront
o rechercher des liens avec d’autres images du cinéma (affiches de films tel King Kong).
o procéder à une sélection des images qui sont pour eux importantes et justifier leur choix.
À l’intérieur de cette sélection, chacun choisira l’image la plus représentative qui pourrait servir
de première de couverture. Ces choix peuvent ouvrir un débat interprétatif.
Des références au cinéma fantastique comme aux bestiaires qui dans nos cultures ont nourri
Brigitte Fournier – conseillère pédagogique – St Gilles Croix de Vie – novembre 2013
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notre imaginaire permettront d’engager un travail sur les ressorts d’une image forte dans le
cadre des arts visuels et, en particulier, sur les choix esthétiques de Pommaux.
La transformation du conte
Comparer le conte et l’album :
Quels personnages existent / n’existent pas / sont ajoutés
Retrouver dans la BD les références au conte : miroir, nain, pomme
Toutes les illustrations (en noir et blanc) et les textes de Lilas sur : http://kalolanea.overblog.com/article-30604062.html
Illustrations en couleur sur http://www3.ac-clermont.fr/ien-aurillac2/spip.php?article60 dans l’article
« document enseignant » + texte de Grimm
Illustrations et phrases à associer : http://materalbum.free.fr/blancheneige/bn-lilas/lilas/cartes-recitlilas.pdf
Après avoir lu les 3 enquêtes de John Chatterton, on pourra proposer une production écrite de
transformation de conte à la manière d’Ivan Pommaux.
Les tableaux qui suivent pourront aider les élèves à décomposer le travail de production.
(DEVYNCK Adeline, iufm Lille)
Conte traditionnel choisi:
Titre du conte détourné :
Lieux
Personnage principal
Autres personnages
Déroulement de l’histoire
Une énigme
Un enquêteur
Un plaignant
Une victime
Un suspect
Un coupable
Une péripétie / un méfait
Un mobile
Des indices
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Une ou des fausses pistes
Des preuves
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